Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
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00:00Et bienvenue dans Les Informés avec Renaud Dely, bonjour Renaud, et bonjour à nos informés du jour.
00:13Victor Iacoussa, journaliste au service politique de France Info, on vous retrouve tous les matins pour le brief politique à 7h24.
00:19J'espère que tout le monde l'écoute ici, et même ceux qui nous écoutent et qui nous regardent.
00:23Sylvain Courage est à vos côtés, directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs, bienvenue Sylvain.
00:28Renaud Dely, ça y est, c'est le début de la guerre commerciale.
00:32Donald Trump l'avait annoncé, ce qu'il appelle le fameux Liberation Day, et bien donc il l'a confirmé en attisant, en activant, en déclarant effectivement cette guerre commerciale à l'endroit du monde entier d'ailleurs, et notamment de l'Europe.
00:44Le président américain a annoncé une généralisation des droits de douane de 10% minimum sur toutes les importations qui arrivent aux Etats-Unis, des droits de douane qui montent jusqu'à 34% pour les produits chinois.
00:56Quant à l'Union Européenne, ils seront de l'ordre de 20%, Donald Trump expliquant que les Européens sont, je le cite, sont très durs avec nous, vous pensez qu'ils sont amicaux, mais en fait ils nous arnaquent, ils nous arnaquent terriblement.
01:09D'où donc cette réplique, selon lui, de la part de Donald Trump.
01:13Les Européens en question ont répondu par la voix de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui annonce une prochaine riposte européenne, mais qui entend quand même continuer d'essayer de négocier, presque de raisonner d'ailleurs le président américain.
01:27Et puis dans un premier temps, parmi les pays européens visés, évidemment l'Allemagne redoute les conséquences notamment sur le marché automobile, mais la France aussi se retrouve en première ligne,
01:37ciblée sur un certain nombre de productions exportées vers les Etats-Unis et notamment les vins et spiritueux.
01:43Une inquiétude, une grande inquiétude du secteur exprimée ce matin sur l'antenne de France Info par Nicolas Ozanam qui est le délégué général de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux.
01:53Ces droits sont très néfastes pour nous en tant qu'exportateurs, ils sont très néfastes pour les Américains en tant qu'importateurs et distributeurs.
02:03On rappelle toujours que 1$ de valeur importée aux Etats-Unis génère 4,50$ au sein de l'économie américaine.
02:11Et puis il ne faut pas l'oublier, au bout du bout, c'est le consommateur américain qui va supporter cette hausse et par conséquent c'est lui le premier à être handicapé par cette décision.
02:22L'Élysée a annoncé que le chef de l'État Emmanuel Macron recevra d'ailleurs cet après-midi les représentants des filières françaises impactées par l'annonce de ces droits de douane américains.
02:31Alors quelles seront les conséquences de cet assaut lancé par Donald Trump et puis qui peut y gagner, qui peut y perdre ?
02:38D'ailleurs peut-il y avoir des gagnants et est-ce que tout le monde ne risque pas d'être perdant ?
02:42Forcément, il va y avoir un impact sur certaines filières françaises, Victoria.
02:46C'est l'inquiétude et c'est aussi pour ça qu'Emmanuel Macron, l'Élysée, a fait très vite savoir dans la nuit qu'il allait recevoir dès cet après-midi les représentants des filières vins, spiritueux, fromage aussi, les cosmétiques sont concernés.
02:59On n'a pas encore la liste précise, l'Élysée ne la communique pas.
03:02Preuve aussi que c'est un peu de la dernière minute puisque même les représentants des filières contactés par France Info n'ont pas reçu d'invitation pour l'instant.
03:11Donc c'est un peu de la dernière minute.
03:13Le chef de l'État veut encore se montrer proactif dans un autre dossier après la guerre, la guerre avec la Russie, la guerre commerciale.
03:23A voir si derrière il y aura des annonces de la part d'Emmanuel Macron ou s'il attendra justement une cohésion européenne puisque seule une cohésion européenne peut aussi avoir de la force et de l'impact face à Donald Trump.
03:38C'est ça, la France ne peut pas agir seule, il faut forcément agir en européen, Sylvain.
03:42Être isolé face aux Etats-Unis et à cet incroyable assaut qui est à la fois bête et méchant.
03:49Personne ne s'attendait à quelque chose de ce genre, même si Trump dans son premier mandat avait déjà élevé les tarifs et si la pratique des tarifs existe dans le monde, il ne faut pas repeindre tout en rose.
04:04Mais là il y a vraiment une volonté d'attaque.
04:07On voit que la guerre commerciale peut être aussi violente que la guerre tout court, parce que là c'est vraiment comme s'il envoyait des missiles sur des secteurs entiers.
04:15Et donc qu'est-ce qu'il faut faire dans ce cas-là ? Il faut répliquer, mais il faut répliquer en bon ordre et surtout il faut essayer d'éviter le pire.
04:21Il n'y a plus beaucoup de temps puisque normalement tout ça s'applique dans une semaine, ce qui est un délai évidemment très court, pour essayer de faire une offre de négociation.
04:29C'est pas la question, c'est qu'est-ce qu'il faut rentrer dans un bras de fer ou alors il faut négocier ?
04:34En fait apparemment la stratégie européenne, ça reflète aussi la diversité des intérêts européens, parce que chaque pays a son économie spécifique et donc est exposé plus ou moins à ses tarifs.
04:44La proposition c'est à la fois une menace de réplique, de réciprocité, même si Trump présente ses propres tarifs qui ont été calculés de manière totalement fantaisiste comme une mesure réciproque.
04:56Et puis une offre de négociation parce que personne ne peut sortir gagnant d'une guerre commerciale.
05:02D'abord il faut juste rappeler que ce n'est pas une surprise, Donald Trump fait ce qu'il avait promis pendant sa campagne et ce qu'il répète depuis qu'il est de retour à la Maison-Blanche.
05:11C'est vrai qu'il l'avait déjà fait mais dans des proportions moindres en 2017 lors de son premier mandat.
05:17A l'époque d'ailleurs l'Europe avait répondu, répliqué de façon extrêmement ferme, ce qui avait conduit finalement à arrêter l'escalade à ce moment-là.
05:25Là on est dans une autre configuration, c'est vrai que la politique choisie par Donald Trump sur ce terrain-là, des droits de douane comme d'ailleurs dans d'autres matières,
05:33les offensives idéologiques ou diplomatiques qu'il lance prennent une autre ampleur que celle de son premier mandat.
05:41Il essaye de vendre à ses électeurs, c'est le fameux Make America Great Again, que grâce à ses droits de douane, les déficits commerciaux gigantesques des États-Unis vis-à-vis de l'Europe,
05:54c'est vrai, de la Chine encore plus, vont se résorber comme par miracle.
05:58Le premier impact ça risque d'être les consommateurs américains qui le payent avec l'inflation, soit dit en passant l'inflation qui est l'un des sujets qui a quand même causé la chute,
06:10la défaite des démocrates avec Kamala Harris.
06:13Donc ça c'est un premier risque qu'il prend.
06:15Quant à la riposte européenne, toute la difficulté c'est que cette riposte soit unitaire, soit cohérente.
06:22Et Donald Trump mise évidemment sur les divisions internes potentielles.
06:26On voit déjà par exemple que Victor Orban, évidemment à cause des convergences idéologiques entre les deux hommes, explique que non, il ne faut surtout pas se fâcher,
06:34il faut discuter avec Donald Trump et que lui est tout à fait prêt à discuter de tout.
06:38Georgia Melanie elle hausse un petit peu le ton mais elle ajoute tout de suite la présidente du conseil italien qui il faut aussi négocier et arriver en accord avec Donald Trump.
06:46Et puis ça dépend aussi de l'impact pour les différents pays.
06:50L'Allemagne se retrouve quand même considérablement visée en particulier sur le marché automobile.
06:53La France aussi, on l'a entendu avec notamment les représentants des vins espirituels et dans d'autres secteurs que citait tout à l'heure Victoria Koussa.
07:00A l'inverse, il y a d'autres pays.
07:02Alors le Royaume-Uni n'est plus membre de l'Union Européenne mais c'est vrai que le Royaume-Uni, entre guillemets, s'en tire plutôt bien.
07:08Donc toute la difficulté des Européens, pour ceux qui sont membres de l'Union Européenne, ça va être de penser une réplique concertée et unitaire.
07:16Et on voit, comme le dit Renaud, effectivement une fissure déjà dans cette unité avec Georgia Meloni.
07:21Elle plaide pour une approche un peu plus raisonnée aussi de la réponse à apporter.
07:27Alors que Ursula von der Leyen, ce matin, dit que les Européens sont prêts à répondre.
07:35Donc elle entre aussi tout de suite dans le bras de fer.
07:38Georgia Meloni veut au contraire quelque chose de plus raisonné.
07:42Et d'ailleurs, Christine Lagarde, qui dirige la Banque Centrale Européenne, elle aussi va presque dans le sens de Georgia Meloni parce qu'elle plaide aussi pour une approche plus raisonnée.
07:52Le risque, c'est que les Européens soient tentés de plus en plus par des discussions et des négociations bilatérales directement avec les Etats-Unis.
08:00Et pas en bloc européen.
08:02Et c'est ce qui menacerait l'unité.
08:04Et le risque à la fin, c'est que Donald Trump l'emporte aussi, emporte la partie là-dessus.
08:10L'écologiste Marine Tourdelier, qui était à ma place pendant l'8-30, elle expliquait.
08:14Elle disait, mais regardons ce qui s'est passé là, il y a quelques semaines, il y a quelques mois, avec les droits de douane infligés au Canada.
08:20Le Canada a répondu directement, en fait.
08:23Il n'y a pas eu de négociation.
08:25C'est œil pour œil, dent pour dent.
08:27Et finalement, Donald Trump a reculé.
08:29Est-ce que, justement, cet exemple-là ne peut pas inspirer les Européens ?
08:34Il faudrait, mais on vient d'exposer les difficultés.
08:36C'est qu'on n'avance pas à 27 de manière aussi cohérente et rapide.
08:41L'Europe a quand même une arme, c'est les services.
08:43Parce qu'en fait, les GAFAM, les grandes entreprises américaines, notamment de technologie,
08:49ou dans le conseil financier, ou le conseil managérial,
08:52toutes les grandes sociétés américaines de services ont une part de marché importante en Europe.
08:57Et ça, c'est une partie qui peut quand même être jouée par les Européens de manière concertée.
09:05Et d'ailleurs, l'UE prévoit d'attaquer les services numériques, effectivement.
09:07Oui, et aux États-Unis, c'est ça qui fait peur.
09:09Les services, alors hier, on avait sur ce plateau Amir Reza Tofighi,
09:13qui est le patron de la CPME, les petites et moyennes entreprises,
09:18et lui, il disait que les viticulteurs vont être touchés.
09:20Il va y avoir un impact.
09:21Il faut que le gouvernement français, voire peut-être l'Union européenne,
09:25approvisionne des subventions pour ces filières qui vont être touchées avec ces droits de douane.
09:30Peut-être, mais avant d'envisager de voler au secours avec l'argent européen,
09:34il faut essayer de faire baisser la pression qui vient des États-Unis.
09:37D'autant que je vous rappelle qu'il y a un certain nombre d'autres chantiers extrêmement urgents
09:41pour lesquels l'Union européenne cherche des financements, à commencer par la défense.
09:45Donc, qu'il faille secourir les filières qui risquent de se retrouver en difficulté de façon urgente, proche,
09:51il faut le faire évidemment, mais l'argent public, la manne n'est pas infinie.
09:56Surtout quand on envisage un plan chiffré à hauteur de plusieurs centaines de milliards d'euros
10:01pour réarmer l'Europe jusqu'à peut-être 800 milliards d'euros.
10:04Dans un premier temps, c'est la question de la riposte qui se pose, donc la question de l'unité européenne.
10:09Le problème, vous citiez l'exemple du Canada.
10:11C'est vrai que le Canada a riposté, mais c'est une vision un tout petit peu simpliste.
10:14C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les relations ne sont pas particulièrement apaisées entre le Canada et les États-Unis.
10:17Donald Trump, dans ces cas-là, essaye de mettre la pression sur d'autres sujets.
10:20Je vous rappelle qu'il continue d'envisager l'hypothèse que le Canada devienne le 50e Etat américain.
10:24Donc, toute la difficulté, elle renvoie aussi, dans ce dossier extrêmement complexe,
10:29politique, diplomatique, commercial, évidemment, il y a aussi une dimension psychologique.
10:33Et tout le monde s'interroge sur la meilleure façon de parler, de négocier, de discuter,
10:38voire d'essayer de raisonner Donald Trump.
10:40Et puis, un tout dernier point, ce qui est vrai aussi,
10:43quand on décrypte vraiment les décisions prises par Donald Trump,
10:46depuis qu'il s'est retourné à la Maison Blanche,
10:47c'est qu'il faut toujours essayer de distinguer le récit des décisions concrètes
10:51qui rentrent effectivement en application.
10:53Il y a quand même une grosse différence entre le récit,
10:56qui semble à ses yeux, en tout cas, primordial d'abord vis-à-vis de son électorat,
11:00et parfois, ça c'est vrai, la mise en œuvre de certaines annonces.
11:039h17 sur France Info, c'est l'heure du Fil Info de Magali Homo.
11:07Les bourses européennes ouvrent en fort repli ce matin,
11:10moins 2,15% à Paris, moins 2,45% à Francfort,
11:15conséquence des nouveaux droits de douane massifs annoncés hier soir par Donald Trump
11:19sur tous les produits qui entreront sur le sol des Etats-Unis,
11:22plus 20% de taxes pour l'Union Européenne ou encore plus 34% pour la Chine.
11:27Emmanuel Macron va réunir à 16h les représentants des filières touchées par ces mesures tarifaires.
11:33Ces droits de douane, ils seront dans toutes les têtes.
11:36Lors de la visite de Marco Rubio à Bruxelles,
11:38le chef de la diplomatie américaine doit participer aujourd'hui et demain à une réunion de l'OTAN.
11:44L'Ukraine sera notamment au cœur des échanges.
11:47Le verdict attendu aujourd'hui au procès de Myriam Jaouen,
11:50cette ancienne employée d'une micro-crèche à Lyon jugée par la Cour d'Assise du Rhône
11:55pour avoir donné du déboucheur WC à un bébé de 11 mois.
11:59Elle a admis hier avoir agi avec une grande violence.
12:01Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
12:04Et puis on connaît désormais l'affiche de la finale de la Coupe de France, c'est du foot.
12:08C'est donc Reims qui affrontera le PSG.
12:10Reims qui a battu hier soir Cannes, 2 buts à 1.
12:20Les informés continuent avec Victoria Coussat, journaliste au service politique de France Info,
12:29avec Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs.
12:33Et Renaud, on va maintenant parler de Marine Le Pen,
12:35puisque son procès en appel est prévu à l'été 2026.
12:38C'est rapide, hein ?
12:39Oui, Marine Le Pen, rappelons-le, condamnée à 4 ans de prison, donc de ferme,
12:42100 000 euros d'amende et 5 ans d'igéribité avec exécution provisoire pour détournement de fonds publics.
12:47Elle réclamait donc un appel rapide, accusant, je la cite,
12:52le système de vouloir l'écarter de l'élection présidentielle,
12:55la fameuse dictature des juges rouges évoquée par Jordan Bardella.
12:59Le système, entre guillemets, l'a entendu, visiblement,
13:02puisqu'elle sera donc rejugée, vous le disiez, rapidement, dès 2026,
13:05avec une décision en appel à l'été 2026.
13:09Une bonne nouvelle, dit d'ailleurs Marine Le Pen.
13:11Alors évidemment, ça dépend du résultat, pour elle, de cet appel,
13:13si ce sera ou pas une bonne nouvelle.
13:16A-t-elle bénéficié donc d'un traitement de faveur, d'une intervention politique ?
13:20Voici la réponse, ce matin, sur l'antenne de France Info,
13:23de Marie-Suzanne Le Keo, qui est procureure générale de Paris.
13:27Il y avait une forte anticipation, donc des délais,
13:31dans lesquels nous devrions, à la Cour, rendre cet arrêt,
13:34parce que je suis très attachée à protéger, dans cette affaire,
13:38avant tout, l'institution judiciaire.
13:41Je ne souhaite pas que ce dossier soit un élément du débat
13:46de la campagne présidentielle et que les magistrats
13:50puissent statuer avec sérénité pour rendre leur arrêt.
13:55Voilà donc la réponse de la procureure générale
13:57près de la Cour d'appel de Paris.
13:59Il s'agissait de tenir compte, évidemment, du contexte électoral
14:02et que la campagne présidentielle se déroule de façon apaisée.
14:05Donc, la procureure générale explique que les magistrats
14:08avaient anticipé ce calendrier, qu'il n'y a pas eu d'intervention politique.
14:12Et puis, est-ce que c'est effectivement sain et justifié
14:15au regard de l'enjeu électoral d'avancer cette date ?
14:19Et puis, est-ce que c'est une façon aussi, tout dernier point,
14:22peut-être de se prémunir d'un éventuel fossé entre les juges et le peuple ?
14:26On entend beaucoup les juges contre le peuple.
14:28En tout cas, c'est un argumentaire développé par la Ration nationale.
14:30Est-ce qu'il y a effectivement, d'ailleurs, un fossé,
14:32une vraie colère de l'opinion contre la condamnation infligée à Marine Le Pen ?
14:36David, d'abord, est-ce que c'est un privilège accordé à Marine Le Pen
14:39de pousser un appel aussi rapide ?
14:40La présidente de la Cour d'appel a bien expliqué.
14:43Les magistrats tiennent compte du contexte.
14:45Et puis, surtout, il y a des procédures de bref délai pour la Cour d'appel.
14:48En vérité, moi, j'ai été voir sur le site du ministère de la Justice,
14:51en 2022, la durée moyenne de traitement des affaires était de 15 mois.
14:55Et la moitié des affaires étaient traitées en 11 mois.
14:58Donc, en fait, les délais de la Cour d'appel sont ce qu'ils sont,
15:00mais ils ne sont pas non plus forcément aussi longs qu'on ne l'anticipe.
15:05Parfois, c'est très très long.
15:06Là, c'est vrai que le procès est complexe.
15:08Il y a beaucoup de prévenus.
15:09Mais ils ont anticipé.
15:10Ils savaient qu'ils allaient avoir cette affaire qui allait arriver.
15:12Donc, elle explique bien comment matériellement
15:15et sur le plan des principes de l'exercice d'une justice sereine,
15:18on peut adopter ce calendrier.
15:21Après, il y a aussi une petite pensée politique quand même derrière.
15:24C'est-à-dire qu'effectivement, Marine Le Pen,
15:26qui a montré beaucoup de défiance vis-à-vis des magistrats,
15:28qui l'installe auprès de ses électeurs,
15:31elle a tout de suite pointé les délais
15:33comme étant une manière de la retarder, un complot.
15:36Il n'y a pas de complot.
15:37On va juger dans un temps raisonnable.
15:41Et ça met d'ailleurs la stratégie de Marine Le Pen un petit peu en porte-à-faux.
15:45Maintenant, qu'est-ce qu'il faut faire ?
15:47Est-ce qu'il faut agiter le peuple contre les juges ?
15:50Ou est-ce qu'il faut finalement essayer de jouer la carte de la Cour d'appel ?
15:54C'est-à-dire aller plaider sa cause et son innocence
15:57puisqu'elle se considère comme innocente.
15:59Là maintenant, ce que dit l'avocat de Marine Le Pen,
16:01c'est que ce procès en appel est un désaveu de la condamnation en première instance.
16:06Ils font feu de tout bois,
16:09que ce soit l'ERN ou la défense de Marine Le Pen.
16:12Évidemment, ils utilisent tout ce qu'ils ont sous la main
16:15pour en faire une décision politique,
16:17puisque aussi pour gommer la condamnation aux yeux des électeurs.
16:23Marine Le Pen n'a eu de cesse de dire
16:25qu'il fallait condamner tous ces élus
16:27qui piquaient dans la caisse, entre guillemets.
16:29Et là, elle est aussi condamnée pour ça.
16:31Et c'est vrai qu'on a presque tendance à oublier les motifs de sa condamnation.
16:35Donc évidemment qu'ils se servent de tous ces éléments-là.
16:38Maintenant, le meeting de dimanche sera un crash test pour l'ERN
16:42et c'est aussi un peu dangereux puisqu'ils sont sur un fil.
16:45D'un côté, ils veulent essayer de cristalliser la colère,
16:50de faire venir des électeurs et des militants à Paris.
16:55Mais de l'autre, il va falloir aussi gérer les éventuels débordements.
16:59On sait que le RN essaie ces dernières années
17:02de montrer un nouveau visage, beaucoup plus respectable.
17:05Donc il va falloir aussi gérer tous ces...
17:08C'est compliqué parce qu'il y a même un élu de la Véron,
17:10un représentant de la fédération ERN,
17:12qui dit que les juges ont choisi la solution finale.
17:15Sur des diabolisations, c'est un peu compliqué déjà sur le papier.
17:18Il y a toujours effectivement des élus qui dérapent totalement
17:21et l'ERN a toujours du mal.
17:23Et c'est une preuve de plus à gérer ces troupes aussi.
17:26Et juste une dernière chose,
17:28il va falloir aussi compter le nombre de présents dimanche
17:31puisqu'on sait qu'il y a beaucoup d'électeurs RN
17:34en dehors de la capitale.
17:36Les élus de tout le territoire tentent de mobiliser des cars, par exemple,
17:40mais on voit qu'il y a une limite,
17:42c'est que les cars sont très sollicités en cette période de beau jour.
17:45Donc il va y avoir tout un souci d'organisation.
17:47Il y a un problème d'orgas,
17:49puisqu'il faut faire venir du monde pour montrer aussi que...
17:51Une démonstration de force.
17:53Toutes les difficultés, sans même aller jusqu'au délégué du RN de l'avion
17:57que vous citiez à l'instant, Salia,
17:59c'est comment expliquer à ces militants, à ces supporters, à ces partisans
18:02qu'il ne faut pas attaquer les juges quand on l'a fait soi-même depuis une semaine.
18:05Il suffisait de regarder avant-hier le meeting Trumpiste
18:08organisé par le groupe RN à l'Assemblée nationale,
18:10les propos de Jean-Philippe Tanguy, la dictature des juges
18:13qui exécutent la démocratie, ces tyrans qui enferment leurs opposants, etc.
18:18Il suffit de regarder ça en boucle
18:20et de comprendre que la pédagogie inverse, pour expliquer aux militants,
18:23surtout ne dites pas de mal des juges,
18:25surtout maintenant que le procès en appel aura lieu rapidement,
18:28c'est compliqué.
18:29Donc on voit bien que le RN n'a pas de stratégie
18:31à part attiser la colère
18:33et que ce meeting devient un problème.
18:35Il y aura évidemment du monde, il y aura forcément du monde.
18:37Le RN a beaucoup de sympathisants dans le pays,
18:40il met les moyens, il a beaucoup de moyens désormais,
18:42il met les moyens pour réussir ce meeting.
18:44Mais il y avait beaucoup de monde, souvenez-vous,
18:46au meeting organisé par François Fillon,
18:48à la place du Trocadéro,
18:49lors de la commune présidentielle 2017,
18:51lorsqu'il a été mis en examen.
18:52Est-ce qu'on peut en déduire,
18:54comme le fera évidemment Marine Le Pen,
18:55que c'est le peuple en colère
18:57qui descend dans la rue
18:59pour justement manifester sa colère
19:02d'être privé de sa liberté de vote
19:04et donc pointer du doigt la responsabilité des juges ?
19:07Pas du tout, quand on regarde les sondages d'opinion
19:09qui succèdent depuis le début de la semaine.
19:11Près de deux Français sur trois approuvent
19:13la condamnation de Marine Le Pen,
19:15ne sont pas choqués,
19:16considèrent même que c'est la preuve
19:17du fait qu'elle a été traitée comme n'importe quel Français,
19:19que la démocratie fonctionne bien, etc.
19:21Il y a plusieurs enquêtes dans ce sens.
19:23Et c'est là qu'on voit la distraction,
19:24il faut faire attention à l'illusion d'optique,
19:25entre les sympathisants,
19:27qui sont évidemment fâchés
19:30que leur candidate soit condamnée,
19:31les électeurs,
19:32et puis la grande masse des Français.
19:34Juste un dernier point,
19:35c'est assez logique d'ailleurs cette différence,
19:36puisque le principal reproche fait
19:38par l'opinion dans son ensemble,
19:40le plus souvent à la justice,
19:41c'est son laxisme, son supposé laxisme.
19:43Les juges sont trop laxistes,
19:45selon, très majoritairement,
19:47il y a un sondage qui disait ça,
19:4880% des Français disaient ça
19:49au mois de septembre dernier,
19:51mais ils sont trop laxistes pour l'opinion,
19:53à l'endroit des petits délinquants,
19:55des grands délinquants,
19:56des assassins,
19:57ou des responsables politiques.
19:58C'est-à-dire que tout le monde,
19:59l'opinion voudrait aussi,
20:02une bonne partie de l'opinion,
20:03que les élus soient moins protégés
20:05et plus condamnés,
20:06sauf quand évidemment,
20:07c'est le candidat qu'on soutient,
20:09et encore, un tout dernier bémol,
20:10en l'occurrence,
20:11on le voit aussi dans les enquêtes d'opinion actuelles,
20:12les sympathisants RN
20:13considèrent qu'ils ont déjà,
20:14à leurs yeux,
20:15un excellent candidat de rechange,
20:16Jordan Bardella.
20:17Mais du coup,
20:18si je suis votre raisonnement,
20:19Renaud Dely,
20:20la proposition de loi d'Éric Ciotti
20:22qui veut supprimer l'exécution provisoire
20:25de la peine d'inégibilité,
20:26en fait, elle est à côté de la plaque
20:28par rapport aux attentes des Français.
20:29Elle ne s'adresse pas vraiment aux Français,
20:31elle s'adresse aux personnels politiques
20:32et aux parlementaires,
20:33en leur disant,
20:34vous voyez ce qui est arrivé à Mme Le Pen,
20:36peut-être ça peut vous arriver à vous,
20:38il faut peut-être qu'on se débarrasse
20:39de cette disposition.
20:40Et là, il faut dire que
20:41le Premier ministre François Bayrou
20:43a un petit peu soufflé sur les braises.
20:46Mais il a été troublé, lui,
20:47par la décision de justice.
20:48Voilà.
20:49On sait qu'il a été écarté du gouvernement
20:50par toute la procédure.
20:51Il pense qu'il a été victime d'une injustice,
20:54d'une enquête qui n'était pas fondée.
20:57Il est toujours sous le coup d'un appel.
20:59Et puis on sait qu'il cherche toujours
21:01un peu à s'attirer les faveurs
21:03du Rassemblement national
21:05pour ne pas être censuré.
21:06Donc voilà.
21:07Mais je pense que dans toute cette affaire,
21:08la faute politique de Marine Le Pen,
21:09c'est d'avoir oublié
21:10un principe fondamental.
21:11C'est que la loi est la même pour tous.
21:12Et que les Français ont fait la révolution pour ça.
21:15Et qu'elle-même,
21:16quand elle était le tribun du peuple,
21:18elle disait ça.
21:19Elle, elle prenait l'inévitabilité à vie.
21:22Bien sûr.
21:23Elle voulait laver plus blanc que blanc.
21:25Ce qui est toujours une bonne façon
21:26de se faire bien voir du peuple.
21:27Donc il faut qu'elle réfléchisse
21:28à ce qu'elle disait il y a quelques temps.
21:29Victoria ?
21:30Et juste, le conseil d'une ministre
21:31me faisait remarquer
21:32qu'il ne fallait pas sous-estimer
21:33aussi l'égo des politiques
21:34qui s'estimait lue par le peuple.
21:36Et c'est peut-être aussi pour ça
21:38c'est ce qui explique peut-être
21:39cette forme d'indulgence
21:40d'une partie de la classe politique.
21:41François Bayrou, Gérald Darmanin,
21:43Bruno Rotailleau avec Marine Le Pen.
21:45Ils s'estiment élus par le peuple.
21:47Tandis que les juges, selon eux,
21:48sont arrivés là par concours, etc.
21:51Sauf que la justice est rendue
21:52au nom du peuple en France.
21:53Effectivement.
21:54Merci beaucoup.
21:55Merci à tous les trois.
21:56Victoria Toussaint,
21:57journaliste au service politique
21:58de France Info.
21:59Le brief politique, je le rappelle,
22:00c'est chaque matin, 7h24.
22:02Merci.
22:03Sylvain Courage,
22:04directeur adjoint de la rédaction
22:05du Nouvel Obs.
22:06On en profite pour jeter un coup d'œil,
22:07évidemment, sur la nouvelle une
22:09de cette semaine.
22:10Et c'est Marine Le Pen,
22:11évidemment, qui est en une.
22:13Sa faute, titrez-vous, inéligible.
22:16Dossier à lire cette semaine
22:17dans le Nouvel Obs.
22:18Merci beaucoup.
22:19Merci, Célia.
22:20Les Informer du soir
22:21arrive à 20h
22:22avec Agathe Lombret
22:23et Jean-Rémi Bauteau.