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00:00Bonjour, bienvenue sur SRTV, notre émission Bizess Angel. Les Bizess Angel viennent nous partager leur expérience d'investissement en amorçage et aujourd'hui en visio depuis Toulouse, c'est Jean-Michel Darroi qui préside un réseau de Bizess Angel dédié à l'aéronautique et au spatial
00:29et qui s'appelle Aerospace Angels. Jean-Michel, bonjour. Bonjour Stéphane. Alors peut-être deux mots sur votre parcours avant que vous nous parliez de votre activité de Bizess Angel et d'Aerospace Angels.
00:44C'est assez simple en fait, j'ai fait toute ma carrière dans l'industrie spatiale. Au départ, j'ai une formation d'ingénieur aéronautique et spatial. Donc j'ai fait toute ma carrière dans un groupe qui s'appelait Matra au début et qui sur la fin, au gré des fusions, des rapprochements, s'est appelé Airbus, Airbus Defence and Space et donc dans la branche spatiale.
01:01J'ai exercé des fonctions de management à peu près dans toutes les facettes de l'industrie spatiale, de la conception des satellites jusqu'à leurs opérations en orbite et à leur exploitation aussi dans les services. Et donc depuis deux ou trois ans, je conseille des startups dans le domaine aéronautique et spatial et je suis aussi président de la structure Aerospace Angels sur laquelle je pense qu'on reviendra un peu plus tard.
01:25Un secteur où c'est particulièrement innovation et particulièrement actif, bien entendu. Alors, dans combien de startups vous avez déjà investi ?
01:35Alors, petite précision, j'ai investi à la fois à titre personnel individuellement et aussi dans le cadre d'Aerospace Angels. À titre personnel, c'est assez récent en fait. En fait, j'investis depuis deux ans à peu près, deux ou trois ans. Aussi bien d'ailleurs à titre personnel que dans Aerospace Angels. Et donc j'ai investi à titre personnel dans six startups et avec Aerospace Angels, on a investi dans huit et bientôt dix startups.
01:58D'accord. Quelle est votre motivation ?
02:01Alors, pour ce qui me concerne, et je pense que d'ailleurs je peux parler aussi au nom de l'ensemble des membres d'Aerospace Angels, ce qui nous motive, c'est déjà avant tout de rendre un peu toute l'expérience qu'on a pu acquérir parce qu'on est tous ou la plupart d'entre nous des gens très expérimentés dans ces industries-là.
02:17Donc on a très envie de à la fois partager ce qu'on a acquis et aussi finalement de continuer à participer à l'aventure un peu par l'intermédiaire des fondateurs des startups. Donc évidemment, il y a aussi l'aspect investissement, mais comme on dit souvent, ce qu'on apporte aux startups, c'est notre expérience, notre expertise, notre réseau et un peu d'argent puisqu'on n'est pas non plus ce qu'on appelle des deep pockets. Donc voilà, on amène notre argent personnel, mais aussi beaucoup d'autres choses.
02:44Il y a un côté transmission et puis rester collé à l'innovation des nouvelles, des futures générations et puis de tout ce qui est en train de se construire et qui est passionnant. En général, c'est des tickets de combien que vous mettez ? C'est un réseau où vous avez des fonds, des clubs d'îles ? Comment ça fonctionne ?
03:01Tout d'abord, on est très récent puisqu'on a été créé il y a deux ans. Je crois que dans la nébuleuse France Angels, qui est la fédération qui rassemble tous les clubs de business angels en France, on doit être 40 ou 50 si je ne me trompe pas. Il y en a quelques-uns dont on fait partie qui sont vraiment dédiés à des secteurs industriels. Il y a Defense Angels, il y a Santé Angels, il y a Mer Angels et nous on est un peu les petits derniers qui avons été créés il y a deux ans face à l'émergence de plus en plus importante de startups dans ces domaines-là.
03:28Donc, on a été créé il y a deux ans à peu près. Du coup, j'ai oublié la question initiale.
03:35Le ticket moyen que vous mettez ?
03:38Ce qu'on demande aux investisseurs, c'est d'être capable d'investir au moins 5 000 euros à peu près. On va dire les tickets par membre, c'est 5 000 à 10 000 euros. Ensuite, ça dépend de la taille du réseau. Pour y invoquer, on était quatre. Il y a un an, on était 15. Aujourd'hui, on n'est plus de 40. On va dire que par investissement, ce qu'Aerospace Angels est capable d'investir, c'est entre 50 000 à 60 000 euros jusqu'à 150 000 ou 200 000 euros aujourd'hui.
04:05Notre objectif, c'est d'atteindre rapidement la taille de 100 membres pour pouvoir effectivement investir plus.
04:10Il y a l'argent et puis j'imagine aussi toute votre expérience et puis l'accès au réseau que vous devez procurer aux startups dont vous occupez. Quels sont vos critères de sélection, hormis bien entendu le secteur qui doit toucher l'aéronautique ou le spatial, bien sûr ?
04:27Je crois qu'ils ne sont pas très originaux. Je dirais qu'on va commencer par la qualité du fondateur ou de l'équipe fondatrice. Il est bien connu que c'est souvent une des causes majeures de réussite ou d'échec des startups.
04:39Là, on accorde beaucoup d'attention à ça, mais de façon plus générale, quand on décide d'instruire un dossier, on fait une vraie due diligence, c'est-à-dire qu'on analyse toutes les facettes de la startup, aussi bien technique qu'industrielle, que business, que financière et donc la qualité des fondateurs.
04:56On est même amené souvent à nous appuyer sur un cabinet RH qui fait une évaluation vraiment professionnelle et structurée du ou des fondateurs.
05:06Une priorité, c'est quoi ? C'est le côté innovant ou le côté plutôt réaliste, innovant bien entendu, mais qui est quand même un accès au marché, que ce ne soit pas simplement une fantaisie ou un rêve ?
05:17Non, l'aspect marché est très important pour nous. L'aspect pour faire un anglicisme skydability est très important aussi. On regarde tous ces aspects-là. Effectivement, on n'a pas pour vocation d'investir uniquement pour la beauté technologique d'une innovation.
05:33Évidemment, il faut que l'innovation soit un peu marquée aussi, parce que c'est aussi comme ça qu'on a des startups qui derrière se développent très fortement, mais l'aspect marché est très important pour nous aussi.
05:43Oui, quand on est passionné par un secteur, on peut se laisser un peu emporter. C'est joli, par un rêve, par une ambition qui n'est pas forcément…
05:55Oui, mais c'est aussi pour ça qu'on a un process extrêmement structuré d'instruction, qui quelque part impose l'équipe d'instruction de passer par toutes les facettes que j'ai évoquées tout à l'heure, et ensuite de les restituer au monde.
06:07Parce qu'on est vraiment un club, c'est-à-dire que ce n'est pas un fond, ce n'est pas Aerospace Angels qui investit globalement, c'est une équipe d'instruction qui instruit et qui présente le dossier ensuite à l'ensemble des membres,
06:16et chacun gardant sa liberté d'investir et le montant qu'il souhaite investir. De toute façon, à la restitution, il y a une nécessité de couvrir les différents aspects, et donc notamment ceux qu'on vient d'évoquer.
06:29D'accord. Au niveau du sourcing, comment opérez-vous ?
06:33On gère un deal flow. La chance que l'on a, c'est que finalement le secteur est tellement dynamique que pour l'essentiel, ce sont des startups qui viennent nous trouver.
06:43Et on complète ça par des startups que nous détectons par nous-mêmes, parce qu'on essaie aussi de participer à pas mal d'événements dans l'écosystème des startups de l'Aéronautique et du Spatial.
06:54Et puis ensuite, on travaille aussi beaucoup avec des partenaires. On a signé un partenariat dès la première année avec le CNES, comme vous l'imaginez, qui est extrêmement actif dans l'Aéronautique et du Spatial.
07:03On a un partenariat avec Aerospace Valley aussi, qui est extrêmement actif, qui est le pôle de compétitivité de l'Aéronautique et du Spatial.
07:09On a des partenariats aussi, par exemple, avec une plateforme d'investissement qui s'appelle SoufTech Invest, qui est très orientée sur les technologies de souveraineté.
07:18Donc voilà, on n'a pas trop de mal à alimenter notre deal flow. Et ensuite, c'est sur la base de ce deal flow qu'on sélectionne les startups qu'on fait passer en pitch.
07:26On a des sessions de pitch chaque mois, une ou deux par mois. Et c'est sur ces pitchs-là qu'on décide ensuite des instructions vraiment détaillées, telles que je les ai écrites précédemment.
07:34D'accord. Une fois que vous êtes engagé, vous vous impliquez, j'imagine ?
07:39Oui, ça fait même partie de nos exigences, c'est-à-dire que quand on investit dans une startup, on demande à ce que l'un d'entre nous soit membre du COS,
07:46du Comité d'Orientation Stratégique, qui est un peu l'équivalent du conseil d'administration d'une startup.
07:51Mais effectivement, comme je l'ai dit dès le début, on n'a pas pour vocation d'être uniquement des investisseurs.
07:56On veut vraiment accompagner les startups et donc on veut vraiment continuer à leur apporter ce que je décrivais tout à l'heure, tout au long de la vie.
08:02En tout cas, aussi longtemps qu'on restera investi et aux côtés de la startup.
08:06D'accord. En termes de performance, c'est un peu trop jeune, disons, pour faire le point.
08:10Mais qu'est-ce qui marche bien aujourd'hui, justement, dans l'aéronautique, le spatial, comme startup ?
08:16Et quel est le challenge, la concurrence des startups françaises avec leurs homologues, notamment américaines ?
08:24Oui, c'est ce qui nous a toujours, je pense, passionnés, l'ensemble des membres dans toute notre carrière.
08:29Et donc, on trouve un prolongement dans notre activité de Business Angels, c'est que ce sont des business mondiaux.
08:35Et d'ailleurs, c'est aussi ce qu'on exige de la part des startups, c'est d'avoir d'emblée une vision d'un marché international.
08:42Donc, qu'est-ce qui marche aujourd'hui ? Le secteur, il est très porté par plusieurs facteurs.
08:47Il est porté par tout ce qui est décarbonation, notamment dans l'aéronautique.
08:51Donc là, on a beaucoup de startups qui font des avions décarbonés, hybrides, tout électrique, hydrogène.
08:58On a tout ce qu'on appelle le New Space, qui est extrêmement aussi porteur aujourd'hui.
09:03Et on a beaucoup, beaucoup de startups de drones.
09:06Et alors là, de tout type, ça va des tout petits drones à des drones beaucoup plus gros cargos,
09:11aussi bien des fabricants de drones que des gens qui font du service à base de drones.
09:15Donc, on a vraiment une très, très grande diversité de dossiers à traiter.
09:19Et donc, effectivement, comme vous le disiez, on est jeune, donc on ne peut pas prétendre avoir un retour aujourd'hui d'expérience.
09:24Mais enfin, on a des startups qui se portent bien.
09:26Par exemple, pour l'aviation décarbonée, une des premières startups dans laquelle on investit, qui s'appelle Aura Aero,
09:32a à la fois eu sa certification pour un de ses avions récemment et a fait voler aussi un de ses modèles 100% électriques il y a très peu de temps ici à Toulouse.
09:41Donc, so far, so good, comme disent les anglo-saxons.
09:46Donc, les startups que l'on soutient continuent de bien se développer.
09:50Vous qui êtes un expert, vous y croyez ?
09:52Donc, à l'aviation, aux avions électriques, aux avions à hydrogène, ça reste aujourd'hui quand même une hypothèse ?
09:59Oui, en fait, il faut être pragmatique comme toujours.
10:02Et ce qui me plaît, moi, dans les startups auxquelles on s'adresse, c'est que la plupart sont pragmatiques.
10:06Alors, qu'est-ce que ça signifie être pragmatique dans le domaine ?
10:08Ça veut dire, effectivement, ne pas rêver de pouvoir faire concurrencer Airbus, par exemple,
10:13avec des avions 100% électriques du type de ceux que font Airbus.
10:16Aujourd'hui, avec l'écologie actuelle, c'est impossible.
10:19Donc, tout le pragmatisme, justement, des startups dans lesquelles on investit,
10:24c'est de viser plutôt soit des petits avions, l'aviation légère, bi-place,
10:29soit des avions régionaux du type une vingtaine de places.
10:33Et il y a vraiment un besoin, là, aujourd'hui.
10:35D'ailleurs, je pense que ces avions-là, au-delà de l'aspect simplement décarbonation,
10:38sont tout à fait susceptibles d'apporter des solutions qui n'existent pas vraiment aujourd'hui,
10:42en tout cas, aussi économiques que celles qu'ils sont en train de développer.
10:45Donc, voilà, ce que je répondrais, c'est que si on vise bien des choses qui sont réalistes
10:50et qui correspondent à des vrais marchés, là, il y a vraiment de quoi se développer.
10:55Très bien. Pour conclure, Michel, quand vous n'allez pas dans les startups,
10:59dans quels autres actifs vous placez vos économies ?
11:02Rien de très original.
11:04A titre personnel, c'est plutôt dans la bourse, aussi bien américaine qu'européenne,
11:10voire même, je commence à m'intéresser à ce qui se passe en Asie,
11:13parce que je pense que ça le mérite.
11:15Dans les valeurs aéronautiques ou pas spécialement ?
11:17Ah non, non, non. Alors, ce que je n'ai pas dit aussi, c'est qu'au début de ma carrière,
11:21j'ai eu la chance de décorer la Silicon Valley il y a 40 ans.
11:24J'avais même convaincu le siège du groupe Matra de mettre en place une cellule de veille techno.
11:28Donc, le monde des startups, je connais très bien, et notamment du digital depuis longtemps.
11:31Et donc, c'est beaucoup aussi dans les startups du digital.
11:34Alors évidemment, les GAFAM, je ne suis pas très original de ce point de vue-là,
11:39mais aussi dans quelques autres qui sont un peu moins connus.
11:43Jean-Michel, merci. Merci à tous de nous avoir suivis.
11:46Je vous donne rendez-vous très prochainement sur Investeur TV avec d'autres Biz à Saint-Jean.