Il a dû se faire un prénom en politique, car son nom, les habitants de Nogent-le-Rotrou le connaissent depuis longtemps.
Harold Huwart serait bien resté maire, mais il est devenu député "par devoir". Il siège au sein du groupe LIOT à l'Assemblée.
Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !
Harold Huwart serait bien resté maire, mais il est devenu député "par devoir". Il siège au sein du groupe LIOT à l'Assemblée.
Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !
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00:00Il a dû se faire un prénom en politique car son nom les habitants de nos gens le retrouvent le connaissaient déjà.
00:06Mon invité était un maire heureux. Il explique que c'est par devoir qu'il est devenu député.
00:11Il siège au sein du groupe Liott ici à l'Assemblée Nationale.
00:30Bonjour Harold Duvard.
00:32Bonjour.
00:32Alors avant la politique c'était assez simple. Il y avait la droite, il y avait la gauche,
00:37mais Emmanuel Macron est venu brouiller les repères en 2017.
00:41Mais alors c'était rien par rapport à vous.
00:43Quand vous vous êtes présenté au municipal de 2020 sous les couleurs du parti radical de gauche,
00:48vous avez engrangé des soutiens de tous les bords politiques ou presque.
00:52Mon confrère Xavier Neyset de France 3 Val-de-Loire a essayé de résumer le tableau.
00:58Alors je préviens nos téléspectateurs, restez concentrés sinon vous allez vite être perdus.
01:03Regardez.
01:05Les bonnes fêtes de la politique se sont penchées sur le berceau d'Harold Duvard
01:08qui en plus du soutien de son père bénéficie du soutien du président socialiste du conseil régional François Bonneau.
01:14Ce qui est logique puisqu'il appartient à sa majorité.
01:16Plus étonnant, il est aussi soutenu par Philippe Vigier, le député centriste de Réloir
01:20qui pourtant était le principal adversaire de François Bonneau lors des dernières élections régionales.
01:25Encore plus étonnant, il est aussi soutenu par Claude Terwinard, le président de droite du conseil départemental
01:31qui pourtant devrait soutenir son adversaire Pascal de Françay qui appartient à la majorité départementale.
01:36Quand il entend ça, l'électeur de nos gens le retrouve, il a de quoi être déboussolé.
01:41Vous êtes censé être de gauche mais vous êtes soutenu par la droite tout en ayant la droite pour adversaire.
01:47Qu'est-ce qu'un électeur lambda doit comprendre de tout ça ?
01:51L'électeur lambda comprend tout à fait que d'abord on est à nos gens le retrouve, que tout le monde se connaît,
01:58qu'on a un projet d'abord pour la ville, un projet pour le territoire,
02:01que quand on porte un projet, quand on est élu, et je l'étais déjà avant d'être maire comme vice-président de la région,
02:07on travaille avec des élus de gauche, on travaille avec des élus de droite,
02:09on travaille aussi avec tous ceux qui n'ont pas d'opinion ou d'appartenance politique.
02:13Je pense que l'électeur profondément se retrouve dans l'idée qu'au-dessus de la gauche et de la droite,
02:19il y a quelque chose qui s'appelle la République, il y a quelque chose qui s'appelle la France,
02:22et qu'il est plus que temps de le retrouver.
02:24Ça transcende tous les clivages politiques ?
02:26Ça transcende pas tous les clivages parce que quand on est à Paris,
02:28à un moment donné, il y a des questions où la gauche et la droite s'opposent.
02:31Mais il y a des moments où c'est pas le cas, où il y a des moments où il faut dépasser ça,
02:35et il y a des moments aussi où surtout dans les affaires locales,
02:38la capacité des hommes et des femmes à travailler ensemble est plus importante que leur appartenance politique.
02:44Alors on va remonter un petit peu le fil de votre parcours.
02:47Vous avez fait de brillantes études, NormalSup, Sciences Po, l'ENA.
02:50Vous vouliez devenir haut fonctionnaire, mais vous avez été rattrapé par la politique.
02:55Je dis rattrapé parce que le virus de la politique s'est transmis sur trois générations.
03:00Chez les Uvards, il y a eu votre père, François Uvard, ex-ministre de Lionel Jospin,
03:07et maire de nos gens le retrouvent, et puis il y a eu votre grand-père aussi, Robert Uvard.
03:11Comment vous expliquez ça ? C'est dans votre ADN, c'est comme ça, c'est dans vos gènes ?
03:15Non, ce n'est pas dans les gènes.
03:17Je n'avais pas forcément l'idée de faire de la politique au tout début.
03:20J'étais plutôt dans l'idée de servir l'État parce que mes études m'avaient amené à me passionner pour le droit, l'économie, l'histoire.
03:26En revanche, je suis arrivé à Bercy, j'ai vu un long couloir de 500 mètres de long
03:33avec des collègues qui avançaient de 30 mètres en 30 mètres tous les deux ans à chaque avancement d'échelon.
03:39Je me suis dit qu'à un moment donné, je serais plus heureux là où j'ai grandi
03:44et à assumer des responsabilités peut-être plus modestes par rapport à ce qu'est la France,
03:49mais en tout cas qui correspondent à ce qui moi me passionne, c'est-à-dire mon territoire,
03:55la ville de nos gens le retrouvent et puis surtout les hommes et les femmes qui le font vivre.
03:59Est-ce que quand vous vous êtes présenté, on vous a aussi considéré comme le fils d'eux très rapidement ?
04:04C'est quelque chose qui vous a été reproché ?
04:06Toujours, oui. Le premier réflexe des opposants, c'est de se lancer sur la dynastie,
04:11la troisième ou quatrième génération, ça dépend comment on compte.
04:14C'est de l'héritier et ainsi de suite, donc tout y va.
04:18C'est le plus facile. Après, il ne faut pas se laisser impressionner
04:22parce que d'abord, on est tous le fils ou la fille de quelqu'un
04:26et on a tous quelque chose dans notre histoire qui nous a amenés là où on est.
04:32J'ai accepté avec une grande indifférence ces attaques-là depuis tout petit
04:37et ça ne m'a jamais impressionné ni influencé d'aucune façon.
04:45Votre engagement politique a débuté plus tôt.
04:49Je lisais que dès 2003, à 21 ans, vous aviez travaillé aux côtés de Dominique Strauss-Kahn.
04:54En quoi consistait votre travail à ce moment-là ? C'était quoi votre mission ?
04:57Je venais d'entrer à Normalsup, à la rue d'Ulm.
05:01Il y avait besoin de faire des discours avec des amis,
05:06donc on donnait des coups de main à ceux, des personnalités
05:12dont les idées nous intéressaient et qui nous sollicitaient.
05:18Donc Dominique Strauss-Kahn s'est inspiré de vos idées ?
05:21Ça dépend, je ne sais pas.
05:24Par exemple, j'avais fait un livre avec lui qui s'appelait Vers l'égalité réelle
05:30et qu'on avait sous-titré l'élément d'un réformisme radical.
05:34Si vous le relisez, vous verrez qu'il y a très peu de références socialistes
05:39et beaucoup de références radicales dans les citations.
05:41On le relira alors.
05:43En 2011, vous avez dirigé la campagne de Jean-Michel Baylet à la primaire de la gauche.
05:48Vous avez participé à l'élaboration du projet présidentiel de François Hollande.
05:53Vous avez ensuite été dans des cabinets ministériels auprès de Marie-Lise Lebranchu,
05:57de Jean-Marc Ayrault à Matignon, de Michel Sapin aussi.
06:00Avec laquelle de ces trois personnalités vous avez préféré travailler ?
06:04Ils étaient très différents.
06:08Marie-Lise Lebranchu avait une formidable capacité d'empathie.
06:12Par exemple, on prenait le train pour aller dans un déplacement ministériel
06:16et sur le fauteuil d'à côté, il y avait une maman qui n'arrivait pas avec son nourrisson à s'en sortir.
06:21Le nourrisson pleurait.
06:23La ministre le prenait.
06:25Elle a eu plein d'enfants, donc elle savait s'en occuper.
06:28Quelque chose d'assez naturel pour elle.
06:30L'humanisme était partout.
06:32Il y avait une relation humaine immédiate avec une empathie avec tout le monde.
06:36Jean-Marc Ayrault, ça a été une expérience forte parce que c'était Matignon, j'étais sa plume.
06:42J'étais tout le temps fourré à côté de lui.
06:47J'avais le bureau juste en dessous de lui.
06:49C'était sans doute l'expérience la plus passionnante.
06:52Aussi la plus dure parce que c'était un cas assez rare de Premier ministre
06:57qui avait un sens aigu de ses responsabilités
06:59et qui était face à une difficulté assez simple,
07:02c'est que très peu de gens avaient envie de l'aider.
07:05Ni ces ministres qui étaient décidés à le déstabiliser,
07:08ni sans doute le président de la République,
07:10qui à l'époque avait sans doute d'autres plans en tête.
07:13C'était quand même une souffrance personnelle.
07:15J'en ai gardé l'idée qu'il y a dans la politique parisienne
07:20quelque chose qui parfois peut être malsain.
07:23Michel Sapin, je le croisais, il était de la région.
07:27C'était aussi un ami.
07:29C'était ma maison au Bercy.
07:31A la sortie de l'ENA, je suis devenu administrateur de Bercy.
07:35Il était assez naturel que je le rejoigne.
07:37J'ai été heureux de travailler avec quelqu'un
07:40qui était brillant, extrêmement rapide.
07:43J'avais la chance d'avoir sa confiance.
07:46C'était des conditions assez favorables.
07:49Justement, pour être utile, l'Assemblée a longtemps été un objectif.
07:52Pour vous, vous avez essuyé deux défaites en 2012 et en 2017.
07:56C'est quand vous ne vouliez plus devenir député.
07:59Vous avez été élu en 2024.
08:02Je dis ça parce que vous avez expliqué à l'époque, je vous cite,
08:05que c'est une candidature par devoir.
08:07Elle ne m'enchante pas.
08:09Pourquoi par devoir ?
08:11Vous savez, nos gens le retrouvent.
08:13C'est une petite ville, une sous-préfecture.
08:15On gère une mairie, une communauté de communes,
08:17on gère l'hôpital, on a un office HLM.
08:20À l'échelle du Perche, on a à peu près tout ce qu'on souhaite
08:24pour pouvoir agir.
08:26Et ça, ça n'a pas de prix.
08:28Aujourd'hui, dans le contexte où toutes les responsabilités
08:31sont divisées, séparées,
08:33on a de moins en moins de moyens d'action.
08:35Avoir la possibilité de faire ce qu'on pense être utile
08:39avec le soutien de ceux qui sont assez spontanément avec vous,
08:42ça n'a pas de prix.
08:44J'étais plutôt dans l'idée de faire, pour un certain temps en tout cas,
08:48de me consacrer aux affaires locales, à la région et au Perche.
08:53Et effectivement, l'image que j'avais de député
08:56était déjà assez dévalorisée.
08:58Quand on est juste à l'Assemblée nationale,
09:01plus je l'avais vue quand j'étais administrateur de l'Etat,
09:04les lois ne sont pas rédigées par les députés,
09:06elles sont rédigées par les fonctionnaires
09:08qui travaillent dans les ministères.
09:10Les possibilités d'amendements sont extrêmement restreintes.
09:13Moi, j'ai vu, quand j'étais fonctionnaire,
09:15des députés siégés très longtemps,
09:17avec des capacités à bouger les textes qui étaient très limités.
09:20Le pouvoir sous la Ve République, il est dans les ministères.
09:23Mais à vous entendre, on a l'impression
09:25que le mandat de député n'est rien à côté de celui de maire.
09:29D'ailleurs, vous avez déjà annoncé votre candidature pour 2026.
09:33Qu'est-ce que vous faites à l'Assemblée nationale ?
09:35Je vous pose la question. Je fais mon devoir, déjà.
09:38Je pense que l'année dernière,
09:41il y avait des circonstances assez particulières.
09:43Il y a eu le résultat des Européennes,
09:45qui était très préoccupant.
09:46Il y a eu la décision de dissoudre l'Assemblée nationale,
09:48qui était aberrante,
09:50et qui a abouti au résultat qui était prévisible,
09:53c'est-à-dire un résultat dont on commence à peine
09:56à percevoir les vraies conséquences,
09:58et qui, de toute façon, seront désastreuses pour le pays.
10:00La dissolution, c'est une bombe à fragmentation
10:02qui est extrêmement dangereuse pour le pays.
10:06Je pense qu'on va s'en apercevoir,
10:08dans les mois qui viennent,
10:10encore plus que dans les premiers mois.
10:12Le député sortant,
10:14qui était tout à fait légitime pour se représenter,
10:16même s'il n'avait pas forcément, au début,
10:18mes opinions politiques,
10:21a décidé de ne pas se représenter.
10:23On ne pouvait pas laisser les électeurs,
10:25notamment les électeurs du camp républicain,
10:27jouer au shoot droite sans candidat,
10:29face à la perspective de voir un candidat
10:31du Rassemblement national élu.
10:33Je n'ai pas trop de difficultés à travailler
10:35avec des gens qui n'ont pas forcément mes opinions,
10:37mais qui sont dans le champ républicain,
10:39mais je ne me résous pas à laisser
10:41un parti d'extrême droite marquer des points.
10:44Il était là votre devoir.
10:46Et amener notre pays vers ce qui est absolument
10:48le contraire de son intérêt.
10:50Pour ça, il faut se battre.
10:52Il n'y a pas de concession à faire là-dessus.
10:54Tant qu'il y aura ce combat à mener, je serai là.
10:56Le vrai sujet est d'abord là.
10:58Ce qui m'a animé dans la campagne,
11:00ce n'était pas d'agiter le drapeau
11:02d'un parti politique.
11:04Le spectacle que donnent les partis
11:06ne me convainc absolument pas.
11:08C'est pour ça que je suis allé chez les indépendants.
11:10Je pense qu'au contraire, il faut revenir à l'essentiel,
11:12c'est-à-dire la défense de nos institutions républicaines,
11:14la défense de nos valeurs démocratiques,
11:16et puis l'intérêt de l'Etat,
11:18qui a besoin, l'Etat et les services publics,
11:20qui ont besoin d'être défendus
11:22et qui ont besoin de stabilité
11:24et de capacité d'action.
11:26Ce qui, à ce stade, n'est pas totalement
11:28évident dans l'esprit d'un certain nombre
11:30de chefs de parti.
11:32On va passer maintenant à notre quiz.
11:34Je vais vous proposer
11:36des phrases que vous allez
11:38devoir compléter. Si je vous dis
11:40le secret d'un bon discours politique,
11:42c'est ?
11:44La part de soi-même qu'on met dans ce qu'on dit.
11:46Ce n'est pas la subtilité des phrases,
11:48c'est la sincérité et la force
11:50de conviction qu'on y met.
11:52C'est pour ça que, ça m'a toujours marqué,
11:54un élu qui fait des fautes
11:56de liaison avec des idées simples,
11:58mais qui y croit, entraîne plus de monde
12:00que quelqu'un qui fait des raisonnements compliqués,
12:02sans doute vrais, mais qui sont
12:04purement abstraits.
12:06Être violettiste, c'est ?
12:08Maurice Viollet, mon grand-père
12:10a succédé à Maurice Viollet à la tête du département
12:12et c'était un homme qui a été ministre du ravitaillement
12:14pendant la Grande Guerre, maire d'Odreux
12:16pendant 60 ans, qui a présidé le département pendant 40 ans,
12:18qui a été le ministre d'Etat du Front Populaire,
12:20qui a fait plein de choses.
12:22Un projet Blum-Violette, pour essayer de sauver
12:24l'Algérie française en donnant la citoyenneté française
12:26aux anciens combattants d'Algérie.
12:28C'était dans les années 1920,
12:30dans les années 1930, très bien en avant
12:32des événements de la guerre
12:34d'indépendance algérienne.
12:36C'est un homme qui était sans doute plus grand
12:38que son destin.
12:40Et qui vous inspire toujours aujourd'hui ?
12:42Qui m'inspire parce qu'il y a encore ses archives,
12:44son bureau à la maison.
12:46Je pense qu'on est tous l'héritier
12:48de quelque chose. Ce qu'on est,
12:50ce qu'on a, on le doit à ceux qui nous ont précédés.
12:52Et dans la vie,
12:54y compris dans la famille, d'ailleurs,
12:56il faut avoir le souci de conserver, de transmettre.
12:58Si j'étais restée haut fonctionnaire ?
13:02J'aurais sans doute été heureux,
13:04mais j'aurais fait autre chose à Bercy,
13:06au budget ou à l'économie.
13:08Merci beaucoup, Harold Duvar,
13:10d'être venu dans La Politique et moi.
13:12Merci à vous.