Malgré la levée des gardes à vue des grands-parents, de l'oncle et de la tante du petit Émile, disparu en juillet 2023 au Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), le procureur de la République d'Aix-en-Provence a détaillé ce jeudi 27 mars les dernières avancées de l'enquête et expliqué que "la piste familiale n'est pas refermée".
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00:00Bonjour maître Isabelle Colombagné, merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes l'avocate de Philippe Védovigny, le grand-père d'Émile.
00:07Boris Karlamov du service Police-Justice de BFMTV nous accompagne. Nous sommes maintenant un peu plus de 24 heures après la fin des gardes à vue.
00:14Donc merci vraiment d'être avec nous ce matin. D'abord, première question, est-ce que votre client a regardé hier matin l'intervention du procureur d'Aix-en-Provence ?
00:25Oui, je pense effectivement que lui et sa famille ont regardé cette intervention. C'était important pour eux de le regarder.
00:34Comment ils ont réagi quand ils ont entendu que le procureur de la République dirait que la piste familiale n'était pas refermée ?
00:44Écoutez, c'est quelque chose dont on avait parlé ensemble. Il est bien évident que la piste familiale ne peut pas être refermée et ne le sera pas
00:53tant qu'on n'aura pas découvert qui a donné la mort à Émile. Cela paraît tellement évident que nous ne sommes pas étonnés de cette déclaration de M. Blachand, procureur de la République.
01:04Mais vous voulez dire en substance qu'il y a peut-être aujourd'hui un climat de suspicion intra-familiale ?
01:11Non, ce n'est pas ce que je vous dis. Je vous dis simplement que lorsqu'une piste est définitivement fermée, c'est qu'on a une réponse qui est réelle.
01:19Aujourd'hui, certaines pistes sont fermées, notamment ce dont on a pu parler, l'enlèvement par un animal, un aigle, la perte du petit Émile qui se serait égaré tout seul.
01:30Ces pistes-là sont fermées parce qu'on a des réponses scientifiques qui permettent de fermer définitivement cette porte.
01:37Pour le reste, toutes les pistes restent ouvertes et les enquêteurs doivent encore travailler pour fermer après l'une à l'autre les différentes solutions.
01:45Et là encore, si on s'en tient au propos strict du procureur, ça peut être donc la famille, ça peut être aussi un tiers.
01:52On est bien d'accord, un tiers, c'est-à-dire une personne du village qui est passée dans le village au moment où le petit Émile a disparu.
01:59Oui, alors la seule certitude que l'on a aujourd'hui, c'est que c'est l'intervention d'un tiers qui a donné la mort à Émile.
02:08Après, je ne vais pas tomber dans les suspicions dont ont pu être victimes mes clients et moi-même faire porter des soupçons sur des habitants du village.
02:18On sait que c'est l'intervention d'un homme, d'un être humain, c'est la seule chose que l'on sait avec certitude.
02:24Le reste, malheureusement, pour tout le monde, on n'a pas encore cette réponse.
02:29Comment voyez-vous mettre, du coup, évoluer l'enquête désormais ?
02:36Alors je pense que là, par rapport aux gardes à vue, si vous voulez, ces gardes à vue ont permis de répondre à un certain nombre de questions.
02:43Les réponses qui ont été données vont être étudiées par les enquêteurs.
02:46On va recouper les éléments donnés par les uns et les autres et ensuite des recherches, des investigations vont de nouveau être faites.
02:53Nous avons peut-être aussi porté à la connaissance des enquêteurs des éléments nouveaux qui vont les orienter peut-être éventuellement sur d'autres pistes.
03:01Donc un travail de plusieurs semaines, voire peut-être plusieurs mois va être déclenché par les enquêteurs.
03:08L'occasion, justement, dans la garde à vue, vous avez découvert certaines pièces du dossier. Est-ce qu'il y a des choses que vous ne connaissiez pas ?
03:17Alors nous ne découvrons pas les pièces du dossier parce que, vous le savez, l'avocat n'a pas accès au dossier pendant la garde à vue.
03:23En revanche, par les questions qui sont posées par les enquêteurs, nous apprenons certaines vérités.
03:29Et croyez-moi, la plus difficile à entendre, à comprendre, à accepter, c'est que nous avons appris que le petit Émile avait été victime d'un traumatisme facial important, violent.
03:42Et vous imaginez bien que lorsque la famille apprend cela dans le cadre d'une garde à vue, c'est un véritable tsunami qui tombe sur eux.
03:50Vous avez aussi appris que ses ossements avaient été déplacés et notamment avec le t-shirt, les analyses du t-shirt.
04:02Oui, on l'a appris, mais sur ce point-là, effectivement, on avait déjà un petit peu des doutes parce qu'on avait pu avoir accès, dans le cadre de la procédure, aux photographies des vêtements.
04:14Et c'est vrai qu'on se posait certaines questions, mais l'entendre, l'entendre exposé par un enquêteur comme une vérité scientifique, c'est également à nouveau un choc.
04:23Et ça entraîne pour nous, pour la famille, pour mon client, pour tout le monde, énormément d'interrogations.
04:30Boris, maître Colombani, vous aviez déclaré que vous aviez livré de nouveaux éléments aux enquêteurs. Quelle est la nature de ces nouveaux éléments, si vous pouvez nous en parler ce matin ?
04:40Alors, vous savez, on a eu l'occasion d'en discuter. Je suis tenue au secret de l'instruction. L'article 11 du code de procédure pénale s'applique à moi et je ne peux pas répondre à cette interrogation-là.
04:52Moi, les seules choses sur lesquelles je peux m'expliquer, c'est sur les éléments qui ont été donnés par M. le Procureur de la République.
04:58Vous le disiez, 48 heures de garde à vue, c'est évidemment une épreuve, surtout quand c'est une garde à vue pour recel de cadavres et homicides volontaires.
05:06C'est un choc aussi quand on découvre ce que les enquêteurs apprennent à votre client. Mais il y a aussi une part de soulagement, c'est qu'il ne peut plus aujourd'hui être placé en garde à vue. On est d'accord, maître ?
05:19Alors, en ce qui concerne Philippe Vedovini, il a effectué 47 heures de garde à vue. Donc, effectivement, j'allais dire le capital des heures est totalement... c'est fini, il n'y en a plus.
05:32On pourrait de nouveau l'entendre, mais devant le juge d'instruction, dans des conditions différentes. Après, vous parlez de cette déflagration qu'est la garde à vue.
05:41Moi, ce que je voulais vous dire, et c'est important, il faut insister là-dessus, c'est que mon client, lorsqu'il est placé en garde à vue, il a son épouse qui est placée en garde à vue.
05:50Il a ses deux enfants, jeunes majeurs, qui sont placés en garde à vue. Une garde à vue, certains d'entre vous en ont peut-être connu à titre personnel ou par des amis, des membres de la famille.
06:00C'est très violent. Et le plus dur pour lui était de savoir que ses enfants subissaient ce traitement.
06:06Je voudrais vous poser une dernière question, une réponse rapide. Est-ce que la famille a une thèse, une intime conviction sur ce qui a pu se passer ?
06:13Depuis le début, la famille s'est toujours orientée, a beaucoup réfléchi, mais on pensait essentiellement à un accident de la circulation, à l'enfant qui avait pu être heurté par un véhicule
06:29et peut-être une personne qui aurait paniqué ensuite, qui n'aurait pas voulu assumer ses responsabilités. C'était vraiment la première idée que nous avions eue, on en a beaucoup parlé avec eux, et idée qu'on a toujours aujourd'hui.