• avant-hier
Vendredi 4 avril 2025, retrouvez Guillaume Piens (Commissaire général, Art Paris), Marc Donnadieu (membre du comité de sélection et commissaire en charge du secteur Promesses, Art Paris), Amélie Adamo (auteure et curatrice, en charge du secteur Immortelle, Art Paris), Numa Hambursin (directeur général du MO.CO. Montpellier Contemporain, en charge du secteur Immortelle, Art Paris) et Simon Lamunière (commissaire d’expositions, en charge du secteur Hors Limites, Art Paris) dans ART & MARCHÉ, une émission présentée par Sibylle Aoudjhane.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Art & Marché, votre émission hebdomadaire consacrée
00:12au marché de l'art et toute particulièrement aujourd'hui consacrée à Art Paris, l'un des
00:17rendez-vous phares de la scène contemporaine en France. Une édition 2025 qui présente des talents
00:22émergents, des artistes majeurs, des parcours innovants et nous allons aller à la rencontre
00:27des acteurs clés de cette édition pour comprendre les tendances et les choix curatoriaux qui la
00:32façonnent. On est ravi de revenir au Grand Palais et donc c'est un espace qui est beaucoup plus grand
00:39et aussi magnifié par la restauration récente. On a 170 exposants cette année, 60% sont français,
00:4840% étrangers puisque ça correspond un peu à l'axe particulier que je veux donner à cette
00:53fois son ADN d'être régional et cosmopolite, c'est-à-dire en appui de la scène française mais
00:57en regardant aussi ailleurs. Et puis effectivement on a deux nouveaux secteurs cette année, c'est
01:03important de le dire, qui se déploient sur les balcons, ces magnifiques balcons. La partie sud,
01:07il s'agit du secteur Promess, un secteur pour les jeunes galeries, 25 galeries qui sont très
01:14internationales, c'est 59% de participation étrangère dans Promess, 17 galeries qui font
01:19leur premier pas, donc c'est une garantie pour montrer l'émergence et de l'émergence qui vient
01:24de très loin puisqu'on peut parler du Guatemala, on peut parler de Hong Kong, on peut parler du
01:29Koweït, on peut parler aussi de Bratislava qui est plus proche que nous et en même temps il y a
01:34aussi des galeries de région comme Paniste au Rouen, une jeune galerie très talentueuse. Donc
01:38on a toujours effectivement cet ADN d'Art Paris de regarder les régions et en même temps le monde
01:43beaucoup plus vaste. C'est une foire qui est très accessible en termes de prix, donc il y a des
01:46choses très chères, vous l'avez vu, mais aussi il y a toute une catégorie de prix, on est dans
01:51des prix intermédiaires qui par rapport à la situation actuelle que nous traversons, à mon
01:55avis, peut permettre l'achat plaisir quand même. Et de l'autre côté sur le balcon nord, en fait,
02:00on a ce secteur qu'on a appelé French Design Art Editions, qui est conçu effectivement avec
02:05l'association le French Design, dont le but est de valoriser les savoir-faire français. C'est
02:11intéressant parce que c'est une plateforme d'abord qui est très originale parce qu'elle n'est pas
02:15que de galeries, en fait, il y a des studios d'architectes, des studios de designers et aussi
02:20des éditeurs de design. On est vraiment dans cette, j'allais dire, dans cette valorisation de ce
02:25Made in France, mais contemporain. Dans la foire, c'est vrai qu'il y a deux thématiques. C'est
02:30toujours une façon de rentrer dans une foire. Donc d'un côté, on a toujours ce focus sur la scène
02:35française et cette année avec un thème qui est donc sur la peinture figurative, immortelle. Et
02:41puis, de l'autre côté, on a un autre thème qui est hors limite, qui est beaucoup plus politique
02:48puisqu'il s'agit de parler quand même de, c'est une façon d'explorer la création internationale,
02:53disons, à travers le prisme du métissage. 18 artistes, donc beaucoup de femmes, d'ailleurs,
02:5713 femmes ont été sélectionnées et des femmes qui viennent de zones de conflit. Je pense à Zana
03:01Kadirova, la crénienne que j'ai continué, mais aussi Chamal Chahibi qui parle justement des
03:07stéréotypes sur la femme du Moyen-Orient, etc. Donc des gens très engagés, en fait. Paris porte
03:12bien son nom parce que Paris, son meilleur atout. Autant les années 2000 ont été très, très dures
03:16pour la France, surtout quand Frise est née, la foire londonienne, en 2003. Il y a eu ce French
03:21bashing qui a été très violent et c'est vrai qu'il y a eu tout ce travail de reconquête du terrain,
03:25je pense, qui a commencé à partir de 2016, le Brexit étant d'ailleurs. Et donc, aujourd'hui,
03:32Paris attire tous les regards. Donc ça, c'est quelque chose de très historique comme tournant
03:37parce que maintenant, les galeries étrangères s'installent à Paris, des galeries puissantes,
03:41des fondations privées sont très actives et ouvrent de nouveaux espaces. Ces fondations privées ont
03:48beaucoup changé le regard de la France vis-à-vis de l'étranger. Aujourd'hui, il y a une offre
03:52culturelle qui est incroyable à Paris et des expositions de premier plan, en fait. Donc ça,
03:59c'est quelque chose qui change beaucoup, j'ai dû dire, le paysage parisien.
04:03Parmi les multiples axes de lecture de la foire, le parcours Immortelle met à l'honneur la peinture
04:09figurative, une tendance forte sur le marché de l'art contemporain. Amélie Adamo et Numa
04:14Ambourssin, experts passionnés, nous livrent leur regard sur cette dynamique.
04:18Nous avons fait avec Amélie une première exposition qui s'appelait Immortelle,
04:22donc qui était à Montpellier, autour de la jeune peinture française, autour de deux générations.
04:27Les peintres naient de 70 à 80, disons première génération, et les plus jeunes naient à partir
04:33de 1980. Immortelle, pourquoi ? Puisque pendant longtemps, on a dit que la peinture était morte,
04:39ça faisait partie des discours qu'on pouvait entendre dans les allées, il y a quelques années.
04:44Et aujourd'hui, évidemment, on est dans un mouvement qui est tout à fait différent.
04:48Donc on avait fait cette exposition et en même temps, on avait une sorte de frustration tous
04:53les deux, c'est qu'on n'avait pas pu, faute de place, présenter des générations plus anciennes.
05:00Or, je crois qu'il ne faut pas justement couper les générations, qu'il y a quelque chose de très
05:04transgénérationnel. Et les uns ont été les professeurs des autres, les uns se sont nourris
05:10des autres, etc. Et d'ailleurs, par exemple, là derrière moi, j'ai une toile de Vincent Bulez,
05:17qui a été professeur à l'École des Beaux-Arts de Paris et qui a enseigné à plusieurs générations
05:24de jeunes peintres français. Et donc, il y a cette filiation qu'on voulait explorer et Art Paris a eu
05:29la gentillesse de nous donner cette opportunité. Il y a un siècle d'écart entre l'artiste,
05:35les aînés en fait, Jeanne Leroy, des artistes vraiment plus anciens et puis les jeunes créateurs
05:41d'aujourd'hui qui sont nés au début des années 2000. Et à l'intérieur de ça, on a eu un fil
05:44conducteur avec Numa qui était de choisir des œuvres qui étaient les plus représentatives de
05:49ce qu'on considérait être les enjeux de la peinture contemporaine, des enjeux qui pour nous
05:53s'appréhendent à travers une approche dialectique qui met en avant des tensions, des tensions qui
05:58sont caractéristiques de la peinture contemporaine, à savoir tensions temporelles entre passé et
06:03présent, des tensions formelles qui mettent en avant des démarches qui sont à la lisière entre
06:08abstraction, figuration, qui remettent en question la notion de représentation et des tensions
06:12symboliques avec des démarches qui sont en lisière de l'engagement et à la fois du retrait au monde
06:17avec des choses plus intimistes, plus sous-tendues par des enjeux sociétaux. Et on se rend compte que
06:22dans les plus jeunes générations, la peinture qui avait été un peu oubliée, qui donnait presque
06:27l'impression d'être un médium qui allait mourir, mais comme d'autres médiums, la céramique par
06:34exemple également, on voit qu'auprès des jeunes générations, il y a une sorte de spontanéité
06:38dans l'utilisation de la peinture, mais nous on refuse le terme de retour, parce que
06:45retour de la peinture signifierait qu'il y a eu un moment où la peinture s'est arrêtée,
06:49or ce n'est pas vrai, il y a un vrai continuum entre les artistes dont parlait Amélie, la
06:56génération Eugène Leroy, puis après Vincent Bioules et puis les plus jeunes, il y a eu beaucoup
07:01d'artistes qui ont permis cette transmission. Absolument, et en fait dans le choix pour rebondir
07:07sur la question du choix des artistes, on a représenté des artistes qui étaient représentatifs
07:11de jalons historiques, l'après-guerre avec le roi en fait, où on a un art qui est dominé
07:16beaucoup par l'abstraction et donc on a des démarches figuratives qui sont quand même là,
07:20les années 60-70 avec la génération de Vincent Bioules qui reviennent à défiguration
07:26après avoir été passés à l'abstraction, les années 80 avec la figuration libre avec des artistes
07:32comme Robert Combas, Denis Lager, Jean-Charles Blais qui sont représentatifs aussi d'un moment
07:37où la peinture figurative est très présente et puis les jeunes générations. Aujourd'hui faire
07:44de la peinture c'est aussi un acte politique ou un acte philosophique au moment où on a une sorte
07:50de vague d'images en continu, d'images pauvres qui sont les images des réseaux sociaux, le fait de
07:59peindre, le fait de prendre le temps de peindre, le fait d'être dans l'atelier et de réfléchir à ce
08:04qu'est l'image est en tant que tel un acte de résistance et c'est bien comme ça que nous on
08:10essaye de le vivre. Absolument, la question du temps de la peinture d'ailleurs c'est vraiment
08:13un des axes de notre parcours Immortel avec des démarches qui sont vraiment nourries de
08:18rapport à la grande peinture, à la tradition avec un champ référentiel très vaste et un
08:25attachement aussi à la question du métier. Si le secteur Immortel offre une lecture formelle de
08:30la foire, le commissaire indépendant Simon Lamunière, lui, a conçu le parcours Hors Limite
08:35comme une exploration thématique audacieuse. Au-delà des frontières, des artistes venus du
08:40monde entier nous invitent à repenser les limites de l'art. Le parcours Hors Limite qu'on a conçu
08:46ici pour Art Paris, c'est un peu né de discussions avec Guillaume Pien, c'est avec l'idée de faire un
08:51choix d'oeuvres d'origine internationale et du coup j'ai choisi particulièrement
08:57même l'internationalité, des artistes qui viennent d'horizons un peu inattendus ou moins
09:03connus. Donc évidemment des artistes originaires de pays qui sont aussi parfois troublés avec cette
09:12question lancinante aujourd'hui qui est les intolérances, qui sont les conflits, qui sont
09:19toutes ces autocraties en fait qui se mettent en place, des visions hégémoniques et donc de
09:25réagir par rapport à cette situation politique on va dire actuelle. On sait que les artistes ont
09:30toujours été très engagés, parfois des périodes plus que d'autres et dans cette période je trouve
09:36particulièrement troublée, particulièrement embarrassante on va dire par rapport aux
09:40tolérances, par rapport à l'ouverture d'esprit. Je voulais souligner un petit peu cette tendance
09:46qui est assez forte depuis un certain nombre d'années où on voit des femmes s'exprimer, on voit
09:50la décolonisation, on voit tous les phénomènes de relecture historique et de souligner en fait
09:56cet aspect là. C'est un peu le reflet de notre époque je pense, on l'a vu à la Biennale de
10:01Venise l'an passé, des thématiques sur les étrangers qui sont partout et de justement enfin
10:06je trouve surtout, on le voit depuis les dernières élections ou de toutes ces autocraties dans le
10:11monde, que c'est important en fait de même donner cette parole. On a des formalismes qui sont très
10:18différents puisque les origines culturelles sont différentes et c'est ça justement cet apport qui
10:24va nous amener à un nouveau métissage, qui va nous amener de nouveaux regards parce que chacun
10:28parle ou chacune parle avec ses différentes cultures en fond si vous voulez ou en motif
10:34devant et c'est vraiment là où on voit que là il y a une perspicacité aussi de la part des
10:41artistes de regarder le monde différemment. Chaque année Art Paris met en lumière les talents
10:47émergents offrant aux jeunes collectionneurs l'opportunité de découvrir les artistes qui
10:52façonneront la scène contemporaine française et internationale de demain. Marc Donadieu,
10:57commissaire d'exposition, nous éclaire sur la question. C'est un secteur qui existait déjà
11:01auparavant mais qui ne concernait que neuf galeries et donc là avec le déménagement au Grand Palais
11:08on l'a agrandi donc c'est 25 galeries de moins de dix ans d'existence et qui peuvent présenter de
11:17un à trois artistes seulement et qui bénéficient d'une retourne de 45% par rapport au prix normal
11:26du stand. Donc c'est un moyen de mettre le pied à l'étrier à des toutes nouvelles galeries et puis
11:33qui viennent avec des propositions très audacieuses pour montrer le meilleur de la nouvelle génération
11:40des galeristes. On fait toute une prospection tout le long de l'année en France, en région,
11:47en Europe, à l'international pour regarder justement le meilleur. Il y a une tendance
11:54globale qui est très importante c'est la peinture figurative. Alors c'est vrai qu'il y a le parcours
12:01immortel dont beaucoup de galeries ont postulé parce qu'ils avaient la connaissance de ce parcours
12:07mais c'est une tendance de fond avec aussi bien des artistes, des peintres très confirmés que
12:14des jeunes artistes qui viennent de sortir de l'école des beaux-arts et puis
12:19aussi beaucoup d'artistes étrangers qui revisitent aussi la peinture autrement. Donc on est sur le
12:25renouvellement de la peinture. On a aussi évidemment l'expression des communautés. On expose pour la
12:33première fois un artiste autochtone inuit par exemple d'une galerie de Québec. On expose un
12:39artiste brésilien aussi qui fait un travail formidable. On a aussi deux galeries qui sont
12:46venues avec des figures importantes de la communauté LGBTQIA+. Donc on est dans ces débats
12:53actuels aussi sur l'expression des communautés. On continue ce qu'on avait initié l'année dernière
12:59c'est un rapport au craft donc le renouvellement du textile, de la sculpture, de la céramique. On a
13:08une galerie asiatique qui est venue avec deux propositions de céramique et de tressage de
13:13bambous absolument magnifiques. Et puis on a aussi dans le secteur de la peinture un renouvellement
13:19même du médium et des pratiques. Par exemple dans la galerie qu'il y a derrière moi, la peinture est
13:25faite avec du sable, du verre pilé. Donc c'est aussi des techniques. Au bain-rond on a Gillian
13:31Brett qui redéfinit la sculpture à partir de moulages, de choses technologiques où elle grave
13:38des écrans LCD et donc elle crée des nouvelles images qui ne sont pas l'image diffusée par ces
13:44écrans mais j'allais dire les déchirures, les accidents qu'elle produit sur l'écran produisent
13:49une image complètement inédite. Donc il y a aussi ce renouvellement des pratiques qui amène vers des
13:54choses totalement innovantes et qui renouvelle même le regard sur l'extrême contemporain. Je dirais
14:00qu'en fait sur à Paris globalement et surtout sur le secteur promesse on voit ce qu'on ne voit pas
14:05ailleurs et aussi on voit au présent ce que va être le futur de l'art. Entre les tendances
14:10artistiques émergentes que l'on peut découvrir au sein du secteur promesse et les artistes
14:15majeurs que l'on peut découvrir au sein des allées d'Art Paris, la Foire présente un marché en
14:19constante évolution. Merci à vous toutes et tous de nous avoir suivi. C'était Arrêt Marché en
14:24immersion au sein de la Foire Art Paris.

Recommandations