Auditionné au Sénat ce 9 avril 2025 par la commission d’enquête sur les aides publiques, le patron de Blackrock France Jean-François Cirelli a tantôt considéré que la question d’un soutien d’État envers une entreprise était un « critère secondaire », voire un « facteur de risque ».
🔴 Pour suivre toute l'actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicsenat?sub_confirmation=1
👉 Notre site internet : http://www.publicsenat.fr
▶️ Découvrez l'ensemble de nos replays : https://www.publicsenat.fr/replay
📬 Abonnez-vous à notre newsletter : https://bit.ly/NewslettersPublicSenat
🚀 Suivez-nous sur les réseaux sociaux :
Facebook : https://www.facebook.com/publicsenat
X : https://twitter.com/publicsenat
Instagram : https://instagram.com/publicsenat
LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/2996809/
Bluesky : https://bsky.app/profile/publicsenat.fr
Threads : https://www.threads.net/@publicsenat
TikTok : https://www.tiktok.com/@publicsenat
🔴 Pour suivre toute l'actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicsenat?sub_confirmation=1
👉 Notre site internet : http://www.publicsenat.fr
▶️ Découvrez l'ensemble de nos replays : https://www.publicsenat.fr/replay
📬 Abonnez-vous à notre newsletter : https://bit.ly/NewslettersPublicSenat
🚀 Suivez-nous sur les réseaux sociaux :
Facebook : https://www.facebook.com/publicsenat
X : https://twitter.com/publicsenat
Instagram : https://instagram.com/publicsenat
LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/2996809/
Bluesky : https://bsky.app/profile/publicsenat.fr
Threads : https://www.threads.net/@publicsenat
TikTok : https://www.tiktok.com/@publicsenat
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Donc nous, nous sommes une société de B2B, comme on dit, et pas de B2C.
00:05C'est-à-dire que nos clients, ce n'est pas malheureusement vous, mesdames et messieurs,
00:10mais ce sont la société générale, BNP, AXA, Groupama, Crédit Mutuel,
00:16ou les sociétés de retraite françaises, qui encore une fois nous donnent des mandats très précis sur ce qu'elles veulent.
00:24Alors on ne distribue pas nos produits en direct, ce qui fait que vous ne verrez jamais, dans aucun pays du monde,
00:31donc vous ne verrez jamais des boutiques BlackRock où vous pouvez aller acheter des fonds.
00:36Mais nous passons donc par les assureurs, les banques et maintenant depuis peu les plateformes en ligne,
00:42là aussi qui se développent beaucoup.
00:43Un de nos grandes satisfactions en France, c'est d'avoir fait un très beau partenariat avec Boursobank,
00:50une filiale de la Société Générale, qui est la première banque française néo-banque en ligne,
00:56où ils ont voulu lancer un PER depuis la réforme de pacte, on a revu les plans d'épargne-retraite,
01:06et nous avons avec eux un PER qui est, je crois, toujours le moins cher de tous les PER français,
01:12et ils ont déjà attiré 45 000 jeunes qui mettent leur argent tous les mois.
01:19Et ça, je trouve que c'est très très bien parce que c'est l'éducation financière.
01:22L'idée, c'est de demander aux jeunes de mettre 50 euros par mois, mais sans arrêt,
01:27et de leur montrer que dans 30 ans, ils auront un truc en plus par rapport aux retraites actuelles qu'ils ont.
01:33Et ça, ça marche très bien et ça, c'est aussi un très grand succès pour nous.
01:36Voilà. Alors, comment on investit ?
01:39Nous, d'abord, un des atouts de BlackRock, c'est de pouvoir dire à ses clients,
01:43je peux te donner toutes les classes d'actifs que tu veux, et dans tous les pays que tu veux.
01:47Et ça, c'est une force de l'entreprise, c'est de dire, vous voulez des actions japonaises, américaines, européennes, françaises,
01:55vous voulez de la dette, vous voulez de l'infrastructure, vous voulez quelque chose, voilà.
01:58On a la panoplie. Alors, on n'est peut-être pas bon sur tout, mais grosso modo, on est assez bon sur la totalité,
02:04sinon, je pense qu'on n'aurait pas les succès qu'ils ont.
02:08Et puis, donc, investir... Alors, dans le processus d'investissement, ce qu'il faut bien voir,
02:13c'est qu'il y a deux types dans ce métier de la gestion d'actifs.
02:16Il y a deux grandes façons de gérer les investissements.
02:21Alors, on les a appelés, bizarrement, actifs et passifs.
02:25La gestion active, c'est des équipes qui choisissent des sociétés.
02:32Donc, vous avez un monsieur qui dit, moi, je veux investir dans l'automobile.
02:36Alors, est-ce que j'investis en Allemagne ou en France ?
02:40J'investis en France. Est-ce que je prends Peugeot ou je prends Renault ?
02:43Il faut prendre plus celui-là que celui-là. Voilà.
02:45Donc, ça, c'est ce qu'on appelle gestion active.
02:47C'est-à-dire, vous choisissez un par un avec des gérants, des équipes de recherche,
02:52tout ça, pour vous dire, voilà, où il faut investir.
02:55Et puis, il y a une autre gestion, qui est la gestion dite passive,
02:58qui s'est développée plus récemment, où là, vous investissez dans des indices
03:04ou dans ce qu'on appelle des ETF.
03:06Alors, le mot ETF est devenu maintenant un tout petit peu à la mode en France
03:09parce que, depuis quelque temps, on en parle comme étant quelque chose
03:12qui se développe, notamment chez les jeunes, où là, vous investissez dans un panier.
03:15Par exemple, vous dites, ce n'est pas le bon exemple, mais vous dites,
03:20moi, plutôt que de prendre telle action du CAC 40, je préfère celle-ci ou celle-ci,
03:25je n'en sais pas trop, est-ce que, bon, j'ai regardé la télé, machin, je ne sais pas quoi,
03:29vous dites, je veux le CAC 40.
03:32Et donc, nous, nous avons à fond un ETF ou un indice qui réplique le CAC 40.
03:37Alors, quand vous répliquez le CAC 40, si l'entreprise A du CAC 40 fait 5% du CAC 40,
03:44moi, j'ai 5% de l'entreprise.
03:47Donc, je fais exactement...
03:48Alors, cette gestion indicielle, elle se développe énormément,
03:53même si elle est encore minoritaire.
03:55Dans le monde, c'est plutôt 15 à 20%.
03:59Il reste encore 80% d'actifs.
04:02En France, on est un tout petit peu en retard pour plein de raisons,
04:05mais elle se développe important.
04:06Et BlackRock est le premier, là, c'est le seul endroit où nous sommes vraiment dominants,
04:10c'est dans cette région, dans cette gestion indicielle ETF,
04:14où nous avons à peu près 30 à 40% du marché mondial.
04:19Alors, justement, c'est un peu là le problème pour la commission,
04:24c'est que, quand je suis dans l'indice,
04:26dès que vous êtes dans l'indice,
04:28moi, j'ai 90% de mes actions que j'ai achetées qui sont indicielles.
04:32Donc, ma gestion active, où je choisis, est-ce que je choisis la France,
04:37ou machin, c'est 10%.
04:38Donc, 90% des actions que nous avons sont, je dirais, obligatoires.
04:46Que nous aimons la stratégie de l'entreprise,
04:49que nous détestions le PDG,
04:52que nous aimons pas ce qu'il fait ou qu'il aime,
04:54« Je suis obligé d'avoir sa part dans l'indice ».
04:59Donc, voilà.
04:59Alors, bon, il y a des patrons qui disent « À quoi tu sers ? »
05:03Puisque, de toute façon, même si tu m'aimes pas,
05:06tu peux pas partir.
05:07Et c'est vrai qu'on peut pas partir.
05:09Alors, comment on agit ?
05:10Il y a la seule chose qu'on peut faire,
05:12dans ce moment-là, c'est de voter aux assemblées générales.
05:15Et donc, la parole de BlackRock,
05:17vis-à-vis de la stratégie de l'entreprise,
05:19elle ne s'exprime qu'une fois par an,
05:21à l'Assemblée générale,
05:22où on vote sur toutes les résolutions.
05:24Et quand on n'est pas content,
05:26nous avons, nous, une politique
05:28qui est, quand on n'est pas content,
05:30on vote contre la réélection des administrateurs qui sont...
05:35Alors, c'est compliqué,
05:36parce qu'il y a des gens qui nous disent
05:38« Mais pourquoi tu votes contre moi ? »
05:41Alors que je n'ai rien fait.
05:42Et on lui dit « Mais nothing personal, rien de personnel ».
05:45C'est que les gens ne vous croient jamais, d'ailleurs.
05:47Quand vous leur dites ça,
05:48« J'en ai rien contre moi. »
05:49Mais on n'aime pas la stratégie de ta boîte.
05:51Et donc, on vote contre la réélection.
05:53Alors, est-ce que ça se fait souvent ?
05:54L'année dernière, on a dû voter à peu près
05:57entre 2 500 fois et 3 000 fois
05:59contre les administrateurs qui se...
06:01Donc, ce n'est pas quelque chose d'extrêmement limité.
06:05Ça se fait très, très souvent.
06:07Donc, nous...
06:09Alors, dans les marchés privés,
06:11alors là, quand on fait un peu de la dette privée,
06:15tout ça, là, nous avons plus de liberté,
06:18parce que là, on est pour plus longtemps.
06:19Et donc, là, on peut prendre un certain nombre
06:21de décisions différentes.
06:23C'est plus petit, par définition,
06:25par rapport au masque dont je vous parlais.
06:27Mais voilà.
06:29Donc, quand on regarde les aides publiques
06:31à l'investissement,
06:32et maintenant, pour venir au dernier point sur...
06:34Est-ce que ça sert à quelque chose pour vous ?
06:38Comme je vous disais,
06:3890% de la gestion en equity, en action,
06:42c'est de l'indice.
06:43Donc, la réponse est non.
06:44On ne regarde pas s'il y a des aides,
06:47s'il n'y a pas d'aide,
06:48puisque, de toute façon,
06:49on doit avoir dans l'indice que nous prenons...
06:54Alors, vous pouvez faire un indice du luxe,
06:56vous pouvez faire un indice de l'industrie automobile mondiale.
06:59Alors, en général, vous essayez d'avoir des indices
07:01qui sont en dehors d'un pays,
07:04parce qu'il faut un peu équilibrer
07:06et répartir les risques.
07:07Mais donc, on ne prend jamais la question de l'aide.
07:10Alors, ça ne veut pas dire que les aides sont inutiles,
07:14injustifiées, et tout ça.
07:16Vous n'allez pas dire...
07:16Bon, là, BlackRock dit qu'il n'y a pas besoin d'avoir des aides,
07:18puisqu'il ne les regarde pas.
07:20C'était vous, M. Fabien...
07:21C'est bon, l'audition est finie.
07:24On va s'en arrêter là.
07:26Voilà. Non, ce n'est pas ça.
07:27Mais, en tout cas, pour nous,
07:28par définition, sur l'angle pure
07:30de l'investisseur que nous sommes,
07:32compte de tiers,
07:33ce n'est pas un sujet.
07:35Voilà.
07:36Et je pense que tous les autres gestionnaires d'actifs
07:38que vous pourriez entendre dans cette commission d'enquête
07:41vous diraient la même chose.
07:43Même, je dirais même que pour nous,
07:45quand vous êtes financiers,
07:48plus il y a d'aide,
07:49plus c'est un facteur de risque.
07:51Parce que plus il y a d'aide,
07:52plus on se dit,
07:53ben, pérennité de tout ça,
07:56est-ce que c'est bon ou pas bien.
07:57Alors, quand vous avez des aides sectorielles,
07:59ça va encore.
08:00Des aides plus ciblées,
08:02c'est plus compliqué.
08:02Donc, pour les gestions actives,
08:06là où on peut prendre en compte
08:08la question de l'aide,
08:11où là, on descend dans l'entreprise même,
08:13en disant, est-ce qu'il faut acheter
08:14de telle boîte plutôt qu'une autre,
08:16c'est toujours un critère secondaire.
08:18C'est jamais un critère qui détermine...
08:22Alors, sauf dans un secteur.
08:26Par exemple, je ne peux pas vous dire
08:27dans le secteur des énergies renouvelables,
08:30qui est un secteur aidé d'une certaine façon.
08:34Naturellement, vous allez regarder
08:35le système d'aide,
08:37comment il se compare par rapport
08:39au système d'aide allemand,
08:41italien, espagnol.
08:43Et je dirais plus que ça,
08:48c'est est-ce qu'il est facile de construire
08:50des champs d'éoliennes en France,
08:52plus compliqué parfois bien qu'ailleurs.
08:55Et puis, est-ce qu'il y a pérennité du modèle
08:59? Bon, en France, on a dû revenir
09:02par une fois sur une rétroactivité
09:05des aides à l'éolien en mer.
09:07Alors, nous, heureusement,
09:09on n'était pas concernés.
09:10Mais ça, pour un investisseur,
09:12il n'y a rien de pire que de la rétroactivité.
09:15Enfin, dans tous les domaines,
09:16la rétroactivité,
09:17c'est jamais ce qu'il y a de mieux.
09:18Mais là, c'est clair.
09:20Mais donc, un secteur comme l'énergie,
09:22naturellement,
09:24la façon dont la puissance publique
09:28aide le secteur a un impact,
09:30parce que ça a un impact sur les prix,
09:32ça a un impact sur tout.
09:33Voilà.
09:34Mais en général,
09:35c'est quand même très secondaire.
09:38C'est pareil, je dirais,
09:39pour les autres,
09:40sur la dette privée.
09:42Alors, la dette privée,
09:42c'est encore pire.
09:43Je dirais parce que,
09:45si vous avez des entreprises
09:46qui, là, une à une,
09:47viennent vous voir en disant
09:48« Moi, je suis très aidé »,
09:51là, c'est vraiment un facteur de risque.
09:53Alors, on se dit,
09:54« Ouh là là, nous, ce qu'on cherche,
09:55c'est des business qui sont,
09:56comme on dit, résilients,
09:58dans la durée,
09:59qui peuvent se passer d'aide. »
10:00Parce que, alors,
10:01il peut y avoir des aides au début,
10:03ça, c'est très bien et tout ça,
10:04mais si on a le sentiment
10:05que l'entreprise ne peut vivre
10:07que sur un dispositif public,
10:10on se dit,
10:10« Ça ne va pas,
10:11c'est pas sûr que ça dure autant
10:13que les contributions. »
10:14Voilà.
10:14Donc, en gros,
10:16vu du côté d'un gestionnaire d'actifs,
10:18et je terminerai là,
10:19parce que c'est déjà assez long,
10:21la question des aides,
10:23elle est regardée,
10:24bien évidemment,
10:25mais ce n'est pas ce qui compte.
10:27Ce qui compte,
10:28c'est la prévisibilité,
10:30la stabilité de la réglementation.
10:32C'est ce que vous faites,
10:33vous, parlementaires,
10:35c'est l'environnement juridique
10:37et l'environnement réglementaire.
10:39Est-ce que nous sommes dans un pays
10:40où il y a une stabilité
10:41de la réglementation,
10:43où il y a de la prévisibilité ?
10:44Ça peut changer, bien évidemment.
10:46La loi, elle n'est pas là pour l'éternité,
10:48mais est-ce que quand elle change,
10:50c'est prévisible,
10:50c'est compris, etc.
10:52Ça, c'est ce qui est le plus important.
10:54Après, ce qu'on regarde,
10:55c'est l'attractivité globale du pays.
10:57Et là, je dois dire
10:58que la France,
10:59elle est dans le top du tableau,
11:03en tout cas en Europe,
11:04et d'ailleurs,
11:06ce qu'a montré le développement
11:07des investissements étrangers en France.
11:10Et donc, nous,
11:12on est vraiment très heureux
11:14de participer à ce grand mouvement
11:15de développement de l'économie française,
11:19auquel quand même,
11:22je pense,
11:23beaucoup a été fait
11:24dans les dernières années,
11:26et de participer plus
11:28que l'argent que les Français
11:29nous donnent pour l'industrie.
11:31Et dans les 56 milliards
11:32que je vous parlais
11:34confiés par les Français,
11:36une immense majorité
11:38est pour des investissements
11:40en France.
11:41Bon, les gens veulent de l'Europe,
11:43mais aller aux États-Unis,
11:46pas trop.
11:47Sortir de l'Europe,
11:48c'est plus compliqué.
11:49Donc, il faut vraiment être
11:50dans les gens riches
11:52qui me disent
11:54« Bon, ben voilà,
11:54je mets 10 % de mes actifs
11:57en dehors de la sphère européenne. »
11:59Mais chacun,
12:00c'est vrai pour tout le monde,
12:01chacun n'aime pas trop sortir
12:02de son précaré,
12:04quand même,
12:04où il arrive à comprendre
12:06les tenants et les aboutissants.
12:07– Sous-titrage FR –