Mardi 8 avril 2025, retrouvez Myriam Maestroni (Présidente, Fondation e5t) dans LE JOUR OÙ, une émission présentée par Fanny Bourdin.
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00:00Ce qui distingue les figures marquantes de notre histoire, c'est leur capacité à
00:20prendre des décisions qui transforment le cours des choses, à faire des choix décisifs
00:24qui impactent le collectif.
00:26Dans le jour où nous échangeons autour de ces instants-clés, ces moments où une vision
00:31individuelle devient une action concrète, porteuse de changements.
00:34Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'accueillir Myriam Maestroni, une femme engagée, spécialiste
00:39de la transition énergétique et du développement durable.
00:41Bonjour Myriam.
00:42Bonjour.
00:43Une carrière, on peut le dire, impressionnante dans le secteur de l'énergie, notamment
00:47en tant que PDG de Primagaz France.
00:49Vous avez également fondé Economie d'énergie, une entreprise pionnière dans l'accompagnement
00:53de la transition énergétique.
00:55Actuellement, vous êtes la présidente fondatrice du Think Tank E5T.
00:59Vous êtes dédiée aux enjeux climatiques et énergétiques et vous êtes membre de
01:03plusieurs conseils d'administration d'entreprises innovantes dans le secteur de l'énergie.
01:06Alors, y-a-t-il un moment clé dans votre carrière où vous avez pris conscience que
01:10l'énergie et la transition écologique allaient devenir votre combat ?
01:13Oui, tout à fait.
01:15Je crois que je suis née avec l'idée qu'il fallait que je travaille dans quelque chose
01:19de très ancien, qui était au cœur de la société moderne.
01:22Et ça a été le pétrole.
01:24En 1991, je me retrouve à chercher mon premier job après mon MBA.
01:30Vous aviez quel âge ?
01:32J'avais 23 ans et demi.
01:35Et je me retrouve à chercher mon premier…
01:37Et donc, je deviens un peu chargée de mission et contrôleur de gestion.
01:43Au bout de six mois, mon président me dit « écoutez, vous allez prendre la direction
01:47d'INEF, c'était une boîte de pétrole, à l'Espagne.
01:51Au bout de six mois ?
01:52Au bout de six mois.
01:53» Et je lui dis « mais j'ai peur ».
01:54Et il me répond « si vous n'avez pas peur, vous serez inconsciente ».
01:56Et me voilà nommée des G à 24 ans d'une entreprise dans le pétrole où on importait
02:02des produits raffinés, des diesels, de l'essence, en train de construire un terminal d'importation
02:08dans le port de Barcelone et à vivre face à un reteur.
02:11À cette époque, on avait des grands écrans à surveiller le cours du pétrole, des matières
02:15premières, du dollar.
02:16Et je travaillais vraiment énormément.
02:18Vous étiez combien ?
02:20On était à cette époque-là une trentaine de personnes et la société a très vite
02:24grandi puisque l'Espagne, à cette époque, s'ouvrait et venait de rentrer dans l'Union
02:31Européenne quelques années plus tôt et ouvrait ses marchés à la concurrence puisque
02:35tout était sous monopole.
02:36Et donc, la société grandissait très, très vite et c'était des milliards de pesetas
02:42puisqu'on était avant 2000.
02:46Je devais tout apprendre et je crois que mon meilleur ami, c'était mon avocat parce
02:52que je ne faisais évidemment que des bêtises, je n'entendais rien.
02:57Donc, je lisais énormément, je pense que je devais lire trois livres de management
03:01par semaine.
03:02Je voyageais beaucoup entre Barcelone et Madrid et j'achetais les bouquins.
03:06J'arrivais à Madrid, j'avais fini et donc, j'ai rencontré des gens extraordinaires
03:10parce que quand j'avais la chance de tomber sur un livre vraiment qui me plaisait, j'arrivais
03:13à Madrid, je disais à mon assistante « Appelez-moi ce monsieur ». Et donc, ça m'a ouvert beaucoup
03:18de contacts avec les universitaires parce que, évidemment, j'avais besoin de savoir
03:22plus.
03:23Et est-ce qu'il y a un moment clé quand vous avez commencé votre carrière justement
03:26dans le pétrole ? Vous vous êtes dit « Ok, le pétrole, c'est pour moi, c'est là-dedans
03:30que je vais faire ma carrière » ou pas du tout ? Ou ça vous a posé un problème quelque
03:35part ?
03:36Pas du tout parce qu'en fait, on analyse avec les yeux d'aujourd'hui, mais dans
03:39les années 90, vraiment, on était loin de savoir ce qui allait se passer avec le
03:44climat.
03:45Et d'ailleurs, j'ai pris pour habitude de dire « On fait le mieux que l'on peut
03:48en fonction des choses que l'on sait », ce qui m'est un encouragement permanent
03:51à comprendre ce qui arrive et les nouvelles connaissances.
03:54Et donc, pour moi, c'était une évidence que je contribuais au bien du monde parce
04:00que je me disais « Nous, en Europe, on a vraiment besoin d'énergie, d'ailleurs,
04:04les faits actuels ne le démontent pas, et on n'en a pas ». Et donc, pouvoir importer
04:09de l'énergie, la distribuer, donner accès à l'énergie, à cette époque, on parlait
04:13de garantir la sécurité et la diversité des approvisionnements.
04:19Donc, pour moi, c'était clair, je n'ai pas le moindre doute.
04:22Et ce que l'on me racontait à cette époque-là, et dans les formations très sérieuses, on
04:26me disait « Le XXe siècle, le siècle du pétrole, le XXIe siècle sera celui du gaz
04:32», donc ma carrière était vraiment toute tracée.
04:34Je me disais « Après le pétrole, j'irai vers le gaz ».
04:38Ce qui est assez, c'est ce que vous avez fait finalement.
04:41C'est ce que j'ai fait.
04:42Et qu'est-ce qui vous a orienté dans ce secteur d'activité à part ça ? Quel choix ?
04:48En fait, je crois qu'on a oublié de voir ce qui était important pour nous, et le progrès,
04:53ce qu'on appelle le progrès, la société moderne, c'est l'énergie.
04:56On se voit, on s'entend, on est diffusé, j'ai pu venir ici parce que tout est énergie,
05:02on a besoin d'énergie pour se déplacer.
05:04Donc, sans énergie, on retourne à une époque où on ne peut pas bouger, où on ne peut pas
05:11se chauffer, où on ne peut pas communiquer.
05:14Donc, en fait, l'énergie, c'est vraiment le carburant du progrès, de l'évolution
05:21de ce que vit l'être humain aujourd'hui, et c'est plus aujourd'hui le cas que jamais
05:25même si on parle plus d'énergie électrique, d'électrification de l'économie.
05:28Donc, pour moi, je verrais vraiment au bien de ce monde.
05:32Est-ce que vous aviez déjà ça en tête à 24 ans ou c'est avec les années que vous
05:35vous êtes dit ça ?
05:36Non, ce que j'avais en tête, c'était que je voulais travailler à quelque chose d'important
05:41et d'utile pour le monde, et que je n'avais pas envie de travailler dans une multinationale.
05:45Je me disais, il faut travailler dans une boîte un peu plus petite, sinon on est un
05:48numéro, mais pas poussiéreuse.
05:50Et donc, j'ai eu la chance de rencontrer cet indépendant pétrolier qui existe toujours
05:54dans le sud de la France.
05:55Et comment vous l'avez rencontré ? Comment ça s'est passé ?
05:57J'ai cherché, c'était vraiment, je veux travailler pour un indépendant pétrolier.
06:01C'était vraiment mon truc, c'était facile.
06:03Et comment vous avez eu cette idée de travailler pour un indépendant pétrolier ?
06:06Donc, j'imagine que vous avez fait des études dans l'énergie, mais pourquoi le pétrole
06:11et pourquoi l'indépendant pétrolier ? Pourquoi vous êtes allée à la recherche de ça ?
06:15En fait, je n'avais pas du tout fait des études d'ingénieur, j'ai fait de la finance,
06:20des MBA, etc.
06:21Et j'avais envie de quelque chose d'assez international.
06:24Là, on est au cœur des échanges internationaux, ça représentait plus de 60 % des échanges
06:29par le transport maritime, etc.
06:31Et donc, je me disais, je vais travailler dans l'eau ou dans le pétrole ou dans quelque
06:35chose de très ancien qui est en lien avec la terre.
06:38Et comme ce n'était pas une multinationale, je voyais les stations-service d'Inef.
06:43Voilà, j'ai rencontré le président de cette société, il y a eu un fit tout de suite.
06:48Et comment s'est passé votre première rencontre d'ailleurs ?
06:50C'était assez marrant parce que la première fois, je voulais un stage et il avait refusé
06:54de me donner un stage.
06:55Quelques temps plus tard, quand j'ai fini mon MBA, je suis retournée le voir et je
07:00lui ai dit que je voulais travailler.
07:01Mais j'étais épuisée parce que ça avait été un rythme de fou.
07:04J'avais terminé genre le 3 juillet.
07:08Je me disais, je ne vais pas recommencer avant le 1er septembre.
07:11Il me dit, vous commencez le 15 juillet.
07:13Donc, j'ai parti une semaine en vacances au Canada dans un ashram et j'ai recommencé
07:19une semaine plus tard à fond.
07:22J'imagine que l'ashram vous a aidé à être en pleine forme pour démarrer ?
07:25J'ai toujours dans ma vie eu beaucoup de liens avec la spiritualité.
07:30Malheureusement, j'ai perdu mon petit frère enfant.
07:32C'est quelque chose dont je parle peu, mais depuis quelques temps, j'arrive à mieux
07:36l'exprimer.
07:37Et donc, j'ai toujours été dans ce lien.
07:41Comment dire de l'accepter de mourir quand on est des êtres humains vivants ?
07:46Tout à fait, je comprends parfaitement.
07:49Vous auriez un exemple d'événement marquant qui a changé votre regard sur la nécessité
07:52justement d'innover dans le secteur de l'énergie ?
07:55Oui, quand j'ai quitté le pétrole parce que j'ai aidé mon président à vendre
08:00la société, j'ai accompagné pendant un an l'acheteur qui était à Jeep.
08:05Donc, j'ai encore plus approfondi mes connaissances dans le pétrole.
08:09Et là, je me suis dit, je vais aller dans le gaz et j'ai commencé à envoyer des CV.
08:13Et donc, Primagaz me recrute.
08:16Le patron de Primagaz, sur un banc d'aéroport, me recrute et me dit…
08:20Sur un banc d'aéroport ?
08:21Sur un banc d'aéroport, c'est correct.
08:22Mais comment ça s'est passé ? Pourquoi ?
08:23Parce que j'avais rencontré plusieurs personnes et apparemment, le président qui
08:26n'avait jamais embauché de sa vie une femme, s'est dit « je veux quand même
08:29la voir », il revenait d'un voyage et donc, il m'attendait sur un banc d'aéroport
08:33à Barcelone.
08:34Je me fais cueillir à la sortie de l'aéroport puisqu'on avait dû expliquer que je revenais
08:37de voyage.
08:38Et là, je vois un monsieur sur un banc, il me dit « asseyez-vous, voilà, je suis
08:42le président. »
08:43Et donc, ça s'est fait comme ça.
08:44J'ai démarré sous mon parasol, j'ai demandé un titre d'opérateur, donc voilà,
08:49ça s'est fait très vite.
08:50J'ai démarré Primagaz de zéro en Espagne, j'ai reconstruit à nouveau un terminal
08:54d'importation sur le port de Barcelone qui existe toujours.
08:57On va l'appeler « Coalagaz » avec un K comme un koala parce que c'est « compagnie
09:01amassée d'amiens ».
09:02Et donc, ils se sont dit « bon, elle, elle a l'air un peu bizarre » parce que j'étais
09:07pendant 15 ans la seule femme autopsa.
09:09Et donc, quand on démarre là-dedans, ils me disent « pour démarrer, vous n'allez
09:13pas démarrer complètement à zéro, on va acheter une société dans les gaz réfrigérants.
09:17Vous allez voir, c'est rentable, c'est une activité qu'on a par ailleurs.
09:19»
09:20Comme j'ai toujours beaucoup de bol, c'est le moment où on découvre le trou dans la
09:23couche d'ozone.
09:24Donc là, je me dis « mince, je commence à comprendre qu'il y a un problème d'externalité
09:32».
09:33Je ne connaissais pas du tout ça.
09:34Je commence à m'intéresser au protocole de Kyoto, au GIEC et je vois qu'on a des
09:39problèmes de pollution, etc.
09:40Donc là, j'ai commencé à vraiment comprendre qu'il y avait des enjeux et donc à me dire
09:46« voilà, c'est super ».
09:48Du point de vue de Nemours, à cette époque-là, proposer des gaz qu'on appelait des H-CFC
09:53qui étaient des produits de génération intermédiaire avant d'arriver aux HFC.
09:56Et là, je m'aperçois qu'en fait, la réglementation, c'est une catastrophe.
10:01On avait du CFC qui rentrait de Chine, on ne passait pas du tout à ces produits de
10:05génération intermédiaire.
10:06Donc, j'ai eu un problème de business à régler avec ce sujet d'environnement.
10:10Et c'est là où j'ai commencé à prendre conscience du sujet.
10:14Justement, selon vous, l'idée reçue la plus tenace sur la transition écologique,
10:19c'est laquelle ?
10:20C'est d'avoir peur.
10:23Récemment, on a cofinancé avec E5T, qui est notre « think education tank ». E5T,
10:31ça veut dire énergie au pluriel, efficacité énergétique, environnement, économie et
10:34territoire.
10:36Il y a combien de personnes à peu près sur ces instants ?
10:39Il y a une douzaine de personnes entre les permanents et ceux qui accompagnent l'aventure.
10:42Mais aujourd'hui, E5T, c'est peut-être plus d'un millier d'experts dans tous les
10:48sujets.
10:49Récemment, on a cofinancé une étude avec l'ADEME et avec l'Observatoire de l'éco-anxiété
10:55Pierre-Éric Schutter, que je connais depuis très longtemps, puisque je l'avais rencontré
10:58lorsque j'ai écrit mon premier livre sur intelligence émotionnelle, service et croissance.
11:03L'ADEME, c'est l'agence de l'énergie ?
11:05Exactement.
11:06On a cofinancé cette étude sur l'éco-anxiété, parce que ce n'est pas possible.
11:12Ou que je regarde sur Internet, dans les journaux, on voit que plus de 60-70% des jeunes sont
11:19atteints par ce phénomène d'éco-anxiété.
11:21Je me dis, de quoi il s'agit ? Et surtout, est-ce que c'est une émotion-ressource que
11:28d'être anxieux et d'avoir peur ? Est-ce que ça peut faciliter l'action ? Pour moi,
11:33la réponse est clairement non.
11:35Je pense qu'un des premiers sujets, pour répondre à votre question, un des premiers
11:41enjeux face à la transition nécessaire, c'est de ne pas avoir peur et de savoir voir,
11:47comme le ferait le Chinois, dans toute crise, une opportunité.
11:51Et donc, de lâcher la peur pour voir ce monde nouveau qui se profile, qu'on appelle chez
11:56nous le nouveau paradigme éco-énergétique ou éco-énergético-climatique, où le monde
12:03que l'on a connu depuis la révolution industrielle ne sera plus, puisqu'on doit vraiment renoncer
12:07aux énergies fossiles, au pétrole, au charbon, au gaz, pour aller vers ce nouveau paradigme
12:13éco-énergie.
12:14Vous êtes la personne idéale pour en parler, puisque vous connaissez quand même par cœur
12:17que ce soit le pétrole ou le gaz.
12:18Justement, on va revenir un peu sur votre parcours professionnel, donc une vingtaine
12:21d'années dans l'industrie pétrolière et gazière, en tant que PDG de PrimaGaz France,
12:26qu'est-ce qui vous a motivé à fonder l'économie d'énergie en 2011 ?
12:31Lorsque j'ai quitté l'Espagne, je suis partie aux Pays-Bas, j'ai voyagé dans le
12:36monde entier, je me suis rendue compte que les pays qui voyaient leur PIB évoluer dépensaient
12:41de plus en plus d'énergie, donc j'ai visité toutes sortes de pays où je ne reviendrai
12:44même peut-être pas aujourd'hui, le Venezuela, le Pakistan, que sais-je, la Chine, l'Inde,
12:50et donc quand on me dit à un moment, écoute, tu vas prendre la responsabilité de la direction
12:55commerciale et marketing de la France, de PrimaGaz France, tout va bien, sauf qu'on
13:00va faire plus de clients qu'on n'en crée, moi qui avais deux fois d'affilée créé
13:03une boîte où je comptais mes clients, j'avais même acheté une cloche pour compter les
13:07clients, ce n'est pas un petit problème, comme je n'avais jamais travaillé en France,
13:11je me dis que c'est un truc des Français, c'est les 35 heures, je vais remettre tout
13:14le monde au boulot, ils n'ont pas su adapter leur agenda, et très vite je me suis aperçue
13:18que ce n'était pas du tout le cas, et qu'en fait le marché était en train de changer
13:21puisqu'on parlait aux gens, aux consommateurs, aux clients de prix de l'énergie, mais eux
13:28ce qui leur importe le plus, et c'est toujours le cas, c'est le budget énergie, combien
13:32je dois dédier d'argent à ma facture énergie, et donc en 2004, j'ai dit on va aider nos
13:39clients à consommer moins, aujourd'hui c'est une banalité à mourir, mais à l'époque
13:43c'est le pavé dans la mare, n'oubliez pas que je suis la première femme nommée
13:46au codire d'une boîte qui depuis plus de 100 ans vend du gaz, donc plus j'en vends
13:51plus je suis contente, et moi je dis non, on va aider nos clients à consommer moins,
13:55on va inventer le conseil à l'énergie, je voulais même le déposer à cette époque-là.
13:59L'économie d'énergie donc. Est-ce que c'est une start-up, c'est une start-up économique ?
14:03C'est une start-up, parce qu'en 2008 j'ai dit comme la loi a obligé les énergéticiens
14:07à aider leurs clients à consommer moins, je me suis mise, d'un côté c'est pas mal
14:10parce qu'on ne peut pas avoir raison tout seul trop longtemps, d'un autre côté c'est
14:13une super idée, tout le monde va la voir, et donc j'ai créé un web, le premier site
14:18internet qui s'appelait www.economieenergie.fr, et en 2011, classiquement ce qui arrive à
14:23beaucoup de gens, j'arrive à mon plafond de verre avec un chef, j'espère jamais le
14:28revoir dans cette vie-là. Et donc ça a pris un an, pas de psychanalyse, mais d'un
14:36cours à l'INSEAD sur challenge of leadership, qui m'a dit, you are unconventional, donc
14:39ça m'a vraiment beaucoup perturbée, et donc je dis bon, on est arrivé au bout,
14:43je quitte, et là j'ai une poignée de collaborateurs qui me dit, mais nous on veut
14:48continuer, c'est super, et donc j'ai proposé de sortir Economie d'énergie où on était
14:52huit, il n'y avait pas de business model en 2011, et donc j'ai créé la société
14:56homonyme, et en fait ça a été un gros scale-up. Et qu'est-ce qui ont été justement les
15:01principaux défis, à part ce patron qui vous a permis finalement de la créer cette part?
15:05Exactement, je pense que parfois on pense qu'il y a des gens horribles dans cette
15:08vie, qu'on devrait les remercier, parce que sans eux, tout ce qu'ils nous donnent,
15:11on serait toujours à la même place, c'est assez confortable, et je dois dire que ça
15:16a été un grand moment, parce que vous voyez, entre-temps j'étais devenue directeure générale
15:19de Primagaz, j'avais ma voiture de fonction, mon chauffeur, j'étais bien payée, et du
15:26jour au lendemain, je me retrouve starter-coeur, à ouvrir la porte d'un bureau, à dire
15:31ah super, c'est mes bureaux, et dans la minute qui suit, oh là là, j'ai des salaires
15:34et des loyers à payer, et tout ça a changé, donc c'était assez flippant.
15:38Il faut être bien accompagné dans ces cas-là.
15:40Oui, et puis il ne faut pas être stressé, je redéconseille de créer une start-up si
15:43on est un grand stressé, parce que ce n'est pas du tout ce qu'il faut faire. Et donc
15:47en fait, on a eu beaucoup de chance aussi, et cette société a été un énorme succès.
15:51Vous êtes passée de 8 à 350 employés quand même.
15:54Voilà, et de 0 à 150 millions d'euros, et en fait je l'ai fait, je ne savais pas
15:58évidemment, quand on le fait, on ne le sait pas, c'est plus facile de raconter l'histoire
16:01quand elle est arrivée, mais je l'ai fait parce que je croyais vraiment qu'on ne pouvait
16:06pas continuer à prendre les consommateurs, les clients en otage, de ben voilà, on fait
16:11ce qu'on peut et ce qu'on a, on te vend de l'énergie, sois bien content qu'on t'amène
16:14de l'énergie, et je pensais qu'il fallait redonner ce pouvoir à chacun d'entre nous
16:19de dire, je peux gérer ma consommation, je peux économiser, je peux avoir un rapport
16:24à l'énergie qui n'est pas juste celui de je dépende, je ne sais qui, ce que confirme
16:28la transition énergétique aujourd'hui.
16:30Tout à fait, vous l'avez cédé en 2021 au groupe La Poste. D'accord, ça a été
16:34dur de se séparer de son bébé ?
16:35Oui et non. Oui parce qu'évidemment, on a une empreinte dans la société que l'on
16:42a créée, non parce que je m'étais beaucoup conditionnée en me disant, déjà je n'imaginais
16:47pas que ça allait devenir aussi grand, ensuite je m'étais beaucoup dit, voilà une société
16:53doit vivre au-delà de son dirigeant, moi j'ai quand même dirigé Primagaz pendant
16:56plusieurs années et c'est une boîte centenaire, ce qui m'a amenée à réfléchir aux entreprises
17:00centenaires, une entreprise centenaire par définition va au-delà de la vie de son dirigeant
17:05et je trouve, j'aime cette idée que l'entreprise survive au dirigeant et donc pour moi ça
17:10fait partie de l'histoire d'une entreprise que de penser à sa succession ou de penser
17:16que cette entreprise vivra pour d'autres, ce qui est le cas aujourd'hui d'ailleurs
17:19avec le groupe La Poste et c'est très bien comme ça, donc j'avais travaillé sur cette
17:24idée.
17:25Et vous avez rencontré des résistances pendant cette époque d'économie d'énergie ?
17:33Mais plein, mais plein en fait, quand on voit le succès extérieurement, on se dit voilà,
17:39j'ai une ligne droite, elle a eu de la chance, mais il y a plein de points de déprime sur
17:44le chemin.
17:45Il y a des moments, un moment j'ai dû vendre mon appartement, je me suis retrouvée, c'est
17:48le truc…
17:49C'est intéressant parce que pour les entrepreneurs qui nous regardent, justement ils ont besoin
17:52de savoir que ce n'est pas simple, que ce n'est pas évident et que ce n'est pas
17:55linéaire.
17:56C'est très difficile et on ne connaît pas l'histoire parce qu'on l'écrit,
18:00donc je me retrouve dans un appartement horrible tous les matins, je me disais, ah mais mon
18:02Dieu, mais pourquoi j'ai fait ça, c'est épouvantable, j'ai dit à mon mari, bon
18:05entre temps, je me suis mariée, ce que je n'aurais peut-être pas fait si j'étais
18:08restée, j'ai pris ma case.
18:09Et il y a des moments où financièrement, on est vraiment dans des moments de stress
18:15important et puis on continue à se battre parce qu'on dit, if I can't, I must, donc
18:21il y a un côté très focalisé sur le fait qu'on a une responsabilité sur un groupe
18:27de gens qui nous ont fait confiance, sur des collaborateurs avec qui il y a un rapport
18:33évidemment important, fort.
18:36Tout à fait.
18:37Vous êtes aussi la présidente fondatrice de la fondation E5T, un think-tank dédié
18:43à la transition énergétique, quelles sont les missions principales en tant que fondation
18:48et comment contribuent-elles à promouvoir l'avenir de l'énergie durable ?
18:51Alors c'est large parce que ça veut dire énergie, efficacité énergétique, environnement
18:56économique, éthérique, j'aimerais bien arriver à européen puisque ma prochaine
19:00étape serait E6T.
19:01Serait E6T ?
19:02E6T.
19:03Mais on gardera le E5T Europe et en fait, j'ai beaucoup travaillé avec quelqu'un
19:09que j'aime beaucoup, qui n'est plus de ce monde malheureusement, Jean-Marie Chevalier,
19:12avec qui je disais, ce qu'on nous a appris sur le pétrole, le gaz, ce n'est plus
19:16vrai.
19:17À partir de 2005, il y a vraiment un petit pin point, un point de bascule entre l'avant
19:21et l'après avec le film d'Al Gore où il y a une prise de conscience brutale à l'échelle
19:26planétaire.
19:28Je crois qu'il vous a vraiment retourné ce film, il vous a vraiment pris conscience.
19:32Non, j'étais convaincue d'avant, par contre, on a vu le monde comprendre le problème
19:36du changement climatique.
19:37Vraiment génial.
19:38Et donc là, du jour au lendemain, on dit qu'il se passera plein de trucs, ce n'est
19:42pas du tout ce qu'on nous avait décrit et il se passera vraiment plein de choses.
19:45Et moi, j'avais beaucoup travaillé avec lui parce qu'à l'époque, évidemment,
19:48on se disait, mais c'est une hérétique, elle est complètement folle dingue, comment
19:51elle peut nous parler d'économie d'énergie, elle est à l'envers de tous les modèles.
19:54Et donc, je disais à Jean-Marie, écoute, on verra ce qui se passe.
19:58Elle me disait, c'est dommage, on ne verra pas ce qui se passe.
19:59Je dis, si, si, on trouvera.
20:00Et donc, je me suis dit, quand j'ai quitté Primagaz, je vais réunir mes copains avec
20:04qui j'ai fait ce chemin sur le conseil d'énergie, j'avais rencontré évidemment
20:08beaucoup de gens qui étaient dans cette idée de transition.
20:11Et on se réunira, on repartira sur les bancs de l'école, à La Rochelle, donc vraiment,
20:15c'était dans l'amphi où les étudiants, quelques jours plus tard, reprenaient leur
20:19année et on mangera des cacahuètes, on verra.
20:22Les fonds de dotation venaient d'apparaître, donc j'ai créé ce fonds de dotation à
20:26cette époque-là et depuis, ça a beaucoup grandi.
20:29Et les missions sont, depuis le début, identifier les solutions qui contribuent à la transition
20:34énergétique et aujourd'hui agro-climatique, puisque c'est extrêmement important.
20:37C'est les mettre en lumière d'où qu'elles viennent ces initiatives de petites entreprises,
20:43de start-up, de PME, de TI, de grandes entreprises, des pouvoirs publics, des ONG.
20:48Et donc, on a des événements qui les mettent en lumière et on a une troisième mission
20:52qui est d'animer un réseau où on a toutes sortes d'actions, ça peut être des deep
20:57dive sur des sujets, là on va faire quelque chose d'anal-agro-climatique avec Rodolphe
21:01Landemaine avec qui on a écrit un bouquin sur les recettes durables avec le chef Ruben
21:05Sarfati.
21:06Ça peut être sur la mobilité durable, ça peut être les institutrices pour le climat
21:12en Afrique qui viennent compléter tous nos événements, on va financer des études dont
21:16je vous parlais par exemple, des livres, voilà.
21:20Et d'après vous, quel rôle joue l'innovation dans la réussite de la transition énergétique ?
21:24C'est fondamental.
21:25En fait, le nouveau paradigme éco-énergie, il y a quatre dimensions.
21:29La première, c'est qu'on a enfin compris, depuis quelques années, que la croissance
21:35pouvait se décorréler de l'utilisation des énergies fossiles parce qu'il y avait plein
21:38de solutions différentes.
21:39Il y a déjà atterrir les énergies fossiles avec les biocarburants, etc.
21:43Toutes les énergies renouvelables, qui évidemment impliquent des solutions de stockage quand
21:47j'entends aujourd'hui des politiques dire « Ah, mais les énergies renouvelables, c'est
21:50intermittent. »
21:51Une fois qu'on a dit ça, c'est un peu dire « S'il pleut, on sera mouillés. »
21:54Bien sûr, les énergies alternatives, c'est de l'électricité, l'électricité stocke
21:58mal, donc on travaille sur le stockage de l'énergie, l'efficacité énergétique.
22:01Et puis bien sûr, toute la partie agro-climatique qui est la capture de CO2 puisqu'il y a
22:07un stock de CO2, pas que du flux, et il va falloir réduire ce stock de CO2, soit directement
22:13dans l'air, soit en le capturant à la base puisque vous savez que vos sodas ou votre
22:17gaz, on remet du CO2 dedans, c'est ce qui fait de l'acidité d'ailleurs, le pH inférieur
22:23à 7.
22:24Et donc c'est ça.
22:25La deuxième dimension, c'est prendre en compte les externalités positives et négatives,
22:30donc tout ce qui est économie circulaire et générative.
22:33La troisième dimension, c'est la décentralisation et les territoires puisque les problématiques
22:38sont très différentes si on est sur un territoire côtier, insulaire.
22:41Et puis la quatrième, vraiment clé, c'est l'innovation, qu'elle soit petite ou grande
22:47Notre dernière édition a été dédiée à l'innovation et c'était extraordinaire
22:51parce qu'on doit même accepter qu'il y a des choses qu'on ne va pas inventer nous
22:54mais qu'on va inventer en coopération avec l'intelligence artificielle.
22:57Vous avez été influencée par les rapports du GIEC ?
22:59Je les lis régulièrement, je pense qu'on peut être lucide et optimiste, d'où le
23:06fait que je ne crois pas trop à la co-anxiété, ça demande de l'énergie mais vous savez
23:10les entrepreneurs s'obligent, apprennent parce que ça s'apprend, à voir le verre
23:16à moitié plein et donc ça c'est vraiment être lucide et optimiste et ça nous oblige
23:21à l'action.
23:22Mais les groupes pétroliers vont être obligés de se transformer également ?
23:25Ils se transforment déjà, on ne le voit pas, enfin on ne veut pas le voir, mais déjà
23:31depuis 2006...
23:32Mais est-ce que ça ne serait pas se séparer du plastique par exemple ?
23:34Aussi, mais ça se fait petit à petit, alors en fait aujourd'hui les groupes pétroliers
23:39depuis 2006 sont obligés d'aider leurs clients à consommer moins, moi je l'ai dit en 2004
23:42mais en 2006 la loi les a obligés, donc ils payent pour ça.
23:45On a bien sûr l'obligation d'incorporer des biocarburants dans les carburants, ils
23:52ont toute une série de choses.
23:54Et puis on voit des grands groupes qui font partie de Sengte aujourd'hui, qui travaillent
23:59dans les énergies renouvelables, ont énormément investi dans le solaire, dans l'éolien,
24:04comme on le voit d'ailleurs en Arabie Saoudite, récemment je parlais avec des Saoudiens et
24:09on regardait le plan Vision 2030 pour le Royaume, ils sont en train de développer,
24:14alors qu'ils ont du pétrole, des énergies renouvelables et solaires à des prix très
24:18compétitifs.
24:19Ils s'intéressent aux économies d'énergie et ils continuent à vendre le pétrole qui
24:23est encore plus de 70-75% de ce que l'on utilise, donc les choses se font lentement
24:28parce que c'est très difficile.
24:30Il y a une transition obligatoire.
24:31Il y a une transition, mais bien sûr.
24:32Et même si à court terme, on me dit depuis quelques jours, quelques mois, avec le retour
24:38des climato-sceptiques, mais tout ça, ce sont des épiphénomènes.
24:41Ce qui compte, c'est qu'en 2050, il y a un cap et que beaucoup, beaucoup de pays
24:46dans le monde ont déjà pris cette idée de neutralité carbone.
24:51Et je rappelle…
24:52Donc les entreprises doivent être en 2050 neutralité carbone.
24:54Et les pays ?
24:55Et tous les pays.
24:56Et il y a quelques pays qui le sont déjà.
24:57Quelques pays ?
24:58Oui, et la neutralité carbone, c'est bien réduire nos émissions et également s'assurer
25:04qu'on absorbe des émissions.
25:05C'est pour ça qu'on doit s'intéresser à la transition agroclimatique, prendre
25:09soin de tous les puits naturels de carbone, comme le dirait mon ami Christian Depertuis,
25:15des mers qui sont étouffées.
25:16On a des zones mortes à cause des cinq continents de plastique qu'il va falloir nettoyer,
25:21tout ça.
25:22Et pourquoi personne ne veut les nettoyer, justement ?
25:24Ça commence.
25:25Là, je voyais une société en Thaïlande qui a créé les crédits plastiques ou en
25:28Inde où ils payent les gens pour ramener du plastique et le retraiter.
25:33On arrive même à ressortir de l'huile de pyrolyse, on appelle ça, à partir du plastique
25:39qu'on récupère.
25:40Ça va venir, ça prend du temps, plus de temps que prévu, mais on arrive aujourd'hui
25:43à trouver des produits de substitution.
25:45On n'a plus de couverts en plastique en France, on n'a plus de sacs en plastique,
25:48on a des produits avec de l'amidon, de la pomme de terre, etc.
25:50Il reste quand même beaucoup de plastique.
25:51Il en reste beaucoup trop, bien sûr, mais le problème, c'est qu'on n'est pas tous
25:55au même rythme.
25:56Il faut accepter qu'on a des rythmes différents, mais la voie et l'objectif sont là pour
26:00tous.
26:01La ligne de conduite est là.
26:02Très bien.
26:03Vous êtes membre de divers conseils d'administration, notamment chez McFly et Boosted.
26:08Comment ces expériences enrichissent votre perspective sur les défis et les opportunités
26:15de la transition énergétique ?
26:16D'abord, ça a complété mon espace de management parce que c'est très différent
26:21d'être aux manettes d'une entreprise et de passer dans un conseil d'administration
26:25où on n'a pas le nez dans le guidon, où on doit penser à plus long terme avec les
26:30difficultés que ça peut supposer.
26:32McFly est un leader dans l'électrolyse, c'est l'électrolyse, donc c'est la production
26:40d'hydrogène vert à partir d'eau puisque jusque-là, on cassait le gaz naturel et
26:45chaque fois qu'on produit un kilo d'hydrogène, on crée 10 kilos de CO2.
26:50L'idée, c'est de récupérer de l'hydrogène sans créer de CO2, ça prend beaucoup de
26:55temps.
26:56C'est compliqué.
26:57C'est ce qu'on appelle l'hydrogène vert.
26:59Avec des énergies renouvelables, toutes sortes de couleurs d'hydrogène, on peut faire
27:02un cours là-dessus.
27:03Non, c'est compliqué, mais j'ai fait une émission là-dessus.
27:05Voilà, super.
27:06Il faut l'avoir en parallèle.
27:08Aujourd'hui, McFly a construit une gigafactory, on s'aperçoit que créer des start-up dans
27:15l'industrie, c'est très difficile, donc on accompagne la société avec un sujet
27:19qui est mondial.
27:20En Chine, en Inde, il y a beaucoup de gens qui s'intéressent à cet hydrogène, même
27:24si en Europe, on n'est pas au rythme où on aimerait être.
27:28D'accord, donc pour l'instant, il y a encore des défis, des perspectives, des opportunités
27:31de faire la traverse.
27:32J'accompagne aussi Equateur qui est un alternatif sur la distribution d'énergie, d'électricité,
27:38de gaz vert, autant que le fer se peut.
27:41C'est eux qui ont sorti cette pub, qu'est-ce qu'il y a de vert.
27:44Et être au conseil d'administration de ces sociétés, ça représente quoi comme
27:48travail ? Qu'est-ce que vous faites pour vous y aller, vous assister à des réunions ? Comment
27:53ça se passe ?
27:54Je donne un cours sur la gouvernance à Sciences Po avec mon camarade Laurent Allard que j'adore.
28:00On a beaucoup d'administrateurs parce qu'on a vraiment besoin.
28:04On a peu de PME en France, on a 150 à 200 000 PME, c'est constant depuis 1980.
28:08Ce n'est pas énorme.
28:09Ce n'est pas énorme.
28:10Pourtant, on dit que c'est quand même le poumon de la France, le poumon économique.
28:14Oui, mais en même temps, le trou noir, regardez sur la presse, on parle des start-up, on parle
28:17des grands groupes, mais les PME, les ETI, on en a beaucoup moins que nos voisins.
28:22Pour devenir ETI, en principe, on doit passer par le stade PME, c'est une question de maturité
28:26et développement.
28:27Donc, on forme beaucoup d'administrateurs.
28:29En fait, c'est un métier à part entière parce qu'on doit être en peu de temps capable
28:33de comprendre les grands enjeux de l'entreprise, essayer d'accompagner les dirigeants et faire
28:40la différence.
28:41Évidemment, si on est là et que ça ne fait pas la différence, les challenger, ça ne
28:46sert à rien.
28:47Ça devient un métier à part entière qui devient obligatoire puisqu'on parle de l'ESG
28:52avec cette idée de gouvernance.
28:54Je crois que c'est important qu'un dirigeant puisse s'appuyer sur des personnes qui accompagnent
29:00la vie de l'entreprise, qui ne sont pas là au quotidien, mais qui sont là quand il y
29:04a des problèmes avec qui on peut discuter et qui régulièrement amènent une autre
29:07expérience, qui n'ont pas le détail du business, mais des grands enjeux et s'obligent
29:13à le regarder.
29:15On aide autant les uns que les autres puisqu'on apprend d'eux et ils apprennent d'eux.
29:19C'est gagnant-gagnant finalement.
29:20Sinon, on ne le ferait pas parce que c'est la seule raison.
29:23Ça se passe bien vos cours à Sciences Po, c'est plutôt sympa.
29:25Oui, on a des gens extraordinaires qui sont de toutes sortes de parcours et qui ont envie
29:31d'apporter leurs compétences pour que les entreprises aillent mieux et il faut absolument
29:37qu'elles le fassent de plus en plus.
29:39On va parler des défis et des solutions.
29:40D'après vous, est-ce que le monde économique et politique avance-t-il assez vite face
29:44aux urgences climatiques ?
29:45Écoutez, le monde économique avance plus vite que le monde politique et ça c'est
29:51extrêmement rassurant.
29:52Qu'est-ce que devraient faire les politiciens justement ?
29:53Aujourd'hui, on a un peu l'impression qu'on a mis les pièces d'un puzzle dans
29:58un sac et on a tout balancé sur la table.
30:01C'est extrêmement compliqué de comprendre des messages articulés.
30:04Dans notre pays, on a quand même pris la fâcheuse manie d'avoir les pours et les
30:09contres.
30:11Par exemple, pour toucher à un sujet sensible, on parle du nucléaire, obligatoirement on
30:15doit être pour ou contre.
30:16Ce qui n'est pas du tout vrai.
30:17Ce n'est pas du tout vrai.
30:18Moi, je n'attends qu'une chose, quelle est la part du nucléaire dans le mix électrique,
30:22dans le mix énergétique en France, dans le monde, enfin en Europe ?
30:26Est-ce que la France peut avoir peut-être sa part plus importante que les autres puisqu'on
30:30a le choix de nucléaire chez nous et qu'il y a une articulation ?
30:33Sauf qu'on n'a jamais fait l'Europe de l'énergie.
30:35On a fait l'Europe de l'efficacité énergétique puisque lors de la guerre en Ukraine, quand
30:40on a dit à tout le monde, il faut vraiment faire attention à nos consommations, on
30:44a baissé de 10, de 15%.
30:45Donc moi, je crois en une Europe de l'efficacité énergétique qui va précéder l'Europe de
30:48l'énergie parce qu'aujourd'hui, chacun a sa politique et on le voit.
30:51Et donc là, on a un maillon faible qui aujourd'hui fait qu'en Europe, on a une énergie 5 à
30:567 fois plus chère qu'en Asie ou en Amérique du Nord et fait plein de choses complètement
31:02irrationnelles qui ont été évidemment accélérées par la guerre en Ukraine avec
31:07l'importation de gaz de fracturation hydraulique ou de pétrole de fracturation hydraulique
31:12dans les fracking aux Etats-Unis qui est interdit chez nous, de GNL qui évidemment
31:17est deux fois et demi ou trois fois plus polluant et deux ou trois ou quatre fois plus cher
31:21que le GN qui est arrivé par tuyau.
31:23Donc, on s'est retrouvé dans une situation absurde et puis on est en retard sur le développement
31:27des énergies renouvelables.
31:28Et quand on se pose des questions, alors que trois présidents de la République ont dit
31:31on va ramener la part du nucléaire de 75 à 50%, aujourd'hui, on est de se poser la
31:36question de pourquoi on n'a pas développé, puisqu'on savait que la demande d'électricité
31:40allait croître, pourquoi on n'a pas développé les énergies renouvelables, on se dit mais
31:44qui diable a eu l'idée d'arrêter le nucléaire ou de réduire le nucléaire ? On ne se pose
31:49pas les bonnes questions.
31:50Qu'est-ce que vous en pensez vous personnellement du nucléaire ?
31:52Je pense que c'est une énergie qu'on doit regarder au même titre que les autres, qui
31:57a des avantages et des inconvénients, ça n'apportera pas la solution à tous nos
32:00problèmes.
32:02Malheureusement, aujourd'hui, le débat est très polarisé parce que c'est une énergie
32:06très centralisée, c'est une énergie, ne l'oublions pas, qui a une double vocation
32:10militaire ou civile, et donc quelque part, bien sûr qu'on doit regarder, on voit tout
32:16un écosystème de start-up apporter des solutions précises pour faire de la chaleur à haute
32:22température, mais on ne peut pas regarder, la transition énergétique c'est vraiment
32:26regarder, avoir une vision holistique, et donc on ne peut pas opposer A contre B, on
32:32doit vraiment comprendre quelle est la place de chaque chose, c'est ce qu'on travaille
32:35dans le think tank.
32:36Et c'est le problème des politiques, c'est ce que ne font pas les hommes politiques actuellement.
32:40Exactement, je crois qu'on est beaucoup sur le court terme, qu'on regarde peu les
32:45questions d'investissement et de coûts, et qu'il y a vraiment un travail d'harmonisation
32:51à faire, même si on a la stratégie nationale bas carbone qui donne un cap.
32:55L'efficacité énergétique est souvent moins médiatisée que la production d'énergie
33:00renouvelable, alors est-ce que vous savez pourquoi et comment on peut changer ça ?
33:03C'est un très bon point que vous avez là, je suis tout à fait d'accord avec ce constat,
33:08en fait, on m'a beaucoup posé cette question, je pense que c'est difficile de donner une
33:12valeur à quelque chose que l'on ne consomme pas, il y a des trucs qui ne rentrent pas
33:16dans nos cases, comme on dirait.
33:18Ça veut dire qu'il y a un problème de marketing derrière, c'est-à-dire qu'on ne sait pas
33:22en parler.
33:23Je crois qu'on explique très mal l'efficacité énergétique, moi j'ai écrit un bouquin
33:25qui s'appelle « Comprends le nouveau monde de l'énergie 2.0 » à l'époque parce
33:28que…
33:29Est-ce que vous pouvez redire le nom du livre, vous le dites un petit peu vite.
33:31« Comprends le nouveau monde de l'énergie 2.0 »
33:34Et donc j'expliquais qu'il y avait cinq leviers d'économie d'énergie, le premier
33:40c'est de comprendre sa facture, de pouvoir changer d'énergéticien, le deuxième c'est
33:44nos comportements qu'on a tous appris sur le tas, mais on ne sait pas que si je baisse
33:48d'un degré, je peux avoir entre 5 à 8% d'économie.
33:51Les travaux de rénovation énergétique, il y a 70% des gens en France qui n'ont pas
33:55de DPE.
33:56Donc quand on leur met la pression en leur disant « mais attendez, ça ne va pas du
33:59tout, si vous êtes en G, en E, en F, vous ne pourrez plus louer, vous ne pourrez plus
34:02vendre », alors que c'est la première source de patrimoine des Français, bon d'ailleurs
34:06ça m'a fait ouvrir une nouvelle boîte, je vous en parle dans cinq minutes, la quatrième
34:10c'est la smart energy, c'est-à-dire vraiment pouvoir utiliser les compteurs intelligents
34:14que ce soit en gaz ou en électricité pour réduire.
34:16Et la cinquième, c'est produire notre énergie, l'autoconsommation qu'on voit.
34:20Et donc j'expliquais ça à cette époque et en fait on s'aperçoit que les gens qui
34:24parlent d'efficacité énergétique parlent de leurs fenêtres.
34:26Donc le gars qui justement va avoir des fenêtres, il va nous expliquer que l'efficacité énergétique
34:31c'est ça, celui qui vend des dispositifs…
34:34Donc on n'a pas une vision globale et à nouveau c'est difficile de donner une valeur,
34:39quelque chose que l'on ne consomme pas, ce n'est pas notre paramétrage.
34:41Dans ce cas-là, qu'est-ce qu'il faudrait faire pour avoir une vision globale ? Qu'est-ce
34:44qui permettrait à tous les Français d'avoir une vision globale et de comprendre ce que
34:49c'est ?
34:50Nous, on vient de lancer une société avec une associée, Charlotte Aubin, qui elle-même
34:57était un entrepreneur, ancienne patronne de Morgan Stanley en Europe, qui s'appelle
35:01Disco, ça nous fait mourir de rire.
35:03Disco ?
35:04Disco, c'est une ESCO.
35:05Donc ESCO, c'est une Energy Service Company.
35:09Nous, on a créé la Disco, digitaliser, démocratiser l'efficacité énergétique.
35:14C'est génial.
35:15Donc c'est Digital Energy Efficiency Service Company, où en fait, c'est très simple,
35:20il va falloir plugger toutes les ressources de l'intelligence artificielle et du smart
35:25methane, du smart énergie, pour pouvoir donner à chaque Français et à chaque Européen
35:33la possibilité d'être plus acteur sur ses consommations d'énergie.
35:36Voilà ce que je crois moi qu'il faut faire et j'espère que Disco, long life, on verra.
35:40Vous vous réintermurerez sur Disco ?
35:42J'espère, j'espère.
35:43En plus, le nom me plaît beaucoup, je trouve ça très mignon.
35:45C'est très fier, ce truc de Disco, c'est un côté fun, parce que je crois que quand
35:50on monte une boîte, il faut avoir ce côté enthousiaste, fun, il faut savoir profiter
35:55de ça.
35:56J'essaye de retrouver cet esprit.
35:57Et vous m'emmenez sur ma prochaine question, parce que là, on va passer au côté leadership
36:01et transmission, parce que je crois que ça vous tient quand même vachement à cœur
36:04dans votre carrière.
36:06Y a-t-il une rencontre qui vous a particulièrement marquée dans votre parcours ?
36:08Plein.
36:09Ma première rencontre, c'était un monsieur qui était un jésuite, qui a vécu 30 ans
36:13en Inde, docteur en philosophie, en théologie, en psychologie, donc c'est très marquant.
36:18Il me disait, entre autres choses hyper intéressantes, plus on apprend à mourir, plus on apprend
36:22à vivre, parce que ça nous rappelle qu'on est mortel et que quand on se préoccupe de
36:26ce qu'est une vie, qu'elle sera la densité qu'on va y mettre et ça, ça nous amène
36:31directement au leadership.
36:33Parce qu'en fait, ma grand-mère qui est partie à 103 ans disait, ma fille, on apprend
36:37tout dans cette vie sauf à vivre et effectivement, on apprend la finance, on apprend plein de
36:43choses, mais vivre, être heureux, être en bonne harmonie, être courageux, être osé.
36:49Comme disait Walt Disney, « If you can dream it, you can do it ». On sait toujours ce
36:53qu'on veut pas, on sait jamais trop ce qu'on veut.
36:55La qualité des relations, une relation réussie, c'est un plus-un égal.
37:00L'autre jour, j'ai expliqué ça à un jeune qui me regardait, « Mais non, madame,
37:02ce n'est pas du tout comme ça, c'est un plus-un égal 2 ». Non, non, non, un plus-un
37:05égal 3, réfléchissez à ça.
37:08Hegel qui nous disait, on en parlait avant l'émission, « Rien de grand dans le monde
37:12s'est fait sans passion ». Le fait de comprendre qu'on a le choix de la lumière,
37:18du beau, du bon, du vrai, auquel nous invitait Platon.
37:21Une vie, c'est tellement précieux le cadeau d'une vie que quand je vois aujourd'hui
37:28la souffrance, les difficultés, je me dis « Mais comment on peut renouer avec cette
37:34spiritualité, ce sens de la vie ? » Parce qu'il y a une chose certaine, c'est qu'un
37:38jour, on va tous mourir à 80, à 70, à 100 ans, et ce jour-là, on doit être en paix
37:42et se dire, « Voilà, dans cette incarnation, est-ce que je pars en paix ? »
37:47Les Chinois disent « Vie de telle sorte que quand tu es né, tout le monde riait et toi,
37:52tu pleurais.
37:53Vie de telle sorte que lorsque tu pars, tout le monde pleure et toi, tu ris. »
37:57Et je trouve que ça…
37:58C'est très, très beau.
37:59Effectivement, c'est très, très beau.
38:01Alors, quelle est votre plus grande fierté justement en matière d'impact sur le monde
38:04de l'énergie aujourd'hui ?
38:06C'est d'avoir osé dire « On va aider nos clients à consommer moins ».
38:09Parce que ça a été une phrase que j'ai eu beaucoup de mal à expliquer et qui m'a
38:15amenée à un parcours entreprenarial auquel je n'étais pas préparée parce qu'on a
38:21besoin de certitude.
38:22Mais ce qui fait la plus richesse de la vie, c'est les incertitudes, tout ce qu'on ne
38:25sait pas.
38:26Non, mais c'est les questions qu'on se pose.
38:27Voilà.
38:28Et j'ai été beaucoup encouragée par…
38:29C'est marrant, c'est la moitié des gens me disaient « Mais attends, t'avais ton
38:32CV, comment tu te relances dans une start-up ? »
38:34Et l'autre moitié me disait « Mais c'est génial, vas-y.
38:37»
38:38Dont quelqu'un que j'ai beaucoup aimé, qui est aussi une belle rencontre, qui est
38:42Pierre Bellon, qui était un patron extraordinaire, qui m'invitait à déjeuner.
38:45Et je lui disais « Tu sais, Pierre, peut-être je vais monter ma boîte, vas-y, vas-y, vas-y.
38:49»
38:50Voilà.
38:51Donc j'ai eu la chance de rencontrer des personnes qui me donnent des clés.
38:52Parce qu'en fait, j'aime beaucoup votre émission parce que la vie, il n'y a pas
38:56de changement.
38:57Il y a des « defining moments », des moments clés où on prend des décisions.
39:00C'est une porte dans le couloir du destin, on l'ouvre, on l'entrouve, on décide d'aller
39:04dans ce nouveau couloir ou pas.
39:05Et là, il y a des personnes qui, quand on prend le soin d'écouter, qu'on voit et
39:10qui ont ces clés et qui nous disent « Vas-y, vas-y, ouvre et puis tu choisis.
39:13»
39:14Merci du fait que vous soyez une femme dans un secteur historiquement masculin.
39:17Alors, quel conseil vous donneriez aux jeunes femmes qui aspirent à des carrières similaires
39:21à la vôtre ?
39:22N'oubliez qu'elles seront des femmes parce qu'on est avant tout des êtres humains.
39:26Est-ce que c'est dur d'être une femme justement dans ce milieu-là ?
39:28Oui, c'est dur parce que le monde est beaucoup plus exigeant pour une femme que pour un
39:32homme.
39:33Moi, il a fallu toute l'espérance d'économie d'énergie où on était à 50-50 à parité
39:36pour me rendre compte que j'ai passé 15 ans toute seule dans un groupe où il y avait
39:39100, dans le top 100 où j'étais la seule femme à peu près.
39:42Ça ne devait pas être facile.
39:43Non, mais le problème, c'est qu'il a fallu que j'arrive à économie d'énergie pour
39:46me rendre compte en parité que le problème, ce n'était pas moi.
39:49Parce que de permanence, on se remet en question « je n'aurais pas dû dire ça, je n'aurais
39:52pas dû dire ça, je n'aurais pas dû dire ça ». La moindre bêtise, ça devient…
39:56En plus, elle est blonde.
39:58Et en fait, je crois qu'il faut être résistant et courageux.
40:03Je regarde « Me Too » x fois dans ma vie, j'ai dû éviter des gens et c'est très
40:09compliqué.
40:10Parce que parfois, et souvent, ce sont des gens influents.
40:13Donc, le conseil, c'est d'oublier d'être une femme.
40:16On est d'abord un être humain avec des objectifs, avec une mission dans la vie.
40:22Et puis, on oublie dans ces moments-là qu'on est une femme, on est cet être humain qui
40:28a des objectifs.
40:29Mais après, on continue d'être une femme parce que je ne crois pas du tout à l'idée
40:32qu'on est un homme avec une jupe.
40:33Mais voilà, on doit petit à petit imposer cette féminité.
40:39Je vois dans les conseils, heureusement qu'on n'a pas le monde de pareil.
40:43L'énergie féminine et l'énergie masculine ne fonctionnent pas pareil.
40:45Je crois qu'il faut relire les bouquins de John Gray, « Les femmes viennent de Vénus
40:51et les hommes viennent de Mars ». Il y a une superbe pièce de théâtre, j'ai amené
40:55tous mes collaborateurs à une époque, c'est trop génial.
40:57Il y a un mec qui passe à l'aspirateur, il faut dire « Ah, c'est vachement bien ».
41:01Par contre, une femme, si on lui dit ça, on prend l'aspirateur sur la tête, tu dis
41:04« Ah, mais t'es pas trop fatiguée, ma chérie ? ».
41:06Donc, on retouche à des petites choses de la vie qui nous apprennent aussi.
41:10J'ai une question sur le jour où vous avez su que vous étiez sur la bonne voie.
41:13Pouvez-vous nous partager un moment où vous avez ressenti que vos efforts avaient un impact
41:17significatif dans votre carrière, où vous avez su que là, vous saviez où vous alliez ?
41:22Sur le Conseil en énergie, ça a été vraiment un moment comme ça, parce qu'en fait, moi
41:30je pense qu'il faut avoir une vie où nos pensées sont alignées avec notre vie.
41:33Sinon, on est en grand écart et ce n'est pas possible, on peut gérer quelque temps
41:36en grand écart.
41:37Mais si on n'a pas cet alignement, on n'est pas bien.
41:40Et donc, je me suis dit, moi j'adore l'énergie, mais en même temps, je ne veux pas polluer
41:45la planète, je vais démissionner, mais si je démissionne, il y aura quelqu'un d'autre,
41:49ce n'est pas comme ça que je vais arranger les choses.
41:51Comment je peux faire pour réconcilier l'irréconciliable ?
41:54Et là, arrive une idée totalement out of the box, et là, on sait que c'est difficile
42:00de la porter, mais là, il faut du courage, il faut la porter, la porter, la porter,
42:05et voilà, ça fait des succès.
42:06Madame Maestroni, votre parcours illustre à quel point l'engagement, l'innovation
42:11et la vision peuvent façonner un avenir plus que durable.
42:14Merci pour ce partage d'expérience et d'inspiration.
42:16Si vous deviez retenir un jour qui symbolise votre engagement pour la transition énergétique,
42:20ça serait lequel ?
42:21Ce sont nos événements, parce qu'ils réunissent tout un tas de gens sans profit et avec des
42:29collaborateurs extraordinaires que j'ai eu la chance de fréquenter dans ma vie aussi,
42:32qui sont là pour nous.
42:33Merci beaucoup d'avoir participé à cette émission.
42:35Merci à vous.
42:36Merci à toutes et à tous de nous avoir suivis.
42:39Vous retrouverez nos émissions sur Be Smart For Change.
42:41À très bientôt.