« C’est ça qui est bon », « C’est toi », « Havana », « Nouveau jour », « Puerto Rico »… Influencé par son père dès son plus jeune âge avec les sonorités de jazz, de la salsa ou de l’opéra qui résonnaient dans son épicerie, il est un artiste unique en son genre. Promis à une carrière de médecin il est devenu le chantre du métissage, des musiques du monde, et a toujours tenté dans ses chansons de transmettre de la joie, la sensualité, la passion, l’amour… même et surtout si l’époque est maussade. Pourquoi la musique est-elle si indispensable pour éloigner les peurs ? Pourquoi le mélange lui semble être la parade à une époque de repli sur soi ? Cette semaine Dany Brillant est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard. Une collection de grands entretiens inspirante dans un monde en manque de repères et de modèles. Année de Production :
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00:00« Aujourd'hui, ce n'est pas juste un chanteur, auteur et compositeur que je reçois, non.
00:26C'est l'homme d'un monde, l'incarnation d'un univers.
00:30Un artiste qui porte en lui des époques, des métissages, des rythmes, des couleurs.
00:35Il transporte des humeurs, la joie, l'amour, le désir, la passion, la sensualité.
00:40Ces chansons, qui pourraient sembler légères, nous transmettent une philosophie de vie.
00:44Vivre ensemble, s'enrichir de nos différences, savourer l'instant présent.
00:49Et le public en redemande, depuis plus de trente ans.
00:51C'est d'ailleurs le public qui l'a accompagné dès le début.
00:54Dans la rue, d'abord, sur des trottoirs, des terrasses, dans les cabarets, puis dans
00:58les grandes salles de concert, jusqu'au Stade de France.
01:01Je façonne mes chansons devant mon public, dit-il.
01:04Il est le co-créateur de notre œuvre.
01:07Notre invité est un amoureux de la scène, il s'y sent chez lui.
01:10Est-il un amoureux de l'époque ? Pas sûr.
01:12Ce qui l'inspire, c'est plutôt le passé, les vibrations et les atmosphères d'hier.
01:16Des ambiances qu'il sait nous faire revivre sans nous rendre nostalgiques.
01:20Dans un subtil équilibre entre hommage au passé et ode à l'avenir.
01:25Notre époque est-elle inspirante pour un artiste comme lui ?
01:29Que peut encore apporter le XXIe siècle à la musique, à la danse, à la chanson ?
01:34Posons-lui toutes ces questions.
01:35Bienvenue dans un monde d'un regard.
01:37Bienvenue à vous, Dany Briand.
01:38Merci d'avoir accepté notre invitation au Sénat.
01:40J'ai du boulot, là.
01:42Quelle pression je mets.
01:44Vous arrivez avec un bel album intitulé Seventies, une tournée dans toute la France,
01:49un best of tour, l'Olympia, le 15 février 2026.
01:53Est-ce que le meilleur a déjà été fait en musique ?
01:55Est-ce qu'on peut faire mieux que Montand, Aznavour, Presley ?
02:00C'est-à-dire que je pense que dans tous les arts, que ce soit la chanson ou la peinture ou le cinéma,
02:05il y a un âge d'or, on le sait.
02:07Et cet âge d'or, il connaît son climax et puis après, il redescend et on a des pâles copies.
02:15Mais c'est vrai qu'un type comme Aznavour, aujourd'hui, je ne le retrouve pas.
02:18Un type comme Jacques Brel, je ne le retrouve pas.
02:20Donc c'est simplement qu'il faut connaître sa culture pour s'en nourrir
02:24et puis après en faire quelque chose d'aujourd'hui.
02:26Mais comme un arbre, pour qu'il s'élève vers le ciel, il faut qu'il ait des racines très profondes.
02:32Et je pense que j'ai vu très vite que dans la chanson, il y avait des racines
02:37qui, pour moi, datent de l'après-guerre, avec le courant existentialiste.
02:42C'est Boris Vian qui m'a donné envie de faire ces chansons-là, un peu fantaisistes.
02:46C'est des chansons de l'après-guerre, parce qu'il fallait une joie de vivre.
02:49Et comme, en fait, aujourd'hui, on est dans une époque un peu moraux,
02:51je ne dis pas qu'on est pendant la guerre,
02:52mais je trouve que j'ai senti que j'avais apporté cette joie à nouveau,
02:57avec le swing et tout ça, qu'elle pouvait s'illustrer dans cette époque.
03:01– Je disais que vous puissiez en partie votre inspiration dans ce passé
03:04sans pour autant être nostalgique et nous rendre nostalgiques.
03:07Comment vous arrivez à résoudre ce paradoxe ?
03:10– La nostalgie, c'est un sentiment...
03:13C'est le bonheur d'être triste, normalement.
03:15C'est la définition de Victor Hugo.
03:17Maintenant, la nostalgie, ce n'est pas aimer ou vouloir vivre dans le passé, non.
03:24Mais en tout cas, je crois qu'il y a des belles choses qui se sont faites
03:30et qu'elles sont intemporelles, elles sont éternelles.
03:33– Puisque c'est beau ce que vous dites, vous dites
03:35la nostalgie ça ennuie tout le monde, moi le premier, je ne suis pas rétro.
03:38C'est notre devoir de maintenir en vie et d'aller rechercher des cultures oubliées.
03:42Je ne cherche pas à recréer le passé, dites-vous,
03:44mais je m'en sers pour éclairer le présent.
03:46Vous êtes un peu l'archéologue de la nuit.
03:47– J'aime beaucoup ce que je dis, c'est tout à fait ça.
03:50Vous n'avez pas besoin de moi en fait, vous n'avez qu'à lire les trucs.
03:53Oui, c'est ça, c'est ça, se servir du passé comme d'une base
03:58et recréer quelque chose de moderne.
04:01Maintenant, c'est aussi un créneau que j'ai choisi
04:04parce qu'il était inoccupé et je l'ai choisi parce que j'étais tout seul dedans.
04:10Vous savez très bien que quand on est seul à faire quelque chose...
04:13– Voilà, donc vous pouvez développer une personnalité, un caractère
04:18qui est plus intéressant que quand vous faites la même chose que tout le monde fait.
04:22La variété, vous savez, vous connaissez, on entend la même chose partout.
04:26Le rap, c'est pareil, je pense, enfin moi quand j'écoute,
04:28je trouve que c'est toujours la même chose à peu près.
04:30– Vous auriez pu choisir autre chose, un autre créneau ?
04:33– Non, c'est-à-dire que j'aimais ça, c'était mon goût.
04:36Et puis en réfléchissant, je me suis dit, mais dis-donc, il y a un boulevard.
04:40Personne n'a repris le créneau du crooner, du swing, du latino, de la chanson italienne,
04:49toutes ces choses que j'aime profondément en tant que spectateur.
04:52Et donc je l'ai utilisé aussi parce que d'abord j'aime
04:55et aussi parce que j'étais tout seul.
04:58– Est-ce que votre truc à vous, c'est effectivement d'ouvrir la musique française
05:01à toutes les époques et à toutes les cultures,
05:03le métissage des musiques du monde, vous y tenez particulièrement.
05:06Et justement, au-delà de ce goût que vous avez, de la sensibilité,
05:10est-ce qu'il y a aussi un message humaniste, universaliste ?
05:13Est-ce qu'il y a un vrai message derrière le fait d'aller chercher quand même ces musiques étrangères ?
05:17– Oui, c'est vrai que j'ai enregistré mes albums dans des pays très différents.
05:21Dès le départ, mon premier disque, je l'ai fait à Saint-Germain
05:24parce que c'est là où j'ai démarré, donc je l'ai fait dans un petit club de jazz.
05:28Mais une fois qu'on m'a donné les moyens, je n'ai pas eu envie de me répéter.
05:33Donc je suis allé à Cuba, j'ai fait un disque à Puerto Rico,
05:36je suis allé à la Nouvelle-Orléans, c'était des berceaux en fait,
05:39où sont nées des musiques très, très profondes.
05:42Et j'ai eu envie de les mélanger avec la chanson française
05:46parce qu'il y avait une tradition qui disait que le français ne swingue pas.
05:50Vous savez, on pense que le français ne swingue pas.
05:51Et moi, je pense que le français swingue s'il est fait d'une certaine manière.
05:55Donc mon premier titre, qui était vient à Saint-Germain,
05:57c'était l'illustration de que ça swingue.
05:59Et je pense que le fait que les gens dansent ensemble et dansent en couple,
06:03surtout c'était des musiques qui illustraient la danse de couple,
06:06il y a, comme vous dites, un rapprochement humain
06:09où tout le monde peut danser ensemble dans une salle,
06:11les Noirs et les Blancs, les gens d'âge différent.
06:15Et il y a une communion qui se fait à travers ces musiques-là.
06:18Et de classes sociales différentes.
06:19Et de classes sociales différentes, voilà, c'est vrai.
06:21La bourgeoisie aime le jazz, mais aussi les étudiants.
06:24Mais à l'époque, en tout cas, j'ai eu un public d'étudiants
06:27pendant très longtemps, je passais dans ce quartier,
06:29près du Sénat, au quartier latin.
06:31Et les étudiants, à une époque, aimaient beaucoup le jazz.
06:33C'était vraiment leur...
06:34Aujourd'hui, je ne sais pas,
06:35parce que ça fait longtemps que je n'ai pas été étudiant,
06:37mais c'était, ça faisait partie de leur...
06:40– De leur culture musicale.
06:40– De leur culture, oui.
06:42– Je vous pose la question, parce qu'on ne le sait pas beaucoup,
06:43mais vous êtes un passionné de philosophie.
06:45– Je le suis, oui.
06:46– A l'époque, vous écumiez toutes les bibliothèques municipales
06:48pour vous nourrir d'œuvres philosophiques.
06:50Et sous une apparence légère,
06:52vous faites quand même passer des messages assez profonds.
06:56Vous promouvez un art de vivre, une philosophie de vie, ou pas ?
07:00– Oui, bien sûr.
07:01Enfin, la philosophie, moi, je m'en suis servi
07:03parce que ça m'a permis de me libérer d'une certaine éducation,
07:08qui était un peu rigide.
07:10– D'accord.
07:10– Et je me suis aperçu, par exemple, que j'avais choisi des études,
07:12mais ce n'était pas pour moi, mais j'ai été conditionné à le faire.
07:15Vous savez, on pense qu'on est libre, mais on ne l'est pas tout à fait.
07:19Et donc, la philosophie m'a beaucoup aidé.
07:22Il y a eu des phrases qui m'ont...
07:25– On l'a vu, d'ailleurs, vous avez commencé l'interview
07:27avec des phrases fortes, décidées.
07:28– Voilà, mais par exemple, il faut faire de sa vie une œuvre d'art.
07:31Cette phrase-là, c'est une phrase de Nietzsche qui m'a toujours marqué,
07:34c'est-à-dire qu'il faut inventer sa vie, faire quelque chose d'original.
07:37Et donc, moi, j'ai juste envie de dire dans mes chansons
07:41qu'il est interdit de désespérer, que la vie est belle,
07:44et que, voilà, il faut continuer.
07:47J'essaye de donner de l'espoir, de la joie à travers mes chansons, voilà.
07:52– Parce qu'on a une société qui a tendance à désespérer, vous pensez ?
07:56– J'ai l'impression, ouais, j'ai l'impression que c'est anxiogène, en fait.
08:03Que même les médias, des fois, ont intérêt à ce que les gens soient tristes.
08:06On dirait qu'ils consomment plus, vous savez, qu'il y a de la pub.
08:09Enfin, j'ai l'impression qu'il y a un lien avec ça, avec la peur, tout ça.
08:12Et moi, je n'ai pas envie de tenir ce message,
08:15j'ai juste envie de dire que la vie est belle.
08:18– C'est marrant parce qu'on découvre un Dany Brillant très philosophe.
08:21Vous avez souffert parfois d'une image de crooneur
08:23qui ne collait pas à ce que vous étiez, justement, à ce que vous êtes ?
08:26– Non, non, non, pas du tout, c'est que…
08:28– Une étiquette qu'on a pu vous coller, à tort ?
08:31– Vous savez, c'est Sacha Guitry qui a dit
08:32« On n'est jamais connu pour les bonnes raisons ».
08:35C'est vrai que, bon, quand vous faites des tubes, par exemple,
08:38on vous réduit à ce seul tube, donc on vous le demande tout le temps.
08:42Donc après, c'est un peu réducteur parce que tout ce que vous avez fait…
08:44– Je ne citerai pas celui sur lequel on vous a…
08:46– Voilà, je fais un sketch d'ailleurs sur scène, je fais un sketch là-dessus sur scène.
08:49Bon, eh bien, c'est pas grave, au moins, c'est bien que je laisse ce tube.
08:52Parce que sinon, il y a des gens qui courent toute leur vie pour avoir un tube,
08:56donc je ne vais pas cracher dans la soupe.
08:57Mais, comme j'ai eu le temps, ça fait 33 ans que je chante,
09:02j'ai eu le temps de montrer d'autres facettes.
09:04Mais c'est vrai que si j'étais resté que sur cette chanson,
09:07c'est le problème du succès, c'est qu'on vous identifie à un succès
09:13en laissant dans l'ombre… – Tous les autres.
09:16– Oui, tout ce que vous pouvez faire d'autre.
09:18Et voilà, c'est pour ça que j'aime beaucoup la scène,
09:20parce que là, on ne me demande pas, c'est moi qui décide,
09:23donc je peux montrer une palette plus large de ce que je peux faire.
09:27– Parce que 30 ans plus tard, Dany Brion, en chiffres, c'est quand même assez vertigineux.
09:3013 albums, plus de 5 millions d'unités vendues, je ne vais pas tous les citer,
09:33mais pour le plaisir, quelques noms d'albums.
09:35C'est ça qui est bon, c'est toi, Havana, enregistré, composé à Cuba,
09:40Nouveau Jour enregistré à Londres, Dolce Vita enregistré à Rome,
09:44Jazz à la Nouvelle-Orléans, Puerto Rico.
09:46Je m'arrête là, mais il a dû falloir beaucoup d'audace quand même
09:51pour arriver en France avec des chansons et des musiques du monde comme ça.
09:55– Écoutez, moi en fait, ce qu'il y a, c'est que je ne me suis pas jamais posé
09:58le problème du succès. – D'accord.
10:01– Parce que ça, c'est compliqué, je ne sais pas ce qui marche, moi.
10:06Il y a un formatage, des fois, je sais que pour passer sur certaines radios,
10:09il faut faire un certain son, mais on n'est jamais sûr que ça marche quand même.
10:12Donc écoutez, le mieux, c'est de faire ce qu'on aime, et voilà,
10:15et puis ne pas se poser le problème.
10:16Alors par exemple, moi, j'ai eu un album sur deux qui a marché.
10:19Ils n'ont pas tous marché. – D'accord.
10:21– Donc ça faisait une espèce de scie comme ça, et ce n'est pas grave.
10:26Ce qui compte, en fait, c'est d'être authentique,
10:29c'est-à-dire dans la vérité de ce qu'on fait,
10:32et puis après, ne pas trop aller draguer le public, parce que le public,
10:37il n'aime pas non plus que vous refassiez toujours la même chose,
10:40il aime bien être surpris, mais je n'ai pas de recette du succès.
10:44Je ne sais pas ce qui va marcher.
10:45Là, je viens de faire un album sur les années 70,
10:48je ne sais pas si ça va plaire ou pas, mais en tout cas, moi, ça me plaît.
10:51Le seul critère, en fait, c'est moi, je suis désolé,
10:53mais je ne pense pas au public.
10:55– Ça a marché jusqu'ici, ça vous a plutôt risqué.
10:57– C'est-à-dire que je suis content, évidemment, quand le public adhère,
11:01mais quand j'écris, jamais je me pose la question de savoir si ça va plaire.
11:06Ça me plaît à moi, c'est ça.
11:08– Et ces enregistrements inspirés de l'étranger,
11:10et même enregistrés à l'étranger,
11:12est-ce que ça relève d'une identité du monde ?
11:15Vous êtes citoyen du monde avant d'être français ?
11:17– Moi, je suis né au bord de la Méditerranée, qui est une zone…
11:21– Mixte.
11:21– Mixte, j'ai grandi dans les cultures arabes, juives, italiennes, grecques, turques,
11:27donc j'avais déjà tout ce mélange en moi,
11:30et puis j'ai aigréné au fur et à mesure de mes disques,
11:33j'ai été dans des pays différents,
11:34mais je pense qu'elle résonne toujours dans la Méditerranée,
11:36parce que même Cuba, c'est l'Espagne, vous voyez,
11:40il y a toujours un côté méditerranéen chez moi,
11:44et un côté où je vais chercher aussi des musiques
11:47où les noirs et les blancs se sont mélangés,
11:49par exemple le jazz, c'est la musique noire et la musique blanche qui s'est mélangée,
11:53la salsa aussi, et j'aime bien ce…
11:57– C'est des valeurs importantes pour vous ça, le métissage ?
11:59– Oui, tout à fait, parce que la chanson française, au fond, qu'est-ce que c'est ?
12:03On ne sait pas trop la musique française, on ne sait pas ce que c'est,
12:05si on ne va pas chercher ailleurs des mélanges,
12:08on va tourner en rond au bout d'un moment.
12:10– J'ai une archive à vous proposer, Dany Briand,
12:12je vais la lire pour les gens qui nous écoutent,
12:14vous qui aimez nous inviter au voyage dans l'espace et dans le temps,
12:17cette fois c'est moi qui vais vous inviter au voyage dans le temps,
12:20avec cette archive, c'est une édition du Figaro,
12:22parue en juin 1942, sous l'occupation allemande,
12:25et on peut y trouver une chronique sur le swing,
12:27avec une définition du swing justement, je cite,
12:30« Il était à l'origine une matière souple et balancée
12:34de jouer la musique de jazz et de la danser,
12:37qui s'introduisit en France trois ou quatre mois avant septembre 1939.
12:40Immédiatement, il eut de nombreux adeptes dans la jeunesse.
12:43On vit se créer à Paris des établissements
12:46où l'on ne dansait que swing.
12:48Le swing, la danse, même sous les bombes,
12:50c'est finalement la danse pour s'évader, ça c'est une constante.
12:54– Bien sûr, vous savez que les Américains
12:55ont libéré la France au son du swing,
12:58c'était une musique d'abord qui avait été inventée par des Noirs,
13:02et les Noirs qui sortaient de l'esclavage
13:04et qui avaient besoin d'une musique de joie,
13:06et c'est une musique aussi où on flotte un peu,
13:09on n'est pas dans le temps, on est toujours en l'air,
13:12c'est pour ça qu'on peut sauter, on danse, et tout ça.
13:14Pendant la guerre, vous savez que le swing était interdit,
13:17que les Allemands avaient interdit le swing justement,
13:19qui trouvaient que c'était une musique de Noirs, de Juifs, de métèques.
13:23Voilà, et puis en France on avait aussi la tradition avec Django Reinhardt
13:27qui a aussi apporté ce swing très français
13:29et qui avait accompagné plein de chanteurs comme Yves Montand…
13:33– C'est presque politique ce que vous décrivez,
13:35c'est presque du militantisme, promouvoir le swing c'est promouvoir une société,
13:40une certaine société…
13:41– Oui, c'était un mouvement d'ailleurs, c'est les Azous de l'époque
13:45qui étaient une sorte de jeunesse résistante à l'Allemagne nazie
13:50qui était en France, et ils faisaient cette musique
13:53comme quelque chose de révolutionnaire, et c'était interdit,
13:57il y a des gens qui se sont retrouvés en prison
13:58parce qu'ils n'avaient pas le droit de jouer du swing.
14:00Et puis après la Libération, ça a été In the Mood avec Glenn Miller,
14:03ça a été tous les comédies musicales avec Fred Astaire,
14:06et c'est une musique qui a enthousiasmé le public.
14:09C'était une musique populaire à l'époque,
14:11après ça s'est devenu un peu plus d'un télo,
14:14quand il y a eu le courant avec Miles Davis, John Coltrane,
14:18et les gens ont lâché un peu, ils ne s'y retrouvaient plus,
14:22et c'est le rock'n'roll qui a pris la place.
14:24– Et vous qui émettant ce mélange des cultures, des peuples, des communautés,
14:28le fait qu'on soit à une époque où les communautés
14:30aient du mal à vivre ensemble, à cohabiter,
14:33c'est compliqué en ce moment, on voit bien que c'est un moment difficile
14:37pour les communautés, pour cette idée du vivre ensemble.
14:40Est-ce que ça vous fait souffrir ? Est-ce que ça vous inquiète ?
14:44– Moi je me dis que c'est passager,
14:46vous voyez à un moment les gens vont réfléchir
14:49et vont s'apercevoir qu'on est beaucoup plus heureux
14:52quand on est tous ensemble, quand on se regarde comme ça,
14:57avec méfiance et voilà.
14:59Mais il y a aussi des gens qui montent les uns contre les autres aussi,
15:02il y a des meneurs d'opinion aussi.
15:05Mais je pense que tout ça est passager, c'est des époques en fait.
15:10– Des cycles de l'histoire.
15:11– C'est des cycles.
15:12– Ce que vous l'avez dit, le métissage culturel,
15:14vous l'avez connu au Berceau, puisque vous êtes né en Tunisie,
15:18à une époque où toutes les communautés vivaient ensemble,
15:20italiens, espagnols, arabes, juifs, musulmans,
15:22ensuite vos parents ont fini par s'installer en région parisienne,
15:25d'abord à Saint-Jean-de-Villève-des-Bois, dans l'Essonne,
15:28et là vous êtes élevé dehors, en pleine nature,
15:30et j'ai lu quelque chose de très joli à propos de vous dans un article,
15:33il était écrit à propos de vous, il pousse libre, c'est juste ?
15:37Vous avez poussé libre.
15:38– Oui c'est vrai, mais c'est vrai que mes parents m'ont laissé vivre,
15:43mon enfance en tout cas, mon enfance était très très libre,
15:45j'ai vécu dans la nature, j'habitais en face d'un champ de blé,
15:49donc j'étais souvent dehors, et justement à l'époque,
15:54c'était des HLM, il y avait une politique comme ça d'intégration,
15:58donc il y avait des bâtiments, il y avait le bâtiment des Portugais,
16:02le bâtiment des Algériens, et on jouait tous ensemble au football dehors,
16:06il n'y avait jamais eu de problème, c'est après que j'ai découvert
16:08qu'il y avait tous ces gens-là, ils commençaient à se regarder bizarrement,
16:12mais à l'époque il n'y avait aucun problème dans ces banlieues-là,
16:14c'était ça, c'était très très…
16:16– Il n'y avait pas de sujet.
16:17– Il n'y avait pas de problème, vraiment, on jouait au foot tous ensemble,
16:21on allait chez les gens, on faisait même les fêtes,
16:23les fêtes religieuses de l'un, c'était très sympa,
16:26c'est ce qu'il y avait en Tunisie d'ailleurs dans les années 60
16:28et qu'a toujours regretté ma mère,
16:29que tout le monde allait chez les uns, chez les autres,
16:31il n'y avait pas de problème.
16:33– Votre père a tenu une épicerie dans Paris, rue du Faubourg Montmartre,
16:36il écoutait beaucoup de musique, salsa, jazz, opéra, là aussi du mélange,
16:40à la radio vous vous entendiez du Jodassin, du Claude François,
16:43votre oncle Nathan jouait du luth et chantait de la musique orientale,
16:46et à l'âge de 14 ans c'est votre grand-père qui vous offre
16:49votre toute première guitare, c'est ça ?
16:50– Oui, oui, oui.
16:51– Et vous apprenez à en jouer tout seul, un vrai autodidacte,
16:54c'est tout cela qui a construit votre goût musical, votre oreille musicale ?
16:58– Oui, c'est mon père qui était très mélomane,
17:01mon père aimait beaucoup la musique, il chantait tout le temps,
17:04je pense que c'était un chanteur contrarié,
17:06je me demande si je n'ai pas un peu repris son…
17:08– Son rêve ?
17:09– Sa frustration.
17:10– Ah ouais ?
17:11– Oui, et donc il avait des vinyles et j'ai grandi avec ces vinyles.
17:17C'est-à-dire qu'on était à une époque bénie, c'est-à-dire 70,
17:20il y avait des très belles chansons à l'époque,
17:22je pense que musicalement c'était très riche, c'était très beau,
17:25entre Joe Dassin, Serge Reggiani, Barbara, on a écouté tout ça,
17:30mais ce n'était pas vintage, c'était l'époque.
17:32Et en même temps mon père il aimait les trucs d'avant,
17:35les orchestres de Mambo, de salsa des années 50.
17:38Donc moi j'ai fait un peu la jonction entre les deux,
17:40donc j'étais dans un carrefour où j'ai eu mes oreilles grand ouvertes
17:45avec une richesse musicale énorme.
17:47Donc comme j'ai commencé à écrire mes premières chansons à l'âge de 20 ans,
17:50j'étais nourri de tout ce que j'avais entendu,
17:52parce qu'on est le résultat en fait de tout ce qu'on a écouté.
17:55– Il chantonnait dans son épicerie votre père ?
17:57– Oui, il faisait du spectacle, il faisait du théâtre,
18:01c'était comme un théâtre son épicerie.
18:03Bon ça n'a pas duré longtemps, parce que bon,
18:05comme il n'était pas doué pour les affaires, il a fait faillite très vite.
18:08Mais j'étais adolescent, quand j'allais dans son entreprise,
18:12il chantait des airs de Bel Canto, tout ça, c'était marrant,
18:14c'est un personnage mon père.
18:16– À l'allure de celui que vous êtes aujourd'hui, Dany Briand,
18:18quel conseil donneriez-vous au petit garçon que vous étiez ?
18:21Qu'est-ce que vous lui diriez avant qu'il ne se lance dans la vie ?
18:26– De cultiver en fait sa différence, voilà,
18:30ce qu'on te reproche, cultive-le, c'est toi,
18:32c'est-à-dire que quand on fait un métier artistique
18:35et que vous n'êtes pas trop dans le courant,
18:38c'est peut-être là qu'est votre chance,
18:41tout ce qu'on vous a reproché, votre chance elle est là en fait, c'est ça.
18:45– Vos parents vous voulaient médecin, vous, vous rêviez plutôt acteur,
18:49finalement vous êtes devenu auteur, compositeur, interprète,
18:52et ça commence très concrètement grâce à votre voisin de palier à Paris,
18:56vous êtes étudiant en médecine,
18:58et il y a un jeune à côté de chez vous qui joue du saxophone
19:01et qui vous propose d'aller jouer sur les trottoirs du quartier latin,
19:04et vous dites, on sentait qu'il se passait un truc avec les gens,
19:08qu'est-ce qui se passait avec ces gens, qu'est-ce que vous sentiez ?
19:11– Je sentais qu'il me regardait, vous avez raison,
19:16c'est comme ça que ça a commencé, je cherchais un job d'étudiant,
19:19et ce type est devenu mon copain, on a répété des petits numéros,
19:25moi la guitare, lui au saxophone, et puis quand il m'a proposé ça,
19:31je trouvais ça, je n'aurais jamais imaginé
19:34que j'allais jouer sur des terrasses de café,
19:37même aujourd'hui je ne pourrais pas le faire.
19:39– Vous ne pourriez plus le refaire ?
19:40– Oui, non mais je n'oserais pas, c'est audacieux quand même,
19:43et puis après il faut aller chercher de l'argent chez les gens,
19:46mais je ne sais pas pourquoi, il m'a convaincu, j'y suis allé,
19:50et c'est vrai que là j'ai vu que les gens me regardaient,
19:53c'est-à-dire que j'étais attractif,
19:56je me disais, il y a quelque chose qui se passe là,
19:58alors j'ai observé ça, et j'ai recommencé le lendemain,
20:00j'ai vu qu'ils me regardaient aussi, c'est-à-dire que,
20:02c'est quoi les terrasses de café ?
20:03Comme les cabarets d'ailleurs,
20:04ce sont des gens en fait qui ne sont pas là pour vous,
20:07ils parlent avec leurs fiancés, ils commandent un verre, garçons,
20:10et en fait vous arrivez et tout d'un coup ils vous regardent.
20:13– Il faut aller les chercher.
20:14– Il faut aller les chercher, mais même pas,
20:15il ne faut même pas les chercher, c'est que ça se fait naturellement.
20:17Alors j'ai dit, c'est pas mal, parce que moi je galérais,
20:21j'étais étudiant, mais je ne gagnais pas beaucoup d'argent,
20:24je faisais du babysitting, je vendisais des encyclopédies dans le métro,
20:27enfin j'étais le…
20:30Et là je trouve un job où les gens me regardent, ils sont contents,
20:34et j'ai creusé là, je me suis dit ouais.
20:36Alors je pensais que moi, je pensais que je me servirais de cette attraction
20:40pour jouer des grands rôles d'acteur ou de théâtre,
20:44parce que j'adorais le théâtre,
20:45mais finalement je m'en suis servi pour la chanson,
20:47qui est aussi une forme de théâtre.
20:48– Et c'est une bonne école la rue ?
20:49– C'est la pire, c'est très dur, mais…
20:54– Qu'est-ce qu'elle vous a apporté, en quoi ça vous a construit ?
20:58– C'est-à-dire que c'est un hasard qui m'a amené à mon métier,
21:01c'est la rue, ce n'est pas un pur hasard,
21:03moi on faisait ça pour rigoler, comme un truc d'ado qui voulait déconner,
21:08puis quand j'ai vu que ça marchait, ça m'a amené à en faire une profession,
21:13à l'époque j'ai commencé comme un amateur.
21:15– Cette expérience dans la rue vous permet quand même d'être repéré
21:17par le patron du cabaret Les Trois Maillets, Jacques Bonny,
21:21il vous engage au départ pour une semaine,
21:23et finalement vous allez y rester 5 ans.
21:25Vous vous dites, j'ai appris mon métier dans cette salle,
21:28ça c'est une révélation, c'est à ce moment-là que vous vous dites,
21:30je veux faire ça.
21:31– Oui, parce que c'est devenu un métier après,
21:35c'est-à-dire que je travaillais pour ça, au début je ne faisais que des reprises,
21:40et puis au bout d'un an le patron m'a dit,
21:42ça serait bien que tu écrives tes chansons.
21:44J'ai eu la chance de tomber sur un patron Pygmalion, comme il y en avait à l'époque,
21:48c'est-à-dire que les mecs ils vous prenaient sur leur aile
21:51et qu'ils vous transmettaient de la connaissance,
21:54donc le mec il dirigeait un cabaret,
21:56il avait dû repérer chez moi quelque chose,
21:58moi-même je ne savais pas ce que c'était,
22:00mais au bout d'un moment il m'a dit, ça suffit les reprises,
22:02ça serait bien que tu écrives.
22:03Je ne sais pas comment il savait que moi je savais écrire.
22:05– C'est dingue.
22:05– Et il l'a repéré, et après il y a eu l'opportunité du film,
22:08puisque parallèlement je menais des études de théâtre au cours Florent,
22:13puisque c'était ça ma vraie vocation,
22:15et puis c'était un laboratoire formidable ces 5 années au cabaret,
22:21et je crois que je suis un des derniers chanteurs de cabaret,
22:23je ne crois pas qu'il y en ait eu depuis,
22:24c'est-à-dire que c'était un vrai cabaret,
22:25c'est-à-dire qu'il y avait un orchestre,
22:27les gens étaient là, sur vos genoux, ils étaient tout prêts,
22:31ils mangeaient, il y avait le bruit de fourchette,
22:34il y avait du bruit, il y avait tout ça,
22:35et puis vous, vous étiez là dans ce bordel ambiant,
22:37et vous chantiez vos chansons, et c'était un exercice assez difficile.
22:42D'ailleurs il y en a plein, j'avais amené des copains,
22:44ils ne sont pas tenus, c'était comme un radio-crochet vous savez,
22:48mais à l'ancienne quoi, allez dehors, on ne veut pas de vous.
22:52Et c'est aussi ce Jacques Bonny qui vous inspire votre nom de scène,
22:54je crois, il vous dit tous les soirs, avant de monter sur scène,
22:57« Sois brillant ».
22:58Oui, comme une injonction à…
23:01À rayonner.
23:02Voilà, c'est ça, un enthousiasme, vas-y, sois brillant.
23:05Voilà, et Dany brillant, « Sois brillant Dany »,
23:07et moi j'ai inversé, je fais « Sois brillant Dany », « Dany brillant ».
23:10C'est comme ça que ça arrive.
23:11J'ai mis le truc à l'envers.
23:13Et puis je trouvais que ça allait bien avec mon style, un peu Las Vegas.
23:17Ça collait au personnage.
23:18Ouais.
23:22J'ai des photos à vous proposer, Dany brillant.
23:24La première, la voici.
23:26Il s'agit de l'affiche du film qui a retracé la vie d'un chanteur
23:29qui a énormément compté pour vous,
23:31Aznavour, auquel vous avez consacré des albums hommages.
23:35Le film s'appelle « Monsieur Aznavour », joué par Tahar Rahim,
23:38qui a lui-même pris des cours de chant
23:39pour interpréter lui-même les titres dans ce film.
23:42Vous l'avez vu ?
23:42Bien sûr, je l'ai vu deux fois même,
23:44et même trois je crois, parce que j'ai trouvé ça tellement formidable.
23:47C'est vrai ?
23:47Je connais mon Aznavour par cœur,
23:49mais j'ai découvert encore des choses que je n'avais jamais soupçonnées.
23:53Et comme je sais que sa fille est la femme du producteur,
23:57à mon avis, elle a donné des indices que personne ne connaissait.
24:00Donc j'ai découvert des choses et c'est un film formidable.
24:03C'est vrai que la performance de Tahar Rahim est incroyable.
24:07J'ai une deuxième photo à vous proposer.
24:09Je pense que vous allez la reconnaître aussi.
24:10Il s'agit de Beyoncé, immense chanteuse américaine.
24:14Alors figurez-vous qu'elle a décidé de ne plus accompagner ses titres de clips.
24:18Et c'est une tendance qui est en train de monter.
24:20On parle de la fin annoncée des clips.
24:22Tournage considéré comme trop long, trop coûteux,
24:24alors que les fans ont tendance à se contenter d'une petite vidéo sur TikTok.
24:28Et je vous parle de ça parce que vous, vous avez adoré tourner des clips
24:31et vous êtes un fan de cinéma et vos clips sont cinématographiques.
24:35Tout à fait.
24:35Comment vous voyez arriver cette tendance ?
24:37Est-ce que je suis obligé de la suivre ?
24:40Elle fait ce qu'elle veut, bien sûr.
24:43On n'a pas du tout le même parcours déjà.
24:46Moi, j'adore parce que je trouve que les clips,
24:49justement, comme je suis un peu un acteur contrarié,
24:51dans mes clips, j'ai toujours fait l'acteur.
24:53Une dernière photo à vous proposer.
24:55Il s'agit d'une photo du Rosa Bonheur.
24:58Il y en a quatre en Île-de-France.
25:00C'est un concept qui remet les guinguettes au goût du jour
25:03avec son lot de convivialité, de cours de danse du monde,
25:07notamment initiés par des associations qui portent des noms comme
25:10Baki Salsa Dance avec des cours de bachata, kizomba, salsa.
25:14C'est une tendance qui est en train de revenir, vraiment.
25:18Ça vous parle ?
25:19Bien sûr, c'est des gens qui veulent...
25:21On parlait tout à l'heure de rapprochement,
25:22qui veulent danser à deux, qui veulent être dans la fête, la joie.
25:26Aussi à l'extérieur, enfermés dans une boîte de nuit, sans fenêtre.
25:31Et les guinguettes, c'était ça.
25:33C'est-à-dire qu'on dansait près d'une rivière.
25:35Il y a plein de films comme ça sur les guinguettes dans les années 30,
25:39les années 40 et vous savez que tout revient.
25:41Parce qu'on parlait en préambule de la nostalgie.
25:45Ça, c'est l'incarnation, ce n'est pas de la nostalgie,
25:47c'est cyclique, ça revient.
25:48À un moment, il y a une demande, il y a un besoin.
25:50On a été à fond dans un no man's land
25:53ou dans l'obscurité d'une boîte de nuit.
25:55On veut à nouveau maintenant être dehors
25:58et on veut pouvoir s'entendre parler et puis danser à deux.
26:01Parce que je crois qu'une émission comme Danse avec les stars
26:03aussi a redonné envie aux gens de danser à deux.
26:07J'ai une dernière question qui est en lien avec le lieu
26:09dans lequel nous sommes, Dany Briand.
26:10Nous sommes entourés de quatre statuts
26:12qui représentent chacune une vertu.
26:14Il y a ici la sagesse, la prudence, la justice
26:17et derrière moi l'éloquence.
26:19Est-ce qu'il y a une de ces vertus qui vous parle particulièrement,
26:21qui vous caractérise peut-être ou que vous avez envie de défendre ?
26:24J'aimerais bien avoir les quatre.
26:27La justice, l'éloquence, la sagesse et la prudence.
26:30La prudence, peut-être celle-là, il faudrait que je la travaille.
26:33Alors, on restera sur ce mot.
26:34Merci, Dany Briand, d'avoir été notre invité.
26:36Merci à vous de nous avoir suivis comme chaque semaine.
26:38Émissions à retrouver en replay sur notre plateforme publicsena.fr
26:42et bien sûr en podcast.
26:43Merci, à très vite.