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Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, était l’invité d’Apolline de 9 à 10 sur BFMTV. Il a été interrogé sur les relations tendues entre la France et l'Algérie, la situation à Gaza ou encore sur les discussions de paix entre l'Ukraine et la Russie prévues en Turquie.

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Transcription
00:00On est ensemble jusqu'à 10h sur BFM TV, Laurent, Guillaume, Bertrand, Anne-Charlène.
00:06On accueille tout de suite le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud,
00:10ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
00:12Bonjour Monsieur le Ministre, merci d'être avec nous ce matin.
00:16J'imagine que pour le coup vous avez écouté jusqu'au bout.
00:18C'était surtout le début qui était sur les Affaires étrangères.
00:20Vous en êtes le ministre aujourd'hui. Merci de répondre à nos questions.
00:24Il y a des questions qui n'ont pas été posées hier.
00:25La première c'est sur l'Algérie. Notre ambassadeur de France en Algérie est revenu en France, expulsé.
00:34On ne dit pas les choses comme ça dans le langage diplomatique,
00:37mais honnêtement quand on voit ce qui se passe aujourd'hui, est-ce que vous pouvez nous dire qu'un jour il repartira ?
00:41Non, l'ambassadeur n'a pas été expulsé.
00:43Ce qui s'est passé c'est que l'Algérie a décidé de manière incompréhensible et brutale
00:47d'expulser 12 de nos agents présents à Alger.
00:52Ce à quoi nous avons répondu avec beaucoup de fermeté, dans la stricte réciprocité,
00:57en expulsant à notre tour 12 agents algériens présents en France.
01:01Et puis nous avons rappelé notre ambassadeur pour consultation,
01:05ce qui est un échelon assez élevé dans la gradation des sanctions.
01:10Ça va durer combien de temps les consultations ?
01:12Ces consultations se poursuivent et nous trancherons de la question de son retour lorsqu'elles seront achevées.
01:18Mais nous avons assisté malheureusement, je le déplore, à une nouvelle décision injustifiée et injustifiable
01:26des autorités algériennes hier, avec la demande de l'Algérie de renvoyer des agents en mission temporaire,
01:36en mission de renfort en France.
01:38Et donc, j'ai convoqué le chargé d'affaires, le représentant de l'Algérie en France,
01:44pour lui indiquer que notre réponse est immédiate, qu'elle est ferme et qu'elle est strictement proportionnée,
01:51à ce stade, avec la même demande, c'est-à-dire le renvoi en Algérie
01:57de tous les agents titulaires de passeport diplomatique qui n'auraient pas actuellement de visa.
02:03Et nous lui avons fait savoir également que nous nous réservons la possibilité de prendre d'autres mesures
02:09en fonction de l'évolution de la situation.
02:11Ça veut dire, monsieur le ministre, qu'aujourd'hui, ou dans les tout prochains jours,
02:16le même nombre, puisqu'hier, à nouveau l'Algérie, vous le disiez, a expulsé,
02:20donc des agents français ne leur a mis fin à leur visa.
02:24Ça veut dire que, dans les jours qui viennent, des agents algériens sur notre sol seront renvoyés vers l'Algérie ?
02:29Oui, et ce n'est pas tellement une question de nombre, c'est une question de qualité.
02:34Ce sont des agents qui sont en France avec des passeports diplomatiques, mais sans disposer de visa.
02:42Les Algériens ont souhaité renvoyer nos agents, nous renvoyons les leurs.
02:46Est-ce qu'on peut parler d'escalade ?
02:47En tout cas, ce sont des décisions que je déplore absolument.
02:50Elles contreviennent aux accords qui régissent la relation entre nos deux pays.
02:55Elles ne sont évidemment pas dans l'intérêt de la France, mais évidemment pas dans l'intérêt des Algériens.
03:01Et j'appelle les autorités algériennes à leur responsabilité, qui est de veiller à l'intérêt de leur propre peuple.
03:11Je crois que les tensions qui sont provoquées par ces décisions injustifiables,
03:16elles créent pour les Algériens vivant en France, les Franco-Algériens, des difficultés qui n'auraient pas lieu d'être.
03:23Et elles rendent encore plus difficile l'hypothèse d'une libération de Boilem Sansal.
03:28On en est où concrètement ?
03:30Eh bien écoutez, nous suivons attentivement sa situation.
03:34Nous continuons à appeler, étant donné sa situation de santé et son âge.
03:38Certains évoquaient un éventuel droit de grâce au président algérien.
03:40Oui, nous appelons les autorités algériennes à un geste d'humanité.
03:44C'est à mon avis la moindre des choses.
03:45François Bayrou avait fixé le 26 février six semaines au gouvernement algérien pour dire on va réexaminer les accords.
03:50Si à l'issue de ces six semaines on n'a pas eu de réponse et ils n'ont pas repris les Algériens qu'on souhaite voir reprendre,
03:55on entrera dans une forme de dénonciation des accords de 1968.
03:58On est largement au-delà des six semaines désormais.
04:01Quand est-ce que vous allez faire le bilan et dire oui ou non, si j'ose dire on rompt et on dénonce ces accords ?
04:06Mais on l'avait déjà fait ce bilan.
04:07C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le président de la République a appelé son homologue, le président Tebboune.
04:12C'est la raison pour laquelle je me suis rendu personnellement à Alger et nous avons pris la décision de lever le rideau,
04:19c'est-à-dire de réouvrir tous les canaux de coopération dans le domaine de la lutte contre l'immigration irrégulière,
04:25de la coopération en matière de lutte antiterroriste, de coopération judiciaire, de coopération économique.
04:31Et puis quelques jours plus tard, les autorités algériennes ont pris cette décision très brutale.
04:35Et je veux le redire aux téléspectateurs de cette émission, c'est une décision qui a une portée diplomatique, certes,
04:43mais qui aussi a forcé des agents à quitter précipitamment leur famille, leur domicile pour rentrer en France.
04:52– Mais l'Algérie ne respecte pas les critères.
04:54– Pardon de le dire avec des termes assez peu diplomatiques, mais vous avez l'impression que vous vous êtes fait rouler dans la farine ?
04:59– Écoutez, je vous le dis, le préjudice, il est porté sur le peuple algérien et c'est une décision déplorable des autorités algériennes qui l'explique.
05:07– Mais vous aviez de bonne foi été en Algérie, vous le disiez, le président de la République avait choisi,
05:15fait vraiment le choix justement de rouvrir le dialogue.
05:19Quelques semaines avant, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, disait à l'inverse, ça ne marchera pas, on n'y arrivera pas.
05:26Vous l'avez tenté, avez-vous été naïf ?
05:28– Je ne crois pas, vous savez, l'objectif quand on est ministre des Affaires étrangères,
05:34c'est de défendre l'intérêt de la France et l'intérêt des Français.
05:36Quel est l'intérêt de la France ?
05:38Eh bien c'est d'expulser le plus grand nombre possible d'Algériens en situation irrégulière.
05:43C'est de pouvoir coopérer le plus étroitement possible pour éviter que notre territoire soit la cible d'attaques terroristes
05:49provenant de la bande du Sahel au sud de l'Algérie.
05:52C'est de faire en sorte que nous puissions développer l'activité des entreprises françaises en Algérie.
05:57C'est ça, notre boussole et notre cap.
05:59Et penser que dans un conflit perpétuel avec l'Algérie, on parviendra à obtenir des résultats, c'est totalement illusoire.
06:06– Justement, est-ce que le problème ne vient pas du fait que la centralité de la discussion,
06:11de la négociation doit passer par le président de la République ?
06:14Ce n'est pas moi qui le dis, c'est justement les autorités algériennes.
06:16Est-ce que ce n'est pas son domaine à lui plutôt que celui du ministre de l'Intérieur
06:19ou de poser des petits jalons politiques comme ça ?
06:22Est-ce qu'il n'y a pas vraiment quelque chose à reprendre complètement de l'ordre de la relation avec le président ?
06:25– Mais c'est ce que nous avons fait.
06:27Et c'est pourquoi je regrette, quand je dis c'est ce que nous avons fait,
06:30il y a eu un contact entre les deux présidents qui ont constaté que la situation s'était,
06:36ou la relation s'était considérablement tendue,
06:39mais qui ont décidé d'un commun accord de réouvrir les canaux de coopération
06:43parce que les deux estimaient que c'était dans l'intérêt de leur peuple respectif.
06:49– Au moment où on se parle, ça n'est plus envisageable à court terme.
06:52– Au moment où on se parle, la relation est totalement bloquée.
06:55Ça me paraît évident.
06:55– Jean-Noël Barraud sur l'Ukraine,
07:00le 17ème paquet de sanctions a été annoncé ce matin.
07:05On va y revenir dans un instant,
07:06mais je voudrais d'abord qu'on parte justement en Russie,
07:10retrouver Jérémy Normand qui est notre envoyé spécial,
07:12parce que ça permettra justement, M. le ministre,
07:15que l'on comprenne mieux aussi l'impact ou pas des sanctions qui sont déjà présentes.
07:22Jérémy, est-ce que les sanctions économiques contre la Russie ont véritablement un impact ?
07:26Vous avez enquêté sur le terrain pour BFM TV.
07:30– Oui, il y a un chiffre brandi par le Kremlin
07:32pour afficher l'apparente résilience de son économie,
07:35c'est 4,1% de croissance réalisée l'année dernière.
07:38Alors pour en savoir plus, on s'est rendu dans le quartier d'affaires de Moscou.
07:41Et là-bas, on s'est rendu compte qu'effectivement,
07:43les banques et firmes occidentales ont pour la plupart quitté le pays.
07:47Mais dans leur bureau laissé vacant,
07:48on trouve désormais des entreprises russes, chinoises ou indiennes.
07:52En fait, la Russie vit sous perfusion grâce aux exportations d'hydrocarbures
07:55et aussi grâce à son effort de guerre qui tourne,
07:58à son industrie militaire qui tourne à plein régime.
08:00Mais au pied des tours, lorsqu'on se rend dans les supermarchés,
08:02les habitants nous disent, eux, voir le prix des produits augmenter.
08:05Officiellement, l'inflation est à 10%,
08:07mais beaucoup de prix ont augmenté énormément.
08:10Et pour la classe moyenne, il est devenu quasiment impossible
08:12de devenir propriétaire de son appartement ou d'acheter une voiture.
08:15Alors lorsqu'on leur demande s'ils s'inquiètent des nouvelles sanctions
08:17mises en place par l'Union Européenne,
08:19certains nous disent être prêts à faire face à ces nouvelles sanctions,
08:21mais d'autres, avec un regard de biais,
08:23nous disent attendre et espérer que la vie redevienne comme avant, avant la guerre.
08:27Et on les comprend.
08:28Parce qu'effectivement,
08:29cette guerre,
08:31voulue par Vladimir Poutine contre l'Ukraine,
08:34a un coût extrêmement élevé
08:36pour la population russe.
08:38Oui, mais j'ai envie de vous dire, pour la population russe, oui.
08:40Pour la Russie elle-même, c'est-à-dire pour les institutions,
08:43quand on le voit, les banquiers,
08:44certes, les banques internationales sont parties,
08:46mais elles ont été remplacées par des Chinois,
08:48par des Indiens,
08:49l'économie continue à tourner.
08:50Il n'empêche que le pouvoir d'achat
08:52des familles russes
08:55est très largement entamé
08:56par l'inflation galopante,
08:58que les taux d'intérêt sont particulièrement élevés
09:00et que la Russie
09:01ne pourra pas tenir
09:04ou maintenir son train de vie éternellement.
09:07Pourquoi ? Parce qu'effectivement,
09:08depuis trois ans,
09:09et c'était inimaginable il y a encore quelques années,
09:12les Européens ont su faire preuve d'unité
09:14et prendre à 17 reprises des paquets de sanctions.
09:16Des paquets de sanctions qui ont imposé
09:18un coût économique à la Russie
09:19de l'ordre de 400 milliards d'euros,
09:21c'est-à-dire trois années d'efforts de guerre russe.
09:24Monsieur le ministre,
09:25hier, le président de la République
09:27a exclu l'appréhension des avoirs russes
09:30en espérant qu'il n'y avait pas de véhicule juridique
09:33pour appréhender non seulement les intérêts,
09:36mais le capital.
09:37Il y en a quand même pour plus de 200 milliards.
09:39Du coup, qu'est-ce qui reste
09:40comme levier de sanctions possibles ?
09:43Merci pour cette question.
09:44Effectivement, parmi les premières décisions de sanctions
09:46qui ont été prises,
09:47on a gelé, on a immobilisé tous les actifs russes présents en Europe.
09:52Et ça fait plus de 200 milliards d'euros.
09:54C'est une somme colossale.
09:55Ces actifs sont immobilisés
09:57et nous avons prélevé les intérêts,
10:00les revenus générés par ces actifs
10:02puisqu'ils sont placés dans des comptes en banque
10:04pour pouvoir financer le soutien à l'Ukraine.
10:08Et cette année, 2025, chaque mois qui passe,
10:11nous versons un milliard d'euros
10:13qui n'est pas payé par le contribuable français
10:15ou le contribuable européen,
10:16mais par ces revenus, par ces actifs gelés russes.
10:20Ce à quoi nous travaillons,
10:22c'est de maintenir le gel de ces actifs russes
10:25qui seront un levier de négociation
10:27et qui pourront, le moment venu, être utilisés
10:29pour la reconstruction.
10:30C'est l'appréhension, c'est-à-dire la phase ultérieure.
10:33La confiscation.
10:33C'est la confiscation.
10:35Est-ce que c'est envisageable ?
10:37Aujourd'hui, la priorité,
10:38c'est de maintenir l'immobilisation de ces actifs
10:41et de continuer à prélever les revenus
10:43pour financer le soutien à l'Ukraine.
10:451 milliard d'euros par mois,
10:46c'est 18 milliards au total qui vont aller à l'Ukraine.
10:4918 milliards !
10:5018 milliards, c'est quand même une somme considérable
10:52et qui permet d'ailleurs à l'Ukraine
10:54d'aborder cette année 2025
10:56de manière sereine sur le plan financier.
10:58Ensuite, on adopte aujourd'hui
11:00un 17ème paquet de sanctions.
11:02Je suis très satisfait
11:02puisque sur les 200 navires russes,
11:06sur les institutions financières russes et internationales,
11:09sur les acteurs de la déstabilisation
11:11qui mènent des campagnes de désinformation
11:12ou des cyberattaques,
11:13il y en a presque la moitié qui ont été proposées
11:15par mes équipes,
11:17par les services du Quai d'Orsay.
11:19Mais il va falloir aller plus loin
11:20parce que ces sanctions massives
11:23n'ont pas encore dissuadé Vladimir Poutine
11:25de continuer sa guerre d'agression contre l'Ukraine.
11:27Et comme l'a dit le président de la République,
11:28il faut nous préparer à brandir
11:31des sanctions dévastatrices
11:35qui pourraient asphyxier
11:37une bonne fois pour toutes l'économie russe.
11:39C'est ce à quoi je travaille
11:40avec nos partenaires américains
11:42et en particulier le sénateur Lindsey Graham,
11:45très proche de Donald Trump,
11:46que je verrai jeudi matin en Turquie,
11:50qui a conçu un paquet de sanctions
11:52extrêmement puissantes,
11:54extrêmement dissuasives,
11:55avec des droits de douane
11:58de 500% sur les importations
12:01de pétrole russe
12:02et de 500% sur les pays
12:04qui aujourd'hui continuent
12:06d'importer du pétrole russe.
12:08C'est-à-dire...
12:09C'est éventuellement celle-là
12:10qui aurait le plus d'impact.
12:11Oui, parce que ça fermerait...
12:12Parce qu'on est censé déjà plus importer.
12:14J'ai envie de vous dire des taxes
12:16sur ce qu'on n'importe pas.
12:17Absolument.
12:18Mais en revanche, des taxes...
12:19Mais comme votre reportage l'a très bien dit,
12:21la Russie a trouvé des voies de contournement
12:23face au blocus imposé par l'Europe
12:26et les États-Unis.
12:27En Inde, notamment.
12:28Et donc, aller fermer le robinet
12:29de cette manière-là,
12:30c'est une manière de prendre la Russie
12:32à la gorge.
12:33Alors l'idée, c'est évidemment...
12:34Ça veut dire que tout ce qui viendrait...
12:35Je veux vraiment qu'on aille au bout de ça.
12:37Ça veut dire que tout ce qui viendrait,
12:39ou uniquement l'hydrocarbure,
12:40tout ce qui viendrait de pays
12:42qui sont eux-mêmes importateurs
12:44d'hydrocarbures russes,
12:46potentiellement la Chine,
12:48potentiellement l'Inde,
12:49se verrait augmenter leur droit de douane
12:50de 500% ?
12:51C'est le paquet américain.
12:52C'est ainsi qu'il est conçu.
12:54Vous pourriez signer cela ?
12:56Il vise aussi...
12:57Il y a les hydrocarbures
12:58et le pétrole en particulier.
13:00Il vise aussi les institutions financières
13:02et la banque centrale russe.
13:05Moi, ce que je souhaite,
13:06en coordination étroite avec ce sénateur
13:08qui a quand même réussi à rassembler
13:0980 signatures sur les 100 sénateurs américains
13:12et qui peut donc, en principe,
13:15faire adopter ce paquet à tout moment,
13:17je souhaite que l'Europe puisse à son tour
13:19brandir des sanctions sur les hydrocarbures.
13:22Si il arrive à trouver 80 signatures,
13:24est-ce que vous, vous pourrez trouver 28 signatures ?
13:2728...
13:27Oui, 27.
13:29Alors je ne sais plus, je ne sais jamais où on en est.
13:31Mais est-ce que vous pourrez réussir à convaincre,
13:33c'est-à-dire qu'il a réussi à convaincre
13:34ces homologues là-bas,
13:35est-ce que vous, vous arriverez à convaincre
13:36les autres pays européens ?
13:38En tout cas, c'est ce à quoi je m'emploie.
13:41Je crois qu'il faut maintenant qu'on ait
13:42quelque chose qui soit véritablement dissuasif
13:46pour forcer Vladimir Poutine,
13:48qui de toute évidence n'en a aucunement l'intention,
13:51à cesser le feu et à s'asseoir de bonne foi
13:54à la table des négociations.
13:55Mais je suis quand même frappée
13:56quand vous faites le parallèle
13:57et de votre discussion qui va se poursuivre.
13:59Je le comprends bien et vous nous révélez donc ce matin
14:00que vous serez bien en Turquie jeudi matin,
14:03on va y revenir, c'est-à-dire demain.
14:06Lorsque vous nous dites
14:08il a réussi à obtenir ses 80 signatures,
14:11il a un plan massif, véritablement massif.
14:16Et malgré tout, nous ici,
14:17on va devoir se retrouver à aller faire la tournée des 27
14:20et tenter peut-être éventuellement
14:23de trouver une appropration.
14:24Est-ce que ce n'est pas parfois aujourd'hui l'Europe ?
14:27Certes, vous vous affichez ensemble avec une partie d'entre eux
14:29face à la Russie,
14:31mais au fond, c'est aussi l'Europe
14:34qui, dans son fonctionnement actuel, vous freine.
14:37Écoutez, on nous annonçait il y a quelques mois
14:39que l'Europe allait se disloquer,
14:42qu'elle allait se vendre par appartement aux États-Unis
14:45et qu'elle allait se coucher devant Vladimir Poutine.
14:47J'étais à Kif samedi dernier
14:50avec le président de la République
14:52qui avait rassemblé certains de ses homologues britanniques,
14:56polonais, allemands sur place
14:58et ils ont tenu une réunion en visioconférence
15:02avec l'ensemble des pays européens et au-delà,
15:05avec le Canadien, Néo-Zélandais,
15:07de la coalition des volontaires.
15:09Et tous ont déterminé une unité,
15:11ont affiché une détermination et une unité sans faille.
15:15Et la présidente de la Commission européenne elle-même
15:17a évoqué ce paquet de sanctions du sénateur,
15:21de M. Lindsey Graham,
15:22et la volonté de travailler à quelque chose
15:25de beaucoup plus massif
15:26si Vladimir Poutine ne saisit pas
15:29l'offre qui a été réaffirmée par les Européens
15:33avec le soutien des Américains,
15:34un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours
15:36qui permettra la tenue de discussions sereines.
15:38Le Premier ministre slovaque,
15:40membre de l'Union européenne,
15:42s'est affiché vendredi dernier
15:43aux côtés de Vladimir Poutine sur la Place Rouge.
15:46Je le déplore, et apparemment je ne suis pas le seul
15:48parce qu'il a fait l'objet de très nombreuses critiques.
15:51Ce qui s'est passé le 9 mai à Moscou,
15:56c'est un rassemblement de tous,
15:58en quelque sorte, de tous les adversaires
16:00des États-Unis et aussi de l'Europe.
16:03Quant à nous, où étions-nous le 9 mai ?
16:05Mais qu'un membre de l'Union européenne
16:07s'affiche là-bas,
16:09fasse le choix d'être aux côtés de Vladimir Poutine
16:11devant ce démonstration de force militaire,
16:14a-t-il encore sa place au sein de l'Union européenne ?
16:17C'est déplorable.
16:18Je ne peux pas vous dire autre chose.
16:20La politique étrangère appartient aux États membres.
16:23Ça n'est pas un motif d'exclusion de l'Union européenne.
16:27Mais c'est d'une naïveté confondante.
16:31Le problème, c'est que la politique étrangère, certes,
16:34repose encore sur les nations.
16:37Mais les décisions de sanctions,
16:39elles, ce n'est pas de la politique étrangère.
16:41Et ça repose sur la décision de l'Union européenne.
16:44Vous avez donc une partie de la politique étrangère
16:47qui est aujourd'hui entre les mains d'une Union européenne
16:49au sein de laquelle se trouvent des amis de Vladimir Poutine.
16:54Et jusqu'à présent, nous avons réussi,
16:56malgré ses amitiés ou ses fidélités,
16:59dont je redis qu'elles sont d'une naïveté confondante,
17:02étant donné ce que sont les intentions de Vladimir Poutine
17:05vis-à-vis du continent européen.
17:08Eh bien, elles ne nous ont pas empêché
17:09d'adopter à 17 reprises des paquets.
17:13Peut-on espérer demain le début d'un moment historique
17:18et peut-être d'un processus de paix ?
17:22Nous avons assisté ce week-end,
17:24sous l'impulsion du président de la République,
17:25je crois qu'il faut le rappeler,
17:27ne serait-ce parce que c'est lui qui a fait le lien,
17:32le lien téléphonique entre les Européens et le président américain,
17:35à un moment d'histoire.
17:37Une très forte unité à l'issue d'une semaine européenne
17:40marquée par les comérations du 8 mai,
17:42par le jour de l'Europe le 9 mai,
17:44j'étais moi-même en Ukraine ce jour-là,
17:46où nous avons acté la création du tribunal spécial
17:48pour juger du crime d'agression russe en Ukraine,
17:51et puis cette démonstration de force.
17:53S'agissant de jeudi,
17:55il est essentiel que Vladimir Poutine
17:58réponde à l'invitation qui lui a été faite
18:01par le président Trump,
18:03par le président Zelensky,
18:05et se rende à Istanbul.
18:06Vous avez des informations là-dessus ?
18:08– Non, mais s'il ne le fait pas,
18:10s'il ne se présente pas à Istanbul,
18:12eh bien ce sera une nouvelle confirmation
18:14que Vladimir Poutine veut la guerre,
18:17qu'il la poursuivra,
18:18qu'il ira aussi loin que nous le laisserons aller en Ukraine,
18:22et qu'une fois qu'il en aura terminé avec l'Ukraine,
18:24qu'il poursuivra cette guerre coloniale et impérialiste,
18:28au-delà, et toujours plus proche des frontières de l'Union européenne.
18:30– Est-ce que la France, l'Europe,
18:33doivent être présentes autour de la table des négociations,
18:37si c'est pour parler,
18:39devaient s'engager jeudi à Istanbul ?
18:41– D'une manière ou d'une autre,
18:43l'Europe y participera,
18:45puisque vous avez constaté qu'il y a trois semaines,
18:46c'est à Paris, que pour la première fois,
18:48Américains, Ukrainiens et Européens
18:50se sont trouvés autour de la même table.
18:52– Et des Américains,
18:53est-ce qu'il y aura un représentant de la France,
18:55ou au moins de l'Europe ?
18:56– L'objectif de cette rencontre,
19:01c'est d'avoir un premier contact direct,
19:04après trois ans de guerre,
19:05entre les Européens et les Ukrainiens.
19:08Quant aux Européens,
19:10je le disais, je serai jeudi matin en Turquie,
19:14nous nous retrouverons avec notre collègue ukrainien,
19:19avec notre collègue américain,
19:21juste avant que ne s'engage cette discussion,
19:24si elle a lieu.
19:24Parce qu'à dire vrai,
19:27je ne vois pas très bien pourquoi
19:28elle devrait avoir lieu
19:30si Vladimir Poutine tente une nouvelle fois
19:32de l'esquiver.
19:34Mais si elle a lieu,
19:35nous aurons eu l'occasion au préalable
19:37de nous coordonner et de partager
19:40notre diagnostic de la situation.
19:41– Ça veut dire que vous préparez malgré tout
19:42l'hypothèse selon laquelle Vladimir Poutine
19:45viendrait discuter avec Volodymyr Zelensky.
19:48– D'une manière ou d'une autre.
19:49Écoutez, refaisons très rapidement
19:53l'enchaînement des événements.
19:58Les États-Unis ont demandé à l'Ukraine
20:00un cessez-le-feu.
20:01On était le 9 mars à Jeddah,
20:03en Arabie Saoudite,
20:04que les Ukrainiens ont accepté.
20:06Ils ont demandé aussi, les États-Unis,
20:08est-ce que les Ukrainiens acceptent un accord
20:10sur les minerais et leur exploitation en Ukraine,
20:14ce que les Ukrainiens ont accepté.
20:15Les Européens, avec le soutien du président Trump,
20:18ont réaffirmé cet appel
20:20au cessez-le-feu de 30 jours inconditionnel.
20:22Samedi, dimanche, Vladimir Poutine a dit
20:24« Alors moi, je voudrais qu'il y ait
20:26des discussions directes. »
20:27Pensant piéger le président Zelensky,
20:31qui, loin de se laisser intimider,
20:33a saisi la balle au bon et a dit
20:34« Rendez-vous jeudi en Turquie »
20:36au président Poutine.
20:37Le rendez-vous a été proposé.
20:41Il doit être honoré par Vladimir Poutine,
20:44sans quoi, c'est la démonstration
20:46que tout ce qu'il veut, c'est la guerre.
20:48Monsieur le ministre,
20:49est-ce qu'il n'y a pas finalement
20:50une forme de gigantesque impuissance
20:52de tout ce qu'on organise en tant qu'Européen
20:54jusqu'à présent ?
20:55C'est-à-dire que finalement,
20:56il y a une forme de volonté impérialiste
20:58du côté de Vladimir Poutine, vous l'avez dit.
21:01Est-ce que ça, il y a vraiment un moyen
21:02de la contraindre et de la contredire ?
21:04Est-ce que l'Union Européenne ne parle pas trop ?
21:07Puisque finalement, les États-Unis agissent ou n'agissent pas,
21:10mais il y a une question de réponse.
21:12Non, on peut se faire plaisir en tapant sur l'Europe.
21:15Mais la vérité, c'est quoi ?
21:17C'est que Vladimir Poutine,
21:19qui dispose de l'une des plus grandes armées du monde,
21:22qui est dotée de l'arme nucléaire,
21:24qui l'utilise de manière totalement irresponsable
21:26pour intimider l'Ukraine et ses alliés,
21:28a échoué totalement dans son opération spéciale
21:31dont on nous disait qu'en quelques semaines,
21:33elle allait faire tomber l'Ukraine.
21:33Ça fait trois ans que l'Ukraine résiste,
21:36grâce au courage des Ukrainiens,
21:38mais grâce aussi au soutien résolu des Européens.
21:41Ce que j'ai dit tout à l'heure,
21:43c'est que maintenant que nous avons cheminé vers la paix,
21:46parce que les États-Unis de Donald Trump
21:48ont mis la pression sur tout le monde
21:50pour qu'on chemine de manière plus résolue...
21:51Ça fait pas mal finalement, merci Donald Trump.
21:53On n'allait pas le décourager.
21:55Mais maintenant, pour qu'on accélère
21:57et qu'on cesse le feu,
21:58parce qu'on ne peut pas négocier sous les bombes,
22:01eh bien, sans doute, faut-il qu'on passe au cran suivant.
22:03Jean-Noël Barraud, à la question du génocide ou non à Gaza,
22:07Emmanuel Macron a dit
22:08« Ce n'est pas à un président de la République
22:10de dire ça c'est un génocide
22:12ou ça, ça n'est pas un génocide.
22:14Mon boulot, c'est de tout faire pour que ça s'arrête. »
22:17Ça, est-ce que vous, ministre des Affaires étrangères,
22:20vous le qualifiez de génocide ou pas de génocide ?
22:22C'est une qualification juridique.
22:24Et il appartient à la Cour pénale internationale,
22:27à la Cour internationale de justice,
22:29de trancher cette question.
22:32C'est pourquoi on ne fait pas de la politique
22:33avec des décisions, des questions judiciaires,
22:37que ce soit sur le plan national ou sur le plan international.
22:40Bien sûr que non.
22:41Vous n'avez pas les éléments ?
22:42Bien sûr que non.
22:43C'est aux juridictions internationales
22:45qui ont été saisies sur cette question
22:46et qui se sont prononcées,
22:48ou en tout cas qui se sont prononcées partiellement,
22:50en disant qu'il y avait un risque,
22:53en appelant Israël ou le gouvernement israélien
22:56à limiter ce risque, à le prendre en compte,
23:00mais sans jamais, à ce stade, ne le qualifier.
23:02Maintenant, il faut évidemment que ça cesse.
23:05On me dit hier qu'il y a, depuis le début de l'année,
23:099000 enfants dans la bande de Gaza, selon l'UNICEF,
23:12qui sont soignés, qui ont été soignés pour malnutrition.
23:16Ce qui se passe aujourd'hui à Gaza,
23:18c'est une catastrophe humanitaire sans précédent,
23:22avec des familles, des femmes, des enfants
23:24qui sont assoiffées, qui sont affamées,
23:26parce que le gouvernement israélien
23:29maintient depuis bientôt deux mois et demi
23:30un blocus absolument étanche
23:33sur l'entrée de l'aide humanitaire,
23:34des médicaments, de l'alimentation
23:36dans cette enclave.
23:38Et même si nous appelons au désarmement du Hamas,
23:40même si nous voulons que le Hamas
23:42libère l'intégralité des otages
23:44qu'il détient depuis le 7 octobre,
23:46nous ne pouvons pas nous satisfaire,
23:48ou en tout cas rester insensibles,
23:50à cette situation dramatique.
23:51Vous êtes non seulement le ministre des Affaires étrangères,
23:53Jean-Noël Barraud, mais vous êtes également
23:55le vice-président du MoDem.
23:57François Bayrou sera tout à l'heure
23:59entendu par une commission d'enquête
24:00sous serment.
24:03Est-ce que sa position est tenable sur Bétharame ?
24:05Je suis écœuré par ce procès politique
24:09qu'on voudrait intenter contre le Premier ministre.
24:12Il faut être tordu pour considérer qu'un père de famille
24:18qui serait au courant de sévices,
24:21de maltraitances, dont ses propres enfants
24:24seraient les victimes, les laisseraient
24:26poursuivre leur circularité dans de tels établissements.
24:29Il n'y a pas de contradiction pour vous
24:30dans les termes et dans les affirmations de François Bayrou ?
24:32Non, il y a un procès politique
24:35instruit par la France Insoumise
24:36qui veut comme elle le fait depuis 8 ans
24:40semer le chaos.
24:41Je vous rappelle que la commission est co-présidée
24:41par un membre de la France Insoumise
24:43mais aussi par une députée macronique.
24:46Il ne vous a pas échappé que le procureur
24:48dans cette affaire, c'est M. Vanier
24:50de la France Insoumise qui sur ce sujet
24:51comme sur d'autres, cherche à semer le chaos.
24:54Vous ne croyez pas à la sincérité
24:55des victimes qui disent elles aussi
24:58attendre la vérité tout à l'heure ?
25:00Mais M. Vanier instrumentalise
25:01la souffrance des victimes en s'en servant
25:04de fondement pour un procès politique
25:06qui n'a rien à voir avec les faits
25:08qui se sont avérés et dont je dis
25:10avec une certitude absolue
25:12que François Bayrou ne pouvait pas
25:14en avoir connaissance
25:15sans quoi, comme tout père de famille,
25:17il n'aurait pas pu laisser ses enfants
25:19poursuivre leur scolarité dans cet établissement.
25:21Ça me paraît totalement évident.
25:23Rendez-vous à 17h à l'Assemblée nationale
25:25pour cette commission d'enquête Bétarame.
25:28Merci d'avoir répondu à nos questions ce matin.
25:31Jean-Noël Barraud, ministre de l'Europe
25:32et des Affaires étrangères.

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