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Jeudi 3 avril 2025, retrouvez Virginie Lazès (Associée gérant – Co-Head de l’équipe TMT Global Advisory, Rothschild & Co) dans SOMMET DES ENTREPRISES & CROISSANCE, une émission présentée par Mathieu Meffre.

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Transcription
00:00Nous recevons maintenant au plateau pour cette douzième édition du Sommet Entreprises et Croissance
00:10une personne que nous connaissons bien, Virginie Lazès, bonjour !
00:13Bonjour monsieur !
00:14Vous êtes associée gérante au sein de Rothschild, co-aide de l'équipe TMT au niveau Europe, c'est un plaisir de vous recevoir.
00:22Plaisir d'être là !
00:23Vous êtes une des figures emblématiques du monde de la tech côté banque d'affaires,
00:28vous avez accompagné un nombre infini de success stories,
00:34vous vous accompagnez également les boîtes de la tech dans la période légèrement corrective que nous vivons depuis 2-3 ans.
00:40Merci d'être avec nous !
00:41Vous intervenez sur un panel évidemment qui se prête à votre expertise, croissance et expansion internationale.
00:47Qu'est-ce que vous êtes venu partager avec ces entrepreneurs aujourd'hui ?
00:50On est en 2025, on connaît le contexte international, est-ce que c'est un moment plutôt bully ou bury ?
00:58L'expansion internationale a toujours été compliquée.
01:02Quand tout allait bien, c'était assez logique pour une entreprise tech bien financée,
01:10c'était assez logique de se dire qu'elle devait partir à l'international et aller acheter des sociétés en Europe,
01:18mais tout était très cher.
01:20Aujourd'hui, le contexte a changé, il y a une prime aux acheteurs,
01:24donc il y a toujours une prime à un déploiement international parce que les cibles sont moins chères,
01:29les valorisations ont baissé, certaines cibles sont même en situation de distress,
01:34et le moment se prête plutôt bien à cette consolidation internationale,
01:39et plutôt en Europe je dirais, parce que le principal écueil pour les boîtes tech françaises, européennes,
01:47ça a été de se dire le rêve américain, je vais aller m'implanter aux US,
01:52et ça a toujours été compliqué, ça l'est encore plus aujourd'hui.
01:56Et au contraire, avec toutes les thématiques fiscales et tout ce qu'on peut avoir en tête,
02:00bref, ce petit mur qui se dresse sur l'Atlantique,
02:05est-ce que ce n'est pas le moment d'aller acheter une boîte sur place pour contourner les problèmes ?
02:11Je pense que pour une boîte tech, il y a beaucoup à faire en Europe.
02:17Constituer un acteur leader européen, c'est vraiment constituer un actif stratégique
02:23qui sera très bien valorisé par un acheteur américain,
02:26parce que les Américains, en tout cas les hommes de business ou les boîtes tech américaines,
02:31vont toujours s'intéresser à l'Europe indépendamment de ce que pense leur président,
02:36et ils ne veulent pas racheter une société française, puis une société allemande,
02:41puis pour eux l'Europe reste quand même un continent compliqué,
02:45donc acheter un acteur qui a consolidé l'Europe représente un vrai intérêt pour eux.
02:50Donc vraiment, moi ça a toujours été mon conseil aux entrepreneurs,
02:55votre terrain naturel, c'est l'Europe.
02:58Faites le boulot compliqué, consolidez l'Europe, et là vous vaudrez très cher.
03:02Alors qu'aller aux Etats-Unis, les Américains ne vous attendent pas.
03:05Les Américains ont des boîtes tech incroyables, le marché américain est ultra concurrentiel,
03:11et c'est quand même très compliqué.
03:14Il y a très peu de successories de sociétés européennes qui ont réussi à conquérir les Etats-Unis,
03:21et il y a beaucoup plus de consolidation en Europe.
03:24Et dans les années à venir, consolider l'Europe restera quelque chose de très intéressant à faire.
03:32Attendez, on parle quand même d'une situation dans laquelle tout va bien et je peux acheter,
03:37mais il y a quand même un sujet également de financement, que ce soit en dette ou en equity.
03:41Aujourd'hui, il y a de l'investisseur en dette ou en equity dans la tech ?
03:45Alors, il y a pas mal d'investisseurs qui se sont révélés dans les deux ou trois dernières années
03:51qui sont des investisseurs qui sont là pour financer la consolidation en Europe.
03:56Ce sont des fonds qu'on appelle les fonds de buy and build,
04:00ce sont les fonds de growth qui vraiment financent les meilleurs acteurs européens pour consolider l'ensemble du marché.
04:10Donc là, pour ça, il y a de l'argent, oui.
04:12Il y a beaucoup moins d'argent pour financer des start-up de Seria et financer…
04:17C'est le venture qui a baissé au profit du growth ?
04:19Le venture digital a quasiment disparu.
04:25Donc là, un entrepreneur qui nous regarde, qui a une super idée, qui est dans la version…
04:31Allons jusqu'à la POC, ce qui est déjà un achievement, c'est difficile de se financer.
04:35C'est très compliqué.
04:36Aujourd'hui, l'argent est là pour financer de la deep tech dans les parties venture, Seria, Seribé,
04:44et l'argent est là dans le growth pour financer de la consolidation et de la croissance externe.
04:50Entre les deux, c'est vraiment très compliqué.
04:54C'est la traversée du désert.
04:56On paye un peu les excès de financement un peu extrêmes.
05:02Et là, aujourd'hui, les investisseurs ont compris que financer des entrepreneurs pour qu'ils dépensent du marketing,
05:08qu'ils achètent leurs clients et qu'ensuite, ils n'arrivent pas à le rentabiliser, c'était un peu une aberration économique.
05:13On sait qu'on était avant dans un marché de projection, de croissance.
05:21Cette règle des 40, des 60, tout ce que vous voulez.
05:24On est rentré dans un monde de renta, en tout cas de scénario de rentabilité rapide, de profitabilité pérenne.
05:33Qu'est-ce qui va remettre le feu aux poudres, positivement parlant, dans la tech ?
05:37Est-ce que les gens ne sont pas encore assez matures ?
05:40Est-ce que les entreprises de tech ne sont pas encore assez matures sur la profitabilité ?
05:43Et tant qu'on n'y sera pas, ça va encore rester comme ça ?
05:46Qu'est-ce qui pourrait faire en sorte qu'on reparte dans cette French Tech un peu ?
05:49Il y a deux grosses révolutions qui sont devant nous et qui peuvent réveiller la French Tech.
05:55C'est l'IA et c'est le quantique.
05:59L'IA et le quantique nécessitent des compétences assez pointues en maths, en algo, en physique.
06:07Il y a des écoles françaises et des ingénieurs français qui sont reconnus mondialement pour ça.
06:12La France a un gros avantage sur ces deux segments.
06:17Les meilleurs spécialistes data français ont été recrutés par la Meta, etc.
06:23Mais aujourd'hui, ils reviennent en France.
06:26Vous avez vu dans le quantique, et donc dans l'IA, Mistral.
06:31Il va y avoir maintenant dans l'IA, au-delà des LLM qui sont quand même des enjeux mondiaux et compliqués à financer.
06:38Maintenant, on a la déclinaison dans l'IA agentique qui est quelque part la nouvelle vague software SaaS
06:44sur laquelle beaucoup de startups vont pouvoir se développer et créer de la valeur.
06:50Dans le quantique, vous avez Pascal, Alice et Bob, Candela, etc.
06:55qui sont aussi des sociétés qui sont capables de rivaliser avec les meilleurs mondiaux.
06:59Le moment quantique est en 2030, c'est demain le quantique.
07:06C'est une énorme révolution.
07:08Tout ça, je pense que ça va vraiment booster la French Tech
07:13parce qu'on a les bonnes compétences scientifiques, on a les bons ingénieurs.
07:17On a aussi des entrepreneurs qui savent s'allier à ces scientifiques-là.
07:23On a maintenant un écosystème de financement qui a prouvé qu'il était capable de financer.
07:28Et on a appris de nos erreurs de la première vague French Tech.
07:32Je suis très optimiste quant à cette capacité de rebond de la French Tech française
07:38sur des vrais sujets créateurs de valeur qui sont très porteurs.
07:44Merci infiniment pour ces observations.
07:46On a donc un pays qui a un vrai edge, son épingle attiré de cette situation
07:53dans laquelle les mathématiques au sens large vont être valorisées.
07:57On a les talents, on a les entrepreneurs, on a la banquière.
08:01Donc, il n'y a plus qu'à.
08:02Merci beaucoup.
08:03En tout cas, on suivra de très près l'actualité de la Tech.
08:05On se retrouve sur nos plateaux, je l'espère, très bientôt.
08:08Pour ma part, je vous retrouve dans un instant pour la suite de ces émissions
08:10au Sommet Entreprises et Croissance 2025.
08:13Merci à tous.

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