Tous les matins, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
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00:00Les informer avec Renaud Delis, bonjour Renaud, avec nous autour de la table aujourd'hui Pauline
00:10Téveniot qui papote encore avec... Ben oui vous êtes un peu dissipée alors qu'on vient de commencer.
00:15Pauline Téveniot, donc grand reporter au service politique du parisien aujourd'hui en France.
00:19Bonjour Pauline. Bonjour. Et donc c'est Gilles Bernstein qui commence l'éditorialiste politique
00:23à France Info Télé. Ça va bien Gilles ? Parfait, mieux ça serait indécent. Eh ben voilà,
00:28tant mieux. Renaud Delis, parce que Renaud Delis, là on commence tout de suite avec François
00:30Bayrou qui a rappelé à l'ordre ses ministres. Oui, François Bayrou chahuté par plusieurs de
00:34ses ministres puisqu'il y a une certaine cacophonie gouvernementale qui règne ces derniers temps.
00:39Après Bruno Retailleau, ça c'était dimanche qui avait laissé planer la menace de sa démission
00:45s'il n'obtenait pas gain de cause dans le conflit qui oppose Alger et Paris sur le sort des
00:49ressortissants algériens visés par une obligation de quitter le territoire français que Bruno
00:54Retailleau veut donc expulser vers l'Algérie qui les refuse. Eh bien voilà que Gérald Darmanin,
00:58à son tour, a hier agité la menace de sa démission sur un autre sujet, l'interdiction du port de
01:04signe religieux dont le voile dans les compétitions sportives. Une interdiction qui a été validée par
01:09une proposition de loi adoptée au Sénat, une proposition de loi issue de la droite,
01:13mais une proposition qui divisait en tout cas jusqu'à hier le gouvernement. La ministre des
01:18sports Marie Barsac avait considéré que le port du voile n'était pas forcément un signe d'antrisme
01:23ou de radicalisation au sein du monde du sport. Une position qui était peu ou prou aussi celle
01:28d'Elisabeth Borde, la ministre de l'éducation nationale, qui s'exprimait en ces termes. C'était
01:31avant-hier sur ce plateau. Dans les compétitions sportives, moi ce que je note c'est que c'est
01:36aussi la responsabilité des fédérations de définir leurs règlements intérieurs. Le Conseil
01:42d'État nous a confirmé que quand les fédérations mettent en place des règlements intérieurs qui
01:49disent la tenue c'est la tenue, ça suffit et ça protège effectivement, ça permet de proscrire
01:57de fait des signes ostentatoires religieux dans les compétitions. Une sortie qui comme celle de
02:02Marie Barsac, la ministre des sports, a fâché Gérald Darmanin. Hier le garde des Sceaux a indiqué
02:07qu'il a pointé, il a fustigé leur naïveté, ce qui a fâché François Bayrou, ce qui a finalement
02:13convoqué tous les protagonistes pour les rappeler à l'ordre, mais qui s'est aligné sur le fond,
02:18sur la position de Gérald Darmanin, en soutenant l'interdiction du port du vol dans les compétitions
02:22sportives. Bref, pourquoi un tel désordre ? Un petit peu long à résumer, je vous l'accorde.
02:27Est-ce que François Bayrou a fait preuve de l'autorité requise par un Premier ministre ?
02:34Bref, est-ce que le Premier ministre qui est supposé être un chef d'orchestre, est-ce que c'est le cas ?
02:37Est-ce qu'il y a encore un orchestre et est-ce qu'il y a un chef ?
02:39Pauline, c'est vous qui avez dévoilé l'information du recadrage de cette réunion de recadrage par François Bayrou hier ?
02:45Oui, en fait, tout a commencé au petit déjeuner des cadres de la majorité, qui n'en est pas une d'ailleurs,
02:51rappelons-le, du mardi matin à Matignon. François Bayrou, il a entendu Gérald Darmanin sur TF1
02:59fustiger la naïveté de certains dirigeants politiques et il n'a pas du tout aimé.
03:03Et dans ce sénacle, dans cette réunion matinale, il dit que les critiques internes comme ça entre
03:09les ministres sont inacceptables et qu'il compte y mettre bon ordre. Et c'est là qu'il convoque, sur le champ,
03:16tous les ministres qui se sont exprimés sur cette question du port du voile dans les compétitions sportives,
03:21plus la ministre dont le portefeuille est concerné, Aurore Berger, parce que son portefeuille contient la lutte
03:26contre les discriminations. Et c'est là que ça frise la crise gouvernementale, parce qu'on révèle ça.
03:34Et dans la foulée, sur notre site internet, Gérald Darmanin sort du bois en disant qu'il n'est pas question de discipline
03:40sur ces sujets-là, qu'il s'agit de convictions profondes, et c'est là qu'il pose la question de son maintien au gouvernement
03:46si la ligne arbitrée par François Bayrou ne lui convient pas. Là, ça prend un tour inouï, c'est-à-dire qu'avant d'arriver à Matignon,
03:56publiquement, le garde des Sceaux définit l'autorité du Premier ministre en disant
04:01vous voulez nous recadrer, mais il n'y a pas de recadrage qui tienne sur ces questions fondamentales.
04:06François Bayrou, quand il commence, quand il prend le pouvoir et qu'il devient Premier ministre et qu'il nomme son gouvernement,
04:12il dit liberté de parole. Donc que les ministres réagissent comme ça aujourd'hui, c'est un peu logique, Gilles.
04:18Voilà, c'est exactement ça, c'est la faiblesse, le revers de la médaille de ce qu'il avait décidé lui-même.
04:23En fait, il était parti d'un constat, il a dit j'ai voulu des poids lourds dans mon gouvernement, j'ai des poids lourds dans mon gouvernement,
04:28donc de toute façon, ils voulaient ouvrir, donc plutôt que de le subir, je vais faire semblant de l'organiser.
04:32Voilà, vous avez le droit de donner, vous êtes des personnalités politiques importantes,
04:36vous avez le droit de donner votre avis. Alors après, c'est subtil, c'est sûr qu'entre la polyphonie, qui était le terme officiel,
04:41autorisée, et la critique de son camarade d'à côté, il y a une différence sur laquelle François Bayrou a joué hier,
04:48en disant vous avez le droit de donner votre avis, vous n'avez pas le droit de traiter une ministre d'État, ancienne Première ministre, de naïf.
04:52Parce que quand Gérald Darmanin dit...
04:55Bien sûr, il y avait Marie Barsac, mais Marie Barsac, elle est ballottée entre des poids lourds politiques, ils règlent leur compte.
05:01La vérité, c'est qu'à cette règle de François Bayrou, d'abord, François Bayrou, il avait été affaibli tout le week-end,
05:07parce qu'il avait dit sur ce plateau même, sur les 62 ans. En politique, quand vous avez votre petit copain qui est faible,
05:16généralement, vous n'essayez pas de l'aider, vous essayez de bien appuyer dessus.
05:21Voilà, Gérald Darmanin, Bruno Retailleau, ils voient que le Premier ministre est faible et ils en profitent.
05:25Par ailleurs, on n'arrête pas de dire que la course à 2007 commence, enfin ce week-end, à 2027.
05:30Celle de 2007, elle est terminée.
05:32Absolument.
05:33Tu te rappelles, là, non ?
05:34Et 2027 commence. Là, c'est vrai que ça a commencé assez durement ce week-end.
05:39Gérald Darmanin, Édouard Philippe, Bruno Retailleau.
05:42Bon, Gérald Darmanin, il a dit que d'une manière ou d'une autre, il participera à cette échéance.
05:48Eh bien, il devait, lui aussi, face à Bruno Retailleau qui est en train de cranter quelque chose à droite,
05:53Édouard Philippe, dont on n'a pas très bien compris si c'était son copain ou son adversaire,
05:56Édouard Philippe, lui aussi, qui crante quelque chose à droite,
05:59eh bien, Gérald Darmanin, il devait exister.
06:03Oui, mais on est quand même à deux menaces de démission en trois jours.
06:08Ça illustre à la fois le compte à rebours qui est enclenché, comme vient excellemment l'exprimé Gilles Bernstein,
06:13et puis la faiblesse de François Bayrou, c'est-à-dire que c'est un peu comme la dissuasion nucléaire.
06:19Tous les ministres en question, les poids lourds en question, en tout cas,
06:22ont déjà l'échéance 2027 en tête, et pas seulement eux d'ailleurs,
06:26Édouard Philippe et d'autres aussi, au sein de ce socle commun qui n'est pas vraiment majoritaire,
06:30et donc considèrent que François Bayrou était un premier ministre de transition,
06:34qu'ils soutiennent jusqu'au moment où leur intérêt sera de ne plus le soutenir.
06:38Et donc là, c'était des banderilles qui ont été posées par Gérald Darmanin et par Bruno Retailleau.
06:43Ça, c'est sur le calendrier politique et les ambitions concurrentes.
06:46Donc à un moment ou à un autre, normalement, l'un de ceux-là, effectivement,
06:50peut-être le ministre de l'Intérieur, peut-être le garde-baisseau,
06:53claquera sûrement la porte du gouvernement quand il jugera que c'est son intérêt à lui,
06:56dans la perspective de la présidentielle.
06:57Et puis l'autre difficulté, c'est que cette méthode d'entretenir le flou,
07:03laisser les ministres s'exprimer à titre individuel, indépendamment de leur portefeuille,
07:08elle a été voulue et assumée par François Bayrou, mais elle est en train de se retourner contre lui,
07:13ce qui est intéressant, c'est que lui-même, d'ailleurs, l'a mis en pratique,
07:16encore hier à l'Assemblée nationale, sur la question du retour à 62 ans,
07:19donc il l'écarte pour ce qui est de la réforme des retraites,
07:22on en parlera un petit peu plus tard,
07:23lui-même dit, en répondant à une question au gouvernement,
07:26qu'il juge que ce n'est pas possible le retour à 62 ans,
07:30je le dis en tant que citoyen, en tant qu'observateur.
07:32Comme s'il n'était pas Premier ministre.
07:33Il n'est pas juste observateur, oui, il est aussi Premier ministre.
07:35A priori, sa parole, aussi surprenant soit-il,
07:38sur ce sujet-là, compte un petit peu plus que la mienne, par exemple.
07:40Oui, c'est dur, c'est dur.
07:44Mais juste quand même, sur le fond du sujet,
07:46parce que quand même, on parle du port du voile dans le sport,
07:50l'interdiction du port des signes religieux dans les compétitions sportives,
07:53pourquoi ça prend une telle importance, ce sujet-là en particulier ?
07:56Les Français qui nous écoutent ou nous regardent doivent se dire,
07:58mais il n'y a pas plus important quand même comme sujet aujourd'hui ?
08:01Pourquoi ce sujet-là, en fait, a déclenché cette crise aujourd'hui, Pauline ?
08:04Mais parce que ça touche à tous ces sujets qui sont très épidermiques en ce moment,
08:10à la fois dans l'opinion et à la fois dans la classe politique,
08:16et surtout dans le cadre de cette compétition interne en vue de 2017,
08:21où chacun...
08:212027.
08:222027, mais décidément...
08:24Vous pouvez vous rapprocher, mais c'est toujours pas...
08:25Je m'imaginais remonter le temps ce matin.
08:27Où, finalement, qui conduit chacun à dériver toujours plus à droite
08:33au sein du Bloc central.
08:34Ce qui est intéressant, c'est qu'il faut quand même regarder l'épilogue
08:36de ce qui s'est passé hier.
08:38François Bayrou, dans le huis clos de cette réunion,
08:41face à ces cadeaux hors de son gouvernement,
08:43il dit, si certains ne sont pas à l'aise avec la solidarité gouvernementale,
08:47qu'ils démissionnent.
08:47Et il leur dit, leur démission sera acceptée dans la minute.
08:50Je vous le donne en mille, personne n'a moufté autour de la table.
08:53Et sur le fond, en revanche, l'arbitrage,
08:57François Bayrou, il donne raison à la ligne Bruno Retailleau,
09:01Gérald Darmanin, Aurore Bergé.
09:02Qu'est-ce que ça veut dire ?
09:03Ça veut dire que François Bayrou, il ne peut pas se passer de ces ténors-là
09:07dans son gouvernement, sinon son gouvernement est à terre.
09:10Et ces ténors-là, pour l'instant, ils ont tout intérêt à rester au gouvernement
09:15parce que c'est là qu'ils sont les plus puissants.
09:17Et donc Elisabeth Borne et Marie Varsak ont décidé de ne pas démissionner.
09:20Ils sont restés malgré le fait qu'elles aient été dénoncées par le Premier ministre.
09:25Mais elles n'avaient pas agité la menace de démission.
09:299h15 sur France Info.
09:30C'est l'heure du Fil Info de Maurice Lunard et on revient après.
09:346 missiles et 145 drones tirés de la Russie vers l'Ukraine.
09:38Kiev accuse Moscou de vastes frappes pendant la nuit.
09:41Kiev qui a aussi lancé des drones contre un dépôt pétrolier de son voisin.
09:45La guerre se poursuit malgré les discussions entre les présidents américains et russillères.
09:50Vladimir Poutine accepte seulement de suspendre ces frappes
09:53contre les infrastructures énergétiques.
09:55Le ministre de l'Intérieur de nouveau critique vis-à-vis de l'Algérie.
09:58« Nous ne sommes pas belliqueux », assure Bruno Retailleau.
10:01C'est l'Algérie qui nous agresse, poursuit le ministre.
10:03Cette semaine, Alger a refusé de reprendre une soixantaine de ses ressortissants.
10:07Nouvel épisode d'une crise diplomatique entre nos deux pays.
10:11La consommation de cocaïne a presque doublé en France entre 2017 et 2023.
10:16Chiffres publiés par l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives.
10:20De plus en plus d'actifs en consomment.
10:22Les saisies en zone gendarmerie ont été plus multipliées par 10 en deux ans.
10:27Une victoire pour les lyonnaises.
10:28L'OM s'impose 2-0 face au Bayern Munich au match allé des quarts de finale de la Ligue des champions de football.
10:33Le match de retour, ce sera mercredi prochain.
10:47Les informer continue avec Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info TV
10:51avec Pauline Théveniot, grand reporter au service politique du Parisien aujourd'hui en France.
10:55Et Renaud Delis, j'ai envie de vous dire, conclave la suite.
10:58Le conclave sur les retraites, toujours pas de fumée blanche, on en est loin.
11:03Mais plutôt un risque de fin de ce conclave après la sortie du Premier ministre ici même sur ce plateau.
11:08On le rappelait dimanche, indiquant qu'il jugeait impossible le retour de l'âge légal de départ à 62 ans.
11:15Position réaffirmée hier à l'Assemblée nationale.
11:18Ce qui a suscité la colère de la gauche d'une part et puis des syndicats aussi d'autre part.
11:24Donc qui participent à cette consultation entre partenaires sociaux.
11:28Une organisation patronale, l'UdeP, a claqué la porte hier de cette discussion.
11:32Rappelons que le syndicat Force ouvrière l'avait fait dès le début.
11:34La CGT menace elle aussi de le remboiter le pas et de quitter ces discussions.
11:38Elle devrait se décider d'ici ce soir.
11:40Que va faire la CFDT, organisation syndicale dont la position est déterminante dans cette discussion sur les retraites ?
11:48Voici la réponse ce matin de la secrétaire générale de la CFDT, Marie-Lise Léon.
11:52C'était chez nos confrères de BFM TV.
11:55Et nous irons. On ira parce qu'on a comme objectif et comme mission une boussole.
12:00C'est la défense des droits des travailleurs, des travailleuses que l'on représente.
12:04Et je pense que c'est le moment de se dire qu'il faut un peu siffler la fin de la récréation.
12:09Alors un sursis, une bouffée d'oxygène pour François Bayrou.
12:11Donc la CFDT reste à la table des négociations de ces discussions qui vont prendre.
12:15Mais pourquoi faire ? A quoi vont-elles servir ces discussions ?
12:18Y a-t-il encore du grain à moudre, comme le disait un autre dirigeant syndical par le passé ?
12:23Et pourquoi est-ce que la CFDT a finalement décidé de rester dans ce conclave
12:28consacré à une rediscussion de la réforme des retraites ?
12:31Gilles, le fait que la CFDT dise aujourd'hui « je reste », c'est déterminant ?
12:35Oui, c'est important parce que si les troupes d'ENCEF étaient parties,
12:37la CGT va vraisemblablement partir.
12:38Si les trois plus importantes centrales syndicales étaient parties,
12:42il n'y a plus de conclave.
12:43Les organisations patronales, puisqu'il n'y a pas le gouvernement dans le conclave,
12:46se seraient retrouvées entre elles.
12:48Oui, c'est important.
12:49Renaud l'a dit, on sait que dans ces matières-là,
12:51c'est toujours la CFDT qui fait la différence.
12:52De toute façon, EFAU et la CGT ne signent jamais.
12:55Ceux qui font la différence, c'est la CFDT.
12:58Il y a une question de philosophie.
13:01C'est vrai que là où les autres centrales dures veulent abattre la réforme,
13:05abattre le système, la CFDT veut toujours l'améliorer.
13:07Disons que nous, notre mandat, c'est d'améliorer la vie des salariés.
13:11On n'est pas là pour l'idéal, on est là pour le réel.
13:13Et si on peut grappiller 1%, 2%, 10%, une petite mesure, etc.,
13:17on le fait parce qu'à la fin, on ne fait pas de la politique.
13:19Notre mandat est d'améliorer la vie des salariés.
13:22On fera toujours tout le maximum pour aussi minime soit le gain.
13:27Donc, c'est de toute façon, ils sont réformistes.
13:29Ce sont des syndicats réformistes, donc ils veulent réformer.
13:32Après, le maintien de la CFDT, c'est important
13:35parce que s'il y a un accord, même à minima, que la CFDT enterrine,
13:39on arrivera à un moment où la question de la censure au Parlement pourra se poser
13:43et qu'ils ne le feront pas.
13:45Mais là, ce sera à la gauche de décider.
13:47Oui, mais pour le Parti socialiste, LFI,
13:49quoi que fasse la CFDT, censurera.
13:51Pour le Parti socialiste, censurer un texte et une démarche
13:55validés par la CFDT, qui n'est pas sa courroie de transmission,
13:58enfin, on sait que le PS et la CFDT sont proches,
14:02si c'est validé et la démarche et le résultat est validé par la CFDT,
14:05c'est plus compliqué pour le PS de censurer.
14:08Il faut quand même raconter ce qui s'est passé, effectivement, Pauline,
14:10parce que François Bayrou dit sur ce plateau dimanche,
14:13en fait, revenir aux 62 ans, ce n'est pas possible.
14:17Il le répète.
14:18Le truc, c'est qu'il le répète encore hier de manière très claire.
14:21Il n'y a zéro ambiguïté.
14:22On ne se dit pas, il a fait une gaffe lors de l'interview.
14:24Là, vraiment, il assume son propos, même s'il dit qu'il parle
14:27en tant que citoyen et pas en tant que Premier ministre.
14:30Est-ce qu'inconsciemment, ou alors même consciemment,
14:33il veut en finir avec le conclave sur les retraites ?
14:35En fait, décourager tout le monde autour de la table ?
14:38Non, je ne crois pas, parce que d'un, politiquement, ce serait une folie.
14:44Ce conclave, c'est la pierre angulaire
14:45de son accord de non-censure avec l'EPS.
14:47Donc, si ce conclave n'existe plus, François Bayrou tombe.
14:51Et je ne pense pas non plus qu'il veuille tuer le conclave sciemment,
14:55puisque c'est identitaire chez lui de prôner le dialogue social,
15:00la démocratie sociale.
15:02Rappelez-vous, quand Edouard Philippe l'a étrillé dimanche,
15:05comment François Bayrou lui a répliqué ?
15:08C'est en disant, moi, j'ai une divergence avec lui,
15:10c'est que moi, je ne méprise pas le dialogue social.
15:13Et dans nos colonnes, il disait même, je vous le cite en substance,
15:17je suis peut-être l'un des derniers à y croire, ou l'un des rares à y croire,
15:20mais ça vaut le coup d'essayer.
15:22Il est vital d'essayer et ça fait une différence,
15:24parce que moi, j'y crois quand d'autres n'y croient plus.
15:26C'est identitaire chez lui, il ne peut pas abandonner ça, clairement.
15:30Renaud, il y croit même sûrement un peu plus,
15:34voire beaucoup plus que le président de la République.
15:35C'est aussi un message.
15:37Il a souvent dit qu'il y croyait plus qu'Emmanuel Macron.
15:40En revanche, sur les 62 ans, qu'est-ce qui se passe ?
15:42Il dit ce qu'il pense, c'est-à-dire qu'il dit tout haut
15:45ce qui était l'implicite dès le début,
15:48derrière le terme « garantir l'équilibre financier de la réforme ».
15:51Qu'est-ce qu'il y avait ? Il y avait cette idée-là.
15:54Gilles ?
15:55Marie-Lise Léon n'a pas exclu la fin du conclave.
15:59Elle a dit qu'elle poserait de nouvelles bases,
16:02qu'elle demanderait des éclaircissements sur la réunion
16:07et qu'elle verrait ce qu'elle ferait.
16:10Elle veut siffler la fin de la récré, c'est ce qu'elle disait dans le livre.
16:13Donc, le conclave n'est pas encore totalement sauvé.
16:16Il est d'autant moins sauvé qu'on ne voit pas bien à quoi il va aboutir.
16:19C'est surtout la question,
16:20est-ce qu'on peut imaginer un accord à la fin de ce cycle de discussion
16:24s'il continue ce cycle ? Et sur quoi ?
16:26Alors, il y a d'autres éléments.
16:27C'est aussi ce qui justifie le fait que, pour l'instant,
16:29la CFDT annonce qu'elle continuera de participer aux réunions.
16:33Il y a d'autres éléments hors le retour de l'âge légal à 62 ans.
16:37Il y a évidemment la question de la pénibilité,
16:38de l'emploi des seniors, le sort des femmes,
16:41les carrières des femmes, etc.
16:43Donc, il y a tout ça qui est aussi dans la discussion.
16:45Et puis, au-delà, d'ailleurs, il y a la question du travail
16:47qui mobilise au premier chef la CFDT.
16:49Et c'est là qu'on voit que la maladresse,
16:52ce qui passait pour une maladresse répétée, effectivement,
16:54de François Bayrou sur ce sujet,
16:56aboutit à un résultat qui ne lui est quand même pas défavorable.
16:59Pourquoi ? Certes, le conclave est affaibli, il est fragilisé
17:02et peut-être que sa fin est programmée.
17:06Mais le premier intérêt pour François Bayrou de la position de la CFDT,
17:10c'est ce que viennent de dire Pauline Théveniot et Gilles Bernstein,
17:13c'est qu'à priori, ça écarte le retour immédiat d'une motion de censure
17:19qui était une menace qui recommençait à être agitée depuis dimanche
17:22par l'LFI, évidemment, mais aussi par l'ERN et par les socialistes.
17:28Là, le fait que les discussions continuent K1-K2,
17:31avec moins de participants, à priori,
17:33ça ne permet pas aux socialistes de voter dans l'immédiat une motion de censure.
17:37Par ailleurs, sur le fond, je pense que François Bayrou
17:41joue aussi sur ce registre-là, dans le contexte qu'on connaît,
17:44l'effort financier nécessité par le réarmement,
17:47la situation calamiteuse des finances publiques, le contexte géopolitique.
17:50Il fait avancer l'idée dans l'opinion qui était jusque-là très hostile
17:54et qui l'est toujours très hostile à l'âge de 64 ans,
17:56mais que ça ne serait pas possible de toute façon
17:58ou que ce ne serait pas raisonnable de revenir à 62 ans.
18:01Donc, encore une fois, ce qui était une prise de risque et une maladresse,
18:05et probablement une vraie maladresse sémantique au départ,
18:08finalement ne le dessert pas quatre jours plus tard,
18:12même si on peut douter de l'issue, mais on doute en fait depuis le début,
18:15depuis la convocation du conclave,
18:17pas grand monde qui pense que ça arrivera un résultat.
18:20Ça devient acceptable, là, dans l'opinion,
18:22le fait qu'on ne revienne pas à 62 ans
18:26parce qu'il y a un contexte géopolitique qui est menaçant ?
18:30C'est une bonne question.
18:33Très honnêtement, on ne connaît pas encore,
18:36ça n'a pas cristallisé dans l'opinion.
18:37C'est difficile de dire à quel point le contexte international marque l'opinion.
18:42Non, mais parce qu'il mise là-dessus.
18:43Quand il fait ces déclarations-là, il mise là-dessus, le Premier ministre.
18:46Il mise là-dessus, voilà.
18:47Est-ce que l'opinion est convaincue ou pas ?
18:48Très franchement, je n'en sais rien.
18:50Que le contexte international, les déclarations du président de la République,
18:53ce à quoi les gens assistent matin, midi et soir,
18:56est une influence sur le débat intérieur, c'est évident.
18:59Maintenant, est-ce que les Français sont prêts à accepter un tour de vie social
19:03pour financer une guerre hypothétique,
19:05dont on ne sait pas très bien quelle est la position de la France,
19:10sur une participation à un éventuel conflit ?
19:14Je ne suis pas tout à fait certain.
19:17Par exemple, je recevais l'autre fois une députée de la majorité
19:20qui disait que pour financer l'effort de guerre,
19:23les médicaments sont bien remboursés en France,
19:25on n'a qu'à moins rembourser les médicaments.
19:27Pour le coup, je suis absolument convaincu que si le gouvernement parle là-dessus,
19:31les Français ne voudront pas faire le moindre effort.
19:35En fait, ça dépend essentiellement de Vladimir Poutine.
19:39Si Vladimir Poutine devient de plus en plus menaçant à l'endroit de la France,
19:43c'est la Russie qui pourrait, indirectement,
19:46ce n'est pas l'objectif du Kremlin, qui n'a pas ces préoccupations en tête,
19:49mais qui pourrait faire la pédagogie, dans l'opinion,
19:52de la nécessité d'abandonner le retour à 62 ans.
19:55Tout dépend de l'ampleur de la menace russe
19:57et de la façon dont elle est perçue par l'opinion.
19:59C'est pour ça que là, au moment où l'on parle,
20:02il y a des forces politiques, notamment à gauche,
20:04même le RN et les filles, pour être claire,
20:06qui disent, attendez, les chats russes ne sont pas aux frontières de la France,
20:10donc si le gouvernement veut servir de la menace russe
20:14pour rogner sur notre système social,
20:16là, ils vont nous avoir sur leur chemin.
20:18Oui, et ils le font avec d'autant plus d'alent.
20:21Je voulais citer un sondage qui est paru dimanche dans nos colonnes,
20:25où on voyait que les Français étaient tout à fait prêts à participer,
20:28par exemple, à un emprunt national pour financer l'effort de guerre.
20:31En revanche, dès qu'on parle d'allonger la durée ou le temps de travail,
20:36là, ça se crispe très très fort, et idem sur les impôts.
20:40Donc, on voit qu'il y a quand même une grosse limite
20:43à ce que les Français sont prêts à faire pour participer au réarmement.
20:48On va voir ce qui va être proposé effectivement par le gouvernement
20:50pour financer ce réarmement.
20:52Emmanuel Macron a dit hier qu'il fallait acheter beaucoup plus de rafales
20:57pour les troupes françaises.
20:59Ça coûte cher, les rafales, donc où trouver l'argent ?
21:0370 millions en rafales.
21:04Voilà, un rafale. Il en faut au moins une trentaine, à minima.
21:09Donc voilà, vu le contexte...
21:11Il est fasciné par votre précision, Renaud.
21:14Non, mais vu le contexte économique, ça semble compliqué.
21:16Où trouver l'argent ?
21:18Surtout quand on ne veut pas augmenter les impôts, évidemment.
21:20C'est le mot d'ordre du Président de la République.
21:22On va voir comment ça va se passer. Merci beaucoup.
21:24Merci à tous les trois pour ces informés.
21:26Pauline Téveniot, grand reporter au service politique du Parisien,
21:29aujourd'hui en France.
21:29Votre journal qui titre aujourd'hui, évidemment,
21:32sur le sort de l'Ukraine au bout du fil.
21:34Évidemment, le coup de fil Trump-Poutine.
21:37C'est à lire ce matin.
21:40Un coup de fil qui s'est fini par une mini-trêve,
21:43une trêve limitée sur les infrastructures énergétiques.
21:47Là aussi, on va suivre les événements puisque des vraies négociations
21:49auront lieu à partir de dimanche à Jeddah, en Arabie Saoudite.
21:52Merci, Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info TV.
21:55Vous revenez quand vous voulez.
21:56Avec plaisir.
21:57Merci.
21:58Pas trop quand même.
21:59Merci à vous, Renaud.
22:01On se retrouve demain. Les informés du soir, c'est à partir de...