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00:007h14, l'écho d'ici ce matin, l'actualité économique en disait se croise bien sûr avec notre journée spéciale dédiée au narcotrafic
00:07et justement, TWH, on est à la frontière entre l'économie et la justice.
00:11Oui, un bon point de deal, entre guillemets, comme Mistral ou Hoch, c'est 30 000 euros de chiffre d'affaires par jour.
00:17Voilà ce que disait il y a peu Éric Vaillant, l'ex-procureur de Grenoble.
00:21Alors comment lutter face à cela ? Comment assécher le trafic ? On en parle ce matin avec Christophe Barré. Bonjour.
00:28Bonjour monsieur.
00:29Merci d'être en ligne avec nous ce matin, Christophe Barré, procureur général près de la cour d'appel de Grenoble.
00:35Très concrètement, comment ça fonctionne l'économie du trafic quand un groupe rentre 30 000 euros par jour en liquide ?
00:42Il se passe quoi ensuite avec cet argent M. Barré ?
00:46Eh bien cet argent, on essaie évidemment de le récupérer puisque l'action répressive qu'on fait contre les trafics, elle va porter sur deux aspects.
00:55Le premier qui est le plus important, c'est d'interpeller les personnes qui organisent le trafic.
01:01Et évidemment, on essaie d'interpeller au plus haut dans le réseau, c'est-à-dire les organisateurs des trafics.
01:07Et puis il y a un deuxième aspect, c'est ce qu'on appelle les actions patrimoniales, c'est-à-dire qu'on va essayer de saisir, de confisquer,
01:14et on y parvient assez souvent, les fonds, les bénéfices qui sont réalisés par les réseaux.
01:21Il faut comprendre qu'un trafic, c'est un commerce, qui est évidemment un commerce illicite, qui est un commerce dangereux,
01:28parce que ça mine certains de nos quartiers, une partie de notre société.
01:33Mais c'est un commerce, et donc ce commerce-là, il a un but, c'est gagner de l'argent, gagner du pouvoir pour gagner de l'argent.
01:40Et nous, nous nous efforçons, et on y parvient assez souvent, à saisir cet argent.
01:44Parce que tout le travail, évidemment, c'est de remonter le fil de l'argent, une partie est blanchie.
01:49Est-ce que vous avez les moyens, aujourd'hui, de retracer un peu le fil de cet argent, et de démanquer les réseaux ?
01:57Alors, on a beaucoup de moyens, mais nous avons face à nous des gens qui font évidemment tout pour mettre en échec notre action.
02:06C'est bien entendu le principe, et chacun peut le comprendre.
02:09Et qui ont, eux aussi, énormément de moyens.
02:11Et qui ont aussi énormément de moyens, d'abord parce qu'ils ont les moyens de l'argent, évidemment.
02:15Ils ont des moyens qui leur permettent quelquefois d'utiliser les procédures qui existent, et les failles qui peuvent exister.
02:24Et c'est normal, il n'y a pas de système parfait, bien entendu.
02:27Et puis, ils ont aussi des moyens d'utiliser le concours d'un certain nombre de personnes,
02:34notamment à l'étranger, dans des pays qui sont des pays peu coopérants avec nous,
02:39et qui leur permettent d'y placer leur argent.
02:43Alors, nous, on va intervenir à deux niveaux sur l'argent.
02:46Le premier, bien sûr, quand on va essayer de retracer les bénéfices qui sont faits.
02:52Et puis, un deuxième moyen, c'est que lorsqu'on trouve des gens qui ont des actifs, des biens qui sont importants,
02:59dont ils ne peuvent pas justifier l'origine, et bien, on peut leur confisquer.
03:03Et c'est ensuite, d'ailleurs, distribué au bénéfice, quand on le peut, de la police, de la gendarmerie, ou de l'administration pénitentiaire.
03:10Il y a une loi narcotrafic qui est en ce moment discutée à l'Assemblée.
03:14Est-ce qu'elle vous semble nécessaire ?
03:16Elle évoque notamment l'activation à distance des appareils électroniques pour renforcer l'espionnage.
03:21Est-ce que ça, vous en avez besoin aujourd'hui pour faire face à ces trafics ?
03:26Alors, cette loi, elle est tout à fait nécessaire.
03:29Et on l'appelait de nos voeux depuis longtemps, les professionnels que nous sommes.
03:34Nous alertions les pouvoirs publics et nos concitoyens sur trois évolutions majeures des trafics de stupéfiants.
03:42La première, c'est qu'il y a une diffusion sur tout le territoire que nous n'avons jamais connu.
03:49Même s'il n'y a pas tellement plus de quantité, il y a une vraie diffusion sur les lieux où les trafics sont développés.
03:57La deuxième évolution, c'est qu'il y a une internationalisation de ces trafics qui va avec la mondialisation.
04:03Mais évidemment, ça concerne ces trafics et donc ça va offrir certaines opportunités à nos trafiquants.
04:09La troisième évolution qui est très importante, c'est qu'on assiste à une augmentation de la violence qui accompagne ces trafics et de la corruption.
04:20Et tout le monde est évidemment exposé.
04:22Par exemple, ces règlements de comptes qui génèrent la peur.
04:27Avec le pouvoir de l'argent, ça donne un pouvoir de corruption et donc ça permet d'acquérir un pouvoir social.
04:33C'est la raison pour laquelle nous appelions vraiment à ce qu'il y ait une réaction forte pour lutter contre ces trafics.
04:39Nous avons déjà depuis une vingtaine d'années un dispositif qui est extraordinaire, qui nous permet de faire beaucoup de choses.
04:47Mais il faut évidemment l'adapter à ces évolutions nouvelles des trafics et c'était le sens de cette proposition de loi.
04:54Évidemment avec un parquet national spécialisé qui est notamment en cours de discussion.
04:58Merci beaucoup Christophe Barré, procureur général près de la Cour d'appel de Grenoble, de nous avoir aidé ce matin à décortiquer un peu ce trafic et cette lutte contre le trafic.
05:06Merci, belle journée.