Mardi 25 mars 2025, retrouvez Fabrice Cousté (Journaliste, B SMART), Pascal Pras (Vice Président Urbanisme, Nantes Métropole), Xavier Deshais (Directeur de projet, Bati Nantes.), Eric Gérard (Directeur général, Iceo) et Léa GUILLOY MARTOS (Responsable du pôle d'innovation et transition, AURAN) dans SMART IMMO, une émission présentée par Fabrice Cousté.
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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans Smartimo, on est ravi de vous retrouver pour cette émission
00:12spéciale depuis le Forum des projets urbains.
00:15Dans un instant, on va voir comment Nantes se transforme, notamment sur l'île de Nantes
00:19avec de nouveaux projets.
00:20On verra comment on construit en hauteur mais en chambre, et oui c'est possible ! Et enfin
00:26comment les cours d'école se transforment.
00:29Smartimo, c'est parti !
00:35Smartimo depuis le Forum des projets urbains à Nantes, sur l'île de Nantes, on va le
00:40voir un projet emblématique et on est ravi d'en parler avec notre invité, c'est Pascal
00:44Prat.
00:45Bonjour Pascal !
00:46Bonjour !
00:47Vous êtes en charge de l'habitat, des projets urbains et de l'urbanisme durable, ça tombe
00:50bien on va parler des trois sujets.
00:52On démarre Pascal si vous voulez bien avec la crise du logement qui évidemment n'épargne
00:57pas votre territoire, qui est dynamique.
00:59Récemment, le plan local de l'urbanisme métropolitain vient d'être modifié pour
01:04justement relancer la création de logements, expliquez-nous.
01:06Le PLUM a permis de revisiter ce qu'on appelle des orientations d'aménagement et de programmation,
01:12des OAP.
01:13Nous en avons créé de nouvelles et nous en avons modifié un nombre important puisqu'on
01:18a dû modifier 73 OAP et en ajouter pour arriver à ce 73.
01:23Les OAP, l'objectif c'est sur des morceaux de villes, des quartiers petits, plus grands,
01:29d'avoir des orientations d'aménagement, notamment en matière de production de logements,
01:34qui donnent davantage de surface de construction, qui retravaillent les hauteurs, qui sont revenus
01:39interroger les hauteurs pour se donner à nouveau de la surface planchée supplémentaire.
01:42Et puis en même temps, travailler des éléments de renaturation, de pleine terre, de ce qu'on
01:50a appelé sur le PLUM le coefficient de biotope par surface, c'est le deuxième volet de cette
01:55modification de la M2 du PLUM, c'est-à-dire travailler la renaturation de la ville, accélérer
02:02la renaturation, redonner du sol de pleine terre pour permettre la circulation de l'eau
02:07dans le sol, mais aussi de redévelopper la plantation d'armes et une certaine canopée
02:12qui amène des éléments de fraîcheur et de qualité de vie, et puis surtout se donner
02:15la possibilité de produire du logement, et donc en augmentant les surfaces planchées,
02:20de donner des assises financières plus fiables, plus réalisables, pour permettre la production
02:26du logement locatif social, du logement en accession abordable et du logement libre,
02:30qui sont aujourd'hui réellement en panne sur notre territoire comme ça l'est sur
02:34le territoire national, mais vraiment d'accélérer et de libérer cette possibilité de production de logements.
02:40Donc l'idée est de bâtir la ville sur la ville, sur l'existant, désimparmaliser
02:44quand c'est possible, et l'idée c'est de créer combien de logements à terme d'ici 2030 ?
02:50Le cap métropolitain de production du logement, c'est d'autoriser 6000 logements neufs par an.
02:56Ces 6000 logements neufs se décomposent en 2000 logements locatifs sociaux, 800 logements
03:01en accession abordable, aujourd'hui portés par le dispositif BRS, qui dissocie la propriété
03:07foncière de la propriété du logement.
03:09Le paie-réel solidaire, c'est vrai qu'il faut être innovant au niveau de l'accession
03:12à la propriété, et ce dispositif est possible, et même vous voulez l'étendre, c'est ça ?
03:17Oui, on l'a augmenté, l'objectif c'est de produire 800 logements de ce type-là sur la métropole,
03:22aujourd'hui on est plus aux alentours des 400 logements annuels, mais on sait que c'est
03:26un produit qui fonctionne et qui permet notamment aux classes moyennes, aux néopropriétaires,
03:33aux nouveaux accédants, aux jeunes ménages, de permettre de devenir propriétaire sur
03:38le territoire de la métropole.
03:39Toutes les opérations qu'on a pu lancer, maintenant depuis 4 ans, elles trouvent toute
03:44preneur très très rapidement, ce qui prouve que c'est un produit qui répond aux souhaits
03:49de certains ménages de devenir propriétaire, et à ces ménages qui sont en dessous d'un
03:53certain nombre de seuils, de devenir propriétaire.
03:56Devenir propriétaire, je complète, en ayant finalement un effort d'épargne qui est comparable,
04:02qui est même moindre à ce qu'on pourrait payer en loyer.
04:06Oui, bien sûr, puisque le fait de ne pas avoir à acquérir le foncier décharge le
04:13ménage de cette acquisition, il paie une redevance, sur la métropole nantaise, cette
04:18redevance, on l'avait capée au départ à 50 centimes d'euros du mètre carré par
04:22mois, et aujourd'hui elle est passée à 80 centimes d'euros du mètre carré.
04:26On est bien en dessous des autres BRS nationaux et de ce que font d'autres OFS, où on est
04:32à un euro, un euro cinquante, voire deux euros, même plus du mètre carré.
04:36Oui, tout à fait.
04:37On le sait, il y a une sensibilité écologique verte, très prononcée, on veut faire du
04:42durable sur cette ville de Nantes, et depuis longtemps avec votre mère, Johanna Roland.
04:46Comment on dégage du foncier à l'heure du ZEN ? Alors ce ZEN, on en parle beaucoup,
04:50zéro artificialisation nette, on sent que c'est en train peut-être d'être réaménagé,
04:56d'être assoupli, pourtant à Nantes, on veut garder le cap.
05:00Alors déjà, le PLU actuellement, appelé PLUM, adopté en avril 2019, faisait suite
05:08à un travail important où un des caps importants qui avaient été fixés, c'était celui de
05:12la réduction de la consommation de ce qu'on appelle les espaces naturels, agricoles et
05:16forestiers, les fameux ENAF, et donc on était déjà engagé dans cette démarche avant
05:21même la loi climat et résilience, donc avant même l'introduction du ZAN.
05:25Aujourd'hui, cette réduction de consommation, elle se traduisait par le fait de reconstruire
05:32la ville sur la ville, de retravailler sur ce qu'on appelle des fois des nans creuses,
05:37mais ce qu'on appelle aussi ce qui peut être aussi de la friche industrielle, de la friche
05:42tout court, enfin industrielle souvent, de la friche d'activité qui est libérée.
05:49C'est le cas par exemple de l'île de Nantes, c'est le cas d'un certain nombre de secteurs,
05:53Pyrmide-les-Îles qui a un projet extraordinaire en lien ville de Nantes, ville de Rosé, on
05:58est sur des friches industrielles, les îles sur la partie Pyrmide-les-Îles, partie Roséenne,
06:04sont les anciens abattoirs de la métropole nantaise, donc on est sur de la reconquête,
06:09de la reconstruction sur ces friches industrielles.
06:13Bachantenay, le long de la Loire, c'est aussi un autre exemple de réutilisation de ces fonciers,
06:18donc on ne s'étale plus, on ne consomme plus d'espaces naturels et agricoles,
06:23les forestiers, mais nous retravaillons la ville sur la ville.
06:27C'est pour une grande partie l'état des acques des zones d'aménagement concertées métropolitaines,
06:33île de Nantes, Bachantenay je l'évoque, et puis c'est cette volonté de reconstruire la ville sur la ville.
06:38Les OAP dont je parlais tout à l'heure, elles se trouvent très souvent sur des quartiers qui sont
06:43déjà urbanisés, déjà aménagés, qui sont vieillissants, sur lesquels il y a des déprises,
06:49et sur lesquels on considère qu'on peut intervenir.
06:52Cela concerne l'ensemble des 24 communes de la métropole.
06:56Justement, Pascal Vrah, on termine avec l'île de Nantes sur laquelle on se trouve aujourd'hui,
07:01pour ce forum des projets urbains.
07:04Là, c'est un chantier aussi énorme, au cœur de la ville.
07:08Expliquez-nous ce que ça va devenir.
07:10Déjà, on est dans un très beau bâtiment qui appartenait aux chantiers navals.
07:16Aujourd'hui, c'est complètement réhabilité.
07:19Oui, on est sur le site de ce qu'on appelait les halles Alstom,
07:22puisque c'était l'entreprise Alstom qui était installée ici.
07:25Une entreprise industrielle, de production industrielle,
07:28qui travaillait en lien notamment avec les chantiers navals.
07:31Aujourd'hui, la construction navale est partie sur Saint-Nazaire,
07:34mais on est sur ces halles qui ont été réhabilitées.
07:37On va y trouver des activités tertiaires, on va y trouver des écoles.
07:40Là, vous avez derrière nous l'école des Beaux-Arts de Nantes, l'ESBAN.
07:46Mais vous allez trouver différents sites de recherche en lien avec l'université
07:51et des lieux d'exposition, ces halles ici, qui permettent aussi des expositions.
07:56Donc, on est vraiment dans une démarche de rénovation.
07:58Il y a un volet plus touristique, plus de loisirs à la pointe de l'île,
08:03avec les machines de l'île, avec un certain nombre d'aménagements.
08:06Tout ce qu'on appelle le quai des Antilles,
08:09où on trouve un certain nombre d'entreprises, restaurations, lieux d'attractivité.
08:16Extrêmement dynamiques.
08:17Oui, tout à fait, qui participent de la mise en tourisme de la ville de Nantes,
08:21avec les machines, avec le manège des mondes marins.
08:26Enfin bon, un certain nombre d'éléments.
08:28Et puis bien sûr, cette dernière phase sur la pointe sud-ouest,
08:32sur laquelle on va retrouver bien sûr l'hôpital,
08:34qui est un énorme chantier du transfert du vieux CHU Nantais sur l'île de Nantes,
08:40donc l'hôpital, avec autour tout un quartier de biotechnologies,
08:44c'est-à-dire d'entreprises, de laboratoires de recherche,
08:48qui sont en lien avec la santé et avec le milieu de la santé.
08:51Donc, il y a cette volonté de faire sur l'île de Nantes,
08:54comme on l'a fait avec l'industrie des loisirs et de la culture
08:57sur cette partie de l'île où nous sommes,
08:59et bien sur cette partie autour du futur hôpital,
09:03toute une partie de biotechnologies en lien avec l'hôpital.
09:06Et puis bien sûr, de l'habitat,
09:08qui viendra prendre place sur la dernière partie de la ZAC,
09:11et le fameux parc urbain de 10 hectares, d'un seul tenant,
09:15qui sera au cœur de la ville, au cœur de cette île.
09:19En tout cas, on a un petit aperçu des transformations
09:22qui attendent cette ville de Nantes, avec cette île de Nantes emblématique.
09:26Merci, Pascal Praat. Je rappelle que vous êtes en charge
09:29de l'habitat des projets urbains et de l'urbanisme durable pour la ville.
09:32Et à très bientôt sur Bismarck.
09:34Merci à vous.
09:39Dans ce Marty Mons, on se pose cette question.
09:41Peut-on bâtir en matériaux biosourcés, en chanvre, en bois et surtout en hauteur ?
09:45C'est la question qu'on va poser à nos experts.
09:47Xavier Day, bonjour.
09:48Bonjour.
09:49Vous êtes directeur de projet chez Batinan.
09:51Bienvenue à vous.
09:52Et vous êtes venu en compagnie d'Éric Gérard.
09:54Bonjour Éric.
09:55Bonjour.
09:56Directeur général d'ICEO.
09:57Avec vous, messieurs, on va parler de ce projet Matera, quartier Saint-Donatien,
10:01une résidence de plus de 80 logements en R6, structure bois et béton de chanvre.
10:07Mais tout d'abord, Xavier, est-ce que vous pouvez nous présenter Batinan ?
10:10Oui, tout à fait.
10:11Batinan est un acteur de la promotion immobilière nantais historique.
10:15Ça fait un peu plus de 40 ans que nous sommes présents à Nantes.
10:18Spécialisé dans le logement et dans le tertiaire, dans le bureau.
10:22Et nous intervenons sur Nantes, bien sûr, et sur tout le Grand Ouest.
10:26Très bien.
10:27D'où l'intérêt de présenter aujourd'hui ce projet emblématique.
10:31Éric Gérard, ICEO.
10:33Alors, ICEO est un promoteur un peu particulier,
10:36parce qu'on est promoteur de l'économie sociale et solidaire.
10:39On est cousins avec Batinan.
10:41On fait partie du même groupe.
10:42Moi, j'ai proposé le projet d'ICEO,
10:45qui est centré sur l'accession abordable à la propriété,
10:48la réduction de l'empreinte environnementale
10:50et la participation des habitants au processus de conception.
10:53On fait aussi beaucoup d'habitats participatifs.
10:55Aux associés de Batinan qui m'ont dit
10:57Go, on y va, on avance et on t'accompagne dans ce projet.
11:00Alors justement, Xavier, avec vous, on décrit ce projet Matera.
11:04Est-ce que vous pouvez nous expliquer les enjeux et le projet ?
11:09Alors déjà, Matera, c'est une aventure qui a démarré en 2019
11:13avec une réponse à concours.
11:15Un concours lancé par l'aménageur Nantes Métropole Aménagement.
11:19Un concours au sein de la ZAC Mélinette,
11:21l'ancienne caserne Mélinette de Nantes.
11:24Un emplacement central en plein cœur de Nantes.
11:26L'un des derniers emplacements de ce type dans Nantes.
11:29Et ce projet qui a démarré en 2019
11:33a traversé un certain nombre d'étapes
11:36avec notamment un dépôt de permis en 2021
11:39et une mise en chantier en 2023.
11:43C'est un projet d'envergure et un projet emblématique
11:46de part notamment son mode constructif
11:48puisqu'on a fait le choix dès la phase concours
11:51de construire 80 logements en structure 100% bois
11:55et en façade en béton de chanvre.
11:58C'est pour nous une opération emblématique
12:01pour BATINANTE et pour l'ensemble du groupe Bâtisseurs d'Avenir.
12:05Vous nous avez dit béton de chanvre, il faut nous expliquer
12:07qu'est-ce que c'est ? On connaît le béton, on connaît le chanvre.
12:09Béton de chanvre, c'est quoi exactement ?
12:11Alors ça porte très mal son nom, le béton de chanvre,
12:13parce qu'il n'y a pas de béton dedans, il n'y a pas de ciment.
12:16On travaille avec ce qu'on appelle la chevillotte
12:18qui est la tige du chanvre, le chanvre qui est le cannabis sans THC.
12:24C'est une culture qui est extrêmement intéressante en agriculture
12:28parce qu'elle permet de fertiliser les sols sans intrants,
12:31sans avoir d'engrais et elle pousse quasiment sans eau
12:35et sans bien sûr éléments nuisibles, sans pesticides.
12:41Donc c'est un résidu d'agriculture qui est extrêmement pertinent
12:45à utiliser dans la construction.
12:47On est biosourcis, donc on capte du CO2 et on le lit avec de la chaux,
12:53ce qui permet d'avoir un matériau solide relativement léger par rapport à du béton.
12:59On est en gros 3-4 fois moins lourd que du béton et extrêmement biosourcé,
13:05donc extrêmement favorable en termes d'impact carbone.
13:08Il a aussi un autre intérêt, c'est qu'il a un pouvoir
13:12de régulation hygrométrique extrêmement fort,
13:14c'est-à-dire qu'il va capter la vapeur d'eau quand il y en a trop dans l'atmosphère
13:18et il va la restituer quand il n'y en a pas beaucoup.
13:21Il a vraiment cette capacité à améliorer de manière très forte
13:24le confort des logements au-delà de ses capacités d'isolation.
13:28Cet aspect hygrométrique, c'est un vrai élément de confort sur le béton de chanvre.
13:32C'est vrai que dès qu'on parle matériaux biosourcés,
13:34c'est le cas aussi de la paille par exemple,
13:36on se dit le chanvre, est-ce que c'est résistant par exemple s'il y a le feu ?
13:39Est-ce que vous avez testé le produit, le projet ?
13:41Dans les enjeux qu'on voulait défendre avec ce projet,
13:44il y en a deux principaux et c'est ceux qu'on recherche toujours
13:48quand on utilise des matériaux relativement innovants comme ceux-là.
13:52Permettre à la filière de dépasser des problématiques techniques et assurancielles
13:58et donc faire passer un gap à la filière
14:00et essayer de contribuer à l'industrialisation des processus de fabrication.
14:05Quand on a lancé Matera, les règles professionnelles permettaient de construire en R2,
14:10donc uniquement deux niveaux,
14:12et on se proposait de monter à six niveaux au-dessus du rez-de-chaussée.
14:16Les pompiers n'étaient pas complètement d'accord au début.
14:19On a travaillé avec la filière chanvre pour faire un essai échelle 1,
14:24c'est-à-dire que vous construisez une façade sur deux étages,
14:27vous mettez le plancher intermédiaire,
14:29vous mettez deux tonnes de combustible en bas avec une fenêtre
14:32et vous regardez comment ça se passe.
14:33Vous mettez le feu littéralement.
14:34Vous mettez le feu à votre échelle maquette 1.
14:37Et en fait, le béton de chanvre est quasiment incombustible.
14:41Donc ça, ça nous a permis vraiment de passer le cap
14:45dans les biens qu'on avait avec la filière aussi
14:48et aussi de contribuer à l'avancée de toute la filière sur ces questions-là.
14:52Avec ZVD, justement, on le disait à l'instant,
14:54vous êtes heurté à plusieurs freins, notamment assurancelles.
14:58Est-ce que vous pouvez nous expliquer quels étaient là aussi les enjeux ?
15:01Oui, je donne souvent une anecdote.
15:03Quand on a fini ou du moins franchi une phase importante des études,
15:07qui est la phase pro-projet,
15:09on a eu un rapport du bureau de contrôle avec 130 avis suspendus
15:13et 15 avis défavorables.
15:14Donc bien évidemment, un projet qui a autant d'avis suspendus
15:17ne peut pas être assuré.
15:19On a travaillé pendant près d'un an sur cette phase conception pro-DCE
15:23pour lever l'ensemble de ces avis.
15:25Eric l'a dit, on a travaillé avec Construire en chanvre,
15:29qui a mené un essai le pire d'eux
15:31et qui s'est ensuite transformé sur le chantier,
15:34avec le CERIB, via un avis de chantier.
15:36Un avis de chantier dont l'avis favorable a été émis début 2024
15:42et qui a permis de lever les derniers freins assuranciels.
15:45Donc c'est vraiment un projet qu'on a initié dès le départ, dès 2020,
15:51sans avoir toutes les garanties réglementaires d'y arriver,
15:54mais on a levé au fur et à mesure avec les bureaux de contrôle,
15:57avec les bureaux d'études spécialisées et avec nos architectes, bien sûr,
16:00l'ensemble de ces freins.
16:02Est-ce qu'il y avait d'autres problèmes techniques, notamment ?
16:04Il y en avait pas mal.
16:06Il faut savoir que c'était une première en France,
16:08un R6 structure bois avec une façade béton de chanvre.
16:11Il y avait eu deux projets en R8 béton de chanvre,
16:14mais sur des façades béton.
16:16Le fait de rajouter la structure bois a posé énormément de questions
16:20sur la manière dont se dilatent les deux matériaux l'un par rapport à l'autre.
16:24L'avantage du béton, c'est qu'ils ne se dilatent quasiment pas.
16:28En poussant ce grade-là encore plus loin,
16:32on a eu à faire face à beaucoup de sujets
16:36dans la liaison entre la façade et la structure.
16:39On a eu aussi, comme on est sur quatre faces,
16:42et puis dans un territoire nantais où il peut se produire qu'il pleuve,
16:46beaucoup d'éléments à apporter sur la protection de la façade à l'eau
16:51et notamment aux pluies battantes.
16:53C'est pour ça que les règles professionnelles s'arrêtaient au R2
16:56et qu'en allant au R6, on a eu un certain nombre d'éléments techniques
16:59à incorporer à la façade, complémentaires,
17:02pour pouvoir assurer le bâtiment.
17:05Finalement, c'est un véritable démonstrateur, cette immeuble.
17:07Vous avez poussé les frontières de ce qu'il était capable de faire,
17:10de fabriquer jusqu'ici avec ces matériaux biosourcés.
17:12Oui, c'est un combat de chaque instant et sur chaque détail
17:16où vous avez une nouvelle question du bureau de contrôle qui arrive
17:19et où vous devez trouver une autre solution,
17:21que ce soit sur des choses qu'on n'avait pas imaginées au départ,
17:24que l'acoustique…
17:26Il y a une somme de problématiques que vous rencontrez
17:30au fur et à mesure de la conception qui est énorme
17:33quand vous innovez à ce point-là.
17:35C'est rassurant aussi quelque part,
17:37parce que ça veut dire que le bâtiment, tout en étant innovant,
17:40a affronté l'ensemble des problématiques et des risques
17:43de sinistralité qu'il pouvait rencontrer
17:45et qu'il est extrêmement contrôlé dans sa mise en œuvre.
17:48C'est aussi ce qui permet aujourd'hui à certains,
17:51et qui me l'ont dit, d'avoir fait évoluer les techniques courantes.
17:54Aujourd'hui, on peut faire un R6 en technique courante,
17:57en béton de chanvre, grâce à des opérations comme celle-là.
18:00On pourra aller même plus haut ou ce sera encore d'autres combats ?
18:04Troisième famille A et B, ça aujourd'hui c'est acquis.
18:07Je pense qu'en quatrième famille, encore plus haut,
18:11il y a à nouveau des process à mettre en œuvre.
18:14Et puis ça suffit pour la ville.
18:16C'est déjà pas mal du tout.
18:18Un mot, messieurs, sur l'équation économique.
18:21C'est important aussi.
18:22Quels sont les coûts ou peut-être les surcoûts
18:24par rapport à une construction traditionnelle en béton classique ?
18:27C'est une opération qui sort entre 10 et 15% plus chère
18:34qu'une opération classique 100% béton telle qu'on le faisait auparavant.
18:39Bien évidemment, ce sont des surcoûts qu'il faut être capable d'absorber.
18:44Naturellement, ces projets-là avec ces surcoûts-là sont possibles
18:48grâce aux partenariats qu'on a avec la collectivité,
18:51notamment la Ville de Nantes et l'aménageur et Nantes Métropole Aménagement
18:54qui ont cette maîtrise foncière qui nous permettent, nous derrière,
18:58d'avoir des ambitions fortes sur le projet et sur le coût de construction.
19:02On serait sur des secteurs privés, ce serait un peu plus délicat.
19:05Il faudra poursuivre ces partenariats de maîtrise foncière
19:08pour nous permettre de construire et de développer encore plus ces projets innovants.
19:12Un peu plus cher finalement, 10 à 15%, mais au niveau de tout ce qui est écologie,
19:18avec gaz à effet de serre, la facture est plus importante.
19:23En termes d'impact carbone, c'est évidemment réduit.
19:25On est sur un niveau 3 en termes de labels biosourcés.
19:29Et puis, en confort d'usage, Eric en parlait, c'est nettement supérieur, bien sûr.
19:35La dimension d'accession sociale est au cœur des préoccupations de ce projet.
19:40La Ville de Nantes en général.
19:42Comment se répartissent aujourd'hui les 80 logements ?
19:45C'est une opération de 80 logements décomposée en trois parties.
19:51On a un premier tiers d'accession à prix maîtrisé, qui a été commercialisé notamment par ICO,
19:57sur des conditions de ressources, d'éligibilité ressources au niveau PLS.
20:04Un deuxième tiers…
20:06On a une fourchette de prix ?
20:09On était à 3700 euros sur l'accession abordable destinée à des gens en PLS.
20:15PLS, on va dire, c'est les deux tiers de la population.
20:20Ça peut sembler élevé.
20:22Il faut se rendre compte que l'ancien, sur ce territoire-là,
20:25tourne entre 4500 et 5000 euros le mètre carré.
20:27Donc, c'est très, très en dessous.
20:29Et puis, on a eu un deuxième tiers de logements réservés à des accrueurs occupants,
20:34avec des niveaux de ressources un peu plus élevés.
20:36Et puis, un dernier tiers en accession libre,
20:41qui a tourné autour de 5500-6000 euros du mètre carré.
20:45Très bien.
20:46Cette opération, on l'a compris, vous a permis de transpirer sur ce dossier,
20:51mais également d'engranger de l'expérience.
20:53Est-ce que c'est quelque chose que vous allez continuer,
20:56que vous allez dupliquer peut-être, ou on revient à quelque chose de plus classique ?
20:59Alors, c'est une opération, effectivement, c'est une première pour nous,
21:03qu'on souhaite bien sûr renouveler.
21:05On a essuyé les plates, vous l'avez compris,
21:07mais justement, c'est pour transformer l'essai et le reproduire.
21:10Et encore une fois, avec l'appui de la collectivité,
21:12qui sera indispensable pour nous aider à reproduire ça.
21:17Pour ICO, c'est quelque chose qui n'était pas une première.
21:21Avant ICO, dans ma vie précédente,
21:24on avait fait le premier collectif bois de tout l'arc atlantique en 2010.
21:27D'accord.
21:28Et on essaye de travailler régulièrement sur ce point-là.
21:32Comment est-ce qu'on permet aux filières de progresser
21:35et de s'industrialiser ?
21:37Et avec l'atelier Philippe Madec, on n'a pas cité les architectes,
21:41on est en train de travailler sur une nouvelle opération
21:44où il y a aussi un ATEX, où on sort des techniques courantes,
21:46mais là sur de la construction en briques de terre crue structurelle,
21:51sans liant, quelque chose qui est aussi hors technique courante.
21:56On essaye régulièrement de voir sur certains projets
21:59comment on peut intégrer ces éléments-là qui sont nécessaires
22:02pour que demain, on puisse sortir du béton
22:05et maîtriser notre impact carbone.
22:08Améliorer notre empreinte carbone, bien évidemment,
22:10avec, on l'a vu, des surcoûts finalement assez modestes au regard.
22:13Au final, une dernière question.
22:15Comment trouvent les gens ?
22:17Est-ce qu'ils voient la différence avec un bâtiment classique
22:19ou est-ce qu'on est bien à l'intérieur de Matera ?
22:21On le livre dans trois mois.
22:24Ils vont le savoir.
22:25Il est bien, mais ils vont le savoir.
22:27Il faut faire ce retour d'expérience.
22:29Ce que dit la personne qui suit le chantier,
22:32c'est qu'il n'a pas eu du tout, pendant les périodes d'hiver,
22:35la sensation d'humidité qu'il a dans les chantiers béton,
22:38grâce aux propriétés du béton de chanvre.
22:41Du coup, c'était très agréable de venir dans ce projet.
22:46Il faut saluer les deux agences d'architectes,
22:50Ramdam et Palast, qui ont aussi sué sang et eau sur le sujet.
22:55Et l'accompagnement de Cania,
22:57dont un des associés est membre de Construire en chanvre.
23:00Cania étant une troisième agence d'architecture
23:03spécialisée dans le chanvre,
23:05qui est très liée à la filière et qu'on avait associée.
23:07Sans elle, on n'aurait pas réussi à lever tous les obstacles.
23:10On en sait un peu plus sur cette construction en chanvre
23:13qui progresse grâce à ce démonstrateur,
23:15et même un peu plus la filière qui s'organise
23:17pour réduire l'empreinte carbone.
23:19Merci à Xavier Dehé.
23:20Je rappelle que vous êtes directeur de projet à Batignan.
23:22Et merci à Éric Gérard, directeur général d'ICEO.
23:24À très bientôt dans Smartimo.
23:25Merci beaucoup.
23:30Dans Smartimo, tout de suite,
23:31on va s'intéresser à l'école ou plutôt aux cours d'école.
23:34Des cours d'école qui sont en train de se transformer.
23:36On en parle avec une spécialiste.
23:38C'est Léa Guillois-Marteuse.
23:39Bonjour Léa.
23:40Bonjour.
23:41Vous êtes responsable du pôle d'innovation et transition à Laurent.
23:44Alors Laurent, c'est l'agence d'urbanisme de la région nantaise.
23:47Est-ce que vous pouvez nous présenter votre agence ?
23:49Oui, bien sûr.
23:50Laurent, on est une structure qui travaille sur l'ensemble du département.
23:54On est une association où les collectivités sont adhérentes.
23:57On travaille sur le département, comme je l'ai dit,
23:59et un petit peu à Vendée.
24:00On accompagne nos adhérents,
24:02aussi bien sur des documents de planification
24:04que dans des projets urbains.
24:06Et en passant, bien sûr,
24:07par toutes ces questions environnementales
24:09et de transition de plus en plus présentes aujourd'hui.
24:11Très bien.
24:12Alors justement, on s'intéresse aujourd'hui à la cour d'école.
24:16Pourquoi vous avez fait ce travail de repenser,
24:19de réinventer cette cour d'école ?
24:21Eh bien, la cour d'école,
24:23on le voit un peu comme un microcosme aussi de l'espace public
24:26où il y a beaucoup de questions aujourd'hui
24:28de notre société qui s'y passent.
24:30Aussi bien des questions sur les chaleurs, la canicule.
24:34En fait, il fait chaud dans une cour d'école
24:36qui est classique parce qu'une cour d'école,
24:38c'est bitumé sur les questions d'usage
24:40parce que les cours d'école,
24:41aujourd'hui, elles sont pensées par et pour les adultes.
24:44Avec vraiment cette question de surveillance,
24:46on voit tous les enfants,
24:47pas forcément de nature parce que c'est difficile à entretenir.
24:50Et du coup, ça nous paraissait intéressant de se positionner
24:53et d'accompagner nos adhérents sur ce sujet
24:55de qu'est-ce qu'on attend aujourd'hui d'une cour d'école ?
24:58On attend qu'elle réponde à des besoins des enfants.
25:00On attend beaucoup de choses qu'aujourd'hui,
25:02une cour d'école ne nous fournit pas.
25:04Oui, alors justement, vous avez travaillé.
25:06Et quel type de travaux vous avez menés, justement,
25:09pour repenser cette cour d'école ?
25:10On a vraiment essayé de se mettre en place
25:12cette cour d'école.
25:13On a vraiment essayé de se poser la question
25:15de qu'est-ce qu'une cour d'école vivable
25:18dans notre monde aujourd'hui ?
25:19Et on a accompagné les collectivités
25:21pour mettre en place des démarches
25:23et se poser c'est quoi une cour d'école vivante ?
25:26Une cour d'école, aujourd'hui,
25:27c'est répondre aux besoins des enfants,
25:29donc quel type d'aménagement ils font.
25:30Des petites buts, ça suffit très bien.
25:32Mais une petite but, ça permet de courir, de sauter.
25:35Comment on replace la question du genre
25:37dans une cour d'école
25:38et qu'on enlève le terrain de foot aussi
25:40qui est au milieu un peu caricatural ?
25:42Comment on arrive aussi à gérer les autres pluies
25:44dans une cour d'école,
25:45à amener de l'ombre, de la fraîcheur pour les enfants,
25:48rétablir le côté avec la nature ?
25:51Voilà tout le travail qu'on a fait.
25:53Repenser des aménagements de cour d'école
25:55et accompagner aussi nos adhérents
25:58pour pouvoir les mettre en œuvre jusqu'au bout
26:00parce que c'est ça qui est intéressant.
26:01Ce n'est pas simplement un plan d'aménagement,
26:03une cour d'école.
26:04C'est aussi une nouvelle vie qu'on change,
26:06des nouveaux usages.
26:07Et ça, c'est vraiment important pour nous
26:09d'accompagner le projet
26:11avec des process de concertation,
26:13mais aussi à la fin,
26:14comment on la gère,
26:15cette nouvelle cour d'école.
26:16Léa, c'est vrai qu'une cour d'école, par exemple,
26:18où il y a de la végétation,
26:19de nouveau, ça peut devenir un outil pédagogique.
26:21C'est-à-dire que ça peut être un cours
26:23sur les végétaux, sur les insectes, pourquoi pas ?
26:25Exactement. Apprendre dehors,
26:26ce n'est pas du tout pareil
26:27qu'apprendre à l'intérieur d'une classe.
26:29Il y a en effet apprendre dehors
26:31avec les éléments de la nature,
26:32mais c'est aussi changer la forme d'apprentissage.
26:35On peut apprendre en cercle
26:36et pas en frontal devant la maîtresse.
26:38On fait beaucoup de petits amphithéâtres
26:40dans nos nouvelles cours d'école
26:42qui permettent justement
26:44de pouvoir apprendre
26:45dans des nouveaux dispositifs
26:48un peu d'apprentissage pour les enfants.
26:50Et aussi, en manipulant,
26:51on va mettre des potagers pédagogiques,
26:53ce qui est vraiment très intéressant.
26:55Et puis, apprendre aussi par son corps,
26:58ce que je parlais tout à l'heure,
26:59escalader des buts, faire des roulades.
27:01Ça, c'est vraiment quelque chose
27:03qui est très important
27:04et qu'on a perdu aujourd'hui.
27:05Les enfants passent beaucoup moins de temps dehors
27:08qu'à l'intérieur par rapport à il y a 40 ans.
27:12On réapprend aussi la vie en extérieur
27:14dans les cours d'école.
27:15En tout cas, ça paraît mieux
27:16que de passer son temps derrière une tablette.
27:18Effectivement.
27:19Dans quelle mesure cette initiative
27:20sur les cours d'école à Nantes
27:21va se généraliser ?
27:22Combien d'écoles vont être touchées ?
27:24Nous, on accompagne tous nos adhérents.
27:27Il y a une question de la Loire-Atlantique
27:29et on a de plus en plus de demandes
27:33sur la question de changer des cours d'école.
27:36Presque chaque collectivité s'y met.
27:38On a eu la chance d'accompagner aussi la ville de Nantes
27:41qui a beaucoup de cours d'école
27:44et qui s'est fixé comme objectif
27:46de changer un tiers de ses cours d'école
27:48sur le mandat.
27:49Un tiers.
27:50Je crois que vous êtes accompagnée aussi
27:51par des associations telles que Nature & Jardin.
27:54Nature & Jardin,
27:55qui est un service de la ville de Nantes
27:57et qui travaille énormément.
27:58C'est la direction de l'éducation
28:00qui pilote ce projet à la ville de Nantes
28:02de transformation des cours d'école
28:04que nous avons bien accompagnés.
28:05Il y a aussi le service Nature & Jardin,
28:07les jardiniers de la ville de Nantes,
28:09qui prend part aussi à cette transformation
28:12en proposant des plans,
28:14en exécutant quelques travaux
28:16et en gérant les jardiniers derrière.
28:18C'est multiservices.
28:20On a sept directions de la ville de Nantes
28:22qui travaillent sur ce projet
28:24avec la question de l'égalité,
28:26la direction égalité,
28:27la direction du dialogue citoyen,
28:29la direction du bâti, de Nature & Jardin.
28:31Il y a beaucoup de directions
28:33qui sont sur le projet des cours d'école
28:35de la ville de Nantes.
28:36Voilà, tout le monde sur le pont,
28:37en tout cas à Nantes,
28:38pour transformer ces cours d'école.
28:39Et c'est tant mieux pour nos chères
28:40têtes blondes ou brunes.
28:41Merci les Guillois Marteux.
28:43Je rappelle que vous êtes responsable
28:44du Pôle Innovation et Transition à Laurent,
28:46l'agence d'urbanisme de la région nantaise.
28:47A très bientôt sur Smarty Mo.
28:49Merci beaucoup.