Le 26 mars 2004 Laurent Bary vient de retrouver sa femme Valérie étendue par terre. Elle a été poignardée, puis son meurtrier lui a fracassé la tête contre les dalles du carrelage. Qui a tué cette mère de famille tranquille, dans cette ferme d'un hameau de 12 habitants ?
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00:00:00C'est parti !
00:00:30Laurent Barry, un éleveur de poules qui avait tout contre lui.
00:00:34Son métier, il égorgeait et découpait la volaille comme personne, son passé.
00:00:40L'ancien parachutiste avait du tempérament.
00:00:42Ses mensonges aussi.
00:00:44Quand il a découvert sa femme poignardée dans leur ferme de Bourgogne,
00:00:48il a inventé un faux cambriolage.
00:00:50Il a fait disparaître tout et n'importe quoi.
00:00:53Des chaussettes, un mug, des sacs de congélation.
00:00:56Il y avait aussi du sang sur ses chaussons.
00:00:58Et Laurent Barry avait un mobile pour se débarrasser de sa femme, Valérie.
00:01:04Le problème, c'est qu'il avait aussi un alibi.
00:01:0726 mars 2004, 11h35, caserne des pompiers de Dijon.
00:01:27Il a fait disparaître tout et n'importe quoi.
00:01:33L' ночier, vous ne pouvez pas te dire que vous avez des trucs sociaux.
00:01:35C'est parti !
00:01:35Oh non ! Oh non !
00:01:36Attendez, parlez quand elle crée !
00:01:38On confie!
00:01:38Oh non !
00:01:39Monsieur Mori !
00:01:40Monsieur Mori !
00:01:41Bien d'abord, il n'y a pas de plus.
00:01:42Je parle d'autre chose...
00:01:43Qu'est-ce qu'il se passe ?
00:01:44Bon, c'est là-dedans, on travaille les gars dans le salon d'une película.
00:01:47Elle n'a rien compris.
00:01:49Ecoutez, je vous envoie un étendu de Pouillon de froid.
00:01:52Il s'est vraiment tout de suite en remontage.
00:01:53Il n'y a rien de lui.
00:01:57Ma femme, elle est enue par terre.
00:01:59Votre femme n'était pas enue par terre.
00:02:01Elle a dû se faire partie.
00:02:02Elle a dû se faire partie.
00:02:04Elle a dû se faire partie.
00:02:06Est-ce qu'elle respire ?
00:02:07Non.
00:02:08Elle respire pas ?
00:02:09Elle respire pas du tout ?
00:02:11Non.
00:02:12Je ne veux pas me faire.
00:02:14Vous ne voyez pas vos chiens ?
00:02:15Non.
00:02:16D'accord.
00:02:17Votre femme, elle est en route, monsieur.
00:02:18D'accord.
00:02:20Mais que c'est fait ?
00:02:21Au milieu des cris et des pleurs,
00:02:33l'opérateur parvient à comprendre.
00:02:36L'anneau, un hameau à 60 km de Dijon,
00:02:39un mari affolé, sa femme en sang.
00:02:42Les pompiers alertent le généraliste du coin
00:02:43et font se le rejoindre.
00:02:51Quand ils arrivent, le mari les attend dehors.
00:02:58On voit son mari à l'extérieur.
00:02:59Il est complètement paniqué.
00:03:01On constate qu'il y a des traces de sang sur lui
00:03:03et qu'il se répète à dire que c'est pas normal ce qui est arrivé.
00:03:09Il comprend pas ce qui s'est passé,
00:03:12comment ça a pu arriver.
00:03:13Le médecin vient à notre rencontre
00:03:16et nous dit qu'il ne sera pas la peine de tenter quoi que ce soit.
00:03:20Elle est déjà décédée.
00:03:23Elle s'appelait Valérie Barry.
00:03:25Elle avait 38 ans.
00:03:27Elle était aide-soignante.
00:03:30Quelques minutes plus tard,
00:03:33les sirènes résonnent à nouveau dans le hameau.
00:03:35Ce sont les gendarmes de Pouilly, en Auxoie.
00:03:37La maison du couple Barry,
00:03:43c'est une maison,
00:03:45une vieille bâtisse
00:03:46au fond d'une cour.
00:03:49Et vu de l'extérieur,
00:03:50c'est limite pas le délabrement,
00:03:52mais enfin, c'est pas une maison
00:03:53qui attire le regard d'un passant.
00:04:02Les gendarmes entrent par la véranda.
00:04:07Quand je rentre dans le salon,
00:04:11le corps de Madame Barry est allongé
00:04:13sur le sol,
00:04:14dos sur le sol.
00:04:16Son buste est recouvert d'une parka.
00:04:19Et je vois de suite
00:04:20qu'il y a une tâche de sang
00:04:22à hauteur de ses cheveux.
00:04:25Ils sont tout emmêlés,
00:04:25tout imbibés de ce sang.
00:04:28A proximité de son bras gauche,
00:04:30il y a un couteau tout ensanglanté.
00:04:33J'enlève la parka
00:04:34et là, je vois au niveau du cou,
00:04:36sous le menton,
00:04:36une entaille de 2-3 centimètres.
00:04:41Une femme comme ça,
00:04:41qui était jeune,
00:04:43ça marque ça, ça choque.
00:04:50Dans la cour de la ferme,
00:04:52Laurent Barry est dans un état second,
00:04:54encore couvert du sang de sa femme.
00:04:56Il explique
00:04:57qu'elle était inanimée
00:04:58quand il est arrivé.
00:05:00Son visage l'a choqué,
00:05:01il l'a couvert d'une parka.
00:05:04Il tient des propos confus,
00:05:06il répète sans arrêt
00:05:07les mêmes phrases,
00:05:08ma femme,
00:05:09ma femme est morte,
00:05:10enfin, c'est un peu confus.
00:05:12Il mentionne que ces chiens
00:05:13ne sont pas là,
00:05:14ne sont pas présents dans la cour
00:05:16et que ce n'est pas normal.
00:05:17Il n'est pas visiblement abattu,
00:05:19comme on pourrait le voir
00:05:20dans certains cas,
00:05:22ou prostré.
00:05:23Là, au contraire,
00:05:24non, il parle, il parle, il parle.
00:05:25Vu son état,
00:05:34les pompiers conduisent
00:05:35immédiatement Laurent Barry
00:05:36au CHU de Dijon
00:05:37pour une prise en charge
00:05:39psychologique.
00:05:40Il doit aussi subir
00:05:41des examens,
00:05:43un classique,
00:05:44pour un témoin
00:05:45en cas de meurtre.
00:05:46Pendant ce temps-là,
00:05:48le procureur de la République
00:05:49et les journalistes
00:05:50rejoignent les gendarmes
00:05:51devant la ferme des Barry.
00:05:53L'anneau est un tout petit hameau
00:05:57qui a pris de 12 habitants
00:06:00et qui m'a fait penser
00:06:01au haut de hurlevent,
00:06:03tellement ce jour-là,
00:06:04d'ailleurs, il faisait froid
00:06:05et il y avait un vent important.
00:06:11Quand je suis arrivée
00:06:12sur la petite place de l'anneau,
00:06:13c'était noir de gendarmes,
00:06:14de blouses blanches et tout ça.
00:06:16Ils m'ont dit
00:06:16que Mme Barry a été tuée,
00:06:19M. Barry est hospitalisé,
00:06:20c'est tout.
00:06:23Et puis, il faudrait récupérer
00:06:24la petite qui est à l'école.
00:06:28La petite, c'est Laura,
00:06:30la fille du couple.
00:06:31Une enfant de 4 ans,
00:06:33scolarisée un peu plus loin
00:06:35à Arconcé.
00:06:37Quand je suis revenue le midi,
00:06:39j'ai vu des voitures
00:06:40de gendarmerie devant la maison
00:06:42et le bus qui me ramenait
00:06:44chez moi pour manger,
00:06:46il a tourné chez une voisine
00:06:48pour ne pas que je vois ça.
00:06:50et c'est la seule image
00:06:53qui me reste en tête
00:06:55de cette journée-là.
00:07:02Sur la scène de crime,
00:07:04les gendarmes comprennent vite
00:07:05que le meurtrier n'a laissé
00:07:06aucune chance à Valérie Barry.
00:07:07On est à même de penser
00:07:11que la mort a été violente.
00:07:14Plusieurs coups de couteau,
00:07:15des plaies béantes,
00:07:17jusqu'à l'oreille coupée.
00:07:18Ce qui m'a interpellé,
00:07:21c'est des traces de sang
00:07:22qui avaient été provoquées
00:07:24par ses cheveux
00:07:25et qui décrivaient une sorte
00:07:28de va-et-vient
00:07:29pouvant attester
00:07:31qu'il y avait eu une agonie.
00:07:32L'arme du crime
00:07:36est posée sur le sol,
00:07:37bien en évidence,
00:07:39à côté du bras gauche.
00:07:42On voit qu'il s'agit
00:07:42d'un couteau de bouchée,
00:07:45un couteau qui mesure
00:07:46plus d'une trentaine de centimètres
00:07:48et dont la lame
00:07:48fait une vingtaine de centimètres.
00:07:52Les techniciens
00:07:53le placent sous scellé.
00:07:54Ils prélèvent aussi
00:07:55des cheveux serrés
00:07:56dans la main de la victime
00:07:57et quelques-uns
00:07:58sur le bas de son jogging.
00:07:59Le salon est en cours
00:08:05de rénovation.
00:08:07Difficile d'y voir clair
00:08:08dans ce chantier.
00:08:11L'entrée est en désordre.
00:08:13La présence
00:08:14d'énormément de meubles,
00:08:16meubles de rangement,
00:08:17chaussures, vêtements,
00:08:19commodes,
00:08:20papiers en tout genre.
00:08:24Un sac de femmes
00:08:25qui était renversé
00:08:25avec un rouge à lèvres,
00:08:28son portefeuille,
00:08:28enfin, quelques objets personnels
00:08:30qui étaient tombés du sac.
00:08:34Dans la chambre du couplant,
00:08:36on a tout de suite l'impression
00:08:37qu'on a vidé
00:08:38des piles de vêtements
00:08:40dans les armoires.
00:08:41Comme si on prenait
00:08:42des piles de vêtements
00:08:43et qu'on les pose par terre.
00:08:45Il y a un coffret à bijoux
00:08:47qui est également sur le lit
00:08:48avec tous les bijoux renversés.
00:08:51Là, on s'est douté
00:08:52qu'on s'est dit
00:08:53peut-être qu'il s'agit
00:08:53d'un cambriolage.
00:08:55On a fait les autres pièces,
00:08:56il n'y avait pas
00:08:56un désordre anormal.
00:09:00Les gendarmes repèrent
00:09:01une caissette sur le bureau
00:09:03à un monnayeur
00:09:04qui aurait pu attiser
00:09:05la convoitise
00:09:06d'un cambrioleur.
00:09:08Dans le monnayeur poussiéreux,
00:09:10on voit une trace
00:09:11et cette trace peut être importante
00:09:13pour la poursuite
00:09:14de l'enquête
00:09:15et donc on décide
00:09:16de saisir ce monnayeur.
00:09:17L'agresseur semble
00:09:20ne pas avoir laissé
00:09:21d'autres empreintes,
00:09:22aucune marque d'effraction
00:09:23à croire qu'il est entré
00:09:25librement dans la ferme.
00:09:28En tout cas,
00:09:29les chiens de garde
00:09:30de Laurent Barry
00:09:30ne l'ont pas gêné.
00:09:33D'ailleurs,
00:09:34où sont-ils ces chiens ?
00:09:35Les motards
00:09:38ont beaucoup circulé
00:09:40dans les rues d'Arconcé
00:09:41et aux proches alentours
00:09:43parce que personne
00:09:45n'avait vu les chiens
00:09:46et tout le monde savait
00:09:47qu'il y avait deux chiens.
00:09:48Un Rottweiler
00:09:49et un Burder Collie.
00:09:51Et le Rottweiler
00:09:52était plus impressionnant
00:09:54que méchant
00:09:54et l'autre était
00:09:55un peu plus hargneux.
00:09:57Et en fin de compte,
00:10:06les chiens,
00:10:06ils étaient tout simplement
00:10:07enfermés
00:10:08dans une pièce
00:10:10pas très loin
00:10:10de la maison d'habitation.
00:10:18Deux gros chiens
00:10:19dans une dépendance.
00:10:22Ils étaient donc là
00:10:22depuis le début,
00:10:24sous le nez des gendarmes.
00:10:25Est-ce que c'est
00:10:26Mme Barry
00:10:26qui les a enfermés ?
00:10:28Est-ce que c'est
00:10:28M. Barry
00:10:29qui les a enfermés ?
00:10:30Ça, c'est
00:10:32un grand point
00:10:33d'interrogation.
00:10:38Tandis qu'une équipe
00:10:39passe la ferme
00:10:39au crible,
00:10:40d'autres gendarmes
00:10:41interrogent
00:10:42Laurent Barry
00:10:42à l'hôpital.
00:10:44Il leur explique
00:10:45que ce matin-là,
00:10:46comme tous les vendredis,
00:10:47il est allé livrer
00:10:48des volailles
00:10:49à un restaurateur
00:10:50de Dijon.
00:10:52Sa femme était
00:10:53en congé.
00:10:54Elle est restée
00:10:54à la maison
00:10:55pour poncer
00:10:55les poutres
00:10:56Laurent Barry
00:10:57n'en sait pas plus.
00:11:01Quand on est arrivé
00:11:02à l'hôpital,
00:11:03on nous dit
00:11:04il est arrivé
00:11:04quelque chose
00:11:05à votre belle-fille.
00:11:06Elle était tuée
00:11:07par 13 coups de couteau.
00:11:09Vous imaginez
00:11:09par qui ?
00:11:15C'est des choses
00:11:18impensables.
00:11:21À l'examen médical,
00:11:23le mari ne présente
00:11:24ni hématome
00:11:24ni trace de lutte.
00:11:26Les gendarmes
00:11:26le laissent donc
00:11:27repartir avec sa mère.
00:11:30Il est tellement choqué
00:11:32qu'on a beau lui parler,
00:11:36il ne réagit pas.
00:11:38Il cherche
00:11:38ce qui a pu se passer.
00:11:40Il est sous le choc.
00:11:41C'est comme tout le monde,
00:11:43il ne comprend pas.
00:11:46À l'anneau,
00:11:47les gendarmes
00:11:48apposent les scellés
00:11:49et quittent la ferme.
00:11:50Kevin Barry,
00:11:58vous avez vu
00:11:59votre père
00:11:59à sa sortie
00:12:00de l'hôpital.
00:12:01Dans quel état
00:12:02est-il ?
00:12:03Il est abattu
00:12:04en pleurs.
00:12:07Il nous explique
00:12:08qu'il a découvert
00:12:09ma belle-mère
00:12:10décédée
00:12:12et il ne sait pas
00:12:13pourquoi,
00:12:13il est un peu perdu.
00:12:16C'était choquant
00:12:18de le voir comme ça.
00:12:19C'est la première fois
00:12:20que vous le voyez
00:12:20pleurer.
00:12:20Il est aussi abattu.
00:12:22Je ne l'avais jamais
00:12:24vue vraiment pleurer
00:12:25avant.
00:12:27Valérie,
00:12:28c'était votre belle-mère.
00:12:29Oui, c'est ça.
00:12:30Valérie a été mariée
00:12:31une première fois.
00:12:32Elle a eu un enfant,
00:12:33Thomas.
00:12:34Mon père était aussi
00:12:35en concubinage
00:12:36avec ma mère.
00:12:38Il a eu
00:12:38ma sœur et moi.
00:12:41À la suite de ça,
00:12:42Valérie et mon père
00:12:42se sont rencontrés
00:12:43et ils ont eu le roi.
00:12:45Une famille recomposée.
00:12:46C'est ça,
00:12:47une famille recomposée.
00:12:48Et vous vous entendiez
00:12:49bien avec Valérie ?
00:12:51Au début,
00:12:51c'était un peu difficile.
00:12:53On avait tendance
00:12:54à titiller un peu,
00:12:55etc.
00:12:56Environ un an et demi
00:12:57avant son décès,
00:12:58on avait eu une sorte
00:12:59de réunion de famille.
00:13:00Et à la suite de ça,
00:13:01ça allait un petit peu
00:13:02mieux qu'on va dire.
00:13:03Il n'y avait plus de tension
00:13:04comme il n'y avait plus
00:13:04à voir avant.
00:13:06On faisait des sorties
00:13:06ensemble, etc.
00:13:08C'était quand même
00:13:09apaisé.
00:13:09Votre père et Valérie
00:13:11avaient donc décidé
00:13:12de vivre à la campagne,
00:13:15à l'anneau,
00:13:16d'élever des poules.
00:13:18D'où elle venait,
00:13:18cette idée ?
00:13:19C'est mon père
00:13:20qui avait pensé à ça.
00:13:21Ça faisait déjà longtemps
00:13:22qu'il en avait envie.
00:13:23Donc, il a proposé à Valérie.
00:13:24Valérie a été tout de suite
00:13:25d'accord.
00:13:26Ils avaient déjà pour projet
00:13:27d'acheter une maison
00:13:28à la campagne.
00:13:30Le seul problème,
00:13:30c'est que Valérie
00:13:31mettait presque une heure
00:13:32à aller au boulot
00:13:33tous les jours.
00:13:34Donc, c'était un peu contraignant.
00:13:35Donc, elle avait cherché
00:13:36un poste beaucoup plus près.
00:13:38Et ça allait être accepté
00:13:39avant les faits, quoi.
00:13:46Le lendemain du crime,
00:13:48les gendarmes retournent
00:13:49à la ferme
00:13:49pour une perquisition.
00:13:52Toujours sous le choc,
00:13:54Laurent Barry n'est pas là.
00:13:56C'est la mère du village
00:13:57qui fait office de témoin.
00:14:01On est rentrés dans la maison.
00:14:05Et puis, ils ont commencé
00:14:06de fouiller.
00:14:09Moi, je sais que j'étais
00:14:10dans une petite resserre
00:14:11où il y avait beaucoup
00:14:12de boîtes de chaussures.
00:14:13Bon, ils regardaient
00:14:13dans toutes les boîtes
00:14:14pour savoir
00:14:15s'ils trouvaient quelque chose.
00:14:19On a vu la pièce
00:14:20où ils l'ont trouvée.
00:14:22Il y avait encore du sang.
00:14:23Ça fait un drôle d'effet.
00:14:25Ça choque.
00:14:29Alors que les gendarmes
00:14:30s'apprêtent à passer
00:14:31la maison au peigne fin,
00:14:32surprise,
00:14:34Laurent Barry
00:14:34leur passe un coup de fil.
00:14:35On est venu nous dire
00:14:37M. Barry est revenu
00:14:39donc on n'a plus besoin de vous.
00:14:40C'est M. Barry
00:14:41qui va finir l'inspection.
00:14:43On avait l'impression
00:14:44qu'il était anéanti.
00:14:47Il ne savait pas trop
00:14:48ce qui lui arrivait.
00:14:51La perquisition reprend
00:14:52dans un petit hangar
00:14:53au fond du jardin.
00:14:55C'est l'abattoir
00:14:56où Laurent Barry
00:14:57tue et découpe
00:14:58ses volailles.
00:14:59M. Barry nous parle
00:15:03d'un couteau.
00:15:04D'un couteau à lui
00:15:05qui auparavant
00:15:07se trouvait dans l'abattoir
00:15:08mais comme il ne coupait plus,
00:15:10il l'avait laissé
00:15:11dans la cuisine
00:15:12pour que Mme Barry
00:15:13puisse s'en servir
00:15:14à des fins personnelles
00:15:16pour couper de la viande,
00:15:18du pain, etc.
00:15:21Une fois dans la cuisine,
00:15:23Laurent Barry désigne
00:15:24le rebord de la fenêtre.
00:15:25C'est là que sa femme
00:15:27posait le couteau
00:15:28au manche vert.
00:15:30C'est en réalité
00:15:31le couteau qui est retrouvé
00:15:32à côté du corps
00:15:32de Mme Barry.
00:15:35L'arme du crime.
00:15:38À en croire,
00:15:39Laurent Barry,
00:15:39le meurtrier
00:15:40l'a donc trouvé
00:15:40dans la cuisine.
00:15:43Les gendarmes
00:15:44poursuivent
00:15:44leurs investigations
00:15:45dans la voiture
00:15:46et dans la camionnette
00:15:47du couple
00:15:47sans trouver
00:15:49quoi que ce soit
00:15:49d'intéressant.
00:15:55Dominique,
00:15:59l'autopsie prouve
00:16:00que le meurtrier
00:16:01de Valérie
00:16:02s'est acharné
00:16:03sur elle.
00:16:04Oui, Frédéric,
00:16:04cette autopsie
00:16:05qui prouve
00:16:06que le couteau
00:16:07qu'on a retrouvé
00:16:08près de son corps,
00:16:09c'est l'arme du crime
00:16:09parce que la forme
00:16:11de la lame
00:16:12correspond avec
00:16:12le dessin
00:16:14des pénétrations
00:16:15du couteau
00:16:16dans le corps.
00:16:17Elle a reçu
00:16:17quatre coups de couteau
00:16:19au thorax,
00:16:20deux devant,
00:16:21deux dans le dos.
00:16:22Elle a reçu
00:16:22huit coups de couteau
00:16:23à la tête,
00:16:24le cuir chevelu,
00:16:25le visage,
00:16:26le cou.
00:16:27Elle a reçu
00:16:27un coup de couteau
00:16:28ici,
00:16:29sous le menton.
00:16:30Deux des plaies
00:16:31sont très graves.
00:16:32Un coup de couteau
00:16:33au poumon
00:16:34qui va perforer
00:16:35le poumon,
00:16:36donc qui va provoquer
00:16:37un hémothorax.
00:16:38À l'autopsie,
00:16:38on retrouve le poumon
00:16:39dégonflé,
00:16:41replié.
00:16:42Et puis,
00:16:42un autre coup de couteau
00:16:43très grave
00:16:44à la veine jugulaire.
00:16:45Elle a perdu
00:16:46énormément de sang.
00:16:47Donc,
00:16:48cette perte de sang,
00:16:49cette diminution
00:16:50du volume sanguin,
00:16:51ça va provoquer
00:16:51ce qu'on appelle
00:16:52une hypovolémie.
00:16:54Elle est morte de ça ?
00:16:55Alors,
00:16:55non.
00:16:56Elle est morte
00:16:56d'un traumatisme crânien
00:16:58extrêmement violent
00:17:00qui a entraîné
00:17:01une perte de connaissance
00:17:02immédiate.
00:17:03Elle est morte
00:17:03en quelques minutes,
00:17:04à peine dix minutes.
00:17:06Et son agresseur
00:17:07lui a vraisemblablement
00:17:08cogné la tête
00:17:10sur le sol
00:17:10et provoqué
00:17:12ce trauma crânien
00:17:13extrêmement important.
00:17:14Ou alors,
00:17:15il a utilisé
00:17:16un objet contondant,
00:17:17un objet lourd,
00:17:18parce qu'on trouve aussi
00:17:19dans son dos,
00:17:20au niveau de son homoplate,
00:17:22un hématome important.
00:17:23Peut-être que cet objet
00:17:24a aussi servi
00:17:24à la frapper
00:17:25derrière le crâne.
00:17:26On sait qu'elle s'est défendue
00:17:27parce qu'elle a
00:17:28les traces classiques
00:17:29de défense
00:17:29et sur les avant-bras
00:17:31des hématomes,
00:17:32soit qui ont été provoqués
00:17:33par des coups
00:17:33qu'elle a reçus,
00:17:34soit par une saisie
00:17:35de ses avant-bras
00:17:36par son agresseur.
00:17:38Elle a vu son agresseur,
00:17:39elle l'a vu en face.
00:17:41Elle n'a pas été violée
00:17:42et l'analyse toxicologique
00:17:45ne met en évidence
00:17:46ni la consommation
00:17:47de médicaments,
00:17:48ni la consommation
00:17:48de stupéfiants,
00:17:49ni la consommation
00:17:50d'alcool.
00:17:51Est-ce qu'on arrive
00:17:51à déterminer
00:17:52l'heure de la mort ?
00:17:53Oui, on arrive
00:17:53à déterminer
00:17:54l'heure de la mort
00:17:54entre 9h45
00:17:56et 11h30.
00:17:58Et ça, finalement,
00:17:58ça correspond exactement
00:18:00aux constatations
00:18:01du premier médecin
00:18:02qui va se rendre
00:18:03sur place
00:18:03et qui, lui,
00:18:05situe le décès
00:18:06vers 10h30.
00:18:07Un élevage de poules
00:18:11dans un hameau
00:18:12perdu au milieu
00:18:12des champs.
00:18:14Une rue,
00:18:15quelques maisons,
00:18:17une famille ordinaire,
00:18:19la France tranquille.
00:18:22C'est dans ce cadre
00:18:23bucolique
00:18:23que l'enquête commence
00:18:25pour les gendarmes
00:18:26comme pour la presse.
00:18:28On découvre
00:18:29qu'il s'agit
00:18:29d'un couple
00:18:31qui vient de s'installer
00:18:32il y a à peine
00:18:32deux ans
00:18:33sur l'anneau,
00:18:35une famille sans histoire.
00:18:36Ils ont une petite fille
00:18:38qui va à l'école.
00:18:39Aucun problème particulier
00:18:40au premier abord.
00:18:49Dès l'apparution
00:18:51de cet article,
00:18:53l'information
00:18:53va vraiment
00:18:55bouleverser
00:18:56tout le monde.
00:18:57Tous ses collègues,
00:18:58d'ailleurs,
00:18:58sont extrêmement choqués.
00:19:00C'est une jeune femme,
00:19:01jolie,
00:19:02sympathique,
00:19:03mère de famille.
00:19:04Et donc,
00:19:05ça frappe vraiment
00:19:05les esprits.
00:19:06Quand votre meilleur ami
00:19:09fait le gros titre
00:19:09des journaux,
00:19:10vous ne s'y attendez pas.
00:19:12Surtout de cette façon-là.
00:19:14On n'y croit pas au départ.
00:19:16Et puis surtout Valérie.
00:19:17Enfin,
00:19:17il n'y a pas plus gentil
00:19:18que Valérie.
00:19:19Puis Valérie,
00:19:19c'était une nettoyante
00:19:20sans histoire.
00:19:21Comme on en comptait
00:19:21tous les jours,
00:19:23pourquoi elle ?
00:19:25Pourquoi elle ?
00:19:28C'est justement
00:19:28ce que les gendarmes
00:19:29et les journalistes
00:19:30de la région
00:19:30veulent savoir.
00:19:31Ces parents,
00:19:33lorsque je les rencontre,
00:19:35vont me dresser
00:19:36un portrait
00:19:36de leur fille
00:19:37qui sera quand même
00:19:39assez nuancée,
00:19:39il faut le dire.
00:19:40C'est une jeune femme
00:19:41agréable,
00:19:42appréciée de tout le monde,
00:19:43mais qui a un caractère,
00:19:44un caractère très marqué.
00:19:46Et quand elle décide
00:19:47de quelque chose,
00:19:49quand elle fait un choix
00:19:50dans sa vie,
00:19:50on a beau essayer
00:19:51de lui en dissuader,
00:19:52elle peut même
00:19:53se braquer.
00:19:55Ce franc-parler
00:19:55lui aurait-il valu
00:19:56des ennemis ?
00:19:57Les gendarmes
00:19:58entendent son ex-mari,
00:20:00le père de son fils.
00:20:01Leur relation était bonne
00:20:02et l'homme
00:20:03travaillait ce matin-là.
00:20:07Du côté de l'hôpital
00:20:08de Dijon,
00:20:09pas de conflit non plus.
00:20:10Ni à la clinique
00:20:11de Chenove
00:20:12où Valérie Barry
00:20:13travaillait dans
00:20:14les années 90.
00:20:16C'est d'ailleurs là
00:20:17qu'elle a fait
00:20:17la connaissance
00:20:18de Laurent,
00:20:19un brancardier.
00:20:21Elle sortait de la clinique,
00:20:22elle trouvait des roses
00:20:22sur son pare-brise.
00:20:25Au début,
00:20:25ça l'a fait sourire
00:20:26et tout ça,
00:20:26et puis après,
00:20:27je l'ai vue un peu
00:20:29se transformer,
00:20:31devenir amoureuse.
00:20:38La suite se lit
00:20:39comme une romance
00:20:39ordinaire.
00:20:41Le couple a emménagé
00:20:42dans un appartement
00:20:42de Dijon
00:20:43et il a fait
00:20:44des projets.
00:20:48Comme on était
00:20:48tout le temps ensemble,
00:20:49elle m'a dit
00:20:49j'ai quelque chose
00:20:50à me demander
00:20:51mais ça coule de source.
00:20:52Et je lui ai dit
00:20:52quoi donc ?
00:20:53Elle me dit
00:20:53d'aller choisir ma robe
00:20:55et d'être mon témoin.
00:20:56donc c'était oui
00:20:59tout de suite.
00:21:02Je l'ai vue rayonnante
00:21:03Valérie,
00:21:03je ne l'ai jamais vue
00:21:04aussi rayonnante
00:21:06que ça
00:21:07le jour de son mariage.
00:21:08En 99,
00:21:17Valérie a eu une petite fille
00:21:18Laura
00:21:18et deux ans plus tard,
00:21:21le couple a décidé
00:21:22de changer de vie.
00:21:24La campagne,
00:21:25le grand air,
00:21:25un nouveau métier.
00:21:27Laurence s'est lancée
00:21:28dans l'élevage de volailles.
00:21:29Elle disait que
00:21:34la route
00:21:35ne l'embêtait pas
00:21:36parce que
00:21:37quand elle arrivait
00:21:37à l'anneau,
00:21:38elle était bien.
00:21:40120 km par jour,
00:21:42cela n'effrayait pas Valérie.
00:21:44Elle se plaisait
00:21:45à l'anneau
00:21:45et le couple
00:21:47ne s'y faisait
00:21:47guère remarquer.
00:21:48Tout le monde se connaît,
00:21:53tout le monde se parle
00:21:53plus ou moins.
00:21:56Mais bon,
00:21:57il n'y a pas de querelle.
00:21:59Ça se passe très bien.
00:22:02Ni dans l'entourage
00:22:03de Mme Barry
00:22:04ni celui de M. Barry
00:22:06ne trouvons quelqu'un
00:22:07qui chercherait
00:22:08à les éliminer
00:22:09l'un ou l'autre.
00:22:12Une vie tranquille
00:22:13avec des hauts et des bas
00:22:14comme dans tous les couples.
00:22:16Des soucis d'argent aussi.
00:22:19Depuis juin 2003,
00:22:21la situation financière
00:22:22des Barry
00:22:22n'était pas brillante.
00:22:25Il y a eu
00:22:26la grande sécheresse.
00:22:28Il a perdu
00:22:28beaucoup de volailles.
00:22:30Donc,
00:22:30à partir de là,
00:22:33c'était vraiment
00:22:34c'est vrai
00:22:35que c'était dur.
00:22:37Et donc,
00:22:37elle commence à me dire
00:22:38ça ne va pas marcher
00:22:39comme on pensait.
00:22:41Et donc,
00:22:42il y a ce problème
00:22:43d'argent quand même
00:22:43qui commence
00:22:44d'arriver.
00:22:47Valérie avait l'air
00:22:48tracassé,
00:22:49oui.
00:22:51Quelqu'un de...
00:22:52ailleurs.
00:23:00De longs trajets,
00:23:02des problèmes d'argent,
00:23:04mais pas d'ennemis,
00:23:05pas de conflits,
00:23:06ni avec la famille,
00:23:06ni avec le voisinage.
00:23:08Rien qui ne laisse
00:23:09présager
00:23:10une telle agression.
00:23:11L'enterrement,
00:23:14je pleure.
00:23:15C'est une chose
00:23:16qu'elle me reprochait
00:23:16toujours,
00:23:17les rits de pas pleurer.
00:23:18Et Dieu sait
00:23:19que je l'ai pleuré.
00:23:23Laurent était plus
00:23:24dans la colère
00:23:26qu'effondré
00:23:27par ce qui venait
00:23:28d'arriver.
00:23:29Il a dit quelques mots,
00:23:31je retrouverai
00:23:32le salaud
00:23:32qui a fait ça.
00:23:33Kevin Barry,
00:23:42comment se comportait
00:23:43Valérie,
00:23:44votre belle-mère,
00:23:45peu de temps
00:23:45avant sa mort ?
00:23:48Trois semaines
00:23:48avant son décès,
00:23:49on était
00:23:50en week-end
00:23:52à l'anneau.
00:23:54On a fait une sortie
00:23:56dans les bois
00:23:56avec moi,
00:23:57ma soeur
00:23:57et ma petite soeur.
00:23:59Elle était assez bizarre,
00:24:00elle ne voulait pas
00:24:00qu'on s'éloigne,
00:24:01etc.
00:24:02Quand on est rentré,
00:24:04elle ne voulait pas
00:24:04qu'on sorte de la cour
00:24:05alors qu'habituellement,
00:24:06on pouvait aller jouer
00:24:06même à deux,
00:24:07trois kilomètres,
00:24:08on pouvait aller se promener
00:24:09dans les bois tout seul,
00:24:09il n'y avait jamais de souci.
00:24:11Là, on ne pouvait pas
00:24:11sortir de la cour,
00:24:12il fallait attendre
00:24:12que mon père soit rentré,
00:24:13etc.
00:24:14C'était quand même
00:24:15assez bizarre.
00:24:16Ça vous a paru
00:24:17vraiment inquiète ?
00:24:18Oui,
00:24:19et puis ce n'était pas
00:24:19du tout dans ses habitudes.
00:24:20Mais vous lui aviez
00:24:21demandé des explications ?
00:24:22Elle s'était...
00:24:23Elle avait expliqué pourquoi ?
00:24:24En fait,
00:24:25on était quand même
00:24:26assez jeunes.
00:24:30C'est-à-dire que
00:24:31moi, j'ai pensé
00:24:32que c'était un petit peu
00:24:33pour nous embêter
00:24:34ou un truc comme ça,
00:24:35mais c'est en y repensant
00:24:37après, quoi.
00:24:38Ça a fait tilt tout de suite,
00:24:39quoi.
00:24:39Je me suis dit
00:24:40c'est quand même bizarre.
00:24:41Donc j'ai décidé
00:24:41d'en parler à mon père, quoi.
00:24:43Donc mon père a prévenu
00:24:44les enquêteurs
00:24:45et les enquêteurs
00:24:46n'ont jamais voulu
00:24:47nous entendre
00:24:47sur ces faits, quoi.
00:24:50Les gendarmes
00:24:50vous tiennent informés
00:24:52de l'enquête ?
00:24:54Donc c'est mon père
00:24:54qui prend des nouvelles
00:24:55de l'enquête.
00:24:56Les gendarmes
00:24:56ne nous informent pas.
00:24:57Et votre père,
00:24:58il vous tient au courant ?
00:25:00Il nous explique
00:25:00au fur et à mesure
00:25:02ce qui se passe
00:25:02sans vraiment rentrer
00:25:03dans les détails.
00:25:03On est assez jeunes.
00:25:05Bon, on a eu
00:25:05les articles de journaux
00:25:06qui nous ont quand même
00:25:07bien indiqué certaines choses.
00:25:08C'est comme ça
00:25:09qu'on a appris
00:25:09comment Valéry était décédé.
00:25:11Et dans quel état
00:25:12il est, votre père ?
00:25:13Il est effondré ?
00:25:14Il reprend le dessus ?
00:25:15La première année,
00:25:16il était vraiment...
00:25:17Il est même parti habiter
00:25:19à l'île de l'Héron.
00:25:20Pendant quelques mois,
00:25:21il avait vraiment du mal
00:25:21à rester dans la maison.
00:25:24Il était vraiment,
00:25:25vraiment mal, quoi.
00:25:26Pendant presque un an,
00:25:28après, il est remonté
00:25:29pour Laura, je pense,
00:25:30parce qu'il fallait quand même
00:25:32s'occuper de Laura,
00:25:32etc., etc.
00:25:33Donc, je pense que
00:25:34c'est ça qui l'a fait tenir
00:25:35et qui l'a fait avancer, quoi.
00:25:44Les gendarmes commencent
00:25:45donc leur enquête
00:25:46par le premier cercle.
00:25:48La dernière personne
00:25:49qui a vu Valéry Barry
00:25:50et celle qu'il a découverte,
00:25:52c'est son mari.
00:25:53Après tout,
00:25:55il a peut-être menti.
00:25:56Il n'a peut-être
00:25:57jamais quitté la ferme
00:25:58ce jour-là.
00:26:02Ce 26 mars 2004,
00:26:04Laurent Barry
00:26:05a d'abord édité
00:26:06ses factures.
00:26:09Ensuite,
00:26:10il a préparé
00:26:10ses volailles.
00:26:13Il a déclaré
00:26:14avoir quitté son domicile
00:26:15vers les 9 heures
00:26:17pour aller livrer
00:26:18ses poulets
00:26:19dans un restaurant.
00:26:20Donc, lorsqu'il part,
00:26:21il fait comme à son habitude.
00:26:23Le Rottweiler
00:26:24est attaché
00:26:25après l'arbre
00:26:26qui se trouve
00:26:27au milieu de la propriété
00:26:28et le
00:26:29Berder Colli,
00:26:31quant à lui,
00:26:32va et vient.
00:26:33Donc, lorsqu'il part,
00:26:34les chiens sont présents
00:26:35dans la propriété
00:26:37du couple.
00:26:41Exceptionnellement,
00:26:41ce matin-là,
00:26:42l'aviculteur
00:26:43a pris la voiture
00:26:44de sa femme
00:26:44pour aller plus vite
00:26:46qu'avec sa camionnette.
00:26:48Le restaurateur
00:26:49Dijonet confirme,
00:26:51Laurent Barry
00:26:51est bien passé
00:26:52le voir.
00:26:56Monsieur Barry
00:26:57sonne à la porte
00:26:58d'entrée du personnel,
00:26:59il rentre dans la cuisine
00:27:00et dépose les poulets
00:27:02comme chaque vendredi matin.
00:27:04On échange
00:27:05quelques mots rapides
00:27:06et monsieur Barry
00:27:07reprend son véhicule
00:27:08pour rentrer chez lui.
00:27:09On n'a rien remarqué
00:27:10de différent
00:27:11des autres jours
00:27:11sur le comportement
00:27:12de monsieur Barry.
00:27:15Il était vraiment
00:27:16comme d'habitude.
00:27:19Laurent Barry
00:27:21ne se souvient pas
00:27:22de l'heure
00:27:22à laquelle
00:27:22il a effectué
00:27:23la livraison.
00:27:24Mais les employés
00:27:25de l'établissement
00:27:26viennent à la rescousse
00:27:28des gendarmes.
00:27:29On se base
00:27:30sur cette collègue
00:27:32de travail
00:27:32qui est en train
00:27:33de passer l'aspirateur
00:27:33et qui commence
00:27:34son travail à 9h30.
00:27:36Et d'après le temps
00:27:37de passage
00:27:37de l'aspirateur
00:27:38dans la salle
00:27:38de restaurant
00:27:38qui est à peu près
00:27:39évalué à 30 minutes,
00:27:41nous donne à peu près
00:27:42un horaire
00:27:42de 10h,
00:27:4310h15
00:27:43dans la matinée
00:27:45du vendredi.
00:27:4910h, 10h15.
00:27:52Ensuite,
00:27:52Laurent Barry
00:27:53s'est rendu
00:27:53à Chenauve
00:27:54à la périphérie
00:27:55de Dijon
00:27:55chez Thierry,
00:27:57un ami garagiste.
00:28:00Là encore,
00:28:01les gendarmes vérifient.
00:28:03L'homme leur précise
00:28:04que Laurent Barry
00:28:04ne s'est pas éternisé.
00:28:06L'une de ses brebis
00:28:07allait mettre bas.
00:28:09Il devait filer
00:28:09à l'anneau.
00:28:10Il est parti
00:28:11vers 11h.
00:28:12Il garde son véhicule
00:28:15devant la propriété
00:28:16et là,
00:28:17il remarque
00:28:17que ses chiens
00:28:18ne sont plus là.
00:28:20Il constate juste
00:28:21à l'entrée
00:28:22de la porte
00:28:22que le collier
00:28:23qui est toujours
00:28:24attaché à la laisse
00:28:25se trouve sous la véranda.
00:28:28Donc là,
00:28:29il n'entend pas de bruit.
00:28:30Il crante silence.
00:28:31Il rentre.
00:28:34Et c'est en regardant
00:28:36sur la gauche
00:28:37dans cette salle
00:28:38en rénovation
00:28:39qu'il retrouve
00:28:40Madame Barry
00:28:40allongée
00:28:41par terre.
00:28:47Jusque-là,
00:28:48l'emploi du temps
00:28:49de Laurent Barry
00:28:50tient debout.
00:28:51Mais les gendarmes
00:28:52sortent quand même
00:28:53leur chronomètre.
00:28:55Même jour,
00:28:56même heure,
00:28:57même véhicule,
00:28:58ils refont le trajet
00:28:59entre la ferme
00:29:00de l'anneau
00:29:00et le restaurant
00:29:01de Dijon.
00:29:02Le temps de parcours
00:29:06qui est relevé
00:29:06par les gendarmes
00:29:07est de 40 minutes.
00:29:08Ils ont refait
00:29:08le trajet deux fois.
00:29:11S'il part à 9h,
00:29:12d'après les gendarmes,
00:29:13il arrive à 9h40
00:29:14et là,
00:29:15il arrive à 10h.
00:29:16Donc on a un décalage
00:29:17de 20 minutes.
00:29:18Rien d'alarmant.
00:29:23Car Laurent Barry
00:29:24explique que ce matin-là,
00:29:26il ne portait pas de montre.
00:29:29Les gendarmes
00:29:30établissent qu'il a ensuite
00:29:31mis 8 minutes
00:29:32pour se rendre
00:29:33chez son ami garagiste.
00:29:34puis 40 minutes
00:29:38pour rentrer à l'anneau.
00:29:42Les explications
00:29:43de M. Barry
00:29:44sont parfaitement plausibles.
00:29:46Son emploi du temps
00:29:46est cohérent
00:29:47entre 10h
00:29:48et 11h.
00:29:50Selon l'heure
00:29:51estimée
00:29:52par le médecin légiste,
00:29:54le crime
00:29:56a pu être commis
00:29:57entre le moment
00:29:58du départ
00:29:58de M. Barry
00:29:59et l'heure
00:30:00de retour
00:30:00à son domicile.
00:30:03Laurent Barry
00:30:04est donc mis
00:30:05hors de cause.
00:30:08Le 30 mars 2004,
00:30:09une information
00:30:10judiciaire contre X
00:30:11est ouverte
00:30:12pour homicide volontaire.
00:30:14Et les enquêteurs
00:30:15élargissent
00:30:16leur cercle de travail.
00:30:22Un rôdeur
00:30:23à l'anneau.
00:30:25La nouvelle
00:30:26fait vite
00:30:26le tour du hameau.
00:30:32C'est clair
00:30:33qu'on
00:30:33fermait nos portes
00:30:35fermait bien
00:30:37nos portes à clés
00:30:38et on était
00:30:39quand même
00:30:39soucieux.
00:30:40J'avais des enfants
00:30:40en bas âge.
00:30:41On n'osait pas
00:30:42trop sortir dehors
00:30:43les soirs.
00:30:44On ne voyait plus
00:30:44personne dans les rues.
00:30:47Même mon fils
00:30:48qui ne fermait pas
00:30:48sa porte à clés.
00:30:51Eh bien,
00:30:52elle la fermait.
00:30:55C'est vrai
00:30:55que c'est un pays calme.
00:30:56Cet espèce
00:31:03de solitude,
00:31:05d'isolement,
00:31:06ce caractère
00:31:07un peu désertique
00:31:08m'a conforté
00:31:09dans l'idée
00:31:10que tout véhicule
00:31:11étranger
00:31:12à ce petit hameau,
00:31:14toute personne
00:31:14étrangère
00:31:15à ce petit hameau
00:31:15ne pouvait pas
00:31:17passer inaperçu.
00:31:20Quelqu'un a forcément
00:31:21vu quelque chose.
00:31:23Les gendarmes
00:31:24frappent à toutes les portes,
00:31:26la presse aussi.
00:31:28J'interroge
00:31:28des voisins
00:31:29et ils me disent
00:31:29que depuis la veille
00:31:31au soir,
00:31:31tout est extrêmement calme.
00:31:34Ils n'ont pas vu
00:31:34de voiture particulière,
00:31:36étrangère,
00:31:38des gens
00:31:38qui seraient allés
00:31:40et venus.
00:31:40Ils n'ont vu
00:31:41aucun individu suspect.
00:31:45Du coup,
00:31:46l'enquête s'élargit.
00:31:49On a cherché
00:31:50s'il y avait des sorties
00:31:51d'hôpitaux psychiatriques,
00:31:52des sorties
00:31:53de maisons d'arrêt.
00:31:53On cherche les rôdeurs
00:31:55ou les personnes
00:31:55qui seraient passées
00:31:56dans le pays
00:31:57ou le vagabond
00:31:58qui seraient passés
00:31:59par là.
00:32:00On fait toute la téléphonie
00:32:01pour savoir
00:32:02s'il y a eu
00:32:02des relais activés
00:32:04par des téléphones.
00:32:08Les gendarmes
00:32:09entendent toutes les personnes
00:32:10qui ont borné à l'anneau.
00:32:12Ils prélèvent
00:32:13les empreintes digitales
00:32:14des habitants,
00:32:15contrôlent les listings
00:32:16des chambres d'hôtels,
00:32:18procèdent
00:32:18à des dizaines
00:32:19d'auditions
00:32:20sans ouvrir
00:32:21la moindre piste.
00:32:23Le mystère
00:32:27de l'anneau
00:32:27s'épaissit
00:32:28à croire
00:32:29qu'il ne s'est rien passé,
00:32:31que ce 26 mars 2004
00:32:32était une journée
00:32:33comme une autre
00:32:34dans ce hameau tranquille
00:32:35où la vie des habitants
00:32:37semble réglée
00:32:38comme du papier à musique.
00:32:39Je suis parti aux alentours
00:32:44de 8h du matin
00:32:45et je suis passé
00:32:47devant chez Barry
00:32:48et comme à l'habitude,
00:32:50le birdeur s'est rendu
00:32:51à proximité du portail
00:32:53qui est long de la route
00:32:54pour japper
00:32:55le passage
00:32:56de mon camion.
00:32:58Et l'autre chien
00:32:59était lui attaché
00:33:00à une laisse.
00:33:01Les deux chiens
00:33:04étaient donc
00:33:04dans la cour
00:33:05comme l'a indiqué
00:33:06Laurent Barry.
00:33:08Le grain de sable,
00:33:10c'est la factrice
00:33:11qui le relève.
00:33:14À 11h15,
00:33:15lorsqu'elle est passée
00:33:16devant la ferme
00:33:17des Barry,
00:33:18elle constate
00:33:19que les chiens
00:33:20ne sont pas
00:33:21dans la cour
00:33:22et que la voiture
00:33:24escorte
00:33:25n'est pas sur place
00:33:26non plus.
00:33:27enfin une information
00:33:30intéressante.
00:33:32Les chiens
00:33:32ont donc bien été
00:33:33enfermés
00:33:33avant le retour
00:33:35de Laurent Barry.
00:33:38Et ce n'est pas tout.
00:33:40Un voisin
00:33:40livre un autre détail
00:33:42qui pourrait être
00:33:42utile aux gendarmes.
00:33:45Quand je suis parti
00:33:46ce matin-là,
00:33:47la camionnette
00:33:48de Laurent
00:33:48était tournée
00:33:51dans le sens
00:33:51où il pouvait partir
00:33:52directement,
00:33:53prendre le portail
00:33:53et sortir
00:33:56sur la route.
00:33:57Et le soir,
00:33:58quand je suis rentée,
00:33:58la camionnette
00:33:59était dans l'autre sens.
00:34:03Quelqu'un aurait donc
00:34:04manœuvré le camion.
00:34:05Mais qui ?
00:34:07Laurent Barry ?
00:34:08Il ne s'en est pas servi.
00:34:10Valérie ?
00:34:12Son meurtrier ?
00:34:13Le jour du crime,
00:34:15les gendarmes ont noté
00:34:16que le capot
00:34:16de la camionnette
00:34:17était encore chaud.
00:34:20Elle aurait donc
00:34:20bien été bougée.
00:34:22Laurent Barry
00:34:22n'a pas d'explication,
00:34:24mais il fait tout
00:34:24pour aider les gendarmes.
00:34:25tous les jours,
00:34:27tous les jours,
00:34:27il est là pour
00:34:28venir prendre des nouvelles,
00:34:30savoir comment on avance
00:34:31dans le dossier.
00:34:32Il cherche tout
00:34:32ce qui peut être
00:34:33imaginable.
00:34:39L'homme rassemble
00:34:40ses souvenirs
00:34:41pour dresser la liste
00:34:42des choses volées.
00:34:44Un inventaire
00:34:45sans queue ni tête.
00:34:46Il parle de deux paires
00:34:50de chaussettes,
00:34:51de pantalons
00:34:52de survêtements,
00:34:54d'un mug,
00:34:54d'une pendule
00:34:55sans valeur.
00:34:59Monsieur Barry
00:35:00ira même jusqu'à préciser
00:35:01qu'on lui a pris
00:35:02des sacs de congélation.
00:35:03Une tasse mug,
00:35:04on ne voit pas trop l'intérêt.
00:35:06Des sacs à glaçons,
00:35:07on ne voit pas non plus
00:35:08l'intérêt.
00:35:09Cette liste-là
00:35:10ne correspond pas
00:35:11vraiment à une liste
00:35:12de cambrioleurs
00:35:12qui lui a tout loisir
00:35:14de prendre l'ensemble
00:35:14des bijoux
00:35:15qui se trouvent
00:35:15dans la boîte à bijoux.
00:35:18En somme,
00:35:20bien peu de choses
00:35:20de valeur.
00:35:22Il y a notamment
00:35:23un billet de 100 euros
00:35:25qui se trouvait
00:35:25sous un monnayeur
00:35:27et sa montre Festina.
00:35:30Une montre
00:35:31qui a été achetée
00:35:31dans un centre
00:35:32commercial de Dijon
00:35:33pour 150 euros.
00:35:36Le vol est décidément
00:35:38un mobile un peu mince.
00:35:41C'est une vieille maison
00:35:43en cours de rénovation.
00:35:45Il n'y a rien
00:35:45qui puisse attirer l'œil
00:35:47d'un cambrioleur.
00:35:50On ne voit aucun luxe,
00:35:52aucune valeur apparente.
00:35:54C'est une ferme
00:35:56qui est clôturée
00:35:56avec la présence
00:35:58de deux chiens.
00:35:59On imagine mal
00:36:00un cambrioleur
00:36:02osé pénétrer
00:36:03dans une telle propriété.
00:36:07Le jour du crime,
00:36:09les gendarmes
00:36:09ont bien retrouvé
00:36:10le collier du Rottweiler
00:36:11sur le sol de la véranda.
00:36:14Le meurtrier
00:36:15a donc réussi
00:36:16à apprivoiser
00:36:16les deux cerbères
00:36:17pour les enfermer
00:36:19dans la dépendance.
00:36:21On ne comprend pas bien
00:36:22comment il avait pu faire
00:36:23pour prendre le chien,
00:36:25détacher carrément
00:36:26le collier.
00:36:28Ce n'est pas un chat
00:36:29qu'on prend par la peau
00:36:29du cou,
00:36:30je ne pense pas.
00:36:32Il y a eu une expertise
00:36:33qui a été faite
00:36:34et une analyse toxicologique
00:36:35faite par un laboratoire
00:36:36vétérinaire
00:36:36qui a établi
00:36:38dit que les chiens
00:36:38n'avaient jamais été drogués.
00:36:42Une ferme décatie,
00:36:44un butin ridicule,
00:36:46un rôdeur
00:36:46ou plutôt
00:36:47un dresseur
00:36:48de chiens intrépide,
00:36:50tout ça ne colle pas.
00:36:52Les enquêteurs
00:36:53avancent à l'aveuglette.
00:36:56Il ne leur reste
00:36:56qu'un seul espoir
00:36:57que les techniques
00:36:58de police scientifique
00:36:59puissent les aider.
00:37:0112 jours après le crime,
00:37:03leurs spécialistes
00:37:04débarquent donc
00:37:04à la ferme.
00:37:05Les experts
00:37:09sont chargés
00:37:10de retrouver
00:37:10des éléments biologiques.
00:37:12Traces de sang,
00:37:13cellules de peau,
00:37:14poils, cheveux,
00:37:15tout ce qui permettrait
00:37:16d'identifier enfin
00:37:18le meurtrier
00:37:18de Valérie Barré.
00:37:20Un exercice
00:37:21d'autant plus compliqué
00:37:22qu'ils doivent travailler
00:37:23sur une scène
00:37:24de crime
00:37:24rutilante.
00:37:29La ferme est restée
00:37:30sous ses lits
00:37:30une nuit.
00:37:32On nous a dit
00:37:32vous pouvez nettoyer
00:37:33à partir de demain.
00:37:35On a nettoyé
00:37:36avec serpillères
00:37:38au javel.
00:37:41Il y avait
00:37:41des petites taches
00:37:42de sang
00:37:43un peu partout.
00:37:44On a frotté
00:37:44par terre.
00:37:47Et c'est
00:37:48pas évident.
00:37:52Les scellés
00:37:53avaient été élevés
00:37:54parce que
00:37:55apparemment
00:37:56toutes les constatations
00:37:57avaient été faites.
00:37:59Et par ailleurs,
00:37:59il fallait qu'on puisse
00:38:01accéder au logement
00:38:02pour récupérer
00:38:03des vêtements
00:38:04pour la fille.
00:38:08Raté de l'enquête ?
00:38:09Pas du tout,
00:38:10répond le juge
00:38:11d'instruction.
00:38:12On sait qu'avec
00:38:13le luminol,
00:38:14on retrouve toujours
00:38:15des traces de sang.
00:38:16Même si ça a été
00:38:17nettoyé,
00:38:18il faudrait passer
00:38:19des hectolitres d'eau
00:38:20pour arriver
00:38:21vraiment à nettoyer
00:38:22une selle.
00:38:23Soit.
00:38:25Les experts passent
00:38:25donc la pièce
00:38:26au luminol.
00:38:28Ils repèrent
00:38:29des traces brunâtres
00:38:29sur le sol en pierre,
00:38:31près de l'évier
00:38:32de la cuisine,
00:38:34sur le bas
00:38:34de la porte d'entrée.
00:38:37Mais ce ne sont
00:38:37que des traces.
00:38:39Les projections
00:38:40de sang
00:38:40ne sont plus visibles.
00:38:42Il est devenu
00:38:42impossible
00:38:43de reconstituer
00:38:44le scénario
00:38:45de l'agression.
00:38:50Après la maison,
00:38:51les experts
00:38:52passent au vélo
00:38:52véhicule,
00:38:54la camionnette,
00:38:55puis la voiture
00:38:56de Valérie Barry.
00:38:57Et là,
00:38:58surprise,
00:38:59il tombe
00:38:59sur une paire
00:39:00de chaussons,
00:39:01des pantoufles
00:39:02qui n'étaient pas là
00:39:02lors de la perquisition
00:39:03réalisée le lendemain
00:39:04du crime.
00:39:06Laurent Barry
00:39:06explique qu'elles sont
00:39:07à lui.
00:39:07Il a dû les prendre
00:39:08lorsqu'il a déménagé
00:39:09chez sa mère.
00:39:12Monsieur Barry
00:39:12avait posé
00:39:13ses chaussons
00:39:14dans la voiture
00:39:15et les avait oubliés
00:39:17lorsqu'il était arrivé
00:39:18chez ses parents.
00:39:20Jusque là,
00:39:21rien de suspect.
00:39:22Mais à y regarder
00:39:23de plus près,
00:39:25les gendarmes relèvent
00:39:25un détail,
00:39:27une petite tâche
00:39:28sur la semelle.
00:39:30Les chaussons
00:39:30sont aussitôt envoyés
00:39:31au laboratoire.
00:39:32Tandis que le laboratoire
00:39:40de police scientifique
00:39:41se penche
00:39:42sur ses microscopes,
00:39:44l'enquête
00:39:44continue à l'anneau.
00:39:46Laurent Barry
00:39:46a lâché
00:39:48un élément intéressant.
00:39:49L'un de ses anciens collègues
00:39:51tournait un peu
00:39:52autour de Valéry
00:39:53et il connaissait
00:39:54très bien la ferme.
00:39:55Je sais qu'il avait
00:40:02des vues sur Valéry
00:40:04puisque Valéry
00:40:05m'en avait parlé
00:40:05et elle avait très peur
00:40:06de lui.
00:40:07Donc à chaque fois
00:40:08qu'il rentrait
00:40:08dans la maison,
00:40:09elle essayait
00:40:10de ne pas se trouver
00:40:10dans la même pièce.
00:40:13Mais ce n'est pas évident.
00:40:16Cet homme,
00:40:17c'est Ludovic,
00:40:18un menuisier
00:40:19en reconversion professionnelle
00:40:21qui souhaitait se lancer
00:40:22dans l'aviculture.
00:40:24Laurent Barry
00:40:24l'a initié
00:40:26au rudiment du métier.
00:40:28En 2003,
00:40:29les deux hommes
00:40:30se retrouvaient souvent
00:40:31la nuit à la fraîche
00:40:32pour travailler
00:40:33dans l'abattoir.
00:40:35Ils passaient alors
00:40:36des heures en tête à tête
00:40:37à tuer
00:40:38et découper des volailles.
00:40:40Ils avaient envisagé
00:40:41tous les deux
00:40:41de s'associer
00:40:42pour poursuivre
00:40:43l'exploitation
00:40:44des poulets.
00:40:46Ils avaient eu
00:40:47un différent
00:40:47au niveau du partage
00:40:49des bénéfices
00:40:50et leurs relations
00:40:51avaient cessé.
00:40:55Il se met l'idée
00:40:55que Ludovic
00:40:56ait pu rentrer
00:40:57dans la propriété
00:40:58sans avoir peur
00:40:59des chiens
00:40:59et en lui-même
00:41:00étant capable
00:41:02de détacher les chiens,
00:41:03les enfermer.
00:41:05Ça se tient.
00:41:06L'homme n'a pas peur
00:41:07des deux mollos.
00:41:09Il connaît bien
00:41:09la ferme
00:41:10et la dépendance
00:41:11dont l'ouverture
00:41:13n'est pas commode.
00:41:14Les gendarmes
00:41:15qui avaient essayé
00:41:16d'ouvrir cette porte
00:41:17n'avaient pas réussi.
00:41:17Et c'est sur les explications
00:41:20de M. Barry
00:41:21qu'ils n'y étaient
00:41:21pas revus.
00:41:23Les gendarmes
00:41:23ne tergiversent pas,
00:41:25ils convoquent
00:41:25Ludovic
00:41:26pour une audition.
00:41:28Mais il n'a pas
00:41:28grand-chose à leur dire.
00:41:30Il n'a pas revu Laurent
00:41:31depuis la fin
00:41:31de leur collaboration,
00:41:33en juillet 2003,
00:41:34soit huit mois
00:41:35avant le crime.
00:41:36Quant à la mort
00:41:37de Valérie,
00:41:38il l'a prise
00:41:39par la presse.
00:41:42Ludovic nous dit
00:41:43qu'il n'y a jamais
00:41:43rien eu
00:41:44entre Valérie
00:41:45et lui,
00:41:46ni de l'avance
00:41:47de sa part
00:41:47proprement dit
00:41:49ou de la part
00:41:50de Valérie.
00:41:51Et il avait
00:41:52simplement constaté
00:41:52une petite crise
00:41:53de jalousie
00:41:54de la part
00:41:55de Laurent Barry
00:41:55un jour
00:41:56où il avait passé
00:41:57un petit moment
00:41:58avec Valérie
00:41:59à boire une bière
00:42:00et à discuter
00:42:00de choses et d'autres.
00:42:03Les gendarmes
00:42:04prennent tout de même
00:42:05ces empreintes
00:42:05et vérifient
00:42:07son emploi du temps.
00:42:10Ludovic,
00:42:11ce jour-là,
00:42:12nous précise
00:42:13qu'il s'est rendu
00:42:14chez ses parents
00:42:14au cours de la matinée
00:42:16afin de faire
00:42:17du bricolage.
00:42:18Donc chose
00:42:18qui a été confirmée
00:42:19par les parents
00:42:20proprement dit.
00:42:23La piste tourne court
00:42:25mais les gendarmes
00:42:26n'ont pas le temps
00:42:26de se laisser abattre
00:42:28car ils ont
00:42:29un autre type
00:42:30dans le collimateur.
00:42:34Un galouche
00:42:34qu'une boulangère
00:42:36du coin
00:42:36leur a signalé.
00:42:39Elle nous apprend
00:42:40qu'effectivement
00:42:42à l'occasion
00:42:42de rencontrer
00:42:43une personne
00:42:44qui a un comportement
00:42:45bizarre
00:42:46et qui se montre
00:42:49à elle
00:42:50avec des pancartes
00:42:52de femmes nues
00:42:52qui se comportent
00:42:54de façon étrange
00:42:54avec elle
00:42:55et qui lui ferait
00:42:57presque même peur.
00:43:01Cet homme
00:43:01s'appelle Pascal.
00:43:03Il a quitté
00:43:03l'anneau en 2001
00:43:04quelques mois
00:43:05avant que la famille
00:43:07Barry n'y emménage.
00:43:08Mais dans le hameau,
00:43:10tout le monde
00:43:10se souvient encore
00:43:11de lui.
00:43:12Les habitants
00:43:13dressent le portrait
00:43:14d'un vieux garçon
00:43:15qui vivait reclus
00:43:16avec ses bêtes.
00:43:18Une sorte
00:43:19d'homme des bois.
00:43:20Pascal, physiquement,
00:43:21c'est un grand gaillard
00:43:22costaud,
00:43:24un gros bouc
00:43:24des cheveux
00:43:27un petit peu
00:43:27emmêlés.
00:43:28Enfin,
00:43:28le vrai éleveur
00:43:31de chèvres.
00:43:33Et ses quelques boulots
00:43:34étaient commis
00:43:36de ferme
00:43:36à une époque.
00:43:37Il avait travaillé
00:43:39longtemps
00:43:40chez les anciens
00:43:41propriétaires
00:43:42de la maison
00:43:43de monsieur
00:43:44et madame Barry.
00:43:46Il avait comme réputation
00:43:47quelqu'un
00:43:47de simplet.
00:43:50Voilà.
00:43:52C'est un petit peu
00:43:53particulier.
00:43:57Il lui arrivait
00:43:58de temps à autre
00:43:59de prendre
00:44:01sa mobilette
00:44:01c'est de mettre
00:44:03un masque
00:44:04de gorille
00:44:05par exemple
00:44:06et de traverser
00:44:06le village
00:44:06comme ça
00:44:07pour ce qui
00:44:08sait sourire
00:44:09un petit peu
00:44:09tout le monde.
00:44:13Simple hurluberlu
00:44:15ou type dangereux.
00:44:17Ce qui est sûr,
00:44:18c'est que la boulangère
00:44:19en fait encore
00:44:19des cauchemars.
00:44:21Que les femmes
00:44:21le craignent.
00:44:23Que le gars
00:44:23connaît bien le hameau.
00:44:26Et qu'il n'est pas
00:44:26du genre
00:44:27à avoir peur
00:44:27des chiens.
00:44:31Le 7 avril 2004,
00:44:33les gendarmes
00:44:34vont donc lui rendre
00:44:35visite
00:44:35à quelques kilomètres
00:44:37de l'anneau.
00:44:38On peut penser
00:44:38qu'effectivement
00:44:39il ait très bien
00:44:39pu rencontrer Valérie,
00:44:41qu'il ait pu
00:44:41avoir des vues
00:44:43sur elle,
00:44:45qu'il ait vu
00:44:46qu'elle était seule
00:44:47à la maison.
00:44:48Pourquoi pas ?
00:44:51Et pour être bizarre,
00:44:52le suspect
00:44:53est bizarre.
00:44:55Pascal refuse
00:44:56de nous parler.
00:44:57Il est barricadé
00:44:58derrière sa fenêtre
00:44:59à l'étage.
00:45:01L'homme est buté.
00:45:06Inutile d'insister,
00:45:07il ne sortira pas.
00:45:09Les notaires,
00:45:09les gendarmes,
00:45:10tous dans le même panier.
00:45:12Il ne veut plus les voir.
00:45:13Qu'on lui fiche la paix.
00:45:16Qu'à cela ne tienne,
00:45:17les gendarmes reviendront.
00:45:19Mais quelques jours
00:45:20après sa première audition,
00:45:21Ludovic,
00:45:22l'apprenti
00:45:22de Laurent Barry,
00:45:23se ravise.
00:45:25D'avoir causé
00:45:25avec les gendarmes,
00:45:27ça lui a rappelé
00:45:27des souvenirs.
00:45:28Il nous dira
00:45:31que lors des nuits
00:45:33passées
00:45:33avec Laurent Barry
00:45:34dans l'abattoir,
00:45:35Laurent Barry
00:45:36s'est quelque peu
00:45:37confié à lui
00:45:37sur sa période
00:45:38de militaire,
00:45:40les trois ans
00:45:41qu'il a effectués,
00:45:42qui l'ont apparemment
00:45:43bien marqué.
00:45:48Un soir,
00:45:50alors qu'ils étaient
00:45:50en train
00:45:50de tuer des volailles,
00:45:52Laurent aurait même dit
00:45:53préférer tuer
00:45:55des humains
00:45:56que plutôt
00:45:56des animaux.
00:46:01Fanfaronnade,
00:46:02Laurent Barry
00:46:03a-t-il voulu impressionner
00:46:04son collègue
00:46:05à coups de récits militaires,
00:46:07de déboires
00:46:08de parachutistes
00:46:09et autres missions secrètes ?
00:46:11Les gendarmes
00:46:11retiennent quand même
00:46:12une chose,
00:46:13il y a dans ces récits
00:46:14une expérience
00:46:14qui résonne
00:46:15avec la scène de crime.
00:46:16Pour arriver
00:46:19à porter des coups
00:46:20d'une telle violence,
00:46:22il faut savoir
00:46:22parfaitement
00:46:23manipuler
00:46:24ce type de couteau.
00:46:26Ce sont des choses
00:46:27que les militaires
00:46:27apprennent
00:46:28si on ne sait pas
00:46:29comment le tenir,
00:46:30c'est l'auteur des coups
00:46:31qui se coupe les doigts.
00:46:34Mais l'idée
00:46:34ne fait pas plus
00:46:35de chemin que cela.
00:46:37Jusqu'à ce que
00:46:37le 2 septembre,
00:46:39Ludovic aille
00:46:39encore un peu plus loin.
00:46:41Cette fois,
00:46:42il accuse carrément
00:46:43Laurent Barry.
00:46:45D'après lui,
00:46:45l'éleveur aurait
00:46:47très mal vécu
00:46:47l'échec de son entreprise.
00:46:49Il se sentait
00:46:50dévalorisé.
00:46:51Il n'aurait plus
00:46:52supporté le regard
00:46:52de sa femme,
00:46:54son mépris.
00:46:57Tout cela sonne
00:46:57un peu comme une revanche.
00:46:59Laurent Barry
00:46:59l'a dénoncé.
00:47:01Ludovic
00:47:02lui rendrait-il
00:47:03la monnaie
00:47:03de sa pièce ?
00:47:05Après tout,
00:47:05le mari a un alibi
00:47:06et celui
00:47:07qui n'en a pas encore,
00:47:09c'est Pascal,
00:47:10le fou du village.
00:47:12La deuxième visite
00:47:14au domicile
00:47:14de Pascal,
00:47:15ressemble à la première.
00:47:17Il refuse de nous ouvrir
00:47:18sous la menace
00:47:20de forcer la porte
00:47:22et d'user
00:47:23de moyens
00:47:24plus importants.
00:47:26Pascal finira
00:47:26par accepter
00:47:28de nous ouvrir
00:47:28sa porte.
00:47:33Nous constatons
00:47:34que partout,
00:47:35sur les murs
00:47:36ou au sol,
00:47:37il y a des images
00:47:38de femmes nues
00:47:40dans toutes les pièces.
00:47:43Pascal nous dira
00:47:45préférer
00:47:46les images
00:47:47de femmes nues
00:47:48ou vraies.
00:47:49La fouille commence
00:47:52pièce par pièce.
00:47:55Les placards,
00:47:57les vêtements,
00:47:59mais une fois encore,
00:48:00la piste se termine
00:48:01en impasse.
00:48:04Le matin des faits,
00:48:05il nous a dit
00:48:06avoir été
00:48:07à Arnaud-Luc
00:48:08faire des courses,
00:48:09chose qui a été
00:48:10vérifiée
00:48:10et confirmée.
00:48:11On a l'impression
00:48:12que ça n'avance pas
00:48:13et on finit
00:48:14par se demander
00:48:15mais est-ce qu'un jour
00:48:16l'auteur sera découvert.
00:48:21Dominique,
00:48:22les résultats
00:48:22des différentes analyses
00:48:23de police
00:48:24techniques et scientifiques
00:48:25tombent les uns
00:48:26après les autres.
00:48:27Oui,
00:48:27et on ne retrouve Frédéric
00:48:28sur la scène de crime
00:48:29qu'un seul ADN,
00:48:30celui de Valérie Barry
00:48:30et on le retrouve logiquement
00:48:32sur la lame du couteau
00:48:33qui a servi à la tuer.
00:48:34En revanche,
00:48:35sur le manche de ce couteau
00:48:36où on pourrait espérer
00:48:37retrouver l'ADN
00:48:38de son agresseur,
00:48:39il n'y a rien,
00:48:40il n'y a aucun
00:48:41ADN.
00:48:42On sait que des cheveux
00:48:43vont être retrouvés
00:48:44sur son corps.
00:48:45Après analyse,
00:48:46on établit que ces cheveux
00:48:48lui appartiennent,
00:48:48en tout cas,
00:48:49ils ont son ADN
00:48:51mitochondrial.
00:48:52Les trois empreintes
00:48:53qui vont être retrouvées
00:48:54sur le monnayeur,
00:48:55elles vont être analysées,
00:48:57elles vont être comparées
00:48:58avec celles
00:48:58de plusieurs habitants
00:48:59du coin,
00:49:00dont Pascal et Ludovic
00:49:02et dans un premier temps,
00:49:03ça ne donne rien.
00:49:04Donc on va demander
00:49:05à un autre laboratoire,
00:49:06à l'Institut de recherche
00:49:07criminelle de la gendarmerie,
00:49:09de procéder
00:49:10à une deuxième
00:49:11expertise
00:49:11sur le monnayeur.
00:49:13Et les gendarmes
00:49:14vont dire que
00:49:15les trois empreintes
00:49:16sont celles
00:49:17de Laurent Barry,
00:49:18celles de son pouce gauche,
00:49:20celles de son annulaire gauche
00:49:21et celles de son pouce droit.
00:49:23Il est donc
00:49:24la dernière personne
00:49:25à avoir touché
00:49:26le monnayeur,
00:49:27ce fameux monnayeur,
00:49:28et ça c'est quand même
00:49:29assez bizarre,
00:49:30dont il dira
00:49:31au gendarme,
00:49:32en dessous il y avait
00:49:32un billet de 100 euros
00:49:33et ce billet de 100 euros
00:49:34a été volé.
00:49:35Donc si un voleur
00:49:37a soulevé le monnayeur
00:49:38même avec des gants
00:49:40pour prendre ce billet
00:49:41de 100 euros,
00:49:42il aurait pu
00:49:43ne pas laisser de traces.
00:49:44Mais là,
00:49:45le monnayeur
00:49:45est couvert de poussière.
00:49:47Donc même avec des gants,
00:49:48il aurait laissé la trace
00:49:49d'un doigt dans la poussière.
00:49:51Dernier point,
00:49:52les traces suspectes
00:49:53qui sont relevées
00:49:54par le laboratoire
00:49:55de police scientifique
00:49:56dans la cuisine
00:49:58et sur une porte,
00:49:59c'est trace.
00:50:01On pensait que c'était
00:50:01du sang,
00:50:02ça n'est pas du sang.
00:50:03Et en revanche,
00:50:04sur les chaussons,
00:50:04c'est du sang
00:50:05ce qu'on a retrouvé ?
00:50:06Oui,
00:50:06sur les chaussons,
00:50:07c'est bien du sang.
00:50:08C'est le sang de Valérie.
00:50:10Ça veut dire finalement
00:50:11que les deux seuls noms
00:50:13qui ressortent des analyses,
00:50:15c'est celui de Valérie
00:50:16et c'est celui de Laurent.
00:50:18Ça n'a rien d'étonnant
00:50:19puisque cette maison
00:50:20est la leur.
00:50:22En revanche,
00:50:23si une autre personne
00:50:24est entrée
00:50:24pour agresser Valérie,
00:50:26pour voler ces 100 euros,
00:50:28elle n'a laissé
00:50:29aucune trace,
00:50:30aucun ADN.
00:50:31On précise quand même,
00:50:33que le laboratoire
00:50:34de police scientifique
00:50:34intervient 12 jours
00:50:36après le meurtre
00:50:37et qu'entre-temps,
00:50:38le ménage a été fait
00:50:40de fond en comble
00:50:41dans la maison.
00:50:46Pendant un an et demi,
00:50:47l'enquête stagne.
00:50:49Les gendarmes
00:50:50butent toujours
00:50:50sur le même écueil.
00:50:52Un meurtre,
00:50:53mais pas de traces étrangères.
00:50:54pas de témoins,
00:50:56plus aucun indice
00:50:57et plus de suspects.
00:51:00Ils n'ont pas de pistes,
00:51:02ils n'ont pas de...
00:51:04Donc,
00:51:05Laurent continue toujours
00:51:07à aller les voir
00:51:09et...
00:51:11On ne sait pas,
00:51:11on ne sait pas
00:51:12ce qui se passe.
00:51:14c'est au point mort.
00:51:19Mais en octobre 2005,
00:51:21le dossier change de main.
00:51:24Claude Rousseau,
00:51:24un nouveau directeur
00:51:25d'enquête,
00:51:26est nommé
00:51:26pour élucider
00:51:27le mystère de l'anneau.
00:51:29Un œil neuf,
00:51:30peut-être trouvera-t-il
00:51:31un élément
00:51:32qui a échappé
00:51:32à ses collègues.
00:51:33Le gendarme
00:51:35reprend tout à zéro.
00:51:37Là où l'affaire a commencé,
00:51:39l'appel de Laurent Barry
00:51:41aux pompiers.
00:51:43Elle est vraiment
00:51:44à part,
00:51:45cette conversation.
00:51:46Quand on l'a écoutée,
00:51:47il y a un grand silence
00:51:49qui...
00:51:50entre enquêteurs
00:51:51parce qu'il est hystérique
00:51:52au téléphone.
00:51:53On ne le tire pas du tout.
00:51:55Non !
00:51:55Je ne le tire pas,
00:51:57monsieur.
00:51:58Vous ne voyez pas vos chiens.
00:51:59Non !
00:52:00D'accord,
00:52:00votre téléphone est courte
00:52:01sur la route, monsieur.
00:52:02D'accord ?
00:52:02D'accord !
00:52:03Je ne sais pas !
00:52:05Je ne sais pas !
00:52:07D'accord !
00:52:08Des cris,
00:52:12des pleurs,
00:52:14un homme en détresse.
00:52:15Mais ce n'est pas
00:52:16ce qui retient
00:52:17l'attention du gendarme.
00:52:18Il entend autre chose.
00:52:21Un bruit ténu
00:52:22en arrière-fond.
00:52:25On ne les entend pas
00:52:26très distinctement.
00:52:27Il faut tendre l'oreille.
00:52:29C'est au milieu
00:52:29des...
00:52:30Comment ?
00:52:30Des poulets,
00:52:32des oies,
00:52:33enfin tout ce qu'il a
00:52:34au milieu de sa propriété.
00:52:36Mais on entend,
00:52:37on arrive à entendre
00:52:38les aboiements des chiens.
00:52:43Des aboiements de chiens,
00:52:45pile au moment
00:52:46où Laurent Barry hurle
00:52:47qu'il ne trouve pas
00:52:47les molosses.
00:52:51On ne peut pas déterminer
00:52:52que ce sont ces chiens
00:52:54qu'on entend sur l'enregistrement
00:52:55avec certitude.
00:52:56On a quand même vérifié
00:52:58si dans l'environnement
00:52:59de son habitation,
00:53:00si ça pouvait être
00:53:01l'aboiement d'autres chiens.
00:53:03Or, le premier chien
00:53:04qui se trouvait
00:53:05au plus près de son habitation,
00:53:06il était environ à 150 m.
00:53:07Donc, ces chiens,
00:53:08si on les entend en fond sonore,
00:53:09lui, il doit les entendre
00:53:10quand même très distinctement
00:53:11puisqu'ils étaient enfermés
00:53:13à environ 10 m de lui.
00:53:15Il y a quelque chose
00:53:15qui ne colle pas.
00:53:16Il faut s'en assurer.
00:53:19L'enregistrement part aussitôt
00:53:21à l'IRCGN,
00:53:22l'Institut technique
00:53:23de la gendarmerie.
00:53:25Et l'adjudant Rousseau
00:53:26ne s'était pas trompé.
00:53:29On a la confirmation
00:53:30que Laurent Barry,
00:53:31lorsqu'il demande
00:53:32où se trouvent ces chiens,
00:53:33quand il crie
00:53:33où sont mes chiens,
00:53:34où sont mes chiens,
00:53:35que ces chiens,
00:53:35ils sont bien enfermés
00:53:36à une dizaine de mètres de lui
00:53:38dans une remise.
00:53:42Laurent Barry a-t-il menti ?
00:53:44Savait-il depuis le début
00:53:46que les chiens étaient
00:53:46dans la dépendance ?
00:53:48Ou ne les a-t-il pas entendus ?
00:53:50Tout simplement.
00:53:52Bizarre.
00:53:53Mais ce n'est pas
00:53:54le seul élément troublant.
00:53:56Le gendarme poursuit sa lecture.
00:53:59Il arrive maintenant
00:54:00à la scène de crime.
00:54:02Et cette histoire
00:54:03de cambriolage
00:54:04lui paraît sacrément bancale.
00:54:06Les paires de chaussettes,
00:54:08la tasse mug,
00:54:09les bas de survêtements
00:54:10qui disparaissent
00:54:11alors que tous les bijoux
00:54:13sont encore dans leur coffret.
00:54:14Il y avait la chambre
00:54:15de leur enfant
00:54:16qui n'avait pas été visitée
00:54:18et dans laquelle
00:54:19il y avait une collection
00:54:20de pièces de monnaie
00:54:21qui avait quand même
00:54:22une certaine valeur.
00:54:24Comme par hasard,
00:54:24cette collection-là
00:54:25n'est pas volée.
00:54:26Et d'ailleurs,
00:54:26la chambre de l'enfant
00:54:27n'est pas fouillée non plus.
00:54:29Pas de fouille
00:54:30et pas de traces.
00:54:32À croire que c'est un fantôme
00:54:34qui a soulevé le monnayeur
00:54:35pour prendre le billet
00:54:36de 100 euros.
00:54:37Et moi,
00:54:38il me faut des réponses
00:54:39de la part de M. Barry
00:54:40parce que maintenant,
00:54:40mes interrogations,
00:54:41moi,
00:54:41elles se portent sur M. Barry.
00:54:43S'il y a un faux cambriolage,
00:54:44qui a pu commettre
00:54:44ce faux cambriolage ?
00:54:46Avant d'aller interroger
00:54:54le suspect,
00:54:55le directeur d'enquête
00:54:56reprend les premières auditions.
00:54:59L'ambiance,
00:54:59il est barri ?
00:55:00Laurent l'avait reconnu
00:55:01sans difficulté.
00:55:03Il y avait des hauts et des bas
00:55:04comme dans tous les couples.
00:55:06Mais si c'était plus grave ?
00:55:08Si le mari avait un peu
00:55:10édulcoré la vérité ?
00:55:16La campagne,
00:55:19la vie en plein air,
00:55:20les paniers de légumes.
00:55:23Le tabou était-il trop idyllique ?
00:55:27Je vais reprendre
00:55:27les investigations,
00:55:28moi,
00:55:28de l'environnement
00:55:29du mari et de l'épouse
00:55:30parce que, bon,
00:55:31ça transpirait un peu
00:55:32au départ du dossier.
00:55:33Je veux dire,
00:55:34c'est un couple
00:55:34qui était un petit peu
00:55:35en conflit.
00:55:36Mais on n'avait pas
00:55:37de détails,
00:55:38on va dire,
00:55:39vraiment très probants
00:55:40mis à part quelques auditions.
00:55:43Les gendarmes
00:55:44entendent alors Thomas,
00:55:45le fils de Valérie.
00:55:47Pendant plusieurs mois,
00:55:48le gamin âgé de 12 ans
00:55:49a été en conflit
00:55:50avec son beau-père.
00:55:52Dans un courrier,
00:55:53une psychologue,
00:55:54il s'est plaint
00:55:55de ses brimades.
00:55:57Il l'a même accusé
00:55:57de lui avoir volé
00:55:58des livres scolaires
00:55:59et l'acérée des baskets.
00:56:02En septembre 2003,
00:56:03six mois avant le meurtre,
00:56:05cette histoire avait pris
00:56:06des proportions délirantes.
00:56:08Monsieur Barry
00:56:08se présente
00:56:09à la brigade
00:56:10de Puy-Noxon
00:56:10où je suis chargée d'accueil
00:56:11et il souhaite
00:56:13déposer plainte
00:56:14contre son beau-fils
00:56:15qui est âgé de 12 ans
00:56:16pour des propos diffamatoires.
00:56:21Dans un premier temps,
00:56:22j'ai souhaité
00:56:23relativiser.
00:56:25Je lui ai dit
00:56:25qu'il était peut-être
00:56:26préférable de discuter
00:56:27avec le jeune homme,
00:56:28la maman,
00:56:29plutôt que d'en arriver
00:56:30à une extrémité
00:56:31telle que le dépôt de plainte.
00:56:32Mais il n'a rien voulu savoir.
00:56:34Il était très têtu.
00:56:35Il n'y avait aucun moyen
00:56:35de discuter,
00:56:36donc j'ai enregistré
00:56:37son dépôt de plainte.
00:56:40À l'époque,
00:56:41la gendarme avait voulu
00:56:42en savoir plus.
00:56:43Elle s'était rendue
00:56:44à l'anneau.
00:56:45Valérie Barry
00:56:46semblait fatiguée,
00:56:47désabusée.
00:56:50Les querelles
00:56:50entre Thomas
00:56:51et son mari,
00:56:52des mois que ça durait
00:56:53et elle ne savait plus
00:56:54quoi faire.
00:56:56On a discuté calmement
00:56:57et puis là,
00:56:58elle a éclaté en pleurs
00:57:00et elle a dit
00:57:01que c'était une vie
00:57:02qu'elle ne voulait pas.
00:57:03Elle avait quitté
00:57:04son appartement douillet
00:57:05pour venir vivre
00:57:06à la campagne.
00:57:07Finalement,
00:57:08on se rendait compte
00:57:08qu'ils avaient
00:57:09des problèmes financiers,
00:57:10qu'elle avait dû
00:57:10tout sacrifier
00:57:11pour cette vie
00:57:13à la campagne
00:57:13et ce n'était pas
00:57:14ce qu'elle voulait.
00:57:17Une vie familiale
00:57:18chaotique
00:57:19chez un couple
00:57:20qui était au bord
00:57:21de la faillite.
00:57:23Je m'aperçois
00:57:26dans le dossier
00:57:26en relisant
00:57:27la partie financière
00:57:28qu'il y a plus
00:57:29de 2 000 euros
00:57:29de découvert à la banque,
00:57:30qu'ils viennent
00:57:30de recevoir
00:57:31une facture
00:57:31de 800 euros
00:57:32d'électricité,
00:57:33qu'ils ont demandé
00:57:34un report
00:57:34d'emprunts,
00:57:35de mensualité d'emprunts
00:57:36parce qu'ils n'arrivaient
00:57:37plus à payer.
00:57:39117 000 euros
00:57:40de crédit
00:57:41à rembourser.
00:57:43Fin 2003,
00:57:44les barils étaient
00:57:45franchement dans le rouge.
00:57:48Je pense qu'ils avaient
00:57:49tellement des soucis financiers
00:57:50que quelque part
00:57:53se sont éloignés.
00:57:58Laurent dormait
00:57:59dans son camion,
00:58:02mais il ne nous en a jamais
00:58:04parlé beaucoup
00:58:05de cette période.
00:58:09Une famille
00:58:10en miettes,
00:58:11une ferme
00:58:12devenue
00:58:12un gouffre financier,
00:58:14un couple
00:58:14sur le déclin.
00:58:16La peinture bucolique
00:58:17s'écaille.
00:58:17Valérie
00:58:19aurait même songé
00:58:21à tout plaquer.
00:58:22Grâce à la téléphonie,
00:58:23les gendarmes
00:58:24retrouvent l'agent immobilier
00:58:25qu'elle a contacté
00:58:26fin 2003.
00:58:28Elle voulait quitter
00:58:28l'anneau.
00:58:32Sauf que l'agent immobilier
00:58:33m'explique qu'en fait
00:58:35il avait commis
00:58:36un impair.
00:58:37C'est-à-dire qu'après
00:58:38avoir trouvé un logement,
00:58:39il voulait en informer
00:58:39Mme Barry,
00:58:40il avait téléphoné
00:58:40chez elle.
00:58:41Il était tombé
00:58:41sur son mari,
00:58:42donc Laurent Barry,
00:58:43et il lui avait expliqué
00:58:44« Tiens, votre femme
00:58:46est venue me voir
00:58:46pour un logement,
00:58:48j'en ai trouvé un,
00:58:49tout ça, etc. »
00:58:50Et Laurent Barry
00:58:50n'était au courant
00:58:51de rien du tout.
00:58:53Le lendemain,
00:58:55Valérie s'est ravisée,
00:58:56mais le couple
00:58:57était au bord du divorce.
00:58:59Alors, ce 26 mars 2004,
00:59:02y a-t-il eu
00:59:02la dispute de trop ?
00:59:06Les proches du couple
00:59:07temporisent.
00:59:08Depuis février,
00:59:09les Barry
00:59:10semblent aller mieux.
00:59:11C'était juste
00:59:11une mauvaise passe.
00:59:14Ils s'embrassaient,
00:59:15ils étaient repartis ensemble.
00:59:20Ils avaient des crises
00:59:21comme tous les couples,
00:59:22mais ils savaient aussi
00:59:22se réconcilier.
00:59:25Ils ont été au restaurant
00:59:26tous les deux
00:59:27pour fêter la Saint-Valentin.
00:59:30Donc, quand vous ne vous
00:59:31entendez plus,
00:59:32vous ne fêtez pas
00:59:33la Saint-Valentin.
00:59:36Après vérification,
00:59:38le couple a bien passé
00:59:39la soirée
00:59:39dans un restaurant
00:59:40gastronomique.
00:59:42Mais était-ce bien
00:59:42une réconciliation ?
00:59:44Ces soubresauts
00:59:45racontaient-ils
00:59:46la vie d'un couple
00:59:47ordinaire
00:59:48ou annonçaient-ils
00:59:49les dernières heures
00:59:50de Valérie Barry ?
00:59:52Laurent Barry
00:59:54a donc un mobile,
00:59:56mais il a toujours
00:59:56un alibi.
00:59:58Près de deux ans
00:59:58après le drame,
00:59:59le 17 janvier 2006,
01:00:01les gendarmes
01:00:01convoquent de nouveau
01:00:02l'éleveur.
01:00:04Mais cette fois,
01:00:05ils le placent
01:00:06en garde à vue.
01:00:06Alors que l'interrogatoire
01:00:10n'a pas encore commencé,
01:00:12le téléphone sonne
01:00:13à la section de recherche.
01:00:16C'est un gendarme.
01:00:17Il appelle de chez
01:00:18Chantal Barry
01:00:19où une deuxième équipe
01:00:20fait une perquisition.
01:00:21« Et il me dit
01:00:23Claude, tu vas rigoler,
01:00:25en gros,
01:00:25tu sais ce qu'on vient
01:00:26de retrouver ? »
01:00:27Il dit la montre.
01:00:27« La montre Festina
01:00:30qui nous a bassinés
01:00:31pendant un an,
01:00:32qu'on a recherchées,
01:00:33qu'on était
01:00:33dans le bijoutier,
01:00:34il me dit
01:00:34« Ouais, ouais,
01:00:35on vient de la retrouver. »
01:00:37Je lui dis
01:00:37« Bon, alors là,
01:00:37c'est franchement étonnant. »
01:00:39La fameuse montre
01:00:40était dans le tiroir
01:00:42de la table de chevet
01:00:43de Laurent Barry
01:00:44chez sa mère
01:00:45depuis plus d'un an.
01:00:48Voilà de quoi
01:00:49le cuisinèrent un peu.
01:00:51À 16 heures,
01:00:52le face-à-face commence.
01:00:55« Dès le départ,
01:00:55il a un comportement
01:00:56qui me surprend,
01:00:59c'est le moins
01:00:59qu'on puisse dire.
01:01:00C'est qu'il m'appelle
01:01:01mon adjudant.
01:01:03Et ça,
01:01:03c'est quelque chose
01:01:03qui m'a marqué.
01:01:04J'ai pris quand même
01:01:04des centaines de gardes à vue
01:01:06dans ma carrière.
01:01:07J'ai aucune personne
01:01:08que j'ai placée
01:01:09en garde à vue
01:01:09qui m'appelait
01:01:10par mon grade.
01:01:10Je me suis dit
01:01:11« En face de moi,
01:01:11j'ai un militaire.
01:01:12Ça va être chaud,
01:01:13ça va être rude. »
01:01:13Parce que,
01:01:14bon, le gars,
01:01:15il a quand même
01:01:15assez tendu.
01:01:17Donc, bon,
01:01:18il va falloir trouver
01:01:18la clé
01:01:19pour ouvrir
01:01:20l'armoire forte.
01:01:24Le suspect
01:01:24joulait dur à cuire.
01:01:26Alors,
01:01:26le gendarme biaise.
01:01:28Il fait la conversation.
01:01:29Son passé militaire,
01:01:31sa famille,
01:01:31ses enfants.
01:01:33Et puis,
01:01:33de temps en temps,
01:01:35sa femme.
01:01:36Mais aucune réelle.
01:01:37Il va dire
01:01:38« Qu'est-ce que vous pensez,
01:01:39mon adjudant ?
01:01:40Vous croyez que c'est moi
01:01:40qui ai tué ma femme ? »
01:01:41Mais non.
01:01:42Pendant plus d'une journée,
01:01:44il va nier les faits
01:01:45ou nous redonner
01:01:45quasiment les mêmes réponses
01:01:47qu'il avait fournies
01:01:47autour des deux,
01:01:48trois premières auditions
01:01:49en qualité de témoin.
01:01:52Le gendarme
01:01:53tente alors
01:01:54un coup de poker.
01:01:54Moi,
01:01:56le but,
01:01:56quand je lui ai montré,
01:01:57c'était de faire
01:01:57un électrochop,
01:01:58de dire « Voilà,
01:01:59maintenant,
01:01:59on va parler du meurtre
01:02:00de votre femme
01:02:01et ça,
01:02:02c'est le couteau
01:02:03qui a servi
01:02:03à tuer votre femme.
01:02:04Et c'est un couteau
01:02:05que vous avez déjà eu
01:02:05dans les mains
01:02:06parce que c'était
01:02:06le couteau
01:02:07qui venait de l'abattoir. »
01:02:11Pas de réaction
01:02:12pour le couteau
01:02:12et pas davantage
01:02:14lorsqu'on lui parle
01:02:15de la montre
01:02:15soi-disant volée.
01:02:16« C'est un oubli de ma part,
01:02:22j'ai oublié de vous le signaler. »
01:02:24Moi, je vous le dis franchement,
01:02:25je lui dis comme ça,
01:02:26je lui dis « Vous foutez de ma gueule. »
01:02:27Ça fait un an et demi
01:02:29qu'on cherche votre montre là,
01:02:31qu'on l'a signalée,
01:02:31tout ça, etc.
01:02:32Elle est dans le tiroir
01:02:33de votre table de chevet
01:02:33dans la chambre
01:02:34et vous ne vous le signalez pas.
01:02:35Alors, je lui dis « Le reste,
01:02:36c'est où ? »
01:02:37Je lui dis « Le reste,
01:02:38les habits,
01:02:38la tasse mug,
01:02:39tout ça, etc. »
01:02:40C'est pareil,
01:02:40c'est dans la maison,
01:02:41ça a été planqué quelque part.
01:02:43Au final,
01:02:43il n'y a pas de cambriolage
01:02:44chez vous.
01:02:46Une fois de plus,
01:02:48Laurent Barry élude.
01:02:49Il est 21h,
01:02:51le gendarme décrète une pause.
01:02:55On discute avec lui,
01:02:56tout ça,
01:02:57et puis là,
01:02:58je lui dis,
01:02:58je lui dis « Mais on va où ? »
01:03:00En gros,
01:03:00je lui dis « On va finir
01:03:02la guerre d'avus,
01:03:02on n'aura toujours pas de réponse. »
01:03:04Je lui dis « On va rester
01:03:05avec ce soupçon sur vous,
01:03:07tout ça. »
01:03:07Et c'est là qu'il dit,
01:03:08en rentrant,
01:03:09j'ai fait un faux cambriolage.
01:03:12Enfin,
01:03:13les choses avancent.
01:03:14Laurent Barry explique
01:03:15qu'il a paniqué
01:03:16en découvrant le corps
01:03:17de sa femme.
01:03:17Il a eu peur
01:03:18qu'on l'accuse.
01:03:20Alors,
01:03:21il a maquillé
01:03:22la scène de crime.
01:03:24Le sac à main renversé,
01:03:26c'est lui.
01:03:27Les vêtements en vrac,
01:03:28c'est lui aussi.
01:03:29Et les bijoux,
01:03:30encore lui.
01:03:32Mais ce n'est pas tout.
01:03:34Les chiens aussi,
01:03:35c'est lui
01:03:35qui les a enfermés
01:03:36dans la dépendance.
01:03:38Mais il donnait
01:03:38une explication aussi.
01:03:39C'est parce que
01:03:40sa femme,
01:03:41elle n'aimait pas
01:03:42que les chiens
01:03:42se trimballent,
01:03:43qu'ils rentrent dans la pièce,
01:03:45ça faisait des saletés,
01:03:45tout ça.
01:03:46Enfin bon,
01:03:46des choses comme ça.
01:03:47Donc ce jour-là,
01:03:48il décide exceptionnellement.
01:03:49C'est le seul jour.
01:03:50Elle lui demande
01:03:51d'enfermer les chiens
01:03:51ce jour-là.
01:03:52Laurent Barry
01:03:54savait parfaitement
01:03:55où étaient ses chiens.
01:03:57Il ment donc.
01:03:58Depuis le début.
01:03:59Pire,
01:04:00il a joué la comédie
01:04:01dès son appel aux pompiers.
01:04:04Il va reconnaître
01:04:04une partie,
01:04:06ce qui est acceptable
01:04:06pour lui de reconnaître.
01:04:07Et il dit que
01:04:08avant de partir,
01:04:09il s'est disputé
01:04:09avec son épouse
01:04:10au sujet de la façon
01:04:11de poncer les poutres.
01:04:13Une dispute,
01:04:15mais rien d'autre.
01:04:16Laurent Barry le martèle,
01:04:18il n'a pas tué sa femme.
01:04:19Et il persiste
01:04:20chez le juge d'instruction.
01:04:22C'était juste
01:04:23une querelle futile.
01:04:24Il est victime
01:04:25d'une erreur judiciaire.
01:04:27Il est plutôt revendicatif.
01:04:29Il dit,
01:04:30je suis innocent.
01:04:31En fait,
01:04:32il ne comprend pas
01:04:32pourquoi il est là.
01:04:34Le 19 janvier 2006,
01:04:36Laurent Barry
01:04:37est mis en examen
01:04:37pour meurtre.
01:04:39Le juge le laisse
01:04:40en liberté
01:04:40avant de l'écrouer
01:04:41à la maison d'arrêt
01:04:42de Dijon
01:04:43un mois plus tard.
01:04:52Kevin Barry,
01:04:53vous étiez encore très jeune
01:04:54quand votre père
01:04:56a été mis en cause
01:04:57et incarcéré.
01:04:58Comment vous avez réagi ?
01:05:00Je me suis dit,
01:05:01oui,
01:05:01on est en France.
01:05:03La justice,
01:05:03elle sait ce qu'elle fait.
01:05:05Il y a des enquêteurs.
01:05:06On a quand même
01:05:06un système
01:05:07qui est assez bien fait
01:05:09au niveau de la justice.
01:05:11Je me suis dit,
01:05:13ça peut être lui.
01:05:14Vous avez douté
01:05:15de votre père ?
01:05:15Oui, honnêtement.
01:05:16Je lui ai demandé
01:05:17s'il l'avait fait.
01:05:19c'était lui.
01:05:20Il m'a répondu que non.
01:05:21J'ai vu,
01:05:23ce n'est pas quelque chose
01:05:24que vous pouvez expliquer.
01:05:26Je sais que ce n'est pas lui.
01:05:27Ce n'est pas quelqu'un
01:05:28de violent.
01:05:29Il a une grande gueule,
01:05:30c'est sûr,
01:05:30mais ce n'est pas quelqu'un
01:05:31de violent.
01:05:31Vous ne l'avez jamais vu
01:05:32frapper qui que ce soit ?
01:05:33Il a été avec ma mère
01:05:34pendant des années.
01:05:36Ils se sont séparés
01:05:37en bon terme,
01:05:38il a eu des copines
01:05:39à gogo.
01:05:40Il n'y a jamais eu de souci.
01:05:43Donc votre père vous dit
01:05:44que ce n'est pas lui
01:05:45et c'est uniquement
01:05:46à cause de ça
01:05:47que vous le croyez
01:05:48ou il y a d'autres choses ?
01:05:49Après, j'ai essayé
01:05:49de me faire ma propre opinion
01:05:50parce que je me suis dit
01:05:51si c'est lui,
01:05:54il ne me le dira pas
01:05:55ou il ne peut pas être sincère,
01:05:58il peut garder ça pour lui.
01:05:59Donc je me suis intéressé
01:06:00au dossier.
01:06:01J'ai commencé à le lire,
01:06:02à essayer de le lire
01:06:03parce qu'il y a quand même
01:06:04pas mal de termes scientifiques
01:06:05que je ne comprenais pas,
01:06:06etc.
01:06:07Donc avec Internet,
01:06:08avec pas mal de choses,
01:06:09j'ai réussi à me débrouiller.
01:06:10Et honnêtement,
01:06:11au bout de deux semaines,
01:06:12vous comprenez
01:06:12qu'il y a quand même
01:06:13des choses aberrantes.
01:06:15On n'assassine pas
01:06:16sa femme comme ça,
01:06:17je veux dire,
01:06:17ce n'est pas juste
01:06:18un coup de fusil
01:06:19ou un coup de poing
01:06:20qui conduit à ça.
01:06:23Là, c'est quand même
01:06:24un meurtre violent.
01:06:26C'est deux coups
01:06:26derrière la tête
01:06:27qui l'ont tué
01:06:28et après,
01:06:28c'est des coups de couteau.
01:06:29Moi, j'ai vu les photos,
01:06:30il y avait vraiment
01:06:31une rage, une haine.
01:06:32Et pour qu'il y ait
01:06:32cette rage et cette haine,
01:06:33il faut qu'il y ait quelque chose.
01:06:34Ce n'est pas juste
01:06:35une dispute qui a mal tourné.
01:06:37Ce n'est pas possible.
01:06:38Vous avez pu aller le voir
01:06:40en prison ?
01:06:41Alors, au début, non.
01:06:43Le juge refusait
01:06:43de nous délivrer
01:06:44un permis de visite
01:06:45pour faire pression
01:06:45sur mon père.
01:06:47Et à la suite de ça,
01:06:49oui, on a pu aller
01:06:50le voir en prison.
01:06:51Et qu'est-ce qu'il vous a dit ?
01:06:52Il nous a expliqué
01:06:53un petit peu
01:06:53ce qui se passait.
01:06:54Donc, la justice
01:06:56pensait que c'était lui.
01:06:57Puis, à partir de là,
01:06:59là, ça a vraiment commencé
01:07:00à ne plus aller bien.
01:07:01Il a fait une grève
01:07:02de la faim,
01:07:02un tort à de suite
01:07:03de suicides, etc.
01:07:04Il renonce,
01:07:05il se dit que
01:07:06si la justice
01:07:07pense que c'est lui
01:07:08et que...
01:07:09Enfin, s'il a la justice
01:07:09contre lui,
01:07:10il est foutu, quoi.
01:07:11Lui, c'est ce qu'il se dit
01:07:12à ce moment-là.
01:07:13Il me dit
01:07:14de toute façon,
01:07:14je ne sortirai pas.
01:07:16Enfin, on n'a pas assez
01:07:17d'argent pour avoir
01:07:18un avocat d'une de ce nom,
01:07:19etc., etc.
01:07:25Maître de la morinerie
01:07:26quelques mois
01:07:27après la mort de Valérie,
01:07:29Laurent Barry
01:07:29a fait la connaissance
01:07:30d'une nouvelle femme
01:07:31et c'est elle
01:07:31qui vous a contactée.
01:07:33Quelle est votre
01:07:34première intuition
01:07:34quand elle vous raconte
01:07:35l'histoire ?
01:07:36Mon premier sentiment,
01:07:38c'est quand même
01:07:38d'être interpellée
01:07:39par ce faux cambriolage
01:07:40et donc,
01:07:41quand je le rencontre
01:07:42en détention,
01:07:42je vois un homme
01:07:43totalement ravagé
01:07:44par la douleur.
01:07:46J'ai vraiment le sentiment
01:07:47d'avoir face à moi
01:07:48un homme qui était
01:07:49profondément amoureux
01:07:50de sa femme
01:07:50et qui...
01:07:51Qui est en plein deuil,
01:07:52en fait.
01:07:52Qui est extrêmement malheureux
01:07:53et qui est en plein deuil,
01:07:54oui,
01:07:54et qui ressent
01:07:55comme une injustice
01:07:56absolument profonde
01:07:59de se retrouver là.
01:08:00Laurent Barry
01:08:00a quand même avoué
01:08:02ce faux cambriolage,
01:08:05comment il le justifie ?
01:08:06Alors ça,
01:08:07il le justifie
01:08:07en disant
01:08:08qu'il avait
01:08:08d'extrêmes mauvaises relations
01:08:10avec son beau-père,
01:08:11qu'il le détestait,
01:08:12qu'il n'avait jamais
01:08:12supporté le mariage
01:08:14avec sa fille
01:08:15et il était persuadé
01:08:17que lorsque son beau-père
01:08:19apprendrait le décès
01:08:19de son épouse,
01:08:20immédiatement,
01:08:21il serait accusé.
01:08:22Et d'ailleurs,
01:08:23c'est ce qui se passe,
01:08:23c'est-à-dire que lorsque
01:08:24le beau-père est entendu,
01:08:26immédiatement,
01:08:27il accuse Laurent Barry
01:08:28en disant
01:08:28« Non, mais c'est lui,
01:08:29ça ne peut être que lui ».
01:08:30Quels sont les éléments
01:08:31pour vous
01:08:32qui plaident
01:08:32en faveur de son innocence ?
01:08:34Déjà,
01:08:35il y a une chronologie
01:08:36des faits.
01:08:37Il y a un temps
01:08:38de déplacement
01:08:39puisqu'il avait
01:08:39un élevage
01:08:40de poulets,
01:08:42il est parti livrer
01:08:43ses poulets à Dijon,
01:08:44donc on a quand même
01:08:45tout un parcours
01:08:45et on a à ce moment-là
01:08:47le jour des faits,
01:08:48un médecin urgentiste
01:08:49qui intervient,
01:08:50qui nous fixe la mort
01:08:52approximativement
01:08:53à 10h30,
01:08:54à 10h30,
01:08:55Barry est en train
01:08:56de livrer ses poulets,
01:08:57donc il n'est pas sur place.
01:08:57Ça, c'est certain.
01:08:58Voilà, ça, c'est certain.
01:08:59Ensuite,
01:09:00on a le médecin légiste
01:09:01qui va aussi
01:09:02nous situer la mort
01:09:04entre 9h45 et 11h30.
01:09:06Donc là aussi,
01:09:06il n'est pas là.
01:09:07Ensuite,
01:09:08il y a un autre élément
01:09:08qui était extrêmement important,
01:09:10c'est que
01:09:10quand il part de la maison,
01:09:13plusieurs personnes,
01:09:14deux ou trois personnes,
01:09:15constatent que
01:09:16le camion est garé
01:09:17avec l'avant
01:09:18direction du portail,
01:09:20direction de la rue
01:09:20pour pouvoir partir.
01:09:21On va voir
01:09:22que ce camion,
01:09:22il change donc de sens
01:09:24pendant la période
01:09:25d'absence de Laurent Barry.
01:09:27Donc s'il a tué son épouse
01:09:29avant de partir,
01:09:29on ne voit pas
01:09:30comment le camion
01:09:30peut changer de sens.
01:09:31Et ce, d'autant
01:09:32que lorsque les gendarmes
01:09:33arrivent,
01:09:34ils tâtent le capot
01:09:34du camion
01:09:35et le capot est tiède.
01:09:37Donc le camion,
01:09:38il a été utilisé
01:09:39et Barry, lui,
01:09:40par rapport à son temps
01:09:41de retour de Dijon,
01:09:43ne peut pas l'avoir utilisé.
01:09:44Vous demandez
01:09:45sa remise en liberté ?
01:09:46Oui.
01:09:47Et alors ?
01:09:47J'obtiens sa remise en liberté
01:09:4910 mois plus tard.
01:09:50Désormais,
01:09:57l'instruction n'a plus
01:09:58qu'un but,
01:10:00prouver que Laurent Barry
01:10:01a bien eu le temps
01:10:02de commettre le crime.
01:10:04Mais l'homme s'accroche
01:10:05désespérément
01:10:06à son alibi.
01:10:07Il n'était pas à la ferme
01:10:08quand sa femme a été tuée.
01:10:11L'emploi du temps
01:10:12de Laurent Barry
01:10:13a déjà été vérifié.
01:10:14Il était à Dijon
01:10:15au moment du crime.
01:10:17Mais il y a quand même
01:10:18un couac.
01:10:18Un petit détail
01:10:21qui cache peut-être
01:10:22un gros mensonge.
01:10:24Ce décalage
01:10:25sur le trajet
01:10:26entre l'anneau
01:10:27et le restaurant.
01:10:30Jusque-là,
01:10:31les gendarmes
01:10:31n'y avaient pas vu malice.
01:10:33Laurent Barry
01:10:33pouvait se tromper
01:10:34de quelques minutes,
01:10:35surtout sans montre.
01:10:36Barry prétend
01:10:37qu'il a mis une heure
01:10:39pour se rendre
01:10:40à Dijon,
01:10:41alors que d'après
01:10:42les chronométrages
01:10:43faits par la gendarmerie,
01:10:44il suffit
01:10:45de 40 minutes.
01:10:46À ce moment-là,
01:10:47on s'aperçoit
01:10:47que Laurent Barry
01:10:48il est parti
01:10:49beaucoup plus tard
01:10:50qu'il le dit
01:10:50de son domicile.
01:10:52Vers 9h30,
01:10:539h45,
01:10:54voilà.
01:10:56Et un départ
01:10:56entre 9h30
01:10:57et 10h45,
01:10:58ça change tout.
01:11:00C'est compatible
01:11:01avec l'heure de la mort.
01:11:04Le légiste
01:11:04l'a situé
01:11:05entre 10h45
01:11:06et 11h30.
01:11:08La libide
01:11:09Laurent Barry
01:11:10vacille.
01:11:11Il va bientôt
01:11:11s'écrouler.
01:11:13Le juge d'instruction
01:11:14réentend
01:11:15le médecin généraliste
01:11:16intervenu
01:11:17le matin
01:11:17du meurtre.
01:11:19Et lui,
01:11:19il avance
01:11:20un horaire
01:11:21encore plus matinal.
01:11:23Il m'a dit
01:11:23qu'il pouvait
01:11:24situer ça
01:11:25entre 8h45
01:11:28et 10h15.
01:11:30Donc,
01:11:30si c'était
01:11:318h45,
01:11:33il se pouvait
01:11:34fort bien
01:11:34que Barry
01:11:35ait tué sa femme
01:11:36puisque lui-même
01:11:37prétendait être parti
01:11:38que vers 9h.
01:11:39Cette fois,
01:11:42Laurent Barry
01:11:42n'a plus d'alibi
01:11:43quelle que soit
01:11:44son heure de départ.
01:11:46Pour les gendarmes,
01:11:47tout est clair.
01:11:48Il a tué sa femme.
01:11:50Il a simulé
01:11:51un cambriolage.
01:11:53Pas dans la panique,
01:11:54mais pour envoyer
01:11:55tout le monde
01:11:55sur une fausse piste.
01:11:59Le cambriage,
01:11:59il ne l'a pas fait rentrant.
01:12:01Le simulacre,
01:12:01il l'a fait avant de partir.
01:12:03Il n'a matériellement
01:12:04pas le temps
01:12:05quand il rentre
01:12:05de le faire en plus.
01:12:06Il faut déjà avoir
01:12:06la présence d'esprit,
01:12:07tout ça, etc.
01:12:08La présence d'esprit,
01:12:08on peut l'avoir au début
01:12:09en disant
01:12:10« Merde, j'ai fait une connerie,
01:12:11comment je vais magouiller ça ? »
01:12:13Il y a eu l'altercation,
01:12:14il y a eu bagarre,
01:12:15il y a eu les coups de couteau.
01:12:16Après,
01:12:17il y a eu la mise en scène
01:12:18pour les chiens
01:12:22qui devaient être énervés
01:12:22et aboyer.
01:12:24Ils ont été mis à l'écart
01:12:26pour qu'un tiers
01:12:28qui serait rentré
01:12:29dans la maison
01:12:30ait fait la découverte
01:12:31lui-même
01:12:32pendant qu'il était absent.
01:12:34Mais les choses
01:12:35ne se sont pas passées
01:12:35comme ça.
01:12:37Personne n'a signalé
01:12:38la mort de Valérie
01:12:39pendant que Laurent Barry
01:12:40faisait sa tournée.
01:12:42Pour les gendarmes,
01:12:44c'est pour ça
01:12:44qu'il ne s'est pas attardé
01:12:45chez son copain garagiste
01:12:46et qu'à 11h,
01:12:48il est rentré chez lui
01:12:49en trombe
01:12:49en moins de 35 minutes.
01:12:52Or, la personne
01:12:55qui allait découvrir
01:12:5510 minutes plus tard
01:12:57Mme Barry décédée
01:12:59dans le domicile,
01:13:00c'était sa fille
01:13:00puisqu'elle est rentrée
01:13:01à la maison.
01:13:05Le 15 mai 2008,
01:13:07soit près de 4 ans
01:13:08après le crime,
01:13:09le juge d'instruction
01:13:10décide de le renvoyer
01:13:13devant la cour d'assises.
01:13:14On n'a pas retenu
01:13:18l'assassinat
01:13:20parce qu'il n'y avait
01:13:20pas d'élément
01:13:21prouvant qu'il y avait
01:13:22une préméditation
01:13:23quelconque.
01:13:25Je pense qu'il y a
01:13:27une bagarre,
01:13:28une dispute
01:13:28qui a mal tourné
01:13:29entre les deux époux.
01:13:30Maître de la morinerie,
01:13:32vous demandez
01:13:33un nouveau chronométrage.
01:13:35Et alors ?
01:13:35Ce nouveau chronométrage,
01:13:37déjà, jamais il est fait
01:13:38en présence des parties.
01:13:39C'est quand même
01:13:40assez étrange.
01:13:41Il n'y a pas
01:13:42de reconstitution.
01:13:43Vous voulez parler
01:13:43du chronométrage
01:13:44des gendarmes ?
01:13:44Oui, le chronométrage
01:13:45des gendarmes.
01:13:46Donc, il est fait,
01:13:47ils le font eux.
01:13:48À partir de là,
01:13:49on ne sait pas
01:13:49dans quelles conditions
01:13:50ça peut être fait.
01:13:51Parce que c'est sûr
01:13:52que si les gendarmes
01:13:52font leur chronométrage
01:13:53avec un gyrophare
01:13:54en grillant tous les feux,
01:13:56forcément,
01:13:56ils ne vont pas arriver
01:13:57au même temps de vitesse
01:13:58que...
01:13:59Voilà.
01:13:59Alors, nous,
01:14:00on va le refaire
01:14:00avec un huissier
01:14:02et on va arriver
01:14:03à un quart d'heure,
01:14:0420 minutes de battement.
01:14:05Pour vous,
01:14:05ce chronométrage,
01:14:06celui que vous avez réalisé
01:14:07prouve l'innocence
01:14:09de votre client,
01:14:09c'est ça ?
01:14:10Oui, parce que
01:14:11cette différence-là
01:14:11montre que pendant
01:14:12ce temps-là,
01:14:13Barry,
01:14:13il ne pouvait pas
01:14:14matériellement
01:14:16tuer son épouse
01:14:17avant de partir
01:14:18ou au retour.
01:14:20Voilà.
01:14:20Comment préparez-vous
01:14:22le procès
01:14:23de Laurent Barry ?
01:14:24Je vais essayer
01:14:24de reprendre
01:14:25chronologiquement
01:14:27tout ce qui s'était passé
01:14:28ce jour-là.
01:14:29Je vais également
01:14:29tenter de montrer
01:14:31qu'il y a eu
01:14:32quand même
01:14:32un certain nombre
01:14:33de pistes
01:14:33non négligeables
01:14:34qui ont été laissés
01:14:36de côté
01:14:37par les gendarmes.
01:14:38On sait qu'à
01:14:40quelques kilomètres
01:14:41de là,
01:14:41le lendemain des faits,
01:14:42il y a un monsieur
01:14:43qui était griffé.
01:14:44Parce que ça,
01:14:45c'est aussi un des arguments
01:14:45en faveur de M. Barry,
01:14:47c'est qu'on sait
01:14:47que Mme Barry
01:14:48s'est défendue,
01:14:50qu'elle a griffé
01:14:50la personne.
01:14:51Il y a des traces
01:14:52de lutte.
01:14:53Or, Barry,
01:14:54quand les gendarmes
01:14:55sont intervenus
01:14:56et quand les pompiers
01:14:57l'ont emmené,
01:14:58il a été examiné,
01:14:59il n'avait aucune trace.
01:15:00Voilà.
01:15:01Il est confiant,
01:15:02votre client ?
01:15:03Oui,
01:15:03il est assez confiant.
01:15:04et c'est vrai
01:15:05que d'arriver libre
01:15:06devant une cour d'assises,
01:15:07ça rend plus confiant.
01:15:12Tout va donc se jouer
01:15:14aux assises
01:15:14entre un Laurent Barry
01:15:16qui soutient Mordicus
01:15:17qu'il est innocent
01:15:18et une accusation
01:15:19persuadée
01:15:20que son dossier
01:15:21est en béton.
01:15:22Le procès
01:15:23s'ouvre le 19 octobre 2009
01:15:26à Dijon.
01:15:29Le public et la presse
01:15:31sont au rendez-vous
01:15:32pour le dénouement
01:15:33du mystère de l'anneau.
01:15:34Laurent Barry
01:15:36comparé libre,
01:15:38il arrive
01:15:39entouré par sa famille.
01:15:43On a un très gros soutien moral,
01:15:46oui.
01:15:47On est avec lui
01:15:48à 100%
01:15:50et ses enfants,
01:15:52c'est pareil.
01:15:53Comment il parle
01:15:54de ma maman,
01:15:54comment ils étaient
01:15:57tous les deux,
01:15:58de ce qu'on voit,
01:15:59de ce qu'on entend
01:15:59sur eux.
01:16:00et on voit tout de suite
01:16:02que ce n'est pas lui.
01:16:10Quand il s'extrait
01:16:11du public,
01:16:12on est plutôt surpris
01:16:13de voir cet homme
01:16:14assez élégant,
01:16:16d'allure sportive
01:16:17prendre sa place
01:16:20dans le boxe
01:16:20des accusés.
01:16:23D'emblée,
01:16:24Laurent Barry
01:16:25l'affirme,
01:16:25il est innocent.
01:16:27Il aimait sa femme,
01:16:29il ne l'a pas tué.
01:16:31Il est victime
01:16:32d'un acharnement judiciaire.
01:16:33Alors c'est pas facile
01:16:43d'expliquer
01:16:44quand on retrouve
01:16:45son épouse
01:16:47massacrée
01:16:48dans une pièce
01:16:49qu'on pense
01:16:50en premier lieu,
01:16:53au lieu d'appeler
01:16:53les secours,
01:16:54à maquiller une scène
01:16:56parce qu'on a peur
01:16:57d'être pris
01:16:58en fait
01:16:59pour l'assassin.
01:17:02Le public
01:17:03cherche un signe
01:17:04d'innocence
01:17:04ou de culpabilité
01:17:06chez Laurent Barry
01:17:07dans son regard,
01:17:09dans le moindre
01:17:10de ses gestes,
01:17:11dans le récit
01:17:11de sa vie.
01:17:14C'est un homme
01:17:15qui,
01:17:16du fait
01:17:17de la belle image
01:17:19qu'il veut montrer,
01:17:20peut être tout à fait
01:17:21atteint
01:17:21par des événements
01:17:23qui ne vont pas
01:17:23dans le sens
01:17:24de ce qu'il souhaiterait.
01:17:28Il était quand même
01:17:29confronté à des échecs
01:17:30et ça pouvait
01:17:31le mettre en difficulté
01:17:32par rapport
01:17:33à ce personnage
01:17:35qu'il avait voulu
01:17:37se composer.
01:17:40La faillite,
01:17:42le conflit
01:17:42avec son beau-fils,
01:17:44sa femme prête
01:17:45à larguer les amarres.
01:17:47Cette série
01:17:47de coups durs
01:17:48a-t-elle provoqué
01:17:48l'explosion
01:17:49d'un homme
01:17:49décrit
01:17:50comme narcissique ?
01:17:51L'examen psychiatrique
01:17:53n'apporte pas
01:17:54de réponse.
01:17:56Certes,
01:17:56il a été alarmé,
01:17:58certes,
01:17:59il a une grande gueule,
01:18:00mais à aucun moment
01:18:02on a affaire
01:18:04à quelqu'un
01:18:05qui commet des délits,
01:18:06qui n'a pas
01:18:08d'antécédent
01:18:09d'incarcération,
01:18:11il n'a pas
01:18:12d'antécédent judiciaire.
01:18:13Je ne retrouve pas
01:18:14de point
01:18:15qui pourrait montrer
01:18:16que Laurent Barry
01:18:18passe à l'acte.
01:18:23On en revient
01:18:24à l'insaisissable
01:18:25Laurent Barry,
01:18:27narcissique,
01:18:28impulsif
01:18:29et méfiant,
01:18:31mais aussi
01:18:31mariément
01:18:32et non-violent.
01:18:35Le procès
01:18:36pourrait suivre
01:18:36tranquillement son cours,
01:18:38mais au bout
01:18:38de trois jours,
01:18:40l'audience bascule
01:18:41sur un détail.
01:18:42Un détail
01:18:43qui saute
01:18:44aux yeux de la cour
01:18:45alors qu'elle regarde
01:18:46les photos
01:18:46de la scène de crime.
01:18:50Les images
01:18:51défilent
01:18:51les unes
01:18:52après les autres.
01:18:54La ferme,
01:18:55le salon,
01:18:57le corps
01:18:58de Valérie,
01:18:59le couteau,
01:19:01jusqu'à la photo
01:19:02numéro 29.
01:19:05C'est une photo
01:19:06complètement anodine.
01:19:07En fait,
01:19:08on voit une pièce
01:19:09en désordre
01:19:09et rien de spécial.
01:19:11Donc,
01:19:11on se dit,
01:19:12oui,
01:19:12c'est juste
01:19:13une pièce
01:19:14de cette maison.
01:19:16une photo anodine ?
01:19:19Pas vraiment.
01:19:20L'avocat
01:19:20des parties civiles
01:19:21pointe un détail.
01:19:24Pour l'avocat
01:19:25de la partie civile,
01:19:26sur cette photo,
01:19:27on voit clairement
01:19:27une pièce à conviction
01:19:29qui est essentielle
01:19:30en fait
01:19:31pour la compréhension
01:19:31du procès.
01:19:33En fait,
01:19:33ce sont les chaussons
01:19:34de Laurent Barry.
01:19:34et ces chaussons,
01:19:36on les connaît déjà.
01:19:38Ce sont ceux
01:19:38qui avaient été retrouvés
01:19:39dans la voiture
01:19:40de Laurent Barry
01:19:41par les experts
01:19:42du LIPS.
01:19:43Ceux qui ont cette
01:19:44petite tâche de sang
01:19:45sur la semelle,
01:19:47le sang de Valérie.
01:19:49Laurent Barry
01:19:50portait des chaussures
01:19:51lorsqu'il a découvert
01:19:52le corps de son épouse
01:19:53à son retour de Dijon.
01:19:55Que fait donc ce sang
01:19:56sous ses pantoufles ?
01:19:58Pour l'avocat général,
01:19:59le scénario est simple.
01:20:01Laurent Barry
01:20:01a tué sa femme
01:20:03et sorti de la maison
01:20:04a laissé ses chaussons
01:20:06à l'entrée
01:20:07pour mettre ses chaussures
01:20:09avec lesquelles
01:20:10il est parti
01:20:10sur Dijon.
01:20:12Laurent Barry
01:20:13confondu
01:20:14par une paire
01:20:15de pantoufles.
01:20:16Est-ce enfin
01:20:17la preuve matérielle
01:20:18qui manque au dossier ?
01:20:20Pour l'accusé,
01:20:21rien de tout cela.
01:20:22On veut juste
01:20:23le faire tomber
01:20:24à tout prix.
01:20:25Laurent Barry
01:20:26reviendra
01:20:27sur cet élément
01:20:28de chausson
01:20:29en disant que
01:20:29si effectivement
01:20:30il avait porté
01:20:31ses chaussons
01:20:32ce jour-là,
01:20:34il aurait dû avoir
01:20:35des projections
01:20:35de sang
01:20:36au-dessus des chaussons.
01:20:37Jamais,
01:20:38jamais,
01:20:39jamais,
01:20:39jamais
01:20:39dans le procès
01:20:40ils ont fait
01:20:40un scénario
01:20:41plausible
01:20:42avec des faits,
01:20:43etc.,
01:20:43jamais.
01:20:45Jamais.
01:20:46À chaque fois
01:20:46c'était des extrapolations
01:20:47soit de l'avocat général
01:20:48soit des partis civils.
01:20:50Toujours des peut-être,
01:20:51et si,
01:20:52mais,
01:20:52mais il n'y a jamais,
01:20:53jamais de fait
01:20:54dans ce dossier.
01:20:55C'est ça qui est choquant en fait.
01:20:57En attendant,
01:21:00toujours pas d'explication
01:21:01concernant la trace de sang.
01:21:04Mais un témoin inattendu
01:21:05va voler au secours
01:21:07de Laurent Barry.
01:21:07On arrive pour nettoyer la maison,
01:21:12donc je mets les chaussons,
01:21:14les premiers chaussons
01:21:15qui me tombent sous la main,
01:21:16les chaussons de Laurent,
01:21:18je mets les chaussons
01:21:19et on fait le ménage.
01:21:21Pourquoi j'ai pris ces chaussons
01:21:22à lui ?
01:21:22Parce qu'ils étaient sortis
01:21:24et que j'ai pas,
01:21:25j'ai pas cherché
01:21:26à prendre d'autres chaussons.
01:21:28C'est donc Chantal
01:21:32qui aurait mis les chaussons
01:21:33quand elle est venue
01:21:33nettoyer la scène de crime.
01:21:36L'avocat général
01:21:36n'est pas convaincu.
01:21:38Dans son réquisitoire,
01:21:39il l'affirme,
01:21:41le meurtrier,
01:21:42c'est Laurent Barry.
01:21:43Cet ex-parachutiste,
01:21:45expert en armes blanches,
01:21:48ce manipulateur
01:21:49qui a simulé
01:21:49un faux cambriolage
01:21:50et enfermé les chiens.
01:21:53C'est un crime
01:21:56particulièrement odieux,
01:21:58particulièrement sordide
01:22:00qui est à mettre
01:22:03au crédit
01:22:04de M. Laurent Barry.
01:22:07Et c'est pour ça
01:22:08que je pensais
01:22:09qu'il était nécessaire
01:22:09de demander
01:22:10une peine exemplaire.
01:22:12L'avocat général
01:22:13réclame 20 ans
01:22:15de réclusion criminelle.
01:22:19Maître de la morinerie,
01:22:21c'est à vous de plaider
01:22:21et la tâche
01:22:22ne va pas être facile
01:22:23parce que les gendarmes
01:22:24n'ont pas été tendres
01:22:25avec votre client.
01:22:26Le premier
01:22:27qui est venu
01:22:28témoigner devant
01:22:30la cour d'assises,
01:22:31la main sur le cœur,
01:22:33indiquait que de toute façon,
01:22:34lui, il était intimement
01:22:35convaincu
01:22:36de la culpabilité
01:22:38de Laurent Barry.
01:22:38Donc ce que le président
01:22:39a évidemment noté
01:22:41immédiatement,
01:22:41on le remettait en place
01:22:42en lui disant,
01:22:43monsieur,
01:22:43et puis moi aussi,
01:22:44en lui disant,
01:22:44monsieur,
01:22:44vous n'êtes pas là
01:22:45pour donner vos sentiments,
01:22:47vous êtes là
01:22:47pour raconter des faits,
01:22:50décrire votre enquête,
01:22:52mais malheureusement,
01:22:53je dirais que c'était
01:22:55trop tard.
01:22:55Le mal a été fait.
01:22:55Le mal a été fait.
01:22:56L'avocat général
01:22:57a demandé 20 ans.
01:22:59Quels sont vos arguments
01:23:00pour la défense ?
01:23:01Les arguments,
01:23:02ça va être tous les points
01:23:03faibles de l'enquête,
01:23:04c'est-à-dire le problème
01:23:05du chronométrage,
01:23:07le problème de l'heure
01:23:08de la mort telle
01:23:09qu'elle a été décrite
01:23:10à la fois par le médecin
01:23:12urgentiste,
01:23:12ensuite par le médecin légiste,
01:23:14les pistes qui n'ont pas
01:23:15été recherchées,
01:23:16le fait que monsieur Barry
01:23:17n'ait aucune griffure sur lui,
01:23:19le fait qu'il soit
01:23:20dans un état de stress absolu
01:23:21alors que par contre
01:23:22durant la matinée,
01:23:23il était dans un état
01:23:24tout à fait normal.
01:23:26Voilà,
01:23:26donc je vais reprendre
01:23:27tous ces éléments-là
01:23:28et de toute façon,
01:23:29je veux dire,
01:23:30après,
01:23:31je plaide pas sur la peine.
01:23:32Moi,
01:23:32je plaide sur l'acquittement
01:23:34de monsieur Barry
01:23:35parce que de toute façon,
01:23:36où effectivement,
01:23:37il est coupable
01:23:38et on sait que c'est
01:23:39une lourde peine,
01:23:39où il n'est pas coupable
01:23:40et c'est un acquittement.
01:23:41Donc,
01:23:41je ne m'ai même pas discuté
01:23:43le problème des 20 ans.
01:23:44Je plaide l'acquittement,
01:23:45point.
01:23:45Mais la défense
01:23:48n'a pas convaincu.
01:23:50Après 5 heures
01:23:51de délibéré,
01:23:52le verdict tombe.
01:23:5420 ans.
01:23:57Laurent Barry
01:23:57reste figé
01:23:58dans le box,
01:23:58sonné.
01:24:00Autour de lui,
01:24:01des cris
01:24:02et des pleurs.
01:24:05Mes petits-enfants
01:24:06ont hurlé
01:24:06« C'est pas possible,
01:24:08c'est pas possible,
01:24:08papa est innocent,
01:24:11on ne peut pas faire ça. »
01:24:13À 20 ans,
01:24:13j'en avais à peine 20.
01:24:16Je m'ai dit
01:24:16« Va tout louper,
01:24:17c'est en une fraction
01:24:18de seconde,
01:24:18vous vous dites
01:24:19c'est bon,
01:24:20c'est fini. »
01:24:21On m'a dit
01:24:22qu'il ne serait plus
01:24:22à la maison.
01:24:24Puis je l'ai compris
01:24:24aussi,
01:24:26qu'on avait perdu
01:24:27le procès
01:24:27et que
01:24:28je reverrai mon papa
01:24:30mais que
01:24:31encore quelques fois
01:24:32par semaine
01:24:33pendant une demi-heure
01:24:35ou une heure.
01:24:38Laurent Barry
01:24:39décide de faire appel.
01:24:43Elisabeth Philipponnet,
01:24:50le procès en appel
01:24:51s'ouvre en novembre 2010
01:24:53devant la cour d'assises
01:24:55du Doubs.
01:24:55C'est vous
01:24:56qui représentez
01:24:57l'accusation.
01:24:58Quelle impression
01:24:59vous fait l'accuser ?
01:25:01J'ai le sentiment
01:25:03dès le départ
01:25:04que Laurent Barry
01:25:06est mûré,
01:25:08enfermé dans un système
01:25:09de défense
01:25:09dont il ne sortira pas,
01:25:11qui est celui
01:25:11de la dénégation.
01:25:12Il est porté,
01:25:14supporté par une famille
01:25:15qui croit dur comme fer
01:25:16à son innocence
01:25:17et je me demande
01:25:18même à un moment
01:25:19s'il n'a pas fini
01:25:20par se persuader
01:25:21qu'il était innocent.
01:25:23Quels sont les éléments
01:25:24dans le dossier
01:25:24qui ont emporté
01:25:25votre conviction ?
01:25:26Laurent Barry
01:25:27va mentir.
01:25:30C'est déjà ça
01:25:30qu'il fera.
01:25:31Pourquoi ment-il autant
01:25:32s'il est le mari
01:25:34éploré
01:25:34ou l'homme éploré
01:25:35qui le prétend ?
01:25:36Les chiens.
01:25:37Les chiens,
01:25:37ça a été longuement développé.
01:25:39Ensuite,
01:25:40ce faux cambriolage
01:25:41dont il admettra par la suite
01:25:42qu'il l'a lui-même orchestré.
01:25:44Les chaussons souillés de sang
01:25:46sous la semelle.
01:25:48Il faudra admettre
01:25:48que leur odeur
01:25:50est utilisée
01:25:52chez chaussons
01:25:52et puis les est replacés ensuite.
01:25:54Ça, c'est un argument
01:25:55qui va être, je crois,
01:25:56assez déterminant.
01:25:57Et là,
01:25:57ça déstabilise quand même
01:25:58Laurent Barry.
01:25:58La défense fait citer
01:26:00un nouveau psychiatre
01:26:01et pourtant,
01:26:02il n'a pas l'autorisation
01:26:03de témoigner à l'audience.
01:26:05Pourquoi ?
01:26:06Ce psychiatre est cité
01:26:07comme témoin de moralité.
01:26:09Ce n'est pas un expert
01:26:11qui a été commis
01:26:13pour examiner Laurent Barry.
01:26:15Ce psychiatre traite
01:26:18Laurent Barry actuellement
01:26:20puisque Laurent Barry
01:26:21est traité pour une croire
01:26:23à la dépression.
01:26:23et il vient dire
01:26:26de manière alors
01:26:27totalement subjective
01:26:29Laurent Barry a une personnalité
01:26:31qui, selon moi,
01:26:33le rend incapable
01:26:34d'avoir commis
01:26:35les faits
01:26:36pour lesquels il est accusé.
01:26:37Et je vais vous le démontrer.
01:26:39Alors, le président lui dit
01:26:40vous allez le démontrer comment ?
01:26:42Eh bien, en vous livrant
01:26:43des éléments
01:26:44sur la personnalité
01:26:45de Laurent Barry
01:26:46mais le président lui dit
01:26:47mais en violant
01:26:48le secret médical.
01:26:51Et l'expert,
01:26:53enfin le psychiatre
01:26:53est obligé de dire oui
01:26:54et puis il va se rétracter
01:26:56en disant
01:26:57voilà, je ne dirai rien
01:26:58mais pour moi, voilà.
01:27:00On est dans une subjectivité totale
01:27:01mais qui démontre aussi
01:27:03que Laurent Barry
01:27:03peut fédérer,
01:27:06qu'il peut convaincre,
01:27:08qu'il peut avoir
01:27:09acquis à sa cause
01:27:10un professionnel
01:27:11qui ne vient
01:27:13sans rigueur aucune.
01:27:16Selon vous,
01:27:17comment les faits
01:27:17se sont-ils déroulés ?
01:27:18Je pense que c'est
01:27:20une scène classique,
01:27:22une scène de dispute
01:27:24ultime
01:27:24et je crois
01:27:25qu'elle doit lui dire
01:27:26peut-être qu'elle le quitte.
01:27:28Pas forcément
01:27:29parce qu'elle va
01:27:30quitter pour quelqu'un d'autre,
01:27:31elle le quitte
01:27:31parce qu'elle n'en peut plus
01:27:32puis peut-être qu'elle lui dit
01:27:33qu'elle ne l'aime plus
01:27:34et il ne supporte pas.
01:27:36Laurent Barry,
01:27:37vu la personnalité qu'il a,
01:27:38c'est quelqu'un
01:27:39qu'on ne quitte pas.
01:27:40Il va prendre ce couteau
01:27:41et il la tue.
01:27:42Je pense que c'est
01:27:45une histoire
01:27:47à la fois passionnelle
01:27:48et en même temps
01:27:49une histoire d'amour propre.
01:27:51Qu'est-ce que vous requérez ?
01:27:52En première instance,
01:27:54la peine était de 20 ans.
01:27:55C'est la peine
01:27:55que je vais requérir
01:27:56parce qu'elle me semble adaptée.
01:27:58Le verdict ?
01:27:59La cour d'assises du Doubs
01:28:00a déclaré
01:28:01Laurent Barry coupable
01:28:03et l'a condamné
01:28:03à 20 ans
01:28:04de réclusion criminelle
01:28:05donc elle a confirmé
01:28:06la peine prononcée
01:28:07lors de la première instance.
01:28:10Kevin Barry,
01:28:16elle en est où
01:28:17votre famille aujourd'hui ?
01:28:19Elle est détruite
01:28:20financièrement
01:28:21et moralement.
01:28:23Financièrement
01:28:24parce qu'un procès
01:28:24ça coûte très cher.
01:28:27Moralement
01:28:27parce que forcément
01:28:28nous on sait
01:28:30que ce n'est pas lui
01:28:31mais on a perdu
01:28:32beaucoup d'amis.
01:28:33Mon père
01:28:33n'en a pratiquement plus.
01:28:36Mes grands-parents
01:28:37en voient quelques-uns encore
01:28:38mais c'est tout.
01:28:39mais c'est tout.
01:28:40...