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Le 18 mars 2025, la commission d’enquête sur l’utilisation des aides publiques aux grandes entreprises et à leurs sous-traitants auditionnait Florent Menegaux, le Président-Directeur général du groupe Michelin. Le 5 novembre 2024, l’entreprise a annoncé qu’elle fermait deux de ses sites français, à Cholet dans le Maine-et-Loire et à Vannes dans le Morbihan, qui emploient 1 254 personnes. Les sénateurs ont donc souhaité auditionner le PDG de Michelin puisque le groupe a reçu plusieurs dizaines de millions d’euros d’aides publiques et d’allégements de cotisations sociales en 2023. Face à la commission d’enquête, Florent Menegaux a rappelé que son entreprise restait engagée en France et que les aides publiques étaient essentielles face à une concurrence internationale toujours plus forte. Ses propos n’ont pas convaincu, Fabien Gay, rapporteur communiste de la commission d’enquête, qui s’est dit “scandalisé” par le fait que la multinationale française “touche de l’argent public, verse 1,4 milliard d’euros de dividendes et licencie 1 200 personnes”. Année de Production :

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00:00:00Bonjour à tous, ravi de vous retrouver sur Public Sénat pour un nouveau numéro de 100% Sénat, l'émission qui vous fait vivre les travaux de la Haute Assemblée.
00:00:17La commission d'enquête du Sénat sur les aides publiques versées aux entreprises poursuit ses auditions. Je vous propose d'écouter le PDG du groupe Michelin.
00:00:25Michelin qui a annoncé en novembre dernier la fermeture de deux sites, à Cholet et à Vannes, qui employaient 1 200 personnes,
00:00:32alors que cette entreprise a touché des dizaines de millions d'euros d'aides publiques en 2023. Je vous propose d'écouter cette audition.
00:00:40Mon propos liminaire, c'est de dire en quoi les aides publiques sont essentielles pour la compétitivité, l'innovation et la localisation en France.
00:00:49C'est d'ailleurs similaire en France et partout dans le monde. Les aides publiques représentent un levier d'action pour un État, stratège, et pour des collectivités.
00:01:01Les dispositifs d'aides publiques existent partout dans le monde. C'est un outil d'attractivité pour un État.
00:01:07C'est-à-dire que quand Michelin a un investissement en Europe, par exemple, derrière, il y a plusieurs États qui concourent pour recevoir l'investissement de Michelin.
00:01:18Donc l'objectif, c'est soit d'aider les entreprises à atteindre leurs objectifs sociétaux, en particulier environnementaux, par exemple, soit maintenir la compétitivité.
00:01:28Sans compétitivité, je le rappelle, il n'y a pas de pérennité des entreprises. C'est-à-dire qu'il faut bien comprendre que dans un marché mondialisé avec une concurrence extrêmement intense,
00:01:39la compétitivité est au cœur des questions de pérennité d'une activité ou d'une entreprise.
00:01:45Et s'il n'y a pas de pérennité de l'entreprise, il n'y a pas de possibilité de rétribution de l'entreprise vis-à-vis de la société.
00:01:52Et donc c'est un échange permanent où on doit gérer un équilibre de l'activité de l'entreprise.
00:02:00Dans un contexte concurrentiel intense, l'activité de fabrication de pneumatiques et de vente de pneumatiques est une activité extrêmement concurrentielle à l'échelle mondiale,
00:02:10et particulièrement sur les territoires européens.
00:02:16Et dans ce contexte concurrentiel très intense, le maintien de la pérennité de l'entreprise implique parfois de faire des choix difficiles, comme des choix de fermeture d'activité.
00:02:30Une entreprise, c'est un organisme vivant qui doit en permanence s'adapter à son environnement.
00:02:36Je dis souvent qu'une entreprise, ce n'est pas un musée, et l'entreprise, ça vit, et ça dépend des conditions de marché, des conditions de compétitivité,
00:02:46de beaucoup de facteurs, de l'évolution de ses clients, de l'évolution des attentes de ses clients, ça dépend de beaucoup de choses.
00:02:53Mais bien sûr, l'entreprise est une entité responsable, c'est-à-dire que quand on ferme une activité,
00:03:01c'est vraiment qu'on a exploré et épuisé toutes les autres solutions.
00:03:06Une entreprise, c'est d'abord des entrepreneurs qui décident d'investir.
00:03:12La fermeture, c'est vraiment la fin d'un chemin d'entreprenariat, et c'est vraiment la chose qu'on fait en dernier ressort, parce qu'on comprend bien les conséquences,
00:03:19et pour les individus qui sont directement ou indirectement concernés, et pour les territoires qui sont affectés par les fermetures.
00:03:26Et dans cet environnement concurrentiel, il est aussi très important qu'une entreprise reste attractive pour les recrutements, et aussi pour ses clients.
00:03:40Une autre notion, c'est que le groupe Michelin reçoit différents types d'aides.
00:03:45Alors, je vais rentrer dans une analyse un peu analytique, je vous prie d'en excuser, pour préciser toutes les aides dont bénéficient Michelin,
00:03:53qui sont de différentes natures.
00:03:55La première nature, c'est le soutien à l'emploi, avec des aides directes sur les activités partielles, ou les aides à l'embauche, formation et reconversion.
00:04:03Sans ces aides, une entreprise comme Michelin, qui connaît des fluctuations de marché assez brutales à différents moments, ne pourrait pas continuer d'opérer comme elle opère.
00:04:12Donc elles sont indispensables.
00:04:15Pour les mettre en perspective, la société MFPM, qui est la Manufacture française des pneumatiques Michelin,
00:04:22donc la société qui opère les activités en France, a perçu sur ce soutien à l'emploi 10,6 millions d'aides en 2023,
00:04:31pour une masse salariale versée en 2023 de 1,5 milliard d'euros.
00:04:37Le deuxième type d'aide, c'est le soutien aux mécénats, avec des déductions fiscales.
00:04:41Entre 2019 et 2024, la Fondation, plus les mécénats de compétence de Michelin, ont bénéficié de 43,5 millions d'euros de déduction fiscale,
00:04:56pour 101,2 millions d'euros de dépenses.
00:05:02Donc le rapport des aides, c'est à peu près 8 millions d'euros par an, si on prend sur les cinq ans.
00:05:07Troisième type d'aide, c'est le soutien à la compétitivité.
00:05:10Je le rappelle, ces soutiens à la compétitivité sont indispensables pour maintenir un certain leadership dans une concurrence mondiale,
00:05:17encore une fois, dont les règles du jeu ne sont pas harmonieuses, c'est le moins qu'on puisse dire à l'échelle mondiale.
00:05:25Et Michelin ne sollicite ces aides que lorsque c'est indispensable et lorsqu'elles s'inscrivent dans sa stratégie.
00:05:33Sinon, on ne sollicite pas d'aide pour solliciter des aides.
00:05:37Michelin n'est pas dans le business de recevoir des aides, pour le principe de recevoir des aides.
00:05:43Alors, ces aides à la compétitivité sont de différentes natures.
00:05:46La première, c'est des aides pour compenser le poids de la fiscalité.
00:05:53Ce sont des réductions de cotisations générales ou des allégements de cotisations, maladies et allocations familiales.
00:06:00La MFPM, la Société de Manufacture française des pneumatiques Michelin, a perçu 32,4 millions d'euros d'aides en 2023 pour 400 millions de cotisations,
00:06:12et je le répète, 1,5 milliard de masse salariale en France.
00:06:19L'autre type d'aide, c'est compenser le coût de l'énergie.
00:06:22Nous en avions parlé lors de l'autre commission du Sénat, il y a quelques semaines.
00:06:27Le coût de l'énergie s'est envolé avec le conflit russo-ukrainien.
00:06:34Et là, ce sont des aides directes sollicitées.
00:06:38En France, entre 2022 et 2024, Michelin aura perçu 4 millions d'euros,
00:06:43alors que le surcoût énergétique supporté par Michelin, après toutes les économies de consommation qui ont été faites par Michelin,
00:06:50aura été de 129,4 millions d'euros de surcoût supporté par Michelin.
00:06:564 millions d'aides, 129,4 millions d'euros de surcoût.
00:07:01Et la facture totale sur la même période de l'énergie dépensée par Michelin en France, c'est 364,3 millions d'euros.
00:07:09Il y a deux sites, principalement, qui ont été bénéficiaires de ces aides.
00:07:12C'est un site à Bordeaux qui fabrique du caoutchouc synthétique, et un autre site qui fait du rechappage à Avalon, je l'ai dit dans l'autre commission.
00:07:20Il faut savoir que le coût d'un rechappé Michelin de pneus poids lourds fabriqués à Avalon est beaucoup plus cher aujourd'hui, vendu sur le marché,
00:07:28que le prix d'un pneumatique chinois importé sur le marché français.
00:07:36Le troisième type d'aide, c'est favoriser la modernisation industrielle.
00:07:39En général, ce sont plutôt des subventions des collectivités territoriales.
00:07:44Et Michelin, il faut que vous le sachiez, est peu, voire pas, éligible à ces aides, car nous sommes considérés comme un grand groupe.
00:07:52Et nous sommes capés par la règle des minimis au niveau européen. Je crois qu'elle se monte à 300 000 euros.
00:08:00Voilà, 300 000 euros maximum par an.
00:08:02Donc en 2023, Michelin aura touché 1,4 million d'euros pour des dépenses Michelin de modernisation de ses sites, en France, de 155 millions d'euros.
00:08:13Favoriser la transition environnementale des sites, c'est un autre type d'aide.
00:08:17Donc en 2023, Michelin aura touché 1,8 million d'euros, sachant que les dépenses de Michelin étaient de 14,5 millions d'euros sur cette partie-là,
00:08:26dont une partie était déjà inclue dans les 155 millions d'euros dont je viens de vous parler.
00:08:32Enfin, vous avez les soutiens à la R&D, qui sont de deux natures.
00:08:35Vous avez le Crédit Impôt Recherche et vous avez des subventions directes à la R&D.
00:08:40Alors, sur le Crédit Impôt Recherche, en 2023, Michelin aura touché 40,4 millions d'euros pour des dépenses de recherche et développement, je le répète,
00:08:48de 400 millions d'euros uniquement pour la France et sur un budget d'innovation totale à l'échelle du groupe, à l'échelle mondiale, de 1,2 milliard d'euros.
00:08:58Les subventions, donc là, c'est de l'argent direct qui est versé, les subventions 2020 à 2024 représentent 14,7 millions d'euros sur la période
00:09:07pour des dépenses Michelin sur les projets qui ont fait l'objet de subventions de 82 millions d'euros.
00:09:15Il y a deux grands projets qui ont bénéficié de ces subventions.
00:09:18Il y a un projet de pneus avions qui est un projet qui a été développé aux côtés d'un consortium Safran, d'Assos Aviation et d'autres fournisseurs français
00:09:29pour améliorer les pneus avions et la connectique de ces pneus.
00:09:35Il y a un deuxième grand projet qui est le projet Empreintes qui a eu lieu entre 2020 et 2025
00:09:40qui était là pour réduire l'empreinte environnementale de nos produits et développer toute une nouvelle génération de matériaux recyclés
00:09:47ou de matériaux biosourcés qui seraient utiles pour nos types d'activités, pour nos gammes de pneus.
00:09:53Je le répète, nous avons touché au total en subventions sur ces activités, principalement ces deux grandes séries de projets,
00:09:5914,7 millions pour une dépense engagée par Michelin de 82 millions d'euros.
00:10:05Les aides publiques à la recherche et au développement permettent soit d'aller plus vite et d'aller plus loin dans l'innovation.
00:10:13La vitesse dans le monde dans lequel on est est très importante.
00:10:18De le faire en France et bien sûr de favoriser des partenariats de recherche et développement.
00:10:24Je vais vous citer un certain nombre d'exemples.
00:10:26Ces partenariats sont soit privés, privés, soit privés-publics.
00:10:30Je vous donnerai une série d'exemples.
00:10:32La troisième partie de mon propos liminaire concerne l'encadrement de toutes ces aides que je viens d'énumérer.
00:10:40Alors il faut savoir que chaque projet qui est aidé fait l'objet d'une convention qui fixe les conditions de suivi.
00:10:49Chaque projet dont le contrôle notamment, le conditionnement, le contrôle, le suivi et qu'est-ce qui se passe si jamais il y a un défaut dans un de ces préalables.
00:11:01Il fait référence à une réglementation ou à un dispositif CADA.
00:11:06Donc chacune des aides que je viens d'énumérer est très encadrée.
00:11:10Alors le premier dispositif c'est le conditionnement.
00:11:15Donc chaque dispositif d'aide vise un objectif particulier.
00:11:18On l'a vu, quand j'ai énuméré, il y a un objectif visé sur une aide.
00:11:23Donc ce n'est pas une aide générale, ce n'est pas une aide à l'entreprise, c'est une aide sur tel ou tel projet ou tel ou tel dispositif.
00:11:31Donc un dispositif qui est dédié à la compétitivité n'est pas lié au maintien de l'emploi général.
00:11:38Il est lié à une activité dont on a déterminé qu'on pouvait bénéficier d'un soutien en termes de compétitivité.
00:11:47Alors je vais vous donner différents exemples.
00:11:50Donc les baisses de consommation d'eau.
00:11:52Donc les agences de l'eau suivent et fixent les conditions des aides par une délibération CADA.
00:12:00Et la convention est signée pour chaque projet.
00:12:03Donc chaque site qui a un projet d'économie d'eau et qui réclame une aide est suivi analytiquement.
00:12:14Donc sur la modernisation de l'outil de production, c'est accordé par les collectivités et la BPI en général.
00:12:20Donc ces aides-là font l'objet de conditions de maintien de l'activité ou de retombées économiques attendues et qui sont suivies.
00:12:30Et en cas de non-respect, bien sûr, toutes ces aides doivent être remboursées, comme précisé dans chaque convention.
00:12:36Chaque convention définit des modalités d'application, de délivrance et de sanction si jamais les objectifs communs n'ont pas été atteints.
00:12:45Ensuite, en termes de suivi, l'attribution définitive des aides se fait sur pièce justificative.
00:12:53Le conditionnement, c'est-à-dire que pour être éligible à une aide, il faut déjà déposer un dossier.
00:12:59Mais ensuite, pour déclencher l'activation de l'aide, il faut également démontrer que c'est toujours pertinent.
00:13:06Par exemple, on va prendre les certificats d'économie d'énergie.
00:13:10Un barème d'aides est appliqué sur la base de factures par rapport au gain environnemental souhaité ou constaté.
00:13:18C'est le relevé des consommations.
00:13:20Par exemple, sur la décarbonation, ça détermine X euros par mégawattheure économisée.
00:13:28Sur la R&D, en dehors du crédit impôt recherche, sur lequel je vais revenir, puisque le crédit impôt recherche a son propre déterminisme, je dirais.
00:13:38Sur le soutien à la R&D, en général, c'est plutôt l'ADEME qui fait ce suivi-là.
00:13:43Il y a un suivi annuel de chaque projet avec des livrables, des justificatifs de dépenses analytiquement suivis et un versement de l'aide par étape.
00:13:53C'est-à-dire que vous avez une enveloppe et ensuite, vous avez des droits de tirage en fonction de l'avancement de chacun des projets qui a été démontré et validé.
00:14:02Ensuite, en termes de contrôle, les supports en vue d'un contrôle sont établis a priori.
00:14:09On définit ensemble avant comment on va déterminer à l'avance le suivi.
00:14:17Mais des audits, bien sûr, peuvent être faits. D'ailleurs, ça a été le cas.
00:14:21Michelin a eu deux projets audités de recherche et développement qui ont été terminés en 2014 et qui ont été audités en 2018.
00:14:29L'origine des sanctions sur ces aides-là, c'est le remboursement partiel ou intégral si jamais une des clauses n'a pas été faite.
00:14:37— Merci pour vos propos introductifs. L'exercice de transparence sur le montant des aides publiques, nous partageons avec vous.
00:14:49De l'argent public, il n'y a pas de honte à ce qu'il soit rendu public, qu'il soit transparent.
00:14:55D'ailleurs, on est assez inquiets, voire désabusés, de voir qu'on a vu à peu près toutes les administrations ici pendant un mois
00:15:07qui étaient incapables de nous dire combien chaque entreprise touche d'argent public et de quels dispositifs, et notamment simplifier, harmoniser.
00:15:16On sait qu'il existe 2 200 dispositifs. On ne peut que plaider sur la question.
00:15:22Bon, vous avez dit beaucoup de choses. Moi, je veux en revenir sur une qui m'a un peu étonné,
00:15:28puisque là, elle est à contrario de tout ce qu'on a entendu jusqu'à aujourd'hui. Je vais m'en expliquer.
00:15:35Vous avez dit que l'argent public, il est très bien conditionné, il est vérifié.
00:15:40Si on n'y a pas droit, on nous le reprend. C'est l'administration fiscale. Ça, c'est réel pour tout le monde.
00:15:45Après, sur le suivi et la vérification de l'efficacité, là, vous êtes le premier à nous le dire.
00:15:51Non, je vous dis ça parce que, par exemple, on a auditionné le père du CICE, Louis Gallois, qui nous a dit
00:16:01« Nous, on n'a pas fait le CICE pour l'emploi. On a fait le CICE pour la compétitivité », ce que vous nous avez dit.
00:16:09Mais il nous a dit lui-même « La compétitivité, de toute façon, ça ne s'évalue pas ».
00:16:14Donc on donne de l'argent public et on dit « De toute façon, même si on voulait l'évaluer, ça ne fonctionne pas ».
00:16:20Et l'administration fiscale, IGF, la TGFI, tout le monde nous dit « De toute façon, sur plein de dispositifs, c'est complexe de vérifier son évaluation ».
00:16:31Donc je suis un peu surpris que vous me disiez, après nous avoir cité plein de chiffres,
00:16:35mais j'ai vu que vous avez spécifié deux dispositifs périphériques sur le soutien à l'ADEME, la question de l'eau.
00:16:45Mais tout le reste, c'est un peu complexe. Et j'en reviens.
00:16:48Ma première question porte sur le montant du CICE que vous avez touché.
00:16:53Si mes chiffres ne sont pas bons, vous les corrigerez avec plaisir, M. le Président.
00:16:58Donc de 2013 à 2019, aujourd'hui, c'est des allègements de cotisations, en moyenne, 22,6 millions d'euros.
00:17:07Et là, il y avait un débat. Est-ce qu'il faut le cibler ?
00:17:14Donc vous l'avez fait. Vous avez dit à quoi ça va servir.
00:17:17Par exemple, vous le savez, 4,3 millions d'euros en 2017 pour le site de la Roche-Orion.
00:17:24Sauf que c'est cette année-là où vous décidez de fermer le site. On y reviendra.
00:17:30Et donc, vous avez dit que les investissements devaient servir à la rénovation d'ateliers de cuisson
00:17:36et l'achat de huit nouvelles machines d'assemblage que vous avez achetées.
00:17:41Deux machines d'assemblage, achetées avec le CICE, ont été montées.
00:17:47Puis après démontées, puisque vous avez fermé le site.
00:17:50Mais six autres sont restées dans les cartons et sont parties dans des usines en Espagne, en Roumanie et ailleurs.
00:17:58Est-ce que vous ne pensez pas que l'argent public, c'est ma première question,
00:18:02qui est donné par le contribuable français, aussi vos salariés, doit engendrer des investissements en France ?
00:18:10Ou est-ce que vous considérez que de l'argent public français peut vous être donné, y compris des investissements hors de France ?
00:18:18Je vous remercie.
00:18:21Alors, l'argent public français, il doit servir à aider les activités en France.
00:18:27Donc là-dessus, je crois qu'on est parfaitement d'accord. Il n'y a pas de sujet.
00:18:32Sur le CICE de la Roche-Orion, je ne l'ai pas en mémoire.
00:18:38La fermeture du site de la Roche-Orion était annoncée en 2019 et effectivement en 2020.
00:18:51Donc juste pour une précision.
00:18:53Par contre, ce que je peux dire, c'est que...
00:18:56Mais le montant...
00:18:59Mais surtout, les six machines-outils sur les huit n'ont jamais vu la Roche-Orion.
00:19:06On est d'accord.
00:19:08Non, elles ont commencé à être déployées sur le site de la Roche-Orion et puis après, on a décidé de fermer.
00:19:15Il y en a eu deux.
00:19:18Donc honnêtement, je n'ai pas la...
00:19:21Par contre, ce que je peux vous dire, c'est que ça correspond effectivement à la réalité de ce que je vous disais sur les décisions de fermeture.
00:19:29Une décision de fermeture, il n'y a pas de pré-programmation très longtemps à l'avance d'une fermeture.
00:19:34C'est parce que quand on prend la Roche-Orion, sur les périodes proches de ce dont vous parlez, on a essayé différentes choses.
00:19:44Et donc on a essayé de se dire, si on continue à investir sur la Roche-Orion, est-ce qu'on peut y arriver ?
00:19:48Et on arrive deux ans après à la conclusion qu'on n'y arrive pas.
00:19:51C'est-à-dire qu'on a perdu, je l'ai rappelé dans l'autre commission, nous avons perdu beaucoup de parts de marché en fabrication de pneus poids lourds.
00:19:57La Roche-Orion était à l'époque le site le plus cher du monde pour fabriquer des pneus poids lourds.
00:20:04On était en surcapacité massive.
00:20:07Donc on ne voyait pas comment faire pour continuer cette activité.
00:20:12Donc il n'y a pas de corrélation directe entre on touche le CICE et ensuite derrière on va délocaliser l'activité.
00:20:18Ce n'est pas du tout la manière dont on procède chez Michelin. Pas du tout.
00:20:23D'ailleurs, je n'ai pas le détail, mais sur cette partie-là, je considère qu'on devrait être capable de rembourser.
00:20:35Si le CICE n'a pas servi aux machines qui sont restées en France, ce ne serait pas anormal qu'on les rembourse.
00:20:41Mais ce n'est pas le cas sur tous les autres sujets.
00:20:44Je vais au bout parce que j'ai deux ou trois questions.
00:20:47Je sais que beaucoup de mes collègues... Je vais dérouler quelque chose et puis après je vous laisserai.
00:20:52Je vois plein de collègues, mais c'est vous qui le dites.
00:20:55En tout cas, vous avez cité au CICE, pas vous directement.
00:20:59La direction dit qu'on va cibler à quoi correspond pour chaque site le CICE.
00:21:04La Roche-Orion, vous dites, cible 4,3 millions.
00:21:08Vous donnez un objectif d'acheter huit machines-outils.
00:21:11Deux seront déployées, les six autres vont rester dans les cartons.
00:21:15Puis après, vous fermez deux ans après, pas de problème.
00:21:20Et donc se pose une question, c'est que ces machines-outils ont été achetés avec l'argent du contribuable
00:21:27et elles n'auront jamais vu un site de production français.
00:21:30Peut-être, on peut avoir le débat, est-ce qu'il fallait-il ou pas fermer le site de la Roche-Orion ?
00:21:35Peut-être que ces machines-outils auraient pu être redéployées dans un autre des quinze sites industriels
00:21:40et vous avez fait un choix, c'est de les mettre ailleurs en Europe.
00:21:44Et vous, vous ouvrez vous-même la porte à dire potentiellement, peut-être, faut-il rembourser l'argent.
00:21:49Je n'ai même pas été jusqu'à là, vous aurez vu.
00:21:52Moi, je vous le dis, les machines de fabrication de pneus poids lourds,
00:21:55elles servent à fabriquer des pneus poids lourds.
00:21:57On ne peut pas fabriquer d'autres types de pneus.
00:21:59Il n'y a plus de fabrication de pneus poids lourds en France.
00:22:01Ce n'est plus possible de fabriquer économiquement des pneus poids lourds en France.
00:22:04Donc malheureusement, ces machines qui étaient dédiées à fabriquer des pneus poids lourds
00:22:07n'ont pas d'utilité dans d'autres sites en France
00:22:10parce qu'il n'y a plus de fabrication de pneus poids lourds en France.
00:22:13Bon, ma deuxième question, je vous remercie pour les chiffres du crédit d'impôt recherche.
00:22:19Ça, c'est un vrai débat.
00:22:21Pour que tout le monde soit éclairé.
00:22:23Parce qu'on a appris ça dans la commission, notamment en voyant l'administration.
00:22:27Alors ça, c'est pareil.
00:22:29Là, en termes d'évaluation et de conditionnement, on est très léger.
00:22:34Parce qu'il faut que tout le monde ait bien en tête
00:22:39que moi je croyais, bêtement, je vais dire ça,
00:22:43que l'on donnait du crédit d'impôt recherche, on peut avoir le débat.
00:22:46Je ne suis pas contre les aides publiques si la recherche se fait en France.
00:22:50Mais nous apprenons donc que la recherche n'est pas obligatoire en France.
00:22:54Donc est-ce que vous corroborez ?
00:22:57Donc vous nous dites un peu plus de 44 millions d'euros de crédit d'impôt recherche.
00:23:0240,4.
00:23:05Et je remercie mon collègue Daniel Fargeau qui est toujours très précis sur les chiffres.
00:23:11Et donc ce n'est pas obligatoire.
00:23:14Donc ce n'est pas une critique.
00:23:16Parce qu'on ne le demande pas.
00:23:18Mais vous corroborez bien que ce n'est pas obligatoire d'investir dans la recherche en France.
00:23:25Oui, alors sur ce point, effectivement, il est autorisé de faire appel à une sous-traitance.
00:23:30En premier lieu, le crédit d'impôt recherche est indexé sur les emplois Michelin de R&D, comme on l'a dit.
00:23:36On peut également faire rentrer des dépenses dont on a besoin pour la R&D,
00:23:40qui ne sont pas effectuées directement par nos employés, mais qui sont effectuées par des sous-traitants.
00:23:45Alors par contre, quand on va chercher un sous-traitant, il ne s'agit pas de n'importe quel type de sous-traitant,
00:23:50il s'agit bien de sous-traitance de R&D.
00:23:52Et donc ces sous-traitants doivent d'abord obtenir une homologation de la part du ministère de la Recherche en France.
00:23:59Qui dit, ce sous-traitant, on reconnaît, est un sous-traitant qui est bien un sous-traitant de recherche,
00:24:04c'est la nature des activités que vous allez faire avec eux, rentre bien dans l'assiette éligible du CIR.
00:24:09On a, comme Florent l'a rappelé tout à l'heure, des critères très précis sur ce qui est éligible et ce qui n'est pas,
00:24:15avec le manuel de Frescati sur les critères autorisés ou non,
00:24:19et qui permettent de vérifier, c'est bien de l'activité qui permet de le faire.
00:24:24Alors, on peut éventuellement aller chercher effectivement de la sous-traitance dans un pays européen, c'est autorisé.
00:24:31Dans le cas de Michelin, on le fait extrêmement peu.
00:24:35Le total de dépenses qui sont hors France, c'est moins de 1,8% de l'ensemble des 40,4 millions dont on parle.
00:24:43Et c'est principalement, ça correspond à des activités où il se trouve que pour notre activité de gros pneus de mining,
00:24:50donc des pneus de génie civil dans les mines, l'extraction des mines,
00:24:53notre centre de test est situé en Espagne.
00:24:56Et donc l'essentiel est notre filiale espagnole qui réalise pour notre compte des tests qu'on ne saurait pas faire en France.
00:25:01Donc la règle qui est toujours appliquée, c'est qu'on peut aller chercher en dehors de France,
00:25:06sous réserve, qu'on ne trouve pas de prestations équivalentes sur le territoire français.
00:25:11Merci pour ce complément d'information, donc sur la part très faible, je l'entends, mais elle est autorisée.
00:25:19Donc je vous avoue qu'on a été assez surpris de ça.
00:25:22Et vous nous introduisez une deuxième chose que nous ne savions pas,
00:25:26c'est qu'elle permettait aussi de toucher du crédit d'impôt puis ensuite de faire appel à un sous-traitant.
00:25:31Est-ce que vous pouvez nous dire la part que vous conservez en interne et la part qui est consacrée à la sous-traitance en R&D ?
00:25:39Oui, alors sur la partie R&D, le total de la sous-traitance est inférieur à 6%.
00:25:46C'est extrêmement faible.
00:25:50J'ai une question. Est-ce que les investissements réalisés grâce aux aides publiques, notamment en R&D,
00:26:00servent d'abord et avant tout à licencier ou à économiser de l'emploi ?
00:26:11Vous comprenez que je ne suis pas surpris par votre question.
00:26:14Et en fait, je veux rappeler la réalité de ma responsabilité de chef d'entreprise.
00:26:21D'un côté...
00:26:23J'en reviendrai, on va avoir le temps.
00:26:25Mais est-ce que les recherches...
00:26:28Je vous laisserai après développer autour des questions des licenciements et des dossiers.
00:26:33On va voir et je pense que beaucoup de nos collègues ont beaucoup de questions.
00:26:37Mais est-ce que la recherche, notamment en intelligence artificielle, en recherche et développement,
00:26:45permet-il de gagner des gains de productivité qui conduisent à licencier ou à économiser de l'emploi ?
00:26:52En fait, la finalité de nos projets de recherche ne sont pas de supprimer de l'emploi.
00:26:57Ce n'est pas du tout la manière dont on fait les choses et on raisonne.
00:27:01Par contre, une entreprise, elle doit rester compétitive.
00:27:04Parce que sinon, on disparaît.
00:27:07C'est-à-dire que sur un marché européen qui est ouvert à tout vent,
00:27:12où n'importe quel concurrent qui obéit à d'autres règles du jeu peut intervenir et décider d'attaquer vos marchés,
00:27:20si vous ne travaillez pas à la compétitivité de votre entreprise,
00:27:24en fait, vous êtes en train de parler de la fin de votre entreprise.
00:27:30D'ailleurs, la finalité d'un projet de recherche et de développement n'est pas de supprimer de l'emploi.
00:27:35Par contre, la productivité, c'est une hygiène quotidienne qui doit avoir lieu dans l'entreprise en permanence.
00:27:45C'est-à-dire que si vous ne faites pas ça, vous êtes condamné.
00:27:49Et dans un monde dans lequel la technologie va très vite,
00:27:52mais d'ailleurs, nous avons des projets de recherche qui pourront se traduire ensuite par de la productivité
00:27:59et donc moins d'effectifs pour fabriquer quelque chose,
00:28:03ou moins de machines pour fabriquer un objet ou un bien ou un service.
00:28:08Mais ce n'est pas la finalité du projet de recherche.
00:28:10Ça peut être une des conséquences induites.
00:28:12Mais l'économie française, elle est bâtie sur le progrès.
00:28:19Et donc, le progrès, il y a en permanence un flux entre des métiers qui apparaissent et des métiers qui disparaissent.
00:28:28Avec la technologie, là, il y a des tas de métiers nouveaux qui sont en train d'apparaître
00:28:33et des tas de métiers qui sont moins nouveaux, qui ont pour vocation de diminuer en importance.
00:28:40Et ça, c'est normal. Ça s'appelle le progrès.
00:28:43Alors, je partage avec vous. Est-ce qu'on peut mettre la première slide, s'il vous plaît ?
00:28:47Ça, c'est une slide qui est publique. C'est sur votre site Internet.
00:28:51C'est ce que vous avez présenté le 12 février dernier à vos actionnaires.
00:28:55Et donc là, vous mettez sur la même slide, pardonnez-moi, les fermetures de sites en 2023 et donc en 2024,
00:29:05dont Cholet et Vannes, Shanghai et tant d'autres, et à côté, les investissements en digital et en AI,
00:29:15dont vous mettez en parallèle et sur la même slide, le fait que l'on ferme des entreprises
00:29:21et que donc on supprime des emplois, et en parallèle ou à côté, l'investissement R&D en digital.
00:29:28C'est une slide qui est publique, je le précise.
00:29:32Je n'aurais jamais voulu révéler quelque chose du secret des affaires au secret professionnel.
00:29:36Je l'ai trouvé sur votre site Internet et vous l'avez présenté donc le 12 février dernier à vos actionnaires.
00:29:43Donc c'est bien, pardon, quelque chose que vous mettez en avant, plus que ce que vous venez de dire là, actuellement.
00:29:51En fait, il n'y a aucune relation de cause à effet ou de causalité ou de conséquence dans ce qu'on voit sur la slide.
00:29:57Les fermetures sont liées à l'évolution de notre compétitivité et l'évolution de nos parts de marché dans le monde.
00:30:05Si on prend les sites un par un, je les connais tous par cœur, donc je peux vous citer les raisons.
00:30:10Ça n'a absolument rien à voir avec… Ce qu'on voulait indiquer, c'est qu'on est obligé de continuer à investir,
00:30:17parce que pour les investisseurs, cette slide-là fait partie de la présentation que nous avons faite pour la présentation de nos résultats annuels.
00:30:25Et donc les investisseurs ont besoin de savoir si Michelin est toujours à la pointe de la technologie pour travailler sur la productivité.
00:30:32Donc la productivité, elle peut se traduire par des ajustements de capacité, mais ce n'est pas une relation de cause à effet.
00:30:38Si Michelin n'investit pas sur l'intelligence artificielle, nos investisseurs considèrent que Michelin ne fait pas son travail.
00:30:45Moi, je n'ai aucun problème avec cela, que Michelin continue à innover.
00:30:51Je le précise, c'est une belle entreprise, les Français y sont attachés, il y a un savoir-faire, des milliers, des dizaines de milliers de salariés,
00:30:58donc j'y suis extrêmement attaché. Je n'ai pas fait de haute étude, mais quand je lis ça, et je n'ai pas la chance d'être un actionnaire de Michelin,
00:31:07mais lorsque je lis la slide, et que, pardon, on la met… Deux slides, c'est pareil, je n'ai pas fait de montage.
00:31:14Je le précise, elle est sur votre site internet, on lit ça, je vois trois fermetures d'entreprises, aucune en France en 2023,
00:31:23sept sites en 2024 dans Vannes et Cholet, avec des résidus défectifs, et à côté, la question de l'augmentation en R&D ou en recherche sur le digital et l'IA.
00:31:38Donc voilà, je dis ça parce qu'effectivement, c'est une question qui peut se poser, c'est toujours le progrès technologique, sert-il à soulager le travail,
00:31:49à le partager, à nourrir les actionnaires ? C'est un débat de société qui n'est pas que le vôtre.
00:31:54Oui, donc je vous laisse votre interprétation de ces slides, l'intention n'était pas celle-là, et de montrer que la productivité de nos sites,
00:32:03nous ne devons justifier à nos actionnaires que nous sommes toujours à la pointe de la technologie et que nous sommes, en termes de productivité, nous nous occupons de nos affaires.
00:32:12Il y a une notion financière qui s'appelle la création de valeur, qui est donc le rapport entre le résultat, le rendement de vos opérations sur les capitaux que vous utilisez,
00:32:22et les investisseurs de Michelin y sont extrêmement sensibles, et donc vous devez justifier en permanence que vous êtes au maximum de votre productivité,
00:32:32et que vous êtes au maximum dans l'utilisation des technologies les plus modernes pour vous assurer de la compétitivité de votre entreprise.
00:32:40Et donc le but de cette slide-là, c'est pour dire à nos investisseurs, nous travaillons en permanence sur la productivité.
00:32:47Mais il n'y a pas de relation de cause à effet entre l'investissement sur l'intelligence artificielle, ou la robotique, ou les choses comme ça, et la finalité de la fermeture des sites. Ce n'est pas du tout lié.
00:32:56– Bon, disons que c'est plutôt malheureux d'avoir mis tout ça sur la même slide.
00:33:00Surtout que j'ai dû, je vous avoue, j'ai tout regardé, j'ai passé 500 slides sur les trois.
00:33:06Bon, donc vous auriez pu en faire deux séparés, mais j'entends, j'ai pas fait de haute étude comme vous, donc je vais essayer d'y croire.
00:33:15Dernière chose, parce qu'après il y a beaucoup, beaucoup de questions qui vont être posées.
00:33:20Vous me permettrez, j'ai fait de l'archéologie politique.
00:33:24– J'admire votre connaissance des dossiers, c'est bien.
00:33:27– Et donc j'ai retrouvé l'intervention de Robert Rue, qui était secrétaire national du Parti communiste, le 8 janvier 2020, à l'Assemblée nationale.
00:33:39Et il présentait la proposition de loi qui allait être adoptée sur la commission nationale des aides publiques, qui n'aura duré qu'un an.
00:33:50Elle aura été mise en place entre 2001 et 2002.
00:33:53Puis après, en 2002, le nouveau gouvernement aura décidé de la supprimer.
00:33:57Je me permets de le citer, je vous ai fait une photocopie, je ne vais pas tout lire, mais elle est assez éclairante pour tout le monde.
00:34:04– Je prends le train tout à l'heure, je l'irai volontiers.
00:34:06– Avec grand plaisir. Je vous passe les mesdames, messieurs, le président, le cher ministre.
00:34:11Le 8 septembre dernier, donc on est en 1999, le groupe Michelin annonçait la suppression de 7500 emplois sur 3 ans.
00:34:19En même temps qu'une progression de 17% de son résultat net.
00:34:24Si les salariés et leurs familles furent frappés de stupeur par la terrible nouvelle, les actionnaires, eux, s'en réjouirent bruyamment.
00:34:32Le titre Michelin s'envolait en hausse de 11% dès l'ouverture de la séance du lendemain de la Bourse de Paris.
00:34:40La presse, révélée peu après que Michelin avait perçu depuis 1983, là on remonte, on est en 2000,
00:34:47comble du cynisme, 10 milliards d'aides publiques à l'emploi.
00:34:53Je passe des détails, je vais au bout.
00:34:56– On parle de francs.
00:34:57– On parle de francs, on parle de francs, tout à fait, vous avez raison, 2000, j'ai précisé.
00:35:03Je passe.
00:35:04Elle participe, cette loi, d'une vaste ambition qui propose que l'action pour faire reculer le chômage
00:35:09et pour la création d'emplois devienne une priorité nationale.
00:35:13Cela exige l'engagement de grandes réformes de structure en matière de fiscalité et de crédit,
00:35:18notamment afin de rompre avec la logique capitaliste qui fait des effectifs salariés et des rémunérations,
00:35:24des coûts à réduire absolument.
00:35:26Enfin, c'est loin d'être le cas aujourd'hui sur la transparence.
00:35:31Des centaines de milliards ont été consentis ces dernières années aux entreprises
00:35:35au nom du maintien ou du développement de l'emploi.
00:35:38Pour quels résultats ?
00:35:40Les plans de licenciement se sont succédés à un rythme élevé, la précarité a explosé, le chômage n'a cessé de croître.
00:35:47J'ai plein de passages qui sont 24 ans après d'une terrible actualité.
00:35:52J'ai une dernière question.
00:35:54Je vous remercie, je le redis sincèrement pour les chiffres que vous avez donnés, crédit d'impôt, mécénat, etc.
00:36:05Vous allez avoir un groupe qui va faire 1,4 milliard de dividendes en 2024.
00:36:10Vous allez me dire, certes, ce n'est pas de l'argent qui n'a été gagné en France, et vous aurez raison, c'est au monde.
00:36:16Mais vous avez aussi un plan de rachat d'actions de plus d'un milliard entre 2024 et 2026.
00:36:23Est-ce que vous comprenez qu'une entreprise comme la vôtre, qui touche des aides publiques autour de 40 à 50 millions,
00:36:32si vous voulez le préciser tout à fait, c'est à peu près ça que j'ai compté, et j'ai refait les comptes à peu près,
00:36:38qui verse des montants substantiels de dividendes à leurs actionnaires,
00:36:46vous allez me dire, c'est normal, les actionnaires sont là pour être rémunérés, et vous aurez raison.
00:36:51Mais licencie la même année, et c'était déjà le cas, c'est pour ça, 24 ans avant, et déjà une proposition de loi communiste,
00:37:01parce que la question Michelin, est-ce que vous comprenez que ça choque les salariés et au-delà les élus et l'opinion publique ?
00:37:11Et est-ce que vous ne pensez pas qu'une année où on verse des dividendes, on ne peut pas licencier ?
00:37:18Ou alors inversement, où est-ce qu'on devrait rembourser les aides publiques ? Voilà, je vous remercie Monsieur le Président.
00:37:25Alors je voulais rappeler ma mission, mon rôle. Je dois concilier des éléments qui sont difficilement réconciliables.
00:37:34Donc il y a une contradiction apparente dans ce que vous citez, d'ailleurs pour être précis par rapport à ça,
00:37:41ensuite il y a eu l'amendement Michelin, ça s'est appelé l'amendement Michelin, je m'en rappelle encore très bien.
00:37:47Je vous ai souligné les bons passages.
00:37:54Donc moi j'ai la responsabilité de réconcilier différentes réalités.
00:37:59La première c'est qu'il faut assurer la pérennité de l'entreprise dans une compétition internationale féroce.
00:38:06Et que si on ne travaille pas la productivité en permanence, et si on n'est pas en train de dire,
00:38:12qu'il y a des sites qui ont terminé un cycle de vie, et bien derrière on ne fait pas notre travail.
00:38:19Deuxième réalité, c'est que Michelin assure son financement par des investisseurs.
00:38:25Une grande partie de son financement vient des investisseurs, notamment étrangers.
00:38:31Et les investisseurs, il faut les rémunérer. S'il n'y a pas de capital dans une entreprise...
00:38:36– Excusez-moi de vous couper, si 75% des investisseurs sont étrangers, il me semble, vous me corrigerez si je me trompe,
00:38:45est-ce que si ce n'était pas le cas, et si les investisseurs étaient majoritairement européens voire français,
00:38:52vous auriez fermé les sites de Cholet ? C'est une question qu'on peut se poser.
00:38:56– De la même manière, les situations de Cholet et de Vins sont un peu différentes, mais de la même manière.
00:39:03En fait, si on prend Cholet, le site était arrivé en bout de cycle, ça faisait 50 ans que le site opérait,
00:39:09on était arrivé au bout de ce qu'on arrivait à faire sur ce site de production,
00:39:13et donc il était logique de se dire qu'il faut qu'on trouve un terme.
00:39:16Ce n'est pas la peine d'employer des salariés qui aujourd'hui sont sous-utilisés, dont les compétences sont sous-utilisées,
00:39:24parce que c'est un site qui est arrivé au bout de son cycle de vie.
00:39:27Dans le cas de Vins, c'est parce que nous avons perdu massivement des parts de marché en Europe,
00:39:31et que c'est un site qui fabrique des câbles uniquement en destination des pneus poids lourds,
00:39:34et que les parts de marché que nous avons perdues, ce n'est pas du fait de nos mérites,
00:39:38c'est parce que l'environnement concurrentiel européen est ce qu'il est.
00:39:43Et ça, ce n'est pas Michelin qui l'a décidé.
00:39:45Et les investisseurs français, ils ont la même fonction d'investisseurs que les autres investisseurs.
00:39:51Ce n'est pas le fait qu'ils soient étrangers qui change les choses.
00:39:54Donc un investisseur français, il va regarder quel est le retour d'investissement qu'il a
00:39:58en mettant son argent pour financer Michelin par rapport à mettre son argent pour financer une autre entreprise.
00:40:03Et donc cette question-là, elle est importante.
00:40:06Donc première responsabilité, la pérennité.
00:40:09Deuxième responsabilité, il faut qu'on ait des investisseurs.
00:40:12Il faut donc qu'on assure un retour sur investissement.
00:40:15Les dividendes, c'est un loyer qu'on verse pour le capital qui est investi chez Michelin.
00:40:19Et c'est normal de verser un loyer.
00:40:21Si vous-même, vous mettiez votre argent chez Michelin, vous attendriez que Michelin vous verse un dividende.
00:40:27Et c'est indépendant des questions de fermeture ou d'ouverture de site.
00:40:32Au même moment où Michelin ferme des sites, Michelin ouvre des nouvelles activités.
00:40:36Et en France. Donc ce n'est pas du tout corrélé.
00:40:39Troisième réalité, c'est qu'il faut maintenir dans un monde hyper concurrentiel notre avance technologique.
00:40:45Et pour ce faire, il faut donc... Là, on a besoin de l'aide de l'État.
00:40:50Parce que le rôle de l'argent public, c'est aussi de faciliter les transitions.
00:40:54Et c'est d'aider à un moment où les rentabilités ne sont pas là sur des nouvelles transformations,
00:40:59notamment sur les transitions à faire en matière écologique ou environnementale.
00:41:04Il est indispensable que l'État aide pour innover dans ces parties-là.
00:41:09Et donc ces trois éléments, il y a des contradictions apparentes, mais qui ne sont qu'apparentes.
00:41:14En réalité, on ne parle pas du tout de la même chose.
00:41:18Je repose ma question. Vous développez ce que j'ai déjà entendu à la Commission des affaires économiques.
00:41:26Puisque j'étais présent, mais je m'étais tu, parce que je savais que nous allions nous revoir.
00:41:30Donc pas de problème. Mais est-ce que vous comprenez ?
00:41:35Parce qu'en plus, il y a une question. C'est qu'un groupe comme le vôtre est solide.
00:41:39J'ai regardé les bilans financiers. Finalement, 40 à 50 millions d'aides publiques.
00:41:46On peut se dire, est-ce que c'est indispensable pour un groupe tel que le vôtre ?
00:41:53Moi, je crois que le CIR, que vous l'ayez ou que vous ne l'ayez pas, vous investiriez en France.
00:41:58D'ailleurs, les rapports de France Stratégie disent l'inverse de ce que vous avez dit.
00:42:03Le seul qui évalue un peu le CIR de 2021, il dit qu'un euro d'argent dépensé dans les TPE-PME
00:42:12a 1,8 ou 2. Par contre, pour les très grands groupes comme le vôtre, c'est quasi nul.
00:42:18D'ailleurs, ça m'intéresserait de savoir, pour un euro de CIR, combien vous investissez en France.
00:42:24Mais est-ce que vous comprenez que, voilà, le CIR, ça met en colère
00:42:31qu'un groupe comme le vôtre, qui touche de l'argent public, verse 1,4 milliard,
00:42:37plan de rachat d'un milliard de dividendes, licencie 1 200 personnes ?
00:42:41Je vous le dis, et vous le savez d'où je parle, moi, je suis évidemment scandalisé.
00:42:47Donc, voilà, je finis par cette question.
00:42:50Très bien. Alors, d'abord, les dividendes et la rachat d'actions, ce n'est pas du tout la même chose.
00:42:54Ce ne sont pas les dividendes, les rachats d'actions.
00:42:57C'est un surplus de cash qui est rendu aux actionnaires, parce que derrière,
00:43:02ça n'a aucune incidence sur l'investissement, que ce soit fait en innovation,
00:43:05que ce soit fait en machine ou en usine ou chose comme ça.
00:43:08Maintenant, les questions de nous, toutes les aides publiques que nous touchons en France,
00:43:14elles sont sur des projets bien déterminés qui ont un impact positif pour la France.
00:43:19Donc, c'est ça qui fait... M. Michelin, maintenant, sur le...
00:43:24Je vais citer trois chiffres. Sur les volumes en 2024 par rapport à 2023,
00:43:29sur le résultat net et sur les résultats opérationnels des secteurs,
00:43:34nous avons diminué en 2024. Et en France, je vous le redis,
00:43:38nous perdons de l'argent sur les activités de production industrielle.
00:43:42Et donc, quelle est la logique et la justification que d'autres pays
00:43:46qui contribuent au résultat de Michelin subventionnent l'activité française ?
00:43:51Il n'y en a pas. Il n'y en a pas. Et donc, on maintient, en fait, aujourd'hui,
00:43:55parce qu'on croit en la France, parce que la France, c'est notre pays d'origine,
00:43:59on maintient des activités qui sont de fait subventionnées par d'autres pays
00:44:05dans le reste du monde. Eh oui. Ça, c'est une réalité.
00:44:16Je suis le rapporteur aussi. C'est important.
00:44:19Je vais passer la parole à quelques collègues.
00:44:22Moi, simplement, s'il y a un moment donné dans vos réponses,
00:44:26vous pouvez nous dire comment vous avez accompagné, en fait,
00:44:29les salariés qui ont été licenciés, parce que ça aussi, c'est important.
00:44:33C'est-à-dire, plutôt que de rembourser les aides publiques,
00:44:36est-ce qu'il ne faut pas mieux ? Mais vous ferez au cours...
00:44:39Voilà. Je vais faire comme ça.
00:44:41Laurence Arribé, tu peux ou tu ne peux pas ? Tu poses juste vite ta question.
00:44:45Par correction, comme je risque de ne pas être là au moment de la réponse,
00:44:49par correction, je m'abstiendrai.
00:44:51D'accord. Alors, Daniel Fargeau.
00:44:54Merci, madame la présidente.
00:44:56Monsieur le président, madame, messieurs, merci de votre présence.
00:45:00Et alors, bien écoutez, très clairement, monsieur le président,
00:45:05je partage ô combien vos préconisations sur les aides publiques.
00:45:09Mieux définir la nomenclature de l'aide publique,
00:45:12simplifier le mode de fonctionnement via un guichet unique,
00:45:16aussi bien pour les administrations que les entreprises,
00:45:19améliorer la transparence des aides publiques
00:45:22et aussi, bien évidemment, mesurer,
00:45:24c'est la quatrième que vous n'avez peut-être pas citée,
00:45:26mais que j'ajoute, mesurer l'efficacité de ces aides publiques.
00:45:30Je crois que c'est la conséquence naturelle.
00:45:33Alors, j'ai deux questions totalement différentes.
00:45:36La première étant que, lors de l'inspection générale des finances,
00:45:40il y a quelques semaines, nous avons été informés
00:45:43que l'IGF a été sollicité en novembre 2024
00:45:46par l'ex-premier ministre Michel Barnier
00:45:49pour réaliser une mission sur l'utilisation des aides publiques
00:45:52perçues par Michelin.
00:45:54La réponse formulée par l'IGF ne m'a pas parue très, très claire.
00:45:59Alors, ma première question.
00:46:01Avez-vous été contacté par l'IGF dans le cadre de cette mission ?
00:46:05En cas de réponse positive, quelle a été la nature de vos échanges ?
00:46:10Deuxième question, alors avec Scholl et Evan,
00:46:13je pense que certains d'entre nous reviendront sur cette problématique,
00:46:16ce sont six usines Michelin fermées en 20 ans
00:46:19après Poitiers-Tout, Jouets-les-Tours, La Roche-sur-Yon.
00:46:22Pourriez-vous nous indiquer si les aides publiques que vous percevez
00:46:26ont permis d'éviter des suppressions de postes ou des délocalisations ?
00:46:29Et de quelle manière ?
00:46:31Enfin, une question plus technique,
00:46:34j'aimerais avoir votre vision et votre avis
00:46:37dans le cadre toujours de la transparence de ces aides publiques.
00:46:40Pensez-vous que la possibilité d'introduire fiscalement
00:46:44un résultat fiscal hors produit
00:46:47lié à la perception de ces aides publiques est souhaitable ?
00:46:50Je m'explique, le résultat dégagé par l'entreprise
00:46:53permet de mettre en distribution des dividendes aux actionnaires.
00:46:56Nous sommes d'accord jusqu'alors.
00:46:58Or, les aides publiques sont intégrées à ce jour
00:47:00dans le résultat fiscal de l'entreprise.
00:47:03Selon vous, est-il légitime d'incorporer les aides publiques
00:47:06dans le résultat distribuable ?
00:47:08Ces aides participent à la création de valeurs
00:47:10qui donneront lieu plus tard du résultat
00:47:12qui sera alors distribuable, bien évidemment,
00:47:14par rapport à cette création de valeurs.
00:47:16Voilà les questions que je souhaitais vous poser, M. le Président.
00:47:19Merci beaucoup. Alors, sur l'IGF...
00:47:21On va peut-être prendre une deuxième question,
00:47:24si vous voulez bien. Sainte-Sophie Romagny ?
00:47:28Je suis embêtée, j'ai exactement la même question que Daniel Fargeau
00:47:32sur, justement, le déroulé de l'évaluation.
00:47:36Donc, merci, effectivement, de nous répondre.
00:47:39Et simplement, peut-être pour aller un peu plus loin,
00:47:41être peut-être un peu plus précise sur la question,
00:47:46sa deuxième question.
00:47:48Quant à votre communiqué de presse du 5 novembre 2024,
00:47:52Michelin annonçait des solutions sur mesure
00:47:55pour accompagner les salariés.
00:47:57Je voulais savoir à combien se chiffrait précisément
00:47:59le montant de ces mesures.
00:48:01Et est-ce que, par les aides que vous avez perçues
00:48:04pour le soutien à l'emploi,
00:48:06puisqu'il n'y a plus de soutien à l'emploi dans ces conditions-là,
00:48:09est-ce que vous les dévoyez aujourd'hui
00:48:11pour accompagner ces mesures sur mesure
00:48:13pour l'accompagnement des salariés en difficulté ?
00:48:16Merci.
00:48:18Président, je vous laisse répondre,
00:48:19ensuite, il y aura deux autres questions.
00:48:20Oui, très bien, merci.
00:48:22Alors, peut-être sur l'UGF, Fabienne.
00:48:26Oui, en deux mots, nous avons effectivement compris
00:48:28que nous serions sollicités par l'Inspection générale des finances
00:48:32et donc nous serons à la disposition de l'administration
00:48:35pour qu'elle fasse sa mission.
00:48:39Peut-être sur la fiscalité, Xavier, tu peux...
00:48:47Sur la partie fiscalité,
00:48:48donc votre question était de savoir
00:48:50si les aides, finalement, étaient distribuées.
00:48:56Non, ce que je voulais vous dire,
00:48:58c'est que ces aides font partie du résultat de l'entreprise,
00:49:02donc je souhaiterais savoir, avoir votre vision,
00:49:05si, selon vous, c'est mon avis, en tout cas, je vous le donne,
00:49:09ce résultat devrait être diminué, ce résultat distribuable,
00:49:12devraient diminuer des aides publiques perçues.
00:49:15Alors, la plupart des aides qui vous ont été présentées
00:49:19fonctionnent sous couvert d'un crédit d'impôt,
00:49:22donc servent à payer un impôt,
00:49:24donc sur une activité qui elle-même doit être profitable.
00:49:28Donc le point de départ,
00:49:29c'est quand même d'avoir une activité profitable
00:49:31et c'est de payer un impôt grâce à un crédit d'impôt.
00:49:33Donc, dans ce cadre-là, je ne pense pas qu'il y ait un lien.
00:49:37Il est vrai aussi que pour le crédit d'impôt recherche,
00:49:39au bout d'une certaine période,
00:49:41si ce crédit d'impôt ne peut pas être imputé,
00:49:43il est remboursable.
00:49:45Donc là, je n'ai pas la réponse à cette question-là
00:49:47dans cette hypothèse précise.
00:49:55Oui, juste, enfin, on ne va pas faire un débat technique,
00:49:58comptable ou fiscal, bien évidemment,
00:50:00mais bien sûr que ce crédit d'impôt
00:50:02remboursé par l'État
00:50:04vient en moins des dépenses de recherche et développement
00:50:07qui ont été affectées par l'entreprise,
00:50:10néanmoins, rentre quand même dans le résultat au final.
00:50:13Donc, je voudrais juste, de ce résultat,
00:50:17que ces sommes ne soient pas redistribuées
00:50:20aux actionnaires, ni plus ni moins.
00:50:22Que par la suite, effectivement,
00:50:24ce crédit d'impôt va servir à la création de valeur,
00:50:27et donc, dès lors,
00:50:29les actionnaires vont pouvoir récupérer
00:50:31sur la production réalisée,
00:50:33sur la recherche mise en avant,
00:50:35ces sommes.
00:50:37Et je voudrais juste préciser
00:50:39que c'est à environ 100 millions d'euros
00:50:41que perçoit l'entreprise Michelin
00:50:43en aide publique,
00:50:45donc pas 40-40, c'était juste le crédit d'impôt recherche.
00:50:47Voilà.
00:50:49Alors, sur les différentes aides,
00:50:51moi, je voudrais juste dire
00:50:53que nous avons,
00:50:55moi, je voudrais juste dire
00:50:57que nous avons augmenté nos dépenses de recherche en France.
00:50:59Donc, le crédit d'impôt recherche,
00:51:01il n'est pas servi à diminuer
00:51:03les dépenses de recherche,
00:51:05il a permis de les augmenter.
00:51:07Donc, derrière ça,
00:51:09après, derrière,
00:51:11ce n'est pas à nous de fixer les règles
00:51:13que vous voulez avoir appliquées.
00:51:15Si vous les voulez avoir appliquées,
00:51:17on est aussi dans un champ de concurrence mondial.
00:51:19Encore une fois, nous avons, devant nous,
00:51:21Michelin est présent dans 175 pays dans le monde,
00:51:23et donc,
00:51:25par rapport à ça,
00:51:27la question, c'est aussi de la compétitivité
00:51:29des aides publiques offertes par la France
00:51:31par rapport à d'autres États dans le reste du monde,
00:51:33y compris en Europe.
00:51:35C'était juste pour avoir votre vision,
00:51:37permettez-moi d'insister,
00:51:39pour que ces montants soient quand même défalqués,
00:51:41que ce soit ces IR
00:51:43ou les autres subventions ou aides publiques
00:51:45que vous percevez, en matière sociale
00:51:47notamment, etc.,
00:51:49c'est que cet argent ne soit pas intégré
00:51:51dans ce résultat qui peut être
00:51:53distribué à vos actionnaires.
00:51:55C'est juste le neutraliser.
00:51:57C'est ni plus ni moins.
00:51:59Pas le soustraire.
00:52:01Mais quand le résultat des activités de production en France
00:52:03est subventionné par le résultat
00:52:05des autres activités dans les autres pays du monde,
00:52:07les impôts qui sont payés en France là-dessus,
00:52:09on ne rembourse pas
00:52:11les autres États
00:52:13de ce profit.
00:52:15Mais même le neutraliser,
00:52:17ça veut dire, en fait, de faire en sorte
00:52:19que les autres États le payent.
00:52:21L'équivalent. Si on calculait
00:52:23l'impôt payé en France
00:52:25sur la base d'un résultat qui a été
00:52:27sponsorisé par d'autres pays à l'étranger,
00:52:29ça reviendrait exactement au même.
00:52:31Donc en fait, si vous voulez,
00:52:33d'ailleurs, en fait,
00:52:35ce n'est pas à nous de fixer les règles du jeu,
00:52:37c'est à la représentation nationale de fixer les règles du jeu.
00:52:39Après, on est dans un environnement
00:52:41concurrentiel mondialisé
00:52:43et donc derrière, il faut juste comprendre
00:52:45que même sur les aides,
00:52:47la France doit rester compétitive.
00:52:49Après, derrière,
00:52:51ce n'est pas moi qui fixe les règles.
00:52:53– Merci.
00:52:55– Sur l'accompagnement des salariés,
00:52:57peut-être sur la deuxième question,
00:52:59Alexandre, tu peux fixer les...
00:53:01– Oui, alors, je vais être spécifique
00:53:03sur les sujets de Vannes et de Cholet
00:53:05et je souhaite vous donner
00:53:07quelques éléments,
00:53:09sachant que les négociations
00:53:11sur les plans sociaux
00:53:13sont aujourd'hui terminées
00:53:15et nous attendons la conclusion
00:53:17d'un accord pour lundi prochain.
00:53:19Mais je vais déjà vous donner
00:53:21les premiers chiffres.
00:53:23Vous savez qu'il y avait été concerné
00:53:25par la fermeture de ces sites
00:53:27955 personnes à Cholet
00:53:29et 299 sur le site
00:53:31de Vannes.
00:53:33À date, nous avons 12%
00:53:35des salariés
00:53:37concernés qui ont
00:53:39opté pour une solution de
00:53:41mobilité interne,
00:53:43qui ont proposé à ces personnes-là
00:53:45et à ceux qui le souhaitaient
00:53:47des postes dans d'autres sites industriels
00:53:49du groupe Michelin en France.
00:53:5115%
00:53:53sont accompagnés
00:53:55vers une fin de leur carrière,
00:53:57c'est-à-dire des mesures de pré-retraite.
00:53:59Et enfin,
00:54:0173% sont concernés par une mobilité
00:54:03externe.
00:54:05La proposition d'accompagnement
00:54:07pour la mobilité
00:54:09interne,
00:54:11je vais vous donner les chiffres
00:54:13et puis après je vais vous donner quelques mesures.
00:54:15La proposition aujourd'hui du groupe,
00:54:17c'est un accompagnement de
00:54:1940 000 euros
00:54:21bruts d'indemnités
00:54:23et ensuite,
00:54:25il y a des indemnités liées au déménagement.
00:54:27C'est-à-dire que si je pars
00:54:29par exemple à Mont-Solimine
00:54:31ou que sais-je,
00:54:33je dois déménager.
00:54:35Et donc là, il y a une aide de 5 500 euros
00:54:37bruts pour une personne célibataire,
00:54:397 700 bruts pour un couple
00:54:41plus 1 100 euros bruts
00:54:43par enfant à charge de moins de
00:54:4526 ans.
00:54:47Voilà, et donc cette indemnité
00:54:49est versée à la date de la
00:54:51mutation et bien sûr,
00:54:53le déménagement, les frais de déménagement
00:54:55sont pris en charge par
00:54:57l'entreprise.
00:54:59De manière plus,
00:55:01on va dire, pas anecdotique,
00:55:03mais qui est moins financière,
00:55:05il y a un service de
00:55:07découverte de la nouvelle ville
00:55:09qui est proposé, une aide à la
00:55:11recherche de logement,
00:55:13un accompagnement bien sûr
00:55:15pour le conjoint
00:55:17et les
00:55:19personnes à charge qui auraient
00:55:21perdu leur emploi lié
00:55:23à ce déménagement et il y a également
00:55:25une compensation financière qui
00:55:27est liée à cela.
00:55:29Ça, c'est ce que je peux vous dire pour la mobilité interne.
00:55:31S'agissant de
00:55:33la mobilité externe,
00:55:35déjà, la société
00:55:37Randstadt accompagnera
00:55:39chaque salarié
00:55:41jusqu'à ce qu'il ou
00:55:43elle ait trouvé un emploi.
00:55:45C'est-à-dire qu'on ne dit pas, bon écoutez, après
00:55:47six mois, vous n'avez pas trouvé,
00:55:49débrouillez-vous, on ne fait pas comme ça
00:55:51et l'accompagnement
00:55:53est valable jusqu'à
00:55:55ce que le CDI soit validé
00:55:57et la période d'essai
00:55:59soit validée.
00:56:01Les montants
00:56:03d'aide, donc il y a bien sûr l'indemnité
00:56:05conventionnelle de licenciement,
00:56:07auxquels viennent s'ajouter
00:56:09divers éléments.
00:56:11Une somme de 40 000
00:56:13euros bruts
00:56:15plus 1250 euros
00:56:17bruts par année d'ancienneté
00:56:19plus
00:56:21bonus en termes de salaire.
00:56:23Par exemple, une personne qui est entre 20
00:56:25et 30 ans aura deux mois de salaire
00:56:27brut et par exemple, une personne
00:56:29de plus de 50 ans aura six mois
00:56:31de salaire brut et vous voyez, c'est progressif
00:56:33entre les
00:56:35paliers.
00:56:37Il y a une indemnité
00:56:39éventuelle de compensation
00:56:41d'un écart salarial, c'est-à-dire
00:56:43que si la personne retrouve
00:56:45un nouveau poste mais
00:56:47avec une rémunération inférieure
00:56:49à celle qu'il percevait, et bien
00:56:51pendant trois ans
00:56:53le groupe compensera jusqu'à
00:56:55hauteur de 400 euros
00:56:57par mois.
00:56:59Et donc, je vous passe
00:57:01toutes les aides
00:57:03à la formation, etc., mais qui seront
00:57:05pour des montants compris entre
00:57:075 et 12
00:57:09000 euros limite
00:57:11maximum pour la formation
00:57:13et on aura un dispositif
00:57:15aussi pour la création d'entreprises.
00:57:17Une personne qui souhaite créer une auto-entreprise
00:57:19se verra
00:57:21dotée
00:57:23de 5000 euros bruts et
00:57:25pour les créations d'entreprises
00:57:27qui créeront de l'emploi, il y aura
00:57:2920 000 euros bruts également
00:57:31qui sont proposés par l'entreprise.
00:57:33Je souhaiterais
00:57:35ajouter à ceci que ceci
00:57:37est l'aide pour les personnes.
00:57:39Notre engagement, bien sûr,
00:57:41ne s'arrête pas là. Nous allons
00:57:43travailler aussi pour
00:57:45réparer les dégâts au marché
00:57:47du travail local,
00:57:49c'est compris dans l'obligation
00:57:51de revitalisation des territoires
00:57:53et donc cela sera négocié avec
00:57:55l'administration
00:57:57et il faut savoir que Florent
00:57:59Menegau tout à l'heure parlait de notre
00:58:01filiale Michelin Développement,
00:58:03c'est le groupe Michelin lui-même
00:58:05qui est le propre opérateur
00:58:07de la revitalisation. Pourquoi ?
00:58:09C'est parce que nous ne souhaitons pas signer un chèque
00:58:11et partir, nous vérifions
00:58:13nous-mêmes chaque création
00:58:15d'emploi jusqu'à ce qu'il y ait
00:58:171254 emplois
00:58:19qui soient créés sur les
00:58:21bassins d'emploi. Enfin,
00:58:23je m'en terminerai là parce que c'est un peu long
00:58:25comme réponse, mais nous travaillons
00:58:27aussi pour faire en sorte que
00:58:29les sites industriels où il n'y aura
00:58:31plus d'activité de production
00:58:33de pneumatiques, eh bien,
00:58:35soient redéployés vers
00:58:37d'autres activités
00:58:39une fois terminée, bien sûr,
00:58:41la procédure
00:58:43liée à la loi Florent.
00:58:45Voilà.
00:58:49Alors, j'ai
00:58:51deux autres collègues.
00:58:53Evelyne Renaud Carabayllon.
00:58:55Merci Madame la Présidente.
00:58:57Monsieur le Président,
00:58:59Michelin dispose de neuf pôles
00:59:01de recherche et de
00:59:03développement dans le monde,
00:59:05121 sites de production
00:59:07et qui sont répartis dans
00:59:09175 pays. J'aimerais savoir
00:59:11si vous avez fait des demandes
00:59:13et si vous encaissez à l'étranger
00:59:15dans vos sites de production à l'étranger
00:59:17des aides publiques
00:59:19qui sont versées, notamment,
00:59:21dans le cadre de la recherche. Merci.
00:59:25Je vais laisser mon collègue
00:59:27Thierry Kosyck aussi de questions.
00:59:29Merci Madame la Présidente,
00:59:31Monsieur le Président,
00:59:33Mesdames, Messieurs. Merci
00:59:35de la transparence dans votre
00:59:37propos et depuis
00:59:39le début de l'audition, nous entendons
00:59:41les arguments qui sont
00:59:43mis au débat. Moi, je voudrais
00:59:45revenir quand même sur un sujet
00:59:47de mon collègue Fabien Guay,
00:59:49rapporteur, sur la rémunération
00:59:51du capital dans votre groupe.
00:59:53Qu'un groupe
00:59:55comme le groupe Michelin, aujourd'hui,
00:59:57soit prospère
00:59:59et rémunère
01:00:01correctement ses actionnaires
01:00:03paraît tout à fait normal.
01:00:05Notamment, l'actionnariat,
01:00:07on le sait, ça permet
01:00:09l'investissement mais aussi
01:00:11la pérennité de l'entreprise,
01:00:13vous l'avez évoqué, notamment, au travers de la compétitivité.
01:00:15Néanmoins,
01:00:17c'est vrai qu'en revanche, je m'interroge
01:00:19sur les arbitrages qui ont été pris
01:00:21ces derniers temps dans votre groupe.
01:00:23Vous annonciez, non sans fierté,
01:00:25par voie de communiqué
01:00:27de presse, je cite
01:00:29« Michelin améliore en
01:00:312023 son résultat opérationnel
01:00:33des secteurs à 3,6
01:00:35milliards d'euros et délivre
01:00:37un flux de trésorerie disponible
01:00:39Free Cash Flow élevé de
01:00:413 milliards d'euros, reflétant
01:00:43la solidité de sa stratégie.
01:00:45Vous en avez aussi profité
01:00:47pour annoncer également une hausse
01:00:49de 8% du dividende par action
01:00:51ainsi que le lancement d'un programme
01:00:53de rachat d'action, vous l'avez évoqué tout à l'heure,
01:00:55qui pourrait représenter jusqu'à 1 milliard d'euros
01:00:57sur la période 2024-2026.
01:00:59Là, je cite le communiqué que vous avez publié.
01:01:01Et le tout pendant une période
01:01:03où vous avez annoncé
01:01:05la fermeture des
01:01:07deux sites. Donc ma question
01:01:09est très simple. Comment
01:01:11le citoyen peut comprendre
01:01:13que vous puissiez aussi bien rémunérer
01:01:15le capital, percevoir
01:01:17des ressources publiques
01:01:19nationales, pour finalement
01:01:21fermer des sites ?
01:01:23Est-ce que vous comprenez que
01:01:25cela n'est pas audible
01:01:27pour nos concitoyens ?
01:01:29Et j'avais une deuxième, si vous me permettez,
01:01:31petite assertion et je voulais
01:01:33revenir notamment sur
01:01:35le CICE de 1999,
01:01:37sur lequel mon
01:01:39collègue Fabien Guay
01:01:41a fait état
01:01:43de cette information.
01:01:45De ce que j'ai compris, je crois que c'était votre prédécesseur.
01:01:47Les 4,3 millions
01:01:49d'euros du CICE
01:01:51ont servi
01:01:53à financer l'achat de machines.
01:01:55On l'a évoqué. Deux qui sont restées
01:01:57sur un site qui a fermé, qui est la Roche-sur-Yon.
01:01:59Et six qui sont encore
01:02:01dans leur carton, seront expédiées
01:02:03vers d'autres usines à l'étranger,
01:02:05en Espagne, en Roumanie et en Pologne.
01:02:07Devant le tollé produit
01:02:09par cette information,
01:02:11en 1999, le directeur France de
01:02:13Michelin, votre prédécesseur,
01:02:15avait alors déclaré que le groupe
01:02:17rembourserait
01:02:19les 4,3 millions d'euros
01:02:21perçus au titre du CICE.
01:02:23Avant de se rétracter,
01:02:25arguant que le CICE n'était pas
01:02:27assujetti à des critères spécifiques
01:02:29sur l'emploi, mais était destiné
01:02:31à soutenir les entreprises
01:02:33dans leur politique d'investissement.
01:02:35Vous ne pensez pas que ce
01:02:37genre de déclaration, et ça rebondit
01:02:39aussi sur ma question précédente,
01:02:41à un moment, je crois que
01:02:43nos concitoyens ont du mal
01:02:45à bien mesurer
01:02:47ces propos. Merci.
01:02:49Peut-être
01:02:51Xavier, tu peux prendre la question
01:02:53sur les autres sites, et je répondrai
01:02:55à la vôtre.
01:02:57Par rapport à votre question sur les dépenses
01:02:59et les crédits d'impôts,
01:03:01dont on peut bénéficier au titre de la recherche exercée
01:03:03ailleurs qu'en France,
01:03:05juste quelques données.
01:03:07Le groupe paye un montant d'impôts
01:03:09par an de 1,4 milliard,
01:03:11tout impôt confondu,
01:03:13ce qui représente 30 à 40% du résultat opérationnel
01:03:15de nos secteurs,
01:03:17et l'effort global
01:03:19d'innovation, tel qu'il a été mentionné par
01:03:21Florent Ménégaud, de 1,2 milliard,
01:03:23permet de générer 40 millions
01:03:25de crédits d'impôts recherche
01:03:27en France, et 30 millions à l'étranger.
01:03:29On a un total
01:03:31d'aides liées
01:03:33à la recherche fiscale
01:03:35de 70,2 millions.
01:03:37Maintenant,
01:03:39par rapport à votre question.
01:03:41En 1999,
01:03:43ce n'est pas mon prédécesseur,
01:03:45c'est le prédécesseur de mon prédécesseur.
01:03:47Là-dessus,
01:03:49sur les déclarations qui ont été faites
01:03:51à cette époque-là, je n'étais pas en responsabilité
01:03:53sur cette question-là,
01:03:55mais je ne me défouse pas pour autant,
01:03:57parce que derrière, je suis parfaitement solidaire
01:03:59à ce qui s'est passé,
01:04:01et encore une fois, je dis derrière,
01:04:03les règles du jeu, ce n'est pas nous qui les fixons.
01:04:05Nous, on respecte
01:04:07toutes les règles du jeu qui nous sont imposées
01:04:09systématiquement.
01:04:11Maintenant, sur la question
01:04:13plus profonde que vous citez,
01:04:15sur les incohérences apparentes
01:04:17entre la rémunération d'actionnaires.
01:04:19Donc,
01:04:21une entreprise, vous avez d'un côté
01:04:23chaque année une génération
01:04:25de résultats, et de l'autre,
01:04:27vous avez la génération de cash-flow.
01:04:29Ce n'est pas la même chose.
01:04:31Un résultat, ce n'est pas un cash-flow.
01:04:33Un résultat conduit, en général,
01:04:35à du cash-flow, mais ce n'est pas
01:04:37la même notion.
01:04:39La deuxième réalité, c'est
01:04:41Michelin ne va pas
01:04:43utiliser
01:04:45de montants
01:04:47qui devraient être mis
01:04:49dans l'investissement, dans la
01:04:51rémunération, ou dans
01:04:53l'investissement productif
01:04:55pour aller rémunérer ses actionnaires.
01:04:57On ne le fait jamais.
01:04:59La rémunération des salariés sur leur
01:05:01résultat produit, ce qu'on appelle les
01:05:03primes variables et autres, est prélevée
01:05:05avant le résultat.
01:05:07C'est-à-dire qu'on fait
01:05:09des systèmes de provision
01:05:11pour rémunérer d'abord
01:05:13les salariés. Donc, on n'a jamais
01:05:15arbitré la rémunération des salariés
01:05:17pour aller verser un dividende.
01:05:19Première notion. Deuxième notion,
01:05:21sur le cash-flow, la génération
01:05:23de trésorerie de Michelin,
01:05:25nous n'avons jamais arbitré
01:05:27des investissements
01:05:29pour aller racheter
01:05:31du capital. Simplement,
01:05:33Michelin a une génération de cash-flow
01:05:35qui est performante,
01:05:37aujourd'hui. Et donc, derrière, une fois qu'on a payé
01:05:39tous nos taxes,
01:05:41nos impôts,
01:05:43qu'on a rémunéré
01:05:45nos salariés, qu'on a
01:05:47versé tous nos investissements,
01:05:49et qu'il nous reste
01:05:51beaucoup d'argent. La question, c'est de savoir
01:05:53est-ce qu'on se désendette
01:05:55ou pas ?
01:05:57Et la réponse est, notre taux d'endettement
01:05:59aujourd'hui est faible,
01:06:01dans le groupe, et le coût
01:06:03de cet endettement est faible.
01:06:05Donc, aller diminuer l'endettement
01:06:07de manière accélérée n'a aucun intérêt.
01:06:09Il vaut mieux qu'on le rende aux actionnaires
01:06:11parce que, le rendre aux actionnaires,
01:06:13ce cash-là, il sera plus productif
01:06:15pour les actionnaires.
01:06:17Et donc, le cash
01:06:19généré par l'entreprise,
01:06:21quand on le reverse
01:06:23aux investisseurs,
01:06:25c'est jamais en arbitrant
01:06:27sur la capacité
01:06:29de Michelin d'investir dans les années
01:06:31à venir, ni sur sa pérennité,
01:06:33ni sur sa productivité,
01:06:35ni sur son innovation.
01:06:37On ne fait jamais cet arbitrage-là. Donc, simplement,
01:06:39nous avons un surplus de génération de cash.
01:06:41Si on le
01:06:43thésaurisait dans notre bilan,
01:06:45en réalité, on deviendrait
01:06:47la proie de prédateurs
01:06:49qui viendraient s'intéresser
01:06:51à Michelin pour aller récupérer cette
01:06:53somme de cash qui est dans l'entreprise.
01:06:55Et on n'a pas l'utilité de la reverser autrement,
01:06:57en fait. Une fois qu'on l'a versée,
01:06:59encore une fois, on n'a jamais arbitré
01:07:01le versement des investissements, le versement
01:07:03aux salariés, on ne l'a jamais arbitré.
01:07:05Donc, ça, c'est... Je comprends
01:07:07que ça puisse paraître
01:07:09difficile, mais en fait,
01:07:11ces deux réalités-là n'ont rien
01:07:13à voir. La fermeture des sites,
01:07:15elle assure la pérennité à long
01:07:17terme de l'entreprise. Elle est
01:07:19la meilleure utilisation
01:07:21des actifs que nous avons,
01:07:23quand on a un actif qui ne tourne pas suffisamment
01:07:25et qui est arrivé en bout
01:07:27de sa technologie. Mais derrière,
01:07:29il faut savoir le fermer, parce que
01:07:31en le fermant, derrière, vous êtes capable
01:07:33de réinvestir pour faire autre chose,
01:07:35de plus performant. Donc, en fait,
01:07:37c'est pas du tout incompatible.
01:07:39Et le versement des dividendes,
01:07:41encore une fois, ça correspond à la rémunération
01:07:43envoyée par l'entreprise. Pendant pas mal d'années,
01:07:45Michelin était... Rémunérait mal
01:07:47ses actionnaires. Moins non quoi,
01:07:49le cours de Michelin, le cours
01:07:51de l'action Michelin était extrêmement faible.
01:07:53Moins non quoi,
01:07:55une entreprise Michelin qui est ouverte
01:07:57à tous les investisseurs
01:07:59mondiaux, quels qu'ils soient,
01:08:01nous rendait vulnérables.
01:08:03Ce que nos salariés comprennent
01:08:05très bien, parce que
01:08:07maintenant, la plupart de nos salariés sont actionnaires
01:08:09de Michelin. Ils comprennent très bien que
01:08:11la santé de l'action Michelin,
01:08:13c'est aussi
01:08:15une façon d'être
01:08:17pérenne et que Michelin garde
01:08:19l'indépendance de ses décisions.
01:08:21Parce que sinon, demain matin, le capital de Michelin,
01:08:23il est détenu par des tas d'investisseurs
01:08:25qui peuvent décider du jour au lendemain
01:08:27de changer la stratégie de Michelin.
01:08:29Donc derrière, il faut bien
01:08:31comprendre qu'il faut rémunérer les actionnaires,
01:08:33comme ça, on est
01:08:35tranquille sur le fait de dire
01:08:37que derrière, on a nos financements
01:08:39et qu'on n'arbitre jamais sur le bien-être
01:08:41des salariés ou sur l'investissement
01:08:43de l'entreprise qui garantit sa pérennité.
01:08:45Et on ne prend jamais de l'argent des
01:08:47deniers publics pour aller verser des dividendes.
01:08:49Jamais.
01:08:51Je vous le dis,
01:08:53ce n'est pas possible. On ne le fait pas.
01:08:59Je peux me permettre, Madame la Présidente.
01:09:01J'entends ce que vous dites, mais simplement
01:09:03pour l'ensemble de nos concitoyens,
01:09:05il y a un moment,
01:09:07je pense qu'en termes d'image,
01:09:09c'est ça aussi que j'essaye, à un moment,
01:09:11de vous interroger, c'est de vous dire,
01:09:13est-ce que vous mesurez ce genre
01:09:15de communication ? Et je l'entends.
01:09:17J'entends ce que vous dites.
01:09:19Mais simplement, derrière,
01:09:21la communication du groupe à l'égard
01:09:23du grand public, il y a un moment, elle est complètement inaudible.
01:09:25Dans un moment où la situation
01:09:27des finances publiques
01:09:29est particulièrement
01:09:31dégradée, où on demande des efforts
01:09:33aux concitoyens, ce n'est pas entendable.
01:09:35Je crois que ça, c'est...
01:09:37Je ne rebondirai pas sur vos propos, mais il y a un moment,
01:09:39j'étais en train de me dire, si vous protégez tellement
01:09:41les salariés, alors pourquoi fermer les sites ?
01:09:43C'est aussi... Mais j'ai entendu.
01:09:45J'ai entendu.
01:09:47En net, M. le Sénateur,
01:09:49en net, Michelin recrute en France.
01:09:51En net.
01:09:53Même si, globalement,
01:09:55les emplois que nous avons aujourd'hui
01:09:57sont beaucoup plus qualifiés que
01:09:59les salariés que nous avions il y a
01:10:01quelques décennies.
01:10:03On employait plus de 35 000 personnes à Clermont-Ferrand.
01:10:05Aujourd'hui, on n'emploie plus,
01:10:07entre guillemets, que 12 000.
01:10:09On pourrait se dire, mais
01:10:11en fait, la valeur ajoutée des salariés
01:10:13développés par Michelin aujourd'hui
01:10:15est bien supérieure à celle des 35 000
01:10:17que nous employions précédemment.
01:10:19Il ne faut pas penser l'économie
01:10:21comme étant figée. Ce n'est pas amuser
01:10:23l'économie. Ce n'est pas, en pensant
01:10:25qu'en s'arc-boutant
01:10:27sur... Au contraire, plus l'entreprise
01:10:29a la possibilité de se redéployer,
01:10:31plus elle sera performante et plus
01:10:33elle investira. C'est exactement
01:10:35l'inverse qu'il faut faire. Plus on cherche
01:10:37à protéger, plus on détruit
01:10:39l'économie.
01:10:41Merci.
01:10:43Lucien Stanzione.
01:10:47Monsieur le Président, je vous remercie
01:10:49pour vos explications. Je vous prie de
01:10:51m'excuser d'avoir été un petit peu en retard.
01:10:55Moi, je vais vous dire, je ne suis pas
01:10:57un petit sénateur, parce que je suis
01:10:59d'une grande taille, mais d'un petit département
01:11:01rural, et j'ai la tête
01:11:03qui tourne. Je peux vous dire,
01:11:05avec des milliards par-ci, des milliards
01:11:07par-là, c'est
01:11:09assez extraordinaire.
01:11:11La simple question que j'avais envie de vous poser,
01:11:13suite aux interventions de mes collègues,
01:11:15c'est tout
01:11:17compte fait, je lis
01:11:19que vous êtes implanté
01:11:21dans 175 pays
01:11:23et un peu plus de
01:11:25130 000 salariés, collaborateurs,
01:11:27et
01:11:29tenez en compte la technicité
01:11:31et les explications que vous fournissez
01:11:33sur la façon de manager les
01:11:35choses dans l'entreprise.
01:11:37Moi, je me pose une question bête, je me
01:11:39dis, comment peut-on
01:11:41sacrifier 1254 salariés
01:11:43français, alors
01:11:45qu'il y en a 132 000 dans le monde
01:11:47réparti, et je ne veux pas
01:11:49faire là
01:11:51une espèce de
01:11:53chauvinisme français, mais
01:11:55pourquoi on ne conserve
01:11:57pas les nôtres et qu'on les
01:11:59fasse travailler ? Et en plus, vous venez d'expliquer
01:12:01que la plus-value
01:12:03due à la rentabilité,
01:12:05puisque c'est de ça dont vous parlez,
01:12:07et de la rentabilité de chaque poste,
01:12:09serait quand même
01:12:11souhaitable. Alors, j'en veux
01:12:13pas aux salariés étrangers,
01:12:15moi, je leur veux pas de mal,
01:12:17mais il me semble qu'il y a une logique
01:12:19sur la suite des questions que vous
01:12:21ont posées mes collègues, que
01:12:23d'ailleurs même, il serait judicieux de préserver
01:12:25l'emploi en France, et que
01:12:27puisque vous le reconnaissez
01:12:29vous-même, ils sont très bons,
01:12:31puisqu'en fait, on double la rentabilité
01:12:33en quelques années, entre les
01:12:3535 000 de Clermont-Ferrand
01:12:37d'il y a quelques années, aux
01:12:3912 000, je crois que vous avez dit,
01:12:41d'aujourd'hui. Donc la question, c'est
01:12:43pourquoi ne pas investir
01:12:45sur les salariés français,
01:12:47tenant compte de l'ensemble
01:12:49des résultats que vous avez évoqués ?
01:12:51Monsieur le sénateur, comment est-ce que
01:12:53vous expliquez, nous faisons 9%
01:12:55de notre chiffre d'affaires en France, et nous avons
01:12:5716% de nos effectifs en France.
01:12:59Et l'autre chose,
01:13:01c'est qu'il faut savoir que quand Michelin se déploie à l'étranger,
01:13:03partout dans le monde, c'est la France
01:13:05qui rayonne. Partout dans le monde,
01:13:07eh oui, eh oui, eh oui, eh oui,
01:13:09eh oui, eh oui. Non mais,
01:13:119% du chiffre d'affaires en France,
01:13:1316% des salariés en France.
01:13:15Et nous sommes
01:13:17à la tête d'une entreprise internationale.
01:13:1975% de nos investisseurs
01:13:21sont étrangers,
01:13:23donc il faut qu'on leur explique
01:13:25comment on fait,
01:13:27pourquoi on a 16% de nos effectifs,
01:13:2916% de nos contributions fiscales
01:13:31en France, alors que c'est que
01:13:339% de notre chiffre d'affaires.
01:13:37Merci. Alors, je
01:13:39vais redonner
01:13:41la parole à notre rapporteur qui a une question.
01:13:43Moi, j'avais une petite question.
01:13:45Est-ce que vous négociez
01:13:47avec l'Etat sur votre
01:13:49taux d'imposition et sur les taxes ?
01:13:51Est-ce que ça, c'était une possibilité ?
01:13:55Alors, non,
01:13:57nous ne négocions pas avec l'Etat.
01:13:59Je ne savais pas que la possibilité pouvait nous être offerte.
01:14:01Mais...
01:14:03C'est vrai.
01:14:05Non. Ce que nous faisons
01:14:07avec l'Etat, nous sommes
01:14:09transparents. Donc,
01:14:11Florent Menegau l'a rappelé, nous sommes rentrés dans la relation,
01:14:13le partenariat avec les entreprises pour
01:14:15être à livre ouvert avec les autorités fiscales
01:14:17depuis 2019. Et par ailleurs,
01:14:19nous publions depuis l'année dernière un rapport de transparence
01:14:21fiscale, où d'ailleurs, vous pouvez retrouver
01:14:23les chiffres que je vous ai cités, les 71 millions
01:14:25de crédits d'impôt
01:14:27sur la base mondiale et tous les autres chiffres pays par
01:14:29pays. Mais nous ne négocions pas
01:14:31de taux avec l'administration
01:14:33fiscale.
01:14:35Et donc, la parole
01:14:37aux dernières questions, ou les dernières
01:14:39questions, à notre rapporteur.
01:14:41Deux dernières petites questions.
01:14:43Monsieur le Président,
01:14:45vous avez dit deux fois
01:14:49le résultat en France
01:14:51est déficitaire, et donc,
01:14:53c'est les autres activités mondiales
01:14:55qui... Non, non. J'ai dit,
01:14:57le résultat,
01:14:59la France est bénéficiaire,
01:15:01mais ce n'est pas lié aux activités
01:15:03de production industrielle. La production
01:15:05industrielle en France est déficitaire.
01:15:07Or, la France
01:15:09fait son résultat sur les dividendes
01:15:11reçus de l'étranger,
01:15:13sur la facturation
01:15:15des frais de recherche et développement,
01:15:17des facturations de sièges,
01:15:19des prestations effectuées par le groupe,
01:15:21des prestations intellectuelles,
01:15:23et la France a une activité
01:15:25commerciale en France
01:15:27qui est bénéficiaire.
01:15:29Mais 80%,
01:15:31alors, je crois que...
01:15:33C'est entre 75 et 80, je ne me souviens plus exactement.
01:15:35Enfin, c'est 75% des
01:15:37produits vendus en France
01:15:39sont sourcés,
01:15:41c'est-à-dire la production des produits
01:15:43qui sont vendus en France vient des pays
01:15:45périphériques à la France.
01:15:47Et 80% de la production française
01:15:49est exportée.
01:15:51Bon, ce n'est pas tout à fait ce que vous avez dit
01:15:53deux fois, mais bon, tout est filmé.
01:15:55Tant mieux, tant mieux.
01:15:57Vous précisez vos propos, donc,
01:15:59parce que, justement, j'ai bien écouté
01:16:01M. Lowe, tout à l'heure, nous décrire
01:16:03le plan de licenciement
01:16:05et
01:16:07les conditions dans lesquelles
01:16:09vont devoir partir
01:16:11les 1 200 et quelques salariés.
01:16:13Mais,
01:16:15je le dis, dans le résultat net
01:16:17de Michelin France,
01:16:19il y a
01:16:21deux dernières bénéficiaires,
01:16:23mais ce qui pèse lourd
01:16:25entre le résultat d'exploitation qui est toujours
01:16:27bénéficiaire, soit de 2020,
01:16:29le résultat financier toujours en négatif,
01:16:31ce qui est normal,
01:16:33impôts et crédits d'impôts toujours positifs,
01:16:35sauf d'ailleurs 2023,
01:16:37mais c'est le résultat exceptionnel
01:16:39qui fait peser,
01:16:41plomber les comptes de Michelin France,
01:16:43notamment parce que les coûts
01:16:45de restructuration depuis dix ans,
01:16:47lorsqu'on provisionne 236 millions
01:16:49d'euros en 2021,
01:16:51c'est un problème. Et là,
01:16:53tout le coût social que vous venez de donner
01:16:55va plomber le résultat
01:16:57net de 2024, parce que
01:16:59le plan de licenciement et les conditions
01:17:01que vous donnez, donc, vous voyez,
01:17:03on a une petite question.
01:17:05Après, moi, j'ai deux
01:17:07des petits dernières. Vous avez dit oui à la
01:17:09transparence,
01:17:11très bien, mais vous avez cité
01:17:13aussi, c'est pas nous qui faisons les règles
01:17:15du jeu. Donc moi, j'ai une question,
01:17:17est-ce que vous êtes pour modifier
01:17:19au-delà de la transparence un peu
01:17:21quelques règles du jeu,
01:17:23notamment pour qu'on aille vers une évaluation
01:17:25plus précise
01:17:27des différents dispositifs,
01:17:29qu'on conditionne et qu'on donne des critères précis,
01:17:31si c'est de la recherche,
01:17:33c'est de la recherche, y compris en France,
01:17:35et qu'on puisse dire
01:17:37combien de parts de sous-traitance,
01:17:39y compris au niveau européen,
01:17:41si c'est pour l'emploi, c'est pour l'emploi,
01:17:43si c'est pour l'achat de machines, c'est pour l'achat
01:17:45de machines, bref, transition numérique,
01:17:47écologique, parce qu'aujourd'hui,
01:17:49vous avez raison, vous jouez sur un terrain
01:17:51et en réalité, il y a très
01:17:53peu de règles du jeu, donc on peut pas
01:17:55dire, vous les respectez, vous les respectez pas,
01:17:57vous les respectez, mais elles sont
01:17:59effectivement très faibles.
01:18:01Donc est-ce que vous êtes pour aller
01:18:03vers, je sais pas,
01:18:05une critérisation
01:18:07ou un conditionnement de ces aides publiques ?
01:18:09Enfin, une dernière question,
01:18:11j'ai vu qu'il y avait eu du chômage partiel
01:18:13à Troyes, le pneu agricole,
01:18:15puis à Envelay aussi, ça c'est le génie
01:18:17civil,
01:18:19deux questions,
01:18:21est-ce que vous avez recours
01:18:23aux intérimaires lorsque vous
01:18:25pratiquez le chômage partiel ?
01:18:27La question,
01:18:29parce que c'est quand même une aide, le chômage partiel,
01:18:31c'est une aide importante,
01:18:33vous l'avez d'ailleurs signifiée tout à l'heure.
01:18:35Est-ce qu'on pourrait se dire,
01:18:37là, si on fait recours au chômage partiel,
01:18:39est-ce que la question des intérimaires ?
01:18:41Et la deuxième question,
01:18:43on voit, pas que
01:18:45chez Michelin,
01:18:47mais on voit que les entreprises
01:18:49qui sont touchées par le chômage
01:18:51partiel sont en général
01:18:53des sites où
01:18:55il arrive régulièrement
01:18:57que
01:18:59des entreprises, ces sites ferment
01:19:01sur les 3-4 années,
01:19:03ce qui était arrivé d'ailleurs à la Rocher,
01:19:05avant il y a eu du chômage partiel.
01:19:07Et comme vous venez de préciser deux fois que les actionnaires
01:19:09vous disent
01:19:1116% des effectifs mais 9%
01:19:13du chiffre d'affaires, est-ce qu'il est
01:19:15envisagé d'autres fermetures de sites ?
01:19:17Et si oui, lesquelles ? Voilà, je vous remercie
01:19:19Monsieur le Président.
01:19:21Alors, sur
01:19:23les différentes questions,
01:19:25nous sommes favorables
01:19:27chez Michelin à
01:19:29la transparence et donc
01:19:31toutes les mesures d'impact, nous y sommes favorables.
01:19:33Donc si vous souhaitez mettre
01:19:35en place des critères, je pense qu'on a déjà
01:19:37beaucoup de critères. On a déjà un reporting
01:19:39qui est très lourd, donc si vous voulez
01:19:41en mettre plus, écoutez,
01:19:43ça c'est votre décision. Nous,
01:19:45je pense que nous avons aussi
01:19:47besoin de simplification. Un guichet
01:19:49unique permettrait d'avoir une manière
01:19:51de faire ce reporting
01:19:53qui soit plus efficace pour
01:19:55l'entreprise et pour l'administration.
01:19:57Donc ça, je crois avoir été clair
01:19:59là-dessus. Après, sur les règles du jeu,
01:20:05est-ce que vous pouvez me repréciser
01:20:07exactement ce que vous vouliez dire par les règles du jeu ?
01:20:09C'est qu'on s'aperçoit
01:20:11au-delà de nos débats politiques
01:20:13que vous avez vus, on a une commission
01:20:15avec tout l'arc politique
01:20:17qui est composé du Parlement
01:20:19mais on est à peu près tous d'accord
01:20:21sur au moins vérifier
01:20:23l'efficacité et l'efficience
01:20:25et puis on a une question, c'est que
01:20:27on voit que tous les dispositifs
01:20:29je vais reprendre le CICE par exemple
01:20:31il y a une déclaration politique
01:20:33qui est posée sur
01:20:35c'est pour l'emploi
01:20:37un peu la compétitivité, puis on s'aperçoit au final
01:20:39qu'on ne demande ni l'un ni l'autre
01:20:41dans les critères.
01:20:43Donc on ne peut pas reprocher à une entreprise
01:20:45finalement de toucher du CICE
01:20:47et ne pas jouer la question de l'emploi
01:20:49puisque le critère n'est pas posé.
01:20:51Mais est-ce que vous êtes pour justement, sur tout un tas
01:20:53de dispositifs, on pose des critères plus précis
01:20:55qui seraient de fait
01:20:57à respecter par les entreprises
01:20:59si on leur demande ?
01:21:01Le principe des règles du jeu, nous on les respecte
01:21:03toujours.
01:21:05Plus de règles du jeu, encore une fois
01:21:07nous, notre sujet
01:21:09on pense à l'efficacité
01:21:11des dispositifs d'aide publique
01:21:13et donc nous, on sait
01:21:15exactement, techniquement
01:21:17à quoi on les emploie
01:21:19et là-dessus, il n'y a pas de
01:21:21préférence à donner.
01:21:23Nous, on est d'accord pour dire qu'avec
01:21:25un guichet unique, des critères
01:21:27spécifiques, après, derrière,
01:21:29nous, on remplira.
01:21:31Une notion quand même,
01:21:33il faut vous rappeler que nous opérons
01:21:35sur un marché qui est déjà mondialisé.
01:21:37Et donc derrière, il y a une question
01:21:39de la concurrence, de la compétitivité
01:21:41du pays France.
01:21:43Et donc, moi, ça m'embête quand notre pays
01:21:45réfléchit à des règles sans
01:21:47en oubliant ce qui se passe
01:21:49dans d'autres pays très proches.
01:21:51Très proches, c'est, on traverse
01:21:53les Pyrénées, on traverse les Alpes,
01:21:55on...
01:21:57Je parle de très proches.
01:21:59En Europe, on ne peut pas raisonner
01:22:01uniquement sur qu'est-ce qui se
01:22:03passe au niveau français, notamment quand vous parlez
01:22:05à des grands groupes qui sont présents dans tous les pays du monde.
01:22:07Donc,
01:22:09maintenant, sur votre question concernant
01:22:11le site de Troyes et le site du Puy,
01:22:13oui, ces sites
01:22:15sont, en ce moment, très largement
01:22:17sous-chargés. Nous avons 8
01:22:19sites en France, encore, qui sont très
01:22:21sous-chargés. On a un taux de charge de nos
01:22:23usines, en ce moment, de l'ordre de
01:22:25ces usines-là, notamment de 50%.
01:22:27Le marché agricole s'est
01:22:29effondré. Le marché agricole,
01:22:31c'est l'usine de Troyes.
01:22:33Le marché agricole laisse rentrer,
01:22:35l'Europe laisse rentrer
01:22:37sur le marché français des pneus
01:22:39indiens sans aucune contrepartie.
01:22:41Nous, nous n'avons pas le droit,
01:22:43nous sommes soumis à des licences d'importation en Inde,
01:22:45nous n'avons pas le droit d'exporter en Inde.
01:22:47Donc, on peut dire
01:22:49en France, on va normer ça
01:22:51derrière. Il faut
01:22:53aussi commencer à réfléchir
01:22:55à ce qui est en train de se passer. Nous avons perdu
01:22:57des parts de marché très importantes en
01:22:59France, dans les produits
01:23:01agricoles. Donc, notre usine, en ce moment,
01:23:03elle n'est pas chargée et on fait tout pour essayer
01:23:05de la maintenir. L'usine
01:23:07de Monceau, l'usine, l'usine,
01:23:09l'usine de Monceau et l'usine
01:23:11du Puy, parce qu'elles fabriquent à peu près les mêmes choses,
01:23:13sont indispensables
01:23:15pour fabriquer des pneumatiques qui vont
01:23:17sur les engins militaires de défense.
01:23:19En ce moment, on parle beaucoup
01:23:21de réarmement, sauf que toute la chaîne d'approvisionnement
01:23:23de réarmement, elle n'est pas prête.
01:23:25Et donc, derrière, nous,
01:23:27on a en ce moment des
01:23:29sites qui sont sous-chargés,
01:23:31mais qu'on maintient en activité parce qu'on est
01:23:33convaincus qu'il faut
01:23:35contribuer à l'effort
01:23:37qui sera à effectuer par la France.
01:23:39Et ces sites exportent
01:23:41principalement dans toutes les zones du monde.
01:23:43Et en ce moment, la géopolitique fait que ces
01:23:45sites sont largement sous-chargés.
01:23:47Alors maintenant, oui,
01:23:49effectivement, on touche du chômage partiel, mais si on ne touche
01:23:51pas du chômage partiel, ce qui va se passer, c'est qu'on va
01:23:53réajuster les effectifs
01:23:55dans ces sites pour les mettre
01:23:57au minimum. Et on préfère ne pas
01:23:59faire ça. On préfère dire
01:24:01qu'il vaut mieux que les personnes prennent...
01:24:03qu'il y ait un peu de prise en compte
01:24:05par l'État
01:24:07d'assister pour nous aider
01:24:09à passer ce moment qui est difficile.
01:24:11Et dans ces sites, il y a des intérimaires ?
01:24:13Et en général, la plupart du temps,
01:24:15on enlève les intérimaires d'abord
01:24:17et pour employer nos salariés
01:24:19au maximum.
01:24:21Je n'ai pas de détails sur le trône.
01:24:23Je vous remercie.
01:24:25J'ai vu qu'habilement, vous n'avez pas répondu à la première
01:24:27question, donc implicitement,
01:24:29vous avez raison.
01:24:31Le résultat exceptionnel et donc
01:24:33les provisions pour les restructurations,
01:24:35c'est ça qui plombe les résultats nets ?
01:24:37Les provisions pour les restructurations,
01:24:39elles sont
01:24:41prélevées sur des résultats
01:24:43qui n'ont pas été fabriqués en France.
01:24:45Et donc, derrière,
01:24:47on peut dire... Aujourd'hui,
01:24:49l'État français bénéficie de taxes
01:24:51de résultats qui viennent
01:24:53de l'étranger. Et donc, on peut dire
01:24:55que derrière la diminution de ce résultat,
01:24:57c'est aussi une façon
01:24:59de répartir,
01:25:01d'éviter que ce soit
01:25:03trop sponsorisé par
01:25:05l'étranger. Et
01:25:07les provisions pour restructuration,
01:25:09vous avez la gentillesse de le rappeler, sont très
01:25:11généreuses de manière à ce que tous les salariés
01:25:13soient impliqués et soient
01:25:15traités très correctement.
01:25:17Le montant
01:25:19de l'accompagnement des salariés
01:25:21et de la revitalisation est très
01:25:23supérieur à tout ce que font
01:25:25nos collègues en la matière.
01:25:27Non, mais d'accord.
01:25:29Mais je reste
01:25:31que je vais vous dire, après
01:25:33la question de plusieurs de mes collègues,
01:25:35et je vous l'ai posée deux fois, vous n'avez pas
01:25:37voulu répondre, mais je vous le dis,
01:25:39je pense que personne
01:25:41ne peut comprendre, et en premier lieu,
01:25:43les salariés qui perdent leur job,
01:25:45que l'entreprise
01:25:47réalise des bénéfices,
01:25:49verse des dividendes, et pas un peu,
01:25:51touche des aides publiques
01:25:53et licencie la même année.
01:25:55J'entends, on peut avoir le meilleur
01:25:57PSE, la course internationale,
01:25:59il faut être
01:26:01habile, agile, je connais tout ça
01:26:03par cœur, mais comprenez quand même
01:26:05qu'un certain nombre
01:26:07d'élus, je parle pour moi-même,
01:26:09mais j'ai vu que d'autres collègues l'ont fait,
01:26:11ne peuvent pas comprendre ça,
01:26:13Monsieur le Président. Moi, je vous
01:26:15dis, attention à la compétitivité
01:26:17du pays France.
01:26:19A force de faire ça, ce type
01:26:21de raisonnement, la compétitivité
01:26:23du pays France, elle est largement
01:26:25entamée, à l'international.
01:26:27Mais si on vous écoute,
01:26:298 sites sont menacés, et donc
01:26:31la compétitivité, si rien n'est fait,
01:26:33et qu'on continue à verser de l'argent public sans le
01:26:35conditionner, va faire qu'à un moment donné,
01:26:37Michelin pourra être un groupe
01:26:39pavillon français, en majorité,
01:26:41il est déjà
01:26:43un actionnaire étranger,
01:26:45et qu'il ne produira quasiment plus en France.
01:26:51Je vous laisse
01:26:53le paternité de cette conclusion.
01:26:57On va en arrêter là.
01:26:59Je vous remercie
01:27:01beaucoup, Monsieur le Président,
01:27:03Madame et Messieurs,
01:27:05pour votre intervention.
01:27:07Je pense que vous avez essayé d'être le plus précis
01:27:09possible et le plus pédagogue.
01:27:13En revanche, si vous
01:27:15pensez qu'il faut nous envoyer
01:27:17des documents, surtout
01:27:19n'hésitez pas, en fait,
01:27:21pour compléter
01:27:23vos propos, et puis voyez bien
01:27:25les questions qu'on peut
01:27:27se poser. En tout cas,
01:27:29merci beaucoup. Merci. Merci, chers collègues.
01:27:31Merci à vous.
01:27:33Voilà pour cette audition
01:27:35du PDG du groupe Michelin devant la commission
01:27:37d'enquête du Sénat sur les aides publiques
01:27:39versées aux entreprises.
01:27:41C'est la fin de cette émission, merci de l'avoir suivie.
01:27:43Continuez à suivre l'actualité politique et parlementaire
01:27:45sur notre site internet publicsenat.fr.
01:27:47Je vous souhaite une très bonne suite des programmes
01:27:49sur Public Sénat.

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