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00:00Marine Le Pen qui connaîtra donc son jugement dans l'affaire des assistants parlementaires européens du Front National demain, un moment
00:06politique majeur puisque la chef de file des députés RN, vous l'avez bien compris, pourrait être privée de candidature à la présidentielle en
00:132027. Voilà pourquoi on continue d'en parler avec mon invité Bernard Sananès. Bonjour.
00:19Bonjour. Politologue et président de l'institut de sondage Elab.
00:23Vous l'avez entendu Bernard Sananès, Marine Le Pen jouit d'une belle cote de popularité. Elle serait selon un sondage IFOP
00:30pour le JDD à 37% au premier tour de la présidentielle si elle avait lieu aujourd'hui.
00:34Est-ce que tout pourrait s'écrouler demain dans les sondages en cas de sévère condamnation ?
00:39Je ne crois pas. Au contraire, ce serait une décision de nature
00:42à renforcer vraisemblablement le vote anti-système, en tout cas dans son électorat. Son électorat, l'électorat qui a voté Rassemblement National,
00:50l'électorat qui s'est porté sur elle au premier ou au second tour. Rappelons que 23%
00:55des suffrages exprimés se sont portés au premier tour sur Marine Le Pen.
00:5941,5% au second tour. Et bien ce vote, il est
01:03motivé par beaucoup de considérations et le rejet du système politique en est une majeure. Donc on ne peut pas exclure
01:09qu'effectivement ça viendrait renforcer cette dimension, ce qui fait que même s'il y a des conséquences juridiques,
01:15évidemment, vous l'avez dit, une inéligibilité possible, quelque chose sur lequel on aurait du mal à revenir.
01:19En tout cas, je ne crois pas que son socle politique, le socle politique du Rassemblement National, pourrait être atteint.
01:24On ne pourrait donc pas parler de fin de carrière politique pour Marine Le Pen. Ce sont ses mots, d'ailleurs.
01:29« On veut ma mort politique », avait-elle déclaré ?
01:33Non, parce qu'évidemment, Marine Le Pen continuerait de rester dans le jeu. D'abord, elle pourrait faire appel. Deuxièmement, cette inéligibilité
01:39ne serait peut-être prononcée, dit certains, que pour une période qui lui permettrait quand même d'être
01:44candidate. En tout cas, on voit bien dans les baromètres de popularité, comme dans les intentions de vote que vous évoquiez
01:49à l'instant, on voit bien que depuis les réquisitions du Tribunal Correctionnel de Paris, il n'y a pas d'évolution, aucune évolution
01:57dans les baromètres, sauf une, qu'il faut noter, c'est que Jordane Bardella s'est située maintenant au même niveau qu'elle, en image, encore une fois.
02:04Alors, de là à penser que cette image de Marine Le Pen serait transférable immédiatement sur le président du Rassemblement National,
02:11je crois qu'il ne faut pas aller trop vite. La popularité n'est pas la présidentialité.
02:15Et la popularité de Jordane Bardella, elle est due aussi à son ticket qu'il forme avec Marine Le Pen,
02:20ticket qui lui donne aussi de la crédibilité, de la légitimité.
02:23Et justement, je voulais en parler avec vous de Jordane Bardella. Si on reste, Bernard Salanès, dans le scénario du pire pour
02:30Marine Le Pen, la question c'est aussi celle de la nouvelle génération. Est-ce que Jordane Bardella, d'une certaine manière,
02:35se prépare peut-être à une condamnation sévère et à prendre le relais ? En est-il capable aussi ?
02:40En tout cas, s'il se prépare, il ne le dit pas. Evidemment, parce que la légitimité
02:45majeure, elle est celle qui lie le Rassemblement National et son électorat à Marine Le Pen.
02:51Et d'ailleurs, le sondage que vous avez évoqué ce matin, donc au confrère de Dixfaut, montre quelque chose d'important.
02:55Marine Le Pen a été qualifiée deux fois au second tour, mais elle n'est jamais arrivée en tête du premier tour.
03:00Là, bien sûr, nous sommes à deux ans, bien sûr, il faut être prudent, mais Marine Le Pen, comme un autre candidat du Rassemblement National,
03:06pourrait arriver en tête du premier tour, ce qui changerait beaucoup les choses.
03:09Jordan Bardella, il a eu un semi-échec. C'est l'échec des élections législatives.
03:14Certains ont dit qu'il n'était peut-être pas prêt pour être à Matignon.
03:18Le serait-il, dans cette hypothèse, pour être candidat à la présidentielle ? C'est un peu tôt pour le dire.
03:23Ça, c'était en tout cas bien passé pour lui, pour les... aux élections européennes ?
03:28Tout à fait, aux élections européennes, mais quand il s'est fait agir de confier le pouvoir au Rassemblement National et d'installer Jordan Bardella à Matignon,
03:35il y a eu, parmi les raisons qui ont évoqué un entre-deux-tours plutôt décevant pour le RN,
03:40alors que le premier tour avait été un très bon premier tour, et encore une fois, il y a eu cette progression électorale du RN,
03:46mais le RN n'a pas été en capacité de faire partager aux Français l'idée qu'il était prêt à gouverner.
03:52C'est tout l'enjeu qu'il se pose, à la fois pour Jordan Bardella, mais qui continue à se poser pour Marine Le Pen.
03:57Même être en tête au premier tour, ça ne garantit pas de gagner le second,
04:00même si, évidemment, c'est un coup d'accélérateur qui serait très important et un coup de tonnerre dans la vie politique.
04:05Une dernière question, Bernard Stananès. Est-ce que Marine Le Pen, certains l'évoquent, pourrait être, en cas de sévère condamnation,
04:11être tentée de censurer le gouvernement en place ? Disons-les, les choses clairement, une sorte de représailles ?
04:17Immédiatement, bien sûr, elle pourrait le faire, mais il faudrait qu'elle vote avec la gauche sur des motifs partagés.
04:23Or, elle a déjà indiqué que le RN ne censurait pas sur la question des retraites.
04:27L'électorat du RN est très partagé sur cette question.
04:30Même si l'idée de censurer le gouvernement progresse, dans notre sondage ELAB cette semaine,
04:34on voit bien que cet électorat reste à 50-50, peut-être qu'il ne souhaite pas non plus le désordre, en tout cas pas tout de suite.
04:40Et puis, il y a pour cet électorat une conviction, qui est que c'est l'élection présidentielle qui décide, en fait, qui est le sops de la légitimité,
04:48peut-être pas forcément une nouvelle dissolution et de nouvelles législatives.
04:51Eh bien, merci beaucoup, Bernard Stananès. On sera fixé demain. Merci d'avoir répondu à mes questions.
04:56Je rappelle que vous êtes politologue, président de l'institut de sondage ELAB.
05:01Il est midi 39 sur Europe 1.