Longtemps, cette affaire est restée le plus « fameux » cold case de France.
Pendant près de 20 ans, celle que la presse a surnommée « la plus jeune banquière de France », est devenue le cauchemar des gendarmes et des juges d’instruction qui se sont succédés sur le dossier. Jusqu’à ce qu’une idée de génie permette enfin de découvrir les auteurs de l'agression et du meurtre d’Elodie Kulik. Son corps a été retrouvé brûlé en janvier 2002, sur un chemin de terre au milieu des champs, non loin d’Amiens.
Les enquêteurs pensaient résoudre rapidement l’énigme. Car ils ont relevé de nombreux indices autour du corps, et notamment l’ADN masculin de l'agresseur. Et puis, Elodie a appelé les secours pendant son agression. Son appel terrifié aux pompiers a été enregistré. On y entend au moins deux voix d’hommes. Mais personne n’a parlé. Malgré des centaines d‘auditions, de gardes à vue et de prélèvements génétiques. L’enquête a piétiné. Jusqu’à ce qu’un gendarme ait l’idée d’utiliser une toute nouvelle technique, encore inédite en France : l’ADN par parentèle. Le rebondissement qui manquait à l’enquête, pour repérer l’auteur de l'agression. L’homme étant décédé quelques mois après Elodie, c’est son groupe d’amis, que les enquêteurs ont recherché. Persuadés que l'agresseur n’était pas seul, cette nuit-là.
Parmi eux : un certain Willy Bardon. L’homme a nié. Mais ses proches ont bien reconnu sa voix sur le fameux enregistrement de l’appel aux secours. Parmi eux, son neveu, qui a tout fait pour le convaincre d’avouer, lors d’une confrontation, dont « Faites entrer l’accusé » a pu se procurer l’enregistrement. Mais que faire, quand le suspect clame son innocence et que rien de le relie à la scène de crime ? Comment juger quand toute l’accusation repose sur quelques secondes de bande sonore, quatre mots couverts par les cris d’horreur ...
Pendant près de 20 ans, celle que la presse a surnommée « la plus jeune banquière de France », est devenue le cauchemar des gendarmes et des juges d’instruction qui se sont succédés sur le dossier. Jusqu’à ce qu’une idée de génie permette enfin de découvrir les auteurs de l'agression et du meurtre d’Elodie Kulik. Son corps a été retrouvé brûlé en janvier 2002, sur un chemin de terre au milieu des champs, non loin d’Amiens.
Les enquêteurs pensaient résoudre rapidement l’énigme. Car ils ont relevé de nombreux indices autour du corps, et notamment l’ADN masculin de l'agresseur. Et puis, Elodie a appelé les secours pendant son agression. Son appel terrifié aux pompiers a été enregistré. On y entend au moins deux voix d’hommes. Mais personne n’a parlé. Malgré des centaines d‘auditions, de gardes à vue et de prélèvements génétiques. L’enquête a piétiné. Jusqu’à ce qu’un gendarme ait l’idée d’utiliser une toute nouvelle technique, encore inédite en France : l’ADN par parentèle. Le rebondissement qui manquait à l’enquête, pour repérer l’auteur de l'agression. L’homme étant décédé quelques mois après Elodie, c’est son groupe d’amis, que les enquêteurs ont recherché. Persuadés que l'agresseur n’était pas seul, cette nuit-là.
Parmi eux : un certain Willy Bardon. L’homme a nié. Mais ses proches ont bien reconnu sa voix sur le fameux enregistrement de l’appel aux secours. Parmi eux, son neveu, qui a tout fait pour le convaincre d’avouer, lors d’une confrontation, dont « Faites entrer l’accusé » a pu se procurer l’enregistrement. Mais que faire, quand le suspect clame son innocence et que rien de le relie à la scène de crime ? Comment juger quand toute l’accusation repose sur quelques secondes de bande sonore, quatre mots couverts par les cris d’horreur ...
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00:00:00C'est parti !
00:00:30Willy Bardon, voilà l'homme qui a été renvoyé devant la justice pour le crime qui a tenu la France en haleine pendant 17 ans.
00:00:39Le viol et le meurtre de celles qu'on a appelées la banquière de Péronne, Elodie Culic.
00:00:46Quand j'ai vu dans quel état ils me l'ont mis, je me suis dit je ne pardonnerai jamais.
00:00:49Je me battrai tant que je peux pour retrouver les chalopards, je voulais les appeler les chalopards qui ont fait ça.
00:00:55Deux cours d'assises ont dû juger un homme retrouvé grâce à une toute nouvelle technique de police scientifique.
00:01:01À ce moment-là, dans mon esprit, ça se pratique déjà en France. Et là je tombe de haut parce que je me rends compte que ce n'est pas le cas.
00:01:07Sans preuve formelle, sans aveu, c'est une accumulation d'éléments qui a fini par emporter la conviction d'un juge et de ses enquêteurs.
00:01:14Un comportement déviant avec les femmes, un ami de jeunesse très encombrant et surtout un enregistrement terrifiant.
00:01:22C'est quand même très rare que le crime soit figé comme ça de façon sonore.
00:01:2726 secondes de hurlement, on entend les cris de terreur d'Elodie qui appelle les secours et sous ces cris, deux voix d'homme.
00:01:36Deux voix dont celle de Bardon disent ses proches.
00:01:38Mais comment être sûr, 17 ans plus tard, de reconnaître une voix ?
00:01:50Quatre mots sous les cris.
00:01:52Comment en être sûr quand les experts tanguent et que l'accusé n'y.
00:01:56Nous notre objectif c'était de dire au tribunal, non vous n'avez pas de preuve, il n'y a que du doute dans ce dossier et donc vous la quitterez.
00:02:04C'est un dossier qui va donc se baser sur du témoignage humain, qui va se baser sur du ressenti, sur autre chose que de la preuve scientifique.
00:02:12L'affaire Bardon, un dossier d'intime conviction.
00:02:23Cartigny dans la Somme, le 11 janvier 2002.
00:02:26Il est 8 heures du matin, c'est l'heure de pointe sur la route qui relie Perronne à Saint-Quentin.
00:02:36Sur le bas-côté, une voiture accidentée surprend tous les automobilistes.
00:02:41Ce véhicule est une Peugeot 106, grise, qui est immobilisée dans un champ.
00:02:51Particularité, les clés de contact sont restées dans la voiture, mais le ou les occupants ont quitté les lieux et ne sont pas à proximité.
00:02:59La voiture est positionnée dans le sens inverse de son sens de circulation.
00:03:06Elle présente de nombreux dégâts, il y a des traces de ripage au niveau de l'accotement.
00:03:13Il y a aussi des débris tout autour de la voiture.
00:03:18On va rapidement identifier le véhicule par la plaque d'immatriculation.
00:03:22Il appartient à Heliodiculic, qui est né le 29 décembre 1977 à Lens, qui demeure redébouché à Perronne.
00:03:29Heliodiculic, une femme de 24 ans.
00:03:46La journée commence par un coup de fil.
00:03:48Un coup de fil de la gendarmerie qui nous demande si on a des nouvelles d'Heliodiculic.
00:03:54Parce que, nous disent-ils, ils ont retrouvé son véhicule abandonné au milieu d'un champ.
00:04:01Je suis inquiet parce que je sais qu'Helodine ne conduisait pas vite.
00:04:05Cette route-là, elle la connaissait très très bien.
00:04:08Donc, je me suis dit que ce n'est pas logique, ce n'est pas normal.
00:04:11On vérifie partout, notamment déjà au niveau des hôpitaux.
00:04:19On ne sait pas où se trouve Heliodiculic.
00:04:23Rien à l'hôpital, rien à son emploi, rien à son domicile, rien auprès de la famille.
00:04:28Mais également, son portable ne répond plus.
00:04:31Et donc, on passe en procédure criminelle dans les premières heures de l'après-midi.
00:04:35C'est quelqu'un de brillant, de sérieuse, joyeuse, d'humeur toujours égale.
00:04:46Elle était arrivée directrice d'une agence bancaire à 24 ans.
00:04:50C'était à l'époque la plus jeune directrice d'agence bancaire en France.
00:04:52Donc, je savais qu'on était fiers pour elle.
00:04:56C'était vraiment la réussite, quoi.
00:05:02Les gendarmes retracent son emploi du temps.
00:05:05Elle a été vue pour la dernière fois, la veille au soir, le jeudi 10 janvier.
00:05:12Jeudi, elle a quitté la banque vers 17h30, 17h45.
00:05:16Parce qu'elle avait rendez-vous avec un ancien collègue, Hervé, sur Saint-Quentin.
00:05:22Il décide ensuite d'aller dans un restaurant à Saint-Quentin même, au nouveau pavillon de Shanghai.
00:05:28Et vers 23h30, elle décide de rentrer sur Perron.
00:05:32Parce qu'elle dit, moi, demain, j'ai des impératifs avec la banque.
00:05:36Donc, il ne faut quand même pas que je me couche trop tard.
00:05:42Élodie repart seule pour rejoindre son domicile qui se trouve à Perron, à environ 30 km de 50 ans.
00:05:48Lorsqu'elle quitte Hervé, c'est la dernière personne qui l'a vue.
00:05:56Et c'est le dernier moment où on la voit vivante.
00:05:58Le lendemain matin, à Tertrie, à 6 km du lieu de l'accident.
00:06:12C'est un lieu qui est totalement isolé, qui n'est connu que des agriculteurs.
00:06:17Dans une décharge agricole, le corps d'une femme.
00:06:21Il n'y a rien qui permet de dire, lorsqu'on est sur la route, qu'il y a un chemin qui permet d'accéder à ces monticules qu'on voit.
00:06:34Il y a juste un arbre qui est quasiment mort.
00:06:53Le corps est en partie carbonisé.
00:06:57Elle est dénudée.
00:06:59Elle n'a plus de jupe, elle n'a plus de culotte, elle n'a plus de collant.
00:07:02Elle est sur le dos, fortement cambrée.
00:07:06Il y a une botte qui est sortie de son pied droit du fait de la chaleur.
00:07:12Les bras, les mains, la poitrine, toutes ces parties-là sont vraiment noires, très calcinées.
00:07:21Comme si la personne avait fait des gestes pour se protéger des flammes.
00:07:29Par rapport aux photos qu'on avait, il n'y a aucun doute possible.
00:07:32Comme quoi, c'est bien Elodie Culic qui est présente là, et qui est décédée.
00:07:40Quand on voit l'état du corps d'Elodie Culic, elle a subi des violences sexuelles.
00:07:46Elle a été suppliciée.
00:07:48Donc ça donne envie, ça motive de savoir ce qui s'est passé, et de retrouver les gens qui ont fait ça.
00:07:53Autour du corps, les gendarmes découvrent une mine d'indices.
00:08:02On retrouve deux bigots de cigarette, une serviette, un préservatif avec son emballage déchiré en deux.
00:08:11Mais aussi un tampon hygiénique et une chaussette.
00:08:19Ça donne l'impression d'amateurisme, puisque laisser autant de preuves sur place, c'est quasiment exceptionnel pour les enquêteurs.
00:08:28C'était très très important pour nous, pour Rosemarie et moi, d'aller à la morgue reconnaître le corps de notre fille.
00:08:41On nous l'avait déconseillé, il y avait des psychonolistes, il y avait des...
00:08:47Mais vous savez bien qu'on voulait voir.
00:08:48On voulait être vraiment sûr que c'était elle.
00:08:51C'était...
00:08:52Et malheureusement, c'était elle.
00:09:00Quand j'ai vu dans quel état ils me l'ont mis, je me suis dit, je ne pardonnerai jamais.
00:09:04Jamais je ne pardonnerai, et puis je me battrai tant que je peux pour retrouver les salopards.
00:09:11Je vais les appeler les salopards qui ont fait ça, quoi.
00:09:17Dominique, les gendarmes disent que le corps des l'audiculiques a été supplicié.
00:09:21Supplicié.
00:09:22Est-ce que les légistes peuvent quand même déterminer les causes de la mort ?
00:09:25Alors, la voiture a fait une sortie de route, mais il n'y a pas eu de choc,
00:09:28donc il n'y a pas de blessure mortelle dans l'accident.
00:09:31Selon les légistes, Elodie Cullique est morte par suffocation.
00:09:34Ça veut dire qu'elle a été étranglée, donc logiquement, ça s'est passé après l'accident.
00:09:39La position dans laquelle elle a été retrouvée laisse peu de doute sur les violences sexuelles.
00:09:44Les légistes confirment d'ailleurs ou pas ?
00:09:45Oui, c'est terrible, Christophe, parce que les légistes écrivent que Elodie est retrouvée avec les jambes en position gynécologique,
00:09:53clairement figée dans la position du viol, viol qui est confirmé par les légistes,
00:09:57avec ce détail qui aura son importance.
00:10:00Elodie avait ses règles.
00:10:01Pardon, mais est-ce qu'elle était déjà morte quand elle a été brûlée ?
00:10:05Je vous pose cette question parce que l'un des gendarmes a l'impression qu'elle a essayé de se protéger des flammes.
00:10:11Alors, il n'y a aucune trace de suie dans sa trachée,
00:10:15ce qui veut dire qu'elle ne respirait plus au moment où son ou ses agresseurs ont incendié son corps,
00:10:21incendié, selon les experts, avec un accélérant qui doit être de l'essence,
00:10:26et bien sûr, dans l'espoir d'effacer des traces.
00:10:30L'hypothèse qu'on peut faire, donc, c'est qu'après son accident de la route,
00:10:33Elodie a été enlevée pour être transportée à 6 km.
00:10:36Elle a ensuite été violée, étranglée et brûlée.
00:10:42Que disent les indices relevés par les gendarmes ?
00:10:44On retrouve des choses.
00:10:45On retrouve des empreintes digitales sur la voiture d'Elodie,
00:10:48mais qui ne donnent rien quand on les verse au faed.
00:10:52En revanche, plus intéressant, sur le préservatif qui est retrouvé sur la scène de crime,
00:10:57les gendarmes vont prélever une grande quantité de sperme et en tirer un ADN,
00:11:02qui est le même ADN que celui qu'on retrouve sur le corps d'Elodie,
00:11:08le même ADN aussi qu'on retrouve sur l'un des mégots qui se trouve sur la scène de crime.
00:11:12Donc, logiquement, c'est l'ADN du violeur.
00:11:15Est-ce qu'il est au FNAEG ?
00:11:16Non.
00:11:22Il doit y avoir nécessairement des gens qui ont vu quelque chose
00:11:27ou qui ont entendu des confidences.
00:11:30Et je crois qu'aujourd'hui, il faut que ces gens-là parlent.
00:11:33C'était très très important de médiatiler parce que j'ai toujours l'espoir que des gens parlent.
00:11:45Moi, je veux savoir, c'est ma fille.
00:11:48C'est à moi de la défendre.
00:11:49Je n'ai pas pu la défendre avant, mais là, maintenant, voilà.
00:11:52J'ai eu un accident de circulation dans lequel j'ai perdu mes deux premiers enfants.
00:12:16Une fille et un garçon, une fille de 6 ans et un garçon de 5 ans.
00:12:20Mon épouse était à côté.
00:12:22Écoutez, mon épouse, elle a eu, miraculeusement,
00:12:26elle a eu, je ne sais pas peut-être à ce qu'on lui a reproché,
00:12:31que quelques contusions.
00:12:40Elodie est arrivée en 1977.
00:12:44Bon, ça nous a, bien évidemment, requinqués tous les deux.
00:12:49Et puis après, dans la foulée, on a eu, on a eu Fabien.
00:12:54La vie repartait.
00:12:57On était en famille.
00:12:58On avait une vue magnifique.
00:13:00C'était bien.
00:13:00Elodie a grandi à la campagne, à quelques kilomètres de Perronne.
00:13:05Étudiante brillante, elle faisait l'unanimité.
00:13:11Elle avait quelque chose de tellement pur.
00:13:16Et on est complètement admiratif, à la fois de sa beauté, de sa carrière.
00:13:21Il y a quelque chose d'infiniment réussi.
00:13:25Et dans la vie d'Elodie, il y avait une personne centrale, sa maman.
00:13:29Elle était filionnelle.
00:13:32Rose-Marie savait tout de ce qui arrivait à Elodie, de sa vie, de son appartement.
00:13:36Quasiment tous les jours, sa maman est bien souvent au bout du téléphone.
00:13:44On l'avait vue le 8 décembre.
00:13:46Elle était là pour fêter les 50 ans de sa maman.
00:13:50Elle était joviale.
00:13:52Elle était super bien.
00:13:54Il n'y avait rien qui pouvait laisser présumer ce drame, quoi.
00:13:59Deux jours après la découverte du corps, l'enquête accélère.
00:14:13C'est même le tournant de l'affaire.
00:14:16Et il vient des pompiers.
00:14:18On a la surprise d'avoir un appel qui est fait à 0h21 par Elodie au 18 au pompier.
00:14:26Elodie les a appelés au secours pendant son agression.
00:14:29Lorsqu'on écoute la bande, on a l'agression en direct.
00:14:47On entend Elodie qui ne fait que hurler et à un moment crier au secours.
00:14:52Et d'un seul coup donc, le téléphone est coupé.
00:15:03L'opératrice du centre de secours essaye de nouveau de rappeler.
00:15:07Elle essaye de savoir un peu le lieu où ça se passe.
00:15:10Et là, le téléphone ne répond pas.
00:15:12Au moment de l'appel, le téléphone d'Elodie borne à Cartigny.
00:15:18Ce qui touche, c'est les hurlements d'Elodie.
00:15:32Avec des sanglots, des cris, la peur qu'on entend dans sa voix.
00:15:37Et comme quoi, elle est terrorisée.
00:15:39C'est quelqu'un qui a ses 26 secondes, mais c'est 26 secondes que vous gardez en mémoire.
00:15:43À entendre ses cris après l'accident, on devine qu'Elodie a peur d'autre chose encore.
00:15:52Et en réécoutant bien la bande, les gendarmes commencent à comprendre.
00:15:56Lorsqu'on écoute avec précision un peu, on entend qu'il y a deux voix masculines en arrière-fond de la bande.
00:16:09Il a fallu la débruter pour scinder justement les cris de la victime et les propos tenus par les individus.
00:16:15On entend « Chabat aller », « un », donc un langage, j'allais dire, picard, voire du Nord.
00:16:21Deux hommes, peut-être trois selon certains experts.
00:16:31Une trentaine de mots prononcés par les agresseurs.
00:16:36Parmi eux, « C'est bon, faut mettre le code.
00:16:41Éteins la batterie. »
00:16:43Au milieu des halos de l'opératrice et des hurlements d'Elodie.
00:16:47Pas les mots de réconfort de deux automobilistes qui lui viendraient en aide.
00:16:52C'est l'agression en direct.
00:16:55Avec l'ADN, l'enquête devrait aller vite.
00:17:00La première réflexion qu'on se fait, c'est que je veux dire, ça va prendre trois, six mois au maxi.
00:17:05C'est une petite ville de campagne.
00:17:07Il y en a bien un qui va lâcher un élément ou un comportement suspect qui va être signalé.
00:17:12Dans six mois, c'est solutionné.
00:17:14Hervé, le copain du dernier dîner, est rapidement mis hors de cause.
00:17:20Les gendarmes se concentrent sur les anciennes relations d'Elodie.
00:17:26Il y avait eu certains copains où les séparations s'étaient mal passées.
00:17:29Donc peut-être que voilà.
00:17:30Mais aussi, également, sur les gens qui sont connus pour mœurs dans la région.
00:17:34On est partis sur de la délinquance locale.
00:17:42Des femmes apportées au volant sur le secteur Saint-Quentin-Péronne.
00:17:45On s'est intéressés à beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses qui représentent au final environ 600 hypothèses de travail.
00:17:50Tous les gens qui ont été entendus ont été systématiquement prélevés.
00:18:01Mais aussi bien au niveau génétique qu'au niveau digital et palmaire.
00:18:05Et à chaque fois, ça n'a malheureusement rien apporté de concret au dossier.
00:18:09L'enquête patine.
00:18:13Alors, Jacqui Kulic prend les choses en main.
00:18:17J'étais persuadé que c'était quelqu'un de la région.
00:18:23Les cafetiers de Péronne, ils étaient à l'écoute.
00:18:26Ils étaient à l'écoute de tout ce qui se disait aux alentours.
00:18:29Et dès qu'il y avait quelque chose, ils m'ont signalé également, vous voyez.
00:18:32Au grand dame des enquêteurs, en fait, Jacqui Kulic tout de suite est sur le terrain.
00:18:42Et je pense qu'il a eu un impératif parce qu'il a peur que ce soit mal fait au départ.
00:18:53Il était très présent.
00:18:54Il étudiait les procédures.
00:18:56Et puis, bon, il faisait des observations.
00:18:58Pourquoi ça, ça n'a pas été fait ?
00:19:00Pourquoi ils ont pris telle piste ?
00:19:01Pourquoi ils n'ont pas pris telle autre piste ?
00:19:02Donc, c'est vrai que, bon, ça mettait une pression supplémentaire.
00:19:08J'étais un peu...
00:19:10rentre-dedans, hein.
00:19:12Même agressif, hein.
00:19:14J'étais, bon...
00:19:15Procureur, juge d'instruction, il n'y a rien qui me faisait peur.
00:19:19C'était ma fille.
00:19:27L'affaire en est là.
00:19:29Quand, quelques mois plus tard,
00:19:30à l'été 2002,
00:19:31deux nouveaux meurtres donnent à l'affaire Kulic
00:19:33une dimension nationale.
00:19:44Le lundi 8 juillet,
00:19:47un agriculteur appelle la brigade
00:19:49pour signaler à la découverte d'un corps
00:19:51qui est dissimulé
00:19:51derrière deux balleaux de paille
00:19:53et que ce corps est dénudé.
00:19:58Patricia Leclerc, 19 ans,
00:20:01violée et assassinée dans un champ,
00:20:03comme elle le dit.
00:20:05Le 21 août de la même année,
00:20:08un troisième corps d'une jeune fille
00:20:10est découvert sur la commune de Villers-Brotonneux.
00:20:12Christelle Dubuisson, 18 ans,
00:20:17retrouvée poignardée sous un camion.
00:20:20Trois meurtres en huit mois
00:20:21dans le même périmètre.
00:20:23On est vraiment dans la même région,
00:20:26sur la même route,
00:20:27donc tout le monde va parler
00:20:28d'un triangle de la mort
00:20:29et se dire,
00:20:32il y a un tueur en série
00:20:33qui agit dans la zone,
00:20:35il faut absolument le trouver,
00:20:36il faut absolument l'arrêter.
00:20:37Ça a semé totalement la psychose,
00:20:42c'est-à-dire que les gens
00:20:43ont réellement arrêté
00:20:44de sortir de chez eux,
00:20:45on vient de sortir
00:20:46des affaires Guy Georges,
00:20:47des affaires Francis Holm,
00:20:49on croyait pendant longtemps
00:20:50que ça n'existait pas en France.
00:20:56L'ombre d'un tueur en série
00:20:58plane sur la somme.
00:21:02Et elle rapproche
00:21:03les familles des victimes
00:21:04qui veulent des résultats.
00:21:07On a été convoqués
00:21:09par Nicolas Sarkozy,
00:21:10et là,
00:21:12c'est ce qu'il dit
00:21:13que l'assassin de votre fille,
00:21:15je vous le donnerai.
00:21:19L'enquête progresse rapidement.
00:21:22Trois mois plus tard,
00:21:23le 24 novembre 2002,
00:21:24les gendarmes arrêtent un homme.
00:21:27Jean-Paul Lecomte,
00:21:2836 ans,
00:21:28condamné pour une série de viols
00:21:30quelques années plus tôt,
00:21:31il vit à côté de Péronne.
00:21:33Alors là,
00:21:37je me dis que,
00:21:38ben,
00:21:38il y a 20 kilomètres,
00:21:41c'est certainement lui.
00:21:45Dans le mille,
00:21:47l'ADN de Lecomte
00:21:48est retrouvé
00:21:48sur les vêtements
00:21:49de Patricia Leclerc.
00:21:50L'enquête le confond aussi
00:21:51pour le meurtre
00:21:52de Christelle Dubuisson.
00:21:55Mais son ADN
00:21:56ne matche pas
00:21:57avec la trace
00:21:58retrouvée sur Elodie.
00:21:59Et en plus,
00:22:00pour ce crime-là,
00:22:01il a un alibi.
00:22:05En janvier 2002,
00:22:07Jean-Paul Lecomte
00:22:07était incarcéré
00:22:09sans permission de sortie.
00:22:11Ce qui fait
00:22:11qu'il n'y avait pas possibilité
00:22:12qu'il ait participé
00:22:13au meurtre
00:22:14d'Elodie Culic.
00:22:18Lecomte n'a pas tué Elodie.
00:22:20Mais ses crimes
00:22:21font une autre victime
00:22:22dans la famille Culic.
00:22:26Rosemary ne va pas supporter
00:22:28cette énième immersion
00:22:29de la violence dans sa vie.
00:22:30Elle se dit,
00:22:31ce n'est pas possible,
00:22:31ça ne s'arrêtera jamais.
00:22:32C'est ce qu'elle dit
00:22:33à ses amis.
00:22:34Et un jour,
00:22:34elle ne supporte plus.
00:22:35Elle tente effectivement
00:22:36de mettre fin à ses jours
00:22:38en s'empoisonnant
00:22:39et elle tombe dans un coma
00:22:40dont elle ne se relèvera jamais.
00:22:42Je n'ai pas voulu venir.
00:22:42Honnêtement,
00:22:43je n'ai pas voulu venir.
00:22:45J'étais trop occupé.
00:22:47J'allais tous les jours,
00:22:49tous les jours,
00:22:50à son chevet,
00:22:51avec toujours l'espoir
00:22:53que si un jour,
00:22:54je pouvais lui apprendre
00:22:55qu'on a trouvé
00:22:56le ou les assassins,
00:22:58ça la réveillerait.
00:22:59Les années passent.
00:23:05Les gendarmes
00:23:06continuent leurs investigations.
00:23:08Et les juges
00:23:09se transmettent
00:23:09l'un après l'autre
00:23:10le dossier culique.
00:23:12Trois juges,
00:23:13en huit ans.
00:23:14En 2010,
00:23:15la justice a déjà ordonné
00:23:16plus de 5000 prélèvements génétiques.
00:23:19Sans succès.
00:23:20En tant qu'enquêteur,
00:23:32c'est un échec.
00:23:34On se dit que ça fait huit ans
00:23:35qu'on travaille,
00:23:36que tous les moyens ont été mis
00:23:38et puis on est toujours
00:23:39au même résultat.
00:23:39la crainte,
00:23:44c'est qu'on arrive
00:23:45à oublier
00:23:46et fermer le dossier.
00:23:49Dire,
00:23:49c'est pour ça
00:23:51que je suis toujours,
00:23:51toujours,
00:23:52toujours derrière.
00:23:53Dès qu'il y a quelque chose,
00:23:53j'y vais.
00:23:55Je me dis,
00:23:58si jamais
00:23:59on ne trouve pas,
00:24:01je ne pourrai pas
00:24:03tenir parole.
00:24:04Plusieurs hypothèses.
00:24:14La première,
00:24:15c'est que l'intéressé
00:24:15est décédé.
00:24:16Deuxièmement,
00:24:17l'auteur s'est rangé.
00:24:18Troisièmement,
00:24:19c'est lié à,
00:24:20entre guillemets,
00:24:21un pacte.
00:24:22Parce qu'on est à deux personnes,
00:24:23c'est deux frères,
00:24:24deux proches,
00:24:25deux amis
00:24:25qui sont liés
00:24:26par un pacte de sang
00:24:27et qui ont dit,
00:24:28ben voilà,
00:24:29tant qu'on se tait,
00:24:30ça ne sortira jamais.
00:24:35La chance va pourtant
00:24:36bientôt sourire aux gendarmes.
00:24:38En octobre 2010,
00:24:40le colonel Fameuil,
00:24:41un spécialiste de biologie,
00:24:42est nommé à la section
00:24:43de recherche d'Amiens.
00:24:45Son regard sur le dossier
00:24:47fait basculer l'enquête.
00:24:51L'officier a une idée
00:24:52toute simple,
00:24:54mais déterminante
00:24:55pour identifier l'ADN
00:24:56du meurtrier d'Elodie.
00:25:00Je me dis,
00:25:01si lui n'est pas fiché,
00:25:02comment puis-je remonter
00:25:03jusqu'à lui ?
00:25:04Je pose le pari
00:25:04que peut-être
00:25:06l'un de ses parents
00:25:07ou l'un de ses enfants,
00:25:08s'il en a eu,
00:25:09peut être fiché.
00:25:09Parce qu'un individu,
00:25:10c'est 50% du patrimoine génétique
00:25:12de son père
00:25:12et 50% de sa mère.
00:25:15Et je me dis
00:25:16qu'en étudiant
00:25:17la moitié
00:25:17de ce patrimoine génétique
00:25:19entre les profils,
00:25:20je peux avoir une chance,
00:25:22si évidemment,
00:25:22l'un des parents
00:25:23ou l'un des enfants
00:25:23est fiché,
00:25:24de remonter sur eux
00:25:25et par leur intermédiaire
00:25:27d'arriver à mon suspect.
00:25:29L'idée de génie
00:25:30du colonel Fameuil,
00:25:32c'est donc de se dire
00:25:33qu'avec un peu de chance,
00:25:34le profil génétique
00:25:36du père,
00:25:37de la mère
00:25:37ou d'un enfant du violeur
00:25:39pourrait être au FNAEG.
00:25:41On s'approcherait alors de lui.
00:25:43Cette méthode,
00:25:44dite de l'ADN par parentèle,
00:25:47a fait ses preuves à l'étranger.
00:25:50Je tombe sur un article de Science,
00:25:52qui est la revue
00:25:52la plus éminente
00:25:53pour les scientifiques,
00:25:54où la police californienne
00:25:55a utilisé cette recherche
00:25:57d'un parent
00:25:57au sein d'un fichier
00:25:58des empreintes génétiques
00:25:59pour identifier un violeur en série
00:26:01qui s'est vissé
00:26:02depuis les années 80.
00:26:03Et là, je regarde
00:26:04ce qui se fait en France.
00:26:05Parce qu'à ce moment-là,
00:26:05dans mon esprit,
00:26:06ça se pratique déjà en France.
00:26:08Et là, je tombe de haut
00:26:09parce que je me rends compte
00:26:09que ce n'est pas le cas.
00:26:12En France,
00:26:12la méthode n'est pas interdite,
00:26:14mais elle n'est pas non plus autorisée.
00:26:18Le juge a besoin
00:26:19du feu vert de la chancellerie,
00:26:21qui va mettre
00:26:22un an à lui répondre.
00:26:23Nous étions en octobre 2011.
00:26:28Je reçois un coup de fil
00:26:29de sa part un soir au bureau.
00:26:31Il me dit, c'est bon,
00:26:32la recherche a été lancée.
00:26:34Il me dit, j'attends les résultats
00:26:36début de semaine prochaine.
00:26:38Il y a ce côté
00:26:38où je le sens vraiment
00:26:39heureux au téléphone.
00:26:40Alors moi, il ne s'en doute pas,
00:26:41mais je le suis tout autant,
00:26:42voire encore plus.
00:26:44Et puis bon,
00:26:45on attend tout simplement
00:26:45les résultats.
00:26:52Dominique, petite pause.
00:26:54Technique.
00:26:54L'ADN retrouvé
00:26:55sur la scène de Crib
00:26:56n'est pas au FNAEG.
00:26:58Et là,
00:26:59les gendarmes font un pari.
00:27:00Ils se disent,
00:27:01il y a peut-être quelqu'un
00:27:02de sa famille
00:27:03qui est fiché.
00:27:04Et si on retrouve ce quelqu'un,
00:27:06ça peut nous permettre
00:27:07de remonter jusqu'au violeur,
00:27:08c'est ça ?
00:27:08Oui, exactement.
00:27:10Les experts ne vont donc
00:27:11plus chercher dans le FNAEG
00:27:12une correspondance
00:27:13à 99%,
00:27:15mais ils vont chercher
00:27:16une correspondance
00:27:17à 50%.
00:27:19Je m'explique, Christophe.
00:27:21Si on trouve dans le fichier
00:27:22quelqu'un
00:27:23un homme, une femme
00:27:24dont la moitié
00:27:26des marqueurs génétiques
00:27:27est commune
00:27:29à l'ADN du violeur,
00:27:30ça voudra dire
00:27:31qu'ils ont un lien
00:27:32de parenté.
00:27:33En fait,
00:27:33c'est une façon
00:27:34de se rapprocher
00:27:35du violeur.
00:27:37Alors,
00:27:37le FNAEG
00:27:38va mouliner.
00:27:39Aujourd'hui,
00:27:39ça prendrait quelques minutes.
00:27:41À l'époque,
00:27:42fin 2011,
00:27:43ça prend une semaine.
00:27:44Et alors,
00:27:45qu'est-ce que ça donne ?
00:27:46Alors,
00:27:46quand on demande
00:27:47au logiciel
00:27:47de trouver 11 marqueurs communs,
00:27:50le fichier sort 500 noms.
00:27:52Quand on lui demande
00:27:52de trouver 16 marqueurs,
00:27:54le fichier sort 300 noms.
00:27:56Et quand on lui demande
00:27:57de trouver 18 marqueurs communs,
00:27:59il n'y a plus
00:28:00qu'un seul nom.
00:28:01Dingue.
00:28:02C'est qui ?
00:28:03C'est un homme,
00:28:04Patrick Villard.
00:28:05Il est fiché
00:28:06pour agression sexuelle.
00:28:07Il vit à quelques kilomètres seulement
00:28:09du lieu du crime,
00:28:11dans l'Aisne.
00:28:12Et ce n'est pas le violeur
00:28:13puisque son ADN
00:28:14ne correspond pas à 100%.
00:28:16En revanche,
00:28:17sa signature génétique
00:28:18est tellement proche
00:28:20de celle du violeur
00:28:22que ça ne peut être
00:28:23qu'une personne
00:28:24de son entourage.
00:28:30Voilà.
00:28:31Enfin,
00:28:31quelque chose de probant.
00:28:32on a un nom
00:28:34à mettre
00:28:35face à cet ADN
00:28:37qui est pour l'instant
00:28:38non résolu.
00:28:40Un nom,
00:28:41mais qui dans la famille
00:28:43de Patrick Villard
00:28:43a commis le crime ?
00:28:47Nous nous rendons compte
00:28:48qu'il a deux enfants.
00:28:49Un garçon qui avait
00:28:50une vingtaine d'années
00:28:51au moment des faits
00:28:51et un autre
00:28:52qui avait 4-5 ans.
00:28:53Alors,
00:28:54bien évidemment,
00:28:54nous éliminons celui
00:28:55qui a 4-5 ans
00:28:56et celui qui a une vingtaine d'années
00:28:58et on s'intéresse
00:28:58plus particulièrement à lui.
00:29:00Il s'appelle Grégory Villard.
00:29:02Grégory Villard.
00:29:05Il aura fallu
00:29:0610 ans d'enquête
00:29:07pour tenir un nom.
00:29:13Et là,
00:29:13on se dit,
00:29:13bon,
00:29:13rien de plus simple
00:29:14désormais que d'aller le prélever
00:29:15et de comparer directement
00:29:17son profit génétique
00:29:18à celui de la trace.
00:29:19Et là,
00:29:20dans la foulée,
00:29:21on prend un coup de bambou
00:29:23derrière les étiquettes,
00:29:24entre guillemets,
00:29:25parce que
00:29:25l'intéressé est décédé
00:29:27depuis 2003,
00:29:281er novembre 2003.
00:29:30La tuile
00:29:31pour les gendarmes.
00:29:33Grégory Villard
00:29:34s'est tué
00:29:34dans un accident de voiture
00:29:3622 mois
00:29:38après le meurtre d'Élodie.
00:29:41Ils doivent pourtant
00:29:42vérifier leur hypothèse,
00:29:45s'assurer que c'est bien
00:29:46de l'ADN de Villard
00:29:47qu'ils ont relevé
00:29:48sur la scène de crime.
00:29:49Si on va
00:29:50exhumer le corps
00:29:51de cet individu,
00:29:53on va forcément
00:29:53avoir un journaliste
00:29:54à côté de nous.
00:29:55Si les journalistes
00:29:55sont au courant,
00:29:56que va-t-il se passer ?
00:29:57Est-ce que l'environnement
00:29:58amical du défunt
00:29:59ne va-t-il pas prendre peur
00:30:01et s'enfuir ?
00:30:02Parce qu'il ne faut pas oublier
00:30:03qu'en 2002,
00:30:03lorsqu'Élodie Culli
00:30:04qui appelle le codice,
00:30:05on entend deux voix
00:30:06sur la bande sonore
00:30:07de l'appel
00:30:08passer aux pompiers.
00:30:13Et pour mettre
00:30:14la main sur le complice,
00:30:16il y a intérêt
00:30:16à éviter les fuites.
00:30:19Alors les gendarmes
00:30:20convoquent la mère
00:30:21de Grégory Viard
00:30:21dans le plus grand secret.
00:30:24Sans lui parler
00:30:25des soupçons
00:30:25qui pèsent sur son fils.
00:30:28On va aller prélever
00:30:29la mère de Grégory Viard.
00:30:31On va lui dire
00:30:32que c'est pour l'affaire Culli.
00:30:34Bien entendu,
00:30:34la nuit belge
00:30:34qu'on s'en prélèvement,
00:30:35je n'ai rien fait,
00:30:36ce qui est vrai.
00:30:37Et on va se rendre compte
00:30:38qu'en effet,
00:30:39la trace possède 50%
00:30:40du patrimoine génétique
00:30:41de cette dame.
00:30:4650% de la mère,
00:30:4750% du père.
00:30:51Cette fois,
00:30:51l'ADN de la scène de crime
00:30:52a un nom.
00:30:57Les gendarmes ont retrouvé
00:30:58l'un des tueurs d'Elodie.
00:31:00Il s'appelle Grégory Viard.
00:31:02Dix ans après le crime,
00:31:09le juge appelle
00:31:10Jacques Icullic.
00:31:12Le juge qui nous reçoit
00:31:13me dit
00:31:13« Monsieur Cullic,
00:31:14j'ai deux nouvelles pour vous,
00:31:15une bonne et une mauvaise. »
00:31:17Il m'a dit
00:31:18« Ah bon ? »
00:31:19Il m'a dit
00:31:19« Allez la bonne,
00:31:21on a retrouvé
00:31:22le violeur de votre fille.
00:31:25Il s'appelle
00:31:25Grégory Viard. »
00:31:29La mauvaise nouvelle,
00:31:30c'est qu'il est décédé.
00:31:31Il est décédé
00:31:32un an plus tard.
00:31:33Voilà.
00:31:35Je lui demande
00:31:35au juge,
00:31:36je lui dis
00:31:36« Écoutez,
00:31:37s'il vous plaît,
00:31:38si vous pourriez
00:31:39me prêter
00:31:40votre téléphone portable
00:31:41pour que j'appelle Fabien ? »
00:31:43Le frère d'Elodie.
00:31:43C'était normal
00:31:52qu'il fût
00:31:52prévenu en premier.
00:31:56Je n'aurais jamais voulu
00:31:57être prévenu
00:31:58par la presse.
00:31:59Vous voyez ?
00:32:01Et je n'aurais pas voulu
00:32:04que Fabien le soit non plus.
00:32:13Dominique Grégory Viard
00:32:15est donc mort
00:32:15un peu moins de deux ans
00:32:16à peine après Elodie.
00:32:18Qu'est-ce qui lui est arrivé d'ailleurs ?
00:32:19Alors,
00:32:20il est mort à 24 ans
00:32:21dans un accident de la route.
00:32:24À 4 heures du matin,
00:32:25retour de boîte de nuit,
00:32:26il avait bu
00:32:26et il a percuté
00:32:28une bête ravière.
00:32:29Il faisait quoi dans la vie ?
00:32:30Il a essayé de gérer
00:32:31une station de lavage
00:32:33de voitures.
00:32:34Ensuite,
00:32:34il a monté
00:32:34un business
00:32:35de plombier
00:32:36chauffagiste
00:32:37sans succès.
00:32:38Mais connu,
00:32:39inconnu
00:32:39des services de police
00:32:40et de gendarmerie ?
00:32:41Il avait un tout petit casier
00:32:42pour vol,
00:32:43escroquerie.
00:32:44Il avait été entendu
00:32:45en 2002
00:32:46par les gendarmes
00:32:46dans une affaire
00:32:47de fausses lettres anonymes.
00:32:48Et là,
00:32:48on est 10 mois,
00:32:50c'est ça,
00:32:50après le meurtre d'Elodie.
00:32:51Oui.
00:32:52Grégory Viard,
00:32:52à l'époque,
00:32:53vivait avec une femme.
00:32:54Ils avaient un fils ensemble
00:32:56et cette femme
00:32:57est allée déposer plainte
00:32:58à la gendarmerie
00:32:59parce qu'elle recevait
00:33:00des lettres anonymes
00:33:00de menaces
00:33:01dans lesquelles
00:33:01il était écrit
00:33:02« En 2003,
00:33:04tu seras brûlé.
00:33:05Fini,
00:33:06je vais te brûler
00:33:07comme les autres.
00:33:08Je vais te brûler
00:33:09et te violer
00:33:09comme les autres.
00:33:12Je suis foutu
00:33:13et toi aussi.
00:33:14Tu préfères être brûlé,
00:33:15violé,
00:33:16égorgé. »
00:33:17Donc,
00:33:17les gendarmes
00:33:18qui ont reçu la plainte
00:33:19ont fini par découvrir
00:33:20qu'en fait,
00:33:22la compagne
00:33:22de Grégory Viard
00:33:24avait tout inventé.
00:33:25C'est elle
00:33:25qui avait écrit
00:33:26ces lettres anonymes.
00:33:27Elle voulait attirer
00:33:27l'attention de son copain
00:33:29de Grégory
00:33:29parce qu'il ne s'intéressait
00:33:30plus à elle.
00:33:31Sauf que les mots
00:33:32« violer »,
00:33:33« brûler »,
00:33:34ils résonnent
00:33:35de façon particulière
00:33:36quand on connaît
00:33:36les circonstances
00:33:37évidemment de la mort d'Elodie.
00:33:38Bien sûr.
00:33:39Donc,
00:33:39en 2012,
00:33:40la section de recherche
00:33:41de la gendarmerie
00:33:42d'Amiens
00:33:42convoque
00:33:44la compagne
00:33:45de Grégory Viard
00:33:47et lui dit
00:33:47quand même
00:33:48ce que vous avez écrit
00:33:49dans ces lettres.
00:33:50Est-ce que ce n'est pas
00:33:50des choses
00:33:51que vous avez répercutées,
00:33:52des choses que Grégory Viard
00:33:53vous avait dites ?
00:33:53Elle leur répond non.
00:33:54C'est une pure coïncidence.
00:33:56Donc,
00:33:56la section de recherche
00:33:57a identifié formellement
00:33:58un homme
00:33:59dont elle garde
00:34:00d'ailleurs le nom secret.
00:34:02Reste à identifier
00:34:03le deuxième.
00:34:03Oui,
00:34:04forcément,
00:34:04parce que ces deux hommes-là
00:34:05ne se sont pas retrouvés
00:34:06par hasard
00:34:06sur la scène de crime.
00:34:08Donc,
00:34:08qu'est-ce que vont faire
00:34:08les gendarmes ?
00:34:09Ils vont chercher
00:34:10qui étaient les copains
00:34:11de Grégory Viard
00:34:13à l'époque
00:34:13et ils vont surtout chercher
00:34:14dans la plus grande discrétion.
00:34:15Ça redevait une enquête classique
00:34:23pour recueillir
00:34:24le maximum de renseignements
00:34:25sur Viard Grégory
00:34:26parce que le but,
00:34:27c'est de savoir
00:34:28qui fréquentait,
00:34:29qu'est-ce qu'il faisait,
00:34:30etc.,
00:34:30mais dans les détails.
00:34:33Il avait certainement
00:34:34beaucoup de proches
00:34:34ou beaucoup d'amis
00:34:35donc on voulait garder
00:34:36un temps d'avance
00:34:37pour pouvoir identifier
00:34:39sereinement
00:34:39les gens
00:34:40qu'il avait pu fréquenter
00:34:41dix ans avant.
00:34:41Il adorait
00:34:48participer
00:34:49à des soirées
00:34:504x4.
00:34:51Il faisait partie
00:34:51d'un club de 4x4
00:34:52qui était dans l'Aisne.
00:34:56Ce sport un peu viril,
00:34:57mécanique,
00:34:58où on va essayer
00:34:59de monter
00:35:01sur des obstacles,
00:35:02où on casse
00:35:02des véhicules,
00:35:03où on les répare
00:35:04parce qu'il faut
00:35:05un garage,
00:35:06tout ça.
00:35:11Le 4x4,
00:35:13le hobby
00:35:13de Grégory Viard
00:35:14et de sa bande
00:35:15de copains.
00:35:20Il y avait
00:35:20Ludovic,
00:35:21Denis,
00:35:22Romuald,
00:35:23mais aussi
00:35:24Willy Bardon.
00:35:25Ils se retrouvent
00:35:26régulièrement
00:35:26chez le garagiste
00:35:28Laurent.
00:35:32Laurent,
00:35:32c'est le pilier
00:35:33d'un groupe de potes
00:35:34qui ne se quitte
00:35:35jamais.
00:35:36Les soirées
00:35:41étaient très arrosées
00:35:42et après,
00:35:43on prenait le véhicule
00:35:44et puis on partait
00:35:45en goguette,
00:35:47les boîtes de nuit
00:35:47et les sorties
00:35:48de boîte de nuit.
00:35:51Ça fait un peu
00:35:51de tilt
00:35:52pour les gendarmes
00:35:52parce que Grégory Viard,
00:35:54il a pu avoir
00:35:56l'occasion
00:35:56avec certains
00:35:57de ses amis
00:35:58de faire un peu peur
00:35:59au volant
00:36:00de ces gros véhicules,
00:36:01de ces gros 4x4
00:36:02à des jeunes femmes
00:36:03sur des véhicules.
00:36:04Ça les faisait rigoler.
00:36:06Donc voilà,
00:36:13là,
00:36:13le scénario prend
00:36:14un peu plus corps.
00:36:15On se dit
00:36:15si elle est sortie de route,
00:36:16c'est peut-être
00:36:17parce qu'elle a croisé
00:36:19un de ces 4x4
00:36:19qui faisait un peu
00:36:20la loi
00:36:21sur les routes
00:36:22de Picardie.
00:36:23C'est fait.
00:36:30Les gendarmes ont réussi
00:36:30à identifier
00:36:31tous les copains
00:36:32de Viard.
00:36:33C'est le moment
00:36:33de laisser son nom
00:36:34fuité dans la presse
00:36:35en restant,
00:36:37évidemment,
00:36:38aux aguets.
00:36:40Le journal de 20h,
00:36:42David Pujadas.
00:36:43Les enquêteurs
00:36:46n'avaient jamais
00:36:48baissé les bras.
00:36:49Eh bien,
00:36:49un crime
00:36:50qui avait marqué
00:36:50l'opinion
00:36:51vient d'être
00:36:52en partie
00:36:53élucidé
00:36:53dix ans après.
00:36:57À la une,
00:36:58partout,
00:36:59le nom de Grégory Viard,
00:37:01l'homme soupçonné
00:37:02du viol
00:37:02et du meurtre
00:37:03de la jeune banquière.
00:37:06Ça m'a fait bizarre
00:37:07quand même
00:37:07puisque c'était
00:37:08quand même
00:37:08quelqu'un
00:37:08qu'on a côtoyé
00:37:10et on ne sait pas
00:37:12qui on a
00:37:12en face de nous
00:37:13finalement.
00:37:14Ça m'a foutu un coup
00:37:14de dire
00:37:15mince,
00:37:16il a fait ça.
00:37:18Un choc.
00:37:19C'est exactement
00:37:20ce que les gendarmes
00:37:21cherchaient.
00:37:23Pour que ça cause
00:37:23dans les chaumières.
00:37:24Pour que ça balance.
00:37:26Parce que,
00:37:26bien sûr,
00:37:27tous les copains
00:37:28de Viard
00:37:28sont sur écoute.
00:37:29On voit
00:37:32comment ça interagit,
00:37:33comment ils s'appellent
00:37:34après telle ou telle audition.
00:37:38Parce que
00:37:38tous ces personnages
00:37:39sont inquiets.
00:37:40Ils ont bien compris
00:37:41qu'on cherchait
00:37:41un deuxième homme
00:37:42et ils se disent
00:37:42est-ce que ça pourrait être moi,
00:37:44ça pourrait être lui,
00:37:45ça pourrait être l'autre.
00:37:46Et il y a un homme
00:37:46qui s'inquiète
00:37:47beaucoup plus que les autres.
00:37:48C'est Willy Bardot.
00:37:53Dès que quelqu'un
00:37:54est interrogé,
00:37:55il l'appelle immédiatement
00:37:56après pour lui dire
00:37:57qu'est-ce que t'as dit,
00:37:57qu'est-ce qu'ils t'ont dit,
00:37:58savoir ce que les gendarmes
00:38:00ont en main.
00:38:01Là,
00:38:01on a plus l'impression
00:38:02qu'il est inquiet
00:38:03pour lui.
00:38:05C'est pas vraiment
00:38:05l'attitude de quelqu'un
00:38:06qui veut savoir,
00:38:07mais plus l'attitude
00:38:08de quelqu'un
00:38:08qui veut savoir
00:38:09s'il n'est pas en cause.
00:38:12T'as été au flic,
00:38:13toi,
00:38:13tu m'as dit ?
00:38:14Ouais.
00:38:16Qu'est-ce qu'ils t'ont
00:38:16posé en question ?
00:38:17Oh,
00:38:17ils ont pas arrêté.
00:38:21Ils t'ont parlé
00:38:21de moi un peu ?
00:38:23Bah,
00:38:23ils m'ont demandé
00:38:24si,
00:38:24enfin,
00:38:25comment,
00:38:25tu connaissais Greg ?
00:38:27Est-ce qu'ils t'ont posé
00:38:28des questions ?
00:38:29Qu'est-ce que je faisais ?
00:38:30Patati,
00:38:30patata.
00:38:31C'est ça que je veux savoir.
00:38:37Willy Bardon,
00:38:39un habitué des sorties 4-4
00:38:41avec son neveu
00:38:41Romuald,
00:38:42Romu.
00:38:44Willy a 38 ans,
00:38:46Romu 34.
00:38:48Ils ont été élevés
00:38:49ensemble
00:38:49par la famille Bardon.
00:38:50Romu sortait avec
00:38:53Willy,
00:38:54enfin,
00:38:54voilà,
00:38:54c'est plus
00:38:55une relation
00:38:56de frère à frère
00:38:57que de
00:38:58oncle à neveu.
00:39:00L'oncle de Romuald,
00:39:02le copain de Viard,
00:39:03donc,
00:39:03a la réputation
00:39:04d'une grande gueule.
00:39:06Des femmes
00:39:06en parlent
00:39:07comme d'un type
00:39:07dont elles préfèrent
00:39:08rester un peu
00:39:08à distance.
00:39:12C'est quelqu'un
00:39:12qui est décrit
00:39:13comme un dragueur
00:39:14insistant,
00:39:15lourd,
00:39:16qui,
00:39:16notamment,
00:39:17lorsqu'il a bu,
00:39:18qui n'a aucun aspect,
00:39:19pour l'agente féminine.
00:39:22S'il a décidé
00:39:23que ça me plaît,
00:39:25j'ai envie de me la faire,
00:39:26je vais tout faire
00:39:27pour essayer.
00:39:31Willy,
00:39:31il a toujours
00:39:32dragué.
00:39:33S'il drague
00:39:34et qu'on lui dit non,
00:39:35il arrête.
00:39:36Il ne va pas forcer.
00:39:38Après,
00:39:39Willy,
00:39:39il aime bien
00:39:39parler de cul,
00:39:41il aime bien
00:39:41sortir,
00:39:43il aime bien
00:39:43boire un coup,
00:39:44il fait sa jeunesse.
00:39:46Un chaud lapin,
00:39:48bien relou.
00:39:48mais qui n'en mène pas large
00:39:50quand sa copine Amélie
00:39:51est elle-même
00:39:52convoquée à la gendarmerie.
00:39:55Après l'interrogatoire,
00:39:56je lui ai téléphoné
00:39:57tout de suite
00:39:57et je lui ai dit
00:39:58on a été interrogé
00:39:59sur toi.
00:40:00Donc au bout d'un moment,
00:40:00lui,
00:40:01il a téléphoné au gendarme.
00:40:02Je lui ai dit
00:40:02écoutez,
00:40:03au lieu de tourner
00:40:04autour du pot,
00:40:04s'il voulait m'interroger,
00:40:05interrogez-moi.
00:40:06Mais bien volontiers,
00:40:08M. Bardon.
00:40:10Les gendarmes
00:40:10font aussi une perquisition
00:40:12chez lui.
00:40:13Sans résultat.
00:40:15Et c'est là
00:40:15qu'une drôle d'histoire
00:40:16leur revient aux oreilles.
00:40:18Amandine,
00:40:19une copine de la bande,
00:40:21a un mauvais souvenir
00:40:22de Bardon.
00:40:25C'est le frère d'Amandine
00:40:26qui nous dit
00:40:27que sa soeur
00:40:27aurait été importunée
00:40:28au volant
00:40:29par Willy Bardon
00:40:30qui aurait fait semblant
00:40:32de la percuter
00:40:32et qui voulait
00:40:33la mettre
00:40:34dans le fossé.
00:40:35Une fille au volant
00:40:45qu'on pousse
00:40:46dans le fossé,
00:40:47ça rappelle sacrément
00:40:48l'affaire Culic.
00:40:49Dominique,
00:40:50plus les gendarmes
00:40:50travaillent sur ce
00:40:51et plus ils se disent
00:40:53qu'il est peut-être
00:40:54dans le coup.
00:40:54J'ai ici des extraits,
00:40:56des témoignages
00:40:57que les gendarmes
00:40:58ont recueillis
00:40:59auprès de personnes
00:41:00qui connaissaient
00:41:01Willy Bardon.
00:41:02Je rappelle
00:41:02qu'il s'agit
00:41:03d'un crime sexuel.
00:41:04Élodie a été violée.
00:41:06Et voilà
00:41:06ce que les témoins
00:41:07interrogés par les gendarmes
00:41:08disent de Bardon.
00:41:10Ça lui arrive
00:41:11de parler très crûment
00:41:12du genre
00:41:13« celle-là,
00:41:14je la bourrerai bien ».
00:41:16Un ami se souvient
00:41:17qu'une fois,
00:41:18alors qu'ils étaient ensemble,
00:41:19Bardon prenait de l'essence,
00:41:20il s'est énervé
00:41:21contre l'automate
00:41:23qui était en panne
00:41:24et il a dit à l'automate
00:41:26« je vais te violer,
00:41:27te tuer,
00:41:28te brûler ».
00:41:29Une femme raconte
00:41:30qu'elle a eu un jour
00:41:30un rapport sexuel
00:41:31avec lui,
00:41:32qu'elle avait ses règles
00:41:33et que Bardon lui a dit
00:41:35qu'il aimait ça.
00:41:36D'ailleurs,
00:41:37quand Élodie a été tuée,
00:41:38elle avait ses règles.
00:41:39Oui.
00:41:39Et des copains de Bardon
00:41:41racontent qu'à l'arrière
00:41:42de son 4x4,
00:41:43il avait un matelas
00:41:43au cas où
00:41:44une occasion se présente.
00:41:46Alors très bien Dominique,
00:41:47mais ces témoignages,
00:41:48ils ne prouvent rien.
00:41:50D'abord parce qu'on n'a
00:41:51aucune preuve
00:41:52que Bardon était physiquement là.
00:41:53Oui, mais les gendarmes,
00:41:54ils cherchent un complice
00:41:56de Grégory Viard.
00:41:57Ils cherchent quelqu'un
00:41:58qui était là
00:41:58et même s'il n'a rien fait,
00:42:00le fait d'être là,
00:42:01d'avoir été complice,
00:42:02de ne pas avoir dénoncé les faits,
00:42:04c'est répréhensible.
00:42:06C'est pour ça qu'après
00:42:07un an de surveillance,
00:42:08les gendarmes décident
00:42:09de récupérer tout le monde.
00:42:11Ils ramassent le clan,
00:42:12l'équipe du 4x4,
00:42:147 hommes
00:42:15qui sont placés
00:42:16en garde à vue.
00:42:17On est le 16 janvier 2013
00:42:19et parmi ces 7 hommes,
00:42:21il y a Willy Bardon,
00:42:22il y a son neveu,
00:42:23Romuald,
00:42:24il y a le garagiste,
00:42:25Laurent,
00:42:26et puis deux autres hommes,
00:42:27Denis Ludovic.
00:42:29Certains ont des alibis.
00:42:30Le neveu, Romuald,
00:42:31il était à Paris.
00:42:32Le garagiste,
00:42:34il ne sort jamais de chez lui.
00:42:35Ludovic,
00:42:36il ne connaissait pas encore
00:42:38Grégory Viard
00:42:39en 2002.
00:42:40Donc,
00:42:41exit ces trois-là,
00:42:42restent quatre hommes
00:42:43qui ne peuvent pas prouver
00:42:45qu'il n'y était pas.
00:42:47Parmi eux,
00:42:48celui qui intéresse le plus
00:42:49les gendarmes,
00:42:50c'est Willy Bardon.
00:42:57Il dit qu'il a mal aux ventes,
00:42:58il ne se sent pas bien,
00:42:59qu'il ne comprend pas,
00:43:00qu'il n'a rien à voir là-dedans,
00:43:02qu'il lui faut un avocat.
00:43:03Il est perdu,
00:43:05il semble perdu.
00:43:05Les gardes à vue s'enlisent,
00:43:10Willy Bardon et ses copains
00:43:11nient farouchement.
00:43:13Personne n'a accompagné Viard
00:43:14ce soir-là.
00:43:25Alors,
00:43:26les gendarmes sortent
00:43:26leur carte maîtresse.
00:43:30La bande-son
00:43:31de l'appel d'Elodie,
00:43:32c'est 26 secondes
00:43:33de hurlements
00:43:34entrecoupés
00:43:34par les voix
00:43:35de deux hommes.
00:43:38Un par un,
00:43:39les suspects
00:43:40écoutent l'enregistrement.
00:43:43Ils sont plusieurs
00:43:43à reconnaître
00:43:44la voix de Willy Bardon.
00:43:49Ils disent
00:43:50que c'est la voix de Willy,
00:43:51c'est une intonation particulière,
00:43:52sa façon de dire
00:43:53« chat va aller »,
00:43:54c'est lui,
00:43:55il n'y a pas…
00:43:56voilà,
00:43:56ils le reconnaissent
00:43:57tout simplement.
00:44:00Stratégie
00:44:00pour sauver leur peau ?
00:44:04Un homme connaît
00:44:05Willy Bardon
00:44:06comme personne.
00:44:07C'est Romuald,
00:44:09son neveu.
00:44:11Il écoute
00:44:12à plusieurs reprises
00:44:13et il s'effondre.
00:44:14Il pleure,
00:44:15il est complètement perturbé
00:44:16et il dit
00:44:17« c'est Willy,
00:44:19je reconnais la voix de Willy ».
00:44:23Romuald en est sûr
00:44:24à 100%.
00:44:24C'est maintenant
00:44:28au tour de Bardon
00:44:29d'écouter l'enregistrement.
00:44:31Il ne sait pas encore
00:44:32que les autres
00:44:33l'ont reconnu.
00:44:35Willy Bardon
00:44:35était blanc,
00:44:37le teint lit vide.
00:44:38Sa première réaction
00:44:39c'est de dire
00:44:40« c'est ma voix,
00:44:41mais je n'y étais pas ».
00:44:43Puis il reprendra
00:44:44ses esprits
00:44:44en disant
00:44:45« ses doigts ressemblent
00:44:46à la mienne,
00:44:47mais je n'y étais pas ».
00:44:49Bardon temporise
00:44:50mais il ne craque pas.
00:44:53Les gendarmes
00:44:53le confrontent donc
00:44:54à son neveu Romuald.
00:44:57On rentre dans cette salle
00:44:58donc il y avait
00:44:59deux chaises côte à côte.
00:45:01Moi je suis à côté
00:45:01de Willy Bardon
00:45:02où je lui ai dit
00:45:03« ne vous inquiétez pas,
00:45:03on va voir comment ça va se passer »
00:45:05etc.
00:45:06Il y avait un silence
00:45:06important.
00:45:08On attendait
00:45:09que cette bande
00:45:10se mette en route.
00:45:18Monsieur J***,
00:45:19vous avancez
00:45:20donc écoutez
00:45:21l'enregistrement sonore
00:45:21de l'appel de la victime
00:45:22de la victime
00:45:23au codice
00:45:24de ce soir d'effet du 10 ans.
00:45:25Un face-à-face
00:45:25entre Willy Bardon
00:45:26et son neveu
00:45:27que les gendarmes
00:45:28enregistrent.
00:45:32Pouvez-vous nous dire
00:45:33qui vous avez reconnu
00:45:34sur cet enregistrement ?
00:45:35Je vous ai reconnu
00:45:36la voix de
00:45:36Willy Bardon
00:45:37au frangin.
00:45:39Monsieur Bardon,
00:45:40vous voulez réécouter
00:45:40la bande ?
00:45:41C'est ce que j'ai dit.
00:45:42Je n'étais pas là.
00:45:45Quelque chose à rajouter
00:45:46comme c'est j***** ?
00:45:47C'est toi,
00:45:48on s'est entendu.
00:45:49C'est pas moi, Romuald.
00:45:50C'est toi.
00:45:51Je te jure,
00:45:52c'est pas moi,
00:45:53je n'ai jamais fait ça.
00:45:54Il dit putain,
00:45:55c'est un déconnu pour ça.
00:45:56On ne peut pas
00:45:56cacher un truc pour ça.
00:45:59Romuald,
00:45:59tu ne pleures pas.
00:46:00Je vais faire le défaut,
00:46:01mais pas ça.
00:46:02Chacun a...
00:46:02Il lui dit,
00:46:07Romuald,
00:46:07j'ai reconnu ta voix,
00:46:09je vais se suivre,
00:46:10c'est toi,
00:46:11je te reconnais
00:46:12sur l'enregistrement sonore,
00:46:13dis les choses.
00:46:14Ça m'arrache au cœur
00:46:18de dire ça,
00:46:20putain,
00:46:20mais il faut voir des c*****.
00:46:22Tu as toujours dit
00:46:22que tu es un grand garçon,
00:46:23tu as une petite peur de personne.
00:46:25Je n'ai pas fait ça.
00:46:26J'assume tous mes actes,
00:46:27mais pas celui-ci,
00:46:28je ne l'ai pas fait.
00:46:29J'ai toujours assumé mes actes,
00:46:30mais pas ça,
00:46:31je ne pense rien à voir là-dedans.
00:46:32Il faut avouer ça,
00:46:33ça fait 10 ans que ça se dure,
00:46:34il faut...
00:46:34il faut que ça sorte.
00:46:36Je te promets,
00:46:37je ne sais rien.
00:46:40Et Willy Bardon,
00:46:41qui se met,
00:46:42lui aussi a pleuré,
00:46:43qui dit,
00:46:43mais non,
00:46:43je te jure,
00:46:44je te jure,
00:46:44Romu,
00:46:45ce n'est pas moi,
00:46:45tu ne peux pas penser
00:46:46à l'instant que j'ai fait ça.
00:46:49Je te jure,
00:46:50ce n'est pas moi.
00:46:51Oui, mais je veux,
00:46:52il faut l'heure,
00:46:52il faut être grand,
00:46:54et puis s'il y a quelque chose,
00:46:55il faut le dire,
00:46:56il faut assumer.
00:46:56Attends, Romu,
00:46:56je vais partir en prison, là.
00:46:58Mais écoute...
00:46:58Romu, je n'ai pas fait ça,
00:47:00et je vais partir en prison.
00:47:00Il faut assumer, là,
00:47:01si il y a vraiment quelque chose.
00:47:02Romu, je ne l'ai pas fait.
00:47:04Pourquoi ?
00:47:04C'est ta voix, j'entends.
00:47:05On dirait ma voix,
00:47:06je ne dis pas le contraire,
00:47:07mais ce n'est pas moi.
00:47:15On est face à deux hommes
00:47:16qui sont aussi perdus l'un que l'autre,
00:47:19je crois.
00:47:19Voilà, l'un d'accuser
00:47:21quelqu'un qui est un proche,
00:47:22et l'autre de crier
00:47:23et de continuer à crier son innocence.
00:47:27Monsieur Bernon,
00:47:28votre propre frère
00:47:28vous reconnaît formellement ?
00:47:30Ce n'est pas moi, monsieur,
00:47:31c'est quelqu'un
00:47:31qui a la même voix que moi,
00:47:33mais ce n'est pas moi,
00:47:34je n'ai jamais fait ça.
00:47:36Attendez,
00:47:37c'est quand même très grave, ça.
00:47:44Dominique, c'est ahurissant
00:47:46cet audio de garde à vue.
00:47:48Ahurissant.
00:47:48C'est d'ailleurs un document
00:47:49fait entrer l'accusé,
00:47:50ce neveu qui reconnaît
00:47:52la voix de son oncle
00:47:53et qui le supplie d'avouer.
00:47:54Oui, et ce n'est plus un gamin,
00:47:56Romualda, il a grandi maintenant,
00:47:57il a 34 ans.
00:47:58Quand les gendarmes
00:47:59vont lui faire écouter cet audio
00:48:00où on entend les hurlements d'Élodie,
00:48:03il est retourné.
00:48:05Il s'adresse à son oncle
00:48:06et il insiste,
00:48:07il lui dit
00:48:08mais ce n'est pas possible,
00:48:10on ne peut pas faire ça.
00:48:11On ne peut pas faire ça.
00:48:13Alors ça, ça se déroule
00:48:14lors d'une confrontation
00:48:15organisée par les gendarmes.
00:48:17D'ailleurs, les gendarmes
00:48:17peuvent organiser des confrontations.
00:48:19Bien sûr, bien sûr.
00:48:20Si ça entre dans le cadre
00:48:22de la commission rogatoire
00:48:23qui a été délivrée par le juge,
00:48:25pas de problème.
00:48:26J'ai ici l'ACR
00:48:27qui est délivrée aux gendarmes
00:48:29dans ce dossier
00:48:30qui leur demande de procéder
00:48:32à toutes les auditions,
00:48:34saisies, réquisitions,
00:48:36investigations utiles
00:48:37à la manifestation de la vérité.
00:48:39Est-ce qu'ils confrontent
00:48:40Bardon aux autres témoins ?
00:48:42Oui, bien sûr.
00:48:42Et cinq hommes sur six
00:48:44reconnaissent à nouveau
00:48:45la voix de Willy Bardon.
00:48:47Le 17 janvier 2013,
00:48:49après 48 heures de garde à vue,
00:48:51Willy Bardon est présenté
00:48:52à un juge d'instruction
00:48:53qu'il met en examen
00:48:54pour meurtre.
00:48:55Il est présenté ensuite
00:48:56à un juge des libertés
00:48:57de la détention
00:48:58qui décide de le faire
00:48:59incarcérer
00:49:00à la prison d'Amiens.
00:49:01Mais sa compagne
00:49:02et ses avocats
00:49:04vont monter au front.
00:49:05On m'a appelé,
00:49:10on m'a dit
00:49:10« Willy a été mis en examen
00:49:12dans cette affaire.
00:49:14Gros coup de massue.
00:49:16Je le voyais ressortir
00:49:17comme les autres.
00:49:18C'est de là
00:49:18qu'est venu mon engagement
00:49:19à me dire
00:49:20« c'est pas lui.
00:49:23Faut qu'on le sorte de là. »
00:49:26Sur les six personnes
00:49:32qui ont reconnu
00:49:33la voix de Willy Bardon
00:49:34sur cet enregistrement,
00:49:35cinq
00:49:35nous ont reconnu
00:49:37dans le cadre
00:49:37de la garde à vue.
00:49:39C'est-à-dire
00:49:39à un moment
00:49:40excessivement difficile
00:49:42pour eux.
00:49:43Donc lorsqu'on leur dit
00:49:44« vous êtes placé
00:49:44en garde à vue
00:49:45dans l'affaire Elodie Kulik
00:49:46pour le viol,
00:49:47le meurtre
00:49:48de cette jeune femme,
00:49:49je peux vous dire
00:49:49que les personnes
00:49:50stressent,
00:49:51sont inquiets.
00:49:53La seule chose
00:49:54qu'ils veulent,
00:49:54et je les comprends,
00:49:55c'est de s'envoyer
00:49:56sortir.
00:49:59Deuxième élément,
00:50:00c'est très difficile
00:50:02de distinguer les voix.
00:50:03Enfin, je veux dire,
00:50:03toutes les personnes
00:50:04qui ont entendu
00:50:05pour la première fois
00:50:06cette bande son
00:50:06ne peuvent rien distinguer
00:50:07et sont d'abord
00:50:08pris par l'émotion.
00:50:12Je rappelle également
00:50:13que les cinq personnes
00:50:15qui ont reconnu
00:50:15en garde à vue
00:50:16la voix de Willy Bardon,
00:50:17il y en a qui nous disent
00:50:18« je reconnais à 50 %,
00:50:19on va vouloir passer, monsieur.
00:50:21Oui, bon,
00:50:22à la quatrième écoute,
00:50:23oui, c'est peut-être 70 %.
00:50:24On va vouloir passer,
00:50:25monsieur, pour être sûr,
00:50:26on va vouloir passer.
00:50:28Oui, ben, c'est à 80 %.
00:50:29Mais rien que ça,
00:50:31en réalité,
00:50:32ça démontre que les gens
00:50:33ne sont pas certains
00:50:34de la reconnaissance.
00:50:38Autre problème,
00:50:40la voix de Willy Bardon
00:50:41n'a été identifiée
00:50:42que sur quelques mots.
00:50:42Je crois que sur la totalité
00:50:48de cette bande,
00:50:49on entend ces voix
00:50:50et elles parlent
00:50:51une 0,9 secondes
00:50:54et une autre 1,3 secondes.
00:50:57C'est extrêmement court,
00:50:58ça fait moins de deux secondes.
00:51:00Voilà.
00:51:05Le juge organise
00:51:06un transport sur les lieux,
00:51:08à l'endroit même
00:51:09où le corps d'Élodie
00:51:09a été retrouvé
00:51:1013 ans plus tôt.
00:51:15Avec Jackie Culic.
00:51:17La présence du père
00:51:18agira peut-être
00:51:19comme un électrochoc
00:51:20sur Bardon.
00:51:23Mais le suspect
00:51:24garde le silence.
00:51:25Bardon,
00:51:28il est à deux mètres,
00:51:29deux mètres de moi.
00:51:31J'attends,
00:51:32j'attends qu'il parle,
00:51:33lui.
00:51:34C'était le moment
00:51:35idéal pour lui
00:51:36de dire
00:51:36s'il était innocent
00:51:38comme il le dit.
00:51:39Écoutez,
00:51:40je suis pour rien,
00:51:41mais pas du tout.
00:51:45Bardon,
00:51:46mutique,
00:51:47face à des gendarmes
00:51:48de plus en plus convaincus.
00:51:49Pour eux,
00:51:55c'est un drame
00:51:55en deux actes
00:51:56qui s'est joué
00:51:57ce soir-là.
00:51:58D'abord,
00:51:59l'accident de la route
00:52:00quand Élodie
00:52:01rentrait chez elle.
00:52:12L'hypothèse
00:52:13la plus crédible,
00:52:14c'est qu'une voiture
00:52:15ait joué un peu
00:52:16avec elle
00:52:17et qu'elle ait
00:52:18perdu le contrôle
00:52:19de son volant
00:52:19de peur.
00:52:28Élodie aurait fait
00:52:29un tonneau
00:52:29avant de terminer
00:52:31sa course
00:52:31dans le champ.
00:52:33Ses agresseurs
00:52:34se seraient alors
00:52:34précipités
00:52:35vers sa voiture.
00:52:36Je pense que
00:52:37les intéressés
00:52:37l'ont extraite
00:52:38violemment du véhicule
00:52:40vu la réaction
00:52:41qu'elle a au téléphone.
00:52:43Elle ne s'est pas
00:52:44laissée faire,
00:52:44elle s'est débattue,
00:52:45elle a dû crier,
00:52:46essayer de griffer
00:52:47les intéressés,
00:52:48je pense.
00:52:48et après,
00:52:49ils ont repris
00:52:50la route.
00:52:52Direction
00:52:52la décharge
00:52:53agricole
00:52:54à 6 km
00:52:56de là.
00:53:05Pour moi,
00:53:06ils connaissaient
00:53:06les lieux,
00:53:07donc ils sont allés
00:53:08directement
00:53:09sur l'air.
00:53:10Est-ce que c'est
00:53:18Willy qui a dit
00:53:18tiens,
00:53:19t'es pas cap ?
00:53:20Est-ce que c'est
00:53:21Gregory qui a dit
00:53:21attends,
00:53:22moi,
00:53:22entre guillemets,
00:53:23je vais me la faire ?
00:53:25En tout cas,
00:53:28elle était amenée
00:53:28sur place,
00:53:29elle était violée
00:53:30sur place,
00:53:31abandonnée sur place
00:53:32et brûlée sur place.
00:53:33face à Jackie Kulik,
00:53:41Bardon
00:53:41n'y encore.
00:53:43D'autant qu'il le sait,
00:53:45judiciairement,
00:53:46rien ne le relie
00:53:47à la scène de crime.
00:53:48On n'a évidemment
00:53:50pas de témoin oculaire.
00:53:51Personne n'a vu
00:53:52Willy Bardon
00:53:53ce soir-là
00:53:54dans les 2002
00:53:55partir,
00:53:56rentrer tard,
00:53:57etc.
00:53:57Personne.
00:53:58On n'a pas
00:53:59d'emploi du temps,
00:54:00on n'a pas de traces
00:54:01qui sont retrouvées
00:54:02chez lui.
00:54:03Quoi d'autre ?
00:54:03On a l'ADN
00:54:04de Grégory Fiat,
00:54:06mais nous n'avons pas
00:54:06le début d'un ADN
00:54:07de Willy Bardon.
00:54:09En fait,
00:54:09on n'a rien
00:54:09en réalité.
00:54:11Dominique,
00:54:18la pierre angulaire
00:54:19de ce dossier,
00:54:19c'est évidemment
00:54:20l'appel d'Élodie
00:54:21aux pompiers.
00:54:22La juge demande
00:54:23aux experts
00:54:24d'analyser l'enregistrement
00:54:25avec deux questions.
00:54:27La première,
00:54:27évidemment,
00:54:28est-ce qu'il s'agit bien
00:54:29de Willy Bardon ?
00:54:30Et la deuxième,
00:54:31est-ce que techniquement
00:54:32il est possible
00:54:33pour des proches
00:54:33de reconnaître
00:54:34une voix familière
00:54:34sur un enregistrement
00:54:36qui est quand même
00:54:36de mauvaise qualité ?
00:54:37Alors,
00:54:37il va y avoir
00:54:38trois expertises,
00:54:39Christophe.
00:54:40La première,
00:54:40c'est celle
00:54:41du laboratoire
00:54:42Lipsadon.
00:54:43L'expert analyse
00:54:44le contenu
00:54:45de l'enregistrement
00:54:46et va comparer
00:54:47les voix des agresseurs
00:54:48à celles
00:54:49de Willy Bardon.
00:54:50Conclusion de l'expert,
00:54:52on ne peut exclure
00:54:53qu'il s'agisse
00:54:54de Willy Bardon.
00:54:55Donc,
00:54:56je ne peux pas dire
00:54:57que c'est lui,
00:54:58mais je ne peux pas dire
00:54:58que ce n'est pas lui.
00:54:59C'est ça ?
00:54:59Exactement,
00:54:59une réponse de Norman.
00:55:01Deuxième étape,
00:55:02l'expert récupère
00:55:03des mots prononcés
00:55:04par Willy Bardon
00:55:05sur les écoutes
00:55:06des gendarmes
00:55:07ainsi qu'un texte
00:55:09que les gendarmes
00:55:09ont fait lire
00:55:10à Willy Bardon
00:55:10pendant sa garde à vue.
00:55:12L'expert va ensuite
00:55:13faire un montage
00:55:14sur une bande son.
00:55:15Il mélange
00:55:16ces mots
00:55:16de Willy Bardon
00:55:17à des voix
00:55:18d'autres hommes.
00:55:20On fait écouter
00:55:21cette bande son
00:55:22aux six copains
00:55:22de Bardon
00:55:23qui l'avaient déjà reconnue,
00:55:24qui avaient déjà reconnue
00:55:25sa voix
00:55:26pendant leur garde à vue.
00:55:28Tous,
00:55:28ou presque,
00:55:30le reconnaissent
00:55:30une nouvelle fois.
00:55:31Et l'expert écrit
00:55:32que leur témoignage
00:55:33est crédible
00:55:34à 87%.
00:55:35Levé de bouclier
00:55:36de la défense
00:55:37qui dit
00:55:37mais qu'est-ce que c'est
00:55:38que cette expertise
00:55:39et qui met en cause
00:55:40la méthodologie utilisée
00:55:43au motif
00:55:43qu'elle n'est pas fiable.
00:55:45Et donc le juge
00:55:45demande de nouvelles
00:55:46expertises,
00:55:47c'est normal.
00:55:47Deux ?
00:55:48Deux qui sont confiés
00:55:49au labo de la police nationale,
00:55:50le LATS,
00:55:51et au labo de la gendarmerie,
00:55:53l'IRCGN.
00:55:53Ces deux expertises
00:55:55sont beaucoup plus nuancées
00:55:56parce que
00:55:58l'enregistrement
00:55:59est d'une qualité médiocre,
00:56:01c'est ce que disent
00:56:01les experts.
00:56:02En résumé,
00:56:03les experts concluent
00:56:05que
00:56:05Willy Bardon
00:56:06a plus de chance
00:56:07ou de risque,
00:56:09oui,
00:56:09c'est selon,
00:56:10que sa voix soit reconnue
00:56:11par des proches,
00:56:12par des familiers
00:56:13que par quelqu'un d'autre.
00:56:14Donc Dominique,
00:56:15ce sont des expertises
00:56:16qui affaiblissent l'accusation
00:56:18et le doute est possible ?
00:56:19Bien sûr,
00:56:20possible,
00:56:20dans un dossier
00:56:21sans ADN,
00:56:22sans empreinte,
00:56:23sans téléphonie,
00:56:25sans témoin,
00:56:25sans aveu,
00:56:26c'est du pain béni
00:56:27pour la défense
00:56:28qui demande
00:56:28la mise en liberté
00:56:30de Willy Bardon
00:56:31obtenue en avril 2014.
00:56:33Il sort de prison
00:56:34placé sous contrôle judiciaire,
00:56:36bracelet électronique.
00:56:40Il était le seul
00:56:41mis en examen
00:56:42dans l'affaire
00:56:43du viol et du meurtre
00:56:44d'Élodie Culic
00:56:45en 2002 dans la Somme.
00:56:46Willy Bardon
00:56:47vient d'être libéré
00:56:48sous surveillance électronique.
00:56:51On n'est pas heureux
00:56:54de le savoir dehors.
00:56:55On n'est pas du tout
00:56:56heureux de le savoir dehors,
00:56:57au contraire.
00:56:58Quand il est dehors,
00:56:59je sais parfaitement
00:57:00où il est,
00:57:00ce qu'il fait
00:57:01et quand il le fait.
00:57:02J'ai mes informateurs
00:57:03qui sont sur la région
00:57:05d'Orlène.
00:57:06Je sais qu'ils travaillent
00:57:08au black
00:57:08pour un garage.
00:57:10Je sais beaucoup de choses.
00:57:12Il n'y a pas
00:57:13que Jackie Culic
00:57:13qui garde un oeil
00:57:14sur Willy Bardon.
00:57:17Le suspect est libre,
00:57:19mais assigné à résidence.
00:57:21Il vit chez un ami
00:57:24près de son village natal
00:57:25dans l'Aisne,
00:57:27là où il a grandi,
00:57:29auprès d'une famille aimante.
00:57:31Willy a eu
00:57:32huit frères et sœurs.
00:57:34Il s'entendait bien
00:57:35avec toute sa famille.
00:57:36Après,
00:57:36c'était le petit dernier.
00:57:38Donc,
00:57:38du coup,
00:57:40on ne va pas dire
00:57:41qu'il était plus gâté,
00:57:42mais c'était le petit dernier.
00:57:44Donc,
00:57:44il a eu un petit peu
00:57:45ce qu'il voulait.
00:57:46Il a manqué de rien.
00:57:47Une enfance choyée,
00:57:52une scolarité moyenne,
00:57:53mais un parcours
00:57:53sans accro.
00:57:57Alors,
00:57:57comment Willy Bardon
00:57:58a-t-il pu se fourrer
00:57:59dans ce pétrin ?
00:58:02Est-ce que c'est bien lui
00:58:03qui était avec Viard
00:58:04ce soir-là ?
00:58:05Et pour quoi faire ?
00:58:07Les gendarmes replongent
00:58:08dans l'entourage
00:58:09des deux hommes.
00:58:11Quel diable de relation
00:58:12ces deux-là
00:58:13pouvaient-ils avoir
00:58:13en 2002 ?
00:58:14Willy Bardon
00:58:17fait partie
00:58:17du premier cercle
00:58:19que peut avoir
00:58:20Grégory Viard
00:58:21et en tout cas,
00:58:22il est décrit
00:58:22comme tel
00:58:23à la fois
00:58:23par la famille
00:58:24de Grégory Viard
00:58:25mais aussi
00:58:25par ses ex-compagnes.
00:58:28À l'époque des faits,
00:58:30Willy Bardon
00:58:30avait 28 ans,
00:58:324 ans de plus
00:58:32que Grégory Viard.
00:58:37Certains le décriront
00:58:38comme chef de meute.
00:58:39C'est un peu
00:58:40le dominant,
00:58:42quelqu'un
00:58:42qui est décrit
00:58:43comme une grande gueule
00:58:44qui ne va pas
00:58:44se laisser faire,
00:58:45qui ne va pas hésiter
00:58:47à se battre
00:58:48avec l'alcool et donc.
00:58:50Il a cette autorité
00:58:51naturelle,
00:58:52Willy Bardon,
00:58:52ce que n'a peut-être
00:58:53pas Grégory Grégory.
00:58:55Grégory Viard
00:58:55est quelqu'un
00:58:56de plus jeune,
00:58:58un peu plus fluet,
00:59:00donc il se cache
00:59:03derrière Willy.
00:59:08Un homme influençable,
00:59:10ce Grégory Viard,
00:59:11toujours prêt
00:59:12à suivre Bardon.
00:59:14en 2002,
00:59:15il était marié
00:59:16à Cathy,
00:59:17tandis que
00:59:17Bardon vivait
00:59:18avec sa première compagne.
00:59:23Quand ils sortent,
00:59:24c'est souvent
00:59:24accompagné
00:59:25de consommation
00:59:26excessive d'alcool.
00:59:28Ils ne sont jamais
00:59:29chez eux,
00:59:29ce sont des fantômes,
00:59:30en fait.
00:59:32Aussi bien
00:59:32la compagne
00:59:33de Grégory Viard
00:59:34comme celle
00:59:36de Willy Bardon,
00:59:37elle ne savait pas
00:59:38en fait
00:59:38ce qu'ils faisaient
00:59:38de leur soirée
00:59:40et de leur nuit.
00:59:43Ils magouillaient
00:59:44un peu ensemble
00:59:45aussi,
00:59:46sans que ce soit méchant,
00:59:48quelques petites escroqueries,
00:59:50etc.
00:59:50Mais voilà.
00:59:55Deux escrocs
00:59:56à la petite semaine,
00:59:57mais de là
00:59:58à se retrouver
00:59:59liés par un pacte
01:00:00de sang.
01:00:09Je pense que
01:00:10si les deux
01:00:11sont présents
01:00:11ce soir-là,
01:00:14c'est
01:00:14Willy Bardon
01:00:16qui menait.
01:00:17Comme Grégory Viard
01:00:18c'était un suiveur,
01:00:20il a voulu
01:00:20peut-être faire
01:00:21le montrer
01:00:21à Willy Bardon
01:00:23qu'il pouvait être
01:00:23aussi un homme
01:00:24et puis il a dit
01:00:25moi j'y vais.
01:00:26Et puis voilà,
01:00:27malheureusement
01:00:28ça a dégénéré.
01:00:30C'est le scénario
01:00:32des gendarmes
01:00:32mais il fait bondir
01:00:35la défense
01:00:35et les proches
01:00:36de Willy Bardon.
01:00:38On a voulu le dépeindre
01:00:39comme quelqu'un
01:00:40qui était méchant,
01:00:42agressif
01:00:43envers les femmes.
01:00:44Bon, je rappelle
01:00:45qu'il n'y a jamais eu
01:00:45le début
01:00:46d'une enquête judiciaire
01:00:48contre Willy Bardon.
01:00:49Il n'a jamais été condamné
01:00:50pour harcèlement,
01:00:51pour agression,
01:00:52jamais, jamais, jamais.
01:00:55Je ne l'ai jamais vu violent,
01:00:56je l'ai toujours vu gentil,
01:00:58il a toujours été là pour moi.
01:01:00D'après mon expérience,
01:01:01puisque j'ai vécu
01:01:02comme elle m'avait,
01:01:03une goutte de sang limite
01:01:04il va s'évanouir.
01:01:06Un exemple,
01:01:06son copain est tombé
01:01:07dans les escaliers
01:01:08et il s'est ouvert le crâne.
01:01:09J'ai retrouvé Willy en pleurs.
01:01:11Il y a complètement
01:01:12un décalage
01:01:12entre l'horreur du crime
01:01:14et ce qu'il est capable
01:01:15de faire.
01:01:15L'affaire Cullic aux Assises.
01:01:23Qui y croyait encore
01:01:2417 ans après la mort d'Élodie ?
01:01:27Le procès s'ouvre
01:01:28le 20 novembre 2019
01:01:29à Amiens
01:01:30et toute la presse est là.
01:01:32Parce que le mystère
01:01:33a tenu une région en haleine
01:01:34pendant des années
01:01:35et parce que c'est une première.
01:01:37La France découvre
01:01:38l'ADN par parentèle
01:01:40et le parcours indirect
01:01:41qui a conduit à l'accusé.
01:01:43Bardon, justement,
01:01:44il comparaît libre
01:01:45pour un viol et un meurtre.
01:01:47La cour n'a aucune preuve
01:01:48indiscutable de sa culpabilité.
01:01:51C'est pourtant le moment
01:01:51qu'un père
01:01:52attend depuis 17 ans.
01:02:04Son arrivée a été assez suivie
01:02:06évidemment par les caméras,
01:02:07par tout le monde.
01:02:11Il avait préparé
01:02:12une photo de sa fille
01:02:13qui était dans une grande robe blanche.
01:02:18C'était le procès
01:02:19de l'assassin de ma fille
01:02:20et je voulais qu'elle soit là.
01:02:23Je voulais que l'autre le voie
01:02:24parce qu'il était en face de moi.
01:02:26Je voulais qu'il voie
01:02:26ce qu'il avait fait.
01:02:29J'attends une condamnation
01:02:31à une peine très, très lourde
01:02:33qui soit à la mesure
01:02:35des souffrances
01:02:36que moi j'endure
01:02:37depuis 17 ans.
01:02:39On ne peut que s'incliner
01:02:43face à la douleur
01:02:44de M. Kulik.
01:02:45Mais enfin,
01:02:46on voit et on comprend
01:02:47que la salle d'audience
01:02:48va être très hostile.
01:02:52On se faisait insulter.
01:02:54lui, comment vous faites
01:02:56pour le soutenir ?
01:02:58Vous êtes limite ses complices.
01:03:00Non, je le défends,
01:03:02mais c'est parce qu'il est innocent.
01:03:03L'enjeu, il est énorme.
01:03:04C'est-à-dire qu'on a
01:03:06entre les mains
01:03:06le sort d'un individu
01:03:08qui encoure la perpétuité.
01:03:11La perpétuité,
01:03:13mais pas de preuves irréfutables
01:03:15contre Willy Bardon.
01:03:16Seulement un comportement
01:03:18douteux vis-à-vis des femmes
01:03:20et une voix
01:03:21que ses proches ont reconnue.
01:03:26C'est un dossier
01:03:27d'intime conviction.
01:03:28Un dossier
01:03:29qui va donc se baser
01:03:30sur du témoignage humain,
01:03:32qui va se baser
01:03:33sur du ressenti,
01:03:34qui va se baser
01:03:35comme beaucoup
01:03:36de dossiers d'assises
01:03:37sur autre chose
01:03:38que de la preuve scientifique.
01:03:43Pour fonder leurs convictions,
01:03:45la cour et les jurés
01:03:46vont entendre
01:03:47tous les témoins de l'affaire.
01:03:49Et d'abord,
01:03:50les femmes harcelées
01:03:50par Willy Bardon,
01:03:52comme Amandine,
01:03:52que l'accusé avait poursuivi
01:03:53au volant de sa voiture.
01:03:56Tout raconte
01:03:56les insultes,
01:03:58les blagues sexistes
01:03:58et les mains
01:03:59parfois baladeuses.
01:04:01En face,
01:04:02Bardon reste imperturbable.
01:04:05Il répond de manière
01:04:06parfaitement posée.
01:04:08On ne ressent pas
01:04:09chez lui d'émotions,
01:04:11de colères très fortes.
01:04:13Il a l'attitude d'un homme
01:04:14qui ne veut pas faire,
01:04:15en tout cas,
01:04:15donner une image
01:04:16de violence
01:04:18ou de leader.
01:04:22Surtout ne pas passer
01:04:23pour celui
01:04:23qui menait la danse
01:04:24la nuit du 10 janvier 2002.
01:04:29Bardon sait que
01:04:30l'appel aux pompiers
01:04:31est la clé
01:04:31de vous du dossier,
01:04:33l'élément
01:04:34qui peut faire basculer
01:04:35les jurés.
01:04:37On nous disait
01:04:38depuis le début
01:04:39que c'était
01:04:39l'élément matériel
01:04:41déterminant.
01:04:42c'était présenté
01:04:42comme le cœur
01:04:44de l'accusation
01:04:44mais on ne savait pas
01:04:45du tout
01:04:46à quoi ça allait ressembler.
01:04:48Pour la première fois,
01:04:50la cour décide
01:04:51de faire entendre au public
01:04:52l'appel déchirant
01:04:53d'Elodie.
01:04:56L'enjeu est de taille.
01:04:58Est-ce bien la voix
01:04:59de Willy Bardon
01:05:00qu'on entend
01:05:01derrière celle
01:05:01de Grégory Viard ?
01:05:04Il y avait un grand silence
01:05:10et je crois
01:05:11que tout le monde
01:05:11était très saisi
01:05:12par l'effroi
01:05:13qui ressortait.
01:05:17C'est quand même
01:05:18très rare
01:05:19que le crime
01:05:21soit figé
01:05:21comme ça
01:05:22de façon sonore.
01:05:23Moi j'ai été assez surprise
01:05:30en fait
01:05:30à la première écoute
01:05:31moi j'ai absolument
01:05:32rien entendu
01:05:33au-delà des cris
01:05:34d'effroi
01:05:34le temps que je me dise
01:05:35ah oui il faut écouter
01:05:36les voix derrière
01:05:37l'enregistrement
01:05:38était déjà fini.
01:05:41La première écoute
01:05:42glace la salle
01:05:43alors on la repasse
01:05:46et on la repasse
01:05:47tout fort
01:05:49on a beaucoup insisté
01:05:54pour que la bande son
01:05:56soit écoutée
01:05:56à de nombreuses reprises
01:05:57pour que les jurés
01:05:58puissent se familiariser
01:06:00au-delà de l'horreur
01:06:01de la première écoute
01:06:02en leur conscience
01:06:03se dire
01:06:04qu'est-ce que j'entends
01:06:05réellement sur cette bande
01:06:07et cette bande
01:06:14on va l'entendre
01:06:15une fois
01:06:16deux fois
01:06:17cinq fois
01:06:18dix fois
01:06:18on va l'entendre
01:06:20pratiquement
01:06:20à partir du moment
01:06:21où on va aborder
01:06:22le fond du dossier
01:06:22pratiquement tous les jours
01:06:24Après les jurés
01:06:27c'est au témoin
01:06:28de l'entendre
01:06:29les uns après les autres
01:06:31les copains du club
01:06:32de 4x4
01:06:32ont droit à l'enregistrement
01:06:34et comme six ans plus tôt
01:06:36en garde à vue
01:06:37ils désignent
01:06:38tous
01:06:39Willy Bardon
01:06:41On est sur des très proches
01:06:43les meilleurs amis
01:06:44les plus proches
01:06:45de Willy Bardon
01:06:46qui disent
01:06:46c'est Willy
01:06:47qu'on entend
01:06:47Des témoignages subjectifs
01:06:51donne la défense
01:06:51des témoins
01:06:52qui se trompent
01:06:53peut-être
01:06:53même de bonne foi
01:06:55Les experts
01:06:59nous diront
01:06:59que ce qui est important
01:07:00c'est la première écoute
01:07:01mais qu'ensuite
01:07:02on s'expose
01:07:04à tout un tas
01:07:05de biais
01:07:05qui sont dangereux
01:07:07dangereux
01:07:08parce que lorsque
01:07:08l'on a en une idée
01:07:09en tête
01:07:10en l'occurrence
01:07:10celle de Willy Bardon
01:07:11le risque
01:07:12c'est qu'à la fin
01:07:13nous entendions
01:07:15la voie de Willy Bardon
01:07:16c'est ce qu'on appelle
01:07:17les biais cognitifs
01:07:19la charge s'allège
01:07:21et un autre témoin
01:07:23va encore l'affaiblir
01:07:24Romuald
01:07:26le neveu de l'accusé
01:07:27fait un revirement
01:07:28spectaculaire
01:07:30Pouvez-vous nous dire
01:07:33qui vous avez reconnu
01:07:34sur cet enregistrement ?
01:07:35Je vous ai reconnu
01:07:36la voie de Willy Bardon
01:07:37mon frangère
01:07:38C'est toi
01:07:39je vous ai entendu
01:07:39C'est toi
01:07:40C'est toi
01:07:41Romuald
01:07:43qui en garde à vue
01:07:44supplie en larmes
01:07:45Bardon
01:07:46d'avouer le meurtre
01:07:47d'Élodie
01:07:47n'est maintenant
01:07:49plus très sûr
01:07:49de reconnaître
01:07:50la voie de son oncle
01:07:51Il est en plein
01:07:53conflit de doyauté
01:07:54c'est-à-dire
01:07:55qu'il ne peut pas
01:07:56accuser son oncle
01:07:58et même lorsqu'on va
01:07:59lui repasser
01:07:59ses auditions
01:08:00de garde à vue
01:08:01il va rester
01:08:02complètement figé
01:08:03muré
01:08:04On le sent très gêné
01:08:07il se balance
01:08:09d'une jambe
01:08:09sur l'autre
01:08:10on l'interroge
01:08:12en disant
01:08:12comment vous avez pu
01:08:13reconnaître d'un côté
01:08:14par connaître
01:08:15il dit j'étais sous pression
01:08:16il fallait reconnaître
01:08:18quelqu'un
01:08:18j'ai reconnu Willy
01:08:19c'est pas l'impression
01:08:21qu'il donne dans les images
01:08:22qu'on diffuse
01:08:23à la cour d'assises
01:08:24Un revirement
01:08:26que le ministère public
01:08:28balaye d'un revers de manche
01:08:29j'ai la certitude
01:08:32que Willy Bardon
01:08:33est présent au moment
01:08:34de l'enlèvement
01:08:35ce qui fonde ma conviction
01:08:36c'est ses témoignages
01:08:37parce que ce sont des proches
01:08:38et parce qu'ils reconnaissent
01:08:39Willy Bardon
01:08:40par contre
01:08:41je n'ai aucune certitude
01:08:43sur le fait
01:08:44qu'il ait pu être présent
01:08:45sur la deuxième partie
01:08:46de la scène
01:08:46à savoir
01:08:47le viol
01:08:48et le meurtre
01:08:49en tant que tel
01:08:49c'est une façon
01:08:53de montrer au juré
01:08:53qu'elle n'est pas là
01:08:54juste pour condamner
01:08:55qu'elle est là
01:08:55pour étayer une accusation
01:08:57et une accusation
01:08:58qui tient
01:08:59et pas juste
01:08:59envoyer un homme en prison
01:09:00donc c'est plutôt stratégique
01:09:02et plutôt malin
01:09:03dans ses prises de position
01:09:04L'avocate générale
01:09:06requiert une peine lourde
01:09:0730 ans pour violents réunions
01:09:09et enlèvements suivis de mort
01:09:10tandis que la défense
01:09:12plaide sans surprise
01:09:13l'acquittement
01:09:14Est-ce que la reconnaissance
01:09:16par certains locuteurs
01:09:17sur une bande de 2002
01:09:18dont on ne peut pas
01:09:19différencier effectivement
01:09:20les personnes qui parlent
01:09:21alors même que 10 ans
01:09:22se sont passées
01:09:23est-ce que ça
01:09:24c'est suffisant ?
01:09:25Est-ce qu'on peut
01:09:26transformer cette charge en preuve ?
01:09:28Non
01:09:28intellectuellement non
01:09:29Le délibéré a été
01:09:39extrêmement court
01:09:40et lorsque je remonte
01:09:44l'escalier
01:09:44pour retourner
01:09:45dans la salle d'audience
01:09:46je suis convaincue
01:09:47qu'il va être acquitté
01:09:48Si vous saviez
01:09:52le nombre de personnes
01:09:53dans la salle
01:09:53qui sont venues
01:09:54nous féliciter
01:09:55en nous disant
01:09:56mais oui c'est sûr
01:09:57il va être acquitté
01:09:57on est confiants
01:09:58tous les gens
01:09:59qui viennent vous voir
01:09:59et qui vous disent ça
01:10:00Et puis la cour d'assises arrive
01:10:11et là le coup près tombe
01:10:12Willy Bardon
01:10:14est condamné à 30 ans
01:10:15Je me retourne
01:10:22et là je vois
01:10:23Willy qui ingurgite
01:10:25quelque chose
01:10:26et qui prend
01:10:28une bouteille d'eau
01:10:28et je sens
01:10:30je sens qu'il y a
01:10:31quelque chose
01:10:31qui va pas
01:10:31Je crie
01:10:32Willy de toutes mes forces
01:10:33Willy
01:10:33Willy
01:10:34qu'est-ce que tu as pris
01:10:34et je vois
01:10:35qu'il veut rien dire
01:10:35qu'il a le visage
01:10:36extrêmement fermé
01:10:37On comprend
01:10:39intuitivement
01:10:40que c'est une tentative
01:10:41de suicide
01:10:42enfin c'est une scène
01:10:43assez choquante
01:10:43Les gens crient
01:10:44on essaye
01:10:45avec Marc Bailly
01:10:45Stéphane Daco
01:10:46d'aider Willy Bardon
01:10:47de faire comprendre
01:10:48qu'il vient de se passer
01:10:49quelque chose
01:10:49c'est quelques minutes
01:10:50si vous voulez
01:10:51mais ça prend
01:10:51beaucoup de temps
01:10:52pour que les pompiers
01:10:53le SAMU arrive
01:10:54On ne sait même pas
01:10:57si quand on l'évacue
01:10:58sur le brancard
01:10:59il est conscient
01:10:59il est inconscient
01:11:00il est mort
01:11:01il est vivant
01:11:01on ne sait pas du tout
01:11:02on a juste vu un homme
01:11:03absorber quelque chose
01:11:05et tomber
01:11:05Et je dois dire
01:11:18que si
01:11:18ça nous a été dit
01:11:19par la suite à l'hôpital
01:11:20s'ils étaient arrivés
01:11:2115 minutes après
01:11:21c'était terminé
01:11:22Willy Bardon
01:11:25a déjoué
01:11:25la surveillance
01:11:26des policiers
01:11:27en avalant
01:11:28un pesticide
01:11:28qu'il avait camouflé
01:11:29dans des gélules
01:11:30de paracétamol
01:11:31Il m'en avait parlé
01:11:33indirectement
01:11:34Il ne voulait pas
01:11:35prendre de 30 ans
01:11:36pour une chose
01:11:37qu'il n'avait pas faite
01:11:38Je ne pensais pas
01:11:39qu'il allait faire ça
01:11:40non plus
01:11:40à ce moment précis
01:11:42Je suis rendu à Elodie
01:11:52et je pourrais
01:11:54aller voir demain matin
01:11:55demain après-midi
01:11:56sur leur tombe
01:11:56et puis leur dire
01:11:57que j'ai fait mon travail
01:11:58Pardon survie
01:12:06Sa défense
01:12:07fait appel
01:12:08et elle demande
01:12:08le dépaysement
01:12:09du procès
01:12:10pour que son client
01:12:11soit jugé
01:12:11loin de la somme
01:12:12et de l'émotion
01:12:13de la première instance
01:12:14Réponse
01:12:15Doué
01:12:16Même région
01:12:18Même climat
01:12:19autour du procès
01:12:19C'est la dernière chance
01:12:21pour la défense
01:12:22d'obtenir un acquittement
01:12:23La stratégie
01:12:30est plus agressive
01:12:31cette fois-ci
01:12:32Peut-être qu'on était
01:12:33trop confiants
01:12:33à Amiens
01:12:34je ne sais pas
01:12:34mais là
01:12:35ce qui est certain
01:12:36c'est qu'on va
01:12:37vraiment
01:12:37ne rien laisser passer
01:12:39mais rien
01:12:40Le procès
01:12:44est très tendu
01:12:44La défense
01:12:45a décidé
01:12:46de créer
01:12:47des incidents
01:12:48de faire
01:12:48des problèmes
01:12:49de se battre
01:12:50pied à pied
01:12:51La défense
01:12:53remet tout en cause
01:12:54les témoignages
01:12:56les expertises
01:12:57l'enquête
01:12:57Une stratégie
01:12:59de rupture
01:13:00à laquelle
01:13:01la cour d'assises
01:13:02se plie
01:13:02de mauvaise grâce
01:13:04Dès qu'on souleva
01:13:06à Lièvre
01:13:06c'était
01:13:07oui oui
01:13:07vous inquiétez pas
01:13:08on va le dire
01:13:09mais bon
01:13:10c'est pas si grave
01:13:11que ça
01:13:11on a tout autant
01:13:12été peu écoutés
01:13:14par les magistrats
01:13:15qui clairement
01:13:15voulaient qu'une seule chose
01:13:16c'est qu'il n'y ait pas
01:13:17d'incident
01:13:17Alors un procès
01:13:20joué d'avance
01:13:21à la barre
01:13:23les mêmes témoins
01:13:24qui reconnaissent
01:13:25toujours la voix
01:13:26de Bardon
01:13:26mais pas
01:13:28d'éléments
01:13:28irréfutables
01:13:29Dans ce dossier
01:13:31je n'ai pas trouvé
01:13:32de preuves
01:13:33contre
01:13:34monsieur Willy Bardon
01:13:35en revanche
01:13:36ce que j'ai
01:13:36c'est l'absence
01:13:37d'ADN
01:13:37sur la scène de crime
01:13:39l'absence
01:13:40de tout élément
01:13:41qui vient corroborer
01:13:42la présence de Willy Bardon
01:13:43donc nous notre objectif
01:13:44c'était de prendre
01:13:45de la distance
01:13:46et essayer de dire
01:13:47au tribunal
01:13:48non vous n'avez pas de preuves
01:13:49il n'y a que du doute
01:13:50dans ce dossier
01:13:51et donc
01:13:52vous la quitterez
01:13:53dans le box
01:13:55l'accusé tente
01:13:56encore
01:13:57de convaincre
01:13:57le père d'Elodie
01:13:58qu'il n'y est pour rien
01:13:59je suis désolé
01:14:03de la peine
01:14:05que je vois
01:14:05de monsieur Kulik
01:14:06c'est horrible
01:14:07mais c'est pas moi
01:14:08c'est pas moi
01:14:10monsieur Kulik
01:14:11c'est pas moi
01:14:11qui l'ai fait
01:14:12je suis pas coupable
01:14:12mais les derniers mots
01:14:15de Bardon
01:14:15n'ébranlent
01:14:16ni la cour
01:14:16ni les jurés
01:14:18après trois semaines
01:14:21d'audience
01:14:21le verdict tombe
01:14:2230 ans
01:14:24de nouveau
01:14:26il est
01:14:28complètement néanci
01:14:29et puis vous avocat
01:14:30vous êtes un peu
01:14:31à bout de mots
01:14:32à bout de souffle
01:14:3230 ans c'est énorme
01:14:34c'est énorme
01:14:35et c'est d'autant plus énorme
01:14:36que pour nous
01:14:37c'était 30 ans
01:14:37sans preuve
01:14:38la culpabilité
01:14:42de Willy Bardon
01:14:43elle s'est faite
01:14:44sur l'émotion
01:14:46de ce crime
01:14:46insupportable
01:14:47et sur le fait
01:14:49qu'on ne pouvait pas
01:14:50laisser partir
01:14:51Jacques Kulik
01:14:51en lui disant
01:14:52on peut pas vous dire
01:14:54que c'est lui
01:14:55ça c'est pas supportable
01:14:56voilà
01:14:56moi je considère
01:15:03que c'est une victoire
01:15:03je me suis battu
01:15:05je me suis battu
01:15:06contre lui
01:15:08contre ses avocats
01:15:09il n'y a qu'une chose
01:15:11qui m'avait toujours fait
01:15:12peur un peu
01:15:13c'est de
01:15:13c'était de ne pas arriver au bout
01:15:16que la santé
01:15:17maintenant
01:15:18je fais
01:15:22ce que je vais faire
01:15:24l'avenir pour moi
01:15:35aller voir Fabien
01:15:37et mes petits enfants
01:15:38et quand je vois
01:15:40mon petit-fils
01:15:40je revois Fabien
01:15:41quand je vois
01:15:47mon petite-fille
01:15:47je vois Elodie
01:15:48c'est exactement
01:15:49les mêmes
01:15:50Willy Bardon
01:16:01Willy Bardon s'est pourvu
01:16:02en cassation
01:16:02mais son pourvoi
01:16:04a été rejeté
01:16:04depuis l'affaire
01:16:06Elodie Kulik
01:16:06la recherche d'un suspect
01:16:07par parentèle génétique
01:16:08est non seulement
01:16:09devenue courante en France
01:16:10mais légale
01:16:11inscrite dans le code
01:16:13de procédure pénale
01:16:14cette nouvelle technique
01:16:15a déjà permis
01:16:16de résoudre
01:16:17plusieurs colquesses
01:16:18c'est un petit-fils
01:16:51...