Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:0019h, ravie de vous retrouver. Marc Menon, vous êtes bien assis ?
00:04Oui, j'ai la fesse gosse qui porte bien.
00:08Vous avez besoin d'un petit massage ?
00:10Oui.
00:11On vous appellera ou à ma soeur dans un instant.
00:14J'ai ce qu'il faut à la maison.
00:16On commence par les infos. Bonsoir ma belle Maureen.
00:19Bonsoir Christine, bonsoir à tous.
00:21A la une de l'actualité, l'influenceur algérien d'OLM de nouveau expulsable vers l'Algérie.
00:27Il a été interpellé ce matin par la police aux frontières à Montpellier en vue de son expulsion.
00:32Le refus d'Alger de récupérer cet homme en janvier dernier avait envenimé les relations franco-algériennes.
00:3710 ans de prison requis contre Boilem Sansal par la justice algérienne.
00:41L'écrivain franco-algérien âgé de 80 ans est enfermé depuis la mi-novembre, accusé d'attente à l'intégrité territoriale de l'Algérie.
00:47Souffrant d'un cancer, les conditions de détention de Boilem Sansal inquiètent son avocat et sa famille.
00:52Le verdict sera prononcé le 27 mars prochain.
00:56Et pour Volodymyr Zelensky, Vladimir Poutine doit mettre fin à ses exigences inutiles dans un message audio diffusé devant les 27 en Sommet à Bruxelles.
01:04Le président ukrainien dénonce le comportement de son homologue russe qui prolonge la guerre en Ukraine.
01:08Rien n'a changé, a assuré Zelensky, dénonçant de nouvelles attaques de drones la nuit dernière contre des infrastructures énergétiques de son pays.
01:17Merci ma chère Morenne.
01:18Et au sommaire ce soir, la fabrique du mensonge.
01:22La propagation du mensonge et de la fausse information devient quasi quotidienne en France.
01:28Dans l'affaire de la gaieté lyrique, on a vu l'application avec laquelle certains députés relayés par les médias
01:34affirmaient qu'il s'agissait de migrants, mineurs isolés, alors que le gouvernement affirmait l'inverse en plein hémicycle.
01:41Dans l'affaire de Crépole, de la même façon, certains politiques et journalistes s'appliquent à cacher la vérité pour, eux, fabriquer des contre-vérités.
01:49Que reste-t-il de tout cela ? L'édito de Mathieu Bocoté.
01:53Rien ne va plus à l'école publique.
01:56La prochaine rentrée scolaire prévoit la fermeture de 5000 classes dans le primaire en cause,
02:01la baisse de la démographie et le manque de confiance des parents vers l'éducation publique qui se tourne de plus en plus vers le privé.
02:09Enseignants, parents, maires de communes ou de villages crient leur colère.
02:13De quoi cet effondrement de l'école publique est-il le nom ? L'analyse de Gabriel Cluzel.
02:19C'est une conférence de presse exceptionnelle qui a eu lieu à la CNAM aujourd'hui, à la caisse d'assurance maladie.
02:25Il a été révélé une fraude sociale bien plus importante que prévue.
02:29628 millions d'euros de fraudes qui ont été détectées et évitées.
02:34Fraude aux arrêts maladie, fraude aux ordonnances, fraude des professionnels.
02:38Pourquoi faut-il s'inquiéter de cette fraude et de cette hausse de 35% par rapport à 2023 ?
02:44Le regard de Marc Menand.
02:46Pourquoi la nomination de Dominique Voignet au sein du Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire fait-elle couler tant d'encre ?
02:55Une instance chargée de surveiller les installations, la gestion des risques et la communication avec les citoyens.
03:02En quoi cette nomination est-elle un mauvais signal pour l'avenir de l'énergie nucléaire en France ?
03:08En quoi cette décision pourrait-elle menacer les intérêts stratégiques de la France ?
03:13Le décryptage de Charlotte Dornéals.
03:15L'universalisme ne se manifeste pas de la même manière d'un pays à l'autre.
03:20Être universaliste ne veut pas forcément dire vouloir plus d'immigrés près de chez soi.
03:25Constate Marc Vangard qui analyse certaines données sur le réseau social X.
03:30Nous avons déjà eu l'occasion de vous parler de ces travaux qui nous permettent de mieux comprendre notre société.
03:35Nous nous intéressons ce soir à deux de ses récentes publications.
03:39L'édito de Mathieu Bocoté.
03:41Une heure pour tout se dire avec nos mosquetaires et notre invité.
03:45Et surtout sans tabac.
03:55Michel Maffesoli, merci beaucoup d'être avec nous ce soir.
04:03Vous avez sorti votre dernier livre, Apologie, autobiographie intellectuelle.
04:09Vous êtes professeur émérite à la Sorbonne, membre de l'Institut universitaire de France.
04:15Je vous aiderai dans un instant sur le livre.
04:18Vous êtes sociologue vraiment réputée qui parlait beaucoup de cette déconnexion du peuple des élites.
04:25Donc peut-être au cours de l'émission, je vais vous poser une ou deux questions et on parlera dans la deuxième partie.
04:30Vous le voulez bien ?
04:32Les mosquetaires veulent bien aussi ?
04:34Un professeur très sage.
04:37Très sage.
04:39Ça va vous intéresser, cher Michel Maffesoli.
04:42Nous en parlions plus tôt cette semaine.
04:44Nos contemporains, Mathieu Bocoté, ont de plus en plus l'impression de vivre dans une société dominée par le mensonge.
04:52Alors on le voit avec le récit public entourant Crépole, de même avec les événements à l'Agué-Ténérique.
04:59On le voit aussi lorsqu'il s'agit de la guerre en Ukraine.
05:02Et c'est sur ce rapport au mensonge que vous souhaitiez commencer l'émission ce soir.
05:07Parce que c'est une question qui m'obsède et qui je crois en obsède plusieurs.
05:11Alors vous savez, Milan Kundera, une formule très belle qui m'a longtemps accompagné dans ma vie,
05:15c'est comment fait-on pour vivre dans une société avec laquelle on est en désaccord ?
05:19Je trouve que c'est une vraie question.
05:21C'est-à-dire, il y a des valeurs dominantes, on n'y adhère pas.
05:23Comment fait-on pour évoluer dans une telle société ?
05:25Mais je pense que nous sommes tous passés en l'espace de quelques années de Kundera à Orwell ou à Miloš
05:31ou à quelques autres, à Köstler, et nous nous demandons comment faisons-nous pour évoluer dans une société
05:35où nous considérons globalement que ce qui nous est raconté sur cette société est faux.
05:39Et pas un faux involontaire, un faux volontaire, un faux mensonger.
05:45C'est cette question que plusieurs se posent.
05:47Comment évoluer dans une société qui a institutionnalisé le mensonge ?
05:51J'entends par là qu'on a un récit médiatique souvent sous le signe de la contrefaçon.
05:55C'est un récit médiatique qui est là pour masquer ce qui arrive, pour masquer les événements,
06:00pour les invisibiliser, pour empêcher le réel de remonter à la surface,
06:04pour défendre à tout prix le grand récit de notre époque, l'idéologie dominante,
06:08qui est toujours la même, la diversité est une richesse, la diversité est une richesse.
06:12Et je pense qu'on se questionne parfois sur comment expliquer par exemple le succès de ces news.
06:18Moi j'y vois, alors il y a plusieurs interprétations possibles,
06:21mais j'y vois l'idée que lorsqu'on a l'impression d'enfin trouver un endroit,
06:24où imparfaitement, de manière plurielle, avec plusieurs points de vue,
06:28on a l'impression que certaines réalités sont enfin mentionnées
06:31parce qu'elles étaient globalement inhibées, étouffées, niées,
06:34et bien on se jette sur cet endroit en disant « enfin on respire ».
06:37Alors j'ai quelques exemples en tête, vous les avez mentionnés,
06:40mais ce sont des exemples liés à l'actualité la plus récente.
06:43Crépole. Qu'est-ce qu'on comprend depuis un an ?
06:45On a tous compris en direct à peu près ce qui s'était passé.
06:48Une bande des cités, comme on dit, ou des quartiers populaires,
06:52fait un raid à Crépole et il y a une connotation mentionnée dès le début sous le signe du racisme anti-blanc.
06:59Nous le savons. On ne sait pas exactement dans quelle ampleur ce racisme anti-blanc se manifeste.
07:03On comprend que ce n'est pas une volonté d'origine, si je comprends bien,
07:06d'aller poignarder des blancs au hasard, mais quand le choc arrive,
07:09la dimension raciale est explicite et on comprend très bien que « planter du blanc »
07:14ou « bande de guerre », donc « bande de blancs »,
07:16si on avait eu l'équivalent de « il faut planter du noir » et « bande de noirs »,
07:19tout le monde aurait crié au scandale.
07:21Mais là, puisque ça vise des blancs, depuis un an, un peu plus d'un an,
07:25il y a un récit médiatique qui est là pour rétouffer ce qui s'est passé.
07:28Mais on l'a tous vu, on en est tous conscients.
07:30Alors, qu'est-ce qui se passe depuis un an?
07:32Eh bien, on a cherché à transformer, à faire diversifier Crépole.
07:35On en parlait cette semaine. On disait que le vrai scandale,
07:37c'était les militants identitaires à Romand-Sourisère.
07:40On disait que le vrai scandale était ailleurs. Crépole n'en était pas un.
07:43Et Thomas était peut-être même un peu coupable de ce qui lui était arrivé.
07:46Qu'est-ce qui arrive cette semaine?
07:47Remonte à la surface cette part du réel qu'on ne peut pas toujours étouffer.
07:51Tu sais, le réel, on peut le laisser de côté, on peut tout dire, il n'existe pas.
07:54Non, il n'existe pas, mais il s'entête, il revient.
07:57Et qu'est-ce qu'on fait? On le nomme.
07:59Et là, qu'est-ce qu'on voit cette semaine?
08:00La dimension du racisme anti-blanc est inévitable.
08:03Elle est devant nous. Eh bien, qu'est-ce qu'on fait?
08:05On explique qu'en fait, c'est un détail, il ne compte pas.
08:08C'est le point de détail, en fait, de l'histoire de Crépole.
08:11Et si vous le mentionnez, c'est que vous faites le jeu, on l'a vu,
08:14de l'extrême droite, c'est ce qu'on a vu sur le service public.
08:16On dit, en fait, le concept de racisme anti-blanc,
08:18donc dire des insultes anti-blanche, oui, c'est vrai.
08:22Détester les Blancs, peut-être.
08:24Avoir des motifs anti-blancs quand on poignarde, OK.
08:27Mais le racisme anti-blanc est un concept d'extrême droite
08:29qu'on ne peut mentionner, parce que si on le mentionne,
08:32on bascule dans l'univers, on fait le jeu de l'extrême droite,
08:34comme on dit. Donc, qu'est-ce qu'on a vu?
08:36Avec un grand mépris de la part des journalistes
08:38qui prétendent nous éclairer sur le réel,
08:40ils nous ont dit, vous pouvez voir, vous voyez ce que vous voyez,
08:42mais il vous est interdit de le mentionner,
08:44de le conceptualiser, de le décrire,
08:47parce qu'alors vous devenez des ennemis de la démocratie.
08:50C'est pas la première fois que, pour sauver le mythe
08:52de la diversité heureuse, on décide d'occulter le réel
08:55au lieu de le nier.
08:57Telford, on en a déjà parlé ici, parce que c'est pas que français, ça.
09:00Les Français, je pense, doivent s'enlever de la tête
09:02l'idée qu'il n'y a qu'en France que ce système se déploie.
09:04À Telford, en Grande-Bretagne, on l'a vu,
09:06et sur plusieurs villes, sur plusieurs années,
09:08on a quand même organisé un système de dissimulation du réel
09:11pour que ne se dévoilent pas publiquement
09:14les viols organisés des gangs pakistanais
09:18sur les jeunes filles blanches issues de la classe ouvrière britannique.
09:21Ça, on ne voulait pas le mentionner
09:23parce que si on le mentionnait, ça voulait dire
09:25que tout le système multiculturel dont on chantait les louanges
09:27s'effondrait devant nous.
09:29La diversité est une richesse, c'est la seule vérité
09:31qu'on doit révéler, répéter, répéter, répéter
09:33sur le mode du slogan, même si ce n'est pas une vérité toujours.
09:36Et on voit quand, on avait parlé ici de Tommy Robinson,
09:39on n'en parle pas beaucoup ailleurs,
09:40qui avait cherché à dévoiler cette réalité,
09:42et bien il est derrière les barreaux.
09:44Il est derrière les barreaux, donc on s'arrange pour faire taire
09:46ceux qui disent on va quand même parler de la réalité que vous occultez.
09:49Et Cologne en 2015, rappelez-vous, les premiers temps,
09:52les viols, en fait les agressions sexuelles massives de migrants,
09:55on avait tout fait pour ne pas en parler.
09:57Parce qu'encore une fois, il ne fallait pas remettre en question
09:59l'arrivée massive des migrants en 2015,
10:01rappelez-vous, les réfugiés, c'est rien.
10:03L'acte d'été d'Éric maintenant.
10:05Déjà, on sait tous depuis longtemps
10:08que c'est une fable enchantée que celle des mineurs isolés.
10:11Alors on a bien compris que les mineurs isolés
10:13ne sont pas mineurs et pas isolés, tout le monde l'a dit.
10:15Pas tous, évidemment,
10:17mais c'est vrai que c'est quand même un phénomène majeur.
10:19Dans le cas très particulier de la gaieté lyrique,
10:21même les autorités et même ceux qui les défendent
10:23reconnaissent que ce ne sont pas des mineurs, pour la plupart.
10:26Donc là, quand c'est rendu que même les associations
10:28pseudo pro-migrantes reconnaissent que ce ne sont pas des mineurs,
10:30c'est qu'on est rendu très loin.
10:32Il y a quand même des limites à prendre un homme de 48 ans
10:34pour un mineur de 14 ans.
10:36Il faut beaucoup d'imagination, même la gauche quelquefois
10:38était à mentir.
10:40Et bien là, qu'est-ce qu'on voit?
10:42La classe politique et les médias, une bonne partie,
10:44continuent de dire que ce sont des mineurs.
10:46Ce sont des personnes, toujours, qui luttent contre la désinformation,
10:48qui dénoncent les fake news,
10:50produisent des fake news dont ils ont besoin
10:52et les répètent parce que ça serve leur récit.
10:54Cette fois, il faut accommoder cette diversité miséreuse
10:56qui réclame sa place en France.
10:58Je donne quelques autres mensonges
11:00qui traînent dans le débat public
11:02et auxquels on les entend tous les jours
11:04et ça rend fou.
11:06Il n'y a pas de lien entre les sécurités et l'immigration.
11:08On le connaît. L'immigration massive n'existe pas.
11:10L'islam n'a rien à voir avec l'islamisme.
11:12Un homme peut accoucher.
11:14Vous pouvez boire votre café assis,
11:16mais pas debout.
11:18Ou l'inverse.
11:20On a cette impression.
11:22On sait que tout ça est globalement faux.
11:24Tout ça relève d'un mensonge répété.
11:26Mais qu'est-ce qu'on fait devant ça?
11:28On a l'impression que le cerveau s'annule,
11:30s'effondre en quelque sorte
11:32parce que le mensonge nous écrase.
11:34On sait qu'il y a un prix à payer si on décide de s'y opposer.
11:36Vous parlez d'une société du mensonge.
11:38Comment y résister?
11:40D'abord, savoir que ce n'est pas un pur fantasme
11:42d'intellectuel conservateur.
11:44Qu'est-ce qui se passe si on décide
11:46d'entrer en dissidence avec le régime?
11:48La mort sociale, très souvent.
11:50Soit les carrières brisées,
11:52soit les carrières impossibles.
11:54Ne nous trompons pas, plus vous évoluez
11:56dans les sphères supérieures de la société,
11:58plus le prix à payer sera très élevé.
12:00La ruine financière, les poursuites,
12:02les campagnes de diffamation,
12:04les agressions physiques, rien d'agréable.
12:06Alors, qu'est-ce qu'on peut faire devant ça?
12:08Je pense qu'il y a presque une éthique citoyenne
12:10dans le langage. Il faut questionner
12:12les mots qui s'imposent à nous.
12:14Il faudrait presque un dictionnaire de la 9 langues.
12:16Pour chaque fois qu'on sent qu'on nous ment au visage,
12:18questionner les mots du mensonge,
12:20quelques fois.
12:22Quand quelqu'un dit « extrême droite »,
12:24qu'est-ce que vous entendez par là?
12:26Qu'est-ce que vous entendez par « extrême droite »?
12:28Récupération. Qu'est-ce que vous entendez par là?
12:30La diversité est une richesse et l'ouverture à l'autre.
12:32Qu'est-ce que vous entendez par là?
12:34Vous transgressez les valeurs de la République.
12:36Qu'entendez-vous par les valeurs de la République?
12:38Le droit. Qu'est-ce que vous entendez par là?
12:40Les engagements internationaux de la France.
12:42Qu'entendez-vous par là? Les mineurs isolés.
12:44Qu'entendez-vous par là? Les associations humanitaires.
12:46Et ainsi de suite. Donc on ne doit pas accepter
12:48le vocabulaire imposé,
12:50qui est un vocabulaire qui matraque,
12:52qui vise finalement à bétonner nos esprits,
12:54à bétonner nos consciences,
12:56pour nous empêcher de réfléchir par nous-mêmes.
12:58Évidemment, l'envers de ça, et ça c'est toujours le risque,
13:00il ne faut pas s'enfermer dans un monde parallèle.
13:02Ça c'est toujours le grand risque quand on est en dissidence
13:04dans une société. On peut s'enfermer dans un monde parallèle
13:06en disant que tout est faux finalement.
13:08Non. Il faut exercer son esprit critique.
13:10Parce qu'il y a une chose qui me semble assez importante
13:12là-dedans, c'est que si on n'exerce pas son esprit critique,
13:14on développe des réflexes vraiment dépressifs.
13:16À la fois comme individu et comme société.
13:18Le sentiment que plus rien n'est possible,
13:20qu'on ne peut pas faire bouger les choses,
13:22qu'on ne peut pas bouger,
13:24et tout ce qu'il nous reste alors, où nous n'avons qu'un seul droit,
13:26c'est de fuir. Fuir. Ça on vous l'accorde,
13:28mais encore là vous pouvez fuir jusqu'à Crépole,
13:30on vous rattrapera.
13:32Vous parlez plutôt des dissidents, Mathieu Bocote.
13:34Est-ce que le régime totalitaire ne devrait-il pas être réservé au régime totalitaire ?
13:36Alors, vous savez, j'ai écrit
13:38le totalitarisme sans le goulag,
13:40j'entends d'un par là que l'esprit du totalitarisme
13:42peut se déployer même sans ses formes
13:44historiques connues.
13:46Les camps, la police politique, et ainsi de suite.
13:48Qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui en fait ?
13:50C'est le rapport à la vérité.
13:52Dans une idéologie totalitaire,
13:54pas un régime totalitaire, vous avez tout à fait raison de le dire,
13:56est vrai ce qui est conforme à la doctrine,
13:58au dogme, à l'orthodoxie,
14:00est faux ce qui est contraire à l'orthodoxie.
14:02Donc tout ce qui vient renforcer le récit
14:04de la diversité est une richesse, la diversité est une richesse,
14:06c'est vrai. Tout ce qui le contredit,
14:08c'est faux. Ou alors si on le mentionne,
14:10ce n'est qu'un fait divers, ou alors si vous en parlez
14:12à tout prix, vous devenez radioactif
14:14parce que vous jetez de l'huile sur le feu,
14:16mais de quel feu parle-t-on, demandait Charlotte hier.
14:18La vraie question, je pense, c'est aujourd'hui
14:20celle des libertés publiques. On sous-estime
14:22à quel point, si on est encore formellement en démocratie,
14:24nous avons perdu l'esprit
14:26de la liberté intellectuelle, nous avons perdu
14:28la liberté de ne pas
14:30consentir à toutes les fadaises qu'on nous raconte,
14:32et le drame dans tout ça, c'est que
14:34quand on vit dans une société où on doit répéter toujours
14:36des slogans pour évoluer, mais au fond de soi-même
14:38on sait que c'est faux, c'est la dissociation.
14:40La dissociation, vous évoluez publiquement
14:42dans un discours, en privé dans un autre,
14:44vos mécanismes vitaux se brisent,
14:46c'est vrai pour une société qui ne sait plus comment survivre
14:48dans tout cela, et c'est vrai aussi pour les individus
14:50qui quelquefois s'écartèlent jusqu'à la folie
14:52parce qu'ils ont l'impression de vivre
14:54dans un monde qui leur explique qu'ils sont fous à temps plein,
14:56alors que dans la réalité des choses,
14:58ils ont bien compris la réalité du monde.
15:00Exceptionnelle chronique, Mathieu Bocoté.
15:02Michel Maffesoli, j'aimerais bien
15:04vous entendre peut-être juste quelques instants,
15:06parce que vous dites qu'il y a
15:08des époques qui durent 4-5 siècles,
15:10qu'il y a des périodes qui durent
15:12quelques décennies, nous sommes à la fin
15:14d'une période, donc je résume,
15:16parce que comme vous n'avez pas beaucoup de temps ce soir,
15:18je résume un petit peu pour qu'on puisse aller droit au but.
15:20Quel est votre regard
15:22sur les vérités ? Lorsque j'entends Mathieu Bocoté
15:24sur la fabrique du mensonge,
15:26ce mensonge que l'on voit, que l'on constate
15:28par rapport à la vérité,
15:30vous dites qu'il y a plusieurs vérités aujourd'hui,
15:32et vous dites que c'est,
15:34comment dirais-je, la manifestation même
15:36de la déconnexion du peuple et des élites.
15:38Tout à fait.
15:40Quand j'ai écrit ma thèse d'État,
15:42c'était en 1978,
15:44je rendais attentive au fait qu'il allait avoir
15:46un totalitarisme, je disais un peu bêtement,
15:48doux.
15:50Et ce totalitarisme doux, c'est quand il y a ce décalage,
15:52nous en parlerons par rapport au peuple,
15:54entre le peuple et essentiellement les élites.
15:56On est en train de vivre, permettez-moi,
15:58vous avez dit que je suis professeur,
16:00donc je vais dire un mot en latin,
16:02on est en train de vivre une translation empirique,
16:04une translation d'empire.
16:06Et à ce moment-là, il faut faire
16:08une transition, translation
16:10study, c'est-à-dire une autre manière de penser.
16:12Ce n'est pas le cas.
16:14Actuellement, il y a un désaccord entre,
16:16d'une certaine manière, ces élites
16:18qui continuent à rester sur ces vieilles
16:20valeurs et qui ne comprennent pas
16:22ce qui est en gestation.
16:24Les exemples que vient de donner
16:26Mathieu Bancoté illustrent, en quelque sorte,
16:28cet espèce de grand désaccord
16:30entre, encore une fois, quelque chose
16:32qui fait que, d'une certaine manière,
16:34il y a une vérité officielle
16:36et puis des petites vérités plurielles.
16:38Mais voyez-vous, par rapport à ce que vous indiquiez
16:40tout à l'heure, il ne faut pas avoir peur
16:42de ça. Moi, ma règle
16:44et la seule loi que j'ai formulée
16:46en sociologie, c'est de dire que
16:48l'anomique d'aujourd'hui est le
16:50canonique de demain. Il ne faut pas avoir
16:52peur, en quelque sorte, d'être anomique,
16:54d'être hors la loi par rapport à la
16:56loi officielle, puisque c'est cela qui va faire
16:58que demain, c'est ces vérités-là
17:00qui vont ressurgir.
17:02La peur n'empêche pas le courage.
17:04Aristote avait une très belle formule
17:06au début, quand il montre la pensée
17:08par rapport à la doxa.
17:10Il dit qu'il faut savoir poser des questions.
17:12C'est ce que vous avez dit, cher ami.
17:14Savoir poser des questions, c'est ça la vraie
17:16disputation. C'est ça, véritablement,
17:18qui manque, d'une certaine manière,
17:20dans la classe officielle, je dirais,
17:22dans la déconnexion. Mais ce n'est pas bien
17:24grave, ça.
17:25Dans un instant, on va parler du peuple.
17:27Vous dites que les élites sont restées sur un ancien
17:29modèle individualisme, rationalisme,
17:31progressisme et progressisme. On en parlera
17:33dans un instant. Mathieu Bocoté, on marque
17:35une pause. On revient tout de suite avec le sujet
17:37de Gabriel Cluzel. Pourquoi
17:395 000 classes vont fermer
17:41à la rentrée prochaine au sein de l'école
17:43publique ? A tout de suite.
17:48La carte scolaire
17:50pour la rentrée 2025 prévoit
17:525 000 fermetures de
17:54classes et 470
17:56suppressions de postes dans
17:58le primaire. Les syndicats d'enseignants
18:00sont vents debout, les parents
18:02ne sont pas contents, les maires de France
18:04réunis dans l'AMF non plus.
18:06Question de Gabriel Cluzel. Cette
18:08fermeture des écoles est-elle
18:10inexorable ? Alors déjà, on peut dire
18:12que cette fermeture d'écoles est très triste
18:14et notamment à la campagne, parce qu'une école,
18:16le cœur battant du village, donc quand l'école
18:18ferme, eh bien les
18:20familles s'en vont. Alors je veux citer
18:22en Dordogne, ces jours derniers,
18:24il y a eu des mobilisations de parents
18:26furieux de voir leur école disparaître.
18:28Alors à Pérignac, à Saint-Pierre-des-Ros, à
18:30Baussac, à Terrasson, il y en a sûrement à
18:32ailleurs, mais ce soir je voulais rendre hommage à la Dordogne.
18:34Alors vous connaissez la chanson des oubliés,
18:36moi je la trouve très belle, de Govincer.
18:40Voilà.
18:46...
18:50Je rigole.
18:58Mais attendez le meilleur à venir.
19:04On est les oubliés,
19:06la campagne l'est paumée,
19:08elle est trop loin de Paris,
19:12le cadet de leurs soucis.
19:14Voilà, et il rajoute à la fin qu'il est triste
19:16le patelin avec tous ses ronds-points, vous savez que les ronds-points
19:18c'est la folie des petites villes, ça pourrait faire un sujet
19:20d'édito en soi, qui font tourner
19:22les têtes, qu'il est triste le préau sans
19:24les cris des marmots. Et ça ressemble, vous savez,
19:26à la dernière classe d'Alphonse Daudet,
19:28c'était après la défaite de 70,
19:30cette dernière classe, ben là c'est une autre défaite,
19:32c'est vraiment une défaite française,
19:34la défaite de l'éducation nationale.
19:36Mais ces fermetures
19:38ne concernent pas que la campagne,
19:40il y a aussi dans les grandes villes.
19:42Bien sûr, ces fermetures concernent aussi
19:44les grandes villes et notamment Paris,
19:46110 des suppressions de postes concernent la capitale.
19:48Donc on peut
19:50constater que les élus écolos,
19:52gauchos, ont eu raison de tout ce qu'ils détestaient,
19:54les voitures,
19:56la famille, parce que je mets au défi
19:58une mère de trois enfants de
20:00mettre ses trois marmots pour reprendre l'expression
20:02de Gauvin Serre sur une trottinette,
20:04et puis les églises,
20:06on attende qu'elles s'effondrent gentiment,
20:08puisqu'on préfère donner, vous savez,
20:10une enveloppe de 100 000 euros en 2025
20:12aux artistes de hip-hop.
20:14Donc à la fin, la boucle sera
20:16bouclée. Alors, à la grande
20:18des syndicats de profs, Elisabeth Borne a répondu
20:20c'est un problème démographique, il y a une baisse
20:22démographique, donc on réduit
20:24les moyens. Et là aussi, on a envie de dire
20:26à tous ces syndicats qui sont
20:28dans la rue,
20:30la pensée
20:32malthusienne et déclinante
20:34visant à dissuader les gens d'avoir des enfants,
20:36à la fin ça mène à ça,
20:38on ferme les écoles, et rajoutons
20:40que pour les retraites, c'est
20:42la même chose, c'est-à-dire qu'on ne peut pas
20:44demander à corps et à cri la retraite
20:46par répartition, et en même temps
20:48dire qu'il faut que les gens n'aient plus d'enfants
20:50parce que c'est pas bon pour la planète, ou parce que c'est pas
20:52bon pour la libération de la femme,
20:54que sais-je, parce qu'évidemment, les écoles
20:56vides d'aujourd'hui sont les non-cotisations
20:58de 2050.
21:00Alors, l'autre raison
21:02de cette désaffection
21:04de ces fermetures, c'est
21:06le déficit de confiance
21:08des parents dans l'école
21:10publique. Alors, ça avait été noté par un sondage
21:12européen en
21:14la rentrée dernière, qui réalait que 73%
21:16des Français estimaient que l'école
21:18qu'ils avaient connue s'était dégradée
21:20et qu'elle n'était plus du tout
21:22la même pour leurs enfants, et puis
21:24le classement PISA
21:26parle de lui-même.
21:28Donc, non seulement il n'y a plus beaucoup d'enfants, mais les
21:30quelques enfants qui restent sont
21:32dirigés pour
21:34beaucoup par le privé. En
21:3610 ans, les écoles de la ville de
21:38Paris ont perdu 30 000 élèves.
21:40Il faut quand même se rendre compte.
21:42Et on peut lire que dans la Croix, que pour la
21:44rentrée 2025, on prévoit
21:463 200 élèves en
21:48moins, et en revanche, du
21:50côté de l'enseignement
21:52catholique, plus de
21:54150 élèves supplémentaires étaient inscrits
21:56en septembre 2024.
21:58Sauf que vous savez que la gauche
22:00détient encore toutes les manettes, donc
22:02ne l'entend pas de cet oeil-là, c'est-à-dire que
22:04même s'il y a une forte demande
22:06pour les écoles privées, et que
22:08la demande est largement baisse
22:10pour les écoles publiques, et bien
22:12le rectorat a tout de même demandé le retrait
22:14de 45 emplois pour les établissements
22:16catholiques et 5 dans le
22:18privé non confessionnel.
22:20Et le groupe Communistes et Citoyens a même
22:22présenté un vœu pour demander que soient
22:24fermées 50 classes
22:26dans le privé, et que soient ouvertes 50
22:28classes dans le public. Alors c'est
22:30très bizarre, parce qu'ils n'essaient pas de comprendre pourquoi
22:32les parents fuient
22:34le public. Ils pourraient se dire
22:36on va se demander ce qu'offre le privé,
22:38c'est un peu comme les chaînes de télé, vous voyez, les chaînes publiques
22:40et les chaînes privées, si vous voyez ce que je veux dire.
22:42On ne se demande pas ce que les gens vont chercher
22:44dans le privé,
22:46on construit un mur de Berlin de l'éducation
22:48et on leur dit que c'est inutile de fuir vers
22:50le privé, puisqu'on fait en sorte
22:52que le privé ne puisse pas
22:54offrir de places suffisantes.
22:56Alors qu'en pensent les électeurs de Anne Hidalgo ?
22:58Mais le pire, c'est qu'ils fuient aussi
23:00l'école publique.
23:02Il faut le savoir, au moins
23:04au collège, ça c'était vrai
23:06il y a 10 ans, mais maintenant aussi
23:08dans le primaire. Alors moi je vous renvoie à un bouquin
23:10excellent qui a été
23:12publié il y a 10 ans, donc à l'époque c'était
23:14Delanoé, le maire, la journaliste, c'est une journaliste de parents,
23:16elle s'appelle Gaëlle Gernalek-Lévy,
23:18elle ne publiait jamais dans ce lycée.
23:20Et c'était une enquête,
23:22c'est presque amusant, mais c'est un peu triste,
23:24qui relatait les déchirements, les choix
23:26non-héliens de ces parents qui voyaient
23:28leurs idéaux se fracasser,
23:30leurs idéaux de vivre ensemble,
23:32de diversité heureuse,
23:34d'égalité partout,
23:36se fracasser sur
23:38la réalité du grand naufrage de
23:40l'éducation nationale.
23:42Et le directeur de la rédaction de l'étudiant qualifiait
23:44cela, à ce moment-là,
23:46de valse à trois temps,
23:48habilement mené. Il disait, les parents
23:50ils mettent en maternelle ou au début
23:52du primaire leurs enfants dans le public, ça coûte
23:54rien, puis au collège ça se
23:56corse vraiment, donc on les sort du
23:58public et on les met dans le privé,
24:00et puis on les remet dans le public
24:02juste avant ce qu'on appelle aujourd'hui
24:04parcoursup, puisque
24:06pour rentrer dans les meilleures écoles préparatoires
24:08publiques, il ne vaut mieux pas sortir
24:10du privé, il vaut mieux sortir du
24:12public. Donc vous voyez un peu
24:14le stratagème.
24:16Et elle raconte, c'est très intéressant, elle dit
24:18des parents souvent de gauche, voire membres de la FCPE,
24:20font tout pour contourner
24:22la carte scolaire au moment du secondaire, parce que
24:24l'on sait que le collège unile accueille
24:26tous les enfants, dont ceux qui ont
24:28accumulé du retard, qui ne savent ni lire ni écrire,
24:30ceux qui sont en rébellion contre le système
24:32scolaire, ceux qui basculeront dans la délinquance,
24:34ceux qui n'ont jamais appris la différence
24:36entre le bien et le mal et feront le barbare
24:38de demain. Donc c'était il y a dix ans,
24:40et vous imaginez bien que la situation
24:42ne s'est pas améliorée.
24:44Alors actuellement, que se passe-t-il ?
24:46Eh bien, la valse à trois temps, elle a
24:48un petit peu évolué, si vous me permettez
24:50d'en parler, c'est-à-dire qu'on
24:52commence dans le public, on est souvent déçus,
24:54alors je généralise, il y a des exceptions,
24:56entendons-nous bien, on passe dans
24:58le privé sous contrat, mais on peut
25:00être aussi déçu, parce que le privé sous
25:02contrat est très ficelé, comme son nom l'indique,
25:04par le contrat, en fait c'est le même vivier
25:06de professeur, donc on passe
25:08dans les écoles hors contrat,
25:10et il faut savoir
25:12qu'en 2024, à la rentrée, il n'y en a plus
25:14300 qui ont été ouvertes, et la
25:16Fondation pour l'école annonce
25:18aujourd'hui, pour la rentrée
25:20de 2025, 400 classes
25:22supplémentaires,
25:24et puis en plus, ce n'est pas inintéressant
25:26pour l'État, puisque les enfants
25:28du hors contrat ne coûtent rien,
25:30les enfants du privé sous contrat
25:32coûtent environ 6 000 euros
25:34par an, par élève, je parle à l'État,
25:36je ne dis pas qu'ils ne coûteraient rien à leurs parents, pardon,
25:38et pour le public,
25:4012 300 euros
25:42par an et par élève dans le public,
25:44donc vous voyez,
25:46ce refus
25:48de permettre aux privés
25:50sous contrat, mais aussi hors contrat,
25:52de s'épanouir pour l'État est incompréhensible.
25:54– Merci,
25:56c'est vrai que les chefs d'établissement, les enseignants,
25:58eux-mêmes mettent leurs enfants dans des écoles privées
26:00– Il y a une hypocrisie très forte.
26:02– Une hypocrisie très forte.
26:04Michel Maffesoli, une question, puisque vous êtes
26:06notre invité ce soir, pourquoi vous dites que
26:08l'éducation a fait son temps ?
26:10– Tout d'abord, moi, mes petits-enfants
26:12sont dans le privé, vous voyez, maintenant on a été obligés
26:14de les mettre dans le privé. – Et pourquoi ?
26:16– Pardon ? – Pourquoi on a été obligés
26:18de les mettre dans le privé ? Pour toutes les raisons
26:20qu'on a évoquées. – Voilà, toutes les raisons.
26:22– L'effondrement du public. – Si, bien évidemment.
26:24Non, mais le vrai problème, excusez-moi de vous dire ça,
26:26je sais bien que je vais vous embêter,
26:28mais toute espèce animale
26:30a un besoin de transmettre.
26:32La première forme
26:34de transmission, c'est l'éducation.
26:36Éducaré, on va tirer le petit-enfant
26:38qui est un barbare vers l'humanité,
26:40il est un sauvage,
26:42on va le civiliser. Rousseau,
26:44l'Émile de Rousseau décrit fort bien ça.
26:46En fonction de ce que vous avez dit
26:48tout à l'heure de mon dada théorique,
26:50changement d'époque, eh bien voilà,
26:52c'est fini l'éducation. Éducaré,
26:54on n'en a plus envie et on envoie
26:56les manifestations très concrètes,
26:58et tout cela a été dit tout à l'heure,
27:00et on pourrait en trouver des quantités d'exemples.
27:02À ce moment-là, il y a la seconde
27:04forme de transmission, qui est l'initiation.
27:06Et pour moi, c'est ce qui va
27:08se développer. L'éducation tire,
27:10l'éducation fait ressortir
27:12le trésor qu'il y a en tout un chacun.
27:14Voilà un peu ma réponse.
27:16– Mais qu'est-ce que vous entendez par l'initiation ?
27:18– L'initiation, c'est ce que je viens de dire,
27:20c'est-à-dire non pas imposer, non pas tirer,
27:22je fais esprit de l'étymologie, non pas tirer,
27:24mais au contraire, accepter ce qu'est
27:26un individu en matière d'un enfant
27:28et faire ressortir le trésor qu'il a.
27:30Voilà le changement de paradigme
27:32qui est en jeu. Je m'arrête.
27:34– Merci pour votre regard.
27:36C'est une conférence de presse exceptionnelle
27:38qui dénomme aujourd'hui
27:40la caisse d'assurance maladie
27:42où il a été révélé une fraude sociale
27:44marmenant plus importante
27:46que prévue.
27:48Que peut-on retenir ?
27:50– C'est quand même extraordinaire
27:52parce que beaucoup d'individus,
27:54je ne dirais pas de citoyens,
27:56concourent à cette escroquerie.
27:58Alors, il faut remarquer
28:00que la fraude au travail,
28:02donc les arrêts pour
28:04fausses maladies,
28:06c'est 42 millions d'arrêts,
28:08soit
28:10deux fois et demi
28:12de plus qu'en 2023.
28:14Les prestations sociales,
28:16c'est 628 millions
28:18de fraudes
28:20détectées et stoppées,
28:22plus 35%
28:24par rapport à l'année dernière,
28:26dont 263 millions
28:28d'euros
28:30qui ont été arrêtés en amont.
28:32C'est-à-dire qu'on s'est rendu compte
28:34qu'il y avait des fraudes payées
28:36et avant que ce soit versé
28:38à l'individu qui trichait,
28:40on a fait en sorte que les maraschis
28:42soient stoppés.
28:44Alors, est-ce que ça veut dire
28:46qu'il y a plus d'escrocs cette année
28:48que les années précédentes ?
28:50Que nenni mon ami, c'est tout simplement
28:52qu'on a plus de gens pour contrôler.
28:54Alors là encore, on a plus de gens
28:56pour contrôler, vous imaginez,
28:58nous sommes 70 millions,
29:00donc potentiellement 70 millions de personnes
29:02qui peuvent passer dans les structures médicales
29:04et on a en tout et pour tout
29:061 600 agents
29:08pour mener des enquêtes.
29:10160 de plus
29:12que l'année dernière.
29:14Et ça se traduit
29:16par cette distinction,
29:18ce repérage
29:20des fraudes telles qu'on vient de donner
29:22le chiffre global.
29:24Ce qui est très intéressant,
29:26on pourrait se dire, il y a le gars qui triche,
29:28il arrive devant le Toubib,
29:30il a l'air semblant d'être malade,
29:32l'autre qui, dans son recoin,
29:34joue avec son ordinateur et traficote
29:36une ordonnance. Mais non,
29:38c'est pas tout à fait ça.
29:4085%
29:42de ces sommes colossales
29:44sont dues à
29:46des...
29:48Professionnels de santé ?
29:50Non, non, des actes malveillants
29:52de professionnels
29:54de la santé. Par exemple,
29:56vous avez les pharmaciens.
29:58164 enquêtes
30:00concernant les pharmaciens.
30:02Ça a permis de
30:04sauver 12 millions
30:06d'euros détectés.
30:08Là, ça se traduit comment ?
30:10Eh bien, c'est la facturation
30:12de quantités supérieures
30:14de médicaments. C'est-à-dire que là
30:16où vous avez un tube, on vous en compte 3.
30:18Personne ne va aller vérifier.
30:20C'est également les médicaments
30:22ou dispositifs
30:24qui ne sont pas donnés.
30:26On vous met... Quand on vous a remis
30:28telle boîte, en réalité,
30:30elle est passée de travers. Eh bien, tout ça,
30:32on aboutit, dans ce qui a été détecté,
30:34à 12 millions
30:36d'euros. Après,
30:38vous avez une profession
30:40qui n'est pas véritablement médicale
30:42mais qui néanmoins a une forme
30:44de certification. Ce sont
30:46les audioprothésistes.
30:48C'est-à-dire ceux qui s'occupent
30:50quand vous avez un peu
30:52dehors de la feuille.
30:54Alors là, c'est terrifiant
30:56parce qu'il y a 43
30:58enquêtes et
31:00on détecte 10 millions
31:02de fraudes. C'est dû à quoi ?
31:04Eh bien, à de fausses
31:06certifications
31:08par rapport à vos difficultés
31:10auditives. Vous avez également
31:12tout un principe qui se fait pour essayer
31:14d'amorcer les gens
31:16sur les réseaux sociaux
31:18en leur disant, ben voilà,
31:20avec des...
31:22des points
31:24de repère qui sont
31:26aussi bien votre banque, la caisse
31:28maladie, etc.
31:30Vous avez l'impression que ça correspond. Vous répondez
31:32au message et ça
31:34permet d'amorcer le client
31:36et de là, eh bien,
31:38vous lui faites
31:40acheter un appareil
31:42soit qui n'arrivera jamais, soit
31:44qui n'est pas compatible
31:46avec son
31:48handicap. Après,
31:50vous avez les centres de santé.
31:52Il y a 2900
31:54centres de santé.
31:56Eh bien, 90 millions
31:58de fraudes détectées
32:00et stoppées en 2 ans.
32:02Vous vous rendez compte ? Les centres de santé.
32:04Et alors, que se passe-t-il ? Eh bien, là encore,
32:06ce sont des factures d'actes
32:08qui n'ont pas été réalisées.
32:10C'est-à-dire que le gars, il est là, il vous fait
32:12comme si vous aviez été et en réalité,
32:14ce n'est pas vrai. Après, il y a des fausses
32:16identités. Il y a le
32:18contrôle maintenant qui a été établi
32:20parce que vous avez des centres qui sont
32:22en réseau. Et alors,
32:24quand l'un de ces centres de santé
32:26est repéré, pof, il différait
32:28à l'un de ses membres
32:30la clientèle
32:32potentielle. Maintenant,
32:34si vous avez l'un des
32:36repères qui
32:38a été remarqué, aussitôt,
32:40c'est l'ensemble du réseau
32:42qui se trouve exclu. Et puis alors, vous avez
32:44les fraudes numériques. Ça, c'est la grande
32:46nouveauté. Et ça se répand de plus
32:48en plus avec le recrutement
32:50sur les réseaux sociaux,
32:52les usurpations d'identité.
32:54Là encore, on amorce, on fait
32:56croire aux gens qu'ils vont obtenir quelque
32:58chose. Et de tout cela, il y a
33:00une surfacturation. Mais il y a un
33:02domaine qui n'est pas évoqué et pour
33:04autant qui devrait être
33:06mis en compte, ce sont les effets
33:08iatrogènes. Les effets iatrogènes.
33:10J'ai cru que tu allais parler de la fraude à la carte vitale.
33:12Ah non, mais la fraude à la carte vitale, c'était une
33:14chose. Mais personne ne parle des effets iatrogènes.
33:16C'est-à-dire que les gens qui sont victimes...
33:18Il y a plusieurs
33:20milliers de gens qui sont victimes d'erreurs de diagnostic
33:22ou qui sont victimes
33:24des effets secondaires des médicaments.
33:26Tout ça, ça coûte très cher.
33:28Mais ce n'est pas dans les recherches telles
33:30qu'elles sont menées.
33:32Merci pour votre enquête, Marc Menand,
33:34et votre adaptation sur ce sujet.
33:36Pas si simple, hein ? Pas si simple. Merci.
33:38Tu mérites un cachet ?
33:40Deux, peut-être.
33:42Un petit goulot.
33:44On s'assied sur la générosité
33:46de l'État, en tout cas.
33:48Merci. Hier, Charlotte Dornelas,
33:50nous avons appris que Dominique
33:52Voynet a été nommé
33:54au sein du Haut
33:56Comité pour la transparence
33:58et l'information sur la sécurité
34:00nucléaire.
34:02Et c'est peu dire que la nouvelle a fait réagir.
34:04Oui, alors en effet, ça a été
34:06la stupeur et l'assidération
34:08chez beaucoup. Beaucoup ont cru que c'était une blague.
34:10On vérifie une fois, deux fois, trois fois.
34:12Eh bien, non.
34:14On m'a tiré au côté, notamment.
34:16Certains s'attardent sur
34:18le profil ouvertement anti-nucléaire
34:20de Dominique Voynet,
34:22alors que la majorité,
34:24puisqu'elle est nommée par la présidente de l'Assemblée nationale,
34:26alors que la majorité,
34:28qui n'est plus la majorité, mais le bloc central,
34:30on va dire, a fait volte-face
34:32sur le sujet du nucléaire,
34:34notamment en pointant les reculs dramatiques
34:36sur les terrains économiques,
34:38énergétiques, écologiques
34:40et sur la seule question, évidemment,
34:42de la souveraineté. Mais ce n'est pas grave.
34:44Dominique Voynet est nommée.
34:46Pour quelles raisons ?
34:48On ne sait pas très bien. Sa compétence est contestée
34:50jusqu'au sein
34:52de ce bloc central.
34:54Les services rendus, on ne sait pas très bien
34:56lesquels sur le sujet. Le fait d'avoir poursuivi
34:58son agenda anti-nucléaire
35:00ne fait pas d'elle quelqu'un de compétent
35:02pour aller gérer la
35:04transparence et l'information
35:06sur les risques nucléaires, ses amitiés peut-être.
35:08Enfin, la raison, on la cherche encore.
35:10On ne sait pas laquelle c'est
35:12et peut-être le plus simple serait-il
35:14de l'expliciter.
35:16Il y a dans ce comité des personnalités
35:18et des avis qui sont différents
35:20et c'est bien normal, surtout
35:22lorsque la position, notamment
35:24d'inquiétude vis-à-vis des risques du nucléaire
35:26existe dans la société française.
35:28Alors, cet argument est évidemment audible
35:30par principe.
35:32Sauf qu'à l'Assemblée nationale,
35:34nettement moins. Pourquoi est-ce que je dis ça ?
35:36Parce qu'évidemment, les postes ne sont pas comparables
35:38et les nominations non plus. Mais cette Assemblée
35:40précise, c'est largement accommodé
35:42de l'absence de députés RN, qui sont quand même
35:44126 élus par les Français
35:46dans le bureau de l'Assemblée nationale.
35:48Ça n'était pas la tradition, ça n'était pas comme ça
35:50que ça se passait jusqu'à maintenant.
35:52C'est donc la preuve indiscutable
35:54que ce n'est pas l'égal pris en compte
35:56de toutes les voix sur tous les sujets
35:58en fonction de leur poids populaire
36:00qui empêche de dormir à l'Assemblée nationale.
36:02Et ça non plus, l'argument est audible
36:04mais ça n'a pas fonctionné en toutes circonstances.
36:06Et c'est surtout que
36:08ce n'est pas tellement le fait que Dominique Voynet
36:10ait un avis différent qui est en cause,
36:12c'est surtout son acharnement
36:14et les méthodes qu'elle a utilisées
36:16pour défendre cet avis
36:18qui interroge, en tout cas qui
36:20suscite l'indignation après cette nomination.
36:22Alors, quelle méthode ? C'est-à-dire
36:24qu'est-ce qui est reproché, en fait,
36:26à Dominique Voynet
36:28dans sa manière de faire ?
36:30D'abord, beaucoup sont insurgés
36:32du RN à David Lissner, en passant par
36:34plusieurs spécialistes. Beaucoup ont pointé
36:36son acharnement contre le nucléaire.
36:38Mais jusqu'au sein du Bloc central,
36:40on a deux parlementaires, anciens responsables
36:42de la commission d'enquête parlementaire
36:44sur la souveraineté énergétique
36:46qui ont auditionné Dominique Voynet.
36:48Parmi ces deux parlementaires,
36:50on a l'ancien ministre de l'économie
36:52du gouvernement Barnier, Antoine Arnault,
36:54qui ont protesté auprès de la présidente
36:56en demandant
36:58de revenir sur cette nomination.
37:00Il lui reproche, évidemment, son opposition
37:02totale et indiscutable. Sa volonté
37:04réitérée, disent-ils, de s'aborder
37:06le nucléaire français. Il précise
37:08qu'en décembre dernier, elle continuait
37:10à regretter de ne pas avoir
37:12s'abordé jusqu'au bout,
37:14on va dire, le nucléaire français.
37:16Mais également, ses lacunes techniques
37:18preuvent, pour eux,
37:20de son idéologie. Alors, il y a un exemple
37:22qui revient, qui s'est passé, en effet, devant cette
37:24commission. Elle y regrettait qu'il
37:26faille, je la cite, un quart des ressources planétaires
37:28d'un métal rare, qui s'appelle le nobrium,
37:30pour faire fonctionner des réacteurs nucléaires,
37:32sauf que le nobrium, en question,
37:34est un anxiolytique, donc ça ne fait pas
37:36fonctionner les réacteurs nucléaires.
37:38L'exemple avait été donné pour pointer
37:40une connaissance relative, en tout cas,
37:42dans le détail technique de l'affaire.
37:44Mais c'est surtout une vidéo
37:46qui est ancienne, qui a été ressortie
37:48à l'occasion des dernières législatives, déjà,
37:50qui est en cause et qui circule
37:52abondamment, évidemment, depuis hier.
37:54La députée, qui est donc ancienne
37:56ministre de l'Environnement, répète,
37:58à propos de cette vidéo, que
38:00les propos sont sortis du contexte.
38:02Elle dit que les propos ont été sortis du contexte.
38:04Et la presse, très largement,
38:06reprend cette défense sans tellement
38:08interroger, c'est-à-dire, quel était le contexte, pourquoi ?
38:10Parce que la vidéo, en l'occurrence,
38:12elle est longue, elle explique
38:14très bien quelle a été sa méthode,
38:16et le contexte ne change pas grand-chose
38:18à la méthode qu'elle revendique,
38:20en longueur, dans cette vidéo.
38:22Elle revendique, en l'occurrence, d'avoir menti
38:24au Premier ministre, qui était le sien,
38:26Lionel Jospin, en l'occurrence,
38:28pour faire progresser son agenda personnel
38:30sur le sujet, précisément, du nucléaire.
38:32Qu'apprend-on exactement dans cette
38:34vidéo qui s'oppose à sa nomination
38:36dans ce comité, au-delà
38:38de son opposition de fond ?
38:40Elle explique, dans le détail,
38:42qu'elle était anti-nucléaire
38:44et qu'elle était au sein d'un gouvernement,
38:46ministre de l'Environnement, d'un gouvernement qui était plutôt
38:48pro-nucléaire.
38:50Les pays européens, dans leur majorité,
38:52étaient anti-nucléaire, sauf la France
38:54et la Grande-Bretagne, mais les deux
38:56pays avaient un autre point commun,
38:58celui d'avoir un ministre chargé d'aller discuter
39:00de ces questions, anti-nucléaire.
39:02Les pays étaient pour, leurs ministres
39:04étaient contre. Dominique Voynet explique
39:06dans cette vidéo qu'elle allait à Bruxelles
39:08avec des pieds de plomb, parce qu'elle avait la mission
39:10de faire reconnaître le nucléaire
39:12comme une énergie propre. C'est notamment le contexte
39:14qui est discuté. On dit que ça n'a rien changé
39:16à la politique énergétique en France.
39:18En effet, ça n'était pas la discussion à Bruxelles,
39:20mais c'est encore une fois la méthode
39:22qui est contestée chez elle.
39:24Donc elle explique qu'elle y va avec des pieds de plomb,
39:26elle y arrive et elle met au point un plan
39:28avec son homologue britannique.
39:30Chacun fera croire à son Premier
39:32ministre que l'autre est sur le point de lâcher
39:34et elle précise que la France
39:36déteste plus que tout au monde
39:38être isolée sur la
39:40scène européenne.
39:42En l'occurrence, ni la Grande-Bretagne, ni la France
39:44ne sont isolées parce qu'elles sont d'accord.
39:46Les deux conviennent qu'ils vont dire à leur Premier ministre
39:48pour Dominique Voynet, la Grande-Bretagne
39:50est sur le point de lâcher pour son homologue britannique,
39:52la France est sur le point de lâcher
39:54et ainsi les Premiers ministres lâcheront
39:56à leur tour. C'est exactement ce qui se passe.
39:58Lionel Jospin ne veut pas que la France soit isolée
40:00et il demande donc à Dominique Voynet
40:02de lâcher le sujet
40:04et Dominique Voynet d'expliquer
40:06jusqu'au bout, quand je vous dis que c'est dans le détail,
40:08qu'elle a fait semblant d'être embêtée
40:10à son retour en France, faute
40:12de pouvoir dévoiler la stratégie.
40:14La stratégie, rappelle donc,
40:16revenons au début de notre chronique,
40:18le Haut Comité au sein duquel elle est nommée
40:20est une instance indépendante, je cite,
40:22alors indépendante c'est toujours le même sketch,
40:24indépendante de quoi ? On ne sait pas très bien, pas de l'idéologie
40:26des membres évidemment qui sont dedans, chargée
40:28de garantir et de promouvoir la transparence
40:30et l'information sur la sécurité
40:32du nucléaire. Alors,
40:34quelle est sa compétence en transparence
40:36sur le nucléaire, sachant qu'ils sont faits d'armes
40:38et celui-ci, de quelle information
40:40exactement et précisément
40:42peut-elle se vanter
40:44à ce moment-là, de quelle indépendance évidemment ?
40:46Alors on nous répond, oui mais c'est une personne
40:48sur de nombreux autres, certes,
40:50mais ça ne rend pas crédible ou justifiable,
40:52cette nomination en particulier,
40:54que récompense-t-on
40:56exactement par cette nomination à ce poste ?
40:58Et dans un pays qui défie la parole publique
41:00à ce point, nommer
41:02cette personne à ce poste sur le sujet
41:04du nucléaire, relève quand même du délire
41:06et certains ne s'empressent pas, alors ça c'était mon argument
41:08préféré de la journée,
41:10certains sont empressés de rassurer
41:12tout le monde, c'est une instance purement
41:14consultative, sans pouvoir d'action,
41:16et alors là on bascule dans le deuxième sujet, s'il est entendu
41:18pour tout le monde que ne vous inquiétez pas, ça sert
41:20pas à grand chose, peut-être peut-on directement
41:22interroger l'existence de
41:24ce haut comité,
41:26parce que les majuscules partout, vous savez c'est des hauts comités
41:28avec des majuscules partout, mais ça ne rend pas la chose
41:30beaucoup plus légitime apparemment,
41:32et alors là certains vous répondront, mais ça va, les budgets
41:34sont ridicules, quelques dizaines
41:36de milliers d'euros, je pense que beaucoup de gens en France
41:38sauraient quoi en faire, même dans le domaine
41:40public.
41:42Merci pour votre regard dans un instant
41:44Mathieu Bocoté, on va s'arrêter un peu sur
41:46l'universalisme, cette notion
41:48de l'universalisme, les études de
41:50Marc Wenger, on aime bien regarder un peu
41:52ses petits travaux, on va en parler dans un instant.
41:54D'abord Michel Maffesoli, vous êtes
41:56notre invité, je remontre
41:58votre livre, Apologie
42:00autobiographie
42:02intellectuelle, alors je rappelle que vous êtes
42:04professeur émérite à la Sorbonne, vous êtes membre de
42:06l'Institut universitaire de France,
42:08vous êtes l'auteur de nombreux ouvrages, celui-ci est
42:10le vôtre dernier, aux éditions du CERN,
42:12une autobiographie intellectuelle, vous racontez
42:14comment vous êtes devenu
42:16le grand sociologue de la post-
42:18si, si, le grand sociologue de la post-modernité,
42:20on peut le dire.
42:22Alors d'abord, ma première
42:24question, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps,
42:26on n'a pas une heure de débat,
42:28vous êtes spécialiste
42:30justement de cette déconnexion entre le peuple
42:32et les élites, et vous en parlez tout le temps.
42:34On parle tout le temps,
42:36nous, avec les mousquetaires ici,
42:38de cette déconnexion.
42:40Où est le peuple aujourd'hui ?
42:42Quelle est sa marge de manœuvre ?
42:44Où est-il, comment dirais-je,
42:46cantonné ? Peut-il encore
42:48exister ? Peut-il encore parler ?
42:50Peut-on encore l'entendre ? Trop de questions.
42:52Beaucoup de questions.
42:54Écoutez, vous avez
42:56dit tout à l'heure que j'avais insisté sur ce
42:58changement d'époque que nous vivons.
43:00En France, c'est difficile d'imposer cela.
43:02La France a inventé la modernité
43:04et a très peur de reconnaître que
43:06quelque chose s'achève. Cette modernité.
43:08Et que donc, je suis de ceux qui
43:10rendent attentive au fait, dans le sens simple du
43:12terme, qu'il y a une
43:14post-modernité qui est en jeu.
43:16Quand il y a un tel décalage,
43:18comment dire cela ? Les élites,
43:20ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire,
43:22journalistes, politiques,
43:24on disait avant intellectuels,
43:26maintenant on dit experts, restent sur
43:28les valeurs qui sont en train de s'achever.
43:30On pourrait en parler
43:32et en particulier, le mot
43:34démocrate ou démocratie en est un bon
43:36exemple. Et ils ne sont pas
43:38en accord avec ce qui est en gestation
43:40actuellement, le peuple.
43:42Et cela a été dit, un sociologue
43:44comme Pareto a rappelé qu'il y avait
43:46régulièrement, chaque trois siècles, une
43:48circulation des élites.
43:50Il parle encore des cimetières, des aristocraties.
43:52Pour moi, c'est cela le vrai problème.
43:54C'est-à-dire qu'il y a ce décalage
43:56qui n'est pas reconnu entre, d'une
43:58part, une élite ou des élites
44:00qui sont défasées
44:02et puis la base, le peuple
44:04qui est là, voyez,
44:06qui est le fondement même de toute vie,
44:08de tout être ensemble. Le peuple a-t-il un avenir ?
44:10Pardon ? Le peuple a-t-il un avenir ?
44:12Je le pense. Vous savez, moi je suis
44:14un lecteur de saint Thomas d'Aquin dans la
44:16Somme théologique. Il montre
44:18une... Permettez-moi de dire encore
44:20cette phrase, elle est splendide.
44:22Omnipotestas adeum
44:24per populum. Tout le pouvoir
44:26à Dieu par le peuple.
44:28Et par après, il dit, quand il n'y a
44:30plus ce rapport
44:32entre le pouvoir et le peuple, il y a
44:34des insurrections. Il emploie le mot.
44:36Et pour moi, c'est un peu ce qui est en jeu
44:38actuellement. C'est-à-dire que
44:40vont se développer toute une série
44:42d'insurrections.
44:44J'ai écrit un de mes livres antérieurement
44:46qui s'appelait l'ère des soulèvements.
44:48Et cette ère des soulèvements, il est en jeu actuellement.
44:50Ce n'est plus les révolutions. On l'a vu avec les sous-vigiles
44:52les jeunes, par exemple. Par exemple,
44:54on voit de la liberté.
44:56Les diverses manifestations qui se font
44:58concernant
45:00les retraites, etc.
45:02Et les grands rassemblements juvéniles,
45:04pour moi, c'est des formes d'insurrection.
45:06Encore une fois, pas de révolution, mais
45:08quelque chose qui fait que, tout d'un coup,
45:10il y en a assez. Voilà, c'est tout.
45:12Il y a ce désaccord entre des élites
45:14qui... Voyez, qu'est-ce que ça veut dire le mot
45:16démocratie ?
45:18C'est le pouvoir du peuple.
45:20Et en fait, ces élites sont très peu démophiles
45:22et ils sont surtout démophobes.
45:24Et donc, du coup, ils vont parler
45:26de populisme, dès que le peuple
45:28se révolte. Or, il se trouve, voyez-vous,
45:30on le voit en de nombreux pays, et la France n'est pas
45:32indemne, que ce
45:34peuple commence à se
45:36remanifester. Les multiples
45:38élections sont là
45:40en divers pays, je dis bien. Voilà un peu
45:42ma réponse. Je ne sais pas si c'est une réponse.
45:44Très claire. Non, très, très claire.
45:46Vous dites aussi qu'il y a eu l'époque des droits
45:48et qu'aujourd'hui, on est à l'époque des devoirs.
45:50Ça m'intéresse aussi, quand vous dites ça.
45:52C'est pas moi qui ai dit ça. C'est cette
45:54philosophe, j'entends la grande Simone Veil,
45:56la philosophe, dans son livre sur
45:58l'enracinement, qui montre que
46:00dans le fond, ce qui a prévalu
46:02les droits de l'homme,
46:04l'universalisme, les lumières,
46:06etc.,
46:08reposait essentiellement sur cette idée
46:10de droit. Et, pour tout
46:12vous avouer, moi je considère que la fine
46:14pointe de ces droits de l'homme,
46:16de l'homisme, c'est le hoquisme actuel.
46:18Et à l'opposé de cela, Simone Veil
46:20montre qu'il y a avant tout le terme
46:22qu'elle emploie des obligations,
46:24des devoirs. Pour moi, ce qui est
46:26en jeu actuellement, c'est autant la modernité
46:28a vécu sur l'idée de droit,
46:30machin chose, de droit diversifiant,
46:32est en train de revenir à quelque chose qui est beaucoup plus traditionnel,
46:34qui sont les devoirs, les
46:36obligations, disons-le tout simplement,
46:38les lois naturelles. Voilà un peu,
46:40si vous voulez, ce changement qui est en train
46:42de s'opérer, en mon sens, et
46:44en particulier, c'est paradoxal.
46:46Autant cette élite reste sur
46:48les grandes valeurs modernes, individualisme,
46:50rationalisme, progressisme,
46:52c'est le trépied.
46:54Autant les jeunes générations sont
46:56beaucoup plus attentives, encore une
46:58fois, à ces obligations. Mais vous dites
47:00qu'il y a justement une sorte d'élite alternative
47:02qui est en train de naître, c'est qui ? Je le pense, je ne peux pas dire
47:04ce qu'elle sera, cette élite, je ne suis pas prophète
47:06en la matière, mais ainsi que je disais
47:08tout à l'heure, oui, il y a un
47:10vitalisme et une vitalité qui
47:12fait que, tout en ne se
47:14reconnaissant plus dans les droits de l'homisme,
47:16il y a ce retour à la tradition.
47:18C'est la tradition qui est importante.
47:20Et sous ces formes, le sacré,
47:22la religion, sous ces diverses
47:24modulations, c'est des obligations.
47:26Retournons à cette idée simple, les lois
47:28naturelles. Alors vous parlez aussi de
47:30progressisme benêt, avant,
47:32et au progressisme destructeur, on en parlera avec
47:34Mathieu dans un instant, on parlera de
47:36l'universalisme. Une question
47:38par rapport à votre livre qui rappelle
47:40qui rappelle
47:42contre la bien-pensance envahissante,
47:44l'importance de la liberté de l'esprit,
47:46en se rappelant Descartes,
47:48vous le citez souvent, qui rappelle qu'il faut
47:50tout le temps douter, savoir se poser des
47:52questions, c'est ce que vous soulignez encore dans le livre.
47:54C'est ce qu'on souligne aussi tous les soirs,
47:56nos dents face à l'info. Vous avez raison,
47:58je vous ai dit tout à l'heure qu'il s'agit
48:00de savoir poser des questions,
48:02et que c'était la perspective d'Aristote.
48:04La formule grecque est très
48:06intéressante, kalos apoyor estai,
48:08il posait bellement des questions.
48:10C'est ça qui faisait la différence entre la doxa
48:12et puis pour lui la philosophie.
48:14Et actuellement, vous le savez,
48:16il y a actuellement une bien-pensance dominante.
48:18J'ai occupé
48:20la chaire de Durkheim pendant 35 ans
48:22à la Sorbonne, et Durkheim parlait du conformisme
48:24logique, c'est-à-dire que
48:26on ne parle plus, on est parlé
48:28d'une certaine manière, on ne peut que répéter
48:30ce que l'on doit dire.
48:32Lévi-Strauss parlait d'effet de structure,
48:34c'était quelque chose de cet ordre, un peu insympathique.
48:36Voilà, c'est tout. Mais en même temps,
48:38je vous ai dit depuis tout à l'heure,
48:40deux ou trois fois,
48:42quand on est vieux on se répète, il faut m'excuser,
48:44mais disons qu'une certaine manière...
48:46C'est l'apprentissage pour nous.
48:48Il y a quelque chose qui fait que
48:50autant cette doxa intellectuelle,
48:52ce terrorisme intellectuel
48:54est réel, il est là,
48:56autant moi je suis frappé de voir que
48:58sur les réseaux sociaux, il y a des changements.
49:00Vous voyez, si je puis me permettre,
49:02la cyberculture et les réseaux sociaux,
49:04pour moi c'est la communion des saints post-modernes.
49:06C'est-à-dire quelque chose qui fait que
49:08il y a des liaisons en pointillés
49:10qui sont en train de se créer,
49:12des petites tribus, puisque vous savez
49:14que c'est mon dada, les tribus théologiques.
49:16Bien qu'il y a ces petites tribus,
49:18et internet aidant,
49:20là il y a des relations qui se font.
49:22Et pour moi c'est ça qui est alternatif,
49:24c'est ça qui fait que ce vitalisme me fait dire
49:26que tout n'est pas perdu.
49:28Là, chez Lévi-Strauss, il n'y a pas lieu
49:30d'être obsédé par ça.
49:32Vous parlez de terrorisme intellectuel,
49:34vous pensez à la gauche dans les universités ?
49:36À la quoi ?
49:38Vous pensez à la gauche dans les universités
49:40lorsque vous parlez de terrorisme intellectuel ?
49:42Oui, vous savez, vous avez dit d'autres fois
49:44que j'étais sociologue, je ne suis pas sociologue,
49:46je suis un renifleur, à vrai dire, tout simplement.
49:48Mais mes chers collègues,
49:50quand on disait sociologue, on disait de gauche.
49:52Moi ce n'était pas ça.
49:54Je vous ai dit, vous m'avez reproché,
49:56neutralité axiologique.
49:58Je ne dis pas ce que doit être le monde,
50:00mais ce qu'il est.
50:02Après, en fonction de là où l'on est,
50:04on doit réagir.
50:06Comment agir ?
50:08À politique,
50:10de divers ordres, etc.
50:12Mais oui, il y avait cette espèce
50:14d'équivalence qui encore existe.
50:16De fait, il y a une dégénérescence
50:18de l'université,
50:20je le regrette beaucoup,
50:22et en particulier cette espèce de conformisme
50:24de gauche, sociologue de gauche.
50:26C'est un pléonasme.
50:28Mathieu Bocoté,
50:30vous avez envie de poser une question ?
50:32Je dis Mathieu Jean-Yann Marc.
50:34Vous dites la sociologie de gauche,
50:36trop souvent, mais la sociologie n'est pas née à gauche,
50:38si je peux me permettre.
50:40Si on pense à Max Weber, par exemple,
50:42si on pense à Pareto, la sociologie,
50:44ce n'était pas au moment du conformisme néomarxiste.
50:46Max Weber, comme vous le citez tout le temps.
50:48Quand je suis rentré à l'université,
50:50la génération,
50:52celle qui m'a formé,
50:54Gilbert Durand, Julien Freund,
50:56Balandier, ne se reconnaissaient pas
50:58dans le pléonasme que je viens de dire.
51:00Il y avait une liberté d'esprit.
51:02Mais le problème, c'est qu'à certains moments,
51:04il y a un affaiblissement de la pensée.
51:06C'est ce que je dis.
51:08Il y a ce décalage. Rappelez ce que je dis tout à l'heure.
51:10Translations studies.
51:12Une translation d'études.
51:14Elle n'est pas faite par les sociologues actuellement.
51:16Je le regrette.
51:18J'ai aimé mon université,
51:20mais actuellement, je vois que ce n'est plus là.
51:22Sinon que,
51:24je maintiens encore
51:26pour tous ces jeunes qui viennent me voir,
51:28ayant lu tel ou tel de mes livres.
51:30Internet et Dengue me font des messages.
51:32Ma porte est ouverte.
51:34Et on boit du vin ensemble, souvent.
51:36C'est ça, le vrai symposium.
51:38C'est pour ça que vous n'êtes pas impliqués.
51:40Juste avant une dernière question de Marc,
51:42vous racontez aussi.
51:44Je trouve que chez ces jeunes générations,
51:46il y a une vraie vitalité.
51:48Il y a quelque chose qui est alternatif
51:50à la dégénérescence de l'université.
51:52Dans votre livre, vous rappelez aussi
51:54que lorsque vous étiez jeune professeur à la Sorbonne,
51:56vous voyiez Lévi-Strauss,
51:58Foucault, Deleuze.
52:00On n'est pas au même niveau aujourd'hui.
52:02Marc Menon, dernière question.
52:04On n'est pas au même niveau parce que la langue s'effondre,
52:06parce qu'il y a la langue inclusive.
52:08On sape ce goût de l'expression.
52:10Et à partir de là,
52:12quand vous parlez de cette multitude
52:14de petits groupuscules qui se forment sur Internet,
52:16est-ce que ce ne sont pas
52:18des groupuscules qui sont dans un
52:20enfermement de confort ?
52:22On se rencontre en fonction d'une sensibilité,
52:24mais il n'y a plus cette prospérité
52:26de la pensée.
52:28Excusez-moi, je suis en désaccord avec vous.
52:30Très bien, c'est pour ça que je vous pose une question.
52:32Je pianote aussi sur Internet.
52:34J'ai dit tout à l'heure que je lisais
52:36la Somme théologique.
52:38J'ai trouvé une quarantaine de groupes de jeunes,
52:40pas des philosophes, qui travaillent sur la Somme théologique.
52:42C'est pour ça qu'on voit toujours
52:44le verre à moitié vide
52:46concernant
52:48la cyberculture sous ses diverses modulations.
52:50Il y a aussi le verre à moitié plein.
52:52Et quand je parle
52:54de ces quarantaines de groupes
52:56qui travaillent sur la Somme théologique,
52:58ce n'est pas négligeable.
53:00Bien sûr, je ne peux pas le généraliser,
53:02mais il faut
53:04être attentif,
53:06parce qu'il n'y a pas que Saint Thomas d'Aquin
53:08qu'on regarde sur Internet.
53:10Il y a bien des quantités d'autres groupes
53:12fort intéressants.
53:14Je ne suis pas pessimiste.
53:16Michel Maffesoli,
53:18vous citez souvent Nietzsche
53:20qui dit que les vraies révolutions
53:22arrivent au pas des colombes.
53:24J'aime beaucoup ça.
53:26Un sociologue-philosophe
53:28qui fut inspiré par Nietzsche,
53:30Georg Simmel,
53:32parle du roi clandestin d'une époque.
53:34Il faut le repérer.
53:36Encore une fois,
53:38ce fut l'idée obsédante de tout mon travail.
53:40Je parlais de la centralité souterraine.
53:42Repérez la centralité souterraine.
53:44Comme on dit,
53:46on est à la fin d'une période, fin d'une époque.
53:48C'est intéressant de se rappeler
53:50que les vraies révolutions
53:52arrivent au pas des colombes.
53:54Merci beaucoup Michel Maffesoli.
53:56Dernière partie, les téléspectateurs
53:58de Face à l'info connaissent Marc Vangard
54:00et ses travaux, toujours novateurs,
54:02Mathieu Bocote,
54:04qui fournissent des données
54:06inédites et essentielles pour comprendre
54:08notre société.
54:10On va s'intéresser
54:12à ces deux récentes études.
54:14C'est l'objet de votre second éditoire
54:16qui porte sur l'immigration,
54:18sur le rapport à la nation,
54:20sur l'universalisme, la notion de l'universalisme.
54:22Très intéressant.
54:24En fait, il vient, Marc Vangard,
54:26dans ses deux séries Twitter,
54:28il vient éclairer
54:30de données factuelles,
54:32de données empiriques,
54:34d'analyses,
54:36de bons boulots.
54:38L'arrière-fond de nos positions politiques.
54:40Il s'intéresse d'abord à la question de l'immigration
54:42et notamment chez les élites.
54:44C'est intéressant. Parce qu'on le voit,
54:46c'est une position, imaginons qu'on soit
54:48au fonctionnaire, qu'on soit journaliste
54:50sur le service public, qu'on soit dans les milieux
54:52socialement avancés, évolués,
54:54prospères.
54:56Il est bien vu, normalement,
54:58d'être favorable à l'immigration massive.
55:00On y voit l'autre nom de l'ouverture,
55:02on célèbre la diversité, on trouve que tout cela
55:04va de soi. Mais ce que nous dit Marc Vangard,
55:06et c'est assez intéressant, c'est qu'il dit globalement
55:08oui, on est favorable à l'immigration, mais pas nécessairement
55:10chez soi. C'est-à-dire, on le veut à la grandeur
55:12de la nation, parce qu'on voit, c'est une forme de
55:14c'est ce qu'il appelle, à la leçon d'autres, des croyances
55:16de luxe. C'est une croyance qu'on a
55:18les moyens d'être pour ça, d'autant qu'on n'a pas
55:20à subir concrètement les effets de l'immigration
55:22massive. D'autres la subiront,
55:24d'autres vivront avec ses conséquences réelles.
55:26Mais dans nos positions sociales
55:28privilégiées, dans nos quartiers privilégiés,
55:30on peut être favorable à l'immigration massive.
55:32C'est une très bonne chose. C'est payant
55:34socialement et on n'a pas à payer les conséquences concrètes.
55:36Gros paradoxe. Il ajoute,
55:38c'est intéressant, il dit derrière aussi
55:40cet aveuglement, il y a un certain universalisme.
55:42Alors l'universalisme, on ne cesse de le célébrer
55:44en France, c'est une vertu, mais ça peut être
55:46un défaut. Parce que derrière un certain
55:48universalisme, il dit je ne vois que les individus,
55:50je ne m'intéresse pas aux origines,
55:52aux cultures, bien on oublie que toutes
55:54les cultures ne sont pas interchangeables.
55:56Et c'est pas la même chose, par exemple, je donne un
55:58exemple, si vous vous demandez
56:00à dix mille, je sais pas,
56:02aliens ou norvégiens, ou dix mille
56:04afghans ou pakistanais de vous installer en France,
56:06le résultat ne sera pas le même. Et j'ajoute, on nous
56:08dira oui, chaque individu est intégrable.
56:10C'est très juste, mais le fait est qu'ils
56:12arrivent rarement seuls. Ils arrivent par
56:14communauté et le flux est constant.
56:16Et refuser de réfléchir à l'immigration
56:18en termes de différenciation communautaire,
56:20en termes de différenciation culturelle,
56:22en termes de différenciation religieuse,
56:24de peur de discriminer, parce que c'est la
56:26grande peur, eh bien ça nous coupe du réel
56:28et finalement nous sommes submergés
56:30par cette réalité. La réalité,
56:32on peut la cacher, on peut la refouler,
56:34un jour elle nous frappe. Je complète
56:36ces réflexions par celle de Pierre Vermeuren,
56:38le grand historien, Pierre Vermeuren,
56:40qui dit les élites
56:42aujourd'hui en Occident ont un rapport colonial
56:44à l'immigration. C'est-à-dire globalement, ils veulent
56:46conserver un niveau de vie dont ils n'ont plus les moyens
56:48et dès lors, qu'est-ce qu'on fait? On fait venir
56:50de l'extérieur le petit personnel colonial
56:52nécessaire pour nous permettre
56:54d'avoir du personnel de maison à bas prix
56:56et dès lors qu'on veut pas s'avouer à soi-même
56:58qu'on prend du personnel de maison à bas prix
57:00parce que ça serait quand même un peu bas de gamme,
57:02on préfère dire qu'on le fait au nom de l'ouverture
57:04de la diversité, de l'humanitarisme.
57:06Et en quoi cette question de l'universalisme
57:08vient-elle rejoindre
57:10celle de la nation?
57:12Ça c'est très intéressant ce qu'il nous dit, parce qu'il nous dit
57:14l'être humain a un sens moral.
57:16Tout le monde le sait, l'être humain n'est pas une créature purement,
57:18strictement égoïste. L'être humain a un sens moral.
57:20Il dit, il y a d'un côté
57:22les conservateurs, de l'autre côté les progressistes
57:24qui définissent pas de la même manière la morale.
57:26Les conservateurs disent globalement
57:28plus je suis proche de quelque chose,
57:30plus j'ai une forme d'empathie, j'ai une forme d'engagement.
57:32Je suis plus proche de mes proches,
57:34appelons ça comme ça, que du très lointain.
57:36Ça veut pas dire que j'ai pas de considération pour le lointain.
57:38Mais je suis engagé
57:40par ma famille, ma communauté,
57:42ma patrie, ma nation.
57:44Alors que les progressistes, nous dit-il,
57:46aiment l'humanité dans son ensemble
57:48et dédaignent les appartenances premières.
57:50Comme si c'était un peu trop tribal
57:52que d'avoir une préférence pour les siens, entre guillemets.
57:54Eh bien, derrière ça,
57:56c'est deux anthropologies.
57:58Est-ce que l'individu est un individu d'enracinement
58:00ou est-ce que c'est un individu flottant dans le ciel?
58:02C'est-à-dire qu'il aime l'humanité dans son ensemble,
58:04ce qu'il dispense d'aimer son voisin.
58:06Eh bien, ce qui est intéressant là-dedans,
58:08c'est qu'on doit jamais oublier que la condition
58:10de la solidarité culturelle, la solidarité sociale
58:12qu'on aime dans nos sociétés, c'est une certaine identité culturelle.
58:14Le jour où nos sociétés deviennent atomiques,
58:16le jour où on n'a plus d'identité commune,
58:18le jour où on n'a plus de culture partagée,
58:20le jour où on n'a plus d'imaginaire partagé,
58:22c'est très difficile d'être solidaire.
58:24Et là, il y a le repli communautariste,
58:26il y a le repli d'un entre-soi, il y a le repli tribal.
58:28Quand on voit cela, les travaux de Marc Vandegaarde
58:30nous rappellent une chose, certaines philosophies
58:32sont plus vraies que d'autres, et de ce point de vue,
58:34les conservateurs connaissent mieux la bête humaine
58:36que les progressistes qui aiment un être humain
58:38qui ressemble davantage à un ange qu'à l'être humain réel.
58:40Et comme dit Michel Maffesoli,
58:42on est passé d'un progressisme bénet
58:44au progressisme destructeur.
58:46Merci d'être là, d'avoir été là.
58:48Merci ma belle Charlotte, ma belle Gabrielle,
58:50merci mon beau Mathieu.
58:52Excellente suite de programme.
58:54C'était quand le progressisme bénet ?
58:58Excellente suite de programme
59:00avec Pascal Praud.