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Patrice Uzan a été lourdement condamné pour deux crimes. L’un à Saint-Witz en janvier 2011, près de Roissy-Charles-de-Gaulle, pour le double meurtre d’un couple de retraités, avec une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 20 ans de sûreté Et l’autre, en avril 2011, à Paris pour le meurtre d’un bijoutier lors d’un braquage, avec 30 ans de prison. Toutes les victimes ont été abattues de trois balles dans la tête, avec la même arme, ce qui a permis de rapprocher les deux affaires qui ont été jugées séparément.

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Personnes
Transcription
00:00:30Un raté. C'est comme ça que Patrick Huzan parle de lui. Comme d'un raté.
00:00:38Quoiqu'il ait tenté dans la vie, il a fini par tout louper.
00:00:41La coiffure ? Raté. La location de bateau ? Raté. Le bâtiment, la restauration, la vente ? Encore raté.
00:00:50Il se débrouille pour que toutes ses actions échouent.
00:00:56Même ses cambriolages ne le menaient pas loin.
00:00:58C'est un petit recelleur de bas quartier qui fait des petits coups à 2,50 francs.
00:01:05Un loser. C'est lui qui le dit.
00:01:08Qui a pourtant bien failli passer entre les mailles du filet.
00:01:11Parce qu'il en a fallu du travail, du flair, du temps et surtout des idées pour coincer un cambrioleur à la petite semaine qui est devenu un tueur.
00:01:19On est persuadés, tous, qu'on a eu affaire à un tueur en série. Si on ne l'avait pas arrêté, il aurait continué.
00:01:23Un couple de retraités, un bijoutier, exécutés tous les trois, de trois balles chacun, en pleine tête.
00:01:33Quand les policiers et les gendarmes sont tombés sur lui au terme d'une double enquête remarquable, ils avaient encore du mal à y croire.
00:01:40On finit par se poser la question, est-ce qu'il n'y a pas un complice qui nous est caché dans cette histoire ?
00:01:46C'est aussi ce qui a dit Usant pour sa défense. Comme si lui non plus ne se croyait pas capable de réussir un triple homicide en solo.
00:02:01Il fait un froid de canard ce 22 janvier 2011 dans le Val d'Oise, quand à 17h45, une patrouille de gendarmerie reçoit un appel radio.
00:02:09Nous sommes appelés pour aller faire une intervention à Saint-Viz dans le cadre d'une découverte de cadavres dans un domicile.
00:02:19La seule information donnée est qu'un proche de la famille aurait découvert un corps au rez-de-chaussée sans vie.
00:02:28Cinq minutes plus tard, l'adjudant Osias et ses deux collègues retrouvent l'homme qui a donné l'alerte.
00:02:34Il a découvert le corps de sa voisine, Christiane Hicke, chez elle, couché par terre et du sang partout.
00:02:50On est en fin de journée, il fait très très sombre.
00:02:54J'ai un camarade qui progresse devant moi, armé de son taser.
00:02:58Je suis au centre de la colonne, arme à la main.
00:03:06Ma troisième collègue sécurise notre progression vers l'arrière, elle aussi arme à la main.
00:03:13On rentre potentiellement sur une scène de crime où l'auteur peut surgir à n'importe quel moment.
00:03:18Le cœur bat assez fort.
00:03:22Les gendarmes ne peuvent plus rien pour Madame Hicke.
00:03:25Il y a une mare de sang au niveau de la tête.
00:03:30Mais où est passé Michel, le mari de Christiane ?
00:03:35La première idée qui nous passe par la tête, c'est peut-être un éventuel meurtre familial.
00:03:41Il se peut que le mari ait tué sa femme.
00:03:45On continue notre progression.
00:03:46C'est un pavillon assez cossu, il y a beaucoup de souvenirs de voyages amoncés au fil des années.
00:03:57Personne n'aurait de chaussée.
00:04:02Les gendarmes montent à l'étage.
00:04:05Et dans la chambre du couple.
00:04:08Un désordre sur le lit, des boîtes à bijoux vidées.
00:04:10Et là, on remarque le corps du mari, en fait, coincé entre le mur et le lit.
00:04:21Face vers le sol.
00:04:23Une mare de sang autour de la tête.
00:04:27Le tueur a quitté les lieux.
00:04:32Quand on est jeune gendarme, on retranspose cette situation à notre univers familial.
00:04:37On peut se dire que ça peut être nos grands-parents, morts dans cette maison.
00:04:41C'est marquant.
00:04:44Originaire de Belgique, Michel et Christiane Hicq avaient 68 ans.
00:04:50Tous deux retraités, ils avaient trois enfants et cinq petits-enfants.
00:04:58La scène de crime est gelée et c'est la section de recherche de Versailles qui reprend l'enquête.
00:05:03Moi-même, qui suis un ancien technicien en investigation criminelle,
00:05:09je voulais appréhender cette scène, sentir l'ambiance, en fin de compte.
00:05:13Et là, la scène est hallucinante.
00:05:16Dans le couloir où Christiane Hicq gît à plat ventre,
00:05:20le mur est éclaboussé de sang, à un mètre de hauteur.
00:05:26Des traces m'incultent aussi le bas de la porte des toilettes.
00:05:29On peut supposer que cette femme a tenté de fuir pour aller se réfugier dans les toilettes
00:05:37et qu'elle a reçu un premier impact dans le dos
00:05:40qui l'a probablement fait chuter et que l'auteur a tiré derrière sa tête.
00:05:46La porte d'entrée de la maison est verrouillée de l'intérieur.
00:05:52Le tueur a dû passer par la porte-fenêtre de la cuisine,
00:05:56la seule à être encore ouverte.
00:05:59Pas de traces de lutte au rez-de-chaussée.
00:06:04Un chausson d'homme traîne par terre comme perdu en courant.
00:06:08Ils ont probablement été surpris au moment du repas.
00:06:14Il y a un plat de pâtes qui se trouve dans le micro-ondes
00:06:16et il y a une casserole avec des aliments qui est sur la plaque du four.
00:06:23À l'étage, voici le deuxième chausson sur le lit.
00:06:29Et sous le lit, une carabine à un mètre du corps de Michel Hicq.
00:06:34On comprend que M. Hicq était monté à l'étage très très rapidement
00:06:39pour tenter de se défendre de son agresseur.
00:06:41Il a tenté de se saisir de ce fusil
00:06:44puisque la poussière qui était sous le lit a été balayée
00:06:48comme si on avait fait un mouvement de bras
00:06:50pour essayer d'attraper le fusil.
00:06:54Les tiroirs de la chambre sont ouverts.
00:06:58Des objets éparpillés partout.
00:07:01Mme Hicq a été délestée de ces bijoux
00:07:03qu'elle portait en permanence.
00:07:05Notamment une montre de luxe
00:07:06et une bague avec une pierre, un diamant.
00:07:12Visiblement, les cartes bancaires et les téléphones
00:07:14ont pris la même direction.
00:07:16Mais toutes les empreintes digitales et génétiques
00:07:18que les TIC, les techniciens en investigation criminelle relèvent
00:07:22sont inconnues des fichiers.
00:07:26Quant au mode opératoire, on le devine
00:07:28avec la découverte de deux étuis de balles,
00:07:31un sous le corps de Christian Hicq,
00:07:35un autre sous un meuble de l'étage.
00:07:39Le plus trouvant pour nous, c'est qu'on a une double scène de crime
00:07:41avec plusieurs tirs d'armes à feu
00:07:43et qu'on ne retrouve que deux étuis.
00:07:45Manifestement, les autres étuis qui étaient visibles
00:07:49ont été ramassés par le tireur.
00:07:51Il a pris de très grandes précautions
00:07:52lors de la réalisation de ses actes.
00:07:54Ça nous fait penser à quelqu'un de méticuleux,
00:07:57peut-être expérimenté.
00:07:58Je m'imagine la scène, comme dans un film.
00:08:06Cet individu qui rentre armé,
00:08:08qui braque un couple de retraités.
00:08:12J'imagine ce couple en panique qui prend la fuite.
00:08:20Cet individu qui court derrière Madame Hicq,
00:08:23qui tire une première fois.
00:08:26Qui se rapproche à hauteur de sa tête.
00:08:28Qui tire à nouveau.
00:08:36Après avoir abattu Madame Hicq,
00:08:38l'auteur a poursuivi Monsieur Hicq à l'étage
00:08:41et est arrivé juste avant qu'il se saisisse de son arme.
00:08:48Il l'a battu alors qu'il était au sol.
00:08:51Dominique, les corps des époux Hicq sont autopsiés.
00:09:00Quelles sont les conclusions du légiste ?
00:09:01Ils ont reçu chacun trois balles dans la tête,
00:09:04plus une dans le dos pour Christiane,
00:09:06qui lui a traversé le poumon droit, traversé le foie.
00:09:09Elle tournait le dos au tueur.
00:09:11Pourquoi ? Parce que toutes les balles ont une trajectoire
00:09:12de l'arrière vers l'avant.
00:09:15Elle a été tuée sur le coup.
00:09:16Le légiste parle d'un tir à courte distance.
00:09:20Son mari Michel a reçu trois balles également.
00:09:22Deux derrière la tête.
00:09:23Une dans la tempe droite.
00:09:26Des tirs selon le légiste
00:09:27qui ont une trajectoire du haut vers le bas.
00:09:30Le tueur tenait son arme comme ci.
00:09:32Vous avez bien dit trois balles dans la tête chacun.
00:09:34Oui.
00:09:35C'est une exécution.
00:09:36C'est plutôt un geste de tueur professionnel.
00:09:40D'ailleurs, vous avez remarqué qu'il manque
00:09:42cinq étuis sur la scène de crime.
00:09:44Le tueur a emporté les douilles de ses balles.
00:09:47Il en a oublié deux.
00:09:48Il a dû les chercher.
00:09:49Est-ce que le légiste parvient à dater les crimes ?
00:09:51Le légiste dit 24 heures avant la découverte des corps.
00:09:55Les bols alimentaires contenus de l'estomac sont quasiment vides.
00:09:58Les époux se préparaient à passer à table.
00:10:01À quelle arme correspondent les deux étuis,
00:10:02les deux douilles qui ont été retrouvées par l'éthique ?
00:10:04Alors, les deux douilles qui sont retrouvées plus,
00:10:06les balles qui sont extraites des corps des victimes
00:10:08sont de calibre 22 longs rifles.
00:10:10Elles ont été tirées par un pistolet automatique
00:10:14de marque Walter modèle P22.
00:10:17Un Walter P22.
00:10:1822 longs rifles, c'est une munition très courante,
00:10:21très répandue en France.
00:10:22C'était la munition qui était utilisée dans les fêtes foraines.
00:10:25C'est un pistolet de ce type.
00:10:26Un pistolet de ce type.
00:10:27Les tueurs professionnels adorent ça
00:10:29parce que c'est tellement répandu
00:10:30que c'est difficile à remonter.
00:10:32Le problème, c'est que ça n'a pas de puissance d'impact.
00:10:34Mais un tueur pro s'en fiche
00:10:37parce qu'il va compenser le manque de puissance de la munition
00:10:39par la précision de son tir.
00:10:41La difficulté pour les gendarmes,
00:10:43c'est que la liste de ces détenteurs d'armes,
00:10:46elle est longue comme le bras.
00:10:46246 dans le Val-d'Oise
00:10:49et les départements Limitrof,
00:10:51propriétaires légaux, armes déclarées.
00:10:53Les gendarmes vont vérifier.
00:10:55Aucune de ces armes ne correspond à l'arme du crime.
00:10:59Et puis, il y a un autre problème, Christophe.
00:11:00C'est que dans les années 2005-2010,
00:11:03un millier environ de ces armes,
00:11:05des Walter P22,
00:11:06ont été importées illégalement des pays de l'Est.
00:11:09Et ils sont toujours en circulation.
00:11:10Dès le lendemain du double meurtre,
00:11:1740 gendarmes s'installent à Saint-Vitz.
00:11:21On regarde partout,
00:11:23dans les haies, dans les jardins.
00:11:25On cherche une arme,
00:11:27on cherche tout ce qui pourrait
00:11:28nous apporter des informations
00:11:30sur ce qui s'est passé dans la maison d'Eic.
00:11:33Au fond d'un étang,
00:11:37à 100 mètres de la maison,
00:11:38la pêche est bonne.
00:11:40Deux armes ont été jetées à l'eau.
00:11:43J'arrive sur les lieux
00:11:44plein d'espoir, effectivement.
00:11:47Je vois immédiatement
00:11:48qu'il s'agit d'un revolver
00:11:49et d'un pistolet automatique.
00:11:51Mais nous savons que nous recherchons
00:11:52un 22 long rifle.
00:11:53Ce n'est pas le calibre que nous recherchons.
00:11:55Ce n'est donc pas les bonnes armes
00:11:57qui ont tué le couple Eic.
00:12:03Pendant trois jours,
00:12:12les gendarmes ratissent le quartier.
00:12:19Les gens sont à leur fenêtre.
00:12:21Ils attendent.
00:12:23Quand on arrive chez eux,
00:12:23le café est déjà prêt.
00:12:25Et on parle avec les gens,
00:12:26on discute,
00:12:27on essaie de savoir
00:12:28s'ils ont entendu quelque chose.
00:12:33Ce qui nous interroge,
00:12:35c'est que personne n'a rien vu,
00:12:37personne n'a entendu.
00:12:38Sept coups de feu ont été tirés
00:12:39dans cette habitation.
00:12:41Les voisins proches
00:12:41n'ont rien entendu.
00:12:42On est effectivement face à un fantôme.
00:12:49Les gens sont très surpris.
00:12:51Certains ont peur
00:12:52parce que le domaine de Montméliant,
00:12:54c'est un coin très calme.
00:12:56Il ne s'y passe jamais rien.
00:12:57Les gens se connaissent de vue.
00:13:00On sait qui est la voiture de qui.
00:13:03On a l'impression d'être épiés
00:13:09quand on est à l'intérieur de chez nous.
00:13:12On se demande
00:13:12s'il n'y a pas quelqu'un
00:13:13à l'extérieur qui nous voit
00:13:14et qui va rentrer
00:13:17et qui va nous tuer.
00:13:24J'étais l'une des dernières personnes
00:13:26à avoir vu Christiane
00:13:28avant le meurtre.
00:13:30Nous nous sommes rencontrés
00:13:33le matin
00:13:33et quelques jours auparavant,
00:13:36nous avons joué au tennis ensemble.
00:13:41Christiane était tout à fait normale.
00:13:43Comme d'habitude,
00:13:45souriante, gaie.
00:13:46Il n'y avait rien de...
00:13:48de suspicieux.
00:13:50Absolument rien.
00:13:51Tout le monde dresse
00:13:54le même portrait du couple.
00:13:58C'était des gens
00:13:59qui étaient appréciés
00:14:00de leur entourage,
00:14:01appréciés des voisins
00:14:02puisqu'ils participaient
00:14:03à la vie de cette commune.
00:14:07Christiane était un petit bout de femme
00:14:09qui débordait d'énergie,
00:14:11toujours très apprêtée,
00:14:14maquillée.
00:14:14et c'était un soleil.
00:14:17Elle avait le regard pétillant,
00:14:19des yeux rieurs
00:14:20et on avait l'impression
00:14:23qu'elle allait toujours
00:14:24vous sortir une blague.
00:14:28Une femme
00:14:28d'une gentillesse incroyable,
00:14:32elle débordait d'amour
00:14:33pour ses petits-enfants.
00:14:34M. Hick, quant à lui,
00:14:39était un peu plus discret,
00:14:41un peu plus renfermé,
00:14:43un passionné d'informatique,
00:14:45quelqu'un qui aimait le bon vin,
00:14:47qui aimait la culture,
00:14:48qui était passionné
00:14:49par les tapis d'Orient,
00:14:50par exemple.
00:14:56Les enfants des couples Hick
00:14:57sont évidemment effondrés,
00:14:59prostrés,
00:15:00ils perdent en même temps
00:15:02les deux parents
00:15:03de manière extrêmement brutale
00:15:05et c'est quelque chose
00:15:07qui pour eux
00:15:07est incompréhensible.
00:15:12Quelques jours plus tard,
00:15:13des dizaines de personnes
00:15:14rejoignent la petite église
00:15:15de Saint-Vitz
00:15:16pour les funérailles du couple.
00:15:18Dans l'assistance,
00:15:20quelques gendarmes,
00:15:22incognitos.
00:15:25Je suis dans ce qu'on appelle
00:15:27le sous-marin,
00:15:28c'est un véhicule
00:15:28qui est stationné discrètement
00:15:29et je suis derrière
00:15:30des vitres sans teint
00:15:31et je photographie tout le monde.
00:15:39Bien des fois,
00:15:40l'auteur du crime
00:15:42se joint aux obsèques.
00:15:46Certains auteurs
00:15:47aiment voir le résultat
00:15:49de leur action.
00:15:50Ils aiment peut-être
00:15:50ressentir aussi
00:15:52cette peine
00:15:53qu'ils ont pu créer
00:15:54au sein des familles.
00:15:55Mais des centaines
00:16:01de photos plus tard,
00:16:03toujours pas de suspects.
00:16:07Le 26 janvier 2011,
00:16:09quatre jours après
00:16:10le double crime,
00:16:11une information judiciaire
00:16:12est ouverte
00:16:13pour meurtre concomitant
00:16:14et vol avec violence
00:16:15ayant entraîné la mort.
00:16:1712 gendarmes
00:16:18vont désormais travailler
00:16:19à temps plein
00:16:20au sein d'une cellule spéciale
00:16:22sur le mystère de Saint-Vitz.
00:16:23C'est beaucoup d'enquêteurs
00:16:32qui sont sur le terrain
00:16:33au quotidien.
00:16:34Ce sont des heures
00:16:35à n'en plus finir,
00:16:37de jour,
00:16:38de nuit.
00:16:40Pour commencer,
00:16:42les gendarmes
00:16:42vont tenter
00:16:43de remonter aux tueurs
00:16:44à partir des objets volés.
00:16:45Un des moyens
00:16:48les plus simples
00:16:48pour les voleurs
00:16:49et les reselleurs
00:16:50de revendre,
00:16:52c'est de les mettre
00:16:53sur des sites d'annonces.
00:16:55J'ai plusieurs enquêteurs
00:16:56qui ont épluché
00:16:57pendant des mois
00:16:58et des mois
00:16:58des dizaines,
00:16:59des centaines,
00:17:00des milliers d'annonces
00:17:01de ventes de bijoux,
00:17:03principalement des montres
00:17:04de luxe
00:17:04comme celle identique
00:17:05à Mme Hick.
00:17:07Trois annonces
00:17:08attirent leur attention.
00:17:10Les vendeurs sont interrogés,
00:17:12un par un.
00:17:13Mais d'après les numéros
00:17:15de série,
00:17:15ces montres
00:17:16ne correspondent pas
00:17:17à celles de Mme Hick.
00:17:22Les enquêteurs
00:17:23tirent donc
00:17:24un autre fil,
00:17:26celui des tapis d'Orient
00:17:27dont la maison
00:17:28des Hick est remplie.
00:17:30Car quelques semaines
00:17:31avant leur mort,
00:17:33le couple a été démarché
00:17:34par un représentant
00:17:35dont l'un des associés,
00:17:36disons-le,
00:17:38un voleur.
00:17:41Il est connu
00:17:42de la justice.
00:17:42Il est connu
00:17:43pour des escroqueries
00:17:44aux préjudices
00:17:44des personnes âgées.
00:17:46C'est un petit escroc
00:17:47qui s'entoure
00:17:48de complices
00:17:49pour escroquer les gens
00:17:51en leur vendant
00:17:51des tapis
00:17:52à des prix exorbitants
00:17:54mais qui ne valent rien.
00:18:02On va le prendre en filature
00:18:04dans tous ses déplacements.
00:18:06Des équipes d'enquêteurs
00:18:07vont être très régulièrement
00:18:09au plus près de lui
00:18:10et le suivre jour et nuit.
00:18:12Tandis que des gendarmes
00:18:15tentent de faire décoller
00:18:17la piste du tapis,
00:18:18d'autres s'activent
00:18:19sur celle d'un cambriolage
00:18:21commis à Saint-Vitz
00:18:21en 1994.
00:18:28Curieusement,
00:18:29Michel Hick avait gardé
00:18:30deux coupures de journaux
00:18:31sur cette affaire
00:18:32dans le tiroir
00:18:33de sa table de nuit.
00:18:34Un individu a cambriolé
00:18:38une maison
00:18:38située non loin
00:18:39des époux Hick.
00:18:41La propriétaire
00:18:42est tombée sur cet individu
00:18:43et il l'a tué
00:18:45de manière très violente.
00:18:49Le tueur a passé 17 ans
00:18:50dans un hôpital psychiatrique
00:18:52mais quand les Hick ont été tués,
00:18:56il était dehors.
00:18:58Est-ce que cet individu
00:18:59ne serait pas revenu
00:19:00commettre ce même type de fait
00:19:02dans le même quartier
00:19:03qu'il a connu ?
00:19:05Lui aussi,
00:19:07les gendarmes
00:19:07le prennent en filature.
00:19:09Il le convoque,
00:19:11perquisitionne sa maison.
00:19:13On s'aperçoit rapidement
00:19:15que c'est quelqu'un de malade,
00:19:17quelqu'un au plan psychiatrique
00:19:18qui est faible,
00:19:20qui serait incapable
00:19:21de ramasser les douilles
00:19:22et de partir
00:19:23sans même laisser de traces.
00:19:27La piste s'effiloche,
00:19:29comme celle du tapis d'ailleurs.
00:19:31Mais une autre surgit,
00:19:33un curieux email
00:19:34commence à circuler
00:19:35dans Saint-Vitz.
00:19:37Son auteur prétend
00:19:38avoir découvert
00:19:39le mobile du double meurtre.
00:19:41C'est un règlement de compte.
00:19:44En pièce jointe,
00:19:44le corbeau ajoute
00:19:45un document étonnant.
00:19:47Daté de janvier 2007,
00:19:49quatre ans avant les meurtres,
00:19:51un courrier signé
00:19:52Michel Lick.
00:19:57Une lettre dans laquelle
00:19:58le retraité explique
00:19:59qu'il était porteur de valise
00:20:00à Madagascar,
00:20:01autrement dit,
00:20:03passeur de pot de vin.
00:20:04Il y dévoile
00:20:07des dizaines d'affaires
00:20:08de corruption
00:20:08et d'achat de faveur.
00:20:10Et surtout,
00:20:11il affirme
00:20:12qu'il a peur
00:20:12pour sa propre vie.
00:20:15On parlait de somme colossale,
00:20:17digne peut-être
00:20:18d'un film d'espionnage,
00:20:19effectivement.
00:20:20Les premières questions
00:20:21qu'on s'est posées
00:20:21en retravaillant
00:20:22sur le passé
00:20:23de Michel Lick,
00:20:24c'est est-ce que
00:20:25dans les années antérieures,
00:20:27est-ce qu'il n'avait pas
00:20:28une double vie ?
00:20:29Est-ce que ce n'est pas
00:20:30un contrat
00:20:30qu'on en avait mis
00:20:31sur la tête
00:20:32de Michel Lick ?
00:20:33Je rappelle que
00:20:39nos victimes
00:20:40ont été
00:20:40eu de trois balles
00:20:41dans la tête.
00:20:44Il y a des noms
00:20:45dans cette lettre
00:20:46de patrons,
00:20:47de clients,
00:20:48de ministres.
00:20:50Les gendarmes
00:20:51mènent l'enquête
00:20:52jusqu'à la réunion
00:20:53pour découvrir
00:20:56que le porteur de valise
00:20:57est toujours vivant.
00:20:58C'est bien Michel Lick,
00:21:00mais pas le même.
00:21:03Nous étions sur
00:21:04un parfait homonyme
00:21:05qui nous a fait
00:21:06dépenser de l'énergie
00:21:07puisque nous avons
00:21:08créé une nouvelle
00:21:09piste de travail.
00:21:11On a perdu du temps.
00:21:17Toutes les pistes
00:21:18qui se sont offertes
00:21:19à nous
00:21:19ont été exploitées.
00:21:21On n'a plus
00:21:21de grains à moudre
00:21:22en fin de compte.
00:21:24Les enfants
00:21:24du couple Lick,
00:21:26ils auraient envie
00:21:27que ça aille beaucoup plus vite.
00:21:28Pour eux,
00:21:29comme on n'a pas trouvé
00:21:30le coupable tout de suite,
00:21:31on laisse les choses
00:21:32dans l'état
00:21:32et il n'y aura jamais
00:21:33de réponse
00:21:34à leur question
00:21:35de savoir
00:21:36qui a tué
00:21:36leurs deux parents.
00:21:37Cette instruction
00:21:38est aussi un calvaire.
00:21:47C'est une affaire
00:21:48très différente
00:21:49qui va finalement
00:21:49réveiller le dossier.
00:21:51Le 13 avril 2011,
00:21:53trois mois après
00:21:54le meurtre
00:21:54de Christiane et Michel Hick,
00:21:55à 30 km de là,
00:21:56en plein Paris.
00:21:58Il est 14h45.
00:22:00Un équipage
00:22:01de la BAC
00:22:01reçoit un appel radio.
00:22:07On nous fait savoir
00:22:08qu'une bijouterie
00:22:09située au boulevard
00:22:10des Bâtiments
00:22:11était victime
00:22:11d'un braquage
00:22:12et que le bijoutier
00:22:14aurait été retrouvé
00:22:16inanimé au sol
00:22:17baignant dans son sein.
00:22:26On peut voir
00:22:28au travers de la vitrine
00:22:29que l'auteur
00:22:30n'est plus là.
00:22:33Et on voit
00:22:34deux dames
00:22:35assises à l'intérieur
00:22:36dont l'une
00:22:36ampleur.
00:22:39Cette dame,
00:22:40c'est la femme
00:22:41du bijoutier.
00:22:42C'est elle
00:22:43qui, quelques minutes
00:22:44plus tôt,
00:22:44a retrouvé son mari
00:22:45Serge Zénou
00:22:46inanimé dans
00:22:47l'arrière-boutique.
00:22:52Je vois donc
00:22:54le corps
00:22:54du bijoutier
00:22:56à même le sol
00:22:57allongé sur le ventre
00:22:58et gisant
00:23:00dans une mare de sang.
00:23:01Et je vois
00:23:02effectivement
00:23:02une blessure
00:23:03assez profonde
00:23:04au niveau de la tête.
00:23:06Plusieurs écrins
00:23:07à bijoux
00:23:08sont éparpillés
00:23:08autour du corps.
00:23:11Deux coffres-forts
00:23:11sont ouverts
00:23:12et complètement vides.
00:23:14Très clairement,
00:23:16ça me fait penser
00:23:17à un vol à mes armées
00:23:18qui, pour le coup,
00:23:19a très mal tourné.
00:23:25À Paris, à présent,
00:23:26un bijoutier
00:23:26a été retrouvé
00:23:27mort cet après-midi
00:23:28dans sa boutique.
00:23:29Il semble avoir été
00:23:30tué au cours
00:23:31d'un braquage.
00:23:36Les spécialistes
00:23:37en braquage
00:23:37de bijouterie
00:23:38de la BRB
00:23:38se saisissent
00:23:39de l'enquête.
00:23:43On arrive,
00:23:43il y a une ambiance
00:23:44assez pesante.
00:23:48La famille est en pleurs,
00:23:49les enfants
00:23:50en particulier.
00:23:52Ils ne comprennent pas
00:23:53pourquoi tout d'un coup
00:23:54leur père est décédé.
00:23:58Ce braquage
00:23:59est très exceptionnel
00:24:00sur la place parisienne.
00:24:02Sur les quelques années
00:24:03que j'ai pu faire
00:24:03à la BRB,
00:24:04on n'a quand même
00:24:04jamais eu
00:24:05d'homicide
00:24:06de bijoutier.
00:24:07On a des braquages
00:24:08violents,
00:24:09des gens qui sont
00:24:09traumatisés,
00:24:11mais jamais de morts.
00:24:14Ce qu'on remarque
00:24:18à l'entrée
00:24:18de la bijouterie,
00:24:19on a la porte
00:24:19et elle est commandée
00:24:21de l'intérieur.
00:24:23Ça veut dire
00:24:23que le bijoutier,
00:24:25s'il se sent menacé,
00:24:26il ne va pas ouvrir
00:24:27et ne va pas actionner
00:24:27l'ouverture de la porte.
00:24:30La vitrine
00:24:31n'est pas totalement
00:24:31achalandée
00:24:32avec les montres
00:24:33qui se trouvent
00:24:34dans une boîte
00:24:36prêtes à être disposées.
00:24:38Ça donne franchement
00:24:40l'impression
00:24:40que l'auteur
00:24:41est venu
00:24:42perturber
00:24:43la mise en place
00:24:44à l'ouverture
00:24:45du magasin.
00:24:47Pas de désordre
00:24:48dans la boutique,
00:24:50c'est dans la salle
00:24:50des coffres
00:24:51que le crime
00:24:51a eu lieu.
00:24:54Une pièce
00:24:55qui est toute petite,
00:24:56qui fait 2 mètres
00:24:56sur 2,
00:24:57le corps qui est en diagonale,
00:24:57si bien qu'on ne peut
00:24:58même pas rentrer
00:24:59à 2 enquêteurs
00:24:59dans cette pièce-là.
00:25:04On a vraiment
00:25:05cette impression
00:25:05d'une victime
00:25:06qui a été abattue,
00:25:07visiblement
00:25:08de sang-froid.
00:25:13Une déduction
00:25:14que l'autopsie
00:25:15confirme.
00:25:18Le médecin
00:25:19ne constate
00:25:20aucune lésion
00:25:21de défense,
00:25:23il n'y a pas eu
00:25:23d'empoignade.
00:25:24Par contre,
00:25:25on a sur le dos
00:25:26une marque
00:25:26qui pourrait correspondre
00:25:28à un coup donné
00:25:29avec une crosse
00:25:29d'une arme à poids.
00:25:30Dominique Sergenou,
00:25:37il a été...
00:25:38Exécuté,
00:25:39Christophe.
00:25:40C'est une exécution.
00:25:41Il a reçu 3 balles
00:25:42dans la tête,
00:25:43une au-dessus
00:25:43de la tempe gauche,
00:25:44les deux autres
00:25:45en haut de la nuque,
00:25:47exactement à l'emplacement
00:25:48du cervelet.
00:25:49Les 3 balles
00:25:50sont extraites
00:25:51du corps.
00:25:52Ce sont des balles
00:25:52de calibre 22 lorif
00:25:54qui ont toutes été tirées
00:25:55par la même arme.
00:25:57Il n'y a pas de trace
00:25:57de tatouage,
00:25:58de poudre brûlée
00:25:59sur la peau.
00:26:00Ce qui veut dire
00:26:01que ce n'est pas
00:26:02un tir à bout touchant.
00:26:04Pour l'expert,
00:26:05le canon de l'arme
00:26:05se trouvait au moins
00:26:06à 30 cm
00:26:08de la tête du bijoutier.
00:26:09Quel est le scénario
00:26:10qui se dessine
00:26:11quand on analyse
00:26:12la trajectoire des balles
00:26:14et quand on a recours
00:26:15à la morpho-analyse,
00:26:16c'est-à-dire
00:26:16l'analyse de la projection
00:26:18des taches de sang ?
00:26:19Alors,
00:26:20le meurtre a lieu
00:26:20dans l'arrière-boutique
00:26:21du bijoutier.
00:26:23Il est allongé
00:26:23sur le ventre,
00:26:25la partie droite du visage,
00:26:26la joue droite
00:26:27posée sur le sol.
00:26:28Il a les mains
00:26:29sous son corps
00:26:30et il a dans le dos
00:26:31une échymose
00:26:32en forme de crosse.
00:26:34Ce qui veut dire
00:26:34que le tueur
00:26:35l'a frappé dans le dos.
00:26:36Sans doute pour l'obliger
00:26:37à se mettre à genoux.
00:26:38Absolument.
00:26:38Et une fois qu'il était à genoux,
00:26:40il reçoit la première balle
00:26:41dans la tombe gauche.
00:26:43Et l'analyse,
00:26:44la morpho-analyse
00:26:45des traces
00:26:46et des coulures de sang
00:26:47sur le mur,
00:26:48on observe que
00:26:49ces traces
00:26:50sont à 20 cm du sol,
00:26:52exactement dans le prolongement
00:26:54de la balle
00:26:54qu'il a reçue
00:26:55dans la tête.
00:26:56Et là,
00:26:56le tueur
00:26:57lui tire
00:26:58deux dernières balles
00:26:58dans la tête.
00:26:59Des épuis
00:27:00sont retrouvés sur place ?
00:27:01Aucun.
00:27:02C'est du travail
00:27:03propre.
00:27:07La femme de Serge Zénoux
00:27:08explique que son mari
00:27:09avait déjà été braqué
00:27:11quand il tenait
00:27:12une bijouterie
00:27:13en banlieue parisienne.
00:27:14En Seine-Saint-Denis,
00:27:17M. Zénoux
00:27:18a fait l'objet
00:27:18de plusieurs attaques
00:27:20dont la dernière
00:27:20était ultra-violente.
00:27:24Et c'est là
00:27:25où une fois même
00:27:26il a été enlevé
00:27:27par les braqueurs.
00:27:28Donc,
00:27:29c'est à l'issue
00:27:29de ce choc
00:27:30qu'il était obligé
00:27:32de déménager
00:27:33à Paris
00:27:34dans cette bijouterie
00:27:36du XVIIe.
00:27:39Trois semaines
00:27:40avant le crime,
00:27:41rebelote.
00:27:42Mme Zénoux
00:27:43se trouvait seule
00:27:44dans la boutique
00:27:45quand quatre hommes
00:27:46armés ont fait irruption.
00:27:50Ils l'ont aspergé
00:27:52de gaz lacrymogène
00:27:53et ils ont volé
00:27:54une partie
00:27:55de la marchandise.
00:27:57M. Zénoux vivait
00:27:58dans un stress
00:27:59permanent.
00:28:00Il disait
00:28:01à sa femme,
00:28:02il disait
00:28:02à son fils
00:28:03que s'il y a
00:28:04un éventuel braquage,
00:28:06surtout ne résistez pas.
00:28:08Le plus important,
00:28:08c'est votre vie.
00:28:11Aucune caméra
00:28:12de surveillance
00:28:13n'a pourtant été installée
00:28:14dans la boutique.
00:28:23Et personne n'a rien vu
00:28:25dans le quartier.
00:28:27Du coup,
00:28:28les policiers
00:28:28s'accrochent
00:28:29au mince fil
00:28:30que Mme Zénoux
00:28:30leur donne.
00:28:32La dernière fois
00:28:33qu'elle a parlé
00:28:34à son mari,
00:28:35c'était au téléphone.
00:28:37À midi moins 10,
00:28:39deux heures et demie
00:28:39avant de découvrir
00:28:40sa mort.
00:28:42Son mari lui a dit
00:28:43qu'il a eu un retard
00:28:44pour faire la vitrine
00:28:46en raison
00:28:47d'une personne mystérieuse,
00:28:49d'un client
00:28:50qui est venu
00:28:51pour lui proposer
00:28:53une bague
00:28:54qu'il n'a pas achetée.
00:28:55Mme Zénoux parle à sa femme
00:28:58de ce client
00:28:59comme un homme
00:29:00de très forte corpulence
00:29:02qui rencontrait
00:29:03des problèmes
00:29:04financiers
00:29:05et professionnels.
00:29:07Il le décrit
00:29:07comme quelqu'un
00:29:08de très bavard
00:29:09qui lui a tenu la jambe
00:29:10et même retardé
00:29:11dans son travail.
00:29:11L'intérêt de l'être là,
00:29:15c'est de l'identifier
00:29:16pour l'entendre.
00:29:16On se dit
00:29:17c'est probablement
00:29:17la dernière personne
00:29:18qui a vu la victime
00:29:19en vie.
00:29:20Parce que peut-être
00:29:20qu'en repartant,
00:29:22cette personne a croisé
00:29:23l'auteur du meurtre.
00:29:25C'est un témoin pour nous.
00:29:29Mme Zénoux se souvient
00:29:30que ce mystérieux client
00:29:31s'était déjà présenté
00:29:32au magasin la veille
00:29:33pour vendre une bague
00:29:35à son mari.
00:29:36Une bague
00:29:37qu'elle remet au policier.
00:29:38Elle a même un nom
00:29:39à leur donner.
00:29:40Usant.
00:29:42Usant.
00:29:44Les policiers passent
00:29:45le nom au fichier
00:29:46et bingo.
00:29:49Pas blanc blanc.
00:29:50Usant.
00:29:52Et là,
00:29:53on va retrouver
00:29:53effectivement
00:29:54une personne
00:29:55qui correspond
00:29:56à la fois au nom
00:29:57et à la fois à la corpulence.
00:29:59C'est un nommé
00:30:00Patrice Usant.
00:30:0341 ans,
00:30:04sans emploi,
00:30:05connu des services
00:30:06de police,
00:30:07vol à l'étalage,
00:30:08recel,
00:30:09les escroqueries
00:30:09travaillent clandestins.
00:30:12C'est un petit
00:30:13recelleur
00:30:13de bas quartier
00:30:14qui fait des petits coups
00:30:16à 2 francs 50.
00:30:18C'est quelqu'un
00:30:19qui a déjà
00:30:19un petit palmarès
00:30:21parce qu'on a quelqu'un
00:30:22qui visiblement
00:30:23récupère des bijoux
00:30:24pour les revendre
00:30:25à des bijoutiers.
00:30:26Pour nous,
00:30:26c'est intéressant.
00:30:27Les policiers
00:30:28le convoquent donc
00:30:29ce Patrice Usant.
00:30:31Une fois.
00:30:33Deux fois.
00:30:35Pas de réponse.
00:30:35Et ça,
00:30:38c'est jamais bon signe.
00:30:40Une audition
00:30:41comme témoin.
00:30:42Tout le monde
00:30:43doit pouvoir y répondre.
00:30:45Est-ce qu'il a quelque chose
00:30:46à cacher ?
00:30:46Est-ce qu'il a vu
00:30:47mais ne veut pas dire ?
00:30:48Je ne sais pas.
00:30:51Du coup,
00:30:52hop,
00:30:53écoute téléphonique
00:30:54et filature.
00:30:55Il est pâteau
00:31:03dans sa démarche.
00:31:05Il ne se déplace
00:31:06qu'à scooter.
00:31:11Sa corpulence
00:31:11est tellement forte.
00:31:12Franchement,
00:31:13ça me fait penser
00:31:13à un crapaud
00:31:14sur une boîte d'allumettes.
00:31:15Il a une voix
00:31:16toute fluette
00:31:17qui ne colle pas
00:31:18du tout
00:31:18avec le personnage.
00:31:21On l'a en tête.
00:31:22Il va falloir
00:31:22qu'à un moment donné
00:31:23on puisse l'entendre.
00:31:24Mais ce n'est absolument
00:31:25pas une piste majeure
00:31:26pour nous.
00:31:26On a d'autres choses
00:31:27à traiter avant,
00:31:28d'autres pistes.
00:31:29Mais en tout cas,
00:31:30ce n'est pas pour nous
00:31:30dans notre tête.
00:31:31Ce n'est pas du tout
00:31:32l'auteur.
00:31:36En attendant
00:31:36qu'usant se manifeste
00:31:37ou de savoir
00:31:38pourquoi il fait le mort,
00:31:40les policiers
00:31:40font appel à la presse.
00:31:45La police lance
00:31:46un appel à témoin
00:31:47après le meurtre
00:31:48d'un bijoutier
00:31:49boulevard des Batignolles.
00:31:50Si vous avez vu
00:31:51quelque chose,
00:31:52vous devez appeler
00:31:52au 01-45-44.
00:31:55Et quelques jours plus tard,
00:31:58deux appels anonymes
00:31:59qui nous donnent
00:32:00le même nom
00:32:00et le même prénom.
00:32:02Le corbeau
00:32:03dénonce un homme
00:32:04de 27 ans
00:32:04qui se vante
00:32:06d'avoir tué
00:32:07Serge Zénoux.
00:32:09Tout d'un coup,
00:32:09on est dans le concret.
00:32:12C'est quelqu'un
00:32:13qui est connu
00:32:13pour des faits
00:32:14de voie à la main armée.
00:32:15Donc quelqu'un
00:32:16qui a déjà cette expérience,
00:32:17qui a déjà cette expérience
00:32:18de la violence.
00:32:19C'est un profil
00:32:20qui peut tout à fait coller
00:32:20avec ce qu'on recherche.
00:32:22Le type est en tôle,
00:32:25mais le jour du braquage,
00:32:26il était en permission.
00:32:28Et ce jour-là,
00:32:30le téléphone
00:32:30donne ses potes
00:32:31à borner
00:32:32près de la bijouterie.
00:32:34Ça colle.
00:32:34Il a un téléphone
00:32:38en prison
00:32:39comme un nombre
00:32:40de détenus
00:32:40aujourd'hui.
00:32:41On va donc
00:32:42demander l'interception
00:32:43de cette ligne
00:32:44et pouvoir étudier
00:32:45ses éventuels contacts.
00:32:49Les policiers
00:32:50profitent aussi
00:32:51d'une perme
00:32:51de sortie
00:32:52de 48 heures
00:32:53pour lui coller
00:32:54au basque.
00:32:57Il est très peu actif.
00:32:59Il va rester énormément
00:33:00chez lui
00:33:00ou chez un copain.
00:33:01Il a une forte proportion
00:33:03à boire énormément
00:33:05d'alcool.
00:33:08Il mène une vie
00:33:09de jeune désoeuvré.
00:33:11C'est d'une banalité
00:33:12terrible.
00:33:14Mais ce qui saute
00:33:15surtout aux yeux
00:33:16assez rapidement,
00:33:17c'est qu'il a vraiment
00:33:18le profil
00:33:19de quelqu'un
00:33:19qui est mythomane.
00:33:20tous ses interlocuteurs,
00:33:25il va mentir.
00:33:26Il va mentir
00:33:27où il est,
00:33:27il va le mentir
00:33:28sur ce qu'il fait,
00:33:28il va le mentir
00:33:29sur ce qu'il a prévu.
00:33:30Il vit perpétuellement
00:33:31dans le mensonge.
00:33:32Ma conviction,
00:33:33c'est qu'il n'a rien
00:33:34à voir avec cette affaire.
00:33:35On se dit qu'il s'est
00:33:36peut-être vanté
00:33:37de cet homicide,
00:33:38surtout pour paraître
00:33:39intéressant aux yeux
00:33:40des voyous peut-être
00:33:40qui l'entourent.
00:33:42Du coup,
00:33:42ça a beaucoup
00:33:43moins d'intérêt pour nous.
00:33:46La PRB
00:33:47tourne en rond.
00:33:50Dominique,
00:33:51la BRB tourne
00:33:52un peu en rond
00:33:52mais pas les bras croisés.
00:33:54Et la piste Usant
00:33:55en fait,
00:33:56redevient d'actualité
00:33:57quand sa géolocalisation
00:33:59tombe sur le bureau
00:33:59des policiers
00:34:00et du juge.
00:34:01Ben oui,
00:34:02parce que franchement,
00:34:03Patrice Usant,
00:34:03il n'a pas le profil
00:34:04quand on le voit.
00:34:05Mais quand on étudie
00:34:06sa téléphonie,
00:34:07là ça change.
00:34:08Alors,
00:34:09le 12 avril 2011,
00:34:11le téléphone de Patrice Usant
00:34:12borne dans le secteur
00:34:13de la bijouterie.
00:34:14Logique,
00:34:15entre 13h21
00:34:16et 13h42,
00:34:17il est venu vendre
00:34:18une bague
00:34:19aux bijoutiers.
00:34:20En revanche,
00:34:21le lendemain 13 avril,
00:34:22jour du meurtre,
00:34:23le téléphone de Patrice Usant
00:34:24est coupé.
00:34:25Et ça,
00:34:26ce n'est pas dans ses habitudes.
00:34:27Fin d'après-midi,
00:34:28le 13,
00:34:29le téléphone est à nouveau
00:34:30en marche
00:34:31et il borne
00:34:32près du domicile
00:34:33de la compagne
00:34:34de Patrice Usant.
00:34:35Il y reste jusqu'au 16 avril,
00:34:37quasiment trois jours.
00:34:39Le 16 avril,
00:34:40en fin de journée,
00:34:41le téléphone se déplace
00:34:42vers le nord de la France
00:34:44et le 17 avril,
00:34:45il est en Belgique.
00:34:46Et les policiers se disent
00:34:48s'il était allé vendre
00:34:49des bijoux volés.
00:34:50Oui,
00:34:50parce que la Belgique,
00:34:51évidemment,
00:34:51est très active
00:34:52en matière de vente
00:34:52de bijoux
00:34:53et les malfaiteurs
00:34:54peuvent sans doute
00:34:54y écouler facilement
00:34:55leurs marchandises.
00:34:56Les policiers
00:34:56s'intéressent aussi
00:34:57à la téléphonie
00:34:58de sa compagne.
00:34:59Le jour du crime,
00:35:00elle a essayé
00:35:01de joindre Patrice Usant
00:35:02à neuf reprises.
00:35:03Elle est tombée neuf fois
00:35:04sur son répondeur téléphonique
00:35:06et à 10h29,
00:35:07elle,
00:35:08elle a reçu un coup de fil,
00:35:09passée d'une cabine
00:35:10téléphonique parisienne
00:35:11du 9e arrondissement
00:35:12avec une carte prépayée.
00:35:15Les policiers se disent
00:35:16c'est Patrice Usant
00:35:17qui a essayé de l'appeler.
00:35:19C'est obligatoire.
00:35:20Et le 17,
00:35:21le téléphone de sa copine
00:35:23borne en Belgique.
00:35:24Qu'est-ce que se disent
00:35:25les flics ?
00:35:25Est-ce qu'elle est dans le coup ?
00:35:27Évidemment.
00:35:27D'où l'urgence,
00:35:28en fait,
00:35:28à entendre rapidement Usant.
00:35:30Oui, exactement.
00:35:31Et le 12 janvier 2012,
00:35:34la BRB débarque
00:35:35chez Usant
00:35:37au pavillon sous bois
00:35:38et on le place en garde-have.
00:35:50On lui explique rapidement
00:35:51qu'on va commencer
00:35:52une perquisition.
00:35:53Et donc là,
00:35:53il va nous dire
00:35:54il n'y a pas de problème.
00:35:55Juste sachez que j'ai une arme
00:35:56dans mon armoire.
00:36:01On va découvrir une arme.
00:36:08Un chargeur
00:36:09avec des munitions
00:36:10engagées dans le pistolet.
00:36:12L'arme est prête à servir.
00:36:14Il s'agit d'une arme
00:36:1522 long riffs
00:36:15du même calibre
00:36:16qui a été utilisée
00:36:17pour tuer Serge Zénaud.
00:36:26Qu'est-ce qu'on trouve à côté ?
00:36:27Un silencieux.
00:36:29C'est la première fois de ma vie
00:36:30de flic
00:36:31que je voyais un silencieux.
00:36:38Avoir un silencieux,
00:36:39c'est quand même
00:36:39quelque chose
00:36:39de très particulier.
00:36:41Si on ne veut pas faire de bruit,
00:36:42c'est qu'il y a une volonté
00:36:43de tuer.
00:36:46Les policiers retrouvent aussi
00:36:48deux boîtes
00:36:48avec 94 cartouches
00:36:51du même calibre.
00:36:53Je me dis,
00:36:54il va falloir qu'ils nous parlent,
00:36:55qu'ils répondent à des questions.
00:37:00Je vais lui offrir un café,
00:37:05je vais lui proposer une cigarette.
00:37:07J'essaie de rendre le moment,
00:37:09on va dire humain.
00:37:10Je le mets clairement à l'aise
00:37:11de telle manière
00:37:12à ce qu'il ait envie
00:37:14au moins de communiquer.
00:37:17Et pour commencer,
00:37:19vous connaissez Serge Zénaud ?
00:37:22J'avoue que je le sens gêné
00:37:23à partir du moment
00:37:24où on aborde les questions
00:37:25sur M. Zénaud
00:37:26et sur la bijouterie.
00:37:29Patrice Usant
00:37:30reconnaît le bijoutier.
00:37:32Il admet qu'il a essayé
00:37:33un jour
00:37:33de lui vendre une bague.
00:37:36Mais quand le policier
00:37:37lui demande
00:37:38s'il est retourné
00:37:38dans cette bijouterie,
00:37:41c'est non,
00:37:42non, jamais.
00:37:44On sait qu'il ment
00:37:45sur ces deux points.
00:37:47On sait qu'il a vendu la bague
00:37:48parce que Mme Zénaud
00:37:49nous l'a remise.
00:37:49On sait qu'il est venu
00:37:51le jour
00:37:51de la commission des faits
00:37:53parce que Mme Zénaud
00:37:54nous l'a répété.
00:37:55Pourquoi est-ce qu'il ment
00:37:56sur des choses mineures ?
00:37:57On ne lui a pas demandé
00:37:58s'il a tué la victime.
00:38:00Ce n'est pas ça
00:38:01qu'on lui demande.
00:38:02C'est suspect.
00:38:04La première audition
00:38:05se termine dans la nuit
00:38:06et le résultat
00:38:08n'est pas brillant.
00:38:12Alors le lendemain,
00:38:13les policiers changent
00:38:14de braquet.
00:38:16L'arme qu'on a retrouvée
00:38:17chez vous,
00:38:18elle vient d'où ?
00:38:19Pourquoi vous l'avez achetée ?
00:38:21Elle sert à quoi ?
00:38:25Patrice Huzan
00:38:26va essayer de minimiser
00:38:27la détention de cette arme,
00:38:30va nous expliquer
00:38:31qu'il l'avait achetée
00:38:32il y a quelque temps
00:38:33à une personne
00:38:34parce qu'il trouvait
00:38:34cette arme petite,
00:38:36mignonne.
00:38:37On avait l'impression
00:38:37qu'il venait d'acheter
00:38:38une peluche.
00:38:40Il nous dit
00:38:40qu'il n'a absolument
00:38:41aucun intérêt
00:38:42pour les armes
00:38:42de façon générale,
00:38:43qu'il n'a jamais tiré
00:38:44où que ce soit,
00:38:45ni en club sportif,
00:38:46qu'il n'a jamais acquis
00:38:47d'autres armes.
00:38:51Le problème,
00:38:52c'est qu'entre-temps,
00:38:53mes collègues
00:38:53sont partis faire
00:38:54une perquisition
00:38:55chez son ex-conjointe
00:38:57en banlieue parisienne
00:38:58dans laquelle
00:38:58ils vont découvrir
00:38:59une centaine de munitions.
00:39:01et elle va leur raconter
00:39:07que Patrice Suzan
00:39:08était un fan d'armes
00:39:09et qu'il faisait du tir
00:39:10de temps à autre.
00:39:11Donc là encore,
00:39:12on a un mensonge
00:39:13qui est beaucoup plus prégnant,
00:39:15si je puis dire.
00:39:18Patrice Suzan
00:39:19se renferme
00:39:19sur lui-même.
00:39:21Il s'énerve,
00:39:22il commence à perdre patience.
00:39:23Le climat commence
00:39:24à vraiment devenir glacelle
00:39:26entre lui et moi,
00:39:27mais je continue à attaquer.
00:39:31À 18h,
00:39:35au deuxième jour
00:39:36de garde à vue,
00:39:37les résultats
00:39:37de l'expertise balistique
00:39:39tombent.
00:39:44Là,
00:39:45c'est la bombe atomique
00:39:46qui vient de tomber.
00:39:48La bombe atomique,
00:39:49c'est l'arme du crime.
00:39:54On a enfin
00:39:56un élément à charge.
00:39:58On a enfin
00:39:59un élément à charge.
00:40:00on va passer
00:40:00à la vitesse supérieure.
00:40:04On pourrait comparer
00:40:05à un combat de boxe.
00:40:06Il est coincé.
00:40:07Il se prend
00:40:08en uppercut
00:40:08sur uppercut,
00:40:10mais il ne sait pas réagir.
00:40:11On a quelqu'un
00:40:12qui est fermé
00:40:12qui dit
00:40:13« Non, non, non,
00:40:14mais c'est pas moi.
00:40:14Non, mais c'est pas moi. »
00:40:15Il est complètement bloqué,
00:40:17complètement tétanisé
00:40:17par cette révélation.
00:40:24Usant,
00:40:24résistant corps,
00:40:26malgré
00:40:26l'expertise balistique.
00:40:28Il nous reste
00:40:30une douzaine d'heures
00:40:30de garde à vue,
00:40:32donc on est déjà
00:40:32quand même
00:40:33bien fatigués,
00:40:34tous éreintés.
00:40:36Dans une affaire criminelle,
00:40:37le Graal,
00:40:38c'est les aveux.
00:40:39On n'a aucun doute
00:40:40sur le fait
00:40:40qu'il est tué,
00:40:42mais c'est impossible
00:40:43d'avancer
00:40:43à quelqu'un
00:40:43qui veut nier l'évidence.
00:40:44Le lendemain matin,
00:40:50les policiers
00:40:50n'ont plus que
00:40:51deux heures devant eux
00:40:52pour obtenir des aveux.
00:40:53Et là,
00:40:55usant sa fesse,
00:40:57enfin.
00:40:59Il nous dit
00:40:59« Je vais reconnaître
00:41:01les faits,
00:41:01j'en peux plus,
00:41:02il faut que je me soulage,
00:41:03il faut que je vous parle. »
00:41:07On est tous
00:41:07abasourdis.
00:41:08Il y a un silence
00:41:09mais glacial
00:41:10qui s'installe
00:41:11dans le bureau.
00:41:12On peut entendre
00:41:12une mouche voler.
00:41:14On entend juste
00:41:14les bruits du clavier.
00:41:17Et là,
00:41:18il va parler
00:41:18d'un flot
00:41:19ininterrompu.
00:41:23Il s'est rendu
00:41:24dans la bijouterie
00:41:24la veille du meurtre.
00:41:26Il a vendu
00:41:26une bague
00:41:26à Serge Zénoux.
00:41:27Il a remarqué
00:41:28qu'il n'y avait
00:41:28pas de caméra.
00:41:30Alors,
00:41:30il a décidé
00:41:31de revenir
00:41:31le lendemain.
00:41:35Il aurait sorti
00:41:36son arme,
00:41:38braqué Serge Zénoux,
00:41:39se serait fait
00:41:40ouvrir les coffres.
00:41:42Et il avait peur.
00:41:44Autant que Serge Zénoux,
00:41:46paraît-il.
00:41:50Zénoux
00:41:50se serait emparé
00:41:51de l'arme
00:41:52et à ce moment-là,
00:41:53des coups seraient partis.
00:41:58On s'est débattus.
00:42:00Je ne sais pas
00:42:00combien de fois
00:42:01j'ai tiré.
00:42:04Mais en aucun cas,
00:42:05il ne voulait le tuer.
00:42:06Les coups de feu
00:42:06sont pour lui
00:42:07totalement accidentels.
00:42:08les policiers
00:42:11ont leurs aveux
00:42:12à quelques minutes
00:42:14de la fin
00:42:14de la garde à vue.
00:42:17Il nous dit
00:42:18qu'il est rongé
00:42:19par la culpabilité,
00:42:20qu'il ne vit plus
00:42:20depuis plusieurs mois
00:42:21parce qu'il a tout ça
00:42:22en tête.
00:42:23Il nous fait ses aveux
00:42:24entre guillemets
00:42:24pour se soulager.
00:42:25On a obtenu
00:42:29ce qu'on a voulu
00:42:30mais c'est une victoire
00:42:31à demi acquise
00:42:32pour moi.
00:42:33Le tir accidentel
00:42:34ne tient pas la route.
00:42:36Patrice Usan
00:42:36a été obligé
00:42:37de tuer Serge Zénoux
00:42:38parce que Serge Zénoux
00:42:40l'avait vu
00:42:40et parce qu'il lui avait
00:42:42laissé son identité.
00:42:50Dominique,
00:42:50le 14 janvier 2012,
00:42:52Usan est mis en examen
00:42:53pour le meurtre
00:42:54de Serge Zénoux.
00:42:54Alors évidemment
00:42:56dans une instruction
00:42:57qui est à charge
00:42:57et à décharge,
00:42:58on doit vérifier
00:42:59si la thèse
00:43:00du tir accidentel
00:43:02tient.
00:43:03Que disent les constatations ?
00:43:04Dans la version Usan,
00:43:06on se bagarre,
00:43:06les coups de feu
00:43:07partent accidentellement,
00:43:08c'est des tirs désordonnés,
00:43:09il y en a partout.
00:43:09Or là,
00:43:10les balles sont groupées
00:43:12dans la tête du bijoutier
00:43:13dont deux
00:43:14qui sont dans un espace
00:43:15gros comme une pièce
00:43:16d'un euro.
00:43:17Dernière chose,
00:43:18la position du corps
00:43:19quand on le retrouve,
00:43:21il est allongé
00:43:21sur le ventre,
00:43:22face contre terre
00:43:23et ses deux mains
00:43:24sont glissés sous son corps.
00:43:26Ça ne ressemble pas
00:43:26à quelqu'un qui est mort
00:43:27et qui a pris des balles
00:43:28dans une bagarre.
00:43:29Que disent les balisticiens ?
00:43:30Est-ce que les coups
00:43:31ont pu partir tout seuls ?
00:43:33Ça serait possible
00:43:34si l'arme était défectueuse,
00:43:35ce n'est pas le cas.
00:43:36L'arme,
00:43:37elle est en parfait état.
00:43:38Les balisticiens
00:43:39vont s'intéresser
00:43:40à la pression
00:43:41sur la queue de détente.
00:43:42D'accord ?
00:43:42La pression qu'on exerce
00:43:44avec le doigt
00:43:44pour appuyer
00:43:45sur la queue de détente.
00:43:46Deux cas de figure.
00:43:47Soit l'arme a fonctionné
00:43:48en simple action,
00:43:49soit elle a fonctionné
00:43:50en double action.
00:43:51Je vous explique.
00:43:52La simple action,
00:43:53c'est je relève
00:43:54le chien de l'arme,
00:43:57j'appuie,
00:43:58le chien retombe.
00:43:58Une seule action.
00:43:59La double action,
00:44:00c'est le chien est abaissé,
00:44:02j'appuie,
00:44:03il se soulève,
00:44:04je continue à appuyer,
00:44:05il retombe.
00:44:06Ça, c'est la double action.
00:44:07Eh bien,
00:44:08l'arme de M. Usant,
00:44:09en simple action,
00:44:10il faut 2,1 kg
00:44:13de pression
00:44:13pour faire retomber le chien.
00:44:15En double action,
00:44:16il faut 5 kg de pression
00:44:18pour faire monter le chien
00:44:19et le faire retomber.
00:44:20Je vous assure que
00:44:215 kg de pression
00:44:22sur la queue de détente
00:44:23d'une arme,
00:44:24il faut vraiment vouloir le faire.
00:44:25Ça ne peut pas être un accident.
00:44:26L'arme a parlé pour lui,
00:44:28en fait.
00:44:28Elle a parlé pour lui
00:44:29et elle va raconter
00:44:30encore autre chose.
00:44:31Parce que cette arme,
00:44:32elle a servi à un crime.
00:44:34Donc, elle est versée
00:44:35dans un fichier
00:44:35qui s'appelle
00:44:36le fichier cible
00:44:37comparaison,
00:44:38identification balistique
00:44:39par localisation
00:44:41des empreintes.
00:44:42On donne
00:44:43toute la signature balistique
00:44:45de l'arme
00:44:45et là,
00:44:47le fichier cible dit
00:44:48« Mais moi,
00:44:49je la connais cette arme.
00:44:50Elle a déjà servi. »
00:44:52Et vous savez
00:44:52où elle a servi ?
00:44:54Elle a servi
00:44:54sur le double meurtre
00:44:55d'un couple de retraités
00:44:57trois mois plus tôt.
00:45:03De nous,
00:45:04s'empare une joie
00:45:05incommensurable.
00:45:07J'en avais presque
00:45:08les larmes aux yeux.
00:45:09Maintenant,
00:45:09à nous de trouver
00:45:10quel est le lien
00:45:12entre le propriétaire
00:45:13de cette arme,
00:45:14Patrice Usant,
00:45:16et notre couple de retraités.
00:45:18Un an après le drame,
00:45:24les gendarmes
00:45:24retournent donc
00:45:25chez les hicks
00:45:26à Saint-Vitz
00:45:26pour fouiller la maison
00:45:27de fond en comble.
00:45:29Et tout y passe.
00:45:30Les photos,
00:45:31les courriers,
00:45:32la paperasse.
00:45:36On lit
00:45:36tout ce qui nous tourne
00:45:37sous les yeux.
00:45:38On ouvre tout
00:45:39et on épluche tout.
00:45:41Et tout à coup,
00:45:42là,
00:45:43en tout petit,
00:45:45sur une vieille facture
00:45:46de cuisine,
00:45:47un coup de tampon
00:45:48au bas d'une page
00:45:49et un nom,
00:45:52celui du poseur.
00:45:54Patrice Usant
00:45:54leur a posé
00:45:55une cuisine.
00:45:57C'est bon,
00:45:57le voilà le lien.
00:45:59Mais ça ne suffit pas.
00:46:00Poser une cuisine,
00:46:02ça ne veut pas dire
00:46:02qu'il est revenu
00:46:03les tuer.
00:46:04C'est la téléphonie
00:46:05qui, une fois de plus,
00:46:07va trahir le bonhomme.
00:46:09Le 21 janvier 2011,
00:46:11le jour du double meurtre,
00:46:12son téléphone borne
00:46:14chez lui,
00:46:14du matin au soir.
00:46:16Ce qui ne lui arrive
00:46:17jamais.
00:46:22Contrairement
00:46:22au jour précédent,
00:46:24il n'y a aucune activité
00:46:25sur le téléphone
00:46:26de Patrice Usant.
00:46:28Pas d'appel,
00:46:29pas de SMS,
00:46:30aucune consultation.
00:46:33Ça nous interpelle.
00:46:34On se dit que
00:46:35le criminel
00:46:35a laissé son téléphone
00:46:37à son domicile
00:46:38pour pouvoir se construire
00:46:39la Libye qui convient.
00:46:41du nouveau
00:46:42dans l'affaire
00:46:43du couple de retraités
00:46:44tués par balle
00:46:45en janvier 2011
00:46:46à Saint-Vitz
00:46:46dans le Val-d'Oise.
00:46:48Un homme a été
00:46:49placé en garde à vue.
00:46:54Quand je vais le chercher
00:46:55dans sa cellule,
00:46:56il n'est pas nerveux,
00:46:57il laisse rien transparé.
00:46:59C'est quelqu'un de froid
00:47:00et très sûr de lui.
00:47:02Il attend de voir
00:47:03véritablement
00:47:04ce qu'on a dans le dossier.
00:47:05Et les gendarmes
00:47:07se gardent bien
00:47:08de le lui dire
00:47:09pour le laisser venir,
00:47:12mentir
00:47:12ou se tromper.
00:47:15On va lui parler
00:47:15de son activité
00:47:16de cuisiniste,
00:47:17de ses différents chantiers.
00:47:20Christiane et Michel Hick,
00:47:22ça vous dit quelque chose ?
00:47:23Des clients à vous ?
00:47:25Il dit ne pas les connaître.
00:47:26Il ne se souvient de rien.
00:47:28Mais c'est pourtant bien
00:47:29votre nom sur cette facture.
00:47:31Mais non.
00:47:33Les Hicks,
00:47:34ça ne lui dit rien.
00:47:35On sait qu'il nous ment
00:47:36parce qu'il ne veut
00:47:36surtout pas nous dire
00:47:37qu'il est venu chez les Hicks.
00:47:42Ce deuxième jour d'audition,
00:47:44on va changer de rythme.
00:47:45On va y aller crescendo.
00:47:46On le bombarde de questions.
00:47:48On l'interroge
00:47:49de manière incessante.
00:47:53Êtes-vous allé à Saint-Vite
00:47:54le 21 janvier 2011 ?
00:47:56Ne vous êtes-vous jamais rendu
00:47:58chez les Hicks
00:47:59le 21 janvier 2011 ?
00:48:01Le 21 janvier 2011,
00:48:03avez-vous eu une dispute
00:48:04avec les Hicks ?
00:48:05Il s'enferme
00:48:07dans un mutisme total.
00:48:10C'est le moment
00:48:11d'abattre l'atout maître,
00:48:13la preuve par larmes.
00:48:18On ne s'y attend absolument pas,
00:48:20mais immédiatement,
00:48:21il commence à nous expliquer
00:48:23la scène.
00:48:24Je suis allé le 21 janvier 2011
00:48:34à Saint-Vite pour braquer
00:48:36monsieur et madame Hicks.
00:48:38Il explique qu'il était cagoulé.
00:48:40Il a braqué le couple Hicks
00:48:42qu'il a emmené dans la cuisine.
00:48:42Il va y avoir un accrochage,
00:48:49une bagarre avec monsieur Hicks
00:48:50qui va réussir à lui retirer
00:48:52sa cagoule
00:48:52et qui, forcément,
00:48:54le reconnaît.
00:48:59Oui, je me suis fait remettre
00:49:01les bijoux de madame Hicks
00:49:02ainsi que les cartes bleues
00:49:04de monsieur Hicks.
00:49:07Il monte à l'étage
00:49:08avec monsieur Hicks
00:49:10pour tenter de récupérer
00:49:12de l'argent liquide.
00:49:18Il n'a pas voulu me le remettre.
00:49:20Nous sommes redescendus.
00:49:22Pour l'instant, stop.
00:49:25Patrice Usant
00:49:26interrompt brusquement son récit.
00:49:30La bascule est faite.
00:49:32Il est posé sur la scène de crime.
00:49:34Pour nous, la partie est quasi gagnée.
00:49:36On le tient.
00:49:37Ça y est, il va y venir.
00:49:40Les gendarmes sont suspendus
00:49:42à ses lèvres
00:49:43mais Usant en reste là.
00:49:47Il finit par nous dire
00:49:48qu'il est sorti du domicile
00:49:50et il est retourné
00:49:50à son fourgon
00:49:51qu'il n'a pas entendu
00:49:53de détonation
00:49:54mais en tout cas pour lui,
00:49:55quand il a quitté le domicile,
00:49:56les Hicks étaient toujours vivants.
00:50:01Au bout de dix minutes,
00:50:03seul dans son fourgon,
00:50:04Usant a pris la route
00:50:05sans le butin
00:50:06et sans l'arme.
00:50:08Quelqu'un lui a rapporté
00:50:11le pistolet sept mois plus tard.
00:50:13Quelqu'un ?
00:50:15Ah ouais.
00:50:18Il nous laisse entendre
00:50:19la possibilité
00:50:21qu'il était accompagné
00:50:22d'un individu
00:50:23qui, lui,
00:50:24a fait le sale boulot.
00:50:27Un complice dont Patrice Usant
00:50:28ne dit strictement rien.
00:50:29Bien entendu,
00:50:32nous ne le croyons pas.
00:50:33Pour nous,
00:50:34il était seul au moment des faits.
00:50:36Il est l'auteur du double homicide.
00:50:39Comme avec les policiers,
00:50:41Usant est allé
00:50:42au bout du bout
00:50:43de sa garde à vue.
00:50:45Après 47 heures
00:50:46et 45 minutes,
00:50:48retour en cellule.
00:50:49On n'est pas arrivé
00:50:52à le faire craquer.
00:50:53Il ne veut pas
00:50:54reconnaître
00:50:55avoir appuyé
00:50:56sur la détente
00:50:57et d'avoir abattu
00:50:58froidement
00:50:59ce couple de retraités.
00:51:06Et de trois.
00:51:08Le 16 mars 2012,
00:51:09Patrice Usant
00:51:10est mise en examen
00:51:11pour les meurtres
00:51:11de Christiane et Michel Hic.
00:51:13Mais devant le juge,
00:51:15il garde la même ligne.
00:51:16C'est pas moi.
00:51:17Je ne vous donnerai pas
00:51:18le nom de mon complice.
00:51:19Il a gardé le butin.
00:51:20C'est un type expérimenté
00:51:21qui pourrait se venger
00:51:22si je le balance.
00:51:23Quant au bijoutier,
00:51:24c'est pas moi non plus.
00:51:26Usant revient donc
00:51:27sur ses aveux.
00:51:29Un drôle de type.
00:51:36Il est né
00:51:36le 24 mai 1970
00:51:38en Seine-Saint-Denis
00:51:39où il a grandi
00:51:41avec ses parents,
00:51:42tous les deux coiffeurs.
00:51:46Lui-même,
00:51:46il a commencé
00:51:47ses activités professionnelles
00:51:49en tant que coiffeur
00:51:50avant de changer
00:51:51beaucoup de métiers.
00:51:55Gérant de snacks,
00:51:56loueur de bateaux,
00:51:58vendeur au marché.
00:51:59Il a fait différents
00:52:00petits boulots
00:52:01dans le BTP
00:52:01puis devenu cuisiniste.
00:52:03Quoi qu'il ait tenté
00:52:04dans la vie,
00:52:04il a fini par tout louper.
00:52:07Au moment de son arrestation,
00:52:08Patrice Usant
00:52:09est encore sans emploi.
00:52:10Il vivote.
00:52:12De petits boulots
00:52:12en petits recels.
00:52:16C'est quelqu'un
00:52:18qui, on peut imaginer,
00:52:19vit dans une frustration
00:52:20la plus totale.
00:52:25Ses proches
00:52:26dressent le portrait
00:52:27d'un homme gentil,
00:52:28sympa,
00:52:28mais aussi
00:52:29solitaire et menteur.
00:52:33Un gars fragile
00:52:33qui a menacé
00:52:34plusieurs fois
00:52:35de se suicider,
00:52:36mais de là à tuer,
00:52:38ou plutôt
00:52:38exécuté
00:52:39trois personnes
00:52:40de trois balles
00:52:40dans la tête.
00:52:41impossible.
00:52:45Alors le profil
00:52:46de M. Usant
00:52:47ne laisse effectivement
00:52:48pas trop à penser
00:52:49qu'il puisse devenir
00:52:50un tueur
00:52:51en série.
00:52:54C'est toujours
00:52:55difficile pour nous
00:52:56d'imaginer
00:52:56le petit recèleur
00:52:58qu'on voyait
00:52:59déambuler
00:52:59sur son scooter
00:53:01lors de nos surveillances
00:53:02avoir tué
00:53:03ces trois personnes.
00:53:06Deux braquages,
00:53:08deux fois dans le mille.
00:53:09Ce serait bien
00:53:10la première fois
00:53:10qu'Usant irait
00:53:11au bout
00:53:11d'une entreprise
00:53:12tout seul.
00:53:16On finit
00:53:17par se poser
00:53:17la question
00:53:18est-ce qu'il n'y a
00:53:18pas un complice
00:53:19qui nous est caché
00:53:20dans cette histoire ?
00:53:23Quelqu'un
00:53:24qui tirerait
00:53:25les ficelles
00:53:25et pour lequel
00:53:26Usant aurait commis
00:53:27tous ses crimes.
00:53:29Les policiers
00:53:29ont relevé
00:53:30deux ADN
00:53:31sur l'arme,
00:53:33le sien
00:53:33et celui
00:53:35de sa compagne
00:53:36qu'il place
00:53:36aussi en garde à vue.
00:53:38Elle va finir
00:53:39par reconnaître
00:53:40qu'elle a touché
00:53:41l'arme du crime
00:53:41qu'elle avait vue
00:53:42chez Patrice Usant
00:53:43mais il ne lui aurait
00:53:45jamais parlé
00:53:46d'aucun meurtre.
00:53:47On n'a aucun élément
00:53:48qui nous amène
00:53:49à penser
00:53:49qu'elle connaît
00:53:50la vérité.
00:53:51On s'est vus
00:53:52dans l'obligation
00:53:52de devoir la relâcher.
00:53:57Mais les policiers
00:53:58creusent aussi
00:53:59du côté
00:53:59d'un appel étrange.
00:54:02Cusant a passé
00:54:03à minuit 46
00:54:03le soir
00:54:04du meurtre
00:54:05du bijoutier.
00:54:06C'est la première
00:54:08personne qui l'appelle
00:54:09après avoir rallumé
00:54:10son téléphone.
00:54:11Après les faits...
00:54:12Un appel à minuit 46
00:54:13alors qu'il vient
00:54:14de commettre
00:54:14un meurtre
00:54:15le matin même.
00:54:16Est-ce que c'est
00:54:16pour refourguer
00:54:18les bijoux ?
00:54:20Est-ce que c'est
00:54:20pour lui rendre compte
00:54:21de ce qui s'est passé
00:54:23le matin ?
00:54:24Est-ce que c'est
00:54:24pour savoir
00:54:25où il se trouve ?
00:54:29Les policiers
00:54:30remontent l'appel
00:54:31et là,
00:54:32ça devient intéressant.
00:54:34Usant a téléphoné
00:54:36à un ancien tolar
00:54:37condamné
00:54:38pour vol à main armée,
00:54:40séquestration
00:54:41et tentative d'homicide.
00:54:45Il est plus intéressant
00:54:47à bien des égards
00:54:48que Patrice Usant
00:54:49en qualité de braqueur.
00:54:50Il est plus violent,
00:54:52il est déjà monté
00:54:53au braqueur.
00:54:54On a l'impression
00:54:54quand on travaille
00:54:55cette personne-là
00:54:56qu'on se rapproche
00:54:57du complice.
00:54:59Le complice
00:55:00ou le commanditaire ?
00:55:04Le 13 juin 2012,
00:55:14la police
00:55:15lui tombe dessus.
00:55:20Pour la première fois
00:55:21de l'enquête,
00:55:22les policiers ont affaire
00:55:22à un type
00:55:23qui a une certaine étoffe.
00:55:28Mais pas de bol,
00:55:29le soir des faits,
00:55:31c'est sous une autre casquette
00:55:33que le braqueur-resseleur
00:55:34a causé avec Usant.
00:55:38Ce soir-là,
00:55:39il était agent immobilier
00:55:41et Usant l'a appelé
00:55:43pour parler location.
00:55:45Il voulait négocier
00:55:46le loyer d'un snack.
00:55:49Le gars repasse
00:55:50la porte de la BRB
00:55:52libre,
00:55:54retour à la case Usant.
00:55:55Il y a une certaine frustration
00:55:59qui s'installe en nous
00:56:00devant le fait
00:56:01de ne pas trouver
00:56:01de complice.
00:56:03C'est difficile à croire
00:56:03quand on étudie
00:56:04le personnage,
00:56:05mais on ne peut pas
00:56:06exclure qu'il a agi
00:56:07réellement seul.
00:56:10Deux cambriolages
00:56:11et trois exécutions
00:56:13tout seules.
00:56:14L'hypothèse a beaucoup
00:56:15de mal à passer.
00:56:16Le juge d'instruction
00:56:19me demande
00:56:21est-ce que
00:56:22sa personnalité
00:56:23est compatible
00:56:24avec
00:56:25quelqu'un
00:56:27qui a commis
00:56:27déjà trois meurtres.
00:56:31C'est au palais de justice
00:56:32de Paris
00:56:33que la psychologue
00:56:34rencontre Patrice Usant
00:56:35pour la première fois
00:56:36le 4 février 2015.
00:56:40Patrice Usant
00:56:41présente
00:56:42des traits
00:56:43cachés
00:56:43qui sont révélés
00:56:45par les tests
00:56:46que je lui ai fait passer
00:56:47et qui montrent
00:56:48une forte agressivité.
00:56:50On sent bien
00:56:51que ça bouillonne
00:56:52à l'intérieur.
00:56:55Il se plaint
00:56:56tout le long
00:56:57de l'expertise
00:56:58d'avoir
00:56:59tout raté.
00:57:01Effectivement,
00:57:02il se débrouille
00:57:03pour que
00:57:04toutes ses actions
00:57:06échouent.
00:57:08Un homme en situation
00:57:09d'échec
00:57:09qui le sait
00:57:10et qui en souffre.
00:57:13On voit bien
00:57:13que derrière
00:57:14cette plainte,
00:57:14il y a beaucoup
00:57:15de colère,
00:57:16il y a beaucoup
00:57:16de frustration
00:57:17par rapport
00:57:18à une vie
00:57:19qu'il trouve
00:57:20déprimante.
00:57:23Et du coup,
00:57:24dans un passage
00:57:25à l'acte
00:57:26comme ça,
00:57:26il tend
00:57:27à essayer
00:57:28d'être maître
00:57:29de son destin
00:57:30en tuant l'autre.
00:57:34Une frustration
00:57:35dont la psychologue
00:57:36décèle l'origine
00:57:37au-delà des échecs
00:57:38professionnels
00:57:38comme souvent,
00:57:40dans l'enfance
00:57:40d'usant.
00:57:44Derrière son côté
00:57:45débonnaire,
00:57:46un peu plat,
00:57:47il y a quelqu'un
00:57:48de profondément
00:57:48blessé
00:57:49par une enfance
00:57:51où il ne s'est pas
00:57:53senti soutenu,
00:57:55étayé,
00:57:55peut-être aimé.
00:57:57Dans une expertise
00:57:58psychiatrique précédente,
00:57:59il a dit
00:58:00que son père
00:58:01était violent.
00:58:04Son père n'a pas été
00:58:05un très bon père.
00:58:07Il recevait souvent
00:58:08de bonnes raclées.
00:58:10Il fonctionne
00:58:11comme un adolescent,
00:58:13en révolte
00:58:14contre la loi,
00:58:15contre les limites,
00:58:16parce qu'il a dû
00:58:17être frappé
00:58:18à chaque fois
00:58:18qu'il faisait
00:58:19une connerie.
00:58:20Je me suis demandé
00:58:21en l'écoutant
00:58:22si, à chaque fois,
00:58:24ce n'était pas
00:58:24un petit peu
00:58:25le meurtre
00:58:26de son père
00:58:27qu'il cherchait
00:58:28à provoquer
00:58:28de cette façon-là.
00:58:34Ces aspects
00:58:35refoulés
00:58:37de son caractère
00:58:39sont compatibles
00:58:40avec les faits
00:58:42qui lui sont reprochés,
00:58:43c'est-à-dire
00:58:43d'avoir tué
00:58:44trois personnes.
00:58:53Ce qui nous scotche
00:58:55littéralement,
00:58:56c'est que quelqu'un
00:58:57qu'on pourrait qualifier
00:58:58de lambda,
00:58:59de banal,
00:59:00un petit recèleur
00:59:01sans grande envergure,
00:59:02puisse avoir tué
00:59:03trois personnes
00:59:04sans complice,
00:59:06sans aucune aide
00:59:07de ses propres mains.
00:59:09On est persuadés,
00:59:10tous,
00:59:11qu'on a eu affaire
00:59:11à un tueur en série.
00:59:12Si on ne l'avait pas arrêté,
00:59:13il aurait continué.
00:59:19Deux procès
00:59:20attendent maintenant
00:59:21Patrice Usant.
00:59:22Le 29 février 2016,
00:59:23devant la cour d'assises
00:59:24de Paris
00:59:24pour le meurtre
00:59:25de Serge Zénoux
00:59:26et trois mois plus tard,
00:59:27le 17 mai,
00:59:28devant celle de Pontoise
00:59:29pour le meurtre
00:59:30de Christiane et Michel Hic.
00:59:31reste à savoir
00:59:33si l'accusé
00:59:33va enfin se mettre
00:59:35à table.
00:59:41L'assistance
00:59:43découvre
00:59:44l'arrivée
00:59:45de M. Usant
00:59:46dans le box,
00:59:48taciturne,
00:59:49le visage inexpressif
00:59:50et ne regardait personne.
00:59:53La famille Zénoux
00:59:57appréhende
00:59:59ce procès.
01:00:00Ce qui est
01:00:01le plus difficile
01:00:02pour mes clients,
01:00:03c'est de voir
01:00:04en face
01:00:05M. Usant,
01:00:07le tueur
01:00:08de leur père.
01:00:09Vont-ils avoir
01:00:10une réponse
01:00:11à leur question ?
01:00:13Vont-ils savoir
01:00:14réellement
01:00:15que s'est-il passé
01:00:16au moment
01:00:17des faits ?
01:00:19Mais la famille
01:00:20n'aura pas
01:00:21de réponse.
01:00:21Usant reste
01:00:23dans le déni.
01:00:25Le meurtre
01:00:25du bijoutier,
01:00:27c'est pas lui.
01:00:29Il serait venu
01:00:30pour faire
01:00:31un repérage
01:00:32des lieux
01:00:32et c'est un autre
01:00:34personnage
01:00:35qui aurait commis
01:00:36ce crime.
01:00:39Quelqu'un
01:00:40qui fait partie
01:00:41de la communauté
01:00:41du voyage,
01:00:42un dénommé
01:00:43Titi
01:00:44qui lui aurait donné
01:00:44250 grammes
01:00:46d'or
01:00:47pour voir
01:00:47s'il y avait
01:00:48ou pas
01:00:49des caméras
01:00:50au sein
01:00:50de cette
01:00:51bijouterie.
01:00:53Quant à l'arme
01:00:53retrouvée
01:00:54chez lui,
01:00:56Titi
01:00:56lui aurait
01:00:57donné
01:00:58l'arme
01:00:59du crime
01:01:00pour lui
01:01:00cacher
01:01:00chez lui
01:01:01à la maison
01:01:01parce qu'il
01:01:02partait
01:01:02en vacances.
01:01:06Donc la réaction
01:01:07est dans la salle,
01:01:08les murmures.
01:01:09Monsieur Usant
01:01:09se moque de tout le monde.
01:01:11C'était un fantôme.
01:01:13C'était un peu
01:01:13le Titi
01:01:14dans le noir.
01:01:15L'accusé
01:01:18tape sur les nerfs
01:01:19de tout le monde,
01:01:20son avocat
01:01:21et les partis
01:01:22civils.
01:01:25Monsieur Usant
01:01:25a menti
01:01:27durant
01:01:27tout
01:01:28ce procès.
01:01:29Il n'a jamais
01:01:30exprimé
01:01:31un regret
01:01:32ou un sentiment
01:01:33de compassion
01:01:34vis-à-vis
01:01:35de la famille
01:01:35de la victime.
01:01:39Le 3 mars
01:01:402016,
01:01:41Patrick Usant
01:01:42est condamné
01:01:42à 22 ans
01:01:43de réclusion
01:01:43criminelle
01:01:44pour le meurtre
01:01:44de Serge Zénou.
01:01:49Trois mois plus tard,
01:01:51lors de son procès
01:01:51pour le double meurtre
01:01:52de Saint-Vitz,
01:01:54c'est le retour
01:01:54du fameux Titi.
01:01:59Patrick Usant
01:02:00indique à la présidente
01:02:02« Je vais vous dire
01:02:03toute la vérité,
01:02:03je vais vous raconter
01:02:04ce qui s'est passé. »
01:02:07C'est là qu'on a
01:02:08une nouvelle version,
01:02:09à savoir qu'il nie
01:02:11être allé au domicile
01:02:12du couple Ick
01:02:13ce jour-là,
01:02:14simplement qu'il aurait
01:02:15donné des informations
01:02:16à ce fameux complice
01:02:17qu'il surnomme Titi.
01:02:21Il s'écarte
01:02:22complètement des faits,
01:02:23il s'écarte
01:02:24complètement
01:02:24de la scène de crime.
01:02:26C'est un moyen de défense.
01:02:28Mais il en avait
01:02:28déjà trop dit.
01:02:29Il avait dit
01:02:29qu'il était allé.
01:02:30Il avait décrit
01:02:31les bijoux
01:02:32qu'il a ôtés
01:02:32de Madame Ick
01:02:33alors qu'elle était
01:02:34toujours vivante.
01:02:35Donc, physiquement,
01:02:36il était présent
01:02:37au moment des faits.
01:02:38Il y était.
01:02:38Quand j'ai pris la parole,
01:02:46je me suis opposé
01:02:48à la défense
01:02:49qui, au cours du procès,
01:02:51avait laissé entendre
01:02:52qu'on ne devient pas
01:02:53tueur en série
01:02:55à cet âge-là,
01:02:56à 42 ans,
01:02:5843 ans,
01:02:59l'âge
01:02:59qu'avait
01:02:59M. Usant.
01:03:00Il n'y a pas d'âge
01:03:01pour commencer
01:03:02des crimes
01:03:03de cette nature.
01:03:04Et donc,
01:03:05ce n'est pas ça
01:03:06qui nous intéressait.
01:03:07C'était de savoir
01:03:07ce qui s'était
01:03:08réellement passé.
01:03:09Et là,
01:03:09on n'a jamais eu
01:03:09de réponse.
01:03:12Usant son tête,
01:03:13et il essaie même
01:03:14de manipuler
01:03:14les victimes.
01:03:17Il y avait
01:03:17l'une des petites filles
01:03:19du couple Ick,
01:03:20une jeune adolescente.
01:03:21Il la regarde
01:03:22et il lui dit
01:03:23« Ce n'est pas moi
01:03:24qui ai tué
01:03:24tes grands-parents,
01:03:25c'est ici. »
01:03:27C'est toujours
01:03:28quelque chose
01:03:29de très délicat
01:03:30quand les accusés
01:03:31s'adressent directement
01:03:33aux victimes,
01:03:34mais là,
01:03:34en plus,
01:03:35pour raconter
01:03:35n'importe quoi.
01:03:37Très sincèrement,
01:03:38c'est un comportement
01:03:40inacceptable
01:03:41qui a entraîné
01:03:42une grosse souffrance.
01:03:45À la fin
01:03:46de son interrogatoire,
01:03:47il a compris
01:03:47qu'il avait été
01:03:48acculé
01:03:49avec tous les témoignages.
01:03:51Là,
01:03:51il a explosé
01:03:51en disant
01:03:52« Bravo à la justice,
01:03:54mettez-moi perpète,
01:03:55laissez-moi mourir
01:03:55en prison. »
01:03:58Et l'avocate générale
01:03:59va lui donner
01:04:00des satisfactions,
01:04:01elle demande à la Cour
01:04:02la perpétuité
01:04:02pour Patrice Usant.
01:04:05Les deux avocates
01:04:07de la Défense
01:04:08ont donc pris la parole
01:04:09à tour de rôle.
01:04:10La première a sollicité
01:04:11de la Cour
01:04:12et des jurés
01:04:13d'acquitter
01:04:13M. Patrice Usant
01:04:16en l'indiquant
01:04:17qu'on n'avait pas
01:04:17suffisamment
01:04:18de preuves.
01:04:20La seconde avocate
01:04:21a dit
01:04:22à la Cour
01:04:23de ne le juger
01:04:25que comme étant
01:04:26un complice
01:04:27de ce fameux
01:04:28Titi
01:04:28et qu'il fallait
01:04:29donc en conséquence
01:04:30le condamner
01:04:31à une peine
01:04:32beaucoup moins lourde
01:04:33que ce qui était requis
01:04:33par Mme l'avocate générale.
01:04:38Peine perdue,
01:04:39le 20 mai 2016,
01:04:41Patrice Usant
01:04:41est condamnée
01:04:42à la prison
01:04:42à perpétuité
01:04:43avec 20 ans de sûreté.
01:04:45C'était un grand soulagement
01:04:49qu'il soit déclaré coupable
01:04:50même si
01:04:51on aurait préféré
01:04:52que ce soit
01:04:53la qualification
01:04:54d'assassinat
01:04:54qui soit retenue.
01:05:00Patrice Usant
01:05:01fait appel
01:05:01des deux condamnations.
01:05:03Son troisième procès
01:05:04s'ouvre donc à Évry
01:05:05le 28 mars 2017
01:05:06pour le meurtre
01:05:07de Serge Zénoux.
01:05:09Cette fois,
01:05:09il va peut-être
01:05:10changer de posture.
01:05:12Il a peut-être compris.
01:05:15J'ai trouvé l'ambiance
01:05:23de cette cour d'assises
01:05:24exécrable.
01:05:25Très lourde,
01:05:26très difficile.
01:05:28Usant était haineux,
01:05:29il fuyaient
01:05:30ses responsabilités.
01:05:31Ou il ne voulait pas parler,
01:05:33ou il voulait quitter
01:05:33la salle d'audience.
01:05:37Ses avocats
01:05:38tendent
01:05:38de le défendre
01:05:39en disant
01:05:40que ses aveux
01:05:41lui auraient été
01:05:42estorqués
01:05:43au cours
01:05:44de son interrogatoire.
01:05:45qu'il aurait été
01:05:46brutalisé,
01:05:47violenté,
01:05:48il y a une certaine
01:05:48pression
01:05:49qui pesait sur lui.
01:05:50On a passé le procès
01:05:52à entendre
01:05:52des critiques
01:05:53sur les méthodes
01:05:55employées
01:05:55par les policiers.
01:05:56Donc tout tournait
01:05:57autour de ça.
01:06:00Pour la défense,
01:06:02la vraie victime,
01:06:03c'est Usant.
01:06:05Je ne suis pas surpris
01:06:06en fait.
01:06:08Lorsque la cause
01:06:08était indéfendable
01:06:09sur le fond,
01:06:10les avocats
01:06:11essaient d'attaquer
01:06:11sur la forme.
01:06:12Juste ruiner l'enquête
01:06:13et dire qu'on n'est pas
01:06:14des policiers compétents,
01:06:15que l'enquête
01:06:15s'est faite
01:06:16n'importe comment.
01:06:17J'avais toute confiance
01:06:18dans leur méthode
01:06:19et j'ai insisté
01:06:20pour que cette audition
01:06:22soit visionnée.
01:06:29On voit bien
01:06:30dans cette audition,
01:06:31Patrice Usant
01:06:32qui nous avoue
01:06:33avoir tué
01:06:34Serra Génoux
01:06:35accidentellement,
01:06:36qui reconnaît
01:06:37les faits
01:06:37de façon tout à fait
01:06:38naturelle.
01:06:39Tout le monde,
01:06:46les avocats,
01:06:47le public
01:06:48et surtout
01:06:48les jurés
01:06:49ont pu se rendre compte
01:06:50que M. Usant
01:06:51n'avait en aucun cas
01:06:53été maltraité
01:06:54par la police
01:06:55lorsqu'il avait
01:06:56fait ses aveux.
01:06:57Et ça a été
01:06:58un point
01:06:58terrible
01:07:00contre les avocats
01:07:01de la défense.
01:07:02Plus grave encore,
01:07:06l'avocate générale
01:07:07remet en question
01:07:08l'accusation
01:07:09de meurtre.
01:07:11J'en me suis rendue
01:07:13compte qu'il y avait
01:07:13tous les éléments
01:07:14de preuves
01:07:16nécessaires
01:07:17pour établir
01:07:17une préméditation.
01:07:19On peut cambrioler,
01:07:21on peut donner
01:07:21un coup de poing
01:07:23et partir
01:07:23avec la caisse.
01:07:25On peut avoir
01:07:26une arme
01:07:27et s'en servir
01:07:28uniquement
01:07:28pour menacer.
01:07:30S'il avait eu
01:07:30simplement l'idée
01:07:32ou le projet
01:07:33de voler des bijoux
01:07:34à M. Zénoux.
01:07:36Il n'était pas
01:07:37obligé d'aller
01:07:37chez lui
01:07:37avec un vin de long
01:07:38et surtout
01:07:39avec un silencieux.
01:07:43Alors que
01:07:44Patrice Usant
01:07:44se dit innocent
01:07:45et plaide l'acquittement,
01:07:47l'avocate générale
01:07:48requiert une peine
01:07:49plus lourde.
01:07:50Il avait pris
01:07:5122 ans
01:07:51pour le meurtre
01:07:52du bijoutier.
01:07:53Elle demande
01:07:5430 ans
01:07:55avec des années
01:07:56de sûreté.
01:08:00Quand la sévérité
01:08:01s'impose,
01:08:02je n'hésite pas.
01:08:03Vous êtes dangereux
01:08:04pour la société.
01:08:06Vous avez tué
01:08:06trois personnes
01:08:07en trois mois.
01:08:08Pourquoi est-ce
01:08:08que vous ne continueriez pas ?
01:08:10C'est notre devoir
01:08:11d'exclure
01:08:12la reproduction
01:08:13de ce genre de crime,
01:08:15de l'exclure
01:08:16de la société.
01:08:19Et le 31 mars 2007,
01:08:20le verdict tombe.
01:08:22L'avocate générale
01:08:23a été entendue,
01:08:25la préméditation retenue.
01:08:2830 ans,
01:08:2930 ans de réclusion
01:08:29criminelle.
01:08:39Il n'y aura pas
01:08:40de quatrième procès.
01:08:42Un mois après
01:08:43le procès d'Evry
01:08:43usant ce désiste
01:08:44de son deuxième appel
01:08:45pour le double meurtre
01:08:46de Saint-Vitz,
01:08:48si les parties civiles
01:08:49attendaient des aveux,
01:08:51c'est raté.
01:08:51Sous-titrage Société Radio-Canada
01:09:04Sous-titrage Société Radio-Canada
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