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00:00A la une de l'actualité à l'étranger également, nous sommes donc à la veille de l'ouverture de négociations décisives pour une trêve
00:06partielle. Au moins trois personnes ont été tuées et dix autres blessées dans une attaque de drones russes sur Kiev cette nuit.
00:12Des discussions concomitantes arrivent donc entre ukrainiens, russes et américains
00:16demain en Arabie Saoudite alors qu'en parallèle la Russie dit aborder dans un état d'esprit combatif et constructif ces négociations.
00:23Kiev explique en amont que ce rendez-vous qu'il veut obtenir une trêve partielle.
00:28J'accueille dans un instant Claude Blanchemezo, ancien ambassadeur de France en Russie mais avant cela je me tourne vers vous Geoffrey Branger bonjour.
00:35Bonjour les Nike, bonjour à tous. Que peut-on attendre de ces discussions Geoffrey ?
00:38Et bien que ce soit du côté des ukrainiens, des russes ou des américains, tous espèrent que ces discussions feront avancer la situation
00:43vers un cessez-le-feu. Comme l'expliquait hier Grigory Karasin, l'un des deux négociateurs du Kremlin
00:49interrogé par la chaîne de télévision russe Svesda.
00:52Nous sommes dans un état d'esprit combatif et constructif.
00:55Nous espérons réaliser des progrès avec ces discussions.
00:58Il sera difficile de traiter tous les sujets à l'ordre du jour mais nous partons du principe que nous devons en résoudre au moins quelques-uns.
01:05Une déclaration encourageante mais prudente, de nombreux sujets doivent être abordés notamment celui d'une trêve sur les attaques visant les infrastructures
01:12énergétiques dans les deux camps. Pour Steve Whitkoff, l'émissaire américain, une autre question devra être tranchée prochainement pour mettre fin à cette guerre.
01:20Je pense que le principal problème dans ce conflit, c'est la question de ces quatre régions, le Donbass, la Crimée et il y en a d'autres.
01:27Là-bas, il parle russe, il y a eu des référendums lors desquels l'immense majorité de la population a indiqué vouloir être sous autorité russe.
01:34Je pense que trancher ce problème sera la clé pour mettre fin à ce conflit.
01:38Des propos qui rapprochent un peu plus les Etats-Unis de la position russe, Steve Whitkoff explique quand même que Vladimir Poutine
01:44n'est pas un mauvais type. Kiev, de son côté, n'a pas encore réagi à ces déclarations de l'émissaire américain.
01:49Allez, précision de Geoffrey Branger pour Europa, on va essayer d'y voir un peu plus clair. Bonjour, Claude Blanchemaison.
01:55Bonjour.
01:55Vous avez été ambassadeur de France en Russie au début des années 2000. D'abord, quel regard portez-vous sur ce trio Poutine-Trump-Zelensky ?
02:03D'ailleurs, est-ce que c'est un trio ou alors un duo qui va décider du sort du troisième ?
02:08Oui, c'est bien ça la question en réalité parce qu'on sait que
02:11Poutine ne veut pas rencontrer Zelensky, ne veut plus le rencontrer. Il l'a rencontré une seule fois d'ailleurs à Paris, à l'Elysée,
02:17mais ça c'était avant la guerre et effectivement il ne veut plus traiter directement avec lui. Par contre,
02:23il a un certain regard sur Trump et il pense sans doute qu'il a une possibilité avec Trump d'arriver à un accord qui lui soit favorable.
02:32Par conséquent, pour ces raisons, il traite Trump avec quand même une certaine considération.
02:38Mais on a bien vu que dans le coup de téléphone qui a duré près de trois heures entre Trump et Poutine,
02:44Poutine tout en étant aimable vis-à-vis de Trump a multiplié les difficultés, les préconditions pour incesser le feu de façon à ce que Trump devienne sensible à la complexité du problème.
02:56Mais sans le braquer parce qu'il ne veut pas non plus le braquer, il tient sans doute beaucoup à avoir ce sommet bilatéral Trump-Poutine
03:04parce que vis-à-vis de sa population et vis-à-vis du monde entier, ça le mettrait dans une position évidemment de parité apparente avec le président du pays le plus puissant du monde.
03:15Mais par ailleurs, il n'a pas renoncé à effacer l'identité de l'Ukraine et il pense qu'il peut y arriver sinon par des moyens militaires, du moins par des moyens politiques, c'est précisément l'objet de la négociation en cours.
03:28Alors ce qui va se passer demain sera sans doute décevant parce que c'est très limité, mais tout ça continue.
03:34J'ai noté ce matin que l'agence Bloomberg disait que dans le fond, l'objectif était d'aboutir pour les Américains à un accord de cesser le feu complet pour Pâques, c'est-à-dire pour le 20 avril.
03:44C'est bien possible, une trêve pour Pâques, mais ce ne sera qu'une trêve et ça ne veut pas dire que Poutine renoncera complètement à, non pas à annexer,
03:54mais à faire de l'Ukraine quelque chose qui pourrait ressembler en fait à la Biélorussie.
03:59Et une sortie de crise qui serait acceptable justement pour non seulement l'Ukraine, mais aussi pour le peuple ukrainien ?
04:04Alors pour l'Ukraine sûrement pas, puisque l'Ukraine tient beaucoup, et d'ailleurs l'Europe aussi, au respect des règles du droit international,
04:12c'est-à-dire que l'accord quel qu'il soit doit faire une référence à l'intégrité territoriale,
04:17à récupérer un jour de l'Ukraine bien sûr, doit faire aussi référence au respect de la souveraineté de l'Ukraine,
04:26et à sa liberté de décision en ce qui concerne l'Ukraine non occupée par les Russes, y compris dans le choix des conditions de sécurité,
04:34soit en adhérant à l'OTAN, soit en invitant à venir sur son sol des troupes de pays occidentaux,
04:39qui sont d'ailleurs en train de formuler la possibilité, c'est le cas des Européens plus, puisqu'il y a aussi des Canadiens,
04:49bien sûr des Européens au sens large, puisqu'il y a les Britanniques et les Norvégiens,
04:54mais il y a aussi les Australiens qui ont montré le bout de leur nez, qui participent à ces discussions de l'Europe élargie.
05:01Et alors c'est vrai Claude Blanchemaison que Volodymyr Zelensky ce matin même justement a mis un peu la pression sur ses alliés
05:06pour qu'ils continuent précisément de mettre la pression sur Moscou.
05:10Il faut remettre vraiment les alliés au centre du jeu ? On a été un peu exclu depuis ?
05:14On voit bien que la configuration de la négociation qui va avoir lieu demain à Riyad est une configuration bilatérale entre la Russie et les Etats-Unis.
05:23Alors bien sûr l'Ukraine sera présente quelque part en ville,
05:27et les Américains ont promis de rencontrer la délégation ukrainienne ce soir et probablement demain matin avant de négocier avec les Russes.
05:35L'Ukraine a délégué son ministre de la Défense, donc c'est particulièrement sérieux.
05:40Alors que le fait que les Russes délèguent demain à Riyad une délégation de niveau médiocre,
05:47même peut-être plus que médiocre parce qu'il s'agit d'un ancien vice-ministre des Affaires étrangères qui s'appelle Karasin,
05:54qui est un vieux de la vieille, qui par force de fidélité à Poutine est parvenu à être nommé à la Chambre haute du Parlement
06:01où il préside la commission des relations extérieures, mais on sait que c'est un dur.
06:07Et puis le deuxième est quelqu'un du FSB qui tenait le bureau Ukraine du FSB juste avant la guerre.
06:14C'est par conséquent le monsieur qui a donné des fausses informations à Poutine sur la résilience ou la non-résilience de l'Ukraine.
06:22Alors est-ce qu'il a donné des fausses informations parce qu'il était lui-même mal informé ? Je ne le crois pas.
06:26Il a donné des fausses informations parce qu'il a dit à Poutine ce que Poutine voulait entendre.
06:29Donc on aura peut-être un peu plus de vision sur ce qu'il va se passer dans les prochains jours.
06:34Merci Claude Langemaison d'être intervenu sur l'antenne de Rempas, ancien ambassadeur de France en Russie.
06:40Vous y étiez de 2000 à 2003.