Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Antoine Comte.
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00:00Et bienvenue dans les informés, bonjour Antoine Comte.
00:04Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:05Ce matin pour vous informer et décrypter l'actualité, on a du beau monde.
00:09Gilles Bornstein, éditorialiste politique à France Info Télé.
00:12Bonjour Gilles.
00:12Bonjour Salia, bonjour tout le monde.
00:13A vos côtés, Victoria Coussa, journaliste politique à France Info.
00:15Vous présentez le Brief Politique tous les matins 7h24.
00:18Bonjour Victoria.
00:19Bonjour Salia.
00:20Nicolas Tellier est là aussi de la rédaction internationale de Radio France.
00:23Bonjour Nicolas.
00:25Parce que ça fait 100 jours, voilà 100 jours Antoine,
00:26que Donald Trump est revenu au pouvoir aux Etats-Unis.
00:30Et ce qui est sûr, c'est qu'il ne l'est pas resté les mains croisées.
00:32Oui c'est clair, c'est l'histoire.
00:33Je vais vous raconter l'histoire de l'homme qui voulait changer le monde en 100 jours.
00:36L'homme qui voulait transformer la géopolitique et l'économie mondiale en un peu plus de 3 mois.
00:41Et à l'heure du bilan, puisqu'on fait le bilan ce matin, le moins qu'on puisse dire,
00:44vous l'avez dit Salia, c'est que la politique de Donald Trump ne semble pas convaincre totalement les Américains.
00:49Selon un récent sondage publié par le Washington Post et ABC News,
00:53seulement 39% des Américains approuvent la manière dont ils exercent la fonction présidentielle,
00:58ce qui est un record à un point président américain dans cette période de 100 jours depuis 80 ans.
01:03Il faut dire que sur le plan international, Trump avait promis de régler, on le rappelle, la guerre en 24 heures,
01:08c'était durant sa campagne.
01:09Puis au bout de ces fameux 100 jours, on voit bien que c'est raté.
01:12Il avait promis aussi le retour des otages à Gaza, là c'est raté aussi.
01:18Et pire, il a totalement bousculé les alliances mondiales en lâchant l'Europe, son allié historique,
01:24militaire, diplomatique dans le conflit ukrainien notamment.
01:26Et sur le plan économique, bien évidemment plein de choses à dire.
01:28Il a décidé de mener une guerre commerciale en imposant des droits de douane
01:31totalement délirants à ses partenaires du monde entier, en particulier à la Chine et au Canada,
01:36qui ont riposté, et je ne vous parle même pas de sa politique intérieure,
01:39et de la centaine de décrets signés en 100 jours, un record là aussi,
01:43des décrets contre les universités, contre l'expulsion de milliers d'immigrés,
01:48ou encore pour démanteler des réglementations environnementales.
01:50Mais pour l'intéresser, tout va bien.
01:52Au bout de ces 100 jours, il a célébré ses 100 premiers jours à la Maison-Blanche,
01:56en grande pompe, c'était hier dans le Michigan.
01:59Tout va bien, il assure même avoir mis fin à l'inflation dans le pays grâce à ces mesures.
02:02Je vous propose qu'on l'écoute.
02:03« Nous allons réduire de plus de 1000 milliards de dollars les dépenses inutiles et superflues,
02:08et cela sera fait au cours du prochain exercice budgétaire.
02:11Nous allons mettre fin à l'inflation, réduire les prix,
02:15nous avons déjà mis fin à l'inflation,
02:17et augmenter les salaires et vous offrir la meilleure économie de l'histoire mondiale. »
02:22Satisfait de lui, Donald Trump, Nicolas Teilhard, au bout de 100 jours,
02:26il a des raisons d'être content ?
02:28Oui, conquérant, parce qu'il retrouvait aussi l'atmosphère qu'il préfère,
02:31celle d'une campagne électorale devant ses partisans.
02:33Pas n'importe où d'ailleurs, le Michigan c'est assez symbolique,
02:36c'est un état qui est situé au nord des États-Unis, à la frontière canadienne.
02:40On est dans une région qui était un phare de l'industrie automobile,
02:44et forcément avec ce bras de fer commercial qu'il y a d'abord,
02:47d'ailleurs commencé par le Canada et le Mexique, par les pays voisins,
02:50et bien Donald Trump marque aussi un symbole de ce qu'il souhaite faire,
02:55de ce choix stratégique qui est contesté aujourd'hui, qui a chamboulé les marchés,
02:59faire revenir les emplois aux États-Unis.
03:01C'est ce qu'il a promis hier soir à ses partisans.
03:04Si on veut être un peu plus anecdotique, on rappellera que c'est une tradition française,
03:09les 100 jours, ça date de Napoléon, et que ça s'est terminé par Waterloo.
03:13Et c'est bien de rappeler l'histoire, ça donne des enseignements effectivement.
03:17Victoria Koussa, il est satisfait là, on l'a vu, Donald Trump,
03:21on a beaucoup parlé de la politique intérieure, c'est 100 premiers jours avec Corentin Célin,
03:25au niveau de la politique étrangère, c'est un peu plus compliqué,
03:29notamment par exemple sur les droits de douane, il a dû reculer.
03:31Oui, il a dû reculer, et effectivement il y a un principe de réalité
03:34qui fait qu'aujourd'hui on est dans un monde où tous les pays sont connectés
03:37d'un point de vue commercial, d'un point de vue économique,
03:40et il y a eu des ripostes qui lui ont fait peur et qui l'ont fait totalement reculer.
03:45Et on voit aussi que ces 100 jours, c'est aussi les 100 jours des Européens,
03:47parce que rien n'est plus pareil aujourd'hui, et rien ne le sera.
03:51Il reste 1300 jours à Donald Trump aussi,
03:54et les Européens ont été forcés, contraints, de se rendre compte
03:58qu'il fallait développer leur autonomie sur plein de dossiers différents.
04:03Et là, il y a aussi un déclic qui a été pris,
04:07et qui est vraiment en marche, marche forcée, marche accélérée aussi du côté européen.
04:11100 jours qui ont bousculé l'économie mondiale en fait, Gilberstein.
04:14– Oui, mais sur les droits de douane, il a réussi quand même à montrer
04:17que finalement le plus grand pays du monde c'était la Chine,
04:19parce qu'il a voulu une stratégie vraiment de confrontation très dure
04:23avec cette course à l'échalote sur les droits de douane,
04:26en disant que les Chinois vont céder les premiers,
04:28ben non, les Chinois n'ont pas cédé les premiers.
04:29À peu près tout le monde lui avait dit que si Jinping ne pouvait pas de toute façon céder là-dessus,
04:35il n'a pas voulu l'entendre,
04:36et finalement c'est lui qui, le premier, a dû reculer sur les droits de douane.
04:43– Il dit qu'il va être sympa.
04:44– Il dit qu'il va être sympa, donc sur cette espèce de combat,
04:47on sait que le virilisme pour lui c'est important,
04:49donc cette espèce de combat de coq entre lui et Xi Jinping,
04:52ben pour l'instant il l'a perdu sur la confrontation vis-à-vis de l'Europe,
04:56sur les droits de douane, l'Europe n'a pas utilisé la même méthode,
04:58ils ont dit voilà on va discuter, il faut être gentil,
05:01on va voir ce qui va se passer.
05:02Là aussi il a fini par déclarer un moratoire de 90 jours sur les droits de douane,
05:06donc face à un adversaire à commandant ou un adversaire dur,
05:10les deux ont fini par l'emporter définitivement, je ne sais pas,
05:14parce que c'est vrai qu'il faudra voir à la fin,
05:16même s'il y a 10% de droits de douane avec l'Europe,
05:18c'est quand même plus que les 2 ou 3% qu'il y avait,
05:22mais c'est vrai que pour l'instant sur les droits de douane,
05:24on ne peut pas dire que ça soit une victoire triomphale,
05:27et puis sur ce que disait Nicolas sur le fait qu'il veut que des entreprises
05:30viennent aux Etats-Unis, dont on sait que c'est l'objectif,
05:33pour venir aux Etats-Unis, il faut effectivement un contexte favorable,
05:38et rassurant, on sait que les entreprises détestent l'incertitude,
05:42c'est de venir s'installer aux Etats-Unis, c'est des décisions à 10, 20, 30 ans,
05:46il faut de la stabilité, et là aucun industriel ne peut se dire
05:49qu'il y a de la stabilité aux Etats-Unis, ça décourage,
05:51et puis il faut de la main-d'oeuvre, et aux Etats-Unis la main-d'oeuvre est chère,
05:54elle est rare, et elle est d'autant plus rare qu'un certain nombre de gens
05:58vont être expulsés, comme vous l'expliquait Corentin Célin tout à l'heure.
06:02– Je vais un peu revenir à l'histoire politique française,
06:04je parlais de Napoléon hier, c'est de François Mitterrand
06:07qui a parlé au Wall Street Journal, qui a fait référence au président
06:10de la République socialiste, le premier au pouvoir à la Ve République,
06:14en parlant du tournant de la rigueur, c'est-à-dire le moment
06:17où François Mitterrand a décidé d'arrêter la politique
06:20qu'il avait promis pendant sa campagne, au bout de quelques mois,
06:23en constatant l'échec, on est en 83, et en revenant en arrière.
06:28En fait, c'est ce que le Wall Street Journal,
06:30qui est vraiment le quotidien américain le plus proche des milieux d'affaires,
06:34demande à Trump de faire aujourd'hui, en lui disant
06:37« c'est pas grave de renoncer et de dire cette politique ne marche pas »,
06:41c'est quand même, pour le clin d'œil, assez drôle de voir ce quotidien-là
06:45faire référence à un président français et socialiste,
06:48mais il y a cette idée derrière qu'il y a une vraie incertitude
06:53et puis parfois une vraie défiance face à une politique douanière
06:57que tout le monde ne comprend pas aux États-Unis
06:59et dont il y a une crainte qu'elle ait à la fois un impact sur les entreprises
07:02mais aussi sur le consommateur.
07:04Et cette nuit, parce qu'il n'a pas fait qu'un meeting,
07:06Donald Trump, il a aussi donné une longue interview à la chaîne ABC,
07:09il a tenté de défendre ça en expliquant que le coût de l'énergie,
07:13par exemple, était au plus bas aux États-Unis,
07:16qu'il y avait des raisons d'insister et surtout qu'il avait vendu ça à ses électeurs pendant sa campagne.
07:21Il a toujours dit que ça serait difficile au début, qu'il y aurait une période de transition.
07:25La vraie incertitude, c'est qu'on ne sait pas du tout ce qu'il en sortira dans quelques mois.
07:29Et si on parle souvent de ces revirements, il y a plutôt une constante vis-à-vis de la Chine.
07:33Donald Trump, ça fait des années qu'il est obsédé, et pas seulement lui d'ailleurs.
07:36C'était le cas de Joe Biden, qui n'a pratiquement rien changé à sa politique du premier mandat vis-à-vis de Pékin.
07:42Donc là, il y a un vrai bras de fer.
07:44Le problème, c'est que la Chine est organisée,
07:47s'était préparée depuis des mois, si ce n'est plus, à une riposte.
07:51Et qu'il est difficile aujourd'hui de savoir ce qu'il en sortira,
07:54à la fois pour les Américains, mais aussi pour nous en Europe.
07:56Effectivement, incertitude sur le dossier des droits de douane,
07:59et incertitude aussi sur le volet des guerres qu'il avait promis de régler en 24 heures,
08:03par exemple pour celles en Ukraine, Antoine.
08:05C'est la vraie question qui se pose.
08:07Il est tellement inconstant, Donald Trump, et blanc la veille et noir le lendemain,
08:12qu'il avait quand même dit, au bout de 100 jours, je vais régler le conflit en Ukraine.
08:17Ce n'est pas le cas.
08:17La question qui se pose aujourd'hui, c'est est-ce que Donald Trump est capable de tout envoyer bouler ?
08:21C'est la vraie question.
08:22On va voir ce qui va se passer, mais s'il fait ça, quelles sont les conséquences pour le monde ?
08:26C'est-à-dire que, est-ce que l'Europe est capable seule de continuer à financer la guerre ukrainienne ?
08:32Ça, c'est un vrai risque ?
08:34Qu'à un moment, ils disent, allez, c'est terminé, vous ne voulez pas m'écouter ?
08:37Oui, c'est un vrai risque.
08:39Il voulait faire la paix avec Vladimir Poutine, dont il disait,
08:42lui, il veut faire la paix, il me comprend, il me respecte, on va s'entendre, etc.
08:47Laissant de côté Zelensky.
08:49Alors, quelle est la nature de sa réconciliation vaticanesque avec Zelensky ?
08:56On ne le sait pas, il a dit l'autre fois sur le tarmac de je ne sais quel aéroport,
09:00Poutine, ce n'est pas bien, il bombarde des populations civiles.
09:02Stop.
09:03Stop, etc.
09:04Mais là, il dit que ça va mieux avec Poutine.
09:05Jusqu'à présent, il voulait faire la paix avec l'un des deux, Poutine.
09:09Il peut dire, ok, j'ai compris que Vladimir Poutine ne veut pas faire la paix,
09:12je vous laisse, au lieu de conclure un accord de paix,
09:15je vous laisse vous débrouiller tous les deux,
09:16et on s'en va.
09:17Alors, à quel point le risque est réel ?
09:19Oui, il a l'air réel.
09:22Jusqu'à quel point, je n'en sais rien.
09:23Nicolas ?
09:23Le sentiment, c'est qu'il y a une lassitude du côté de la diplomatie américaine
09:27face à un dossier qui est extrêmement complexe,
09:29qui implique énormément d'acteurs, d'enjeux,
09:33et qu'au final, dans la vision, en tout cas, qui est celle de Donald Trump,
09:37prendre autant de temps et s'engager autant dans un dossier si compliqué
09:41où personne ne semble vouloir, en tout cas, suivre ses conditions
09:45et faire la paix à tout prix.
09:47Donald Trump, qui rêvait de décrocher un prix Nobel,
09:50il est peut-être prêt à s'en passer, mais à se désengager de ce dossier.
09:55Le vrai risque, c'est aussi la question de l'OTAN,
09:58parce qu'il y a un sommet de l'OTAN qui aura lieu d'ici à l'été
10:02et qui sera majeur, parce que Donald Trump,
10:05dans ses pressions vis-à-vis de l'Europe,
10:07il y avait aussi l'idée de demander aux Européens et à ses partenaires
10:11de faire d'énormes efforts du point de vue militaire.
10:16Et aujourd'hui, derrière le dossier ukrainien,
10:18il y a la question de la fiabilité, en fait, tout simplement, de cette alliance
10:21et de ce que pourrait faire la Russie à un pays de l'OTAN.
10:249h17 sur France Info, je vous propose qu'on continue la discussion
10:27juste après le fil info de Maureen Suignard.
10:29Le ministre des Transports lance un appel à la raison au syndicat de la SNCF
10:34la semaine prochaine sera déterminante, dit Philippe Tabarro.
10:37Plusieurs organisations syndicales de la compagnie ferroviaire
10:40lancent un appel à la grève pour le pont du 8 mai.
10:43Elle demande de nouvelles augmentations de salaires.
10:46Par ailleurs, le ministre des Transports annonce un renforcement
10:48des contrôles de stupéfiants pour les conducteurs de bus scolaires.
10:52Des tests seront opérés par la police et par les entreprises de transport
10:55plusieurs fois dans l'année.
10:57De nouveaux bombardements russes ont fait des victimes en Ukraine
11:00la nuit dernière, au moins un mort et une quarantaine de blessés
11:02dans plusieurs villes.
11:04Mais le président américain dit penser que son homologue russe
11:06veut la paix en Ukraine.
11:08Donald Trump a pourtant émis des doutes à ce sujet il y a quelques jours.
11:11Les touristes ont été moins nombreux en montagne cet hiver,
11:14mais plus présents en ville.
11:15Résultat, la fréquentation touristique est stable par rapport à l'année dernière.
11:20Cet hiver est aussi marqué par un retour des touristes étrangers.
11:23La clientèle étrangère représente une nuitée sur trois
11:26dans les hôtels français.
11:27Les informés continuent avec Victoria Koussa, journaliste politique
11:41à France Info, avec Nicolas Teilhard de la rédaction internationale
11:44de Radio France, avec Antoine Comte et Gilles Bernstein,
11:47éditorialiste politique à France Info TV.
11:49On parlait de la difficulté pour Donald Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine
11:52comme il l'avait promis pourtant pendant la campagne présidentielle américaine.
11:55Il avait dit, je vais mettre fin au dossier à la guerre en 24 heures.
11:59Résultat, on est à 100 jours et ça ne marche toujours pas.
12:03Ce qui bloque, en fait, c'est qu'il n'arrive pas à s'attirer les faveurs de Vladimir Poutine.
12:07Oui, il s'est peut-être vraiment trompé sur la nature de Vladimir Poutine.
12:11Il y a autre chose dont on n'a pas parlé.
12:12Il voulait, manifestement, avec ce plan sur l'Ukraine,
12:15vous vous souvenez des terres rares, des minerais.
12:17Il voulait faire une sorte de joint venture.
12:19Voilà, on va dépecer tous les deux.
12:21Toi et moi, on va dépecer l'Ukraine et puis on en obtiendra des revenus pour l'éternité, toujours.
12:27Mais il semblerait que l'argent, le business, Poutine s'en fout.
12:32Ça ne l'intéresse pas.
12:33Ce qu'il veut, c'est conquérir l'Ukraine.
12:35Et il n'a pas compris.
12:36C'est la différence entre un tsar et un banquier d'affaires.
12:39Lui, c'est un banquier d'affaires.
12:41Il pense qu'avec des deals, on peut convaincre tout le monde.
12:43Poutine, c'est le tsar.
12:44Il pense à recréer les frontières de la Russie, sinon impériale, au moins communiste.
12:50Et ça, il semblerait qu'il ne l'a pas compris.
12:53Donc, il a fait amirouater à Poutine des trucs qui ne l'intéressent pas du tout.
12:56L'idée du deal, quand même, c'est important.
12:58Il faut l'évoquer parce que c'est le cas pour l'Ukraine et la résolution du conflit en Ukraine.
13:02Mais c'est aussi le cas pour le Proche-Orient.
13:04Transformer la bande de Gaza en Riviera du Proche-Orient.
13:08C'est son idée.
13:09C'est le manien de l'immobilier qui parle là aussi, Nicolas.
13:11Oui, mais c'est aussi ce qu'il est en train de faire avec l'Iran.
13:13Et c'est un dossier majeur dans la région parce que ça concerne directement Israël
13:18qui rêve en ce moment de pouvoir frapper l'Iran qui est affaibli comme jamais.
13:23Or, Donald Trump, il a relancé des négociations
13:25et ça semble tout près d'aboutir sur la question du nucléaire iranien.
13:30Donc, oui, il y a cette idée de deal.
13:31Et derrière, il y a aussi des différences d'agenda puisqu'on parlait du tsar.
13:35C'est le temps long sur la Russie.
13:37C'est l'impatience permanente de Donald Trump.
13:39Et j'allais dire, dans la manière dont il a bouleversé vraiment les équilibres,
13:44parce qu'on a eu un tournant historique.
13:46C'est quasiment 80 ans d'histoire qui ont été bousculés depuis trois mois.
13:51Il y a la question de savoir si Trump sera une parenthèse ou s'il y aura une continuité.
13:55Aujourd'hui, on n'est qu'à 100 jours.
13:56Est-ce que derrière Donald Trump, il y aura un retour des États-Unis
14:00dans quelque chose de plus classique, de ce qu'on connaissait depuis des années ?
14:04Ou est-ce que vraiment ce qu'il a engagé ici sera durable
14:08et qu'il n'y aura pas de retour en arrière ?
14:09Ça, ce sera la vraie question des prochaines années.
14:11Antoine ?
14:12Il y a un vrai échec de Donald Trump sur la scène internationale,
14:14pour le moment en tout cas.
14:15On a parlé du conflit ukrainien et du côté de Gaza.
14:18Mais il y a un échec aussi qui est en train de poindre sur la scène nationale.
14:22Quand on lit les magazines, les journaux américains aujourd'hui,
14:25il y a de nombreux témoignages d'américains qui ont voté Trump
14:28et qui déchantent, qui commencent à dire
14:29« Non, en fait, ils nous avaient promis que les prix allaient baisser dans les supermarchés. »
14:33Et en fait, non, ils augmentent à cause des droits de douane.
14:35Donc, il y a un vrai souci à l'intérieur aussi du pays.
14:39Et je rappelle qu'il y a des mid-terms.
14:40Il joue gros politiquement aussi, Donald Trump.
14:44Il veut essayer de tenir jusque-là.
14:46Mais voilà, on sent qu'il y a un petit frémissement du pays
14:49et une opposition qui commence peut-être enfin à avoir le jour
14:53avec peut-être des démocrates qui sont en train de se réveiller.
14:56En tout cas, la population, elle, commence à dire que tout ne va pas très bien.
14:59Et puis, il y a une question juridique aussi,
15:01parce qu'il y a énormément des mesures qui ont été décidées par Donald Trump
15:04depuis trois mois qui sont contestées en justice,
15:06qui devraient sans doute au final aller jusqu'à la Cour suprême américaine
15:10et qu'au final, il est difficile de tirer le bilan d'un certain nombre de mesures
15:13qui restent aujourd'hui hypothétiques dans leur application.
15:16Merci beaucoup Nicolas Teilhard pour votre éclairage.
15:20Nicolas Teilhard de la rédaction internationale de Radio France.
15:22On revient en France, justement, puisque demain c'est le 1er mai, Antoine.
15:25Absolument, demain c'est le 1er mai.
15:27On nous annonce un 1er mai très politique,
15:30avec donc évidemment de façon assez classique les forces de gauche.
15:34Les quatre forces, oui, le nouveau Front populaire existe encore visiblement,
15:37en tout cas qui seront dans la rue,
15:39mais qui vont tout faire pour ne pas se croiser,
15:41je pense notamment aux insoumis et aux socialistes,
15:43mais qui auront le même objectif, évidemment,
15:45s'opposer frontalement à la politique du gouvernement
15:48et sa politique de casse sociale,
15:50comme le disait Manuel Bompard hier sur ce même plateau.
15:55Salia, coordinateur de la France insoumise, écoutez Manuel Bompard.
15:58Petit à petit, on fait en sorte qu'un jour qui était un jour férié ne le sera plus.
16:02Donc si on a des jours fériés, en plus celui-là,
16:04qui est la journée internationale pour les droits des travailleurs et des travailleurs,
16:06c'est certainement pas pour contraindre des travailleuses et des travailleurs
16:09à aller travailler ce jour-là.
16:10Donc je trouve ça vraiment une très mauvaise mesure.
16:13Mais moi, j'appelle, plutôt que d'aller travailler le 1er mai,
16:16j'appelle tout le monde à venir manifester.
16:17Ça, c'est important de le faire.
16:19Oui, voilà, donc Manuel Bompard qui réagissait évidemment
16:22à ce projet de faire travailler certains travailleurs,
16:27certains artisans, les boulangers notamment, pour le 1er mai.
16:30Et puis le 1er mai, c'est aussi souvent deux salles, deux ambiances,
16:33parce que vous avez aussi le Rassemblement National,
16:34qui fait de ce jour un rendez-vous politique important à son agenda
16:39et notamment un grand meeting qui est organisé du côté de Narbonne,
16:41c'était à Perpignan l'année dernière,
16:43où on attend un discours de Marine Le Pen
16:45qui est face à ses déboires vis-à-vis de la justice
16:48et donc elle est suspendue à ce procès en appel de 2026.
16:53Et puis évidemment, un petit mot sur les syndicats
16:54qui eux aussi seront dans la rue.
16:56C'est quand même eux, au départ, qui lancent cet appel
16:58à la manifestation du 1er mai.
17:00Alors justement, les syndicats, les partis de gauche
17:01qui vont se réunir demain dans la rue,
17:04ils ont des raisons de se mobiliser demain ?
17:06Oui, ils ont des raisons.
17:07Alors Manuel Bompard a évoqué les derniers dossiers,
17:10mais il y a évidemment le conclave retraite
17:11qui occupe les esprits à gauche, des syndicats également.
17:16Il ne reste que quelques semaines pour tomber d'accord.
17:18Un accord total, qui semble pour le coup impossible.
17:24Un accord partiel, c'est en tout cas l'espoir
17:26de ceux qui discutent, de ceux qui sont restés autour de la table,
17:29puisqu'il n'en reste plus beaucoup.
17:31En tout cas, le conclave n'est plus intégral.
17:35Et c'est aussi l'espoir des députés derrière,
17:36des députés de gauche qui veulent un texte à tout prix.
17:39Et ça va être de plus en plus tendu
17:42pour le Premier ministre François Bayrou,
17:43puisque les socialistes l'attendent au tournant.
17:46Eux, ils veulent un texte dans tous les cas,
17:47même si l'accord partiel n'est pas là,
17:52même s'il y a très peu de points d'accord.
17:54Ils veulent un texte au Parlement.
17:55Sinon, ce sera la censure.
17:58Et le PS le répète.
17:59Et pression maximale sur François Bayrou,
18:01même les macronistes redoutent cette fenêtre
18:04qui va bientôt s'ouvrir.
18:05L'exécutif également,
18:07puisque motion de censure,
18:08si les socialistes la votent,
18:09les insoumis et le reste de la gauche iront évidemment,
18:12parce qu'ils n'attendent que ça.
18:14Et ça redonnerait aussi du poids au RN,
18:15qui pourrait encore une fois tenter de négocier des choses.
18:18Donc François Bayrou, là, va vivre une période très compliquée.
18:21Gilles ?
18:22Mais il peut ruser, parce qu'il n'y aura pas,
18:24alors on rentre dans la technique parlementaire,
18:26il n'y aura pas de session extraordinaire.
18:27Donc il suffit que le conclave dure un jour de plus
18:30que la fin de la session,
18:32et le gouvernement pourra dire,
18:33ah ben c'est ballot,
18:34on aurait bien aimé présenter un texte au Parlement,
18:36mais maintenant il va falloir attendre octobre,
18:38il y aura peut-être une session.
18:39La session extraordinaire, c'est l'Assemblée qui se réunit l'été.
18:42La règle qui se réunit l'été.
18:43Si l'Assemblée ne se réunit pas l'été,
18:45eh ben on ne peut pas présenter de texte au Parlement.
18:47Alors l'Assemblée pourrait commencer ses travaux plus tôt en septembre,
18:51sinon la possibilité d'un texte parlementaire,
18:53et là il faut savoir si le PS ne l'accepterait pas ou pas,
18:56c'est que les conclusions de ce conclave,
18:58quelles qu'elles soient,
18:59soient intégrées à l'intérieur du PLFSS,
19:01du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
19:03Donc il y aurait une traduction parlementaire du conclave,
19:05mais au lieu d'avoir lieu là en juin,
19:08elle aurait lieu en octobre.
19:09Et là, ça mettrait les socialistes dans l'embarras.
19:12Parce que si des conclusions du conclave sont mises dans le projet de budget,
19:17ça ne les force pas à les voter, à le voter ce budget.
19:20Enfin, c'est une incitation forte à le voter.
19:24Donc c'est vrai que c'est une période compliquée,
19:26où chacun a des armes,
19:28mais c'est vrai que les socialistes attendent François Bayrou au tournant de ce conclave.
19:33Parce que le budget, ça va être quand même l'autre argument de ceux qui vont se réunir demain.
19:3740 milliards d'économies.
19:39Absolument, Gilles, il en parle à l'instant, il a raison.
19:41Parce que ce budget, il agrège un peu tous les mécontentements finalement.
19:44Celui des retraités avec peut-être cette rumeur,
19:47ou plus qu'une rumeur de suppression de l'abattement fiscal de 10% concernant les retraités.
19:52Vous avez également peut-être la création d'un impôt local,
19:54alors que la taxe d'habitation a été supprimée,
19:57et qu'Emmanuel Macron et le gouvernement répètent à longueur de journée
19:59qu'ils n'augmenteront pas les impôts.
20:00Donc une forme un peu d'impôt caché.
20:03Les collectivités locales qui sont aussi concernées,
20:06et donc qui vont mettre la main à la poche.
20:07Et puis aussi peut-être la colère des fonctionnaires.
20:10Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics l'a dit,
20:12elle souhaite la fusion ou la suppression de certaines agences de l'État.
20:15Entière des agences, oui.
20:16Donc si vous avez les fonctionnaires, les retraités,
20:19et puis finalement des Français qui sont mécontents
20:21avec un nouvel impôt local qui est mis en place,
20:23là oui, on risque d'avoir un 1er mai social et politique,
20:26mais aussi des mois très compliqués pour le gouvernement à venir.
20:29Victoria ?
20:30Oui, oui, tout à fait, il y a tous ces dossiers-là.
20:32Et ce que je voulais dire, c'est aussi qu'au PS,
20:35il va se passer quelque chose, c'est le Congrès.
20:37Et tout dépendra aussi de ce Congrès
20:39pour les décisions à venir de censure ou de non-censure.
20:42Donc effectivement, il y a beaucoup d'échéances.
20:45D'ici le prochain budget, beaucoup d'échéances politiques.
20:47Puisque si Olivier Faure, qui est l'actuel patron du PS,
20:50et qui est sur une position pro-censure depuis le départ,
20:54même s'il n'obtient pas gain de cause à chaque fois,
20:56s'il est renversé par d'autres alliances socialistes,
21:01là, la donne ne sera pas exactement...
21:04Et l'issue d'une motion de censure ne serait pas exactement la même.
21:08D'autant qu'une motion de censure peut être aussi débloquée
21:10sans qu'il y ait de texte à voter au Parlement.
21:13Juste sur l'idée, pardon, comme on sait que c'est à partir de cet été
21:19qu'Emmanuel Macron pourrait à nouveau dissoudre l'Assemblée nationale,
21:24ça joue ça dans les esprits ?
21:25Les socialistes n'ont pas très très envie de retourner là tout de suite.
21:28Les seuls qui en ont vraiment envie, c'est le Rassemblement national
21:30et la France insoumise.
21:31Le Rassemblement national, c'est même pas sûr
21:33parce qu'ils ont des soucis juridiques, vous le savez.
21:37Les socialistes n'ont pas envie.
21:38Olivier Faure, si l'une des solutions aujourd'hui
21:40est que ça se passe mal avec les insoumis,
21:41il n'est pas réélu dans sa circonscription.
21:44C'est quand même une forte incitation.
21:46François Hollande, lui-même, dans sa circonscription,
21:49n'est pas du tout sûr d'être réélu.
21:51Il y a un certain nombre de socialistes
21:52qui vont se trouver très urgent
21:54d'attendre des jours meilleurs
21:56pour retourner devant les électeurs.
21:58Et donc, ils peuvent avoir piscine
21:59le jour où il faudra aller déposer
22:01un petit bulletin de censure du gouvernement.
22:03Et Marine Le Pen n'a pas trop d'intérêt à y aller
22:04parce que c'est une dissolution.
22:06Elle ne peut pas se présenter, elle ne peut pas être candidate.
22:07Mais ça peut permettre de lancer
22:11Jordan Bardella à l'Assemblée.
22:12Oui, c'est vrai.
22:13Merci beaucoup à tous les trois.
22:15On va évidemment suivre ça.
22:16Demain, effectivement, les rassemblements.
22:18Pour le 1er mai, Gilles Bornstein,
22:20merci à vous, éditorialiste politique à France Info TV.
22:22Merci à vous, Victoria Koussa,
22:23journaliste politique à France Info.
22:24Je rappelle le brief politique à 7h24 tous les matins.
22:27Merci Antoine Comte.
22:28Merci beaucoup Saïa.
22:29C'était un plaisir de travailler avec vous toute cette semaine.
22:31De bien partager.
22:32Rendez-vous à 20h.
22:33À très vite, rendez-vous à 20h pour les informer.