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Le 15 décembre 2016, dans la forêt du Frasnois dans le Jura, des bûcherons travaillent tranquillement, quand tout à coup, une découverte chamboule leur journée. Là, sous un tas de feuilles, un bûcheron voit un cochon rose… avec des cheveux rouges ? Pas possible ! C’est un corps humain ! Une femme gît, le visage fracassé, avec 26 coups de couteau. Pendant des mois, elle restera « l’inconnue du Frasnois ». Car les indices manquent pour identifier la victime, et son tueur. C’est une tâche de sang minuscule qui permettra aux enquêteurs de dénouer le mystère. Du sang, donc de l’ADN. Et un ADN masculin. Celui de l’auteur du meurtre ? Et s’il s’était blessé en l’attaquant ? C’est de l’autre côté de la frontière, sur une route suisse, que les gendarmes français retrouveront la trace de leur victime, et son nom. Mihaela Miloiu, une jeune roumaine de 18 ans. Mais, qui a tué Mihaela ? Le réseau de proxénètes qui l’exploitait ? Un client ? L’auteur du crime a été découvert après des mois d’une extraordinaire enquête, pendant laquelle gendarmes et magistrats français et suisses ont tout mis en œuvre pour que ce meurtre d’une jeune roumane qui n’intéressait personne, ne reste pas impuni…

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Transcription
00:00:30Il y a des morts qui font beaucoup de bruit, qui soulèvent l'indignation, qui déchaînent des manifestations de protestations.
00:00:39Et puis il y a les crimes dont personne ne parle, les victimes silencieuses.
00:00:43Parce qu'elles sont seules, pauvres parfois, et qu'il se dit qu'elles l'ont peut-être un peu cherchée.
00:00:50Elle est de celle-là, Miaela Milouyou.
00:00:52Une petite Roumaine de 18 ans qui se prostituait à quelques kilomètres de chez nous à Lausanne.
00:00:58Une victime silencieuse.
00:00:59Miaela a été retrouvée exsangue, les dents, le visage, le crâne fracassé, le corps lardé de 26 coups de couteau.
00:01:07Quand on a su qu'il s'agissait d'une jeune majeure prostituée roumaine, l'intérêt médiatique s'est effondré.
00:01:16Ça n'intéressait plus personne.
00:01:17Le silence sur la mort de la petite prostituée met dans l'ombre une armée au travail.
00:01:24Des magistrats, des policiers, des gendarmes, français, suisses, qui n'ont pas baissé les bras et qui ont collaboré jusqu'à coincer celui qui a massacré Miaela.
00:01:32Moi, je n'aurais pas parié 5 centimes sur une chance de découverte, mais c'est là que les policiers ont été géniaux.
00:01:39J'ai toujours pour habitude de dire qu'à ce moment-là, j'ai dû ressentir ce qu'un joueur de l'auto ressent en voyant les hiboules avec ses numéros qui sortent à la télévision.
00:01:50Plus j'avançais, plus ça montait et j'ai dit là, cette fois, on a quelque chose.
00:01:58Qui a tué Miaela Milouiou ? Ceux qui l'ont mise sur le trottoir ?
00:02:02Elle s'est trouvée confrontée à la prostitution la plus dure, la plus sauvage.
00:02:06Qui l'a tuée ?
00:02:08Ses proxénètes parce qu'elle voulait rentrer chez elle, quitter le métier ?
00:02:12Ou un bon père de famille qui n'a pas assumé sa petite virée avec une gamine de 18 ans ?
00:02:17Pourquoi il aurait fait ça ?
00:02:19Il faut avoir une raison de tuer quelqu'un.
00:02:21Enfin, on ne tue pas quelqu'un pour le plaisir de tuer.
00:02:25Nous, on veut le sortir de cet enfer.
00:02:28Il est innocent, il faut qu'il soit reconnu innocent.
00:02:38Le Franois, dans le Jura, le 15 décembre 2016.
00:02:49Voilà des semaines que les touristes ont déserté le joyau de la région.
00:02:57Les cascades du Hérisson.
00:03:06Ils ont rendu la forêt jurassienne à ses bûcherons.
00:03:09C'est le temps de l'affouage, la coupe du bois de chauffage.
00:03:18On avait presque fini.
00:03:33On allait aller jusque là-bas, au petit creux.
00:03:37Je suis arrivé là, je remonte là, je pose ma tronçonneuse là, il y avait un tas de feuilles là, puis je vois du rose.
00:03:52Alors, j'ai fait comme ça, comme ça, puis j'ai nettoyé comme ça, je détourné les feuilles.
00:04:01Au début, je croyais des fois, un petit cochon de ferme qu'ils avaient balancé, puis qu'il était sous les feuilles, quoi, comme je voyais un peu rose.
00:04:09Alors, je me ravance un peu, puis je regarde en haut, je vois comme des cheveux sur les feuilles, du roux.
00:04:18Il me semble que je voyais des lèvres.
00:04:22Après, j'avais des cuisses.
00:04:26Une cuisse qui était là, je lève la cuisse, les feuilles, bien sûr, elles tombent.
00:04:32Puis au bout, il y avait des doigts de pied.
00:04:33Alors, j'ai tout laissé tomber, puis alors j'ai dit, ça m'a un peu suffoqué.
00:04:41Je dis, pas suffoqué, mais j'ai dit, qu'est-ce qui se passe, mais qu'est-ce qu'il y a là-dedans, qu'est-ce qu'il y a sous ces feuilles.
00:04:48Alors, j'ai appelé mon collègue, je lui viens voir.
00:04:52Après, il a touché un petit coup.
00:04:54Il me dit, oui, il n'y a pas, c'est quelqu'un.
00:04:58C'est une femme, jeune et entièrement nue.
00:05:03Son corps a été caché une trentaine de mètres en contrebas de la route sur le coteau d'un ravin glissant,
00:05:12dans lequel les gendarmes ont toutes les peines du monde à descendre.
00:05:21On se rend bien compte que depuis la route, on ne peut rien voir,
00:05:24que vraiment, le corps a manifestement été placé là pour qu'on ne puisse pas le trouver aussi facilement.
00:05:29C'est une jeune fille, pas la longue chevelure rousse.
00:05:35Ce qui est frappant, c'est que son visage est vraiment massacré.
00:05:39Elle a des dents qui sont déchaussées, le visage est un fracas facial qui est très important.
00:05:48Elle est absolument méconnaissable.
00:05:50On n'est pas en mesure de pouvoir l'identifier.
00:05:56Sur ce corps martyrisé, les gendarmes relèvent aussi une vingtaine de petites plaies.
00:06:03Ces blessures faites à l'arme blanche ou avec un outil pointu,
00:06:07se situent pour une partie au niveau de l'abdomen et pour une partie au niveau du cou.
00:06:11Il y avait très très peu de sang sur place,
00:06:17donc on élimine tout de suite que le crime a été commis sur les lieux.
00:06:24En revanche, on s'aperçoit qu'il y a une tache rougeade sous l'un de ses pieds
00:06:28qui nous laisse penser qu'elle n'ait pu marcher dans du sang.
00:06:30C'est la première idée qui nous vient sur ce point-là.
00:06:37Elle n'a pas de tatouage, pas de cicatrices,
00:06:39elle n'a pas de boucle d'oreille, pas de piercing,
00:06:42enfin aucun indice qui puisse nous permettre de l'identifier rapidement.
00:06:46Le point de départ d'une enquête, c'est toujours l'identité de la victime.
00:06:51Sans identité au départ, on n'a pas de point de départ.
00:06:58Dominique, le gendarme le dit, le visage est massacré.
00:07:03Est-ce qu'il a quand même des éléments pour identifier la victime ?
00:07:06C'est compliqué, c'est compliqué, mais ce qu'il peut dire,
00:07:08déjà, c'est que c'est une femme jeune,
00:07:11elle a entre 16 et 30 ans,
00:07:13elle mesure 1,67 m,
00:07:15elle est de corpulence mince
00:07:16et elle n'a jamais eu de grossesse.
00:07:19Elle a été tuée comment ?
00:07:20Alors, elle a reçu des coups,
00:07:21des coups extrêmement violents,
00:07:23puisqu'on parle d'un fracas de la face,
00:07:25au visage, crâne, mâchoire,
00:07:27on s'est acharné sur elle,
00:07:29ce qui a provoqué une hémorragie externe massive.
00:07:32Elle s'est vidée de son sang
00:07:34avant d'être transportée dans la forêt du Franois.
00:07:37Ça veut dire qu'elle n'a pas été tuée
00:07:39à l'endroit où on l'a retrouvée.
00:07:41Elle a aussi des petites plaies au niveau de l'abdomen.
00:07:43Oui.
00:07:44À cause de quoi ?
00:07:45Alors, le légiste en dénombre 26.
00:07:48Des plaies qui ont été provoquées par une lame blanche,
00:07:50qui peut être la lame d'un couteau papillon.
00:07:52Vous savez, c'est le couteau dont le manche se replie
00:07:54de chaque côté de la lame.
00:07:57Ou alors, par un stylet, en tout cas,
00:07:59une lame étroite effilée à double tranchant.
00:08:03La moitié des coups ont été portés en dessous du menton,
00:08:07dans cette partie-là,
00:08:08et l'autre moitié des coups au niveau de l'abdomen.
00:08:11Le légiste ne relève pas de violence sexuelle.
00:08:15En revanche, elle a eu un rapport sexuel récent.
00:08:18Est-ce qu'il parvient à dater la mort ou pas ?
00:08:20Non.
00:08:20Le légiste qui réalise l'autopsie ne date pas la mort.
00:08:23En revanche, la femme médecin qui s'était déplacée
00:08:26au moment de la découverte du corps dans la forêt du Franois
00:08:29estimait, elle, la mort entre 4 à 5 jours
00:08:34avant la découverte du corps.
00:08:36Ça veut dire aux alentours du 10 décembre.
00:08:38Et c'est important de poser cette date,
00:08:41parce que plus tard, ça va changer.
00:08:43Donc, si je comprends bien,
00:08:44les enquêteurs n'ont pas grand-chose pour identifier la victime.
00:08:47Ils ont quand même de l'ADN, des empreintes, quelque chose ?
00:08:49Oui, ils ont un ADN précieux.
00:08:51Les prélèvements qui ont été effectués font apparaître
00:08:54un ADN unique, masculin,
00:08:57qu'on retrouve dans le sperme prélevé dans le vagin de la victime,
00:09:02sous ses ongles,
00:09:03et aussi dans la tâche de sang qui se trouve sous son pied droit.
00:09:08Ce qui veut dire que le sang qui est sous son pied
00:09:10pourrait être celui du meurtrier.
00:09:13Et cet ADN, on le retrouve aussi sur des branches d'arbres
00:09:16autour du corps, dans la forêt.
00:09:18Comment ça, sur des branches d'arbres ?
00:09:19C'est-à-dire que les gendarmes ont l'idée
00:09:21de faire des prélèvements sur des branches d'arbres ?
00:09:23Oui.
00:09:23Pourquoi ?
00:09:24Rappelez-vous, Christophe,
00:09:25on retrouve le corps dans un endroit qui est très escarpé.
00:09:29Pour descendre, les gendarmes sont obligés
00:09:30de s'accrocher aux branches des arbres,
00:09:32idem pour remonter,
00:09:33et ils se disent logiquement
00:09:34que ça a dû être la même chose pour le meurtrier.
00:09:37Donc, ils vont faire des prélèvements
00:09:39sur les branches d'arbres,
00:09:40et on va retrouver l'ADN du meurtrier malin.
00:09:44Incroyable.
00:09:44Quelques heures seulement après la découverte du corps,
00:09:49une piste se dégage.
00:09:52À la section de recherche de Besançon,
00:09:54les gendarmes ont un corps sans nom.
00:09:58Mais au commissariat de Besançon,
00:10:00les policiers, eux, ont un nom sans corps.
00:10:03Narumi Kurosaki,
00:10:07une étudiante japonaise
00:10:08qui a disparu depuis dix jours.
00:10:11Cette jeune étudiante japonaise
00:10:12est venue en août 2016
00:10:14à Besançon
00:10:15pour vraiment apprendre
00:10:17de façon accélérée le français,
00:10:19et depuis le 5 décembre,
00:10:21elle a disparu.
00:10:24Narumi Kurosaki vivait
00:10:26dans cette résidence universitaire,
00:10:27et la nuit de sa disparition,
00:10:30l'un de ses voisins d'étage
00:10:31a entendu un cri.
00:10:36Glaçant.
00:10:37Et puis plus rien.
00:10:43Est-ce que la jeune japonaise
00:10:44serait la victime du franois ?
00:10:46On est bien normal de pouvoir répondre,
00:10:50d'être affirmatif.
00:10:52Franchement, elle avait un tel fracas facial
00:10:54que c'était impossible de se prononcer.
00:10:55Et même les médecins légistes
00:10:56ne se prononcent pas à dire
00:10:57qu'elle peut être d'origine asiatique.
00:11:00Des prélèvements sont faits
00:11:01sur le corps de cette jeune femme
00:11:02non identifiée,
00:11:04et très vite,
00:11:05on dispo de l'ADN de Narumi Kurosaki
00:11:07puisque des prélèvements
00:11:08ont pu être faits dans sa chambre.
00:11:09Et rapidement, il est démontré
00:11:10qu'il ne s'agit absolument pas
00:11:12de cette jeune japonaise disparue.
00:11:18Qui est la victime du franois ?
00:11:20Plusieurs semaines après la découverte
00:11:22du corps dans le Jura,
00:11:23cette femme reste anonyme.
00:11:24Les enquêteurs ont établi
00:11:26un portrait robot pour tenter
00:11:27de l'identifier.
00:11:28Il est diffusé par Interpol.
00:11:30Et l'appel à témoin porte ses fruits.
00:11:33Les gendarmes récoltent
00:11:34150 signalements.
00:11:36Certains fantaisistes,
00:11:38d'autres non.
00:11:40Et pour faire le tri facile,
00:11:42ils ont l'ADN du meurtrier.
00:11:44« Chaque fois qu'on faisait une vérification,
00:11:49on finissait par entendre
00:11:51la personne soupçonnée.
00:11:53On lui prenait son ADN
00:11:55et ça revenait toujours négatif. »
00:11:59Mais les gendarmes ne baissent pas les bras.
00:12:01Et deux mois après la découverte du corps,
00:12:04l'espoir renaît.
00:12:06C'est un renseignement
00:12:07qui les conduit sur une nouvelle piste,
00:12:10celle d'un bûcheron
00:12:11au passé douteux.
00:12:13L'homme vit à une vingtaine
00:12:15de kilomètres du Franois.
00:12:19Trois ans plus tôt,
00:12:21ce célibataire endurci
00:12:22a invité
00:12:23trois jeunes bulgares
00:12:25pour l'aider dans son travail.
00:12:29Mais les filles n'ont pas tardé
00:12:30à pousser la porte
00:12:31de la gendarmerie voisine.
00:12:33Parce que le bûcheron
00:12:34avait bien d'autres idées en tête
00:12:36que le ménage et le repassage.
00:12:38« Il les garde chez lui,
00:12:41il leur confisque
00:12:42leur passeport,
00:12:44elles sont privées de liberté.
00:12:47Et en plus,
00:12:48un soir,
00:12:48il les emmène au restaurant
00:12:50dans un village
00:12:51à côté de chez lui
00:12:51et il leur explique
00:12:53qu'il faudra
00:12:54qu'elles soient très gentilles
00:12:56avec des messieurs.
00:12:58Moyennant rétribution
00:12:59pour lui-même.
00:13:00À l'époque,
00:13:05la plainte des Bulgares
00:13:06n'a pas déclenché de poursuite.
00:13:08Mais quand les gendarmes
00:13:09qui enquêtent
00:13:10sur l'inconnu du Franois
00:13:11retombent sur cette histoire,
00:13:12ils tiquent, évidemment.
00:13:15Parce que le macro de douce,
00:13:16il a d'autres cordes
00:13:17à son arc.
00:13:21« En plus de par son métier
00:13:22de bûcheron débardeur,
00:13:24il connaît
00:13:24tous les voies du secteur. »
00:13:26Et visiblement,
00:13:28le gars a de nombreux échanges
00:13:29avec une jeune Bulgare.
00:13:33« On va le mettre
00:13:33sur écoute téléphonique.
00:13:37Mais il fait quand même
00:13:39plus l'impression
00:13:40d'être victime
00:13:41d'une escroquerie à l'amour.
00:13:42Parce qu'on se rend compte
00:13:43que la jeune fille Bulgare
00:13:45est tout le temps
00:13:45en train de lui demander
00:13:46de l'argent.
00:13:46C'est ce qu'on s'aperçoit
00:13:47sur les écoutes téléphoniques. »
00:13:50Le bûcheron est quand même
00:13:51filoché,
00:13:53perquisitionné,
00:13:55auditionné.
00:13:56« On a prélevé son ADN
00:13:58et l'ADN est revenu négatif. »
00:14:04Comme d'autres,
00:14:05la piste du bûcheron
00:14:07se finit en eau de boudin.
00:14:10« Bon,
00:14:11il fallait s'accrocher.
00:14:12De toute façon,
00:14:14tant qu'on n'avait personne
00:14:16à épingler au bout,
00:14:17il fallait avancer. »
00:14:22Après plus de quatre mois
00:14:23d'enquête,
00:14:24l'inconnu du franoir
00:14:25reste un mystère.
00:14:26Jusqu'au jour
00:14:27où un gendarme français
00:14:28va prendre un café
00:14:29avec un policier suisse
00:14:30du canton de Vaud.
00:14:34Et quand un gendarme
00:14:36rencontre un autre gendarme
00:14:37ou un policier,
00:14:40qu'est-ce qu'il se raconte ?
00:14:42Des histoires de gendarmes.
00:14:43« Je lui demande
00:14:49s'il n'a pas connaissance
00:14:51d'une disparition inquiétante
00:14:53qui aurait été signalée
00:14:54chez eux.
00:14:57Effectivement,
00:14:57il a souvenir d'avoir vu
00:14:58passer l'appel à témoin,
00:15:00mais il me dit
00:15:00« je vais quand même
00:15:01regarder de mon côté
00:15:02si on n'a pas quelque chose
00:15:03de plus,
00:15:03faire un travail
00:15:03un petit peu plus poussé. »
00:15:07Et quelques semaines plus tard,
00:15:08le policier suisse rappelle
00:15:09avec un bon tuyau.
00:15:12Des collègues à lui
00:15:12enquêtent depuis
00:15:13quelques temps
00:15:14sur un réseau
00:15:14de prostitution.
00:15:16Un réseau roumain
00:15:17implanté à Lausanne.
00:15:21Et justement,
00:15:22l'une des filles
00:15:22du réseau a disparu.
00:15:25D'ailleurs,
00:15:26la justice suisse
00:15:27suit de très près
00:15:28l'affaire.
00:15:30« On a un réseau
00:15:32de petites envergures,
00:15:34trois proxénètes,
00:15:36une demi-douzaine
00:15:36de filles environ.
00:15:37On est en réalité
00:15:41sans nouvelles
00:15:42de cette jeune femme
00:15:43depuis six mois. »
00:15:47La fille avait été
00:15:48contrôlée et photographiée
00:15:49par la police suisse
00:15:50peu de temps
00:15:51avant sa disparition.
00:15:52Elle s'appelle
00:15:53Miaïla Milouyou.
00:15:54Elle est toute jeune.
00:15:56Elle a 18 ans.
00:16:01Les policiers
00:16:02qui enquêtent
00:16:02sur son réseau
00:16:03de prostitution
00:16:04ont appris
00:16:04un événement bizarre.
00:16:06Six mois plus tôt,
00:16:07la carte d'identité
00:16:08de Miaïla
00:16:09a été rapportée
00:16:09à un poste
00:16:10de gendarmerie suisse
00:16:11à 15 kilomètres
00:16:13au nord de Lausanne.
00:16:19C'est une promeneuse
00:16:20qui l'a trouvée
00:16:21le long de ce chemin
00:16:22au milieu des champs.
00:16:24Une découverte
00:16:25suivie d'une autre
00:16:26très étrange
00:16:2720 mètres plus loin.
00:16:29La promeneuse
00:16:30a également signalé
00:16:32la présence
00:16:32d'une flaque de sang
00:16:34qui doit mesurer
00:16:37quelque chose
00:16:38comme 2 mètres
00:16:39à 2,50 mètres
00:16:40de long
00:16:41sur 1 mètre de large
00:16:42à peu près.
00:16:44Le sang d'un animal
00:16:45blessé
00:16:46ou tué
00:16:47par un chasseur ?
00:16:49À l'époque,
00:16:50les gendarmes suisses
00:16:51n'ont pas poussé
00:16:51l'enquête.
00:16:52Mais 6 mois plus tard,
00:16:55quand les policiers
00:16:56qui travaillent
00:16:56sur la disparition
00:16:57de la prostituée
00:16:58apprennent l'incident,
00:16:59cette histoire
00:17:00de flaque de sang
00:17:01ne leur dit rien de bon.
00:17:04Coup de fil
00:17:05au tribunal du canton.
00:17:07Le chemin,
00:17:08faut aller voir
00:17:08monsieur le procureur.
00:17:10Les policiers
00:17:11m'appellent à ce moment-là
00:17:12pour me demander
00:17:13l'autorisation
00:17:13d'aller faire
00:17:14des carottages
00:17:15de l'endroit
00:17:16où la promeneuse
00:17:18a photographié
00:17:19cette flaque de sang
00:17:19parce qu'il a pu être
00:17:20localisé précisément.
00:17:22Et je dois à l'honnêteté
00:17:23de dire que
00:17:24je leur ai répondu
00:17:25« Eh bien,
00:17:26allez-y
00:17:26si ça vous amuse. »
00:17:29En 6 mois,
00:17:30le chemin en a vu
00:17:31de toutes les couleurs.
00:17:32Le soleil,
00:17:33la pluie,
00:17:33la neige,
00:17:34les promeneurs,
00:17:35leurs chiens.
00:17:36À vue d'œil,
00:17:38il ne reste plus rien
00:17:39de la flaque de sang.
00:17:43La probabilité
00:17:44d'extraire un ADN
00:17:45de ces fragments
00:17:46de caillasse
00:17:46est proche
00:17:47de zéro.
00:17:50Moi,
00:17:50je n'aurais pas parié
00:17:515 centimes
00:17:52sur une chance
00:17:54de découverte.
00:17:55Mais c'est là
00:17:55que les policiers
00:17:56ont été géniaux.
00:18:03Contre toute attente,
00:18:05le labo de Lausanne
00:18:06leur donne raison.
00:18:06incrusté dans le béton,
00:18:10un profil génétique
00:18:11féminin.
00:18:13Le résultat est transmis
00:18:14aux gendarmes français
00:18:14sous la forme
00:18:15d'une suite
00:18:16de lettres et de chiffres,
00:18:18un code génétique
00:18:19que le majeur Vouges
00:18:20s'empresse de comparer
00:18:21à celui de son inconnu.
00:18:23première case,
00:18:27je regarde
00:18:28sur notre case
00:18:29correspondante,
00:18:29même numéro,
00:18:30même lettre,
00:18:31tout correspond.
00:18:32Deuxième case,
00:18:34tout correspond.
00:18:35Troisième case,
00:18:36pareil.
00:18:37Et
00:18:38j'ai toujours,
00:18:40j'ai
00:18:41j'ai toujours
00:18:43pour habitude
00:18:45de dire
00:18:45qu'à ce moment-là,
00:18:47j'ai dû ressentir
00:18:47ce qu'un joueur
00:18:48de l'auto
00:18:49ressent
00:18:49en voyant les e-boules
00:18:51avec ces numéros
00:18:52qui sortent
00:18:53à la télévision.
00:18:54Plus j'avançais,
00:18:55plus ça montait
00:18:57et
00:18:58je dis là,
00:18:59cette fois,
00:19:00on a quelque chose.
00:19:02Et effectivement,
00:19:03c'était le même modèle.
00:19:04Je suis content
00:19:05quand on apprend ça
00:19:06parce que
00:19:06ça permet de rebooster
00:19:07tout le monde
00:19:08et de pouvoir redémarrer.
00:19:10On est vraiment,
00:19:11on sait qu'on va y arriver
00:19:13ce coup-là.
00:19:14C'est donc bien
00:19:15l'inconnu du franois
00:19:16qui a saigné
00:19:17sur le chemin suisse.
00:19:18Une certitude,
00:19:19enfin,
00:19:21neuf mois
00:19:21après la découverte
00:19:22du corps.
00:19:25Reste à vérifier
00:19:26si c'est elle
00:19:27qui a perdu
00:19:27sa carte d'identité,
00:19:29autrement dit,
00:19:30si l'inconnu du franois
00:19:31s'appelle
00:19:32Miaela Miloyu.
00:19:37La réponse
00:19:38se trouve peut-être
00:19:39à 2000 kilomètres
00:19:40des forêts jurassiennes
00:19:41en Roumanie.
00:19:44La famille de Miaela
00:19:50vit dans un village
00:19:51blotti
00:19:51au pied
00:19:52des montagnes
00:19:52des Carpathes.
00:19:59Mandatés
00:19:59par la justice française,
00:20:01des policiers roumains
00:20:01sont allés toquer
00:20:02à la porte.
00:20:03Veli Kamiloyu
00:20:05n'avait plus
00:20:06de nouvelles
00:20:06de sa fille
00:20:07depuis dix mois.
00:20:07On nous a posé
00:20:15des questions
00:20:15sur elle,
00:20:16mais on ne nous a
00:20:18rien dit.
00:20:19Et une semaine après,
00:20:20ils nous ont fait
00:20:20un test ADN
00:20:21en ville,
00:20:23à Biteshti.
00:20:24Ensuite,
00:20:25on nous a convoqués
00:20:26là-bas
00:20:26et on nous a dit
00:20:28que c'était elle.
00:20:28Ça nous a effondré,
00:20:37moi et son père.
00:20:38Pour lui,
00:20:39c'était pire.
00:20:39Moi,
00:20:40j'ai réussi
00:20:40à rester plus forte,
00:20:41mais lui,
00:20:42il s'est effondré.
00:20:43On n'y comprenait
00:20:44plus rien.
00:20:49Miaela a connu
00:20:50une enfance
00:20:51des plus banales
00:20:52dans un milieu modeste.
00:20:53Elle a grandi
00:20:58entourée de ses parents
00:20:59et de son frère aîné,
00:21:00Adriane.
00:21:02Son père était mineur
00:21:03de fond.
00:21:09C'était une enfant
00:21:10très, très sage.
00:21:13Je n'ai rien
00:21:13à lui reprocher.
00:21:14Elle m'obéissait,
00:21:16elle m'aidait.
00:21:17Quand elle a grandi,
00:21:17elle faisait la cuisine.
00:21:23C'était une enfant
00:21:24respectueuse.
00:21:26Si elle voyait
00:21:26quelqu'un d'âgé,
00:21:28elle l'aidait
00:21:29à porter le seau,
00:21:30par exemple.
00:21:32Dans le bus,
00:21:33elle cédait sa place.
00:21:38Miaela a suivi
00:21:39une scolarité normale.
00:21:40Elle est allée au lycée
00:21:41à une quinzaine
00:21:42de kilomètres
00:21:42de chez elle
00:21:43dans la ville
00:21:43de Kampulung.
00:21:47C'est là,
00:21:47devant cet établissement,
00:21:49alors qu'elle n'avait
00:21:49que 15 ans,
00:21:50qu'elle est tombée
00:21:50amoureuse d'un garçon
00:21:51à peine plus âgé qu'elle,
00:21:53d'Afinel Boccianu.
00:21:59Elle n'était plus la même.
00:22:01Je ne m'entendais plus
00:22:02avec elle.
00:22:03Elle ne me répondait plus
00:22:04au téléphone,
00:22:05elle se cachait.
00:22:07Et un jour,
00:22:07elle a fait ses valises
00:22:08pour aller vivre avec lui.
00:22:12C'est Daphinel Boccianu,
00:22:14dont elle est tombée
00:22:14éperdument amoureuse.
00:22:16Il s'est montré
00:22:16particulièrement prévenant
00:22:18à son égard.
00:22:19Lui offrait des cadeaux,
00:22:21choses qu'elle ne connaissait pas.
00:22:24Il était particulièrement
00:22:25gentil avec elle,
00:22:26la conduite chez le coiffeur
00:22:28lui a permis
00:22:29de sortir un peu
00:22:30de ce village,
00:22:31chose qu'elle ne faisait pas.
00:22:34Daphinel Boccianu
00:22:35est en réalité
00:22:36un lover boy.
00:22:38Un pro de la drague
00:22:39chargé de recruter
00:22:40pour un réseau
00:22:41de prostitution.
00:22:43Son terrain de chasse
00:22:44préféré
00:22:44et celui de ses confrères
00:22:46et celui de ses confrères
00:22:46les lycées
00:22:47à la sortie des cours
00:22:49avec une approche
00:22:51bien rôdée en Roumanie.
00:22:54Malheureusement,
00:22:54au bout de quelques mois
00:22:56de lune de miel,
00:22:57très vite,
00:22:58ces individus
00:22:59proposent,
00:23:00imposent
00:23:01de se prostituer.
00:23:04C'est pas par la violence,
00:23:06mais c'est d'abord
00:23:06par la séduction
00:23:07et par le fait
00:23:09qu'on fait miroir
00:23:10à ces jeunes femmes
00:23:11une vie beaucoup plus
00:23:12faite d'aisance financière.
00:23:15Il y a un contexte
00:23:16de dépendance affective
00:23:17qui se crée.
00:23:21Je me disais
00:23:22qu'il trafiquait un peu,
00:23:23mais je pensais à la drogue.
00:23:25Je ne réalisais pas
00:23:26qu'il était proxénète.
00:23:27Je ne pouvais pas le croire.
00:23:29J'ai voulu la ramener
00:23:30à la maison,
00:23:31mais elle ne voulait pas revenir.
00:23:32Je suis allée
00:23:33deux fois à l'école
00:23:34et elle est parvenue.
00:23:36Elle avait même quitté
00:23:37l'école.
00:23:38Je ne pouvais plus rien faire.
00:23:45En octobre 2016,
00:23:47Miaïla a caché
00:23:48à ses parents
00:23:48qu'elle s'envolait
00:23:49pour Lausanne en Suisse.
00:23:51Elle venait d'avoir
00:23:5218 ans.
00:23:54Attirée par la promesse
00:23:55d'une vie meilleure,
00:23:56elle est partie travailler
00:23:57pour le clan Boccianu,
00:23:59dirigé par le cousin
00:24:00de Daphinel,
00:24:01Luciane Boccianu.
00:24:05Un parcours classique
00:24:06pour une travailleuse
00:24:07du sexe,
00:24:09une prostituée sur trois
00:24:10en Europe de l'Ouest
00:24:11vient de Roumanie.
00:24:15Elle s'est trouvée confrontée
00:24:16à la prostitution
00:24:17la plus dure,
00:24:19la plus sauvage,
00:24:20celle qui l'a conduite
00:24:21à être dans la rue
00:24:22à la merci
00:24:23des clients peut-être
00:24:25les plus difficiles,
00:24:26ceux qui n'ont pas les moyens
00:24:27d'aller dans les salons
00:24:29ou les endroits
00:24:30dits légaux
00:24:31et peut-être
00:24:32les clients
00:24:33qui sont potentiellement
00:24:34les plus nuisibles.
00:24:34« Je n'ai rien pu faire,
00:24:44rien vraiment.
00:24:45J'ai prévenu la police.
00:24:49Mais on m'a ignorée. »
00:24:54Miaela a disparu
00:24:55moins de deux mois
00:24:56après son arrivée en Suisse.
00:24:57Dominique,
00:25:00les gendarmes veulent étudier
00:25:01la téléphonie du clan
00:25:02Boccianu
00:25:02et des prostituées
00:25:03qui travaillent pour eux,
00:25:05dont évidemment Miaela.
00:25:06Pour ça,
00:25:07ils ont besoin des Suisses.
00:25:09Oui,
00:25:09parce que les policiers suisses
00:25:10enquêtent depuis un petit moment
00:25:11déjà sur le clan Boccianu.
00:25:13Il y a des écoutes téléphoniques
00:25:14qui tournent,
00:25:15des zonzons.
00:25:16Et ces écoutes,
00:25:17les policiers suisses
00:25:18vont les mettre
00:25:19à la disposition
00:25:19des gendarmes français.
00:25:20Et je vous disais
00:25:21que la date
00:25:22de la mort de Miaela
00:25:23allait changer,
00:25:25c'est grâce à cette téléphone.
00:25:25Oui,
00:25:26on se souvient que le premier médecin
00:25:27avait identifié
00:25:29la mort aux alentours
00:25:30du 10 décembre.
00:25:31Oui,
00:25:31elle est morte
00:25:31dix jours plus tôt.
00:25:33Elle est morte
00:25:33dans la nuit
00:25:33du 29 au 30 novembre.
00:25:35Mais comment ils peuvent
00:25:36savoir ça ?
00:25:36Avec son téléphone.
00:25:37Parce que son téléphone,
00:25:39ce soir-là,
00:25:39il va cesser d'émettre.
00:25:40À 23h,
00:25:42Miaela est à Lausanne.
00:25:43Elle reçoit un appel
00:25:44du chef du clan,
00:25:45Luchan,
00:25:46qui lui dit
00:25:47« Rentre, c'est bon,
00:25:48t'as assez travaillé,
00:25:49viens dîner. »
00:25:50Et elle lui dit
00:25:50« Non, non, non, non,
00:25:51je vais continuer
00:25:52à bosser un peu. »
00:25:53Appel suivant,
00:25:540h50.
00:25:55Cette fois-ci,
00:25:55c'est le téléphone
00:25:56de Miaela
00:25:57qui émet.
00:25:59Elle appelle le 117,
00:26:00les secours suisses.
00:26:02Mais l'appel n'aboutit pas
00:26:03et le téléphone raccroche.
00:26:05Ok,
00:26:06elle est où à ce moment-là ?
00:26:06Alors,
00:26:07à ce moment-là,
00:26:08elle se trouve
00:26:08ici à Lausanne,
00:26:10à la sortie de Lausanne
00:26:11à Crissier,
00:26:11en fait,
00:26:12le long de l'autoroute.
00:26:14Ensuite,
00:26:14son téléphone se déplace.
00:26:15Il va borner
00:26:16un peu plus haut
00:26:17à Sulan.
00:26:18Sulan,
00:26:19souvenez-vous,
00:26:19c'est l'endroit
00:26:20où une promeneuse
00:26:21va découvrir
00:26:21sur la route
00:26:22une énorme tâche de sang.
00:26:25Ensuite,
00:26:25à 2h du matin,
00:26:26le téléphone de Miaela
00:26:28va borner ici à Valorbe,
00:26:30à la frontière franco-suisse.
00:26:33Il est ensuite
00:26:33définitivement coupé.
00:26:36Donc,
00:26:37Miaela a disparu
00:26:38dans la nuit
00:26:38du 29 au 30 novembre.
00:26:42Et cette information,
00:26:43elle va sacrément
00:26:43faire avancer l'enquête.
00:26:44Les gendarmes ont identifié
00:26:48la victime,
00:26:49ils peuvent maintenant
00:26:50se concentrer
00:26:50sur la recherche du tueur,
00:26:52un proxénète,
00:26:54un client.
00:26:55Et dans cette enquête,
00:26:56ils ont un indice de taille,
00:26:58l'ADN d'un homme
00:26:59sous le pied de Miaela.
00:27:00On peut légitimement penser
00:27:07que l'auteur
00:27:08se soit blessé
00:27:09avec une arme blanche
00:27:11parce que,
00:27:12lors des constatations,
00:27:13en fait,
00:27:14beaucoup de plaies
00:27:14faites à l'arme blanche
00:27:15sont découvertes
00:27:16sur le corps de la victime.
00:27:20Donc,
00:27:21on décide de faire
00:27:22les hôpitaux
00:27:23pour voir
00:27:24si quelqu'un
00:27:25a pu se présenter
00:27:25avec une coupure
00:27:26dans la nuit
00:27:27du 29 au 30 novembre.
00:27:28Donc,
00:27:29on fait ces recherches
00:27:29au niveau de la Franche-Comté,
00:27:30au niveau de la Suisse.
00:27:35Et puis,
00:27:36on va avoir
00:27:36un retour positif
00:27:37au niveau de l'hôpital
00:27:39de Pont-Harlier
00:27:39qui nous indique
00:27:40que le 30 novembre
00:27:41au matin,
00:27:42à 6h50,
00:27:43un homme s'est présenté
00:27:44avec une coupure
00:27:45conséquente
00:27:46à l'index droit.
00:27:47Cette coupure
00:27:48a nécessité
00:27:48des points de suture.
00:27:54Le blessé
00:27:54a expliqué au médecin
00:27:55qu'en rentrant du travail,
00:27:57sa voiture
00:27:57avait percuté
00:27:58un chevreuil.
00:28:01Rien de plus banal
00:28:02dans cette région
00:28:03giboyeuse.
00:28:08Le chevreuil
00:28:09était encore vivant
00:28:11et avec un couteau
00:28:12de poche,
00:28:13il vient
00:28:14pour abréger
00:28:15ses souffrances.
00:28:18Et à ce moment-là,
00:28:20sa main glisse
00:28:21sur la lomme
00:28:21et il se coupe.
00:28:22Cet automobiliste maladroit
00:28:26s'appelle
00:28:27Alexandre Verdure.
00:28:29Il a 30 ans.
00:28:31Il est en couple,
00:28:31il est père d'un enfant.
00:28:33Et il vit à Mout,
00:28:34dans le Haut-Dou,
00:28:36le village le plus froid
00:28:37de France.
00:28:38C'est ce qu'on dit.
00:28:39C'est un citoyen
00:28:43lambda,
00:28:44pas quasi judiciaire.
00:28:45Il a la particularité
00:28:46d'être
00:28:47gendarme
00:28:48réserviste.
00:28:52Et c'est pas
00:28:52parce qu'il est
00:28:53gendarme réserviste
00:28:54qu'il ne peut pas
00:28:55avoir commis ça.
00:29:00La première photo
00:29:01qui est affichée
00:29:02de lui sur Facebook,
00:29:03c'est une photo de lui.
00:29:04Il s'exhibe
00:29:04avec son arme de service.
00:29:05En tant que réserviste,
00:29:08vous avez une arme de service
00:29:08lorsque vous êtes en patrouille,
00:29:10vous n'en disposez pas
00:29:10à votre domicile.
00:29:13Je trouve ça
00:29:14inquiétant quelque part.
00:29:18Gendarme réserviste.
00:29:20C'est une activité
00:29:21qu'Alexandre Verdure
00:29:22exerce sur son temps libre
00:29:23en renfort
00:29:24dans les brigades du Doubs.
00:29:26Mais pour son travail
00:29:27à temps plein,
00:29:28il change de costume.
00:29:33Il est agent de sécurité.
00:29:35en Suisse,
00:29:37à Lausanne.
00:29:39Et le siège
00:29:39de l'entreprise
00:29:41se situe
00:29:42en plein milieu
00:29:43du quartier
00:29:43de la prostitution.
00:29:48Et sa téléphonie
00:29:49dans la nuit
00:29:50du 29 au 30
00:29:51est complètement différente
00:29:52de sa téléphonie habituelle.
00:29:59Dominique,
00:30:00en quoi la téléphonie
00:30:01d'Alexandre Verdure
00:30:02est différente
00:30:03dans la nuit
00:30:03du 29 au 30 novembre 2016 ?
00:30:05Ce 30 novembre 2016,
00:30:07le téléphone
00:30:08d'Alexandre Verdure
00:30:09borne à Jougne
00:30:11à 1h57.
00:30:13Jougne,
00:30:14c'est le premier village français
00:30:15quand on sort de Suisse
00:30:17et qu'on a passé la frontière.
00:30:18Pas vraiment étonnant
00:30:19parce que
00:30:20c'est sur son trajet
00:30:21domicile,
00:30:23travail.
00:30:24Ce qui est étonnant,
00:30:24c'est l'heure
00:30:25à laquelle son téléphone
00:30:26est.
00:30:26Voilà,
00:30:261h57 à Jougne
00:30:27en France
00:30:28et au même moment,
00:30:30elle,
00:30:30Miaëlla,
00:30:31elle est en Suisse
00:30:31et son téléphone
00:30:32borne quasiment
00:30:32à la même heure.
00:30:33Mais ça ne veut rien dire,
00:30:34Christophe,
00:30:34parce que les deux villages
00:30:35sont limitrophes.
00:30:36Jougne en France,
00:30:37Valorbe,
00:30:38les téléphones qui passent
00:30:39par là
00:30:39accrochent indifféremment
00:30:40la borne suisse
00:30:41ou la borne française.
00:30:43Et après 1h57,
00:30:44il se passe quoi
00:30:44sur le téléphone de Verdure ?
00:30:46Téléphone coupé
00:30:47jusqu'à 4h du matin.
00:30:49Il est peut-être
00:30:49rentré dormir chez lui ?
00:30:50Sa femme s'en apercevrait,
00:30:51il serait couché
00:30:52à côté d'elle.
00:30:53Elle va l'appeler 17 fois
00:30:54entre 2h et 4h du matin
00:30:56et 17 fois,
00:30:58elle va tomber
00:30:58sur le répondeur téléphonique.
00:31:00Est-ce que le téléphone
00:31:00de Verdure
00:31:01va borner au franois
00:31:02là où le corps
00:31:03de Miaëlla
00:31:03a été retrouvé ?
00:31:04Non,
00:31:05jamais.
00:31:05De toute façon,
00:31:05il est coupé.
00:31:06Si on résume,
00:31:07Dominique,
00:31:07la téléphonie de Verdure
00:31:08pose problème.
00:31:09Il travaille à Lausanne
00:31:10dans le quartier
00:31:10de la prostitution
00:31:11et il s'est fait recoup
00:31:12de l'index
00:31:13après une blessure
00:31:13au couteau
00:31:14quelques heures
00:31:15après le meurtre.
00:31:16Oui.
00:31:16Et pour le juge
00:31:17et les gendarmes,
00:31:18ça mérite un écouvillon,
00:31:20un petit coup
00:31:20de coton-tige.
00:31:25Alexandre Verdure
00:31:26travaille de nuit
00:31:26en Suisse
00:31:27et les gendarmes
00:31:29le cueillent donc
00:31:29le 7 novembre 2017
00:31:31au petit matin
00:31:32à Mout.
00:31:35Il vient d'arriver
00:31:35en bas de son immeuble
00:31:36et le bonhomme
00:31:38ne se démonte pas.
00:31:40Tout de suite,
00:31:41il dit
00:31:41« Mais qu'est-ce que c'est ?
00:31:43Je suis de la maison. »
00:31:46Et puis,
00:31:47les collègues suisses
00:31:48arrivent par derrière
00:31:49et ils se garent
00:31:51à côté de lui
00:31:51et là,
00:31:52on a quand même
00:31:52le sentiment
00:31:53qu'il voit bien
00:31:54qu'il y a
00:31:54une certaine collaboration
00:31:56entre la France
00:31:57et la Suisse
00:31:57et il change
00:31:59un petit peu
00:32:00quand même
00:32:00d'attitude
00:32:01pour le coup.
00:32:04Il remet le puzzle
00:32:05comme il faut en place
00:32:06et il se rend compte
00:32:08que ça va être
00:32:08un petit peu
00:32:09plus compliqué
00:32:09que sa vie habituelle.
00:32:13Les gendarmes
00:32:14prélèvent Illico
00:32:15son ADN.
00:32:17Il part à toute allure
00:32:18à bord d'une voiture
00:32:19d'intervention spéciale
00:32:20dans un laboratoire
00:32:21des Vosges.
00:32:23Le temps de garde à vue
00:32:23est compté.
00:32:25Autant être vite fixé.
00:32:29Pendant ce temps,
00:32:30à Mout,
00:32:30après la perquisition
00:32:31de son appartement,
00:32:33les gendarmes
00:32:34embarquent Verdure.
00:32:36Direction la SR
00:32:40de Besançon
00:32:41pour l'audition
00:32:42et pendant le trajet,
00:32:45le téléphone sonne.
00:32:48C'est le directeur d'enquête.
00:32:50Il vient de recevoir
00:32:51la réponse du labo.
00:32:53Je leur dis,
00:32:54écoutez,
00:32:55c'est Alexandre Verdure,
00:32:56c'est bien lui.
00:32:58Bingo.
00:33:01On ne peut rien laisser
00:33:02forcément transparaître.
00:33:04La personne garde à vue
00:33:05est à côté de vous
00:33:06juste à votre droite.
00:33:08Mais bon,
00:33:08intérieurement,
00:33:09c'est une grande victoire.
00:33:14Les gendarmes
00:33:15cachent leur joie,
00:33:16mais ils ont un bel atout
00:33:17dans leur manche.
00:33:18Et évidemment,
00:33:19il n'en pique pas un mot
00:33:20au suspect,
00:33:21qui d'ailleurs,
00:33:23n'en prononce
00:33:23pas beaucoup non plus.
00:33:24Il est plutôt distant
00:33:28et en fait,
00:33:29il est spectateur
00:33:30de sa garde à vue.
00:33:31Il ne sait pas.
00:33:33Il n'a pas de réponse
00:33:34à nous donner.
00:33:36Ce n'est pas lui.
00:33:40La blessure au doigt,
00:33:42le chevreuil,
00:33:43la preuve.
00:33:45Il a même dû changer
00:33:45un phare après l'accident.
00:33:46Sur une autoroute suisse
00:33:51où la vitesse est limitée
00:33:52à 120,
00:33:53percuter un gibier,
00:33:56ça doit occasionner
00:33:57un petit peu plus de dégâts
00:33:59qu'un simple optique de phare.
00:34:06Petit à petit,
00:34:08les gendarmes l'amènent
00:34:09à parler de sa vie de couple,
00:34:11de sa sexualité.
00:34:11Et il finit par lâcher
00:34:14qu'il a voulu
00:34:15essayer les filles
00:34:17de Lausanne.
00:34:20Certes,
00:34:21il a eu des relations
00:34:21avec une ou deux prostituées,
00:34:23mais en aucun cas,
00:34:24ce n'est Mirella Miloy.
00:34:29Il va nous dire aussi
00:34:30qu'une des filles
00:34:31avec qui il avait une relation
00:34:33s'était blessée,
00:34:34saignait de la tête,
00:34:35la relation s'était passée
00:34:37dans la voiture.
00:34:38On a le sentiment
00:34:38qu'il anticipe déjà
00:34:39le fait qu'on puisse savoir
00:34:41ou qu'on puisse retrouver
00:34:41peut-être du sang
00:34:43dans sa voiture
00:34:44ou un profil ADN féminin.
00:34:48Je dirais qu'il est
00:34:49un petit peu à l'instar
00:34:50d'un comédien de stand-up,
00:34:51en fait,
00:34:52où il va se servir
00:34:54des éléments
00:34:54qui lui sont donnés
00:34:55dans l'assistance,
00:34:56donc en l'occurrence
00:34:57par les locuteurs,
00:34:58pour en fait
00:34:59élaborer son discours
00:35:01et sa version.
00:35:05Sur son portable,
00:35:06éteint pendant deux heures
00:35:07et demie la nuit du meurtre,
00:35:09Alexandre Verdure
00:35:10trouve la parade.
00:35:11son téléphone
00:35:13merdé plein pot.
00:35:15Il s'adapte,
00:35:16finasse,
00:35:18louvoie.
00:35:19Et quand les gendarmes
00:35:20sortent l'artillerie lourde,
00:35:23la présence de son ADN
00:35:24sur le corps
00:35:25de Miaïla Milouiou,
00:35:26il coince.
00:35:27Je ne sais pas.
00:35:30Je vous ai déjà tout dit.
00:35:32Je ne vais pas vous dire
00:35:33des choses
00:35:33que je ne sais pas.
00:35:35Globalement,
00:35:36c'est les trois quarts
00:35:36de ses réponses,
00:35:37il n'y a aucune explication
00:35:38cohérente
00:35:39à proposer.
00:35:45Il y a un moment,
00:35:46en fait,
00:35:46en fin d'audition,
00:35:47où on a l'impression
00:35:49qu'il serait prêt
00:35:50à s'expliquer,
00:35:52mais qu'il y a une barrière
00:35:55comme un blocage.
00:35:57Pendant que l'ASR
00:36:02de Besançon
00:36:03cuisine verdure,
00:36:05à Mout,
00:36:06d'autres gendarmes
00:36:07entendent sa compagne
00:36:08comme témoin.
00:36:10Et après plusieurs heures
00:36:11d'audition,
00:36:13ils arrivent à cette nuit
00:36:14du 29 au 30 novembre 2016.
00:36:17Elle nous dit,
00:36:18depuis le début
00:36:19de l'audition,
00:36:22je ne pense qu'à ça.
00:36:23Je ne pense
00:36:24qu'à cette nuit
00:36:26où il est rentré
00:36:27plein de sang.
00:36:27Plein de sang ?
00:36:30Vous avez dit
00:36:31plein de sang ?
00:36:33Oui.
00:36:35Elle s'en souvient bien.
00:36:37Cette nuit-là,
00:36:37c'est la première fois
00:36:38qu'elle l'a appelée.
00:36:39Appelée et appelée encore.
00:36:43Et au petit matin,
00:36:45il est rentré
00:36:46avec ses vêtements
00:36:46et le téléphone
00:36:48taché de sang.
00:36:50C'est même elle
00:36:51qui a lancé
00:36:51la machine à laver.
00:36:52donc tout ça
00:36:57dans sa tête,
00:37:00elle commence
00:37:01à dire
00:37:02est-ce qu'au final
00:37:03c'est pour lui quoi ?
00:37:05Est-ce qu'ils n'ont pas raison ?
00:37:07Pour elle,
00:37:10c'est terrible.
00:37:11Sa vie,
00:37:12son projet de mariage,
00:37:13son projet
00:37:14de deuxième enfant,
00:37:15tout tombe à l'eau.
00:37:15Après son audition,
00:37:22la compagne de verdure
00:37:23fonce chez ses parents.
00:37:26Ceux d'Alexandre,
00:37:27prévenus
00:37:27de la garde à vue
00:37:28de leur fils,
00:37:30sont là aussi.
00:37:33Elle arrive
00:37:34chez ses parents,
00:37:35en pleure,
00:37:35bien sûr,
00:37:36et elle nous dit
00:37:37« Alexandre a tué
00:37:40une jeune fille ».
00:37:41Donc on l'a appris
00:37:42comme ça.
00:37:43Je ne comprenais pas
00:37:45parce que je me dis
00:37:45maintenant qu'est-ce
00:37:46qui s'est passé ?
00:37:47Il y a eu un accident,
00:37:48on ne comprenait pas
00:37:50le pourquoi du comment.
00:37:52J'espère que ça
00:37:52ne vous arrivera jamais
00:37:53mais je peux vous dire
00:37:55que là,
00:37:55on reste sans voix.
00:37:57On n'y croit pas.
00:37:59On se dit
00:37:59« ce n'est pas possible,
00:38:00il va se passer quelque chose,
00:38:01on va nous apprendre
00:38:02une vérité,
00:38:03on va nous apprendre
00:38:03que c'était une erreur,
00:38:05on va nous apprendre
00:38:05qu'Alexandre lâché
00:38:06et on attend,
00:38:07on attend,
00:38:08on attend,
00:38:09ma femme et moi,
00:38:09on attend.
00:38:15Nous avons vu
00:38:21sur Internet
00:38:22que c'était un Français.
00:38:24Nous l'avons appris
00:38:25comme ça.
00:38:26Personne
00:38:26ne nous a rien dit.
00:38:37Déféré devant
00:38:37le juge d'instruction,
00:38:39Alexandre Verdure
00:38:40n'en dit pas plus.
00:38:41Le magistrat
00:38:42le met en examen
00:38:42pour meurtre.
00:38:43Mais trois semaines
00:38:44plus tard,
00:38:45au parloir,
00:38:47Verdure se montre
00:38:48beaucoup plus bavard
00:38:49avec ses parents.
00:38:58Déjà,
00:38:58quand on se retrouve
00:38:59devant la maison d'arrêt,
00:39:01on se dit
00:39:01« ce n'est pas possible,
00:39:02qu'est-ce qu'on fait là ? »
00:39:03C'est un mauvais rêve,
00:39:04c'est un cauchemar.
00:39:09Et après,
00:39:10la porte s'ouvre
00:39:11et là,
00:39:12c'est un autre monde.
00:39:13on avait une petite pièce
00:39:22individuelle
00:39:23qui était fermée
00:39:25par une porte vitrée.
00:39:26Comme ça,
00:39:26on pouvait parler
00:39:27et personne
00:39:27pouvait nous entendre.
00:39:32À peu près,
00:39:32au bout de cinq minutes
00:39:33de parloir,
00:39:34on était en pleur
00:39:34tous les trois.
00:39:35Je lui ai pris la main,
00:39:37je lui ai dit,
00:39:37en le regardant dans les yeux,
00:39:39« Alexandre,
00:39:39c'est pas toi,
00:39:40t'as pas fait ça. »
00:39:41Il m'a dit,
00:39:42« Ben non,
00:39:42bien sûr que non. »
00:39:45Alexandre Verdure
00:39:46se livre à ses parents.
00:39:49Et cette fois,
00:39:50aucun chevreuil
00:39:51n'a coupé sa route.
00:39:53La nuit du meurtre
00:39:54de Mia Ella.
00:39:58Ce soir-là,
00:39:59il a quitté son travail
00:40:00à 23h30
00:40:01pour rentrer chez lui.
00:40:06Mais à la sortie de Lausanne,
00:40:08au rond-point de la maladière,
00:40:09alors qu'il allait
00:40:10s'engager vers l'autoroute,
00:40:12il a vu au loin
00:40:12une femme
00:40:13se faire agresser
00:40:15par un homme.
00:40:20Verdure a toujours eu
00:40:21une âme de sauveur,
00:40:22c'est plus fort que lui.
00:40:24Il s'est donc porté
00:40:25à son secours.
00:40:25Son arrivée
00:40:29à hauteur
00:40:29de la station-service
00:40:30a fait déguerpir
00:40:31l'agresseur.
00:40:33Mia Ella,
00:40:34parce qu'il parle bien d'elle,
00:40:36était terrifiée.
00:40:37Alexandre Verdure
00:40:58roule une vingtaine
00:40:59de minutes
00:40:59au nord de Lausanne
00:41:00avec Mia Ella.
00:41:03Il part avec elle
00:41:04et puis ce qu'il explique,
00:41:06c'est que c'est une prostituée
00:41:07qui se met d'accord
00:41:08par la suite
00:41:09pour une passe.
00:41:18Et puis il s'engage
00:41:19dans un chemin
00:41:20près de l'autoroute,
00:41:22celui où le sang
00:41:23de Mia Ella
00:41:23a été découvert
00:41:24trois jours plus tard.
00:41:25C'est là qu'il fait
00:41:34sa petite affaire
00:41:35avec elle
00:41:36sur le capot
00:41:38de la voiture,
00:41:38précise Verdure.
00:41:43Mais au moment
00:41:43où il se rhabille,
00:41:45une voiture noire surgit.
00:41:50Manifestement,
00:41:50on les a suivies.
00:41:51deux hommes en sortent.
00:41:59L'un est armé
00:42:00d'un pistolet
00:42:01et Alexandre Verdure
00:42:03peut être tenu en joue.
00:42:07Alexandre,
00:42:08il est terrorisé,
00:42:09il se retrouve à genoux
00:42:09derrière sa voiture,
00:42:11il a froid,
00:42:12il a peur,
00:42:12il pleure,
00:42:12il s'englote
00:42:13et il a ce revolver
00:42:15pointé sur la tête.
00:42:16Le deuxième homme
00:42:19fouille alors
00:42:20la sacoche d'Alexandre
00:42:21où il trouve
00:42:21son couteau de poche.
00:42:24C'est avec ce couteau
00:42:25qu'il tue Mia Ella,
00:42:27plus loin dans le chemin.
00:42:30L'autre va massacrer
00:42:30la jeune femme
00:42:31et ce qu'il va dire,
00:42:33c'est qu'il n'entend pas
00:42:34de bruit,
00:42:34il n'entend pas de cris,
00:42:36il n'entend pas de hurlements
00:42:37de la part de la victime.
00:42:41Ils lui ont pris
00:42:42tous ses papiers
00:42:43et ils lui ont fait
00:42:44comprendre que maintenant
00:42:45il savait
00:42:46où il habitait,
00:42:48que s'il n'emmenait pas
00:42:49le corps quelque part,
00:42:51il s'occupait
00:42:51de sa famille.
00:42:52Et il va être sommé
00:42:53de se débarrasser
00:42:54du corps,
00:42:55à lui de se débrouiller
00:42:56et donc lui va expliquer
00:42:57qu'il va obéir
00:42:59aux ordres
00:42:59qu'il a reçus.
00:43:03Et les deux hommes
00:43:04s'en vont
00:43:05et Alexandre
00:43:07y voit comme une mosse
00:43:08devant sa voiture.
00:43:11C'est la jeune fille.
00:43:12Il se penche,
00:43:17il se rend bien compte
00:43:17qu'elle est décédée.
00:43:22Et en plus de ça,
00:43:24dans le cou de la jeune fille,
00:43:25il a son propre couteau
00:43:26à lui.
00:43:28Il le retire
00:43:29et là,
00:43:30comme par hasard,
00:43:30il se blesse au doigt.
00:43:31Alexandre Verdur
00:43:40reprend la route.
00:43:43Le corps de Mia
00:43:43est là dans le coffre.
00:43:4540 kilomètres plus loin,
00:43:47il passe la frontière française
00:43:48par une petite route
00:43:49de montagne
00:43:49pour éviter les contrôles.
00:43:52Il raconte
00:43:53qu'il voulait se rendre
00:43:53à la gendarmerie de Mout.
00:43:57Mais avant d'arriver
00:43:58à son village,
00:43:59il la voit,
00:44:00la voiture noire,
00:44:02elle est toujours
00:44:03derrière lui.
00:44:07Il se dit,
00:44:07bah tiens,
00:44:08est-ce que c'est pas
00:44:08les tueurs qui me suivent,
00:44:09qui veulent me rattraper ?
00:44:11Il n'a qu'une chose en tête,
00:44:12c'est s'enfuir
00:44:12et les semer.
00:44:17Alors il bifurque
00:44:18vers le Jura
00:44:19et il réussit
00:44:21à semer les tueurs.
00:44:2130 kilomètres plus loin,
00:44:32il s'arrête
00:44:33pour se débarrasser
00:44:33du corps
00:44:34dans la forêt
00:44:35du Franois.
00:44:35Verdure déshabille
00:44:47Miaéla
00:44:48parce que les ronces
00:44:49s'accrochaient aux vêtements
00:44:50et ça le gênait
00:44:51pour dévaler le ravin
00:44:52avec son fardeau.
00:44:53Et arrivé à un point,
00:44:58il se dit,
00:44:58bon ben je laisse là.
00:45:00Et là,
00:45:00il la recouvre
00:45:01un peu de feuilles
00:45:01simplement par pudeur
00:45:03je pense.
00:45:04Et il repart.
00:45:09Reste à se débarrasser
00:45:10des vêtements
00:45:10et du téléphone
00:45:11de Miaéla,
00:45:13de son couteau aussi.
00:45:14Ça lui brûle les mains,
00:45:19ça le pollue,
00:45:20ça le perturbe
00:45:21d'avoir ça entre les mains,
00:45:22il met ça à la poubelle.
00:45:23Alors que ce sont
00:45:24des objets évidemment
00:45:25qu'il aurait dû garder
00:45:26pour pièce à conviction,
00:45:28lui il s'en débarrasse.
00:45:32Et le lendemain,
00:45:33Verdure reprend
00:45:33le cours de sa vie
00:45:34sans jamais
00:45:36parler de cette nuit-là.
00:45:40Il aurait dû avertir
00:45:41les autorités,
00:45:43il est gendarme de réserve,
00:45:44il ne le fait pas.
00:45:45Lui va dire
00:45:45qu'il avait très peur.
00:45:49C'est quelqu'un
00:45:49qui ne supporte pas
00:45:51cette période
00:45:52où effectivement
00:45:53il n'est pas allé voir
00:45:53ses collègues
00:45:54pour leur dire
00:45:54voilà ce qui s'est passé,
00:45:55j'ai été lâche,
00:45:56j'ai obéi,
00:45:57j'ai rien fait.
00:46:01C'est évident
00:46:02qu'il n'a rien dit
00:46:03pour nous protéger.
00:46:05Pas par peur pour lui,
00:46:06mais pour nous protéger,
00:46:07nous,
00:46:08sa compagne,
00:46:08son fils,
00:46:09ses frères,
00:46:10ses parents.
00:46:11Pour ça,
00:46:11il n'a rien dit.
00:46:12Il se doutait très bien
00:46:13que s'il parlait,
00:46:14il pouvait y avoir
00:46:15des représailles.
00:46:16Il a gardé ça en lui,
00:46:17au fond de lui.
00:46:23On n'a aucun doute possible,
00:46:25ni ma femme
00:46:25et puis moi
00:46:26sur ses paroles.
00:46:27On croit
00:46:28tout ce qu'il nous dit
00:46:29de A à Z.
00:46:31Ah oui,
00:46:31moi je le crois.
00:46:32Il a toujours parlé,
00:46:33il a toujours dit
00:46:34les choses
00:46:35et je sais comment il est.
00:46:37Donc je le crois
00:46:40et je le crois toujours.
00:46:46Alexandre Verdure
00:46:47peut compter
00:46:47sur le soutien
00:46:48de ses proches.
00:46:49Mais son histoire,
00:46:50bien tardive
00:46:51et surtout digne
00:46:52d'un film,
00:46:53les gendarmes
00:46:54et les magistrats
00:46:55ont du mal
00:46:56à l'avaler.
00:46:57D'abord,
00:47:00il n'est pas capable
00:47:01de fournir
00:47:01le moindre signalement
00:47:02sur ces individus
00:47:03si on la voit tue.
00:47:04Il ne sait rien sur eux.
00:47:07Et puis,
00:47:08on n'imagine
00:47:09absolument pas
00:47:10ces individus
00:47:11aussi déterminés
00:47:12laisser un témoin
00:47:13des faits
00:47:14comme ça
00:47:14qui a une tenue
00:47:15d'agent de sécurité
00:47:16et il laisserait
00:47:17cet homme
00:47:18comme ça
00:47:18la charge
00:47:18d'aller faire disparaître
00:47:20le cadavre
00:47:22sans s'inquiéter.
00:47:23Ça paraît
00:47:23absolument pas crédible.
00:47:24Il fait disparaître
00:47:25le corps,
00:47:26il le déshabille
00:47:26et il fait ensuite
00:47:27disparaître
00:47:27méticuleusement
00:47:28tous les éléments.
00:47:30Là-dessus,
00:47:30il n'a pas d'explication
00:47:31rérente
00:47:31si ce n'est qu'il va dire
00:47:32j'ai fait le con.
00:47:37Il indique
00:47:37qu'il l'a déshabillé
00:47:38parce qu'il y avait
00:47:39ces ronces
00:47:39qui se gênaient
00:47:40dans sa progression
00:47:40mais il n'y a pas de ronces.
00:47:42Il y a des rochers,
00:47:43il y a des feuilles,
00:47:44il y a des branches mortes
00:47:44mais il n'y a pas de ronces.
00:47:46Et en fait,
00:47:47la déshabiller,
00:47:48c'est pour faire disparaître
00:47:49toute trace d'identification.
00:47:50Autre incohérence de taille
00:47:53l'arme de crime.
00:47:54Pourquoi les tueurs
00:47:55auraient-ils utilisé
00:47:56le couteau de verdure ?
00:47:58Si vous allez
00:48:01pour tuer quelqu'un,
00:48:02déjà vous venez
00:48:03équipé.
00:48:05Vous fouillez pas
00:48:06la sacoche
00:48:08d'un témoin
00:48:09à la recherche
00:48:10d'un éventuel couteau.
00:48:11D'autant plus
00:48:12que le second
00:48:13avait
00:48:13une arme de poing.
00:48:16Eh bien,
00:48:17pas.
00:48:20Deux camps se dessinent.
00:48:27D'un côté,
00:48:27des gendarmes
00:48:28et un juge d'instruction
00:48:28qui sont persuadés
00:48:29de tenir leur homme.
00:48:31De l'autre,
00:48:31un suspect
00:48:32qui crie, lui,
00:48:33à l'erreur judiciaire.
00:48:35Verdure dit
00:48:35qu'il s'est retrouvé
00:48:36dans de sales draps
00:48:37par hasard.
00:48:39Après s'est offert
00:48:40un bon moment
00:48:41avec une fille.
00:48:43Il va falloir
00:48:43faire ailler dur
00:48:44pour convaincre
00:48:44qu'il est innocent.
00:48:47Et d'abord,
00:48:49pourquoi l'aurait-il
00:48:50tuer ?
00:48:51Pourquoi il aurait
00:48:52fait ça ?
00:48:53Je ne veux pas
00:48:57du tout, là.
00:49:00Il faut avoir
00:49:00une raison
00:49:01de tuer quelqu'un.
00:49:02Enfin,
00:49:02on ne tue pas
00:49:02quelqu'un
00:49:03pour le plaisir
00:49:05de tuer.
00:49:06Moi,
00:49:06je vois ça
00:49:07comme ça.
00:49:13Alexandre Verdure,
00:49:13il n'a aucun mobile,
00:49:14il n'a pas fait
00:49:15de mal à une mouche
00:49:15dans sa vie.
00:49:17Je crois que
00:49:18le pire qu'on puisse
00:49:18lui reprocher,
00:49:19c'est qu'il puisse
00:49:20élever la voix
00:49:20et bouder dans un coin.
00:49:22Voilà le genre
00:49:23de personnage
00:49:24dont on parle.
00:49:27Et je trouve
00:49:28qu'un comportement
00:49:29dans une vie,
00:49:29ça ne ment pas.
00:49:32Pas de mobile ?
00:49:33Quant à l'arme
00:49:34du crime
00:49:34qu'a décrit Verdure,
00:49:35son propre couteau,
00:49:37de l'aveu même
00:49:37de son avocat,
00:49:38ça ne tient pas debout.
00:49:40Mia Ela n'a pas pu
00:49:41être tuée
00:49:41avec cette lame
00:49:42de poche.
00:49:43Les marques
00:49:47qui sont faites
00:49:48sont très particulières.
00:49:51Elles sont toutes
00:49:51parfaitement symétriques,
00:49:53très fines
00:49:53et la lame
00:49:54s'est enfoncée
00:49:55assez profondément
00:49:55sur plusieurs centimètres.
00:49:57En faisant des recherches
00:49:58dans des armuriers,
00:49:59on a trouvé
00:49:59le type de couteau
00:50:01qui pouvait absolument
00:50:03correspondre à ça.
00:50:04Ce sont des couteaux
00:50:05qui sont tranchants
00:50:06des deux côtés
00:50:07avec une lame assez fine
00:50:08et qui sortent
00:50:09par cran d'arrêt.
00:50:10Alexandre Verdure,
00:50:15il n'en a pas.
00:50:16Et pour moi,
00:50:16c'est une arme de voyous.
00:50:17Et ça,
00:50:17c'est l'arme
00:50:18des proxénètes.
00:50:19Ce n'est pas l'arme
00:50:20d'Alexandre Verdure.
00:50:22Si Alexandre Verdure
00:50:23a raconté cette fable
00:50:24avec son couteau,
00:50:26c'est par habitude.
00:50:28C'est un garçon
00:50:29qui, dès qu'il est
00:50:30en difficulté,
00:50:31va inventer des choses,
00:50:32même quand il a raison.
00:50:33C'est quelqu'un
00:50:33qui se défend très mal,
00:50:35mais parce qu'il est
00:50:35très mal à l'aise
00:50:36d'être montré du doigt.
00:50:38On est certain
00:50:38que ça ne peut pas être lui,
00:50:40et immédiatement,
00:50:42on a l'idée
00:50:42que ça peut être
00:50:43les proxénètes.
00:50:44C'est la première idée
00:50:44qu'on a en tête.
00:50:45C'est une évidence.
00:50:47Les proxénètes.
00:50:49Lucien Boccianu,
00:50:50le chef du clan.
00:50:53Et Daphinel Boccianu,
00:50:55le lover boy de Mia Ela.
00:50:58Eux ont un mobile solide.
00:51:00Parce que trois jours
00:51:01avant d'être tué,
00:51:02Mia Ela avait annoncé
00:51:03à sa mère
00:51:04qu'elle voulait se sauver.
00:51:05Moi, je pars du principe
00:51:08qu'ils le savent.
00:51:11Ils l'ont appris.
00:51:12Ils comprennent
00:51:12qu'elle va fuguer.
00:51:14Et donc,
00:51:14ils ont mis en place
00:51:15ce système de surveillance.
00:51:17Elle va faire des passes
00:51:18ce soir-là
00:51:18dans un territoire
00:51:20qui n'est pas le sien
00:51:21habituellement.
00:51:22Et c'est aussi pour ça
00:51:23qu'elle est suivie.
00:51:24Est-ce qu'ils étaient partis
00:51:30pour la tuer au départ ?
00:51:32Ce n'est pas sûr.
00:51:33Mais ce qui est sûr,
00:51:35s'ils lui avaient cavalé
00:51:36après une partie
00:51:37de la soirée,
00:51:37ils étaient peut-être
00:51:38très en colère,
00:51:39en rage contre elle.
00:51:40Moi, je pense qu'on n'a pas
00:51:41affaire à des gens
00:51:42aussi rationnels.
00:51:43C'est aussi des caractériels,
00:51:45des psychopathes,
00:51:46des sociopathes,
00:51:47si vous voulez.
00:51:48Des psychopathes
00:51:49capables d'une extrême violence.
00:51:51Les femmes qui les exploitent
00:51:54en ont témoigné
00:51:55dans le cadre
00:51:56d'une enquête
00:51:56pour proxénétisme
00:51:58quelques mois
00:51:58avant la mort de Myaela.
00:52:01Voilà ce qu'elle disait
00:52:02sur Lucien Boccianu,
00:52:04surnommé Badea.
00:52:06Dès que je suis rentré
00:52:07par la porte,
00:52:07celui-ci m'a frappé
00:52:08avec le poing
00:52:08au niveau des côtes.
00:52:09Il a continué
00:52:10à me frapper
00:52:10avec les poings,
00:52:11les pieds,
00:52:12sur tout le corps,
00:52:12jusqu'à ce que je perde connaissance.
00:52:14J'ai eu des douleurs
00:52:15pendant trois semaines,
00:52:16période pendant laquelle
00:52:17je ne pouvais plus dormir
00:52:17dans une position normale.
00:52:20Alors,
00:52:21on voit bien
00:52:22leur méthode.
00:52:23Elle s'est fait avoir
00:52:24par un client.
00:52:25Il manque 300 francs.
00:52:26C'est pour 300 francs
00:52:27qu'elle subit ce traitement.
00:52:30Un autre témoignage.
00:52:32Ensuite,
00:52:32Badea agressait Petruja
00:52:34presque tous les jours.
00:52:35Badea la frappait
00:52:36avec les poings,
00:52:36avec les pieds,
00:52:37avec la ceinture,
00:52:37sur tout le corps.
00:52:39Elles sont battues
00:52:39pas à mort,
00:52:42mais de manière
00:52:43extrêmement grave.
00:52:44L'une d'elles
00:52:45va témoigner
00:52:45qu'elle va avoir
00:52:46la mâchoire fracassée
00:52:48jusqu'à devoir
00:52:49se nourrir
00:52:50avec une paille.
00:52:54Il faut avoir ça
00:52:55à l'esprit
00:52:55parce que
00:52:56Miaëlla,
00:52:57elle est massacrée
00:52:57au niveau du visage.
00:53:00C'est pas rien.
00:53:01Pour l'avocat de verdure,
00:53:04tout colle.
00:53:06Y compris cet appel
00:53:07que Miaëlla a reçu
00:53:08le soir du meurtre
00:53:09à 23h.
00:53:11Au bout du fil,
00:53:12Lucien Boccianu,
00:53:13son MAC,
00:53:14il lui proposait
00:53:14de rentrer.
00:53:16Un stratagème
00:53:17d'après la défense
00:53:18pour lui filer
00:53:19une belle correction.
00:53:22Le fait qu'on lui demande
00:53:23de rentrer
00:53:24parce qu'elle a bien
00:53:25trop travaillé,
00:53:26la pauvre,
00:53:26et qu'on se souffle
00:53:28d'elle,
00:53:29oui,
00:53:29c'est un piège.
00:53:30C'est un piège,
00:53:31il fonctionne pas comme ça.
00:53:33Ils exploitent
00:53:34les êtres humains
00:53:34jusqu'à leur épuisement.
00:53:36Ils tiennent par les menaces,
00:53:37par la peur,
00:53:37par la brutalité.
00:53:39Pourquoi il lui ferait
00:53:39un cadeau ?
00:53:40Pourquoi il renoncerait
00:53:41à quelques heures
00:53:42de travail en plus
00:53:44qui leur rapporte
00:53:44encore plus d'argent ?
00:53:45Y a aucune raison à cela,
00:53:47si ce n'est
00:53:47de lutter en un piège
00:53:48et de la rassurer faussement.
00:53:52Alors,
00:53:53Alexandre Verdure,
00:53:54coupable ?
00:53:56Vraiment ?
00:53:58Y a pas de véritable enquête
00:53:59concernant les proxénètes.
00:54:01On n'a pas fait
00:54:02de réelles investigations.
00:54:03Ils n'ont pas été placés
00:54:04en garde à vue,
00:54:05ils n'ont pas été mis en examen,
00:54:08rien.
00:54:09On s'est focalisés
00:54:10immédiatement
00:54:11sur Alexandre Verdure.
00:54:12C'est comme si,
00:54:13en pleine nuit,
00:54:14en race campagne,
00:54:15Alexandre Verdure
00:54:16avait un panneau lumineux
00:54:17marqué coupable.
00:54:19Et donc,
00:54:19je comprends très bien
00:54:20que c'est complètement
00:54:21aveuglé les enquêteurs
00:54:23qui soient centrés sur lui.
00:54:24Dominique,
00:54:28la Défense soutient
00:54:29que les gendarmes
00:54:30se sont concentrés
00:54:30sur la piste Verdure
00:54:32en laissant un peu de côté
00:54:33celle du clan Boccianu.
00:54:35Ils n'ont pas cherché
00:54:36à savoir
00:54:36où se trouvaient
00:54:37les proxénètes
00:54:38ce soir-là ?
00:54:39Bien sûr que si,
00:54:40Christophe.
00:54:41J'ai ici l'étude
00:54:41des téléphones portables
00:54:42utilisés par le clan Boccianu,
00:54:45celles que les gendarmes
00:54:46ont étudiées,
00:54:46que leur ont donné
00:54:47les policiers suisses.
00:54:49Elles révèlent
00:54:50que la nuit du meurtre,
00:54:51seul le téléphone
00:54:53utilisé par Mihaela,
00:54:56déclenche le relais téléphonique
00:54:57de Sulan,
00:54:58la commune
00:54:59où a lieu le meurtre.
00:55:01Tous les autres téléphones
00:55:02des membres du clan,
00:55:04y compris celui
00:55:04de Luchan Boccianu,
00:55:06le patron,
00:55:07sont au moins
00:55:08à 7 kilomètres
00:55:09du lieu du crime.
00:55:11Quant à Daphinel Boccianu,
00:55:12l'un des Macs
00:55:14de Mihaela,
00:55:15il est en Roumanie.
00:55:16Il était convoqué
00:55:17à un procès,
00:55:19il était prévenu
00:55:20dans ce procès,
00:55:20il était à l'audience.
00:55:21Donc il ne borne pas
00:55:22sur la scène de crime,
00:55:24mais est-ce que ça les raye
00:55:25forcément
00:55:25de la liste des suspects ?
00:55:27Je vous rappelle Christophe
00:55:28que les Boccianu
00:55:29ne sont pas simplement
00:55:29géolocalisés,
00:55:30leurs conversations
00:55:31sont écoutées.
00:55:33Les gendarmes
00:55:34vont y avoir accès
00:55:35et dès le lendemain
00:55:36de la disparition
00:55:37de Mihaela,
00:55:38le chef du clan,
00:55:38Luchan,
00:55:39s'inquiète
00:55:40de son absence.
00:55:41À 10h38,
00:55:42il appelle un copain,
00:55:44il lui dit
00:55:44qu'il n'est pas content
00:55:45parce que la fille
00:55:46est partie.
00:55:47Le lendemain,
00:55:481er décembre 2016,
00:55:50échange téléphonique
00:55:51entre Luchan
00:55:52et son cousin,
00:55:53Daphinel.
00:55:54Luchan lui dit
00:55:55en maximum deux jours,
00:55:56on la retrouve.
00:55:58Réponse de Daphinel,
00:55:59on doit la trouver.
00:56:00Elle ne peut pas
00:56:01disparaître
00:56:01complètement du monde.
00:56:04Trois jours après,
00:56:05Luchan,
00:56:06Boccianu,
00:56:07appelle sa compagne,
00:56:08Maria,
00:56:08en fait,
00:56:08c'est la mère mackerel
00:56:09du clan,
00:56:11et il lui dit
00:56:11ça fait une semaine
00:56:12qu'elle a disparu
00:56:13et je ne comprends pas
00:56:14comment elle a pu
00:56:14disparaître.
00:56:15Ils sont au taquet
00:56:16pour la retrouver
00:56:17parce qu'elle est
00:56:17ce qu'on appelle
00:56:18une gagneuse.
00:56:19C'est comme ça
00:56:20que disent les proxos.
00:56:21Elle leur apporte combien ?
00:56:22En janvier,
00:56:23un mois après
00:56:23la disparition
00:56:24de Miahela,
00:56:25Maria téléphone
00:56:26à une autre fille
00:56:27et elle lui dit
00:56:28qu'elle faisait
00:56:29de l'argent,
00:56:30cette fille.
00:56:30On faisait moitié-moitié.
00:56:32Elle faisait 1 500,
00:56:33sous-entendu
00:56:341 500 euros par jour.
00:56:36Ça revenait
00:56:36à 700 à 800
00:56:37chacun par jour.
00:56:38Je ne sais pas
00:56:39où elle se trouve,
00:56:40je suis sûr
00:56:40à 100 %
00:56:41qu'il lui est arrivé
00:56:42quelque chose.
00:56:43Donc,
00:56:44pour les gendarmes
00:56:45et pour le juge,
00:56:47les proxénètes
00:56:48n'ont aucun intérêt
00:56:49à tuer Miahela.
00:56:51Donc,
00:56:51c'est bien Alexandre Verdure
00:56:52qui va être
00:56:53au cœur
00:56:54des préoccupations
00:56:55du magistrat
00:56:56et qui va être
00:56:57sur la sellette
00:56:58pendant la reconstitution
00:57:00que demande
00:57:00le procureur suisse.
00:57:04Le premier acte
00:57:06de ce balai nocturne
00:57:07se déroule
00:57:07au rond-point
00:57:08de la maladière
00:57:09à la sortie de Lausanne.
00:57:11C'est de là
00:57:12qu'Alexandre Verdure
00:57:13affirme avoir vu
00:57:14Miahela
00:57:15se faire agresser
00:57:15par un homme.
00:57:19Mais sa version
00:57:20ne résiste pas
00:57:21à l'épreuve des faits.
00:57:24Qui connaît l'endroit,
00:57:25c'est qu'on ne peut pas
00:57:26voir ce qu'il prétend
00:57:27avoir vu
00:57:28parce que c'est trop loin.
00:57:30Parce qu'il passe
00:57:30en voiture,
00:57:32il est dans un rond-point,
00:57:34il ne peut pas
00:57:35porter son attention
00:57:36aussi loin
00:57:37à l'endroit
00:57:38où il dit
00:57:39avoir vu cette scène-là.
00:57:41Alexandre Verdure
00:57:45ne se décourage pas
00:57:46car il compte
00:57:47se refaire la cerise
00:57:4915 kilomètres
00:57:49plus loin
00:57:50sur le chemin
00:57:51où Miahela
00:57:51a été tué.
00:57:57Les hommes
00:57:57qui surgissent armés
00:57:58sont bien là,
00:57:59joués par des policiers
00:58:00et un mannequin
00:58:01incarne Miahela.
00:58:04Alexandre Verdure
00:58:05expose sa version
00:58:06avec application
00:58:07jusqu'au moment
00:58:09où le procureur suisse
00:58:10ordonne que la scène
00:58:11soit jouée
00:58:12dans les mêmes conditions
00:58:13que la nuit du meurtre.
00:58:15C'était une nuit
00:58:16sans lune.
00:58:18J'ai demandé
00:58:21que toutes les lumières
00:58:23soient éteintes.
00:58:25On ne voit pas
00:58:25les personnes
00:58:26descendent de la voiture.
00:58:27Il fait tellement nuit
00:58:28qu'on ne voit pas.
00:58:29On ne voit pas
00:58:30l'arme à feu.
00:58:32On ne voit rien
00:58:33de ce qu'il est censé
00:58:34avoir vu.
00:58:36Et tout se démonte.
00:58:38Miahela Miloïou
00:58:39avait beaucoup plus
00:58:40de chances
00:58:40d'être défigurée
00:58:41par un météore
00:58:42tombé du ciel
00:58:43à cet endroit-là.
00:58:44En réalité,
00:58:45statistiquement.
00:58:48j'ai M. Verdure
00:58:51à 50 centimètres
00:58:53de moi.
00:58:54J'entends que son souffle
00:58:55commence à s'accélérer.
00:58:58J'ai senti
00:58:59pendant ces
00:58:59une à deux minutes
00:59:01que M. Verdure
00:59:03était un peu
00:59:04au bord du précipice
00:59:05et que
00:59:06s'il avait eu
00:59:08une construction
00:59:09de personnalité
00:59:10différente de la sienne,
00:59:11il aurait sans doute
00:59:12demandé à réviser
00:59:13son récit.
00:59:18La personnalité
00:59:19d'Alexandre Verdure
00:59:20complexe.
00:59:24Y aurait-il
00:59:24deux Alexandres Verdure ?
00:59:27D'un côté,
00:59:28le tueur fou de rage
00:59:29qui massacre une femme
00:59:30et de l'autre,
00:59:34le gentil garçon
00:59:34qui a toujours rêvé
00:59:35d'être un héros ?
00:59:37Alexandre Verdure
00:59:44est né en 1987
00:59:45dans le Doubs.
00:59:47Il grandit
00:59:47dans un village
00:59:48près de Pontardier
00:59:49et mène la vie
00:59:50ordinaire
00:59:51d'un gamin
00:59:51de la campagne.
00:59:53Dans une famille
00:59:54aimante,
00:59:56petit dernier
00:59:56d'une fratrie
00:59:57composée de trois frères.
00:59:58C'est un gamin
01:00:00qui a toujours été
01:00:02apprécié
01:00:03par tout le monde.
01:00:04Tout le monde
01:00:04l'adore.
01:00:06Il a joué au foot,
01:00:07il a été à la pêche
01:00:08avec son copain
01:00:09d'enfant,
01:00:10son grand copain.
01:00:11Il aimait beaucoup
01:00:12les jeux vidéo,
01:00:13un passionné
01:00:13de dessin animé.
01:00:16Beaucoup de films,
01:00:17des films qui font rire
01:00:18parce qu'il est très rieur,
01:00:20il est très joyeux.
01:00:23Il était toujours
01:00:24serviable,
01:00:25honnête.
01:00:26Dès que quelqu'un
01:00:27avait besoin,
01:00:28il était là
01:00:29pour rendre service.
01:00:33Aider les autres.
01:00:35Dès son plus jeune âge,
01:00:36Alexandre Verdure
01:00:37décide d'y consacrer sa vie.
01:00:39Il s'engage
01:00:40à 13 ans
01:00:41chez les jeunes
01:00:42sapeurs-pompiers.
01:00:44Les pompiers,
01:00:45Alexandre,
01:00:46il adorait
01:00:47parce qu'il y avait
01:00:48de l'action.
01:00:49Il pouvait être appelé
01:00:50à n'importe quelle heure.
01:00:52Même moi,
01:00:53il n'avait pas le permis
01:00:54parce qu'il était trop jeune.
01:00:55il avait un bip
01:00:57et quand ça sonnait
01:00:58la nuit,
01:00:58je l'emmenais
01:00:59à la caserne.
01:01:01On faisait tout
01:01:02pour que ça fonctionne.
01:01:08Je ne vois pas
01:01:09quelqu'un
01:01:10qui a passé son temps
01:01:12à aider les autres
01:01:12démontrer une violence
01:01:15si rageuse
01:01:17sur une jeune femme
01:01:18qu'il ne connaissait pas.
01:01:19C'est quelque chose
01:01:20qui ne colle pas.
01:01:25Alexandre Verdure
01:01:27se voit pompier de Paris
01:01:28mais une blessure au genou
01:01:30causée par un accident
01:01:31de moto
01:01:31brise son rêve.
01:01:34Alors,
01:01:34résigné,
01:01:35il enchaîne
01:01:35différents jobs,
01:01:37ambulanciers,
01:01:38réparateurs de téléphone,
01:01:39agents de sécurité.
01:01:40Mais sa passion
01:01:41de l'uniforme
01:01:41ne l'a pas quitté.
01:01:43Il devient donc
01:01:43gendarme réserviste
01:01:45occasionnel.
01:01:46Il était très fier
01:01:52de prendre du galon,
01:01:54fier de l'uniforme,
01:01:56fier de venir
01:01:56au secours
01:01:57de la population,
01:01:59fier de ses missions
01:02:00qu'il nous racontait
01:02:00toujours
01:02:01comme un petit gamin.
01:02:05Beaucoup de ses proches
01:02:07parleront d'un
01:02:07quelqu'un
01:02:08qui se vêait
01:02:08comme un super-héros
01:02:09qui,
01:02:10notamment au niveau
01:02:11de la genre à Murray,
01:02:11qui était au cœur
01:02:12de toutes les grandes enquêtes
01:02:13du moment
01:02:14qui est élucidé,
01:02:15alors qu'on sait
01:02:15qu'il n'élucidait rien du tout.
01:02:17Ce n'était pas un enquêteur.
01:02:18Donc,
01:02:18un vrai décalage
01:02:20entre l'image héroïsée
01:02:22qu'il avait de lui-même
01:02:23et puis la réalité.
01:02:24Il avait une vie normale
01:02:26mais dont il manifestement
01:02:27ne se satisfaisait pas.
01:02:30Alors,
01:02:31pour pimenter
01:02:32son quotidien trop banal,
01:02:33Alexandre Verdure
01:02:34se lance dans le cinéma.
01:02:38Il décroche
01:02:38des rôles de figurant
01:02:40comme gendarme
01:02:40dans les séries télévisées.
01:02:43Ça lui permet
01:02:44de prendre la lumière
01:02:45de quelques stars
01:02:45comme Pierre Arditi.
01:02:48Pourtant,
01:02:49les frustrations
01:02:49s'accumulent.
01:02:53Sa compagne,
01:02:54confie qu'Alexandre,
01:02:55se montrait parfois
01:02:56irascible à la maison.
01:03:00Il va expliquer
01:03:01qu'il a des postures
01:03:02de plus en plus
01:03:02de macho,
01:03:04qu'il se met
01:03:05à être agressif,
01:03:06presque violent
01:03:07dans la sphère conjugale,
01:03:09ce qui l'avait d'ailleurs
01:03:09conduit,
01:03:10cette femme,
01:03:11à dire,
01:03:11quelques mois
01:03:12avant novembre 2016,
01:03:14qu'elle refusait
01:03:15d'avoir des rapports
01:03:15sexuels avec lui
01:03:16parce qu'elle avait
01:03:17l'impression
01:03:17d'être une chose
01:03:18qu'il ne pensait
01:03:19qu'à lui,
01:03:20mais dans le rapport
01:03:20sexuel,
01:03:21qu'il était
01:03:21complètement centré
01:03:22sur lui-même.
01:03:23Elle a des mots
01:03:24très durs
01:03:25pour cet homme.
01:03:26Les experts psychiatres
01:03:30qui ont examiné
01:03:31Alexandre Verdure
01:03:32pendant sa détention
01:03:33ne le ménagent pas
01:03:34non plus.
01:03:37L'un parle
01:03:38d'une personnalité
01:03:39psychopathique
01:03:40et mégalomaniaque.
01:03:43Il souligne
01:03:44sa dangerosité
01:03:45criminologique
01:03:46extrême
01:03:46et un risque
01:03:48de récidive
01:03:49majeur.
01:03:52Un autre psychiatre
01:03:53relève une tendance
01:03:54au déni
01:03:54et surtout,
01:03:56une violence
01:03:57disponible
01:03:58s'il se sent
01:03:59humilié
01:03:59ou mis en échec.
01:04:02C'est peut-être là
01:04:03que se trouve
01:04:03l'explication
01:04:04du meurtre
01:04:05de Mia Ella.
01:04:06Je pense
01:04:07qu'il s'est passé.
01:04:08C'est un moment
01:04:09où il a perdu pied
01:04:10face à cette jeune femme
01:04:11qui s'inquiétait d'abord.
01:04:12Elle est angoissée,
01:04:13on le sait,
01:04:13puisqu'elle appelle
01:04:14un numéro de secours
01:04:15à 0h50
01:04:15et que si l'appel
01:04:17n'aboutit pas,
01:04:17c'est qu'on lui a pris
01:04:18son téléphone
01:04:18et qu'on a raccroché
01:04:20cette communication.
01:04:21Donc ça peut amener
01:04:22derrière
01:04:22tous les dérapages
01:04:24chez un individu
01:04:26qui a une agressivité
01:04:27immédiatement disponible
01:04:28comme ça
01:04:29quand on est intolérant
01:04:30à la frustration.
01:04:32Ces frustrations accumulées
01:04:33et une énième frustration
01:04:34avec cette femme
01:04:35qui peut-être
01:04:36se refuse à lui
01:04:37parce qu'elle a peur
01:04:38ou un rapport sexuel
01:04:39très insatisfaisant
01:04:41qui va amener
01:04:42cette explosion
01:04:43de colère
01:04:44et de rage.
01:04:44C'est un scandale
01:04:52d'écrire des choses
01:04:52pareilles
01:04:53sans avoir
01:04:54le moindre élément
01:04:55pour l'étayer.
01:04:57La violence latente
01:04:57immédiatement disponible,
01:04:59il sort ça d'où
01:04:59l'expert ?
01:05:00Il n'en sait rien ?
01:05:01Normalement,
01:05:01c'est votre récit de vie
01:05:02ce qu'on comprend
01:05:04ou de vos réactions.
01:05:06On a quelque chose
01:05:07d'objectif
01:05:08et là,
01:05:09on est parti à l'envers.
01:05:10On est parti de la conclusion
01:05:11pour le faire coller
01:05:12sur Alexandre Verdure.
01:05:13Mais il n'y a rien
01:05:14dans son parcours de vie
01:05:15qui illustre ça,
01:05:17ce comportement-là.
01:05:18Là, il n'y a rien
01:05:18de tel
01:05:20chez Alexandre Verdure.
01:05:21Donc l'expert,
01:05:22pour moi,
01:05:22je l'accuse encore,
01:05:24d'avoir eu un parti pris.
01:05:26Alexandre Verdure est coupable,
01:05:27le crime est atroce
01:05:28et violent,
01:05:29donc il est violent.
01:05:33Ce n'est pas du tout lui.
01:05:35Comment voulez-vous
01:05:35qu'on accepte
01:05:36une conclusion pareille ?
01:05:38Nous, on n'en veut pas
01:05:38cette conclusion,
01:05:39on veut qu'on l'efface
01:05:40du dossier.
01:05:40Ce n'est pas acceptable.
01:05:44Ce n'est pas possible
01:05:45d'entendre parler
01:05:45comme ça de son fils.
01:05:50Dominique,
01:05:51le crime a eu lieu
01:05:51en Suisse,
01:05:52le corps a été retrouvé
01:05:53en France.
01:05:53Le procès doit avoir lieu où ?
01:05:55Alors, dans ce cas particulier,
01:05:56les critères qui priment
01:05:57sont,
01:05:58un,
01:05:58la nationalité de l'auteur,
01:06:00deux,
01:06:00le lieu de son interpellation.
01:06:02Alexandre Verdure est français,
01:06:04il est interpellé
01:06:04chez lui,
01:06:05à Mout,
01:06:06dans le Doubs,
01:06:07donc il sera jugé
01:06:08devant la cour d'assises
01:06:09du Doubs,
01:06:09à Besançon.
01:06:10Et le procès s'ouvre
01:06:11le 9 décembre 2020,
01:06:12il y a deux thèses
01:06:14très étayées
01:06:15qui s'affrontent.
01:06:16Oui,
01:06:16les deux thèses se tiennent,
01:06:17tout peut se jouer au procès
01:06:18et tout va dépendre
01:06:20des avocats.
01:06:21Aller à un procès,
01:06:29et en plus au procès
01:06:30de son fils,
01:06:31c'est très très dur.
01:06:33Franchement,
01:06:34même à ma pire ennemie,
01:06:35je ne souhaite pas ça.
01:06:38On le voit là
01:06:39pour la première fois
01:06:40avec des monottes
01:06:41entourées de deux gendarmes.
01:06:43On lui parle,
01:06:44on lui dit
01:06:44« Mon bonhomme,
01:06:44on va se sortir de là.
01:06:46Tiens bon,
01:06:46tiens bon,
01:06:48il ne peut pas être condamné. »
01:06:53L'enjeu est simple,
01:06:55éviter une erreur judiciaire.
01:06:56L'enjeu,
01:06:59c'est de savoir
01:07:00exactement ce qui s'est passé.
01:07:02Il y a un espoir,
01:07:04c'est qu'Alexandre Verdure
01:07:05dise la vérité
01:07:06et toute la vérité.
01:07:07On sait globalement
01:07:09ce qui est susceptible
01:07:11de s'être passé,
01:07:13mais ce que la partie civile
01:07:14aimerait,
01:07:15c'est l'entendre
01:07:16décrit par Alexandre Verdure
01:07:18lui-même.
01:07:21La partie civile
01:07:22est absente à l'audience
01:07:24car la famille de Miaela
01:07:25est restée en Roumanie.
01:07:26Nous n'y sommes pas allés
01:07:30parce que nous n'avions pas
01:07:33les moyens.
01:07:34Il fallait de l'argent
01:07:35et nous,
01:07:36nous sommes des gens simples
01:07:38de la campagne.
01:07:41On voulait qu'il soit puni.
01:07:43Oui,
01:07:44qu'il soit puni
01:07:45pour ce qu'il avait fait.
01:07:46Pourquoi il l'a tué ?
01:07:48Pourquoi ?
01:07:49Mais Alexandre Verdure
01:07:52reste fidèle
01:07:52à sa ligne de défense.
01:07:55Il n'a pas tué Miaela.
01:07:56Alexandre Verdure
01:07:58a passé tout le procès
01:08:00prostré
01:08:01à regarder le sol.
01:08:04Lorsqu'il a été entendu,
01:08:05il a délivré un récit
01:08:07particulièrement monocorde
01:08:08comme récité.
01:08:10J'ai tout de même
01:08:11l'impression,
01:08:11mais ça n'engage que moi,
01:08:13qu'il a du mal
01:08:13à croire à son récit.
01:08:16Alors,
01:08:16pour sauver leurs clients,
01:08:17les avocats d'Alexandre Verdure
01:08:19font tout
01:08:19pour recentrer les débats
01:08:20sur les boccianous.
01:08:21Les proxénètes
01:08:24cherchaient Miaela
01:08:25le lendemain du meurtre ?
01:08:27Une mascarade
01:08:28pour la défense.
01:08:30Je les ai toutes lues
01:08:31et les écoutes.
01:08:32Je crois qu'il y a deux mentions.
01:08:33Et ce n'est franchement
01:08:34pas des recherches
01:08:35vraiment poussées.
01:08:37Moi, je pense
01:08:38qu'on a fait
01:08:38une pure mise en scène.
01:08:39On donne le change.
01:08:40Oh, elle est où Miaela ?
01:08:42Je ne sais pas.
01:08:42Oh, zut.
01:08:43On a l'impression
01:08:44que pour eux,
01:08:44ce n'est pas si grave
01:08:45si elle a fugué.
01:08:46Oh, tant pis.
01:08:47Bon, c'est impossible.
01:08:48Pour moi,
01:08:49c'est du similacre.
01:08:50Mais la tâche
01:08:53se complique
01:08:54pour Alexandre Verdure
01:08:55quand l'avocat général
01:08:56le pousse
01:08:56dans ses retranchements.
01:08:59Pourquoi faire disparaître
01:08:59le portable de Miaela ?
01:09:01Pourquoi jeter ses avis,
01:09:03le couteau ?
01:09:04Pourquoi garder le silence
01:09:05jusqu'à son interpellation ?
01:09:09Monsieur Verdure
01:09:14est apparu
01:09:14très agacé
01:09:15voire agressif
01:09:16par rapport
01:09:16à mes questions
01:09:17qui dérangeaient
01:09:18sa version des faits.
01:09:20Il n'a pas varié,
01:09:22soutenu par ses parents
01:09:25de bout en bout
01:09:25durant le procès,
01:09:27tout particulièrement
01:09:27par son père.
01:09:30Soutenu
01:09:30ou bloqué
01:09:32Alexandre Verdure ?
01:09:33Monsieur Verdure
01:09:35ne s'est jamais senti
01:09:35autorisé
01:09:36à pouvoir reconnaître
01:09:37les faits
01:09:37avec un tel regard
01:09:38des parents.
01:09:42Pour une personne,
01:09:43reconnaître les faits,
01:09:44c'est quand même
01:09:44puissamment libérateur
01:09:46pour essayer
01:09:46de faire un travail
01:09:47derrière
01:09:47d'appropriation
01:09:49de sa propre violence
01:09:50pour éviter
01:09:51la récidive.
01:09:52Et donc,
01:09:53cette posture
01:09:53des parents,
01:09:55en tout cas,
01:09:56ça c'est certain,
01:09:56n'a pas favorisé
01:09:58pour Monsieur Verdure
01:09:59la possibilité
01:09:59de reconnaître les faits.
01:10:01Il n'est pas entendu.
01:10:03On n'écoute pas
01:10:04sa vérité à lui,
01:10:06on n'écoute pas
01:10:06ses réponses à lui,
01:10:08ils ont déjà
01:10:09leur réponse
01:10:09et leur vérité.
01:10:11La nôtre
01:10:11ne les intéresse pas.
01:10:12L'avocat général
01:10:15réclame 30 ans
01:10:16de prison.
01:10:17La défense
01:10:18plaide évidemment
01:10:19l'acquittement.
01:10:22La cour ne met pas
01:10:23longtemps
01:10:24pour rendre son verdict.
01:10:26Trois heures
01:10:27de délibéré seulement.
01:10:34Et Alexandre
01:10:35a pris 20 ans.
01:10:39Et là,
01:10:40c'est...
01:10:42tout nous tombe
01:10:44sur la tête, quoi.
01:10:52Alexandre Verdure,
01:10:53quand on aborde
01:10:53la question d'un appel,
01:10:55l'idée que pragmatiquement
01:10:57on puisse utiliser
01:10:58les 20 ans,
01:10:58envisager un aménagement,
01:11:00c'est de l'eau
01:11:00qui coule sur une toile cirée.
01:11:02C'est quelque chose
01:11:02qui ne peut pas
01:11:04prendre en compte.
01:11:05Il n'a pas fait
01:11:06ce qu'on lui reproche
01:11:07et il fait appel.
01:11:09Jusqu'au boutiste Verdure.
01:11:12Mais le risque
01:11:12ne paie pas.
01:11:14En appel,
01:11:15il prend encore plus cher
01:11:1630 ans.
01:11:18Je crois qu'il a dit
01:11:19c'est des fous,
01:11:20quelque chose comme ça.
01:11:21Ils sont fous.
01:11:22Ils sont fous.
01:11:25Nous, on veut
01:11:25le sortir de cet enfer.
01:11:29C'est notre seul but
01:11:30dans la vie,
01:11:30le sortir de là.
01:11:32Il est innocent,
01:11:34il faut qu'il soit
01:11:34reconnu innocent.
01:11:35Je le dis sincèrement,
01:11:49la justice a été rendue.
01:11:52Comment est-ce qu'il a pu
01:11:53tuer cette enfant innocente ?
01:11:55Je ne sais pas quoi dire.
01:11:56Qu'importe ce qu'elle lui avait fait,
01:11:58il n'avait pas le droit
01:11:59de la tuer.
01:11:59J'ai été contente
01:12:07de pouvoir la ramener au pays.
01:12:09J'ai fait comme j'ai pu.
01:12:10J'ai emprunté de l'argent
01:12:11pour la ramener à la maison.
01:12:13Et c'est tout ce qui comptait
01:12:14pour moi.
01:12:29Alexandre Verdure
01:12:30reste le seul coupable
01:12:31du meurtre de Mihaela
01:12:32puisque son pourvoi
01:12:33en cassation a été rejeté.
01:12:35Mais les juges roumains
01:12:36ont quand même rattrapé
01:12:37les proxénètes
01:12:38pour traître d'êtres humains.
01:12:40Les Boccianou
01:12:41ont été condamnés
01:12:42à 12 et 9 ans de prison.

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