Ils tuent toute leur famille, parents, grands-parents, conjoint, enfants... avant le plus souvent (de tenter) de se donner la mort, ou de se rendre. L'annonce d'un divorce, la découverte d'un mensonge, une faillite familiale, un désir de vengeance, la peur de perdre leurs enfants... Ces criminels, le plus souvent des pères de famille bien insérés socialement, agissent sous le coup de mobiles divers mais partagent de nombreux traits psychologiques.
Pour cerner ce type de criminels, Faites Entrer l'Accusé - Crimes flagrants décrypte deux dossiers de tueries familiales dans cet épisode, avec l'expertise, en plateau de Dominique Rizet et du Dr Daniel Zagury, expert-psychiatre auprès des tribunaux l'affaire Dominique Henri et l'affaire Jordan Lenisa.
Pour cerner ce type de criminels, Faites Entrer l'Accusé - Crimes flagrants décrypte deux dossiers de tueries familiales dans cet épisode, avec l'expertise, en plateau de Dominique Rizet et du Dr Daniel Zagury, expert-psychiatre auprès des tribunaux l'affaire Dominique Henri et l'affaire Jordan Lenisa.
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00:00:00La justice a parfois le tueur sous les yeux, à portée de main, sans enquête ou presque.
00:00:12Certains sont pris en flagrant délit, d'autres assument leur crime et pourtant, l'instruction est loin d'être terminée, parce qu'il faut tenter de comprendre pour juger.
00:00:23Ces crimes flagrants, je vais vous les raconter aussi.
00:00:26Ces histoires de criminels d'un genre très particulier, qui ne se cachent pas, ou si peu, ou si mal.
00:00:56Dominique Henry, Jordan Leniza.
00:01:19Voilà deux hommes qui ont commis des crimes flagrants, sans se cacher.
00:01:24Leur cible, leur famille.
00:01:28Dominique Henry.
00:01:29Un homme amoureux, un père investi et exigeant.
00:01:33Il a tué sa femme, ses deux filles, et tenté de tuer son fils, avant de retourner l'arme contre lui.
00:01:39Dylan, il les entend dire « mais non, mais non, qu'est-ce que tu fais papa ? J'ai peur. »
00:01:44Il comprend que son père est en train de massacrer la famille.
00:01:47Jordan Leniza, lui, il a tué son père.
00:01:51Ses deux petits frères est tenté de tuer sa mère.
00:01:53À 23 ans.
00:01:55Il ne cherche pas à fuir.
00:01:56Il est assis sur le pas de la porte, le visage agarre, un peu perdu.
00:02:00Immédiatement, il dit « j'ai fait une bêtise, j'ai tué mon père et mes deux frères. »
00:02:05Mais que se passe-t-il dans la tête de ces criminels ?
00:02:08Comment peut-on s'attaquer à ce qu'on a de plus cher ?
00:02:09Toucher ses liens sacrés, tuer ses propres enfants, ses parents ?
00:02:13Pourquoi ces familles ici ?
00:02:15Il fallait absolument qu'il soit à lui.
00:02:17Voilà, simplement à lui et à personne d'autre.
00:02:19C'était sa femme.
00:02:20Neuf fois sur dix, ce sont les hommes qui tuent.
00:02:23Les pères.
00:02:23Sont-ils fous ?
00:02:25Pourquoi passe-t-il à l'acte ?
00:02:26Quel est le déclic ?
00:02:27Mourir ensemble, c'est ne jamais être séparé.
00:02:29C'est être uni pour l'éternité.
00:02:32Peut-on prévenir cette hurie familiale ?
00:02:35Évreux, le jeudi 26 juin 2014.
00:02:39« Mon pied ? »
00:02:45« Mon pied ? »
00:02:47« Allô ? »
00:02:47« Oui ? »
00:02:48« Oui, voilà ce qui se passe.
00:02:49Je suis à Claville, chez mon fils.
00:02:54Il devait le prendre ce matin pour aller au travail.
00:02:57Et puis je ne fais que taper dans le volet.
00:02:59Et puis personne ne me répond.
00:03:01Et puis comme en ce moment,
00:03:03ils sont en instance de divorce.
00:03:05Et puis il a un gros problème familial et je n'arrive pas à ouvrir.
00:03:11On va casser un carreau certainement.
00:03:13Là, il se passe quelque chose.
00:03:14Ok, je vous envoie du monde.
00:03:15On arrive vers 8h05 sur l'intervention.
00:03:29La personne qui a appelé les secours nous attend sur place avec son épouse.
00:03:33À l'intérieur de la maison, il y a son fils, sa belle-fille, ses trois petits-enfants.
00:03:38Il est très inquiet.
00:03:40Il pense que c'est ses mots.
00:03:42Son fils a fait une connerie à l'intérieur.
00:03:44Les pompiers repèrent une trace de sang au pied d'une fenêtre.
00:03:52Ils enfoncent un volet.
00:03:53On voit tout de suite une personne allongée sur le sol.
00:03:57J'ai une mare de sang sur le dos.
00:03:59Lorsque l'on fait le bilan, elle est en arrêt cardio-respiratoire, elle est en état mort apparente.
00:04:07C'est Angélique Henry, la mère de famille.
00:04:10Elle avait 34 ans.
00:04:11Depuis la salle à manger, on rentre dans un petit couloir, il y a une chambre sur la droite et on découvre un homme avaché sur le lit en laissant ses deux petites filles.
00:04:33Les filles sont décédées, il n'y a pas de poube, ni l'une ni l'autre.
00:04:36Inès et Amandine avaient 5 et 11 ans.
00:04:44Lui par contre, il est vivant.
00:04:49Vivant mais blessé.
00:04:51Les pompiers prennent en charge Dominique Henry.
00:04:54Pendant qu'un de leurs collègues grimpe à l'étage où il entend du bruit.
00:04:58On décide de forcer cette porte.
00:05:01L'intérieur, c'est celle de bain, assis par terre au croquevillé.
00:05:03Il y a un jeune garçon qui gémit avec une plaie hémorragique au niveau de l'abdomen.
00:05:12C'est Dylan, le fils aîné âgé de 15 ans.
00:05:15L'ado est dans un état grave.
00:05:20À ce moment-là, il nous dit que la veille, ses parents se sont fortement disputés.
00:05:24Et que son père a mis des coups de couteau à tout le monde.
00:05:34Pendant que son fils est transporté à l'hôpital, au rez-de-chaussée, le père reprend connaissance.
00:05:40Il se redresse, il est complètement hébété, complètement agarre.
00:05:50Il regarde ses deux filles dans le lit qui sont mortes.
00:05:54Et à ce moment-là, il dit « J'ai raté.
00:05:59J'ai raté, je voulais tuer tout le monde et je voulais me tuer aussi. »
00:06:07Dominique Henry présente plusieurs lésions au niveau du thorax et une blessure à la main droite.
00:06:14Les pompiers le conduisent dans leur camion pour le soigner.
00:06:16Donc je grimpe dans le camion des pompiers.
00:06:29C'est un zombie face à moi.
00:06:31Son regard, il est livide.
00:06:33Il ne bouge pas.
00:06:34Il est stoïque.
00:06:36Et face au gendarme, Dominique Henry réitère ses aveux.
00:06:39Et cette fois, il explique son geste.
00:06:42Ma femme a voulu quitter le domicile.
00:06:45Je n'ai pas supporté.
00:06:50Pendant que les pompiers conduisent le blessé sous escorte à l'hôpital,
00:06:54les gendarmes démarrent leur constatation.
00:06:59Il y a du sang partout dans l'habitation.
00:07:02Par terre, ça a coulé.
00:07:03Sur les murs, il y a des projections également.
00:07:05Ma première intuition, il y a eu lutte.
00:07:13Bagarre.
00:07:18Le scénario reste à établir, mais l'arme du crime, elle, est déjà trouvée.
00:07:23Il y en a même deux.
00:07:24Deux couteaux couverts de sang.
00:07:27L'un est entier.
00:07:29L'autre cassé en deux.
00:07:30On découvre sur le tee-shirt de Madame Henry
00:07:37et sur le pyjama des deux fillettes,
00:07:41des traces de lacération.
00:07:43Ce qui est clair à ce moment-là,
00:07:45on est face à une tuerie à l'arme blanche.
00:07:47Alors que les tics s'affairent à l'intérieur,
00:07:56devant la maison perdue entre pompiers et gendarmes,
00:07:59la famille de Dominique Henry patiente toujours.
00:08:05Au début, ils leur disent que tout le monde est décédé
00:08:09et qu'après, ils ressortent en disant
00:08:13« En fait, Dylan a survécu. »
00:08:17« Puis après un autre moment, on nous prévient que Dominique est aussi vivant. »
00:08:31« Puis ça s'arrête là. »
00:08:35« Tu peux même pas mettre un mot sur ce qu'ils ont pu ressentir, je sais pas. »
00:08:45Dominique Dylan a été sauvée, mais vraiment une extrémiste.
00:08:57Après de longues heures de travail au bloc,
00:08:59les chirurgiens vont réussir à le sauver.
00:09:02Il a reçu un coup de couteau à l'abdomen.
00:09:04On va lui enlever la rate et une partie du foie.
00:09:07En revanche, les petites sœurs, Inès et Amandine,
00:09:10elles, elles n'ont pas survécu.
00:09:11Amandine, elle a trois plaies profondes, des plaies thoraciques provoquées par un couteau,
00:09:17ainsi que des hématomes sur l'abdomen et sur les bras
00:09:20qui laissent penser qu'elle s'est défendue.
00:09:23Et Inès, la petite sœur ?
00:09:24Inès, neuf plaies thoraciques, dont trois profondes.
00:09:28Les légistes observent l'orientation, l'axe des plaies.
00:09:33Et ils en déduisent qu'entre le premier et le dernier coup de couteau,
00:09:38elle s'est déplacée.
00:09:39Elle a dû essayer de s'enfuir.
00:09:40Donc Dominique Henry s'y est prise à deux fois pour tuer sa propre fille, Inès.
00:09:46Et la mère ?
00:09:47Alors la mère Angélique, elle a trois plaies thoraciques
00:09:50provoquées par une lame piquante, tranchante,
00:09:54l'un des deux couteaux qui ont été retrouvés sur place.
00:09:56Mais elle a aussi des lésions au nez, au menton,
00:09:59un hématome de 4 cm sur la tête
00:10:01et de nombreuses échymoses sur les jambes, sur les tibias et sur le bras gauche.
00:10:06Elles ont été tuées où ?
00:10:08Alors elles ont été tuées là où on retrouve des traces de sang.
00:10:10Une trace de sang près du bureau, deux traces de sang près du canapé,
00:10:13une trace de sang dans la salle de bain.
00:10:15C'est là qu'elles se sont vidées de leur sang.
00:10:16Et les corps ont ensuite été déplacés par Dominique Henry,
00:10:19celui de sa femme ici, près de la baie vitrée,
00:10:22et ceux de ses filles ici, sur le lit, dans la chambre parentale.
00:10:31C'est maintenant à un juge d'instruction de reconstituer
00:10:33ce qui s'est passé au cours de cette soirée du 25 au 26 juin.
00:10:36Ce qui a déclenché la fureur de Dominique Henry.
00:10:39Garde à vue du père, audition du fils et des proches,
00:10:42expertise, enquête de personnalité, reconstitution de la scène de crime.
00:10:46C'est une instruction classique, même si l'on connaît l'auteur des crimes.
00:10:50Mais, c'est indispensable pour déterminer le niveau de responsabilité de l'auteur.
00:11:0024 heures après le drame,
00:11:02les médecins jugent Dominique Henry en état de répondre au gendarme d'Evreux.
00:11:05On a face à nous un individu totalement différent de la veille.
00:11:14Il a pris conscience des actes qu'il a pu commettre.
00:11:17Lorsque le sujet de ces deux filles est abordé, ils font en larmes.
00:11:29La première audition est interrompue.
00:11:32A la seconde, trois heures après,
00:11:34les gendarmes demandent à Dominique Henry de raconter sa journée et sa soirée du mercredi.
00:11:39Un récit qui colle avec la version de Dylan.
00:11:41Une journée de travail lambda.
00:11:47Parti le matin à 8 heures, rentré à 17 heures.
00:11:50Le repas se passe bien.
00:11:54Sorti de table, Dominique Henry et Dylan s'installent devant la télé.
00:11:58Ce soir, les Bleus jouent contre l'Équateur.
00:12:00Un match de coupe du monde.
00:12:01Vers 22h30, Angélique Henry est au téléphone.
00:12:07Dominique Henry se lève sur le canapé.
00:12:10Il bout Dominique.
00:12:12Quelques semaines plus tôt, il a appris que sa femme le trompait.
00:12:15Il est persuadé qu'elle est en train d'appeler son amant.
00:12:20En fait, c'est Morgane, la sœur d'Angélique, qui est au bout du fil.
00:12:24On parle de tout et de rien, on discute.
00:12:29Et il commence à s'énerver, donc je l'entends.
00:12:31Il commence à s'énerver en lui posant la question.
00:12:33C'est qui ? C'est qui ?
00:12:34Tu vas me dire qui c'est ? C'est qui ?
00:12:35J'entends de plus en plus le son de sa voix, en fait.
00:12:38Lui est persuadé qu'elle se moque de lui et qu'elle le nargue
00:12:43parce qu'elle est dans la maison, au téléphone avec son amant.
00:12:47Et elle, elle est aussi particulièrement agacée
00:12:49parce que, justement, elle n'est pas en train de téléphoner à son amant,
00:12:52elle est en train de parler à sa sœur.
00:12:53Je lui pose la question, mais qu'est-ce qui se passe ?
00:12:55Qu'est-ce qu'il a ? Qu'est-ce qu'il y a ?
00:12:57Et elle me répond, attends, laisse tomber.
00:13:00Je vais voir avec lui, enfin, je te rappelle.
00:13:03Et c'est la dernière fois que je l'ai au téléphone.
00:13:07À Claville, le ton monte chez le couple en instance de divorce.
00:13:11Plus question d'attendre le samedi d'après.
00:13:14Angélique veut quitter la maison le soir même.
00:13:18Elle a voulu appeler sa grand-mère pour qu'elle vienne la chercher.
00:13:23Cela met en colère Dominique Henry.
00:13:26Il a la ceinture, prend son téléphone,
00:13:30casse son téléphone en le jetant par terre.
00:13:32Angélique s'effondre.
00:13:35Terrassée par une crise d'asthme,
00:13:37elle a aussi très mal aux mains.
00:13:42Dominique Henry ne bouge pas.
00:13:43Angélique va lui en faire le reproche.
00:13:45En disant, mais voilà, je suis là, j'ai mal, je souffre.
00:13:48Tu regardes et tu ne fais rien.
00:13:52C'est de la non-assistance.
00:13:54Et elle le menace de déposer plainte.
00:13:58Dominique Henry voit rouge.
00:14:00Il condamne toutes les sorties possibles de l'habitation.
00:14:09Il se rend dans le garage,
00:14:11prend un couteau,
00:14:13le dissimule,
00:14:14revient dans le salon
00:14:15et poignarde sa femme.
00:14:22Dylan, qui est à l'étage
00:14:24et qui entend la scène entre ses parents,
00:14:26décide de sortir par le toit
00:14:27pour aller chercher de l'aide.
00:14:33Papa était devenu fou.
00:14:37Ma mère criait.
00:14:37« Aide-moi, mon fils, aide-moi ! »
00:14:43Il entend « Aide-moi, mon fils, aide-moi ! »
00:14:45Donc il se réprécipite au rez-de-chaussée
00:14:47et quand il arrive,
00:14:49il se retrouve très rapidement face à son père
00:14:51et qui en réalité
00:14:56va lui porter un coup de couteau.
00:15:01Dylan va lui dire
00:15:02« Mais pourquoi papa va partir, va s'enfuir ? »
00:15:09Le garçon court s'enfermer
00:15:10dans la salle de bain la plus proche.
00:15:12À ses trousses,
00:15:13Dominique Henry ne parvient pas à forcer la porte.
00:15:16Et quand il revient au salon,
00:15:19Angélique a disparu.
00:15:20Il se dirige vers le jardin.
00:15:29Il voit que Mme Henry l'est à terre
00:15:31et M. la traîne
00:15:33et la ramène dans la pièce principale.
00:15:41Dominique Henry assène un second coup de couteau à sa femme.
00:15:45La lampe se brise.
00:15:47Il se blesse.
00:15:49Dominique Henry se rend dans le garage.
00:15:51prend un second couteau,
00:15:54revient dans le salon séjour
00:15:55et porte un troisième coup de couteau
00:15:57avec sa main gauche.
00:16:01C'est à cet instant
00:16:02qu'Amandine et Inès
00:16:04font leur apparition dans le salon.
00:16:08Elles sont réveillées
00:16:09par ce brouhaha présent dans l'habitation.
00:16:13Ils s'en approchent
00:16:14et c'est là où M. leur porte un coup
00:16:17à chacune d'elles.
00:16:19En commençant par Amandine.
00:16:20Du supplice de ses sœurs,
00:16:25Dylan, toujours retranché dans la salle de bain,
00:16:27n'a rien vu.
00:16:28Mais il a tout entendu.
00:16:29J'ai entendu mon père aller vers mes sœurs.
00:16:35Ces dernières disaient
00:16:36« Non, papa, non, papa, qu'est-ce que tu fais ? »
00:16:40Il les entend dire
00:16:42« Mais non, mais non, qu'est-ce que tu fais, papa ? »
00:16:45« J'ai peur. »
00:16:48Et le père, lui, Dominique Henry,
00:16:50continuant à leur dire
00:16:51« Non, mais viens ici, ouvre cette porte. »
00:16:55Il comprend que son père
00:16:56est en train de massacrer la famille.
00:16:58Dominique Henry prend ses filles
00:17:10une par une,
00:17:12les dépose
00:17:13sur le lit parental.
00:17:15Il avale
00:17:16une boîte entière de somnifères.
00:17:19Il se porte
00:17:21plusieurs coups au thorax.
00:17:25Il s'allonge
00:17:25sur les filles
00:17:26et il s'endort.
00:17:38Quand Dylan entend son père ronfler,
00:17:40il quitte la salle de bain
00:17:41sur la pointe des pieds
00:17:43et il se réfugie à l'étage.
00:17:45Dylan, il est seul,
00:17:53terrorisé
00:17:53parce que le père est toujours là
00:17:56et il n'est qu'assoupi,
00:17:59mais il est toujours là.
00:18:00Il est seul, il est blessé,
00:18:03il est malade, il vomit,
00:18:05il saigne,
00:18:06il perd connaissance.
00:18:10Je me suis fait pipi dessus.
00:18:13J'ai vomi.
00:18:15C'est le pire des cauchemars.
00:18:21Et ça dure
00:18:22toute la nuit.
00:18:26Une nuit de terreur
00:18:28pour un gamin de 15 ans.
00:18:34Les gendarmes et la juge
00:18:35sont parvenus
00:18:36à reconstituer
00:18:36le déroulement de la tuerie.
00:18:38Visiblement,
00:18:39Dominique Henry
00:18:39n'avait pas prémédité ses crimes.
00:18:42Il est donc mis en examen
00:18:43pour un triple meurtre
00:18:44et une tentative de meurtre.
00:18:46Mais l'instruction n'est pas encore terminée.
00:18:49Pourquoi ce père de famille
00:18:50s'est-il soudain jeté
00:18:51sur sa femme
00:18:52et ses enfants ?
00:18:53Angélique, à l'époque où ils se sont rencontrés,
00:18:59était lycéenne.
00:19:00Elle avait 17 ans.
00:19:01Et Dominique Henry
00:19:02avait 22 ans
00:19:03et faisait de l'intérim
00:19:04à ce moment-là.
00:19:06Je comprends que mon frère
00:19:07ait craqué sur elle.
00:19:08Franchement, c'est vrai
00:19:09que c'était une jolie
00:19:09petite nénette.
00:19:12Elle a toujours été pleine de vie.
00:19:13C'était quelqu'un
00:19:13qui riait souvent.
00:19:15Elle aimait ses amis, sortir.
00:19:16C'était quelqu'un
00:19:16hyper d'intelligente.
00:19:17Très, très bonne à l'école,
00:19:18très bonne dans tout
00:19:19ce qu'elle faisait de toute façon.
00:19:22Dominique était plutôt
00:19:23du genre casanier.
00:19:26Il a eu tête de relation
00:19:27avant Angélique.
00:19:29Pour lui,
00:19:29c'était un vrai coup de foudre.
00:19:31Je pense que Dominique
00:19:32avait vu en Angélique
00:19:34la femme de sa vie.
00:19:37Une femme
00:19:38et bientôt un fils.
00:19:41Quelques mois seulement
00:19:41après leur rencontre,
00:19:43Angélique est tombée enceinte.
00:19:45Avant même de passer le bac,
00:19:46la future maman
00:19:47a quitté les bancs du lycée.
00:19:49Le couple s'est installé
00:19:50dans un appartement d'Evreux
00:19:52avec le bébé d'Ilan.
00:19:55Ils étaient heureux
00:19:56tous les deux.
00:19:57Donc, tous les trois,
00:19:58ils étaient heureux,
00:19:59tous les trois.
00:20:02Après des années d'intérim,
00:20:03en 2000,
00:20:04Dominique Henry
00:20:05a décroché un CDI
00:20:06comme agent d'entretien
00:20:08à la mairie d'Evreux.
00:20:11Je pense que toute entreprise
00:20:12rêverait d'avoir
00:20:13un homme et un salarié
00:20:14comme il était,
00:20:17toujours arrivé en avance,
00:20:19il arrivait toujours
00:20:20avec le sourire,
00:20:22Rochie n'est jamais
00:20:23à la tâche.
00:20:26Pendant que Dominique
00:20:27balayait les rues d'Evreux,
00:20:29Angélique, elle,
00:20:30restait sagement
00:20:30à la maison.
00:20:34Dominique était jaloux.
00:20:36Il avait peur
00:20:37que peut-être
00:20:39Angélique fréquente
00:20:39d'autres personnes.
00:20:41Donc,
00:20:41ça lui convenait parfaitement
00:20:43qu'elle ne travaille pas.
00:20:43Il fallait absolument
00:20:44qu'elle soit à lui.
00:20:45Voilà, simplement à lui
00:20:46et à personne d'autre.
00:20:48C'était sa femme
00:20:48et à personne d'autre.
00:20:52Un vœu finalement
00:20:54exaucé en août 2005
00:20:55lorsque Dominique
00:20:56a épousé Angélique.
00:20:59Après Dylan,
00:21:00Amandine
00:21:01puis Inès
00:21:02sont arrivées.
00:21:05Une vie de famille
00:21:06à cinq
00:21:07et très vite,
00:21:08chez les parents,
00:21:09deux manières
00:21:10d'aborder l'éducation
00:21:11des enfants.
00:21:17Dominique Henry
00:21:17va plutôt
00:21:19être sur un versant
00:21:20assez autoritaire,
00:21:22assez strict.
00:21:23Il y a vraiment
00:21:23facilement
00:21:24des sanctions,
00:21:26des punitions
00:21:26quand les choses
00:21:27ne vont pas
00:21:28comme il le souhaite.
00:21:29Dylan,
00:21:29quand il était petit,
00:21:30il prenait des sacrés fessées.
00:21:32Et en présence même
00:21:33de tout le monde,
00:21:33ça ne le dérangeait pas.
00:21:34Alors qu'Angélique,
00:21:36la maman,
00:21:37elle,
00:21:37va être presque perçue
00:21:39comme un peu laxiste.
00:21:42Mon frère pouvait punir
00:21:43pour telle ou telle chose.
00:21:44Angélique,
00:21:45derrière,
00:21:45annulait toutes les punitions
00:21:48ou cachait les choses,
00:21:50les bulletins de notes
00:21:51ou ce genre de choses
00:21:52qui mettaient en rogne
00:21:53mon frère forcément.
00:21:58Des tensions
00:21:59qui n'ont pas empêché
00:22:00le couple
00:22:00de se lancer
00:22:00dans un beau projet.
00:22:03En 2013,
00:22:03Dominique et Angélique
00:22:04ont voulu devenir
00:22:05propriétaires.
00:22:09n'avaient absolument
00:22:10pas les moyens.
00:22:12Et on pensait tous
00:22:14que le crédit
00:22:15ne passerait pas.
00:22:17Un crédit sur 30 ans
00:22:19pour faire construire
00:22:20la maison de Claville.
00:22:23C'est pour eux,
00:22:25peut-être,
00:22:25l'occasion de se dire
00:22:26bon, voilà,
00:22:27on va construire ça,
00:22:29c'est peut-être
00:22:30un nouveau départ,
00:22:31c'est un projet,
00:22:32c'est quelque chose
00:22:33qui va nous tenir.
00:22:35alors qu'en réalité,
00:22:41ça ne va que créer
00:22:42des tensions supplémentaires
00:22:43parce que les problèmes
00:22:44financiers vont venir
00:22:45s'ajouter
00:22:46aux problèmes éducatifs,
00:22:48aux problèmes de couple.
00:22:50Dominique avait beau
00:22:51multiplier les heures sup,
00:22:52c'était pas suffisant
00:22:54pour rembourser le crédit.
00:22:56La seule solution,
00:22:58c'était qu'Angélique
00:22:58travaillait le scie.
00:22:59À ma connaissance,
00:23:02elle n'a pas fait
00:23:02un seul entretien.
00:23:03Je ne suis pas persuadée
00:23:04qu'elle y ait mis du sien.
00:23:06Ça, ça commençait
00:23:07à mettre en rogne
00:23:09Dominique Henry,
00:23:10d'avoir créé une maison,
00:23:12ne pas pouvoir la payer
00:23:13parce qu'un seul salaire
00:23:15était présent
00:23:15au sein du domicile.
00:23:18Angélique ne travaillait pas
00:23:19et ne faisait rien
00:23:21pour chercher du boulot.
00:23:24Bien sûr qu'elle aurait aimé
00:23:25travailler,
00:23:26bien sûr qu'elle aurait aimé
00:23:27travailler,
00:23:27mais Dominique,
00:23:28il n'aurait pas accepté
00:23:29qu'elle sorte,
00:23:29qu'elle rencontre des gens,
00:23:30qu'elle fréquente
00:23:32ne serait-ce que même
00:23:32des collègues de travail.
00:23:36Cette vie auprès
00:23:36d'un mari jaloux,
00:23:37possessif
00:23:38et qui lui reprochait
00:23:39d'être une tire au flanc,
00:23:40Angélique n'en voulait plus.
00:23:43Un jour de février 2014,
00:23:45elle prend son courage à deux mains.
00:23:50Elle n'aime plus cet homme,
00:23:51enfin voilà,
00:23:52tout simplement.
00:23:53Il n'y a plus de sentiment
00:23:54de son côté,
00:23:56en tout cas,
00:23:56pour Dominique Henry
00:23:58et donc
00:23:59elle va
00:24:00envisager,
00:24:03comme elle dit,
00:24:03de reprendre sa liberté.
00:24:05Là, lui,
00:24:06ce sont ses termes,
00:24:06il tombe des nues.
00:24:07Il tombe des nues,
00:24:08il découvre les choses.
00:24:09Lui, il veut à tout prix
00:24:14sauver son couple
00:24:15et sa famille.
00:24:16Mon frère aimait toujours
00:24:17sa femme.
00:24:18Il a toujours été amoureux d'elle.
00:24:21Il a fait des efforts.
00:24:21Il a essayé de comprendre,
00:24:23de chercher des solutions.
00:24:24Il a essayé.
00:24:25Maintenant,
00:24:27il n'a pas réussi
00:24:27à faire changer
00:24:29Mme Henry Davy.
00:24:30Après neuf ans
00:24:32de mariage,
00:24:34Angélique a enclenché
00:24:35une procédure de divorce
00:24:36et prévue de quitter
00:24:38la maison
00:24:38à la fin de l'année scolaire.
00:24:42Il reste sous le même toit.
00:24:45Il gère les enfants
00:24:46comme ils le peuvent
00:24:47chacun de leur côté.
00:24:50Mais il ne partage
00:24:50plus grand-chose
00:24:52comme un couple.
00:24:53Il n'y a plus
00:24:54de lit conjugal.
00:24:55Madame est sur canapé,
00:24:57monsieur dans la chambre
00:24:58parentale.
00:24:58Et ça a duré comme ça
00:25:01pendant quatre mois.
00:25:04Quatre mois de cohabitation
00:25:05forcée étendue
00:25:06entre les murs
00:25:07de la maison de Claville.
00:25:10Sur la fin,
00:25:11c'était un feu
00:25:13au sein du couple.
00:25:15Ils ne pouvaient plus
00:25:16supporter mutuellement.
00:25:17Des insultes
00:25:17pouvaient être proférées
00:25:18des deux côtés.
00:25:19Angélique Henry
00:25:20pouvait traiter son mari
00:25:21de porc ou de gros porc.
00:25:23A contrario,
00:25:24lui pouvait traiter
00:25:25sa femme de salope.
00:25:26Des scènes de ménage
00:25:27entre papa et maman.
00:25:28Et trois enfants
00:25:30appelaient à choisir
00:25:31leur camp.
00:25:33On dit aux enfants
00:25:33voilà,
00:25:35on va se séparer,
00:25:37vous avez votre mot
00:25:38à dire,
00:25:38si vous voulez partir
00:25:39avec papa,
00:25:40vous le dites,
00:25:40si vous voulez partir
00:25:41avec maman,
00:25:41vous le dites.
00:25:42Dylan devait suivre
00:25:43sa maman,
00:25:45Inès également,
00:25:46et Amandine
00:25:48voulait rester
00:25:48avec son papa
00:25:49pour ne pas le laisser
00:25:49seul.
00:25:51Mais à peine décidée,
00:25:55cette répartition
00:25:56des enfants
00:25:57a fait l'objet
00:25:57d'une énième dispute
00:25:58entre Angélique
00:25:59et Dominique.
00:26:03Madame Henry
00:26:04menace monsieur
00:26:06de ne plus voir ses enfants.
00:26:09De toute façon,
00:26:10les enfants,
00:26:11tu ne les auras pas.
00:26:12Monsieur Henry
00:26:14prend cette menace
00:26:15très au sérieux.
00:26:16il tente de mettre
00:26:21faire un séjour.
00:26:23En pleine nuit,
00:26:25le 19 mai 2014,
00:26:26un mois avant le drame,
00:26:28Dominique a avalé
00:26:29une boîte entière
00:26:29de médicaments
00:26:30et il s'est encastré
00:26:34dans un rond-point
00:26:35d'Evreux.
00:26:37Ça l'a complètement
00:26:38chamboulé,
00:26:39bouleversé
00:26:40et c'était impossible
00:26:43pour lui
00:26:43d'être loin
00:26:43de ses enfants.
00:26:46Pendant ces deux jours
00:26:57d'hospitalisation,
00:26:58Dominique Henry
00:26:59est examiné
00:26:59par des psychiatres
00:27:00qui décèlent en lui
00:27:01une rumination anxieuse
00:27:04liée au divorce à venir.
00:27:06Cet homme voit sa famille
00:27:07se déliter
00:27:08et ça,
00:27:09il ne peut pas l'envisager.
00:27:10Lui qui a construit
00:27:11sa vie en totale opposition
00:27:12à celle de son père.
00:27:16Le père de monsieur
00:27:19Dominique Henry,
00:27:20c'était un homme
00:27:21déjà marié
00:27:22qui avait déjà des enfants,
00:27:24qui avait déjà créé
00:27:24une famille.
00:27:25Il n'a pas reconnu
00:27:26son enfant dans un premier temps,
00:27:28il l'a reconnu secondairement.
00:27:29C'est la raison pour laquelle
00:27:30monsieur Henry
00:27:31s'appelle Henry,
00:27:32c'est-à-dire du nom
00:27:32de la mère.
00:27:33Il a toujours ressenti
00:27:34son père comme distant,
00:27:35absent et ça,
00:27:36il en a plutôt souffert.
00:27:39Une souffrance
00:27:40qui a alors poussé Dominique
00:27:41à devenir le père
00:27:43qu'il n'a pas eu.
00:27:45Notre papa n'était pas
00:27:46souvent avec nous,
00:27:47donc au final,
00:27:48c'est dire,
00:27:49moi, quand je serai grand,
00:27:50je serai un papa différent.
00:27:52Et il l'a été
00:27:53jusqu'à l'excès.
00:27:56Dominique a vécu
00:27:57pour sa famille.
00:27:58Pas trop d'amis,
00:27:59pas de sorties,
00:28:01pas de loisirs,
00:28:03c'était le travail
00:28:04et je rentre à la maison.
00:28:06Il a fait une famille,
00:28:08il voulait s'en occuper
00:28:09et la faire fonctionner.
00:28:10L'idéal famille était là
00:28:12et c'était ça
00:28:13qui comptait pour lui
00:28:14essentiellement.
00:28:15Boulot,
00:28:16famille,
00:28:17dodo.
00:28:17Boulot,
00:28:18famille,
00:28:18dodo.
00:28:19Un train-train
00:28:20qui a déraillé
00:28:20quand Angélique
00:28:21a voulu le quitter.
00:28:28Après la sortie d'hôpital,
00:28:30il ne dormait pas,
00:28:31il ne mangeait pas,
00:28:33il était complètement ailleurs
00:28:34et plus l'envie de rien.
00:28:38Il est anxieux,
00:28:39il est un peu déprimé,
00:28:40il perd un peu les pédales,
00:28:42mais il est toujours
00:28:44dans cette position amoureuse
00:28:45par rapport à sa femme.
00:28:46C'est toujours son idéal,
00:28:47c'est toujours la mère
00:28:48de ses enfants.
00:28:50Sa vie de famille rêvée
00:28:51était sur le point
00:28:52d'imploser,
00:28:53mais Dominique conservait
00:28:54des sentiments intacts
00:28:55pour sa femme.
00:28:59Jusqu'à ce qu'il apprenne
00:29:00par un coup de téléphone,
00:29:02quelques jours avant la tuerie,
00:29:04qu'Angélique avait
00:29:05est un autre homme.
00:29:09C'est la femme
00:29:10de cet homme
00:29:12qui va appeler
00:29:14Dominique Henry
00:29:14pour lui dire
00:29:15mon mari couche avec ta femme.
00:29:18Et cet amant,
00:29:19Vincent,
00:29:20Dominique le connaît bien.
00:29:22Ce monsieur Vincent
00:29:23était un ami
00:29:24de madame
00:29:25et de monsieur Henry,
00:29:27un ami d'enfance
00:29:28qui est le paradinès.
00:29:32Une double trahison
00:29:33pour Dominique.
00:29:35Après avoir nié
00:29:35devant son mari,
00:29:37Angélique a fini par reconnaître
00:29:38cette adultère
00:29:39qui ne datait pas d'hier.
00:29:43Angélique, Henry
00:29:44et Vincent
00:29:46s'échangaient des mots d'amour
00:29:47dès le mois de janvier 2014.
00:29:58Il parlait de la vie future
00:30:00après le déménagement.
00:30:02Il parlait également
00:30:03de la répartition
00:30:04entre les enfants d'Angélique,
00:30:06les enfants de Vincent.
00:30:07On sentait vraiment
00:30:08qu'il y avait une construction,
00:30:10une nouvelle vie
00:30:11pour Angélique.
00:30:13Une vie sans Dominique.
00:30:16Impossible à concevoir
00:30:17pour lui.
00:30:20Si Angélique s'en va,
00:30:23et si en plus
00:30:23elle a un autre homme
00:30:24dans sa vie,
00:30:25c'est vraiment terminé.
00:30:26Les enfants vont partir,
00:30:28la maison,
00:30:29tout ça va s'arrêter.
00:30:30C'est impossible.
00:30:31La fin de cette famille,
00:30:33ça n'est pas possible.
00:30:34Et donc il faut effacer
00:30:35cette réalité.
00:30:37Et donc d'abord,
00:30:37c'est d'effacer Angélique
00:30:40qu'il voit elle
00:30:42comme la responsable
00:30:43de cet échec.
00:30:45C'est une menteuse
00:30:46qu'il l'a trompée,
00:30:47qu'il l'a trahie
00:30:48et surtout qu'il l'a prise
00:30:49pour un con.
00:30:50Ce sont ses propres paroles.
00:30:52Et alors il va avoir
00:30:53des ruminations psychiques,
00:30:54il va commencer
00:30:54à avoir la fureur contre elle,
00:30:56la haine,
00:30:57le ressentiment,
00:30:58tout va se mettre en place
00:30:59à ce moment-là.
00:31:00Il a suffi d'une soirée banale
00:31:03et d'un coup de fil innocent
00:31:05pour que Dominique explose.
00:31:11Au cours de la dispute finale,
00:31:14ils en viennent aux mains,
00:31:15elle lui dit
00:31:15je vais porter plainte
00:31:17et tu n'auras aucun des enfants.
00:31:20Et ça,
00:31:20c'est pas possible pour lui.
00:31:21Là, ça dépasse
00:31:23tout ce qu'il pouvait entendre
00:31:24et c'est comme ça
00:31:25qu'il lui saute dessus
00:31:25et qu'il veut la tuer.
00:31:26C'est ce qu'il dit
00:31:27à ce moment-là,
00:31:28c'est clair dans sa tête,
00:31:29il veut la tuer.
00:31:32C'est trop,
00:31:33c'est trop.
00:31:33C'est elle qui fait tout mal
00:31:34et c'est à lui
00:31:35qu'on va enlever les enfants
00:31:36et c'est lui
00:31:37qui va se retrouver en justice.
00:31:39Elle ne partira pas
00:31:40avec les enfants
00:31:41et on sera pas
00:31:42une famille éclatée
00:31:42et donc je veux
00:31:44dans ce cas-là
00:31:44qu'on parte ensemble.
00:31:48Sa vie à lui s'arrête
00:31:50et donc la vie de la famille
00:31:52s'arrête
00:31:52et donc la famille
00:31:53doit disparaître.
00:31:55On partira tous ensemble.
00:31:57Donc par geste d'égoïsme,
00:32:00il décide de mettre fin
00:32:01à la vie de ma sœur
00:32:02et de mes deux petites nièces.
00:32:07On dit amour fou.
00:32:10Là, pour le coup,
00:32:13t'as un amour fou.
00:32:16C'est devenu complètement fou.
00:32:20Même un pétage de plomb,
00:32:21même tout ce que vous voulez,
00:32:22je ne me vois pas
00:32:23mettre fin à la vie
00:32:24de mes enfants.
00:32:27Non.
00:32:28Non.
00:32:29Ce n'était pas lui la victime.
00:32:30La victime,
00:32:30c'était ma sœur,
00:32:31mes deux nièces.
00:32:33C'est difficile à entendre ça,
00:32:34mais les humains
00:32:36sont capables
00:32:36de choses
00:32:37grandioses
00:32:38et affreuses.
00:32:47Dominique,
00:32:48à partir de quand
00:32:48parle-t-on
00:32:49de tuerie familiale ?
00:32:50Quand c'est une tuerie
00:32:51dans une famille
00:32:51et les membres
00:32:52de la famille
00:32:53sont tués,
00:32:54l'auteur est un membre
00:32:55de la famille,
00:32:56quand il y a au moins
00:32:57trois victimes,
00:32:58quand il y a un même lieu
00:33:00où vont se produire
00:33:01les meurtres,
00:33:02en général,
00:33:03c'est le domicile conjugal,
00:33:04et quand ça se passe
00:33:05dans le même espace-temps.
00:33:06Alors,
00:33:07dans l'actualité,
00:33:07on le voit bien,
00:33:08ce sont souvent les hommes,
00:33:09les pères qui tuent.
00:33:10Est-ce qu'on a des statistiques
00:33:11d'ailleurs ou pas ?
00:33:12Oui,
00:33:12il y a une étude
00:33:13qui a été menée en 2016
00:33:14à partir de données carcérales
00:33:16et de chiffres
00:33:16obtenus dans des services
00:33:17de psychiatrie
00:33:18qui montrent que
00:33:19neuf fois sur dix,
00:33:21l'auteur de la tuerie
00:33:22est un homme
00:33:23et une fois sur quatre,
00:33:26il se suicide
00:33:26après avoir tué
00:33:28les membres de sa famille.
00:33:30Les femmes illicites
00:33:30causées par des femmes
00:33:31sont quasi inexistants
00:33:33et ont un mode opératoire différent.
00:33:35Les femmes n'utilisent
00:33:36pas une arme à feu,
00:33:37n'utilisent pas une arme blanche
00:33:38alors que sept fois sur dix,
00:33:40les hommes utilisent
00:33:41une arme à feu.
00:33:43Et en général,
00:33:43les femmes ne s'attaquent
00:33:45qu'à leurs enfants
00:33:46et à elles-mêmes.
00:33:47Jamais à leurs conjoints.
00:33:48Est-ce qu'ils ont
00:33:49un profil particulier,
00:33:50ces hommes ?
00:33:50Ce sont des hommes
00:33:51qui ont une autre manière
00:33:52d'investir la notion
00:33:54de couple et de famille
00:33:55avec une vision traditionnelle,
00:33:57rigide.
00:33:58L'homme est tout en haut
00:33:59du système,
00:34:00c'est lui qui gouverne,
00:34:01c'est presque lui
00:34:01qui possède
00:34:03un modèle masculin fort,
00:34:05surtout qui ne résiste pas
00:34:06à l'échec.
00:34:07Est-ce qu'il y a
00:34:07un passif de violence familiale ?
00:34:10En général,
00:34:10ce ne sont pas des familles
00:34:11qui baignent dans la violence,
00:34:13c'est l'histoire d'un homme
00:34:14qui un jour pète un plomb.
00:34:15Est-ce qu'il y a
00:34:15un climat propice
00:34:17pour ce genre de violence ?
00:34:18Alors,
00:34:19les moments où la famille
00:34:19est réunie,
00:34:20une fois sur deux
00:34:21c'est le week-end,
00:34:22et dans 20% des cas,
00:34:23c'est au mois d'août.
00:34:30En avril 2017,
00:34:32trois ans après le drame,
00:34:33Dominique Henry est renvoyée
00:34:34devant les assises de l'heure.
00:34:36C'est la première fois
00:34:37que le père et le fils
00:34:37se retrouvent.
00:34:39Et dans la salle d'audience,
00:34:39il y a deux clans,
00:34:41la famille d'Angélique
00:34:41et celle de Dominique,
00:34:43face à face,
00:34:45chacune avec sa version
00:34:46de l'histoire.
00:34:47Lors du procès,
00:35:00Dominique ne ressemblait
00:35:01plus à rien.
00:35:03On ne comprenait même pas
00:35:04les mots qui sortaient
00:35:04de sa bouche.
00:35:06Il n'arrivait même pas
00:35:07à faire des phrases
00:35:07tellement il bafouillait,
00:35:09tellement il avait
00:35:10sûrement
00:35:11surdosé au médicament.
00:35:14Enfoncé dans son box,
00:35:16shooté par les antidépresseurs
00:35:17dont il ne se passe plus
00:35:18depuis le drame,
00:35:20Dominique Henry
00:35:21n'est pas là pour se défendre.
00:35:23Il est là pour recevoir
00:35:24son châtiment.
00:35:25Il veut être sanctionné,
00:35:28il veut une sanction.
00:35:29On donne une peine
00:35:30à ce qu'il a fait.
00:35:33Assis dans la salle,
00:35:34Dylan,
00:35:35qui est maintenant
00:35:35presque majeur,
00:35:36ne lâche pas
00:35:37l'accusé du regard.
00:35:38Je me souviens
00:35:42que la première chose
00:35:42que Dylan y fait,
00:35:44c'est en le voyant,
00:35:44c'est de pleurer.
00:35:46Mais pas de pleurer de douleur,
00:35:47mais plutôt de pleurer
00:35:48de haine.
00:35:49Il y a une colère
00:35:50qui est terrible.
00:35:53Il en veut
00:35:53immensément à son père.
00:35:57Mais son propos,
00:35:58c'est un propos de vérité.
00:36:04En réalité,
00:36:04on se rend compte
00:36:05qu'il n'a même pas besoin
00:36:06d'accabler son père.
00:36:08Il a juste besoin
00:36:09de dire ce qui s'est passé.
00:36:12Il a juste besoin
00:36:13de dire
00:36:13« Voilà ce dont
00:36:14j'ai été témoin. »
00:36:16Et en soi,
00:36:17c'est accablant.
00:36:18En soi,
00:36:18c'est accablant.
00:36:22Après le témoignage
00:36:23de Dylan,
00:36:24la défense réplique.
00:36:27Elle doit ressusciter
00:36:28pour la cour
00:36:29le père aimant
00:36:30et surtout
00:36:31le mari amoureux.
00:36:35Monsieur Henri,
00:36:35on ne peut pas le résumer
00:36:36au passage à l'acte
00:36:37et à cet homme
00:36:38qui a tué.
00:36:39C'est un homme
00:36:40qui a aimé ses enfants,
00:36:41un père de famille
00:36:42qui était aimant,
00:36:43quelqu'un qui est aimé
00:36:44dans son milieu professionnel,
00:36:45c'est quelqu'un
00:36:46qui a aimé profondément
00:36:48sa femme
00:36:48et qui a souffert.
00:36:54Sans Angélique,
00:36:55sans tout ce contexte,
00:36:57il ne se serait jamais
00:36:57passé ça.
00:36:59Angélique a joué
00:36:59avec mon frère,
00:37:02a joué
00:37:02à un jeu malsain.
00:37:05Un jeu malsain
00:37:07qui l'a complètement
00:37:08fait tourner en bourrique
00:37:09jusqu'à le détruire.
00:37:12Mortifiée,
00:37:13la famille de Dominique
00:37:14tente désespérément
00:37:15de trouver des explications
00:37:17et des circonstances
00:37:18atténuantes à ses crimes.
00:37:20Quand la belle famille
00:37:21s'attache à défendre
00:37:22Angélique,
00:37:23quoi qu'elle ait fait.
00:37:24Donc je voulais absolument
00:37:28qu'on parle d'elle,
00:37:30de ce qu'elle était,
00:37:31d'une femme respectable,
00:37:32respectée,
00:37:33et pas d'une femme
00:37:34qui, soi-disant,
00:37:35aurait trompé son mari,
00:37:36aurait fait n'importe quoi
00:37:39et puis finalement
00:37:41elle méritait de mourir
00:37:42avec ses deux filles
00:37:43parce qu'il y avait eu ça.
00:37:44Non ?
00:37:45Non.
00:37:47Adultère ou pas
00:37:48qu'importe
00:37:48pour l'avocat de Dylan,
00:37:50le crime passionnel
00:37:51n'existe pas.
00:37:54Quel que soit
00:37:55le ressentiment
00:37:57qu'il ait pu avoir
00:37:58à ce moment-là
00:37:59envers son épouse,
00:38:02quelle que soit
00:38:03la tristesse
00:38:03qui était la sienne,
00:38:04quel qu'était son désarroi,
00:38:06quel qu'était même
00:38:07sa souffrance,
00:38:09à aucun moment
00:38:10on envisage
00:38:11que ça puisse justifier
00:38:14de près ou de loin
00:38:16et encore une fois
00:38:17en aucune manière
00:38:18ce qui a été
00:38:20ni plus ni moins
00:38:21qu'une tuerie.
00:38:24à un moment donné,
00:38:25il faut appeler
00:38:25les choses par leur nom.
00:38:29Une tuerie
00:38:30dont l'avocate générale
00:38:32relève la froideur
00:38:34et la détermination.
00:38:36Le délibéré
00:38:36ne traîne pas
00:38:37et comme il fallait
00:38:39s'y attendre,
00:38:40la perpétuité tombe
00:38:41avec une peine
00:38:42de sûreté
00:38:42de 18 ans.
00:38:43et il m'a dit
00:38:47je ne ferai surtout
00:38:48pas appel.
00:38:50Voilà,
00:38:50j'accepte.
00:38:53Quel que soit
00:38:54le nombre d'années,
00:38:56ça ne changera rien.
00:38:58Ça ne changera rien
00:38:59à sa vie
00:38:59et ça ne changera rien
00:39:01à la nôtre.
00:39:02Dominique Henry
00:39:06retourne en prison
00:39:06et ce sont
00:39:07deux familles meurtries
00:39:09qui quittent
00:39:09le tribunal d'Evreux.
00:39:11Deux familles unies
00:39:13par un deuil impossible.
00:39:18Angélique,
00:39:19même si ce n'était
00:39:20que ma belle-sœur,
00:39:22comme on dit,
00:39:23ça restait
00:39:24ma belle-sœur.
00:39:26C'était la mère
00:39:27de mes petits.
00:39:27On a tout perdu.
00:39:34On a tout perdu.
00:39:38Moi, ça m'arrive,
00:39:39ça m'arrive parfois
00:39:40de me dire
00:39:40quand est-ce qu'elles arrivent.
00:39:45Ça m'arrive.
00:39:47Ça m'arrive de me dire
00:39:48elles vont rentrer quand.
00:39:50J'avais mes enfants
00:39:52puis j'avais elles.
00:39:55C'était tout.
00:39:57Daniel Zaguri,
00:40:04vous êtes expert psychiatre
00:40:06près des tribunaux.
00:40:07On vous connaît bien
00:40:07à fait entrer l'accusé.
00:40:09Comment les hommes
00:40:09qui tuent
00:40:10toute leur famille
00:40:11expliquent leurs gestes ?
00:40:13Les pères
00:40:13qui tuent
00:40:15leur famille,
00:40:17leurs enfants,
00:40:19leurs femmes,
00:40:20ne le font pas
00:40:21par haine
00:40:22d'une manière générale.
00:40:25Ils peuvent le faire
00:40:26pour des raisons délirantes
00:40:28et ils peuvent le faire
00:40:29pour des raisons
00:40:30dans un contexte
00:40:32de désespoir.
00:40:34En gros,
00:40:34si vous voulez,
00:40:35il y a trois atmosphères.
00:40:38La première,
00:40:39c'est ce que les psychiatres
00:40:40appellent le crime altruiste,
00:40:42c'est-à-dire
00:40:42je les tue
00:40:44pour leur éviter
00:40:46une souffrance
00:40:48encore plus terrible
00:40:50que la mort.
00:40:51je les tue
00:40:52pour eux,
00:40:53pour leur bien.
00:40:54Le deuxième registre,
00:40:56c'est beaucoup plus fréquent,
00:40:57c'est-à-dire
00:40:58c'est des suicides
00:40:59de non-séparation.
00:41:01Mourir ensemble,
00:41:01mourir ensemble,
00:41:02c'est ne jamais être séparé,
00:41:04c'est être uni
00:41:04pour l'éternité.
00:41:06Et la troisième atmosphère,
00:41:08le troisième registre,
00:41:09c'est, vous savez,
00:41:10c'est ce qu'on a appelé
00:41:11le syndrome de Médée,
00:41:13c'est-à-dire
00:41:13tu n'auras pas tes enfants,
00:41:15tu as cassé
00:41:16la famille
00:41:17et éventuellement,
00:41:19d'ailleurs,
00:41:20je vais t'épargner toi
00:41:21pour que tu puisses
00:41:22souffrir
00:41:23des conséquences
00:41:25de ton abandon.
00:41:26Est-ce qu'il y a
00:41:27des éléments déclencheurs ?
00:41:28Le moment
00:41:29de la bascule,
00:41:31c'est celui
00:41:32où le sujet
00:41:33est face
00:41:34à l'irréversibilité
00:41:36de la séparation,
00:41:38représentation
00:41:39qu'il a refusée
00:41:40pendant des semaines,
00:41:42des mois
00:41:42auparavant.
00:41:44Tout d'un coup,
00:41:46il se rend compte
00:41:46que c'est irrémédiable,
00:41:48que c'est comme ça
00:41:49et qu'il n'y a rien à faire.
00:41:52Ce que je comprends,
00:41:53Daniel Zaguri,
00:41:53c'est qu'il n'y a pas
00:41:54nécessairement
00:41:54d'antécédent psychiatrique.
00:41:56Non,
00:41:57c'est ce qui effraie,
00:41:59ce qui nous effraie
00:42:00tous peut-être
00:42:01et on ne comprend pas
00:42:03un geste pareil
00:42:04comme si un geste pareil
00:42:05ne pouvait être
00:42:07que le fait
00:42:08d'un malade mental.
00:42:10Alors,
00:42:10ce qui est encore plus rare,
00:42:11c'est qu'un enfant
00:42:12décide de tuer sa famille.
00:42:14C'est ce qui est arrivé
00:42:14dans la famille Lénisa,
00:42:16Jordan avait 23 ans
00:42:18quand il est passé
00:42:18à l'acte.
00:42:22Bozelle,
00:42:23en Savoie,
00:42:24le jeudi 26 juillet 2012.
00:42:29Ce jour-là,
00:42:29j'étais chez mon grand-père
00:42:30dans son jardin
00:42:31et on discutait
00:42:33et j'entends du bruit.
00:42:35Je vois Muriel Lénisa sortir,
00:42:37c'est la voisine
00:42:37de mon grand-père.
00:42:38Je ressens
00:42:38qu'il se passe un truc,
00:42:40donc je m'approche.
00:42:41Je vois qu'elle est blessée,
00:42:45qu'il y a du sang.
00:42:46Elle me dit
00:42:46« Ludo, aide-moi,
00:42:47Jordan vient de tuer
00:42:48tout le monde. »
00:42:51Et là,
00:42:52je cours.
00:42:54La gendarmerie
00:42:55est à 400 mètres.
00:42:59J'ai une jeune gendarme
00:43:00qui m'ouvre.
00:43:01Elle m'a fait répéter
00:43:02parce que je pense
00:43:04qu'elle avait du mal
00:43:04à y croire.
00:43:05J'insiste en lui disant
00:43:06« Mais là,
00:43:06il faut y aller. »
00:43:07Les gendarmes
00:43:13tombent nez à nez
00:43:14avec Jordan Lénisa.
00:43:15Il a 23 ans.
00:43:18C'est l'aîné
00:43:18de la famille.
00:43:20Il ne cherche pas
00:43:21à fuir.
00:43:22Il est assis
00:43:23sur le pas de la porte,
00:43:24le visage agarre,
00:43:25un peu perdu.
00:43:26Immédiatement,
00:43:26il dit
00:43:26« J'ai fait une bêtise,
00:43:27j'ai été mon père
00:43:28et mes deux frères. »
00:43:34Au premier étage,
00:43:35on voit qu'il y a
00:43:36tout de suite
00:43:36une scène
00:43:37où il y a eu
00:43:37une bagarre.
00:43:40Il y a des objets
00:43:41qui sont renversés,
00:43:42on voit des traces
00:43:42de sang par terre,
00:43:44il y a une bûche
00:43:45qui présente
00:43:45des cheveux,
00:43:47un sac à main
00:43:47de femmes renversées.
00:43:50On comprend tout de suite
00:43:51que c'est là
00:43:52que s'est passée
00:43:53l'agression
00:43:53de Mme Lénisa
00:43:54avant qu'elle
00:43:55puisse en fure.
00:43:57Les gendarmes
00:43:57poussent la porte
00:43:58d'un bureau.
00:44:02Dans cette pièce
00:44:03se trouve
00:44:03le corps
00:44:04de M. Lénisa
00:44:04qui repose
00:44:06le bras posé
00:44:08sur le bureau,
00:44:09la tête sur le bras
00:44:10et il présente
00:44:11une plaie
00:44:11à l'arrière du crâne
00:44:13avec un écoulement sanguin.
00:44:15Florent Lénisa
00:44:16est mort.
00:44:17Il avait 49 ans.
00:44:18Ce qui est clair,
00:44:21c'est que l'auteur
00:44:22se trouvait
00:44:22derrière la victime
00:44:24et lui a tiré
00:44:24une balle
00:44:25dans la tête
00:44:25sans que la victime
00:44:27ne puisse réagir.
00:44:28Il n'avait aucune chance.
00:44:34Lorsqu'on rentre
00:44:34dans la chambre
00:44:35de Victor,
00:44:36on voit le corps
00:44:38du petit garçon
00:44:38qui est allongé
00:44:40sous son lit,
00:44:41les bras le long
00:44:42du corps.
00:44:43Il présente
00:44:43une plaie apparente
00:44:44au niveau du front.
00:44:44Victor avait 7 ans.
00:44:48Lui aussi
00:44:48a été abattu.
00:44:52Dans la chambre
00:44:53d'en face,
00:44:53celle de Benjamin
00:44:54les secours se presse.
00:44:56L'adolescent
00:44:57de 17 ans
00:44:58respire encore.
00:45:00Il a pris
00:45:01une balle
00:45:01dans la tête
00:45:01mais la balle
00:45:02est toujours présente.
00:45:04La priorité
00:45:05pour les secours
00:45:05sera d'évacuer
00:45:06Benjamin
00:45:07qui est dans
00:45:07un état critique
00:45:08sur le CHU Grenoble
00:45:10par hélicoptère.
00:45:11Trois victimes
00:45:13à mode opératoire
00:45:14et les gendarmes
00:45:15n'ont pas à chercher
00:45:16l'arme du crime
00:45:16bien loin.
00:45:19Les pompiers
00:45:19sur les indications
00:45:20de Jordan
00:45:21nous informent
00:45:22que l'arme
00:45:23se trouve cachée
00:45:25dans son ancienne chambre
00:45:26dans le placard
00:45:27sous une peluche
00:45:28de singe.
00:45:29C'est un pistolet
00:45:30Winster
00:45:31de calibre 6,35.
00:45:38Dominique,
00:45:3848 heures
00:45:39après la tuerie,
00:45:39Benjamin âgé de 17 ans
00:45:41meurt à son tour
00:45:42à l'hôpital.
00:45:43Que dit l'autopsie ?
00:45:44Alors il est mort
00:45:45d'une hémorragie cérébrale.
00:45:46Il a reçu une balle
00:45:47en pleine tête
00:45:47avec une trajectoire
00:45:49de l'arrière
00:45:50vers l'avant.
00:45:51Les légistes pensent
00:45:52que Benjamin
00:45:52était assis
00:45:53au moment où Jordan
00:45:54qui était derrière
00:45:56légèrement sur la droite
00:45:57a tiré.
00:45:58Pas de presse de lutte.
00:45:59Une exécution en fait.
00:46:00Comme son père.
00:46:01Exactement.
00:46:01Même mode opératoire.
00:46:02Et Victor ?
00:46:03Victor le plus jeune des fils ?
00:46:04Alors lui,
00:46:05il a été abattu de face.
00:46:07Il porte des marques
00:46:08explicites sur le visage.
00:46:10On appelle ça
00:46:10des tatouages.
00:46:12Ce sont des brûlures
00:46:13sur sa peau
00:46:14qui ont été provoquées
00:46:15par la poudre en feu
00:46:17au moment où elle sort
00:46:18du canon de l'arme.
00:46:20Donc tout le monde comprendra.
00:46:21Ça veut dire
00:46:22un tir
00:46:23à très courte distance
00:46:25d'entre 10
00:46:25et 50 centimètres
00:46:27du visage.
00:46:28La seule rescapée
00:46:29de la tuerie
00:46:29c'est la mère.
00:46:30La mère c'est Muriel Lenitza
00:46:31parce que la fille aînée
00:46:32de la famille
00:46:33âgée de 21 ans
00:46:34n'était pas dans la maison
00:46:35au moment de la tuerie.
00:46:36La mère...
00:46:37La mère elle est dévastée
00:46:38Christophe.
00:46:39Elle est en état de choc
00:46:40de choc post-traumatique.
00:46:42En plus elle a des blessures
00:46:43physiques,
00:46:44un traumatisme crânien,
00:46:46trace de lésion au cou.
00:46:47Son fils l'a attrapée
00:46:49par le cou
00:46:49pour tenter de l'étrangler.
00:46:51Elle s'est battue
00:46:52avec lui,
00:46:52avec Jordan
00:46:53qui est maintenant
00:46:54en garde à vue.
00:46:54Je suis monté à Boiselle
00:47:01en début d'après-midi
00:47:02puisque je voulais voir
00:47:03Jordan Lenitza
00:47:05au moment de sa prolongation
00:47:07de garde à vue.
00:47:08Et il apparaît devant moi
00:47:09revêtu d'une combinaison
00:47:10en papier
00:47:11qui est celle
00:47:12que mettent les gendarmes
00:47:13et les techniciens
00:47:13d'investigation criminelle
00:47:14sur les scènes de crime.
00:47:16Ça lui donne
00:47:17un air fantomatique.
00:47:18Il est déjà blême
00:47:20et ça accentue encore
00:47:22l'impression de malaise
00:47:23qu'on a en le...
00:47:24en le voyant
00:47:25avec ses yeux bleus
00:47:26très perçants
00:47:27et tout de suite
00:47:28je l'ai senti étrange.
00:47:33À cet instant,
00:47:35Jordan Lenitza
00:47:35a déjà été entendu
00:47:36deux fois par les gendarmes.
00:47:40Il a des crises de nerfs
00:47:42par moments,
00:47:43il pleure.
00:47:43Tout cela
00:47:44va nous obliger
00:47:45quand même
00:47:46à lui accorder
00:47:47des temps de repos
00:47:48de façon à ce qu'il puisse récupérer.
00:47:51Jordan Lenitza
00:47:51va passer 4 auditions
00:47:53en 48 heures.
00:47:55Face au gendarme,
00:47:55il réitère ses aveux
00:47:56mais il est bien incapable
00:47:58de détailler
00:47:59le cours des événements.
00:48:01Il se souvient
00:48:02de se trouver
00:48:03à côté de son frère
00:48:04Benjamin
00:48:04qui le voit tomber
00:48:05mais il ne fait pas état
00:48:06d'avoir tiré.
00:48:08Pour Victor,
00:48:08c'est pareil.
00:48:09Il est à côté de lui,
00:48:10il le voit tomber
00:48:11mais il ne dit pas
00:48:12qu'il a tiré.
00:48:13Son père,
00:48:14il n'a qu'un souvenir,
00:48:15c'est l'avoir vu
00:48:16le vendredi
00:48:16de la semaine d'avant.
00:48:18Et il dit
00:48:18je me revois
00:48:19avec ma mère
00:48:20faire le numéro
00:48:22des secours
00:48:22sur un téléphone,
00:48:23lui tendre le téléphone
00:48:24et puis ensuite
00:48:24je me vois
00:48:25en compagnie
00:48:25de gendarmes
00:48:26et de pompiers.
00:48:27Il dit
00:48:27qu'il a des trous noirs
00:48:28et qu'il n'arrive pas
00:48:29à reconstituer
00:48:29la totalité de la scène.
00:48:33Jordan se remémore
00:48:34en revanche
00:48:34très bien
00:48:35la soirée de la veille.
00:48:38Il était dans son deux pièces
00:48:39à Bozelle
00:48:40avec son meilleur ami
00:48:41Clément
00:48:41et sa copine Noémie.
00:48:42Jordan va sortir
00:48:47une arme
00:48:48qu'il dit
00:48:49détenir
00:48:50de son beau-père
00:48:52le père de sa copine.
00:48:54Cette arme
00:48:54ils vont
00:48:55la manipuler
00:48:56tous les trois.
00:48:57Ils vont sortir
00:48:58le chargeur
00:48:58regarder les cartouches
00:48:59les remettre
00:49:00et puis
00:49:01ils vont prendre
00:49:01des positions
00:49:02d'après ce qu'il dit
00:49:02un peu à la gesbonde.
00:49:07Jordan
00:49:07leur a dit
00:49:08est-ce que
00:49:09tu serais capable
00:49:10toi
00:49:10de tuer ta famille
00:49:12que s'il y avait
00:49:12une forte somme
00:49:13d'argent au jeu
00:49:13et Jordan dit
00:49:14mais Clément
00:49:15m'a fait remarquer
00:49:15qu'effectivement
00:49:16si ma famille
00:49:16disparaissait
00:49:17je serais très riche
00:49:18et c'est Clément
00:49:19dit Jordan
00:49:20qui lui aurait montré
00:49:22le manillement
00:49:22de l'arme
00:49:23auquel il prétendait
00:49:23lui ne rien connaître.
00:49:25Et Jordan
00:49:26enfonce encore
00:49:27un peu plus
00:49:27son copain.
00:49:29Le lendemain matin
00:49:30parce qu'il s'apprête
00:49:30à partir
00:49:31au chalet
00:49:32de ses parents
00:49:33ce serait Clément
00:49:35qui lui aurait
00:49:36mis l'arme
00:49:36dans les mains
00:49:37en lui disant
00:49:37on ne sait jamais
00:49:39si l'envie te prend
00:49:40d'avoir la belle vie
00:49:40tu n'as qu'à faire ça
00:49:41en lui montrant
00:49:42comment on manipulait
00:49:43le cran de sûreté.
00:49:45Il va mettre
00:49:46en cause Clément
00:49:47mais d'une façon
00:49:47assez forte
00:49:48et si forte
00:49:49qu'on a l'impression
00:49:50que c'est lui
00:49:51qui a eu l'idée
00:49:51presque comme
00:49:52l'instigateur
00:49:53finalement
00:49:53de cette tuerie familiale.
00:49:59Les gendarmes
00:50:00renvoient Jordan
00:50:00l'ennisant en cellule
00:50:01et entendent
00:50:02immédiatement Clément.
00:50:03Il a 20 ans
00:50:04il est peut-être
00:50:05complice
00:50:05d'un triple assassinat.
00:50:06Il pensait au départ
00:50:10que c'était
00:50:10une arme factice
00:50:11une arme de jeu.
00:50:13Preuve selon Clément
00:50:14qu'il n'y connaît
00:50:15strictement rien
00:50:16en arme à feu.
00:50:17Sur la suite
00:50:18de la soirée
00:50:19Clément
00:50:19comme Noémie
00:50:20qui est entendu
00:50:20dans le bureau
00:50:21d'à côté
00:50:21donne une toute autre
00:50:23version de l'histoire.
00:50:26Clément et Noémie
00:50:27précisent que c'est
00:50:28Jordan
00:50:28qui d'un ton
00:50:29nonchalant
00:50:30souriant
00:50:31va expliquer
00:50:32que le lendemain
00:50:33il va tuer
00:50:34toute sa famille
00:50:35pour hériter
00:50:35de 130 millions.
00:50:37Je vais les tuer
00:50:37je repartirai
00:50:38avec 130 millions.
00:50:39Les amis entendus
00:50:41ont dit
00:50:41ils le disaient
00:50:42en riant tellement
00:50:43que nous
00:50:43on a cru
00:50:44qu'ils déconnaient
00:50:45que c'était une blague
00:50:46une grosse blague.
00:50:52Alors
00:50:53qui dit vrai ?
00:50:54Jordan
00:50:54ou Clément ?
00:50:55Le lendemain
00:50:56de la tuerie
00:50:56les gendarmes
00:50:57vont entendre
00:50:58la seule survivante
00:50:59dans sa chambre d'hôpital.
00:51:00Avec le témoignage
00:51:01de Muriel Lénisa
00:51:02le récit de Jordan
00:51:03et les images
00:51:04de vidéosurveillance
00:51:05du chalet
00:51:05les enquêteurs
00:51:06vont réussir
00:51:06à reconstituer
00:51:07le drame
00:51:07minute par minute.
00:51:14Muriel raconte
00:51:15que son mari
00:51:15Florent
00:51:16est parti
00:51:16à 6h du matin
00:51:17pour grimper
00:51:17un col à vélo.
00:51:19Leur fille
00:51:19Charlène
00:51:20a pris la route
00:51:21pour Annecy
00:51:22vers 8h.
00:51:26Muriel Lénisa
00:51:26elle
00:51:27a quitté la maison
00:51:28en début d'après-midi
00:51:29pour aller acheter
00:51:30les cadeaux d'anniversaire
00:51:31du petit Victor
00:51:32qui allait avoir
00:51:328 ans le lendemain.
00:51:33Victor et Benjamin
00:51:35sont seuls
00:51:36au chalet
00:51:37quand Jordan
00:51:38apparaît
00:51:39sur les caméras
00:51:40de vidéosurveillance.
00:51:42Il est 14h16.
00:51:43Il a l'air
00:51:44d'avoir des objets
00:51:45dans ses poches
00:51:46notamment une poche
00:51:47qui a l'air
00:51:48particulièrement gonflée
00:51:49et déformée.
00:51:50gonflée par le 6h35
00:51:53Jordan
00:51:56rejoint ses deux frères
00:51:57à l'étage
00:51:58pour jouer
00:51:58aux jeux vidéo.
00:52:01À 15h59
00:52:02les trois garçons
00:52:03posent les manettes
00:52:04et sortent
00:52:04dans la cour.
00:52:07C'est la pose
00:52:07clope.
00:52:11La dernière image
00:52:12en vie
00:52:12de Victor
00:52:13et de Benjamin
00:52:13c'est quand ils
00:52:14vont re-rentrer
00:52:15dans cette maison
00:52:15il est 16h03.
00:52:16On monte
00:52:26dans la chambre
00:52:26de Benjamin
00:52:27il a voulu
00:52:29changer de jeu vidéo
00:52:30il était assis
00:52:32en tailleur
00:52:32par terre
00:52:33je me suis levé
00:52:34j'ai pris l'arme
00:52:35dans la poche
00:52:36et je lui ai tiré
00:52:37derrière la tête
00:52:38à une reprise
00:52:38là il est tombé
00:52:40il s'est mis
00:52:48à ronfler
00:52:49j'ai mis un oreiller
00:52:51sur sa tête
00:52:51pour qu'il arrête
00:52:52de ronfler
00:52:53mon petit frère
00:52:56Victor
00:52:57est parti
00:52:58dans sa chambre
00:52:58il a dit
00:53:00ça fait du bruit
00:53:01je l'ai suivi
00:53:03je lui ai dit
00:53:05je t'aime
00:53:06je suis désolé
00:53:07et je lui ai tiré dessus
00:53:09j'étais en pleurs
00:53:20j'avais tellement honte
00:53:22que je l'ai caché
00:53:23sous le lit
00:53:23explique Jordan
00:53:24à 16h54
00:53:27il ressort seul
00:53:29de la maison
00:53:29et là
00:53:30il est hyper nerveux
00:53:32il fume cigarette
00:53:34sur cigarette
00:53:34et tourne en rond
00:53:35comme s'il attendait
00:53:36quelqu'un
00:53:37c'est sa mère
00:53:38Muriel
00:53:39qui se signale
00:53:39en premier
00:53:40à 16h59
00:53:44elle appelle
00:53:44sur le téléphone
00:53:45fixe de la maison
00:53:45il va tomber
00:53:48sur Jordan
00:53:48qui lui explique
00:53:50que Benjamin
00:53:51est aux toilettes
00:53:52parce qu'il est malade
00:53:53et il fait semblant
00:53:54de frapper
00:53:55à la porte des toilettes
00:53:55en disant
00:53:56Benjamin
00:53:56dépêche toi
00:53:57maman appelle
00:53:58et s'agissant
00:53:59de Victor
00:54:00il explique
00:54:01que son petit frère
00:54:02est dans la cour
00:54:02donc elle ne peut
00:54:03joindre personne d'autre
00:54:04que Jordan
00:54:05il lui parle
00:54:06il la rassure
00:54:07il est calme
00:54:08il est posé
00:54:09elle ne sent pas
00:54:10d'excitation derrière
00:54:11mais son fils Jordan
00:54:13a beau donner le champ
00:54:14Muriel n'est pas tranquille
00:54:17à 17h27
00:54:19elle écrit à Benjamin
00:54:20je t'avais bien dit
00:54:22de ne pas le faire entrer
00:54:23il a besoin d'argent
00:54:24fais gaffe aux clés
00:54:25aux papiers
00:54:26aux télécommandes
00:54:27tu es responsable
00:54:27oui t'inquiète
00:54:30mais je suis malade
00:54:32je vomis
00:54:33j'ai la diarrhée
00:54:34répond quelques minutes
00:54:35après Jordan
00:54:36qui se fait passer
00:54:38pour son frère
00:54:38Muriel n'est pas dupe
00:54:41on sent qu'elle s'inquiète
00:54:42elle appelle son mari
00:54:42elle appelle Florent
00:54:43et précipite un peu
00:54:45le retour à la maison
00:54:46depuis Albertville
00:54:49chacun dans leur voiture
00:54:50le père et la mère
00:54:51prennent la route
00:54:52de Bozelle
00:54:52seulement Muriel
00:54:54roule sur la réserve
00:54:55à 18h
00:54:57elle s'arrête
00:54:58dans une station
00:54:58service de Moutier
00:54:5910 minutes plus tard
00:55:03Florent Lénisa
00:55:05arrive le premier
00:55:05à la maison
00:55:06Jordan va accueillir
00:55:09son père
00:55:09et les deux hommes
00:55:10vont aller
00:55:11directement dans le bureau
00:55:12Jordan Lénisa
00:55:13explique qu'il est passé
00:55:14derrière son père
00:55:15qu'il a sorti l'arme
00:55:16et qu'il lui a tiré
00:55:18en pleine tête
00:55:18en lui disant
00:55:19je t'aime
00:55:19à 18h15
00:55:275 minutes après son mari
00:55:29Muriel Lénisa
00:55:30franchit à son tour
00:55:31le portail
00:55:32Jordan vient à sa rencontre
00:55:34et l'aide à décharger
00:55:35les cadeaux pour Victor
00:55:36le hasard veut
00:55:39qu'elle range
00:55:39ses cadeaux
00:55:40dans l'armoire
00:55:41où Jordan
00:55:42a lui-même
00:55:43dissimulé
00:55:43l'arme du crime
00:55:44Muriel Lénisa
00:55:48s'empresse
00:55:49de monter à l'étage
00:55:50pour rejoindre
00:55:50son mari
00:55:51et ses fils
00:55:51Jordan lui emboîte
00:55:54le pas
00:55:54à ce moment-là
00:55:57Jordan
00:55:58la ceinture
00:55:58par derrière
00:55:59l'attrape
00:55:59par le cou
00:56:00tente de l'étrangler
00:56:01de la dénuquer
00:56:02Jordan
00:56:03essaye
00:56:04de cogner
00:56:05la tête de sa mère
00:56:06contre la cheminée
00:56:07il attrape une bûche
00:56:08elle la frappe
00:56:08au niveau du cœur chevelu
00:56:10mais Muriel Lénisa
00:56:12se défend
00:56:13ce débat
00:56:13je me suis dit
00:56:15que si je ne résistais pas
00:56:16c'était fini
00:56:16je lui ai attrapé
00:56:18les testicules
00:56:19très fort
00:56:20elle réussit
00:56:21à se dégager
00:56:22de l'emprise
00:56:23de son fils
00:56:23en lui attrapant
00:56:24les parties génitales
00:56:26et puis ensuite
00:56:26à le calmer
00:56:27en lui parlant
00:56:28doucement
00:56:29en lui disant
00:56:30mais Jo
00:56:31on t'aime
00:56:32papa vient de t'acheter
00:56:33une voiture
00:56:34elle arrive
00:56:35dans des ressources
00:56:36incroyables
00:56:37à aller chercher
00:56:37les mots
00:56:39qui sont de nature
00:56:40à apaiser Jordan
00:56:41je t'aime
00:56:42je te pardonne
00:56:44Jordan Lénisa
00:56:46fond en larmes
00:56:47et confesse
00:56:48une partie de ses crimes
00:56:49il dit à sa mère
00:56:54mais tu comprends pas
00:56:54j'ai tué papa
00:56:55il faut appeler les secours
00:56:57il se saisit
00:56:58du téléphone
00:56:59de Benjamin
00:57:00posé non loin de là
00:57:01et comme dans
00:57:03un film américain
00:57:04Jordan Lénisa
00:57:05compose de 911
00:57:06sa mère Muriel
00:57:08rectifie
00:57:09et appelle le SAMU
00:57:11à ce moment là
00:57:12Jordan s'éloigne
00:57:13vers la cuisine
00:57:14Muriel en profite
00:57:16pour prendre la fuite
00:57:17il est 18h17
00:57:21quand Muriel Lénisa
00:57:22appelle son voisin
00:57:23au secours
00:57:24c'est l'heure
00:57:30de la mise en examen
00:57:31pour Jordan Lénisa
00:57:32pour un triple assassinat
00:57:34et une tentative
00:57:34d'assassinat sur sa mère
00:57:35reste à comprendre
00:57:37pourquoi ce gamin
00:57:38de 23 ans
00:57:39a abattu son père
00:57:40ses frères
00:57:41et tenté de tuer sa mère
00:57:42est-ce que c'est son copain
00:57:44comme il le dit
00:57:44qui lui a mis cette idée
00:57:45en tête ?
00:57:46est-ce qu'il l'a eu tout seul ?
00:57:48nous avons effectué
00:57:53des enquêtes d'environnement
00:57:54sur Clément et Noémie
00:57:55mis en place des écoutes
00:57:57et procédé
00:57:57à de nouvelles auditions
00:57:59mais celui que Jordan
00:58:01présente comme le donneur
00:58:02d'ordre
00:58:03n'a pas franchement
00:58:04la tête de l'emploi
00:58:04Clément est extrêmement
00:58:08choqué
00:58:08par ce qui est arrivé
00:58:09il a beaucoup de mal
00:58:10à digérer
00:58:11la situation
00:58:12il a dû
00:58:13se faire suivre
00:58:14par un médecin
00:58:14il a été arrêté
00:58:15à plusieurs reprises
00:58:16pour écarter définitivement
00:58:19la piste Clément
00:58:19la juge d'instruction
00:58:21confronte les deux gamins
00:58:22et directement
00:58:26les premiers mots de Jordan
00:58:27c'est de dire
00:58:27non ils n'ont rien à voir
00:58:28ni lui Clément
00:58:30ni Noémie
00:58:31n'ont rien à voir
00:58:32avec mon geste
00:58:33et il expliquera d'ailleurs
00:58:34qu'il a tenté
00:58:36de se déresponsabiliser
00:58:38de se dédouaner
00:58:39en les mettant en cause
00:58:40Jordan va bien confirmer
00:58:42qu'il est le seul
00:58:43à avoir évoqué
00:58:44cette histoire d'héritage
00:58:46dire qu'en effet
00:58:47si sa famille disparaissait
00:58:48c'est lui qui hériterait
00:58:49d'une somme considérable
00:58:52ce massacre
00:58:57pour hériter
00:58:59les gendarmes
00:59:01prennent quand même
00:59:01ce mobile au sérieux
00:59:03parce que de l'argent
00:59:04les Lénisa en avaient
00:59:06et pas qu'un peu
00:59:08six jours après la tuerie
00:59:15tout Bozal est réuni
00:59:16autour de l'église
00:59:17du village
00:59:18pour les obsèques
00:59:18de Florent
00:59:19et de ses deux fils
00:59:20Victor et Benjamin
00:59:21quand vous avez trois cercueils
00:59:27comme ça devant vous
00:59:28dont deux petits
00:59:30c'était terrible
00:59:33terrible terrible
00:59:34en forme d'hommage
00:59:39on est tous montés
00:59:40chacun dans nos voitures
00:59:42et à démarrer le moteur
00:59:44accéléré
00:59:44et ça a contrasté
00:59:46avec le silence de mort
00:59:47qu'il pouvait y avoir
00:59:48ce jour là
00:59:48un concert de moteur
00:59:54en mémoire d'une passion
00:59:55celle des Lénisa
00:59:56pour le sport automobile
00:59:57Florent le père
01:00:02collectionnait les bolides
01:00:03dont une Ferrari Enzo
01:00:05à 675 000 euros
01:00:08Florent ne se servait pas
01:00:11de ses voitures
01:00:12pour se montrer
01:00:12ou pour prouver
01:00:14qu'il avait réussi
01:00:15d'ailleurs quand il sortait
01:00:17au restaurant
01:00:19à droite à gauche
01:00:19il ne prenait pas ses ferrailles
01:00:20il prenait une voiture classique
01:00:22à 49 ans
01:00:26Florent fils d'ouvrier
01:00:27titulaire d'un simple BEP
01:00:29a connu une réussite
01:00:30fulgurante dans les affaires
01:00:32Florent Lénisa
01:00:35est un self-made man
01:00:38il a inventé
01:00:39et breveté
01:00:40un système d'isolation
01:00:42mince
01:00:42pour maisons
01:00:43et toitures
01:00:43qui a remarquablement
01:00:45bien marché
01:00:46et qui a fait sa fortune
01:00:47une fois sa boîte revendue
01:00:54en 2007
01:00:55Florent est devenu
01:00:56multimillionnaire
01:00:57avec toujours à ses côtés
01:00:58sa femme Muriel
01:00:59souvent on dit
01:01:06derrière chaque grand homme
01:01:07il y a une femme
01:01:09là c'était le cas
01:01:10c'est elle
01:01:11qui gère
01:01:12cette fratrie
01:01:13et tout tourne un petit peu
01:01:15autour d'elle
01:01:16c'est une maman poule
01:01:17Muriel est une mère
01:01:21entièrement dévouée
01:01:22à Jordane
01:01:23Charlène
01:01:23Benjamin
01:01:24et à Victor
01:01:25le petit dernier
01:01:26Victor
01:01:29c'est le petit
01:01:30c'est le petit chou
01:01:31il est adorable
01:01:32mignon
01:01:33éveillé
01:01:34intelligent
01:01:34tout le monde l'adore
01:01:36voilà c'est Victor
01:01:37le souvenir que j'ai de Benjamin
01:01:42un garçon posé
01:01:43intelligent
01:01:44réfléchi
01:01:44qui savait ce qu'il voulait
01:01:46un garçon
01:01:47avec la tête sur les épaules
01:01:48jamais loin
01:01:52de ses deux jeunes frères
01:01:53Charlène
01:01:5421 ans
01:01:54se destine à travailler
01:01:55dans la petite enfance
01:01:56l'Hélénisa
01:01:58une famille
01:01:59qui serait
01:02:00parfaite
01:02:01à confier
01:02:01un jour Muriel
01:02:02parfaite
01:02:04sans Jordane
01:02:05c'est une famille
01:02:14où tout allait bien
01:02:15les affaires fonctionnaient bien
01:02:16une famille
01:02:17plus que soudée
01:02:18un couple
01:02:19en béton
01:02:20le grain de sable
01:02:22dans la chaussure
01:02:23c'était Jordane
01:02:25la scolarité
01:02:30elle est compliquée
01:02:30il a redoublé deux fois
01:02:32une fois la cinquième
01:02:33une fois la quatrième
01:02:33on essaie de le basculer
01:02:34le priver
01:02:35le public
01:02:35et au final
01:02:36il a réussi
01:02:37à décrocher
01:02:38un BEP vente
01:02:39il dit lui-même
01:02:40qu'il ne sait pas comment
01:02:41car il n'a absolument
01:02:42rien fait
01:02:42parce que Jordane
01:02:43se décrit lui-même
01:02:44comme un grand fainéant
01:02:45une scolarité
01:02:46une scolarité poussive
01:02:48et à 17 ans
01:02:48un premier passage
01:02:50devant la justice
01:02:51il va se retrouver
01:02:54devant le juge
01:02:55des enfants
01:02:55de Chambéry
01:02:56il est accusé
01:02:57par une adolescente
01:02:59d'une agression sexuelle
01:03:00pour lui
01:03:01pour lui ça n'a jamais existé
01:03:06il a toujours
01:03:07avec force contesté
01:03:08avoir commis
01:03:09des attouchements
01:03:10sur cette jeune fille
01:03:11de 13 ans
01:03:12Jordan est alors
01:03:16reconnu coupable
01:03:16et condamné
01:03:17à une amende
01:03:18il est alors
01:03:19vu par un psychiatre
01:03:20qui ne décèle
01:03:21ni trait
01:03:22de caractère pervers
01:03:23ni trait
01:03:25de personnalité
01:03:25inquiétant
01:03:26au premier abord
01:03:33Jordan Lenisa
01:03:34est quelqu'un
01:03:34d'éminemment sympathique
01:03:35très avenant
01:03:36très souriant
01:03:37très agréable
01:03:38ça c'est quand tout va bien
01:03:42mais à 19 ans
01:03:44Jordan se fait plaquer
01:03:45par sa petite copine
01:03:46une rupture
01:03:50dont il ne se remet pas
01:03:51il y a chez lui
01:03:56une incapacité
01:03:57à gérer l'abandon
01:03:58il fait une tentative
01:03:59de suicide
01:04:00avec de l'eau de Javel
01:04:01on est là
01:04:07dans un moment de sa vie
01:04:08où il est déjà
01:04:08très mal
01:04:09au point que ses parents
01:04:11ont décidé
01:04:11de le placer
01:04:12en hôpital psychiatrique
01:04:14Muriel Lenisa
01:04:16évoque
01:04:16à gérer
01:04:18à gérer