Depuis le 26 février dernier, Donald Trump a décidé de couper massivement dans les programmes d'aide internationale. Près de 92 % des financements ont ainsi été suspendus. A l'heure de ce désengagement sans précédent quelles conséquences pour les populations touchées par la baisse des programmes de développement ? Revient-il à l'Europe de suppléer le départ des Américains ? Est-ce une manière pour les européens de continuer à peser dans des régions du monde où ils ont perdu en influence ? Et en a-t-elle les moyens ? Cette semaine Caroline de Camaret et Alexandre Poussart ouvre le débat dans Ici l'Europe. Les invités : Francisco Assis, eurodéputé portugais (S&D) président de la délégation Afrique, Caraïbes, Pacifique (OEACP), Charles Goerens, eurodéputé luxembourgeois (PPE) et Julien Sanchez, eurodéputé français (RN), Patriotes pour l'Europe. Année de Production :
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00:00France 24, LCP, Public Sénat, présente.
00:04Bonjour à tous et à toutes et merci de nous rejoindre pour Ici l'Europe.
00:30L'Europe est suspendue aux lèvres du président américain qui souffle chaud et le froid,
00:35parfois dans la même journée en matière économique, commerciale et diplomatique.
00:39Alors comment construire notre puissance européenne dans ce monde où les mauvaises et fausses nouvelles se multiplient ?
00:46Nous allons tenter de prendre un peu de hauteur avec un philosophe historien, écrivain néerlandais, Luc Van Middelhaar.
00:53Bonjour.
00:54Bonjour Caroline.
00:55Merci d'être avec nous en duplex depuis Bruxelles, une capitale européenne que vous connaissez bien
00:59car ancien conseiller et plume du premier président du conseil, passé par la commission,
01:04enseignant aussi, on le disait, à la fois aux Pays-Bas, mais vous avez aussi enseigné en France,
01:09au Collège de France, avec cet ouvrage qui en est ressorti,
01:12Le Réveil Géopolitique de l'Europe en 2021, fondateur du Think Tank Big,
01:17Brussels Institute for Géopolitique.
01:19Est-ce que l'Europe, dont vous souhaitez le Réveil Géopolitique, n'est pas plutôt chaos debout,
01:26sous les coups de boutoir de l'expansionnisme russe et l'imprévisibilité américaine ?
01:31Le moment de réveil est vraiment venu maintenant, effectivement, avec une vraie guerre à l'Est,
01:37et une guerre commerciale, au moins, si ce n'est pas pire, venu de l'Ouest et des États-Unis.
01:43Donc là, je crois que c'est vraiment un moment de vérité pour les Européens,
01:48qu'on se le rend compte, tant au niveau des dirigeants européens,
01:52que ce soit le président Macron et ses collègues, les ministres, etc.,
01:55mais aussi, je pense, les opinions publiques.
01:59Vos auditeurs se rendent bien compte que le monde est en train de changer.
02:04Il faut changer d'habitude, il faut s'armer aussi, savoir mieux se défendre en tant qu'Européen,
02:12et en plus avec des risques, en effet, sur le plan économique.
02:17Donc je crois que cette prise de conscience est large.
02:22Elle a, on peut dire, commencé déjà avec la guerre en Ukraine depuis 2022, depuis trois ans maintenant,
02:30mais on peut dire quand même qu'avec l'arrivée, pour la seconde fois, au pouvoir du président Trump,
02:37il y a des événements qui, en effet, comme vous dites, choquent les Européens,
02:43même s'ils avaient bien écouté tout ce qu'ils avaient dit lors de la campagne.
02:48On ne devrait pas être si surpris que ça.
02:50Donald Trump, cette semaine, nous a déclaré la guerre commerciale,
02:55et puis s'est rétractée une suspension des droits de douane pour 90 jours,
03:00décrétée finalement par le président américain.
03:03C'est la surprise, donc.
03:05Seule la Chine reste concernée par des taxes conséquentes à 125%,
03:09mais le reste du monde repasse à 10%.
03:10Qu'est-ce que vous comprenez de la valse hésitation de Trump ?
03:14En fait, il y a peut-être deux idées dans la tête du président américain.
03:21D'une part, il veut avoir les droits de douane, les tarifs pour une réindustrialisation des États-Unis.
03:30Donc, c'est vraiment un but pour qu'il y ait la production qui rentre au pays.
03:35Mais là, il se rend compte que les frais, les coûts sont trop élevés par rapport à ça.
03:41Donc, je pense que c'est vraiment la réaction des marchés qui a forcé,
03:46après sept jours où il est resté cool, malgré de ce qu'on appelle quasi le bain de sang dans les bourses mondiales.
03:54Après sept jours, il y a eu cette volte-face, en effet.
04:00Et là, aujourd'hui, on ne sait plus très bien si ces tarifs, c'est uniquement ces droits de douane,
04:05c'est pour négocier des meilleurs accords avec les partenaires commerciaux des États-Unis,
04:10dont l'Europe, ou si ça reste toujours un objectif à long terme.
04:16Ce qui me paraît intéressant et pertinent, c'est que le seul rival qui reste dans ce contexte-là,
04:27c'est la Chine.
04:29Et donc, on voit quand même une intensification de la guerre commerciale avec la Chine
04:36et un apaisement avec tous les autres.
04:40L'émergence de la Chine comme rival stratégique et qui risque de prendre la première place dans le monde,
04:48que ce soit au niveau économique ou stratégique, et militaire, etc.
04:51Ça, c'est la vraie obsession des Américains.
04:54Et Trump, il en a pris conscience très tôt.
04:59Et tout ce qu'il est en train de faire avec aussi cette guerre commerciale,
05:03mais aussi avec nous, les Européens, sur le plan de la défense et avec la Russie, etc.,
05:09c'est un effort de sa part, avec sa vision très radicale,
05:17mais de repositionner les États-Unis pour cette rivalité stratégique avec la Chine.
05:25Et pour ça, ils sont prêts à tout détruire, même l'ordre mondial qu'ils ont construit.
05:32On peut même dire, si vous permettez, Caroline, après 1945.
05:36Donc, Trump, il met terme à une période de 80 ans
05:40où les États-Unis nous ont protégés en Europe.
05:44On peut dire, depuis le débarquement en Normandie, en France, en 1944,
05:48les États-Unis et l'armée américaine ont toujours été présentes en Europe.
05:53Alors, est-ce que les Européens, finalement, qui ont suspendu leurs réponses,
05:57ils avaient préparé des représailles avec des taxes un peu plus faibles, de 25 %,
06:03d'un certain point de vue, on pourrait même dire,
06:05heureusement que c'est géré par la Commission européenne,
06:07parce qu'ils sont très, très unis sur ce dossier commercial, les 27 ?
06:12Oui, c'est toujours le dossier le plus facile,
06:16où il y a le défi pour rester unis,
06:19et le plus abordable.
06:22Parce qu'en effet, pour les affaires commerciales,
06:25la Commission européenne a beaucoup de pouvoir.
06:29C'est elle seule qui représente l'Europe dans les négociations commerciales.
06:34Bien sûr, en accord avec les ministres, etc.
06:37Mais donc, pour traiter ce sujet de la guerre commerciale,
06:42l'Europe, là, pour une fois, parle d'une seule voix,
06:46qui est la voix de la Commission européenne.
06:49Et Trump, il le sait, mais il ne l'aime pas,
06:52parce que ce que lui préfère, comme d'autres rivaux de l'Europe,
06:58c'est bien sûr diviser pour mieux régner.
07:00Donc, c'est-à-dire, essayer d'avoir des accords bilatéraux,
07:05comme on dit, avec tel ou tel pays, avec la France, l'Allemagne, l'Italie, les autres,
07:11et pour qu'en face de lui, il ne trouve pas un bloc ferme et uni,
07:16mais des partenaires beaucoup plus petits que les États-Unis,
07:20et donc beaucoup plus facilement dominés par les États-Unis.
07:26En matière de défense, parlons justement de cette stratégie de défense.
07:30Donald Trump, qui n'a pas mis fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie en 24 heures,
07:34comme il l'avait promis,
07:35négocie avec les Russes en attendant, sans les Européens.
07:39Ils ne sont pas dans la boucle.
07:40Est-ce qu'on va réussir, Luc Van Middelaar, à rentrer dans le jeu un jour ?
07:44Il faut bien l'espérer,
07:46parce que ce qui est en jeu dans ces négociations en Arabie saoudite entre Américains et Russes,
07:50c'est bien l'avenir du continent européen,
07:54de l'ordre de sécurité sur notre continent.
07:57Bien sûr, il s'agit de l'Ukraine,
08:00qui est concernée,
08:01premier étant donné l'agression russe vis-à-vis de l'Ukraine,
08:06mais plus largement, il y va de l'architecture de sécurité du continent européen.
08:11Donc c'est un peu humiliant, on doit l'admettre,
08:14que les Européens ne soient pas présents lors de ces négociations.
08:20Mais pour Trump, comme pour Poutine,
08:23il préfère traiter de superpuissances,
08:27ou de grandes puissances à grandes puissances,
08:29voire d'homme à homme.
08:31Et donc, il est important que les Européens s'organisent.
08:35Le président français Emmanuel Macron a pris d'importantes initiatives
08:40depuis ce moment de rapprochement soudain-américain aux Russes,
08:47un rapprochement qui nous a pris de court les Européens,
08:50parce que tout à coup, en effet,
08:52les États-Unis prennent une partie de la Russie,
08:56de la Russie, de Poutine, contre l'Ukraine,
08:59que nous, en tant qu'Européens, depuis trois ans,
09:02essayons d'aider à se défendre.
09:03Et donc, le président Macron, il a organisé plusieurs sommets,
09:07d'ailleurs aussi son homologue,
09:08par le Premier ministre britannique aussi.
09:11Est-ce qu'à l'occasion de ces sommets,
09:12on est en train d'avancer sur une vraie défense européenne ?
09:16Parce que justement, on voit bien que ce n'est plus dans le cadre,
09:18d'ailleurs, de l'UE à 27.
09:20Il y a toujours la Hongrie,
09:21qui d'ailleurs s'oppose à toute aide très directe
09:25et très immédiate à l'Ukraine.
09:26Est-ce que vous voyez se structurer une Europe de la défense
09:30où c'est encore finalement un peu un vœu pieux
09:33et puis c'est en ordre un peu dispersé,
09:35avec plusieurs cercles ?
09:37Je crois qu'il faut distinguer deux sujets.
09:39Le sujet financement de la défense,
09:42comment est-ce qu'on trouve les moyens financiers
09:44pour acheter nous-mêmes des armes de produire
09:48et aussi de livrer aux Ukrainiens
09:50pour qu'ils puissent se défendre.
09:52Et là, il y a un vrai effort vraiment au niveau aussi de l'UE à 27,
09:56parfois à 26, comme vous dites.
09:58Mais c'est bien orchestré par les institutions européennes.
10:02Il y a maintenant un plan à hauteur de 800 milliards d'euros
10:07sur une période bien sûr plus longue,
10:12mais d'investissements supplémentaires dans la défense.
10:16Donc ça, c'est en route.
10:16Après, il y a des rencontres, des sommets en dehors de l'UE,
10:22parfois aussi en dehors de l'OTAN,
10:25où il s'agit d'avoir une coalition de pays
10:28qui sont prêts peut-être à mettre aussi des hommes et des femmes
10:33sur le terrain pour garantir,
10:37éventuellement, cesser le feu qui aura lieu.
10:40Donc là, on parle vraiment d'une action militaire.
10:42Et ça, évidemment, ce n'est pas l'UE qui s'en occupe
10:45parce que ce n'est pas une affaire de Bruxelles, entre guillemets.
10:48C'est des pays des puissances comme la France, le Royaume-Uni,
10:52d'autres partenaires européens et même de l'OTAN
10:55parce que le Canada est intéressé aussi par ce genre d'action.
11:00Il ne faut pas oublier qu'eux aussi, les Canadiens,
11:02ils sont très inquiets de ce qui se passe pour eux tout près aux États-Unis.
11:07Et donc là, sur les deux plans,
11:08il y a quand même le plan financement et le plan action militaire.
11:11Il y a quand même une vraie volonté politique,
11:14mais aussi qui se traduit d'ores et déjà dans des décisions concrètes
11:18pour l'industrie de la défense européenne, etc.
11:20Et aussi pour assouplir les règles budgétaires.
11:24Ça, c'est un point très important aussi qui est venu de l'Allemagne.
11:27Alors, Luc van Middelaar, c'est venu de l'Allemagne,
11:30mais de votre pays, les Pays-Bas restent un pays rigoriste,
11:34orthodoxe budgétairement.
11:35Votre Premier ministre a été ébranlé par un vote négatif de son Parlement
11:38contre le plan de la Commission pour réarmer l'Europe, justement.
11:41Et on ne parle justement pas du tout comme en France
11:44de passer à un grand emprunt pour mieux financer la défense européenne.
11:49Est-ce que les Pays-Bas ne sont pas devenus les empêcheurs
11:52de construire la souveraineté militaire européenne ?
11:56Les Pays-Bas, il est vrai qu'ils ne sont pas toujours le partenaire
12:00le plus constructif dans ce sujet, mais là aussi, il faut distinguer
12:05le financement et l'action militaire.
12:08Les Pays-Bas, ils sont très actifs aussi dans le soutien à l'Ukraine,
12:12où ils ont donné beaucoup d'argent, comme des pays scandinaves aussi.
12:17Donc là, ils sont aux avant-postes.
12:20Et je pense qu'il y a eu ce moment où le Premier ministre n'a pas tout de suite
12:27obtenu le feu vert pour le soutien néerlandais à ce plan de réarmement,
12:32mais il l'a obtenu par la suite.
12:34Donc c'est venu quand même assez rapidement après.
12:38Les Pays-Bas ne seront jamais des grands fans des emprunts collectifs,
12:43mais une fois que l'Allemagne change de position,
12:51le grand voisin des Pays-Bas comme de la France,
12:56je pense que les Pays-Bas vont d'une façon ou d'une autre suivre le mouvement d'ensemble.
13:02Ils sont en train de changer de position avec l'accord de coalition
13:04obtenu par Friedrich Merz, le conservateur, le chrétien-démocrate,
13:09avec les sociodémocrates,
13:10qui a d'ailleurs débloqué 500 milliards d'euros
13:13pour investir dans les infrastructures vieillissantes
13:17et qui a l'intention d'investir massivement dans la défense.
13:20C'est un changement de logiciel total, non ?
13:24Un changement total de logiciel en Allemagne même
13:27qui a débloqué la situation pour les investissements,
13:34pour les transports, mais aussi pour la défense
13:36où il y aura une somme de la même ampleur
13:39ou voire plus, donc encore 500 milliards d'investissements
13:43dans la défense en Allemagne,
13:45mais qui permet aussi au niveau européen
13:47de complètement réécrire les règles budgétaires
13:53pour permettre l'investissement dans la défense.
13:56C'est quelque chose que les Allemands avaient encore bloqué
13:58lors de la crise euro, lors de la pandémie, etc.
14:04où il y avait aussi un besoin réel et vital
14:08d'avoir cet emprunt en commun.
14:11Là, aujourd'hui, face à la guerre et face au double choc
14:15de Poutine et de Trump qui nous tombe dessus,
14:19le nouveau chancelier Friedrich Merz,
14:21en fait, il saisit l'occasion pour changer de ligne.
14:24Et c'est peut-être, au niveau européen,
14:26l'une des décisions les plus importantes
14:28qui ont été prises cette année,
14:30ça change vraiment la donne.
14:32Et il ne faut pas sous-estimer l'effet
14:34que ça peut avoir aussi plus largement
14:36sur l'industrie allemande et donc européenne,
14:41étant donné l'imbrication des chaînes de valeur, etc.
14:45Parce que de l'argent qui est investi en Allemagne,
14:47ça a aussi un effet sur tous les voisins,
14:50y compris la France.
14:51Alors, la France, c'est un pays que vous connaissez bien, justement.
14:54Le tribunal de Paris a reconnu neuf anciens députés européens
14:57coupables de détournement de fonds publics,
14:59préjudice de 2,9 millions d'euros
15:01pendant 11 ans au Parlement européen,
15:04sans oublier, au titre de la complicité, 1,2 millions.
15:08Marine Le Pen, condamnée à 4 ans d'emprisonnement,
15:10dont 2 fermes avec bracelets
15:12et une inéligibilité de 5 ans avec exécution provisoire,
15:16est-ce que la polémique vous surprend ?
15:19La polémique ne surprend pas.
15:21Je veux dire, il est normal que les juges agissent
15:25de façon à faire respecter les règles de l'état de droit,
15:30y compris par rapport à des élus,
15:32qu'ils soient élus au Parlement européen
15:36ou à l'Assemblée nationale,
15:37ou au niveau local, ou quoi que ce soit.
15:40Et je trouve qu'il n'est pas toujours important
15:47de dire que s'il y a un élu qui est mis en cause,
15:54que c'est une attaque à la démocratie.
15:57Il ne faut pas confondre les choses.
15:58Les élus, les premiers, doivent respecter et agir
16:03selon les règles et les lois
16:05qui ont été agréées démocratiquement,
16:08encore une fois, que ce soit au niveau européen
16:10ou en France.
16:11Justement, est-ce que nous sommes suffisamment protégés
16:14et suffisamment transparents de ces institutions européennes ?
16:18On peut toujours faire mieux.
16:20Je pense que c'est le but.
16:22Aussi, au Parlement européen,
16:24il est important qu'ils prennent ça plus au sérieux
16:28parce que là, c'est vraiment une institution
16:30avec des députés directement élus,
16:33donc ils représentent les électeurs
16:35des 27 pays européens.
16:37et ils doivent eux-mêmes avoir les standards
16:43les plus élevés possibles, tout à fait.
16:46Merci à vous, Luc Van Magdalaar,
16:47d'avoir été notre invité.
16:49Nous poursuivons sur l'idée de l'aide au développement.
16:52L'Union européenne va-t-elle se substituer aux Américains
16:55pour aider le monde ?
16:57C'est notre débat tout de suite au Parlement européen
17:00avec nos confrères de la chaîne parlementaire.
17:02Merci de nous rejoindre à Bruxelles,
17:10au Parlement européen,
17:11où les eurodéputés n'en finissent plus d'être sidérés
17:14par les décisions de Donald Trump.
17:15Alors, pas seulement sur le plan militaire, commercial,
17:18mais aussi en matière d'aide humanitaire.
17:21En effet, la nouvelle administration à Washington
17:23a brutalement coupé l'USAID,
17:26l'aide américaine au développement,
17:27qui s'élevait à 38 milliards d'euros par an,
17:31avec des conséquences dramatiques dans le monde,
17:33selon l'Organisation mondiale de la santé.
17:36Près de 24 millions de personnes
17:39en situation de crise humanitaire
17:41risquent de ne plus avoir accès
17:42aux services de santé essentiels.
17:45Plus de 2600 établissements de santé
17:46qui gèrent 12 crises humanitaires
17:48ont déjà suspendu leurs services,
17:50au moins partiellement,
17:51ou vont le faire très bientôt.
17:54Dans de nombreux pays,
17:55la fin brutale du financement américain
17:57va entraîner un retour en arrière
17:59en matière de lutte contre les maladies,
18:01d'amélioration de la vaccination,
18:03de la santé maternelle et infantile,
18:05et de la préparation aux situations d'urgence.
18:11Alors, on le rappelle, Alexandre,
18:13les Européens sont les premiers donateurs
18:16d'aide au développement.
18:18Ils financent en effet 43% de l'aide mondiale,
18:21avec un pic à plus de 90 milliards d'euros
18:23en 2022 pour l'ensemble des 27 Etats membres,
18:26dont 2 milliards du budget propre de l'Union européenne.
18:30Mais là encore, la tendance est largement à la baisse,
18:33car de nombreux pays comme la France
18:35ont décidé de coupes budgétaires drastiques
18:37dans l'aide humanitaire.
18:39L'Europe doit-elle remplacer les Etats-Unis
18:42dans la lutte contre la pauvreté ?
18:44Nous allons poser tout de suite la question
18:45à nos trois invités, trois eurodéputés.
18:48On accueille Francisco Assis.
18:49Bonjour.
18:50Bonjour.
18:50Vous êtes eurodéputé portugais,
18:52membre du groupe des sociodémocrates
18:54au Parlement européen.
18:55Vous êtes président de la délégation
18:57Afrique Caraïbe et Pacifique.
18:59On accueille également un autre membre
19:01de cette délégation
19:02et de la délégation du développement
19:03ici au Parlement européen,
19:05Charles Goerens.
19:06Bonjour.
19:06Vous êtes eurodéputé luxembourgeois
19:09et membre du groupe Rigno Europe
19:10ici au Parlement européen,
19:11c'est-à-dire au centre de l'hémicycle.
19:14Bonjour Julien Sanchez.
19:15Vous êtes eurodéputé,
19:16membre du Rassemblement national en France
19:18et du groupe Les Patriotes pour l'Europe
19:19ici au Parlement européen.
19:21Et vous, vous dénoncez l'idée
19:22d'une hausse de l'aide européenne au développement
19:24face au retrait américain.
19:26Alors, Francisco Assis,
19:28parlons de cette suppression brutale
19:31de l'aide américaine.
19:32C'est un bouleversement mondial
19:33dans cette aide au développement
19:35avec de graves conséquences humanitaires.
19:38L'Europe s'en est émue un peu,
19:39j'ai envie de dire, peut-être pas assez ?
19:42Oui, bien sûr.
19:42Je dois saluer mes collègues et vous.
19:47Je crois que c'est une décision
19:48vraiment dramatique
19:50avec des conséquences tragiques
19:51pour plusieurs régions du monde,
19:54en particulier pour les régions
19:55les plus pauvres du monde,
19:57comme c'est le cas de l'Afrique.
19:59Malheureusement, l'Europe,
20:00elle n'est pas en condition
20:01de combler absolument
20:02cette décision de suppression
20:04de l'aide américaine.
20:06Comme vous l'avez dit,
20:07nous sommes même confrontés
20:08à la situation
20:09d'une certaine baisse
20:10de l'effort
20:11pour l'aide au développement
20:14en plusieurs pays européens.
20:16Mais je crois que nous sommes
20:17devant une situation
20:18absolument exceptionnelle
20:19et devant une situation
20:20d'exception,
20:22nous devons avoir
20:23une responsabilité spéciale.
20:25Nous devons faire
20:25un effort additionnel,
20:27nous, l'Union européenne,
20:28et nous, tous les pays européens,
20:30pour combler partiellement
20:32cette suppression
20:34de l'aide américaine
20:36parce que nous savons
20:37vraiment quelles seront
20:39les conséquences
20:40en ce qui concerne
20:41les soins de santé,
20:42la sécurité humanitaire,
20:44la mortalité infantile, etc.
20:47On va parler de la réponse européenne.
20:49Mais d'abord,
20:49une réaction à cette décision américaine,
20:51Julien Sanchez.
20:52Est-ce que vous,
20:53en tant que membre
20:54d'un parti souverainiste,
20:55le Rassemblement National,
20:55vous approuvez
20:57cette décision de Donald Trump ?
20:58Est-ce que l'Union européenne
20:59devrait faire pareil ?
21:00Alors, nous n'avons pas
21:01à approuver ou à ne pas approuver.
21:03Je vais répondre
21:03à votre question.
21:04Mais nous,
21:04ce qu'on met en avance,
21:05c'est d'abord les souverainetés.
21:07C'est-à-dire que Donald Trump
21:08n'a pas volé son élection.
21:09Il a été élu.
21:10Il est légitime.
21:11Et donc,
21:11il a le droit
21:12de prendre des décisions
21:13en matière budgétaire,
21:15en matière économique,
21:15en matière financière.
21:17Et donc,
21:17force est de constater
21:18qu'aujourd'hui,
21:18il a pris cette décision.
21:20On l'approuve,
21:20on ne l'approuve pas.
21:22Chacun fera ses choix.
21:23Mais en tout cas,
21:24cette décision s'impose.
21:26Et donc,
21:26la question qui se pose aujourd'hui
21:27et que certains posent,
21:28c'est est-ce qu'on supplé
21:30l'absence des États-Unis
21:32ou est-ce qu'on ne supplé pas ?
21:33Et au Patriote pour l'Europe,
21:34nous disons qu'il ne faut pas suppléer.
21:36Pourquoi ?
21:37On soutient déjà
21:38l'aide au développement
21:39et on le soutient,
21:40nous,
21:40en tant que Patriote pour l'Europe,
21:42dans de nombreuses régions du monde.
21:43Et c'est normal.
21:44Il faut le faire.
21:45On a une responsabilité aussi.
21:48Mais nous considérons
21:49qu'il ne faut pas
21:49augmenter cette aide
21:50et que ça n'est pas à l'Europe
21:52de venir à la place
21:52des États-Unis
21:53parce que vous avez vu
21:54que Donald Trump
21:54est en train de couper
21:55beaucoup de choses.
21:56Si on commence à devoir suppléer
21:57toutes les dépenses
21:58que va couper Donald Trump,
21:59je crois qu'il y en aura beaucoup.
22:00Mais en même temps,
22:02Charles Guérin,
22:02vous diriez plutôt
22:03qu'il faut qu'on renforce
22:04notre aide
22:04et que précisément,
22:05pour Donald Trump,
22:06ça va être terrible
22:07en termes d'image
22:08de passer pour le pas généreux
22:10de l'affaire ?
22:11Alors, écoutez,
22:12ça fait 50 ans
22:13que l'Europe promet
22:14d'arriver à 0,7%
22:16de dépenses
22:16en faveur des publics
22:17au développement.
22:17De son PIB.
22:19De son PIB.
22:20Chacun des pays
22:21et son PIB global.
22:22Exactement.
22:23On avait renouvelé
22:24la promesse
22:26à l'Isabeba
22:27en 2015.
22:28On ne l'a pas tenue.
22:30À peine cette promesse faite,
22:31deux États
22:32se sont déjà rétractés,
22:33notamment la Finlande
22:34et les Pays-Bas.
22:36Donc, la promesse
22:37de 0,7%
22:39c'est l'Arlésienne.
22:40La promesse
22:40toujours faite
22:41et jamais réalisée.
22:42Ce qui se passe
22:43à l'heure actuelle,
22:43c'est dramatique.
22:45On ne pourra pas combler
22:46tous les déficits
22:47créés par le vide américain,
22:49mais on va devoir
22:50se réorganiser.
22:52C'est nous
22:52qui sommes
22:52les premiers
22:53bailleurs de fonds
22:55de loin.
22:56On l'a été jusqu'à maintenant
22:57et maintenant,
22:58on a été tout premiers.
22:59Tout le monde,
22:59le monde entier
23:00regarde sur nous
23:01quelles initiatives
23:02allons-nous prendre.
23:03Il y a trois échéances
23:03qui sont devant nous.
23:05Le renouvellement
23:05de la capitalisation
23:07de l'organisation
23:08Gavi
23:09pour les vaccins.
23:11Deuxièmement,
23:11le fonds de lutte
23:12contre les sida,
23:12la malaria
23:13et la tuberculose.
23:14C'est dans les tout prochains mois
23:15qu'on va devoir annoncer
23:16notre contribution.
23:18Et troisièmement,
23:18la conférence de Séville
23:20sur le financement
23:21de l'aide au développement
23:23pour les années
23:242030 à 2045.
23:26Il ne faut pas rater
23:27ces rendez-vous.
23:28Et moi,
23:28j'affiche un niveau
23:29d'ambition très élevé,
23:31plus que pour contrecarrer
23:32tous les pessimismes
23:33et le manfotisme
23:36qui existent ici
23:36au Parlement européen
23:37dans de très larges mesures.
23:39Beaucoup de défis
23:40qui se posent à l'Europe
23:41dans cette aide
23:41au développement mondial.
23:42Francisco Assis,
23:43est-ce que l'Union européenne
23:44a la capacité
23:45de remplacer
23:46les États-Unis
23:47dans cette aide humanitaire ?
23:49Je pense que ce serait
23:50difficile de remplacer
23:51totalement
23:52au plan immédiat,
23:54naturellement.
23:55Mais je crois
23:55que nous devons faire
23:56un grand effort
23:58pour remplacer
23:58le rôle des États-Unis.
24:01Nous avons des responsabilités
24:03spéciales devant le monde
24:04parce que nous sommes
24:05plus riches
24:05que les autres régions
24:06du monde.
24:07Ça compte,
24:08naturellement.
24:08nous sommes des anciennes
24:12potences colonielles
24:12et nous avons des responsabilités
24:14à mon avis spéciales.
24:16Je suis portugais,
24:16le portugais c'est aussi
24:17une ancienne potence
24:18coloniale
24:19et nous avons des responsabilités
24:21spéciales envers ces peuples
24:23en ce qui concerne l'Afrique,
24:24etc.
24:25Et nous avons un discours,
24:26un discours humaniste,
24:28universaliste.
24:29Nous avons l'obligation
24:30d'avoir une pratique
24:31au niveau de notre discours.
24:34Et je crois que c'est ça,
24:35c'est important
24:35du point de vue strict
24:37de l'aide au développement.
24:38mais c'est aussi important
24:40ce qui concerne l'image
24:41de ce qu'on peut appeler
24:44la culture occidentale
24:45au monde entier.
24:47Le soft power,
24:47vous dites d'un certain
24:48point de vue,
24:48le soft power,
24:49notre image,
24:50notre capacité
24:51à entrer en résonance
24:53avec le monde.
24:53Alors,
24:54Julien Sanchez,
24:56vous dites que vous êtes
24:57contre la hausse
24:58de nos budgets
25:00de développement
25:00pour pallier
25:03à l'absence américaine
25:04et en même temps,
25:05c'est assez paradoxal,
25:06j'ai envie de vous dire,
25:07au Rassemblement national,
25:08vous dites,
25:09il faut lutter
25:09contre l'immigration,
25:10il faut que personne
25:11ne rentre sur le sol européen
25:12et le prenne
25:12pour un eldorado.
25:14Alors,
25:14comment on fixe les gens
25:15si on ne les aide pas
25:16au développement
25:16dans leur pays ?
25:17Non,
25:18mais madame,
25:18je crois que là,
25:19vous êtes en train
25:20de désinformer,
25:21c'est-à-dire que nous aidons
25:22déjà.
25:23Et comme ça a été rappelé
25:24par mes collègues,
25:25l'Union européenne
25:26est un des principaux participants
25:28et partie prenante
25:29de l'aide au développement.
25:30donc on ne peut pas dire
25:31que l'Union européenne...
25:32Mais la France,
25:33par exemple,
25:33est en train de beaucoup
25:34se retirer.
25:35Je ne suis pas ministre français
25:36et je ne soutiens pas
25:38Emmanuel Macron.
25:39Je crois que ce qu'il faut
25:41défendre,
25:42c'est encore une fois,
25:43moi je suis en commission
25:43contre le budgétaire,
25:44c'est analyser chaque dépense,
25:46mettre sur les bonnes dépenses
25:47et enlever sur les gaspillages
25:49qu'il peut y avoir.
25:50Et je crois que c'est important
25:52d'avoir un regard critique
25:53sur les dépenses
25:54parce qu'il y a de la bonne aide
25:55au co-développement
25:56et qu'il faut accentuer
25:57et il y a de la mauvaise aide
26:00qu'il faut supprimer.
26:02Laquelle ?
26:03Alors, laquelle ?
26:03Je vous renvoie à ce rapport
26:05de la Cour européenne des comptes
26:08sur le fonds fiduciaire
26:09pour l'Afrique.
26:10C'était 5 milliards
26:11qui ont été dépensés
26:11et ça fait état
26:12d'un certain nombre
26:13de gaspillages
26:14qui ont eu lieu.
26:15Donc moi je suis d'accord
26:16pour mettre davantage
26:17sur ce qui a été dit tout à l'heure.
26:18Vous avez parlé du sida,
26:19vous avez parlé vraiment
26:20d'enjeux qui sont essentiels,
26:22qui sont majeurs.
26:23En revanche,
26:23sur les gaspillages
26:24qui ont été dénoncés
26:25par la Cour européenne des comptes,
26:27là il faut les regarder,
26:28il faut les supprimer
26:29de manière urgente.
26:30Charles Goerens,
26:30vous diriez aussi
26:31qu'il y a du gaspillage
26:32dans l'aide européenne
26:33au développement ?
26:34Non mais regardez
26:34toutes les évaluations,
26:35j'ai lu aussi ce rapport.
26:37C'est très caricatural.
26:38D'ailleurs ce rapport,
26:40lorsqu'il parle
26:40sur le European Fund
26:42for Sustainable Development,
26:44il n'y a pas de faute de pertinence.
26:46C'était un laboratoire
26:48pour tester une nouvelle approche.
26:51Donc il y a forcément des fautes.
26:53Il y a forcément
26:54une petite portion
26:55de gaspillage.
26:56On apprend des évaluations
26:57pour mieux faire après.
26:59Mais normalement,
27:00l'évaluation de l'aide publique
27:01au développement
27:01de l'Union européenne,
27:02telle que confirmée aussi
27:03par l'OCDE,
27:05qui est vraiment la mère
27:06de toutes les évaluations,
27:07est très élogieuse
27:09à notre égard.
27:10On teste de nouvelles formules,
27:12on apprend des fautes légères
27:15ou absolument surmontables
27:17par le passé.
27:18on apprend en marchant.
27:20Et l'Union européenne
27:21reste loin,
27:22reste loin,
27:23le premier bailleur de fonds.
27:24Monsieur Sanchez
27:25a mentionné le SIDA.
27:27Dans l'aide au développement
27:28américaine maintenant
27:29qu'il reste,
27:30dans les programmes
27:31où ils sont d'ailleurs
27:32présents en co-présentation
27:36avec d'autres ONG,
27:39ils ne veulent plus
27:40entendre parler ni de SIDA,
27:41ni de climat,
27:42ni de femmes.
27:42Est-ce que c'est légitime
27:45par exemple ?
27:46Je vais vous dire
27:46ce qui va se passer.
27:48S'il n'y a pas assez d'argent
27:48pour le fonds de lutte
27:49contre le SIDA,
27:50la malaria,
27:50la tuberculose,
27:51il y a des millions,
27:52des dizaines de millions
27:53de gens qui vont crever
27:54dans l'indifférence générale.
27:55C'est ça le problème
27:56aujourd'hui.
27:57Ceux qui n'ont pas accès
27:58aux antirétroviraux,
28:00donc la trithérapie,
28:01ceux-là vont mourir.
28:03Alors s'ils manquent de moyens,
28:05ces gens vont disparaître.
28:07Et là vous êtes d'accord
28:08monsieur Sanchez ?
28:08Bien sûr,
28:09il a tout à fait raison.
28:11Sur ce sujet-là,
28:11on ne peut être que d'accord.
28:13Donc l'Europe doit
28:13redéfinir les priorités
28:15ensemble avec les autres.
28:17C'est l'Europe
28:17qui doit prendre la tête
28:18de la gouvernance mondiale
28:20dans ce domaine.
28:21Mais nous nous disons
28:21à budget constant
28:23et nous demandons
28:24de redéployer des fonds
28:25qui ne nous semblent pas pertinents.
28:27Je vous donne
28:28deux exemples très rapidement.
28:29Il y a dans certains pays
28:32des politiques qui sont menées,
28:33des programmes d'ONG
28:34pour exporter des schémas
28:36sur le genre,
28:37sur l'intersectionnalité
28:38pour essayer d'influencer
28:40et d'influer
28:41les populations là-bas
28:42sur leur manière
28:42de voir ces sujets-là.
28:43Donc vous êtes aussi
28:43sur les valeurs
28:44comme monsieur Trump.
28:45C'est important pour vous ?
28:46J'estime qu'on n'a pas
28:47à éduquer
28:48ou à rééduquer des gens
28:50sur leur façon de vivre.
28:51Ils ont leur mode de vie,
28:52leur façon de vivre.
28:54Ça n'est pas à nous
28:54d'aller leur apprendre
28:55comment ils doivent vivre,
28:58comment ils doivent se comporter
28:59sur le genre,
28:59l'intersectionnalité.
29:00Donc vous coupez les ONG LGBT,
29:02c'est ça ?
29:03Ce n'est pas forcément
29:04que le LGBT,
29:05c'est les ONG en général
29:06qui veulent rééduquer les gens.
29:08Nous, nous sommes pour
29:08l'éducation des enfants,
29:10nous sommes pour aider
29:10l'éducation des enfants,
29:11on le fait,
29:12que ce soit en République
29:12démocratique du Congo,
29:13que ce soit au Tchad.
29:15Et je rappelle
29:15que des députés de mon groupe
29:16comme monsieur Mariani
29:17était en République
29:17démocratique du Congo
29:18il y a un mois,
29:19Marine Le Pen au Tchad
29:20il y a deux semaines.
29:21Francisco Assis,
29:21on sent quand même
29:22qu'il y a une bataille politique
29:23autour de cette aide
29:24au développement
29:25avec l'administration Trump
29:26qui dit
29:27la partie restante
29:29de l'aide américaine
29:29au développement
29:30elle doit répondre
29:31à l'idéologie MAGA
29:33Make America Great Again
29:34et aux valeurs
29:35de la droite
29:36ultra-conservatrice américaine.
29:37Nous avons une position
29:38très différente,
29:39nous considérons
29:40que nous avons
29:40la responsabilité
29:42même l'obligation
29:43d'aider tous ces gens
29:45qui luttent
29:45pour les valeurs
29:47de l'humanisme
29:47en Afrique,
29:49en Asie,
29:49à tous les pays du monde.
29:50Nous n'avons pas
29:51naturellement la possibilité
29:52de changer de régime,
29:54ce n'est pas notre responsabilité,
29:55il n'est pas possible
29:56les peuples
29:57ils ont une certaine
29:58défiance devant
30:00les missionnaires armés
30:01naturellement,
30:02ils n'ont armé probablement
30:04mais la vérité
30:04c'est que nous devons aider
30:05ces gens
30:06qui sont au terrain
30:07en Afrique particulièrement
30:08et qui luttent
30:09en conditions
30:09vraiment défavorables
30:11pour l'affirmation
30:12de certaines valeurs
30:13qui sont les valeurs
30:14constitutives
30:15du projet européen.
30:16Là-dessus
30:17on a entendu
30:17que vous n'étiez pas d'accord
30:18avec M. Sanchez.
30:20Faire des économies
30:21sur l'aide au développement
30:22est-ce que finalement
30:24ça ne risque pas aussi
30:26de diminuer
30:27notre influence
30:29dans certaines régions
30:30du monde ?
30:30On pense à la Chine,
30:31à la Russie
30:32qui sont très présents
30:33en Afrique précisément
30:34qui pourraient profiter
30:35et nous pas
30:36du retrait américain.
30:38Un des seuls domaines
30:39dans lequel nous avons
30:40une autorité
30:40certaine
30:41c'est dans le domaine
30:42du développement
30:43c'est dans le domaine
30:44de la coopération
30:44au développement
30:46le reste du monde
30:47attend que l'Europe
30:48fasse des choses
30:49et pour revenir
30:49sur le problème LGBT
30:51pourquoi est-ce qu'on fait ça ?
30:53quand notre assemblée
30:54se rend en Ouganda
30:55il y a des parlementaires
30:56homosexuels
30:57qui ne veulent pas s'y rendre
30:58parce qu'ils ont peur
30:59d'être écrasés par la loi
31:00ils ont peur
31:01d'aller en tourne
31:02partager des valeurs
31:03de tolérance
31:04partager une vue
31:06et une stratégie
31:08pour lutter
31:09contre
31:09les discriminations
31:12c'est quand même
31:13une valeur
31:14que nous voulons partager
31:15et ce n'est pas
31:16une valeur européenne
31:16c'est une valeur
31:17telle qu'inscrite
31:18dans la déclaration
31:19universelle
31:20des droits de l'homme
31:20Julien Sanchez
31:21un mot sur quand même
31:22l'évolution budgétaire
31:24en Europe
31:24de ces aides au développement
31:26dans chaque pays
31:26notamment en France
31:27avec une coupe drastique
31:28pour l'année 2025
31:29de moins 32%
31:31qui a été votée
31:32par le Parlement
31:32en France
31:33je ne crois pas
31:33que le RN
31:34se soit opposé
31:35à cette coupe drastique
31:37est-ce que la conséquence
31:38finalement c'est
31:38ça ne va pas être
31:39de perdre
31:40notre influence stratégique
31:41notamment en Afrique
31:42avec des coupes budgétaires
31:43de ce type
31:44alors il y a deux sujets
31:45il y a d'abord
31:46le fait que nous
31:47nous sommes pour le co-développement
31:48mais contre l'immigration
31:50et là le problème
31:50c'est qu'on a les deux
31:51on fait à la fois
31:52le co-développement
31:53et à la fois
31:53on accueille une immigration
31:54on ne peut pas faire les deux
31:55nous on est pour aider
31:56le co-développement
31:56faire en sorte
31:57de développer ces pays
31:58et de faire en sorte
31:59notamment qu'au niveau alimentaire
32:01on puisse aider les gens
32:03à s'alimenter
32:05à faire en sorte
32:07d'aider les gens là-bas
32:08à se développer
32:09et là c'est l'inverse
32:11qu'on est en train de faire
32:12en fait
32:12on est en train
32:13encore une fois
32:14de faire venir des gens ici
32:15nous estimons que ça n'est pas
32:16la solution
32:16et pour le budget
32:17les budgets de l'aide de développement
32:18sont en train de baisser
32:19notamment en France
32:19oui mais je vous le rappelle
32:20le rassemblement national
32:21n'est pas au pouvoir en France
32:22ce que ferait le rassemblement national
32:24ce n'est pas une baisse
32:25des sujets de co-développement
32:26comme je vous le disais
32:27c'est une réorientation
32:28vers des priorités
32:29qu'on estime de bon sens
32:30comme sur les maladies par exemple
32:32ou l'alimentation
32:33ou l'éducation
32:34et en revanche
32:35stopper l'immigration
32:37qui coûte très cher
32:39au budget de la France
32:40en France
32:41c'est ça que nous voyons
32:42mais vous voterez
32:43pour une augmentation
32:44du budget de développement
32:45dans la prochaine plénière ?
32:47vous parlez de l'Union Européenne ?
32:48oui
32:48non je vous l'ai dit
32:48nous voulons rester
32:49à un budget constant
32:50et par contre redéployer
32:52c'est-à-dire enlever
32:52les mauvaises dépenses
32:53ou celles qu'on estime mauvaises
32:54et les réorienter
32:55vers des bonnes dépenses
32:56comme la lutte contre les maladies
32:57Monsieur Assis
32:58pour terminer
32:58j'ai quand même sur l'Ukraine
33:00c'est un point particulier
33:0170 milliards sur 3 ans
33:04en aide humanitaire
33:04à la reconstruction
33:05et parfois l'Afrique
33:07a le sentiment
33:08qu'elle est moins une priorité
33:09en matière de développement
33:10est-ce que c'est juste ?
33:12c'est juste naturellement
33:13l'Ukraine a été envahie
33:15l'Ukraine résiste
33:16l'Ukraine a une guerre
33:17l'Ukraine a un grave problème
33:19humanitaire
33:20nous avons l'obligation
33:21seulement
33:21il y a une petite référence
33:24c'est vrai que
33:26ces droits humains
33:28sont des droits
33:29reconnus
33:29pour les Nations Unies
33:31sont des droits
33:32universels
33:32et non seulement européens
33:33il faut dire le suivant
33:35que c'est important
33:36la première grande
33:37déclaration au monde
33:38des caractères
33:39universels
33:40des droits de l'homme
33:40a une origine
33:41la France
33:42c'est ce que vous voulez
33:43mettre en avant
33:44dans l'aide au développement
33:44merci à vous
33:45d'avoir très bien illustré
33:47ce débat
33:47merci à vous
33:48de l'avoir suivi
33:49et très bonne suite
33:50des programmes
33:50sur nos antennes
33:51Sous-titrage Société Radio-Canada