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Mercredi 9 avril 2025, retrouvez Camy Puech (Président, Qualisocial), Delphine Landeroin (spécialiste des politiques de rémunération, LHH France) et Thibaut De Vanssay (DRH, Ministère des Armées) dans SMART JOB, une émission présentée par Arnaud Ardoin.

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Transcription
00:00Générique
00:00Bonjour à tous, ravi de vous retrouver dans SmartJob, votre rendez-vous emploi RH Managent, débat, analyse, expertise et vos rubriques habituelles, évidemment bien dans son job.
00:16Aujourd'hui, on s'intéresse à la santé mentale, un salarié sur quatre en situation critique, issue du baromètre que va nous présenter Camille Puech, il est président fondateur de Cali Social, il est notre invité.
00:28Le grand entretien, les enjeux RH de l'armée française, c'est un énorme paquebot l'armée française avec une équipe RH mastodontique, on accueillera Thibaut de Vencey, le DRH capitaine de ce grand navire, DRH au ministère des armées.
00:43Et enfin, pour terminer, fenêtre sur l'emploi, on parlera de la baisse significative des budgets NAO, c'est-à-dire les négociations sont un peu plus basses.
00:51On va en parler avec Delphine Landerouin, elle est spécialiste des politiques de rémunération chez LHH France, je l'ai bien dit.
00:58Tout de suite, bien dans son job.
00:59Bien dans son job pour parler de la santé mentale des collaborateurs avec des chiffres réguliers, alarmants, un salarié sur quatre en situation critique.
01:20Camille Puèche, merci d'avoir répondu à notre invitation, vous êtes président fondateur de Cali Social, vous travaillez sur ces enjeux de santé mentale, de prévention en santé mentale depuis combien de temps d'ailleurs ?
01:3117 ans maintenant, 17 ans.
01:32Donc presque ou avant tout le monde ?
01:35Juste avant tout le monde, parce qu'il se trouve que c'était juste en début 2008 et que c'est suivi de mes travaux sur les enjeux du bien-être au travail, c'en est suivi la crise de France Télécom qui avait fait beaucoup de bruit à l'époque.
01:47Et qui continue de faire d'ailleurs.
01:49Absolument, avec des suicides, rappelons-le, au moment où France Télécom se transformait en orange.
01:55Camille, un baromètre avec un chiffre qu'on a noté, il y en a beaucoup dans ce baromètre.
01:59Alors régulièrement, vous venez sur le plateau quelque part tirer la sonnette d'alarme, 25%, c'est-à-dire un salarié français sur 4 se déclare en mauvaise santé mentale.
02:09Alors c'est un chiffre qui est alarmant.
02:10Ça veut dire quoi en mauvaise santé mentale ?
02:13Alors nous on prend la santé mentale au sens de la définition de l'OMS qui est la santé mentale et l'état de bien-être qui permet à chacun de développer son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, d'avoir du succès, d'être productif et d'apporter une contribution à la communauté.
02:28Donc quand on demande aux gens comment vous situez-vous par rapport à votre santé mentale, on a effectivement une personne sur 4, un travailleur sur 4, c'est un échantillon de 3000 personnes, on travaille avec Ipsos pour faire cette étude.
02:39Un travailleur sur 4 en France aujourd'hui estime qu'il est en mauvaise santé mentale sur ces sujets.
02:45Donc il s'auto-diagnostique pour être concret, parce que comment on définit le manque de sommeil, la fatigue, l'irritation, enfin comment il peut dire qu'il se sent en mauvaise santé mentale ?
02:54Alors en fait on fait deux études, on a un questionnaire validé scientifiquement qui estime justement un certain nombre de critères pour scorer le niveau de santé mentale de l'individu
03:03et à côté de ça on lui demande simplement comment il se situe et on s'aperçoit qu'on obtient à peu près la même réponse, le même taux de personnes en mauvaise santé mentale
03:12en demandant aux gens comment ça va versus en leur posant 50 questions.
03:16De manière à pouvoir avoir évidemment des indicateurs.
03:19Après il faut qu'on aille un peu plus loin sur pourquoi et comment agir.
03:21On y arrive parce que vous, vous êtes évidemment au contact des entreprises, vous allez leur parler de santé mentale, vous leur proposez des accompagnements.
03:29C'est dur, c'est compliqué, le mot fait peur. Est-ce qu'il y a encore un peu un tabou autour de ce sujet ?
03:34Oui, alors le tabou s'est déplacé parce qu'hier le tabou c'était la psychologie, c'était la santé mentale, c'était tous ces mots clés.
03:41Aujourd'hui le tabou il s'est déplacé parce qu'on est sur le champ du vocabulaire.
03:46Quel terme on emploie pour parler de comment vont les gens ? Santé mentale, quelque chose qui a pris, qui encore n'est pas totalement utilisé partout
03:57parce que santé mentale est associée à psychiatrie et donc ça fait peur.
04:00On se souvient des propos de Michel Barnier, le Premier ministre, qui à peine arrivé avait évoqué, d'ailleurs en citant un cas concret qu'il touchait personnellement,
04:07l'année 2025 sera ou serait, puisqu'il n'est plus Premier ministre, l'année de la santé mentale.
04:13Est-ce que François Bayrou tient les promesses de Michel Barnier ? J'ai le sentiment qu'on en parle beaucoup moins.
04:18Alors, il a prononcé dans son discours de politique générale que la santé mentale restait la grande cause nationale.
04:26Il est vrai que l'actualité mondiale éclipse un petit peu le sujet des priorités de nos chers politiciens et du gouvernement.
04:35– Vous qui avez un regard comme ça panoramique sur ces 17 années de travail, de pédagogie, qu'est-ce qui se passe ?
04:41Parce qu'on n'a jamais parlé autant de santé mentale, c'est-à-dire j'ai le sentiment quand même que les médias s'en emparent,
04:46que les entreprises communiquent, et on n'a jamais eu autant de salariés en burn-out et en situation parfois critique,
04:54en situation psychologique critique. C'est très paradoxal.
04:57– Alors, c'est paradoxal, oui et non, parce que plus le problème est présent et plus on en parle.
05:01Donc, il y a eu un effet, somme toute, avec la Covid, où on a doublé la part des travailleurs qui présentaient des troubles psychiques.
05:08Je pense à l'état dépressif, à l'état anxieux. On était plutôt à autour de 12% des travailleurs en état dépressif.
05:15On est passé jusqu'à 25% des travailleurs en état dépressif. Aujourd'hui, on se situe plutôt à autour de 18%.
05:20Donc, le problème, il a augmenté. Après, il y a un sujet qui est clair, c'est que le stress apparaît lorsqu'il y a un décalage
05:28entre les contraintes que vous impose votre environnement et les ressources que vous avez à votre disposition pour y faire face.
05:33C'est le déséquilibre entre les ressources et l'objectif. Et il n'y a pas de magie.
05:38Et puis, on est sur une... à Bismarck, c'est très intéressant parce qu'on parle du sujet de manière holistique.
05:43Il y a un enjeu économique. C'est que la France est un pays qui est en dégradation économique depuis 25 ans.
05:48Les indicateurs économiques sont dans le rouge depuis 25 ans.
05:51Et les troubles psychiques ne sont que des mécanismes de protection face aux dangers auxquels vous êtes confrontés.
05:57Donc, l'augmentation de ces troubles croise la courbe descendante de notre situation économique.
06:02C'est une réponse à cette courbe descendante qui est accentuée par des facteurs extérieurs
06:08que sont la déstabilisation géopolitique mondiale, que sont les enjeux climatiques,
06:12que sont liées à la technologie.
06:14Et l'environnement mondial et les guerres comme ça qui bourdonnent.
06:18Salariés les plus vulnérables mentalement, c'est intéressant.
06:20On a beaucoup parlé des jeunes pendant le Covid.
06:22Mais là, c'est intéressant.
06:23Les malades chroniques, 68% en bonne santé mentale.
06:26Femmes de moins de 39 ans, 65%.
06:29Les foyers monoparentaux, papa ou maman, mais beaucoup de femmes.
06:34Et les salariés à temps partiel, là aussi, c'est un chiffre élevé.
06:39À temps partiel, c'est quoi ?
06:40C'est l'angoisse de ne pas finir les fins de mois ?
06:42C'est le sentiment de faire toujours plus et de ne pas réussir à joindre les deux bouts ?
06:45Oui, c'est toutes les situations, ce qu'on appelle les situations de fragilité, en fait,
06:49qui viennent affecter la capacité de l'individu à avoir de la vision, de la confiance en l'avenir,
06:56de la résilience qui sont les facteurs de santé mentale.
06:59Et donc, effectivement, les maladies chroniques.
07:01Il y a beaucoup de débats sur la place de la femme.
07:04Non, toutes les études que je fais confirment le fait que la femme a une exposition plus forte que l'homme.
07:11Il vaut mieux être un homme qu'une femme, encore aujourd'hui, en 2025, en France.
07:14Et nos statistiques le montrent sur l'impact, finalement, de la condition de la femme sur leur santé mentale.
07:19Merci, Camille Puech.
07:21Allez découvrir ce baromètre avec Ipsos, extrêmement détaillé, précis, alors qu'il y a une photographie.
07:26Puis, il y a tout un travail, évidemment, de pédagogie auprès des RH, évidemment,
07:31mais aussi de la classe politique, parce qu'ils sont les acteurs aussi de la transformation de nos sociétés.
07:35Merci, Camille Puech.
07:35Vous êtes le président fondateur de Cali Social, très belle entreprise créée il y a 17 ans,
07:40bien avant tout le monde, et vous parliez déjà de santé mentale.
07:42Merci de nous avoir rendu visite.
07:44On tourne une page tout de suite, c'est le Cercle RH.
07:46Un grand entretien.
07:47Bah oui, on parlait de ce climat de guerre.
07:49On va parler, eh bien, avec le DRH de l'armée française.
07:52Oui, gros paquebot.
07:54Et c'est le plus gros employeur français.
07:55On fait le point avec lui.
07:56Il est notre invité.
07:57Et le Cercle RH, un grand entretien aujourd'hui.
08:12On accueille le DRH des armées, des armées françaises.
08:15Thibaut Devancet, merci de faire un détour par le plateau de SmartJob.
08:19C'est un vrai plaisir de vous accueillir.
08:21DRH, c'est le terme consacré.
08:23C'est le terme consacré, bonjour Arnaud.
08:24Du ministère des Armées.
08:26D'abord, c'est une question un peu rituelle, mais elle est encore plus rituelle pour vous.
08:30Quand on travaille sur ce dossier des armées, on voit qu'en fait, vous êtes à la tête d'une pyramide.
08:35Mais vous-même, à la tête déjà d'une petite entreprise de RH.
08:38Parce que l'armée de terre, l'armée de l'air, la marine et d'autres services encore, sur lesquels il y a bien sûr des RH.
08:47C'est quoi le métier du RH et du DRH des armées françaises ?
08:51En quelques mots.
08:52Alors, le métier de DRH du ministère des Armées, il est assez fabuleux.
08:56C'est d'abord animer une équipe.
08:58Comme vous l'avez dit, il y a des DRH dans l'armée de terre, dans la marine, dans l'armée de l'air, avec qui je travaille au quotidien et qui ont leur propre programme d'action dans le cadre de la politique que j'essaye de conduire au sein du ministère des Armées.
09:12Mais il y a aussi la DRH de la Direction Générale de l'Armement, qu'on oublie trop souvent.
09:17C'est vrai.
09:17On a plus de 10 000 ingénieurs au ministère des Armées.
09:20C'est d'actualité, ça.
09:21C'est d'actualité, oui.
09:22Et puis, des choses un peu plus exceptionnelles, il y a aussi une fonction RH à la DGSE, par exemple.
09:30Tous ces DRH me sont fonctionnellement rattachés et ont construit ensemble les politiques RH qui vont permettre de satisfaire les besoins des armées, du ministère dans son ensemble.
09:39Et puis, par ailleurs, j'ai des fonctions propres. Il faut payer 300 000 personnes tous les mois. Il faut assurer le paiement des retraites, accidents du travail, enfin, toutes les fonctions qu'un DRH fait dans d'autres organisations.
09:57Alors, il faut quand même le préciser, là aussi, c'est assez vertigineux, parce que quand on parle des armées françaises, vous êtes le plus gros employeur français.
10:03269 243 civils et militaires, avec environ 203 000 militaires et le reste des civils, et qui sont importants au sein de l'armée française.
10:16271 800 civils et militaires en 2027, ça, c'est la projection. Ça veut dire que le DRH qui est devant moi recrute.
10:24Exactement. Et le recrutement, comme tous les DRH le savent, c'est une bataille du quotidien.
10:31Pour vous donner des ordres de grandeur, on recrute environ 500 personnes par semaine.
10:36Voilà. Donc, c'est des chiffres...
10:37Tout armées confondues.
10:38Tout armées confondues.
10:39Notre plan de recrutement pour l'année 2025, il doit être aux alentours de 28 000 personnes.
10:46Donc, 75% de militaires, 25% de civils.
10:50Et ce qui est tout à fait extraordinaire, c'est qu'on recrute à tous les niveaux de qualification.
10:55Des jeunes sans diplôme jusqu'au polytechnicien qui va rejoindre, par exemple, la direction générale de l'armement.
11:04L'armée française, c'est un énorme bateau.
11:07C'est un énorme paquebot que vous pilotez sur le plan DRH.
11:10C'est quoi les grands piliers que vous vous fixez à l'aune de l'actualité qui nous a percuté ?
11:14Guerre en Ukraine et puis très récemment, le président de la République qui a évoqué l'hypothèse de troupes au sol.
11:20Ce qui, évidemment, accélère, transforme, comment vous pilotez et comment vous gérez ces piliers ?
11:27Et quels sont les piliers forts que vous fixez à l'ensemble de votre équipe ?
11:31Alors, tout d'abord, en fait, on sort de trois années qui ont été très, très, très compliquées pour tout le monde.
11:39Les entreprises privées, le secteur public, 21-23, années très difficiles, avec deux phénomènes.
11:46Une inflation, donc une pression salariale très, très forte et puis une baisse du taux de chômage et donc une concurrence extrêmement forte entre tous les employeurs.
11:57Ça, pour nous, c'est derrière nous et c'est un motif de fierté parce qu'en 2024, on a fait une super année RH.
12:04Les effectifs, après des années un peu compliquées, ont continué à croître.
12:092025 s'annonce très, très bien également.
12:12Il y a un effet guerre en Ukraine avec des formes d'élan patriotique, d'envie de s'engager. Vous le sentez, ça ?
12:20Alors, on ne le mesure pas. En tous les cas, il est très difficile de construire une corrélation entre la situation internationale,
12:29parce que, comme chacun sait, elle évolue quasiment maintenant au quotidien, et puis nos performances de recrutement.
12:38En revanche, ce qui est évident, c'est que le fait militaire, ou en tous les cas, la conscience qu'il se passe quelque chose en Europe,
12:48facilite quand même le passage de nos messages sur tous les métiers que nous avons à proposer.
12:56Quelques chiffres, quand même, c'est intéressant, et on parlera des métiers, parce que l'armée française, là aussi, il y a une palette de métiers.
13:02Alors, évidemment, simplement, on voit des soldats, on voit des opérationnels, mais il y a tellement d'autres métiers qui vont de la restauration à l'électronique, à la mécanique.
13:08Tous les métiers, évidemment, sont au sein de l'armée française. Quelques chiffres, 63 369, il faut être précis, militaires de carrière, c'est avec 17,3% de femmes.
13:20137 963 militaires sous contrat, c'est-à-dire juste un petit arrêt sur le sous-contrat.
13:26On a les militaires de carrière qui vont signer quoi ? Sur 5 ans, 10 ans, 15 ans ? Sous-contrat, c'est quoi ?
13:31Alors, en fait, vous parliez des piliers. Pratiquement, deux tiers des militaires sont des militaires sous contrat, c'est-à-dire que, que ce soit des militaires du rang, des sous-officiers ou des officiers,
13:45ils s'engagent pour un contrat de 3, 5, 10 ans, et ils peuvent renouveler leur contrat.
13:52Et ça, c'est vraiment notre ADN, c'est ce qu'on appelle une gestion à flux, c'est-à-dire qu'on en a 28 000 qui rentrent chaque année, mais il y en a 28 000 qui sortent,
14:03parce que nous avons un impératif de jeunesse, malgré tout.
14:06Et donc, un des pivots que nous sommes en train de faire, c'est concilier cet impératif de jeunesse, parce que le métier militaire est quand même très exigeant,
14:14que ce soit sur terre, dans les airs, sur la mer ou sous la mer, donc c'est très exigeant.
14:19Donc on a besoin de jeunes, et ça, on y est très très attaché, c'est des carrières qui sont relativement courtes.
14:26Et puis on essaie de faire pivoter, parce qu'on a aussi besoin de techniciens, d'experts, qui vont développer au fur et à mesure de leur parcours,
14:35une compétence particulière sur les métiers nouveaux en particulier, et pour lequel on adapte aussi nos parcours professionnels,
14:43de façon à les encourager à rester un peu plus longtemps, sur des fonctions qui sont moins exigeantes, sans doute physiquement,
14:52mais de transmission, d'organisation.
14:54Exactement.
14:55Mais ça, c'est important.
14:56Avec une féminisation, j'ai lu une tribune passionnante, qui est une tribune signée par Marine Balançard,
15:01qui vient régulièrement sur notre plateau, et qui, je crois, est actuellement en train de faire un cursus que vous avez fait à l'IHEDN,
15:07cursus passionnant et absolument dingue, et elle soulignait, sans critique d'ailleurs, en lisant bien son papier,
15:13que la féminisation dans les hautes sphères de la Défense restait faible.
15:18Alors on voit qu'il y a une féminisation qui progresse, évidemment, chez les soldats du rang,
15:22et même chez les fonctionnaires, puisqu'on a 47,5% de femmes parmi les fonctionnaires sur 37 874, tout va bien.
15:29Dans les hautes sphères, je vais loin, est-ce qu'un SEMA armé de terre, est-ce qu'un chef d'état-major armé de l'air
15:36pourrait un jour être une femme ? Ce qui n'a jamais existé, on est d'accord.
15:40Ce qui n'a jamais existé. Alors vous avez raison, en fait, aujourd'hui, on a un taux de féminisation
15:48qui progresse chaque année. On est très attentif à ce qui se passe au recrutement,
15:52y compris dans les écoles d'officiers les plus prestigieuses, Saint-Cyr, l'école navale, l'école de l'air,
15:57l'école polytechnique, voilà. Et puis, comme dans d'autres métiers, on assiste à une forme d'évaporation
16:05pour devenir chef d'état-major des armées, il faut faire tout le cursus.
16:12Un cursus, oui.
16:12Tout le cursus. Et notre sujet aujourd'hui, on développe des programmes pour affronter cette difficulté.
16:21Dans le powermone, comme on dit dans le privé.
16:22C'est ça, mais c'est de permettre, malgré les difficultés, vous savez qu'un des marquants de la carrière d'officier,
16:31c'est l'école de guerre. Donc c'est exigeant, il faut préparer, voilà.
16:34Permettre aux jeunes femmes de concilier à ce moment-là de leur vie la maternité avec les exigences du parcours professionnel.
16:43Donc ça, on est totalement décidés et mobilisés pour permettre effectivement de construire des viviers de colonels
16:53qui vont devenir officiers généraux et qui seront à la fois légitimes et prêtes pour prendre des responsabilités tout à fait...
17:04Aujourd'hui, on a des femmes colonelles, beaucoup. Est-ce qu'on a des femmes générales ?
17:09Oui, on en a.
17:10On en a, on en a. 10% environ des officiers généraux qui sont des femmes.
17:15Donc potentiellement un vivier possible de talents, on peut les appeler talents.
17:19C'est ce que nous construisons, c'est ce que nous construisons, voilà.
17:22Dernier chiffre, les ouvriers d'État, de l'État, ceux qui travaillent dans les usines d'armement, 15 929.
17:30C'est intéressant parce qu'il permet de basculer quand même sur ce qui nous est arrivé.
17:35Nous, les Français, on a vécu une période de paix. Nous étions en paix et nous ne sommes plus.
17:41Est-ce que Saint-Désarmée, ça a aussi provoqué des choses ?
17:44Vous qui observez aussi l'ensemble des soldats et de ceux qui travaillent au Saint-Désarmée,
17:50vous avez senti quelque chose qui se transformait, qui bougeait ?
17:53Et peut-être même que tout est venu d'en haut en disant il faut se mobiliser, il faut se préparer ?
17:58Alors, bien évidemment, nous sommes tout à fait sensibles et mobilisés en fonction du contexte stratégique.
18:07Le fait nouveau, c'est la nécessité de mobiliser une industrie qui est capable de répondre en quantité,
18:16dans des délais compatibles avec des opérations militaires,
18:19pour conduire des opérations sans aller jusqu'à l'affrontement entre la Russie et l'Ukraine,
18:26enfin, de cette nature-là.
18:28Donc, il y a deux choses à faire.
18:30Effectivement, nous avons conservé au sein du ministère des Armées,
18:33non pas une industrie, mais des capacités à entretenir de façon industrielle un certain nombre de matériels,
18:42essentiellement d'ailleurs des matériels aéronautiques.
18:44Donc, par exemple, les moteurs de rafale, ils sont entretenus par le ministère des Armées,
18:51avec des ouvriers qui font un travail, qui ont une technicité absolument remarquable.
18:56Nos chars, nos avions.
18:57Exactement.
18:58Et donc, le partage entre ce qu'on fait en régie, j'allais dire, c'est-à-dire au sein du ministère,
19:02et ce qui est fait par l'industriel, c'est un sujet qui nous travaille.
19:05Et puis, il y a la chaîne d'approvisionnement.
19:07La chaîne d'approvisionnement, alors ça, c'est plutôt le travail de la Direction Générale de l'Armement.
19:11Dont on parlait tout à l'heure.
19:12Exactement.
19:13De discuter avec les industriels, de leur donner de la visibilité, planifier.
19:19Et accélérer.
19:20Aux charges, aux industriels, de se mettre en situation, de répondre à des commandes nationales ou européennes.
19:28On a vu le chef de l'État faire des visites très symboliques sur des sites de production d'armement,
19:32en disant qu'il faut accélérer.
19:33Et je pense qu'aujourd'hui, on accélère, parce que le contexte est instable.
19:37On a vu en Ukraine, et on le voit encore aujourd'hui, qu'une partie de cette guerre se joue à travers des drones,
19:43à travers l'électronique, à travers le renseignement, à travers le numérique.
19:47En préparant l'émission, je vous ai dit, c'est la guerre de demain, et vous m'avez repris.
19:50Vous m'avez dit, non, ce n'est pas la guerre de demain, c'est la guerre d'aujourd'hui.
19:52On est dedans, là.
19:54Oui.
19:54Le recrutement, d'ailleurs.
19:55Bien évidemment, on est dedans, sachant que ce qui est aujourd'hui le principal changement,
20:05c'est de passer, ou en tous les cas, de conserver des programmes de long terme,
20:08parce que, par exemple, quand on construit un programme de sous-marins, ça met beaucoup de temps,
20:12tout en étant capable d'être agile sur des nouveaux dispositifs ou capacités opérationnelles.
20:20Et donc, les drones en font partie, et du point de vue RH, parce que c'est là que je suis directement concerné,
20:28on voit bien que l'armée de terre est en train de se transformer avec la dronisation d'un certain nombre de régiments de l'armée de terre,
20:36et on voit bien que c'est une technique, en tous les cas un job, qui peut attirer des nouvelles générations.
20:44On parle des gamers.
20:45Ça gamifie, finalement, la guerre.
20:47Entre guillemets, en tous les cas, ça appelle des compétences qui sont différentes ou complémentaires
20:53de celles que nous avons et que nous continuons à entretenir.
20:56On ne l'a pas dit, parce que vous êtes public, mais tous ceux qui sont au service RH,
21:01et je pense au RH, vous, mais de l'armée de terre, sont tous des officiers supérieurs qui ont connu le terrain.
21:07Vous avez fait des OPEX, vous avez été un officier du RIMA.
21:11C'est important de le dire.
21:12Vous n'êtes pas des techniciens spécialisés RH.
21:15Vous l'êtes devenu, mais auparavant, vous étiez des officiers supérieurs engagés sur le terrain.
21:20Les DRH de chacune des armées, ils viennent.
21:24Ce sont des officiers généraux qui ont un très riche passé, une expérience opérationnelle de toute première importance.
21:31Et puis, nous sommes très attachés à ce que ces fonctions qu'on qualifie parfois de support,
21:38mais moi que je qualifie de totalement opérationnelle, soient tenues par des femmes et des hommes
21:46qui ont connu et qui sont capables de sentir en fait les choses, plutôt que d'appliquer des process.
21:55Ce qui parfois a été reproché à la grande muette d'appliquer finalement des process, des plans un peu lourds.
22:00L'armée, quand vous l'avez connue et que vous étiez opérationnel au RIMA, elle a totalement changé cette armée française ?
22:06Alors, elle a changé et en même temps, il y a des phénomènes de permanence qui nous sont très utiles.
22:14Parmi les caractères un peu permanents, il y en a un qui est, du point de vue RH, très très important.
22:22C'est la capacité à progresser dans l'escalier social.
22:30On a 50% des officiers qui viennent du rang, on a 50% des officiers qui viennent du corps des officiers.
22:37Mais est revenu le service militaire obligatoire ? C'est revenu dans le débat ça.
22:40C'est revenu dans le débat.
22:40Ça a été balayé, mais cette question a été posée.
22:43Et donc, le fait que chacun a son bâton de maréchal dans sa giberne, voilà, ça c'est un élément de permanence.
22:49C'est-à-dire un outil de promotion sociale pour des jeunes issus des quartiers, des jeunes issus de zones rurales,
22:54qui n'ont pas forcément de diplôme et qui vont grandir avec l'armée.
22:58Et ça, on y est vraiment très très attaché.
23:01C'est quelque chose qu'on travaille tous les jours et qui fait partie, en fait, de la promesse quand on s'engage.
23:08Promotion sociale et puis l'autre promesse, et on le redit pour conclure, c'est aussi de permettre à ces soldats d'avoir une bonne rémunération
23:14qui tombe tous les mois et une retraite assurée parce qu'on s'engage aussi.
23:19Pour avoir ensuite, on n'a pas le temps, mais il y a aussi l'enjeu de reconversion des soldats qui quittent l'armée française
23:24et qui vont aussi devoir, à 35 ans, 38 ans, 40 ans, retrouver un emploi.
23:28Exactement. Et ça, ça fait partie aussi de mes responsabilités propres.
23:30C'est d'assurer la transition professionnelle de tous ces militaires qui ont servi et qui ensuite vont commencer une deuxième vie professionnelle.
23:36Et très recherchés, faut-il le préciser.
23:38Ce sont des militaires, officiers ou sous-officiers, peu importe.
23:41Très recherchés aujourd'hui dans les entreprises.
23:43Merci Thibault Devancet d'être venu nous rendre visite DRH du ministère des Armées.
23:48Et vous l'aurez compris, à la tête, finalement, déjà un très gros service qui pilote, en fait,
23:53ce gros paquebot France de l'armée française.
23:56Merci de nous avoir rendu visite.
23:57On tourne une page, notre rubrique suivante, vous la connaissez,
24:00c'est « Fenêtres sur l'emploi » et j'accueille mon invité.
24:02« Fenêtres sur l'emploi » pour parler de rémunération.
24:18Oui, les NAO, vous savez, les moments où il faut négocier son salaire.
24:22Est-ce qu'elles ont baissé ou pas ?
24:24Question posée à Delphine Landerouin.
24:26Vous êtes spécialiste des politiques de rémunération, chère Delphine, chez LHH France.
24:32D'abord, un petit mot global, parce qu'on est à mi-parcours CNAO.
24:36Les NAO, ce sont des négociations parfois ardues entre les partenaires sociaux et les équipes DRH, d'une manière simple.
24:43On en est où, là, sur CNAO ? Elle baisse ou pas ?
24:45Alors, oui, la baisse qu'on avait déjà constatée depuis plusieurs mois,
24:51on a fait nos premiers sondages sur le sujet, ça fait plus de six mois maintenant,
24:57avec un taux qui s'annonçait déjà inférieur à l'année dernière, puisqu'on avait acté 3,5%.
25:03Le taux annoncé à l'automne dernier, c'était 2,8%.
25:07En janvier, on a observé 2,5%.
25:11Et là, dernièrement, début avril, on est à 2,3%.
25:15Ce qui affirme une baisse et aussi un retour aux tendances et à des périodes moins exceptionnelles
25:24et moins chaotiques et particulières qu'on a connues ces dernières années.
25:27Et en plus, nous sommes à mi-parcours dans un contexte économique qui donne le sentiment
25:31que les choses incertaines et qui peuvent se dégrader un peu plus.
25:34Ça pourrait. Après, ce qu'il faut avoir en tête, c'est que les entreprises engagent,
25:40comme vous l'avez mentionné, les négociations annuelles obligatoires,
25:43parfois en fin d'année passées pour l'année suivante.
25:49Donc, il y a des choses qui sont quand même actées.
25:51Il y a toujours un petit décalage entre la conjoncture économique et sociale...
25:57L'arrêt de la négo et la négo.
26:00Pour rentrer un peu dans le détail, c'est une étude qui concerne 850 000 salariés.
26:05Oui, plus puisqu'on arrive à 160 entreprises et près d'un million.
26:10Voilà, donc c'est un panel qui est signifiant.
26:13Mettons les cadres de côté.
26:15Moi, je lis dans votre étude que ce sont les employés et les ouvriers
26:17qui vont plutôt bénéficier d'augmentations générales.
26:21Oui, alors les augmentations générales étaient déjà privilégiées pour ces populations-là,
26:28surtout les employés ouvriers.
26:29C'était déjà vrai si on revient en arrière à 2019,
26:33parce qu'en 2019, le budget global, on était à 2-2.
26:36Donc, le 2-3 d'aujourd'hui nous ramène au 2-2 de 2019.
26:40D'avant Covid.
26:41Voilà, on pourrait dire ça.
26:42Et pour cette population-là, il y avait déjà une prédominance des augmentations générales
26:48qui a évidemment redoublé avec le phénomène de l'inflation
26:53et qui s'est vérifiée aussi, y compris pour les populations de type technicien,
27:01agent de maîtrise et même les cadres.
27:03Et là, on revient à un nouvel équilibre qui ressemble aux années passées.
27:07Alors, le salaire, c'est un enjeu évidemment de rétention des collaborateurs
27:10parce qu'au-delà des chiffres, c'est aussi un enjeu de rétention.
27:13Les entreprises, dans votre étude, quand même, font des propositions alternatives.
27:17Enfin, je veux dire, les salariés ne partent pas sans rien.
27:19La baisse est nette, mais il y a quand même des primes de partage.
27:23C'est quoi les outils proposés par l'entreprise ?
27:25Alors, effectivement, on a vu se développer de façon beaucoup plus marquée ces dernières années
27:31ce qu'on appelait les mesures complémentaires.
27:34Donc, quand on fait des sondages de ce type-là, on préfère parler finalement de mesures salariales
27:39que de budget NAO qui est délimité dans le 2-3% que j'ai évoqué tout à l'heure.
27:44Mais ces autres mesures, elles semblent perdurer.
27:47Malgré la baisse de l'inflation.
27:50Et donc, les autres outils, clairement, on va retrouver la prime de partage de la valeur.
27:55Mais bien moins pratiquée que l'année précédente.
27:58On avait 50% des entreprises.
28:00Avant, là, on est à un quart.
28:02Une entreprise sur 4.
28:03800 à 900 euros.
28:05Même pas, à peine.
28:06Et un montant à vérifier.
28:09Mais c'est très instable, là, ce qu'on peut récupérer sur les primes de partage de la valeur.
28:15Merci Delphine Landeroin.
28:16Puis précisons aussi qu'il y a quelques aides sur les repas.
28:18Enfin, des choses un peu matérielles et concrètes.
28:20Oui, des compléments.
28:20Exactement.
28:21Et à noter aussi des mesures sur l'égalité salariale.
28:25Voilà.
28:25La fameuse égalité salariale.
28:26Merci Delphine Landeroin d'être venue nous rendre visite.
28:28LHH France, spécialiste des politiques de rémunération.
28:32Restez encore une seconde avec nous.
28:33C'est la fin de notre émission.
28:34Merci à toute l'équipe.
28:35Je remercie évidemment notre équipe technique.
28:37Je remercie Toé pour la réalisation.
28:39Je remercie Thibaut Hausson et je remercie Nicolas Juchat derrière et dans mon oreille.
28:45Merci à vous.
28:45Merci de votre fidélité.
28:46Je vous dis à très très bientôt.
28:48Bye bye.
28:49Merci.