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00:00Vous avez la parole. Est-ce que vous subissez le trafic de drogues ?
00:03Comment vous le ressentez à la ville, à la campagne ?
00:05On attend vos coups de fil pour témoigner, débattre.
00:08Posez vos questions 0476 46 45 45.
00:11Car le trafic concerne 8 communes sur 10 en France,
00:14Grenoble bien sûr, mais pas que.
00:15De nombreuses saisies ont lieu ailleurs en Isère,
00:17à Saint-Marcelin, à Bourgoin-Gelieux, à Pont-Charret, etc.
00:20Alors que faire ? Les moyens sont-ils là ?
00:22On va en parler avec vous et avec nos invités.
00:25Général Frédéric Massib, bonjour.
00:27Oui, bonjour.
00:27Merci d'être avec nous ce matin,
00:29commandant du groupement de gendarmerie départementale de l'Isère.
00:311600 gendarmes sous vos ordres, c'est le plus gros groupement de France.
00:35Et puis, Cécile Robin, bonjour.
00:37Bonjour.
00:37Merci d'être avec nous également ce matin, maire de Pont-Charret,
00:39pour expliquer comment vous tentez aussi d'endiguer le trafic de drogues.
00:44Je commence par vous, madame Robin,
00:45vous qui êtes au contact au plus près des habitants,
00:47notamment ceux du quartier Bayard,
00:49où une saisie a encore eu lieu il y a un mois et demi.
00:52Face à cela, vous pouvez faire quoi ?
00:54Quels sont vos moyens aujourd'hui ?
00:56Alors, nos moyens aujourd'hui,
00:58la lutte contre le narcotrafic, c'est une compétence étatique.
01:01Donc, le maire n'a quand même pas énormément de moyens.
01:04Alors, nous, les moyens qu'on met à disposition,
01:06ce sont des moyens au long cours.
01:07Alors, ça va être du travail en partenariat fort avec la gendarmerie.
01:12On a une police municipale,
01:13on a trois agents de police municipale qui travaillent au quotidien
01:17et qui sont en contact avec la population.
01:18Pont-Charret, ça reste une petite ville dans un secteur plutôt rural.
01:22Donc, avec quand même un travail de proximité,
01:25tout le monde se connaît.
01:26Donc, il y a ça aussi qui est très très important.
01:29Donc, vraiment, on travaille au quotidien avec la gendarmerie.
01:32Et puis, on travaille aussi avec les bailleurs sociaux,
01:34avec, on fait de la prévention.
01:36On a une maison des jeunes qui est sur la commune.
01:40Donc, c'est vraiment avec ces moyens-là que le maire aujourd'hui peut agir.
01:44Mais donc, la lutte en elle-même, ce n'est pas de notre compétence.
01:48On va en reparler de la prévention.
01:50Effectivement, Général Massy, cette saisie, j'en parlais, quartier Bayard,
01:55elle survient alors qu'on pensait le point de Guille démantelé.
01:58C'était ce qu'avait dit le parquet de Grenoble il y a six mois.
02:00On voit que c'est très compliqué et on a l'impression que
02:03dès qu'on coupe une branche, elle repousse.
02:05Est-ce que c'est votre sentiment aussi ?
02:06Alors, je ne pense pas qu'on puisse dire que
02:10dès qu'il y a une branche qui est coupée, elle repousse.
02:12Je pense surtout que ça nécessite de l'opiniâtreté, de la ténacité.
02:16Et je suis très heureux d'être avec Madame le maire ce matin
02:19parce que ça s'inscrit dans la logique du continuum de sécurité.
02:23Alors justement, Madame la préfète, lorsqu'elle a présenté
02:26le plan d'action départementale de restauration de sécurité du quotidien
02:29annoncé par le ministre il y a trois semaines ou deux semaines à Valence,
02:34fonde une action partenariale pour lutter contre ce trafic.
02:40Pour être très clair, chacun a une mission, chacun a un rôle.
02:45Ce n'est pas uniquement l'apanage des forces de sécurité,
02:47ce n'est pas uniquement l'apanage du maire,
02:50ce n'est pas uniquement l'apanage de la prévention,
02:52c'est un ensemble, c'est toute la chaîne qui doit être mise en œuvre
02:55pour lutter contre cet enjeu de sécurité.
02:57Et le rôle des habitants, il est peut-être de vous prévenir aussi,
03:00ce n'est pas toujours évident.
03:02On va entendre un commerçant notamment du quartier Saint-Bruno
03:05qui lui est un peu désespéré.
03:07Écoutez ce qu'il dit.
03:08Maintenant je n'appelle même plus la police
03:10parce qu'en fait je me dis que c'est presque contre-productif.
03:12Donc on ne sait plus quoi faire en fait.
03:14Non, je n'ai pas peur, mais c'est plus un sentiment de malaise, je dirais.
03:18Le but de notre commerce, c'est de créer de la convivialité,
03:20de créer les conditions pour que les gens puissent prendre un petit repas tranquille.
03:23Et cette ambiance, elle va complètement à contre-courant
03:25de ce qu'on essaye d'apporter.
03:26Donc moi, je commence à en avoir franchement marre.
03:30Général Massib, qu'est-ce que vous pouvez répondre à ce commerçant qui blasé dit
03:33« je n'appelle plus les forces de l'ordre, ça ne sert à rien ».
03:36Alors moi, je dis au contraire qu'il faut maintenir le lien.
03:40Après, le quartier Saint-Bruno, je ne me permettrais pas d'évaluer la situation,
03:46mais travaillant de concert avec mon homologue dans la police nationale,
03:49il aurait le même discours que moi, on est à l'écoute.
03:52Après, je comprends bien, il y a des gens qui peuvent appréhender
03:55de contacter les forces de police et de gendarmerie.
03:58De toute façon, on anonymisera s'il faut un renseignement.
04:01Il n'y a aucune difficulté, mais on doit être tous mobilisés.
04:04C'est comme lorsqu'il y a eu la pandémie, on a tous été mobilisés.
04:08Eh bien là, face à cet enjeu de sécurité, on doit être tous mobilisés.
04:11Donc moi, j'invite ce commerçant, au contraire, à prendre la tâche.
04:14Alors quand c'est en zone de compétence,
04:16gendarmerie avec la brigade de gendarmerie locale,
04:19mais c'est la même chose pour Grenoble avec le commissariat,
04:22il aura une écoute et qu'il ne s'inquiète pas, on anonymisera ceci.
04:26Tous mobilisés, on l'est aussi sur l'antenne d'ici Isère Mathieu.
04:30Je vous rappelle que vous pouvez bien sûr nous appeler pour en parler.
04:32On peut anonymiser aussi nous, d'ailleurs,
04:35si vous étiez un peu effrayé à l'idée de venir témoigner.
04:3704 76 46 45 45,
04:40des témoignages, on en a sur nos réseaux sociaux.
04:42Parce qu'on est tous concernés, en tout cas, c'est ce que nous dit Corinne.
04:46On est tous touchés par le trafic.
04:47Maintenant, on peut prendre n'importe où une balle perdue
04:50lors de vengeance entre trafiquants.
04:52Et puis, on a Guy à Salès qui nous raconte aussi,
04:55à Salès-sur-Seine, nous aussi dans notre impasse.
04:58Des fois, le soir, il y a des voitures qui viennent vendre de la drogue.
05:01On les a déjà forcées à partir, mais ils reviennent à chaque fois.
05:05On a également une professeure qui nous a appelés pour nous parler
05:08des conséquences chez les jeunes, conséquences massives
05:10des jeunes qui arrivent en cours après avoir fumé.
05:13S'il n'y a plus d'argent par le trafic de drogue,
05:15ils trouveront une autre alternative pour se faire de l'argent.
05:17Comme la prostitution des adolescentes, en tout cas, c'est ce qu'elle nous dit.
05:19Ça, c'est encore autre chose.
05:20Mais il y a aussi ces conséquences du trafic de drogue.
05:23On peut en parler avec vous, 04-76-46-45-45.
05:25Et l'impression, en tout cas, qui ressort de ces commentaires sois-y,
05:28c'est aussi l'impression que le trafic se développe en zone rurale.
05:31On avait eu, par exemple, cette ferme à cannabis à Morette,
05:34petit village de 360 habitants, trafic de cocaïne et d'héroïne à Tulin
05:38et Saint-Marcelin, avec des saisies aussi.
05:41Et on a un appel aussi au standard d'ici, Isère Mathieu.
05:44Tout à fait. Alors, on a entendu beaucoup de personnes
05:46qui étaient parfois critiques sur la façon de gérer.
05:49Marie nous appelle d'Échirol, ville concernée également par le narcotrafic.
05:53Bonjour, Marie.
05:54Bonjour.
05:55Alors, Marie, vous vouliez vous adresser à la maire de Ponchara, notamment.
06:00Ah non, pas Ponchara, Échirol.
06:02Échirol. Ah oui, pardon.
06:03Oui, ça paraît plus logique en même temps. Vous avez raison.
06:05Mais ça pourra s'adresser, vous allez le voir aussi, à la maire de Ponchara.
06:08On vous écoute, Marie.
06:09Moi, je tire mon chapeau parce que par rapport à celui qu'on avait avant,
06:14elle se bouge, elle.
06:16Elle va à la télé, elle a été voir Otayo.
06:19Je dirais même qu'elle n'a pas peur.
06:21Et en même temps, est-ce que ça avance ?
06:23Est-ce que ça marche, Marie ?
06:24On n'a pas l'impression qu'il y a un effet sur le terrain.
06:26Si vous trouvez.
06:27Ah non, hier, moi, je ne dors pas de la nuit.
06:30Avant-hier, j'ai assisté à la descente du raid.
06:34Oui, 170 policiers accompagnés du raid qui se sont intervenus.
06:38Mais bon, c'est infernal, quoi.
06:40Mais au moins, elle bouge, elle va, elle n'a pas peur.
06:43Moi, je dis même qu'elle n'a pas peur dans sa peau, la pauvre,
06:45parce que ça craint.
06:48Je pense que ça fait plaisir, ce message aux élus qui nous écoutent.
06:52Parce que nous, on nous dit que ça fait 40 ans qu'on habite à Échirol.
06:56C'est une dégradation, mais c'est épouvantable, le banditisme.
07:02Et au moins, elle, elle bouge.
07:04Eh bien, merci, Marie.
07:04Le message est passé, c'était aussi bien de saluer le travail des élus.
07:08Cécile Robin, qui est avec nous également, maire de Ponchara,
07:11alors qu'il ne connaît pas un trafic de l'ampleur d'Échirol, évidemment.
07:14Mais j'imagine que des habitants un peu excédés,
07:17vous en avez aussi et qui vous sollicitent.
07:21De toute façon, les élus, on est effectivement la première ligne.
07:25En tout cas, dans les communes, on est l'élu de proximité
07:28qu'on vient voir systématiquement quand il y a un problème.
07:32Le problème du narcotrafic et du trafic de drogues,
07:35on est aussi interpellé sur ces sujets-là.
07:37Vous parliez de la prévention tout à l'heure.
07:40Ça, comment vous essayez de la faire ?
07:41Il y a une Maison des Jeunes.
07:42Il y a une Maison des Jeunes qui est très active
07:44et qui monte des projets, qui essaie vraiment de prendre les jeunes
07:48et de faire vraiment leur travail de prévention.
07:50Il y a aussi un travail avec l'Éducation nationale.
07:54Nous, sur Ponchara, on a un collège, un lycée.
07:56Donc, il y a des médiateurs qui interviennent
07:58et qui font aussi ce rôle de prévention.
08:00Il y a aussi le rôle du tissu associatif.
08:02Ponchara, c'est une ville dynamique.
08:05On aime bien quand même voir le côté positif des choses,
08:09pas tout le temps ce côté négatif.
08:11Et le travail des associations, il est aussi hyper important.
08:14Parce que c'est eux qui sont en contact avec la jeunesse au quotidien
08:18dans les activités qui sont proposées.
08:20Tous mobilisés effectivement contre ce narcotrafic.
08:22C'était votre message également, Général Massip,
08:25sur l'étendue du trafic, y compris en zone rurale.
08:29Vous, qui couvrez beaucoup de ces zones rurales, vous le constatez aussi.
08:32Est-ce que ça vous surprend parfois ?
08:35Disons qu'en fait, on est à faire face à des réseaux qui s'adaptent,
08:40des réseaux criminels.
08:42Vous évoquiez le territoire physique.
08:44Moi, je évoquerai aussi le territoire numérique.
08:47Et donc, sous l'autorité des procureurs de la République,
08:49les services de police et de gendarmerie font des investigations dans le numérique
08:53parce qu'on se rend compte que de plus en plus maintenant,
08:55les trafiquants demandent à être payés en crypto-monnaie, etc.
08:59Donc, ça nécessite une adaptation.
09:01Et si vous me permettez de revenir sur deux points,
09:03j'ai entendu des choses très rapidement.
09:06Je demande à ce monsieur de jamais intervenir lui-même sur la voie publique
09:09et de rappeler les services de gendarmerie.
09:11Il ne faut pas qu'ils se mettent en difficulté.
09:12Et le partenariat avec les élus, il est fondamental.
09:15Si on n'est pas tous alignés, on n'y arrivera pas.
09:17Le message est passé.
09:18Merci, Général Massip, d'avoir été avec nous ce matin.
09:20Merci également, Cécile Robin, maire de Ponchara,
09:23d'avoir été avec nous dans cette journée spéciale Narcotrafic.
09:26Belle journée, merci.
09:27Merci à vos réactions.
09:28Vous continuez, bien sûr, de nous les laisser sur notre page Facebook.
09:31Le Poste Météo est aussi là pour ça.