Quatre personnes, dont les grands-parents du petit Émile Soleil disparu en juillet 2023 dans les Alpes-de-Haute-Provence, ont été placées en garde à vue pour "homicide volontaire" et "recel de cadavre". Regardez l'analyse de Maître Julien Pinelli, avocat de la grand-mère d'Émile.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 27 mars 2025.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 27 mars 2025.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00RTL Matin, avec Amandine Bégaud et Thomas Soto.
00:05Il est 8h17, l'interview d'Amandine Bégaud au coeur de cette actualité qui nous tient en haleine depuis trois jours
00:10avec donc ce quadruple rebondissement cette nuit puisque les quatre personnes mises en garde à vue,
00:15placées en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur la mort du petit garçon ont été libérées cette nuit,
00:19les deux grands-parents, l'oncle et la tante.
00:22Et justement ce matin, Amandine, vous recevez de l'avocat de Anne Védovigny, c'est la grand-mère du petit Émile,
00:27celle-là même qui vient donc de passer 48h pratiquement en garde à vue.
00:30Cet avocat c'est Maître Julien Pinelli, bonjour et bienvenue à vous.
00:33Bonjour Maître.
00:35Bonjour Madame Bégaud.
00:36Merci beaucoup d'être en direct avec nous depuis Marseille, quatre gardes à vue donc levées,
00:40Thomas le disait à l'instant, ça veut dire que votre cliente est libre ce matin,
00:44aucune charge n'a été retenue contre elle, vous nous le confirmez ?
00:48Effectivement, à l'issue de ces 48h de garde à vue, ma cliente a été remise en liberté
00:53sans qu'aucune charge ne soit retenue à son encontre.
00:55C'est naturellement un immense soulagement.
00:58Soulagement pour elle, soulagement pour vous ?
01:01C'est un soulagement pour sa défense.
01:03A vrai dire, au regard des éléments de la procédure tels qui nous ont été communiqués
01:08durant cette garde à vue, j'imaginais assez mal une autre issue que celle-ci.
01:11Mais bon, il s'agit toujours d'une mesure coercitive qui s'étale dans le temps,
01:16qui est privative de liberté et c'est forcément avec soulagement que celle-ci prend fin, oui.
01:21Pour être très clair, ça veut dire qu'elle n'a rien à voir avec la disparition d'Emile ?
01:26Ma cliente n'a rien à voir avec la disparition d'Emile.
01:29Cette mesure qui vient d'avoir été mise en oeuvre et qui vient de s'achever a permis de le démontrer.
01:34C'est la vertu utile aussi de ce type de mesures d'enquête.
01:38Elles sont forcément éprouvantes pour les personnes qui s'y trouvent soumises.
01:41Néanmoins, elles permettent aussi de fermer certaines portes, de retirer certaines éventualités.
01:47Tout cela est parfaitement salutaire pour la bonne marge de l'information et surtout pour ma cliente.
01:50Cette garde à vue, elle a été levée en pleine nuit. Anne Védovigny est rentrée chez elle ce matin à la Bouilladis ?
01:58Durant ces 48 heures, Anne Védovigny avait une seule préoccupation, c'était ses enfants.
02:03Elle a pu enfin les retrouver. C'était son point d'équilibre, je dirais, durant cette mesure, oui.
02:09Donc elle a retrouvé ses enfants. On rappelle que le couple Védovigny a 10 enfants.
02:16Il y en avait deux qui étaient placés en garde à vue. La maman d'Émile en plus, qui elle par ailleurs vit ailleurs.
02:22Et donc il y a 7 enfants qui vivent avec eux, c'est ça ?
02:25C'est exact, oui.
02:27Elle a retrouvé son mari aussi ?
02:30Oui, le couple a pu se reformer à l'issue de cette mesure, tel qu'ils se trouvaient 48 heures avant leur interpellation.
02:38Voilà, c'est une question qui peut peut-être sembler étrange mais qui est nécessaire.
02:43Ils ont le droit de vivre sous le même toit comme avant cette garde à vue ?
02:49Nous avons des personnes, encore une fois, à l'encontre desquelles aucune charge n'est retenue, rappelons-le.
02:54Ça vaut pour les 4 ?
02:55Ça vaut pour les 4, n'ont pas été présentés à un juge, n'ont pas été mis en examen.
02:59Il va donc de soi qu'aucune mesure de contrainte ne leur est imposée.
03:03Il n'y a pas ce que l'on appelle un contrôle judiciaire qui peut être mis en œuvre à l'égard de quelqu'un qui est mis en examen par exemple.
03:09Ce n'est absolument pas le cas.
03:11La seule qualité de ma cliente à cette heure et sa seule qualité naturelle dans cette procédure, c'est celle qui tend à être partie civile.
03:18Maître Pinelli, votre cliente a passé 45 heures en garde à vue, c'est extrêmement long.
03:25Comment ça s'est passé ?
03:28C'est toujours vécu avec une certaine brutalité, quel que soit le soin que les enquêteurs peuvent mettre à ce que les choses se passent correctement.
03:34Je tiens à le rappeler également ici parce que malheureusement ce n'est pas toujours le cas.
03:38Nous avons eu affaire à des enquêteurs de la section de recherche de Marseille qui ont fait preuve, comme à leur habitude dirais-je, d'un parfait professionnalisme d'une part
03:46et de toute l'humanité nécessaire également pour gérer une situation dont ils n'ignorent pas le caractère familial, le caractère extrêmement douloureux.
03:54Tout cela a été parfaitement considéré par les enquêteurs, ce qui ne vient pas atténuer nécessairement la difficulté d'une telle mesure
04:01mais qui laisse entendre à ma cliente qu'elle est comprise, qu'elle est entendue, qu'elle est considérée pour ce qu'elle est,
04:06à savoir la grand-mère d'un petit garçon disparu dans des circonstances absolument tragiques
04:12et qui vient en plus être entendue dans le cadre d'une garde à vue sur ce thème.
04:17Il va de soi également qu'au regard de la douleur de ce deuil, c'est une mesure qui paraîtrait presque dérisoire.
04:24Vous l'avez bien sûr accompagnée et c'est la règle tout au long de cette garde à vue.
04:29A aucun moment vous ne l'avez sentie doutée par exemple ?
04:34Il n'y a pas de doute chez quelqu'un qui ne vit que dans la recherche de la vérité.
04:40C'est le cas de ma cliente. Ce qui permet à ma cliente de pouvoir continuer de vivre, c'est précisément l'espoir qu'un jour la vérité soit faite sur ce dossier.
04:49Et s'il faut en passer par une garde à vue, c'est comme ça qu'elle l'a compris.
04:54S'il faut que cette garde à vue permette de fermer certaines portes, s'il faut que les investigations puissent se poursuivre,
04:59eh bien voilà en quelque sorte le concours qu'elle pouvait elle-même donner à ces investigations.
05:05Elle n'a jamais douté de ses proches, de son mari ?
05:10Il n'est pas question encore une fois d'apprécier ce type de sentiment, mais une posture définitive de quelqu'un qui veut savoir.
05:20Voilà comment se définit ma cliente, exclusivement.
05:23Il y a eu des confrontations organisées pendant ces gardes à vue ou pas du tout ?
05:28Je me garderais bien de révéler la forme qu'a pu prendre cette garde à vue sur le fond.
05:34Celle-ci est couverte par le secret d'instruction.
05:37Et c'est un secret absolument nécessaire parce qu'il est le garant de la sérénité de ces investigations dont nous attendons tant de réponses.
05:43Donc je m'en voudrais particulièrement ici de venir dévoiler le secret de cette mesure.
05:49Bon, et c'est notre rôle nous de poser aussi ces questions-là.
05:52Naturellement, bien évidemment.
05:54Sans révéler le secret de l'instruction ni de ce qu'il a pu se dire au cours de ces gardes à vue,
05:58est-ce que vous avez compris ce matin pourquoi ces gardes à vue avaient été décidées ?
06:04Elle rentre dans une lecture des enquêteurs qui consiste, et c'est je crois tout à leur honneur, d'envisager toutes les hypothèses possibles.
06:14Il y a un temps dans lequel on collecte des éléments de preuve, un temps pour les analyser,
06:18et puis un temps pour nourrir différentes hypothèses parmi lesquelles, et on peut le comprendre compte tenu de la configuration des lieux
06:24et compte tenu de ce que l'on sait sur les circonstances du drame, un aspect intrafamilial.
06:30C'est cette lecture, c'est cette hypothèse qui a conduit les enquêteurs, sous l'autorité d'un magistrat instructeur, à procéder à cette mesure.
06:39De façon à faire les vérifications, notamment en entendant les intéressés au cours d'une garde à vue.
06:44Voilà le sens de cette mesure.
06:47Vous n'avez pas l'impression qu'ils ont fait fausse route, qu'ils se sont trompés ?
06:51On ne peut pas reprocher à des enquêteurs de faire fausse route lorsqu'ils envisagent différentes hypothèses.
06:57On n'est pas sur un terrain de certitude. Il n'y a pas le fait d'opposer à un mis en cause.
07:02Nous avons la vérité révélée et elle va s'imposer dans le cadre d'une mesure de garde à vue et d'une mise en examen à l'issue.
07:08Il y a au contraire des hypothèses qui sont nourries par les enquêteurs.
07:11C'est leur travail également et je ne pourrai pas aujourd'hui leur en faire le reproche.
07:15Le procureur de la République doit tenir une conférence de presse.
07:18On a appris qu'elle avait été avancée à 10h30 ce matin.
07:22Est-ce que vous savez ce qu'il va dire ? Est-ce que vous avez échangé ou non avec lui ?
07:28Est-ce que le fait que cette conférence de presse soit avancée a un sens ?
07:32Je serais bien à mal de donner un sens au créneau horaire dans lequel le parquet d'Aix-en-Provence entend prendre la parole.
07:38Peut-être qu'il a d'autres impératifs également qu'il appelle et sans doute de très nombreux impératifs sur ce terrain.
07:43C'est son rôle également. La loi l'autorise à le faire.
07:46J'évoquais tout à l'heure le secret auquel je suis moi en tant qu'avocat de la Défense très strictement soumis.
07:51Le parquet, lui, n'est pas soumis à cette obligation. Il peut ainsi communiquer, y compris dans le temps d'une garde à vue, sur ce qui s'y passe et ce qui s'y échange.
07:59Je ne doute pas qu'au cours de cette conférence de presse, et pour ce que j'en ai compris c'était un petit peu le thème,
08:04le parquet d'Aix-en-Provence va faire état notamment des derniers résultats des investigations qui ont été conduites.
08:10Et si je ne peux pas en dévoiler le secret, je peux au moins indiquer qu'au cours de ces 48 heures,
08:14nous avons eu au moins ce bénéfice de pouvoir prendre connaissance d'un nombre considérable d'investigations qui ont été conduites,
08:22notamment par la section de recherche de Marseille, dont il faut ici considérer le travail absolument admirable dans le cadre de ces investigations,
08:29l'investissement humain, le travail scientifique véritable. Il faut le dire également lorsque c'est le cas, quelle que soit la place que l'on occupe dans une procédure.
08:35C'est important en effet. Un tout dernier mot, Maître. Le grand-père d'Émile, l'époux d'Anne Védouvini a été soupçonné, critiqué à plusieurs reprises.
08:47Est-ce que vous, ce matin, vous pouvez nous dire que vous êtes convaincu qu'il est innocent ?
08:52Monsieur Védouvini est parfaitement assisté par un avocat qui l'a assisté d'ailleurs au cours de cette mesure, qui est en mesure de servir les intérêts de sa défense.
09:02Je n'ai strictement aucun commentaire à faire sur ce monsieur, sur sa position, sur les éléments dont il a eu à répondre. Cela concerne exclusivement sa défense.
09:13Merci beaucoup Maître Julien Pinelli d'avoir été en direct.