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LCP fait la part belle à l'écriture documentaire. Elle offre une approche différenciée des réalités. Il y est question d'Histoire, de géopolitique, de société, de politique...

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Transcription
00:00Nous sommes début septembre, dans la région de la Dombe.
00:10Comme chaque année, Cathy et sa famille préparent un événement qui va réunir tous les passionnés de mobilette vintage du coin.
00:19Aujourd'hui, on attend plus de 300 participants.
00:22Une logistique XXL, en hommage à son fils Alexis, mort brutalement à 20 ans.
00:33Ça tient ? C'est bon ?
00:34Oui, c'est bon. Parfait. On met le haut à la suite.
00:38Alexis a sauvé six personnes avec ses organes.
00:43Quand il était ado, il avait toujours une petite 50, on appelle ça, une petite moto.
00:47Il était toujours en train de trafiquer, ses mobilettes, pour les dépôts, des choses, plus de bruit.
00:52Puis d'ici, puis de là.
00:57Mais pourquoi on ne ferait pas quelque chose, une petite journée à mobilette ?
01:00Voilà, c'est parti comme ça.
01:01Oui, on dit, allez, on y va.
01:02On a commencé 40 mobilettes, l'année d'après 60.
01:05100, là on est à 150.
01:10C'est joyeux, on ne veut pas que ça soit triste, en fait.
01:14Il n'était pas triste, il aimait bien faire la bringue aussi.
01:17Il serait malheureux de nous voir malheureux.
01:20On ne veut pas ça, en fait.
01:22Aujourd'hui, on célèbre son souvenir.
01:25Mais on va aussi sensibiliser aux dons d'organes.
01:28On se souvient de lui, de ce qu'il aimait.
01:31Après, si on peut faire passer le mot, les gens se questionnent déjà, tout simplement.
01:35C'est des points en plus.
01:37Mais le but, vraiment, c'est vraiment de le rendre, de faire une journée pour lui.
01:42Et je pense que s'il arrêtait là, il aurait kiffé ses journées.
01:46Merci.
01:47Merci.
01:48Merci.
01:49Merci.
01:50Merci.
01:51Merci.
01:52Merci.
01:53Merci.
01:54Merci.
01:55Merci.
01:56Merci.
01:57Merci.
01:58Merci.
01:59Merci.
02:00Merci.
02:01Merci.
02:02Merci.
02:03Merci.
02:04Merci.
02:05Merci.
02:06Merci.
02:07Merci.
02:08Merci.
02:09Merci.
02:10Merci.
02:11Chaque année, on compte environ 3000 donneurs d'organes en France.
02:38Derrière ces chiffres, il y a des visages, des vies, des familles qui doivent faire face
02:44à une décision dont les répercussions les suivront pendant des mois et des années.
02:51Concrètement, la loi dit que nous sommes tous donneurs, sauf si on s'y est opposé fermement
02:56de son vivant.
02:58Mais dans la réalité, rien n'est aussi simple.
03:08Je ne sais plus combien de temps c'était avant son accident.
03:15C'est France 2 qui avait fait un reportage sur le don d'organes et on était ce soir-là
03:20tous les cinq devant la télé, ce qui arrivait rarement parce qu'Alex il avait 20 ans et
03:25il était toujours de sortie avec ses copains.
03:27Et le lendemain, on a reparlé de cette émission.
03:30Je ne me souviens que de ça, qu'Alexis a dit, si ça m'arrive, vous donnez tout.
03:34Il a pris le coup, il lui a répondu, mais enfin Alex, ça ne va pas, il ne va pas t'arriver
03:38une chose pareille, voilà.
03:39Ça a duré cinq minutes, fin de la conversation.
03:41On est passé et puis après, on n'a plus jamais reparlé, quoi.
03:45Alexis avait 20 ans.
03:48Il adorait les animaux.
03:50Il s'activait toujours dans la ferme de sa famille.
03:53C'était certain, il allait devenir agriculteur comme son papa.
03:58En mai 2015, Alexis est parti fendre du bois et Ricou, en fin de journée, il m'appelle,
04:19il me dit, mais va voir ce que fait Alex, c'est bizarre.
04:21Il sait que j'ai besoin du tracteur, il n'est pas rentré.
04:23Il sait que je vais traire les vaches, que j'ai besoin du tracteur, il n'est pas rentré.
04:27Donc j'ai pris juste mon téléphone, la carte de ma voiture et je suis partie.
04:30Et je me suis engagée dans ce chemin, il y avait un long chemin bordé d'arbres.
04:35Et là, je ne sais pas, je me suis dit, il s'est passé quelque chose, notre vie va basculer.
04:40Franchement.
04:46J'ai marché un petit peu dans ce chemin et j'ai aperçu le tour du tracteur.
04:49Je me suis approchée du tracteur et là, il était avachi sur le volant du tracteur.
04:53Voilà, le contact était coupé.
04:55J'ai cru qu'il dormait parce qu'il respirait bruyamment.
04:59Après, j'ai vu qu'il était un peu bleu vers l'œil, donc j'ai tout de suite appelé le SAMU.
05:02Puis après, tout le monde est arrivé, le SAMU est arrivé derrière.
05:05Et puis ça a duré et finalement, le médecin du SAMU nous a dit qu'il allait appeler l'hélicoptère,
05:10qu'il allait arriver et qu'il allait être transporté à l'hôpital d'Annecy.
05:14Le médecin des urgences avait dit, c'est très grave, il a la pupille très dilatée.
05:24Je ne savais pas ce que ça voulait dire à l'époque, mais j'ai quand même compris que voilà.
05:29Alexis a reçu un éclat de bois, un coup qui lui a été fatal. Il est en mort encéphalique.
05:39Ses activités cérébrales sont définitivement à l'arrêt. Il ne se réveillera plus.
05:45Et là, le médecin SAMUEL, donc, il nous dit, ben voilà, on a envoyé les scanners à Lyon et il n'y a plus rien à faire.
05:58Et là, Ricou, il a explosé, il a tapé le poing sur la table. Il a dit non, mais ce n'est pas possible.
06:04Je veux voir mon fils tout de suite. Donc là, SAMUEL, je pense qu'il a eu l'excellente réaction.
06:08Il était d'une grande douceur. Il s'est levé, il a dit, venez. Voilà. Et on l'a suivi et on est allé voir Alex.
06:14C'est vrai qu'il n'est resté qu'une journée, mais on a l'impression d'être resté longtemps. C'est un peu bizarre.
06:23La notion de temps, on n'est plus du tout là. On ne sait plus si c'est la nuit, si c'est le jour.
06:29En plus, dans l'hôpital, même s'il y avait des fenêtres, on passait dans les couloirs,
06:33on est complètement, avec les lumières et les machines, on est complètement perdus dans le temps.
06:38Il était intubé, branché, donc il semblait respirer.
06:43C'est quand même très difficile à intégrer, cette morcephatique, parce qu'il était là, il semblait dormir.
06:49Il n'y a rien à faire. Tu vois le torse qui se soulève. On lui met des couvertures chauffantes.
06:58Enfin, voilà, c'est quand même compliqué, du coup.
07:02Tu es pris par ce qui vient de t'arriver, en fait. Tu ne peux pas réfléchir à... Tu penses qu'à ton gamin, en fait. Voilà.
07:23Tu sais que ça va s'arrêter. Tu ne sais même pas si tu vas pouvoir vivre après ça, parce que tu dis ce que je te capote de vivre sans lui. C'est ça, en fait.
07:38Et bien, j'avais 17 ans. Son accident, c'est le 8. Je suis du 31. J'allais avoir 18 ans.
07:50Il a dit qu'il voulait donner, donc on fait ce qu'il avait dit. Voilà. C'est comme ça que ça s'est passé.
08:09Et l'infirmier qui était en face de nous, ça l'a soulagé. On a vu que ça l'a soulagé.
08:15Il n'a même pas posé la question, parce que je pense que pour eux, c'est quand même vraiment dur.
08:19Déjà, il t'annonce que ton gamin, c'est fini pour lui.
08:22Puis après, encore demander de prendre les organes, je pense que pour eux, c'est très dur.
08:28Ils sont venus le chercher. On nous a dit de lui dire au revoir.
08:31Et après, il est parti. Et là, je me souviens bien quand même.
08:36On a dit au revoir à tout le monde.
08:38C'est un moment qui est très difficile.
08:40Parce qu'on sent qu'on va quitter un peu en cocon.
08:43Et puis en plus, Alex, il est parti. On ne va plus le voir.
08:46Et quand on a dit au revoir à tout le monde, il y avait une jeune aide-soignante.
08:50Ah, mais ça m'a beaucoup touchée.
08:52Elle est arrivée et elle m'a dit, mais madame, ils ne croyaient pas qu'on n'ait pas touchés.
08:58Mais à aucun moment, moi, j'ai pensé qu'ils n'étaient pas touchés.
09:01Ils ont été super, franchement.
09:04Et donc, ce qui est important, voilà, pour moi, c'est ce qu'ils montrent, qu'ils montrent ça, les soignants, qu'ils montrent que c'est difficile pour eux aussi.
09:13Après la mort d'Alexis, Cathy et Ricou ont eu besoin de rencontrer d'autres familles de donneurs, mais aussi des greffés.
09:28Cela a donné naissance à un groupe de parole.
09:32Bonjour, bienvenue.
09:34Comment vous avez fait, du coup, le choix de dire oui à ce moment qui est quand même hautement délicat, où on a tellement envie de croire que la personne va s'en sortir.
09:47Il y a ce moment où il est comme ça entre la mort et la vie, mais plus près de la mort.
09:52Moi, j'étais complètement content.
09:54Mon fils aussi.
09:56Qu'est-ce qu'il y a encore à faire flic avec ça ?
10:00Moi, je ne voyais qu'une chose, c'est que mon fils, je ne l'avais plus que moi.
10:05Je ne voyais que ça.
10:07Mais ma femme, je m'appelais à lui que moi, j'ai dit, mais mon petit-fils, s'il leur avait quelque chose, on serait peut-être bien content d'avoir un greffon.
10:19Là, ça a tout basculé.
10:22En fait, c'était le fils de Magali, il avait six mois et je lui dis, mais bonsoir, si Thomas n'avait besoin, on ne va pas dire non pour le sauver.
10:30C'est l'empathie.
10:31C'est l'empathie.
10:32Et je pense que là, ça fait basculer, on a réagi différemment.
10:36Oui.
10:37Non ?
10:38Non.
10:43Sinon, celui qui nous parlait, moi, j'avais qu'une chose, je lui ai enfilé une.
10:50C'était contre mon fils, c'était contre.
10:53Et grâce à ma femme, on a changé.
10:56Quand l'infirmière est venue à nous, on avait l'impression qu'elle attendait qu'on dise oui.
11:02Oui.
11:03Sans savoir, nous, ce qu'il avait.
11:04Parce que nous, c'était l'hôpital de Villefranche qui nous appelait, le SAMU, en nous disant, vous êtes bien propriétaire de telle voiture immatriculée comme ça ?
11:12J'ai dit oui.
11:13Bon, ben, votre fils, il y a eu un accident.
11:16Mais on ne nous a pas dit.
11:17Pour moi, c'est un accident de voiture.
11:19Ce n'était pas un suicide.
11:21Non, mais papa nous avait déjà dit, moi, Grégory, je suis ancien gendarme, vu comme l'annonce a été faite, vous préparez à ne plus voir votre frère.
11:29Il a dit, on ne le dit pas, maman.
11:34Et quand on est arrivé à l'hôpital, l'infirmière est arrivée en disant qu'en gros, il ne fallait pas trop attendre pour dire oui ou pour dire non.
11:41On était dans un genre de carré, là.
11:43Je ne sais pas, là, déjà, ça a coincé, mais elle a vraiment fait pour que ça bloque.
11:48On avait du mal à se dire, il est mort, quoi.
11:52Guillaume avait 20 ans.
11:54Il était passionné de cheval, de pétanque et de basket.
12:05Tu voyais ce fameux drap bleu qui se soulevait ?
12:07Et cette machine, avec tous ces chiffres, qui faisait un bruit.
12:1220 ans après, je l'ai encore, ce bruit dans la tête.
12:14Ce tu-tu-tu-tu-tu, en permanence.
12:17Bon, on est sous le choc.
12:19C'est violent comme...
12:21Mais j'ai dit, il ne peut pas être mort pour rien, Guillaume.
12:24La situation qu'on a vécue cette fameuse nuit nous prouve qu'on n'était pas prêts.
12:28En tout cas, on n'en avait pas parlé.
12:30Donc, le don d'organe, c'est quelque chose qui...
12:32Ce n'était pas un sujet qu'on évoquait en famille, pas aussi librement qu'aujourd'hui, 20 ans plus tard.
12:37Donc, c'est un sujet qu'on n'abordait pas.
12:40Moi, j'ai toujours eu mes parents aller donner leur sang.
12:43Donc, on était dans le don.
12:45Mais jusqu'à ce moment-là, le don d'organe, ce n'est pas quelque chose qui me parle.
12:48Nous, on souffre.
12:50Mais peut-être qu'il y a des gens qui, eux, attendent.
12:53Et je pense que ça a tout fait basculer.
12:55Parce que là, la réflexion a été...
12:57Et après, peu de temps après, on a dit oui, on va au don.
13:01Là, il y a quelqu'un qui arrive avec des glacières.
13:04Et après, on va faire court, quoi.
13:08Ils nous prennent Guillaume.
13:09Ils partent dans ce couloir avec ces fameuses glacières.
13:12Et après, on a attendu, attendu, attendu.
13:15On n'a pas trop vu de personnel.
13:18On était vraiment tout seul.
13:20On n'a pas eu d'accompagnement.
13:21Pour moi, on n'a pas eu d'accompagnement.
13:22Jusqu'au lendemain, qu'on nous représente Guillaume dans une chambre où il était normal.
13:31Alors là, on lui avait remis son piercing.
13:34Parce qu'au cours, ils avaient dû l'enlever.
13:36Et il lui avait remis son piercing.
13:38Il était beau.
13:41On a l'impression qu'ils vont l'ouvrir, qu'ils vont le rendre pas joli ou je ne sais pas comment dire.
13:46Et en fait, non.
13:47Ils ont vraiment rendu Guillaume très joli.
13:50Et pour le coup, ils nous ont expliqué quand même qu'ils allaient en prendre soin.
13:56Aux yeux de la loi, nous sommes tous considérés donneurs.
14:00Et les familles doivent seulement transmettre la position du défunt.
14:04Mais le sujet du don d'organe n'a pas toujours été abordé avant.
14:08On nous dit que c'est une opération comme une autre, un prélèvement d'organe.
14:12Sauf que pour moi, en tant que maman, dans mon imaginaire, c'est pas du tout une opération comme une autre.
14:16On prend quand même tous les organes de mon enfant.
14:18Voilà.
14:19Ça reste compliqué quand même, à mon sens.
14:21Voilà.
14:22Et moi, je pense qu'il faut impérativement que la loi évolue.
14:26Le, on est tous donneurs, tous receveurs.
14:29Bon, c'est une très belle chose.
14:31Mais n'empêche que, on peut très bien avoir discuté lors d'une émission de télé avec sa famille.
14:38Et dire, oui, on est tous d'accord pour le prélèvement.
14:41Le jour où ça se passe, c'est totalement différent.
14:43Moi, l'idée qu'on est tous donneurs comme ça et que certains même disaient, il faut surtout pas en parler à la famille.
14:50Je sais pas ce que vous en pensez, mais moi, personnellement, je ne l'ai jamais fait.
14:55Parce que, en plus, c'est très difficile d'avoir le discours officiel de dire, je leur demande rien.
15:01Je leur dis simplement, dites-moi ce qu'il a dit et voilà.
15:04Ça passe pas.
15:05C'est impossible de le faire.
15:07Si vous voulez bien, on va faire une petite pause.
15:09On répondra.
15:12Tous les membres du groupe gardent un souvenir aigu du moment où la question du don se pose.
15:20Si les familles souffrent, pour le personnel soignant, c'est aussi une épreuve.
15:26Alors, pour préparer au mieux les médecins et les infirmiers, un peu partout en France, l'agence de biomédecine organise des sessions de formation.
15:37Des comédiens sensibilisés à la problématique du don d'organes jouent le rôle des familles pour recréer des situations au plus proche de la réalité.
15:46Bonjour, mesdames, du coup, je me présente. Je m'appelle Clara Delplanque et je suis le médecin de réanimation qui suit garde aujourd'hui.
15:51Vous êtes la femme et la fille de Monsieur Dallot, c'est bien ça ?
15:55Oui, c'est ça.
15:56Parfait.
15:57C'est ma collègue.
15:58Bonjour, moi, c'est Ronche, une infirmière du service.
16:01C'est une mort qui est assez particulière puisque vous avez bien compris que son cœur, effectivement, ne s'est pas arrêté, mais son cerveau ne fonctionne plus.
16:11C'est pas possible.
16:14Vous comprenez que c'est pas possible.
16:16Je comprends que le moment que vous êtes en train de vivre, c'est le moment le plus terrible et le plus douloureux parce que le médecin est en train de vous annoncer quelque chose qui vous...
16:31Pardonnez-moi.
16:32Vous tombe sur la tête.
16:34On entend, on comprend votre peine, peut-être votre colère dans cette situation. D'accord ?
16:46Je veux pas entrer.
16:48J'ai conscience que c'est probablement très peu réconfortant, mais sachant en tout cas qu'il souffre pas, qu'il a pas conscience de ce qui lui arrive et que tout cela lui génère aucune souffrance.
17:02Actuellement, c'est les machines qui l'aident à respirer, d'accord ? Et qui assurent tout ça.
17:06Et justement, pour parler un petit peu de comment tout ça pourrait se passer, on voulait, avec ma collègue, aborder certaines possibilités pour la suite.
17:15C'est-à-dire ?
17:16Alors ?
17:17Des possibilités de...
17:18Que...
17:19Alors, attendez...
17:20Mais c'est quoi les possibilités ?
17:23Une situation assez particulière dans cette mort, il y a la possibilité de pouvoir faire une démarche de don d'organe.
17:31Je...
17:35D'accord.
17:36Je suis désolée.
17:38C'est ça ? La possibilité ?
17:40C'est ça la possibilité dans cette mort particulière, qui est la mort du cerveau.
17:50Même si cet exercice est une simulation, c'est déjà une épreuve émotionnelle pour les soignants.
17:55Je sors d'un vrai entretien. Je sors d'un vrai entretien. Je suis avec cette famille qui est dans la douleur.
18:02Je ne suis vraiment pas du tout dans un home. Je suis dans...
18:05Tu es très touchée.
18:06Ambre, infirmière de coordination.
18:08J'ai hâte du debriefing, de savoir, etc. parce que j'ai vraiment l'impression d'avoir vécu quelque chose qu'on peut vivre en vrai.
18:14On essaie de garder le cap professionnellement parce qu'on sait très bien tous les enjeux qu'il y a derrière et on a conscience de ce qui se passe.
18:21Et puis en même temps, il y a une famille qui nous émeut en face de nous.
18:25J'étais stressé. Je le vivais. J'étais frustré. J'avais plein d'émotions parce que je me suis vraiment identifié.
18:33Et j'ai senti beaucoup d'empathie et quelque chose d'amener très progressivement et très doux.
18:37Vous le manifestez à plusieurs moments en étant en résonance complète avec ce qu'on appelle des reformulations stratégiques empathiques.
18:44La capacité à faire écho à leurs sentiments, à verbaliser, à nommer les ressentis, à être, mais vraiment, j'allais dire, absorbés dans leur douleur parce que ça se sent.
18:54Ça, ça marche très bien. Et ça a un effet peut-être pas thérapeutique à ce moment-là, mais un effet cathartique.
19:00Ça permet d'exprimer et de ressentir.
19:02Dans la rencontre, il y a des mots et on va voir qu'il y a plein de mots très intéressants, mais il y a plein de non-verbals aussi.
19:07Je trouve qu'un truc qui est important, vous l'avez bien fait, c'est de dire le mot mort et le mot décédé.
19:13Parce que l'une des problématiques, c'est l'acceptation de ça.
19:16Jamais, malgré vos bonnes intentions, vous savez comment c'est perçu.
19:20Il n'y a pas une bonne façon de faire, il n'y a pas une règle en général.
19:23Ce qui est intéressant, c'est de voir justement comment chacun, dans cette rencontre, dans cet échange, va arriver avec quelque chose de juste et d'authentique.
19:31Il n'y a pas d'enjeu de performance.
19:33C'est un enjeu d'accompagnement pour être au plus près et de la volonté du défunt, mais aussi dans l'accompagnement de cette période très difficile que vivent les proches.
19:48La question du don d'organe est d'autant plus difficile qu'elle est bien souvent posée dans un moment de sidération.
19:56On ne s'imagine pas la douleur qu'on peut ressentir quand on perd quelqu'un.
20:02En tout cas, d'aussi proche et d'aussi subitement.
20:05Moi, j'avais vraiment l'impression d'avoir perdu un morceau de moi-même.
20:09Tu as du mal à décrire tout ce qui...
20:15De toute façon, c'est une période où il y a tellement de choses qui te traversent.
20:18Et puis, tu les comprends parfois très longtemps après.
20:23Ton cerveau, il se protège.
20:25Le frère de Sabrina, Stéphane, avait 26 ans.
20:32Il était inséparable de son chien.
20:35Il aimait faire la fête avec ses copains.
20:38Et surtout, c'était un fou de moto.
20:40Le 1er juillet, il a pris sa moto le matin parce qu'il devait aller chercher des confettis pour un mariage l'après-midi.
20:50Et du coup, il a glissé et il a tapé dans un muret.
20:53Ils ont essayé de faire descendre la pression dans le cerveau.
20:57Et là, ils nous ont dit qu'en fait, pour les médecins, il n'y avait plus rien à faire, qu'il était en coma profond et qu'il ne se réveillerait pas.
21:05Et qu'il nous laissait le temps de dire au revoir, tout ça.
21:09Et en fait, le lendemain, on est revenus et là, on nous parle de don d'organe.
21:13Et du coup, je dis, je ne comprends plus rien.
21:15Et elle me dit, écoute, il est passé en mort cérébrale.
21:19Et du coup, c'est pour ça qu'on nous parle du don d'organe.
21:28On nous demande ce qu'il voulait.
21:30On s'est retrouvés un peu bêtes.
21:32On en avait discuté, mais pas beaucoup non plus.
21:36Il était contre au départ.
21:37Il devait avoir 18 ans par là.
21:39Enfin, dans ses environs, on est plus jeunes, voilà.
21:42Mais on savait qu'avec le temps, ça avait évolué.
21:45Mais sans être complètement sûr.
21:47Et tu te dis, je fais quoi en fait ?
21:50Enfin, tu es dans ta douleur.
21:52Tu as toute la tristesse qui te submerge.
21:55Enfin, il faut que tu décides pour l'autre.
21:57Il faut décider ensemble.
22:01Tu as une famille, donc il faut savoir si on fait le bon choix pour lui.
22:07On sait qu'on fait le bon choix pour les autres.
22:09Parce qu'on sait qu'on va sauver des vies.
22:11Donc ça, il n'y a pas de souci.
22:12Dès qu'ils ont entendu le doute, ils ont dit par contre, s'il était contre, c'est non.
22:18Donc ils nous ont laissé le temps de revoir ensemble.
22:22De nous mettre d'accord pour savoir lequel avait parlé en dernier de ça avec lui.
22:28Et du coup, ce qui était décidé quoi.
22:30Parce qu'il y a beaucoup de refus des fois pour des choses vraiment par méconnaissance.
22:37Ça, c'est dommage.
22:39Mais ne pas demander la famille, ça me paraît, moi, infaisable quoi.
22:43Enfin...
22:45Parce qu'ils sont...
22:48Quand on est là, autant que les malades en fait.
22:51Moi, j'ai toujours été à dire, vous donnez tout.
22:58Sauf qu'en fait, avec le recul, je dis à mes parents, s'il y a quelque chose que vous ne voulez pas donner,
23:04eh bien, ne donnez pas.
23:07C'est pas la personne qui part qui va être en difficulté.
23:11C'est ceux qui restent.
23:13Au début, on était...
23:16En fait, on réfléchit pas, on réfléchit pas encore vraiment.
23:19On disait, ben, c'est bien, il l'a donné, ça s'ouvait quand même si, c'était quand même...
23:24Mais c'est vrai que c'est bien.
23:26C'est très bien.
23:28Plus tu réfléchis, plus en fait...
23:31C'est pas que tu dis non, mais c'est moins facile.
23:34Voilà.
23:37Je pense que quand t'as 20 ans, tu dis sans problème.
23:40Moi, j'aurais été à la place d'Alexis, j'aurais dit oui tout de suite aussi à 20 ans.
23:45Quand il t'arrive un truc à ton gamin, c'est autre chose encore.
23:50Ben, c'est ce que t'as de plus cher, puis tu sais qu'ils vont quand même prendre, quoi.
23:55Daniel et Cyril ont perdu leur fils Enzo de 17 ans.
24:07Ils ont eu plus de temps que les autres familles pour décider du don d'organes, mais pour autant, cela n'a pas été plus facile.
24:15Cela n'a pas été plus facile.
24:16La main d'Enzo avec la mienne, c'est quelques jours avant son décès.
24:26J'avais besoin de garder en mémoire cette petite main, certes pas très colorée, mais voilà.
24:37Cela avait une signification que je laissais peut-être partir.
24:42C'était peut-être simple.
24:46Je lui ai autorisé son envol.
24:51Enzo, un petit matin, a fait une énorme crise d'asthme à 6h30.
25:06S'en est suivi, le réveil de Cyril en catastrophe.
25:15Oui, un massage cardiaque en attendant les pompiers, quoi.
25:18Et puis voilà, quoi.
25:19Et puis après, hôpital...
25:22Le coma.
25:23Le coma.
25:2523 jours, comme il dit, à se poser 1000 questions, à espérer, la première semaine.
25:36On était suspendus à ces examens, en fait.
25:40Et...
25:42Au résultat.
25:44Les deux premières semaines, quoi, on va dire, ouais.
25:46Ouais.
25:47Donc...
25:48Le tronc s'arrêtera, il est endommagé, donc c'était foutu.
25:52Quand on a eu ce résultat, donc ça, c'était la deuxième semaine.
25:55Ouais.
25:56Bah...
25:57Après, tu sais que c'est...
25:58Ouais, que c'est foutu, quoi.
25:59C'est là où...
26:01Je ne sais pas si c'est toi ou si c'est moi qui avons lancé le truc en disant,
26:05si c'est foutu pour Enzo,
26:08est-ce qu'il y a possibilité de sauver des gens ?
26:13Puis donner une raison à son départ, quoi.
26:15À le fait qu'il allait partir, ouais.
26:16Nous, on a peut-être perdu notre... notre joie de vivre, on essaye de la récupérer petit à petit.
26:26Mais il y a des gens qui l'ont retrouvée en trois heures ou cinq heures d'opération, dans une deuxième chance, quoi.
26:36Il a sauvé trois personnes.
26:38Voilà.
26:39C'est con, mais c'est le côté positif à son départ.
26:42Enfin, c'est le seul côté positif que je vois, quoi, à son départ.
26:46Moi, de cette petite lumière, là, ce petit truc, cette étincelle.
26:48Mais trop souvent, les familles se sentent oubliées.
26:52Alors, quand le village voisin de celui de Cyril et Daniel est inauguré, village ambassadeur du don d'organes,
27:02pour eux, il est important d'être présent afin de rappeler que c'est une chaîne de solidarité.
27:12Bonjour Daniel, la maman d'Enzo.
27:14Qui commence avec un geste de générosité.
27:16On a lancé en France, donc, ce ruban, il y a quatre, cinq ans, qui est le ruban de remerciement aux donneurs, à leurs proches, aux familles de donneurs.
27:37Pour moi, au départ, je pensais que c'était plutôt dans le sens où il fallait porter, enfin, acquérir.
27:45Enfin, accepter de donner.
27:47En fait, c'est le contraire.
27:48C'était un merci pour nous, les parents, d'avoir accepté ce don.
27:51C'est le symbole de remerciement aux proches, à leurs familles.
27:54On a tellement peu ce remerciement que, oui, ça me touche.
27:58Pourtant, c'est essentiel.
27:59Mesdames et messieurs les élus, mesdames et messieurs Chers Quintali,
28:03nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer l'inauguration de notre village en tant qu'ambassadeur du don d'organes.
28:09C'est un moment important pour notre collectivité,
28:12car cela souligne notre engagement pour la solidarité et le soutien envers nos administrés
28:17qui, pour certains, sont dans cette attente.
28:19Si je suis là aujourd'hui, en fait, c'est parce que trop souvent, nous, les familles de donneurs,
28:24on est laissés pour compte après ce geste tant généreux.
28:29Et aujourd'hui, je suis contente que, si je puis dire, que quelques mairies,
28:36quelques personnes s'occupent de notre cause et nous mettent aussi en avant.
28:42Il faut en parler, il faut en parler très jeune, je pense,
28:45parce que plus on en parlera dans les écoles, autour de nous,
28:49moins le choix sera difficile si on est confronté à ceci.
28:53Voilà, je vous remercie à tous.
28:57Ces pancartes installées aux entrées des villes et des villages sont un pari,
29:01celui qu'elles feront parler dans les familles.
29:04Elles seront l'occasion aussi, pour chaque municipalité,
29:08de sensibiliser régulièrement ses administrés.
29:12Voilà.
29:42Heureusement que j'ai cette heure de danse,
29:46qui fait que j'arrive à tenir la semaine.
29:49Parce que c'est l'heure où je pense à la vie.
29:53...
30:08Alors que les années passent, il reste toujours des questions.
30:12Avec le temps, que deviennent les organes des proches ?
30:16Est-ce que les bénéficiaires sont toujours en vie ?
30:19Le principe d'anonymat voulu par la loi est incontournable.
30:23Il a vocation à protéger autant la famille que le receveur.
30:28Pour que chacun puisse continuer sa vie librement.
30:33...
30:37Pour avoir des pistes de réponse,
30:39les familles peuvent contacter l'agence de biomédecine
30:42pour leur transmettre une lettre,
30:44qui sera, ou non, réclamée par le greffet.
30:47Des courriers qui ne doivent révéler aucune information
30:51sur l'identité du donneur.
30:53Et puis aux dix ans, puisque j'ai dit qu'on pouvait écrire,
30:56j'ai écrit en disant qu'il était Guillaume,
30:59parce que donc après Guillaume, il n'a plus de nom,
31:01il a un numéro.
31:03Ça fait un peu mal, tu te dis, tu n'as plus de prénom,
31:06tu n'existes plus.
31:08Dans cette lettre, ce que je demandais,
31:10simplement que le don qu'ils avaient reçu, il soit cajolé.
31:15Mais depuis dix ans, je me dis, il n'y en a pas un de tous qui pourrait répondre.
31:25Alors, est-ce qu'ils savent pas, eux aussi, qu'on peut demander s'il y a du courrier qui est arrivé à nous ?
31:34Est-ce qu'ils l'ont lu et que bon, maintenant ils ont passé autre chose parce que eux, maintenant ils vivent ?
31:39Juste que oui, on vit bien, la vie est belle, je ne sais pas.
31:45Mais tu vois, quelque chose qui me prouve qu'ils sont vivants.
31:49C'est parce que le chemin est jalonné de doutes que le groupe de parole est essentiel.
31:55C'est super important ce qu'on fait là, parce que ça nous conforte dans ce don, comme dit François, il le dit souvent.
32:00C'est important de nous conforter dans cette idée de don, parce que c'est quelque chose qui reste très violent quand même pour nous, les familles.
32:06Il y a le fait de rencontrer des greffés qui est extrêmement important, pour savoir ce qui se passait de l'autre côté de la barrière,
32:11mais aussi rencontrer des personnes qui avaient vécu la même chose que moi.
32:14Ça, c'était encore plus un incontournable.
32:16Quand on est greffé, on retrouve une vie et c'est une vraie vie, c'est-à-dire qu'on retrouve une vie normale.
32:22J'ai pu rataquer des études, j'ai pu bricoler, vraiment c'est extraordinaire.
32:26Moi, dans les associations, il y a souvent des patients qui se disent, on attend des organes, il y a des gens qui souffrent.
32:33Ok, on met tout ce que vous voulez en place, mais prélevé.
32:36Et là, j'entends qu'il y a de l'autre côté, donc à un moment donné, il faudrait peut-être qu'on puisse échanger ensemble
32:40parce que ça me permet après, quand je vais dans ces réunions où il n'y a que des gens qui sont en attente de greffe,
32:44de dire, attendez, il y a des vies à côté, ce n'est pas aussi simple.
32:48Il faut prendre en considération vraiment toutes les mailles de cette chaîne et qu'il ne faut pas les diviser.
32:55Il y a le côté greffé, il y a le côté famille de donneurs.
32:58En fait, il ne faut pas diviser, il faut vraiment tous se rassembler.
33:01C'est comme ça que les choses, elles avanceront.
33:05Dès que j'avais un coup de mou ou quoi, ça permet de se dire, il n'est pas mort pour rien.
33:12On a sauvé, enfin, ouais, parce que ce n'est pas que lui, c'est une famille aussi.
33:16On a sauvé des vies.
33:18Et moi, j'ai évité à des familles de vivre le deuil que je vis, la douleur, le déchirement.
33:25Donc moi, ça m'a aidée dans ce sens-là.
33:28Ça ne m'a jamais apporté de réconfort sur le deuil de Guillaume, le fait qu'il ait fait don de certains de ses organes.
33:35Ça ne m'a jamais apporté de réconfort.
33:37Par contre, je trouve que c'est dans la continuité de ce qu'il était.
33:40Ça va avec son image.
33:42Guillaume, il serait là aujourd'hui.
33:43Je suis persuadé que si on devait aborder le sujet au fait en fin de tour de table, qui est pour, qui est contre,
33:47comme ça, le jour où l'on arrive, on ne se pose pas de questions.
33:50Je suis sûr que le premier Guillaume aurait dit, feu, on y va, on donne.
33:58Pour Cathy, il est essentiel que chacun se prononce sur le don d'organes.
34:04Mais il est tout aussi important de vraiment prendre soin des familles de donneurs.
34:09Depuis plusieurs années, elle suit les initiatives qui existent au Québec.
34:14Pour la première fois, elle traverse l'océan pour aller rencontrer Lucie.
34:20Une enseignante comme elle, qui a créé Chaîne de vie.
34:30Une association qui a fait de l'éducation des jeunes la pierre angulaire du don d'organes.
34:35Et voilà, c'est ça, un bon petit café avant de jaser. Ça va aller, ma belle?
34:47Merci.
34:48J'ai vraiment réalisé, au fil des années, tout le côté des familles de donneurs.
34:54Ce que j'ignorais totalement.
34:56Et en plus, moi, je vous blâmais de refuser. Imagine!
34:59Ben oui!
35:00Alors, c'est la population qui n'est pas au courant du processus.
35:04Et l'Espagne nous le dit, d'ailleurs.
35:06Alors, lorsque j'ai compris que l'Espagne mettait tout en place pour accompagner les familles de donneurs,
35:12et on ne blâche jamais les familles.
35:15On ne parle jamais de taux de refus.
35:18Et leur taux de refus est minime.
35:20Donc, ils mettent en place des équipes formées.
35:22Et je dis, ben, on va faire le travail, quoi.
35:25Il faut faire le travail au Québec.
35:27Éduquer en amont pour aider les familles à prendre la meilleure décision au moment le plus terrible de leur vie.
35:33Il faut s'assurer d'avoir un accompagnement avant, pendant et après le don.
35:37On dit que les taux de refus augmentent, qui sont de l'ordre de 30%, maintenant 36%.
35:43Alors que moi, j'ai toujours tendance à dire qu'il y a 70% de la population qui, finalement, accepte.
35:48Je vois plutôt le verre plein plutôt que de le voir vide.
35:52Donc, c'est vraiment, vraiment le but de Chaîne de Vie, d'éduquer nos jeunes.
35:56Non pas convaincre de signer leur carte. Non, non, non.
35:59C'est vraiment, Cathy, de les amener à prendre une décision qui leur appartient.
36:07Direction un lycée pour voir le programme que Lucie a créé il y a 15 ans pour les cours d'anglais.
36:13Pendant cette semaine, les jeunes vont pratiquer l'anglais tout en découvrant les différents aspects du don d'organes.
36:21Direction.
36:23Guys, I want to present to you Lucie.
36:25Lucie is the founder of Chaîne de Vie, the one that I told you that started all this in Rivière-du-Loup.
36:31Wow.
36:32Okay, so guys, we're going to do a little activity now.
36:36I will be distributing one card to each student.
36:40I'm going to put them face down.
36:42When everybody has the card, then you're going to flip it.
36:45Okay, so let me just go around giving the card.
36:49If you have this card, you are an organ donor.
36:54If you did not get the card with the picture, then you got a card that has a little story.
36:59So if you got this card, you need to find a person with a card that has a picture,
37:05because that's the organ that you need.
37:08Okay?
37:11Do you have a kidney?
37:12No, I need a pambria.
37:14Okay.
37:15Oh, you found a match.
37:17Whose life was saved?
37:18Mine.
37:19Oh, I'm so happy.
37:20She saved your life.
37:22Yes.
37:23Did you give her a big hug?
37:24No.
37:25She deserves one.
37:26You guys, what's happening?
37:29What's happening here?
37:31Okay, I need you to come to the front and tell me what's going on.
37:34Come here.
37:35Come here.
37:36What is the title of the cards?
37:39I'm on the waiting list.
37:40You're on the waiting list.
37:42So what you have here, physically, we have recreated the statistics in Quebec today.
37:5270% of the people who still need, desperately need a liver, a lung, a kidney to live a precious,
38:02lively, healthy life are on the waiting list.
38:06I'm actually curious about the aftermath of the transplant.
38:09Like, how does the person feel after the operation and how the family of the organ donor feels
38:16about the patient getting the organ of the person who died?
38:20Like, I want to know how it really feels.
38:23Sometimes the organ donation family is often forgotten, right?
38:27They just did one of the kindest, most generous acts of giving the gift of life.
38:32And sometimes we don't take the time to show gratitude to those families.
38:39À 16 ans, les élèves commencent à penser au bien-être au niveau de je suis un citoyen du monde.
38:45Donc, comment est-ce que je peux penser aux autres?
38:47Comment est-ce que moi je peux contribuer au bien-être de la société?
38:51Donc, les faire réfléchir par rapport à ça, c'est un beau cadeau que je leur donne.
38:57Et quand un enseignant comme moi et beaucoup d'enseignants à travers le Québec en anglais, langue seconde,
39:03font ça année après année après année, bien, ça fait des milliers et des milliers de familles
39:09qui sont éduquées au niveau du don d'organe.
39:11Parce que j'ai 100, à chaque année, j'ai 183 élèves.
39:15Ça fait 183 familles multipliées sur 15 ans.
39:18Ça fait toute une population dans la région ici de la Naudière qui est éduquée au niveau du don d'organe.
39:24J'ai signé ma carte d'assurance maladie et j'ai été très fière de le faire.
39:28J'ai même montré à mes parents et j'ai dit, maman, papa, j'ai signé mon carte d'assurance maladie.
39:33Et croyez-moi, ils étaient fiers parce que moi, je veux donner à des gens, évidemment.
39:38Je veux donner mes organes à des gens qui méritent une seconde chance.
39:42J'en ai parlé, j'en ai vraiment, tu sais, je me suis pas laissé faire.
39:45Je me suis dit, regarde, maman, papa, tu sais, est-ce que vous pensez peut-être donner votre organe?
39:50Et puis ma mère est totalement 100 % d'accord du fait qu'elle va les donner.
39:54Ça fait que ça fait juste m'inspirer moi aussi de vouloir les donner.
39:57Moi aussi, genre, j'en ai parlé à ma mère, j'en ai parlé à mon père.
40:00Puis juste le fait qu'elle en parlait, je suis sûr qu'elle a déjà racheté, genre,
40:04au moins une vingtaine ou même plus de signatures sur des cartes pis tout.
40:07Fait que vraiment, ça aide beaucoup.
40:11Dans ce que Lucie appelle la chaîne de vie, l'éducation est un maillon essentiel en amont.
40:18Mais pour la suite, la prise en charge des familles à l'hôpital,
40:22il y a un médecin incontournable que Lucie veut présenter à Cathy.
40:32Allô, docteur Marcellet, bonjour.
40:35Ça va bien?
40:36Je suis présente.
40:37Bonjour, bonjour.
40:38Bonjour.
40:39Allez, la vie, Catherine Joliet.
40:40On vous amène le soleil de France.
40:41Ben oui, ben oui.
40:42Ah oui, docteur Marcellet.
40:44La mission du docteur Marcellet, c'est sensiblement la même chose que toi,
40:48de donner la chance aux familles de donneurs, de rencontrer des familles de receveurs.
40:54C'est exactement ça.
40:55Souvent, les receveurs, c'est pas qu'ils souhaitent pas écrire honnête,
41:00c'est qu'ils sont un peu…
41:02Oui.
41:03Ils trouvent pas les mots.
41:04Ils sentent une culpabilité.
41:05Oui.
41:06Les personnes greffées ne sont pas accompagnées pour écrire une lettre aux familles de donneurs.
41:10Je pense, mesurent mal à quel point c'est important pour les familles de donneurs aussi.
41:13Puis, c'est probablement ça qui les bloque un peu, c'est qu'ils ont une pudeur.
41:17Ils veulent…
41:18C'est très difficile de trouver les bons mots pour eux.
41:20Et donc, du coup…
41:21Si on veut des organes pour transplanter des gens, il faut, en tant que société, le mériter.
41:26On demande à ces gens-là de faire preuve d'empathie, aux familles de donneurs, d'empathie, d'altruisme
41:33envers les personnes qui pourraient mourir si ils n'ont pas un organe.
41:36Mais c'est comme si nous, on n'a pas à exprimer cet altruisme-là à leur égard.
41:41Il faut prendre soin de ces familles-là. Il faut qu'elles vivent l'expérience correctement, avec l'humanité,
41:46qu'elles voient qu'à partir du moment où ils ont dit « oui, on n'est pas en train de s'occuper d'un stock d'organes,
41:50mais on est encore en train de s'occuper d'une personne », tout part de là.
41:54Pas de donneurs, pas de transplantations. Alors, il faut prendre soin du fournisseur, de la famille de donneurs.
42:04Alors, pour améliorer l'accompagnement, le Dr Marcellet a ainsi eu l'idée, par exemple,
42:10d'offrir une empreinte de la main aux proches, afin de garder une trace.
42:15Jusqu'au prélèvement, une grande liberté est offerte aux familles,
42:35qui peuvent ainsi mettre en place des rituels qui font sens pour elles.
42:40Comme ici, avec Forest Boivin. Il a eu la possibilité d'être accompagné par 44 membres de sa communauté, et ce, jusqu'au bloc.
42:54Comme à chaque fois, tout au long du processus, avant, pendant et après, les familles peuvent être soutenues par d'autres familles qui sont déjà passées par là.
43:15J'ai vécu la situation en tant que témoin, des centaines de fois, mais je ne peux pas dire à une famille, je sais ce que vous vivez, je sais ce que vous éprouvez.
43:26Je pense que c'est important pour ces familles-là de savoir qu'elles sont, dans leur douleur, sont compris par une famille de donneurs.
43:34Mais la reconnaissance se traduit aussi par un geste symbolique fort. Chaque année, l'Association canadienne de dons d'organes décerne solennellement une médaille aux donneurs et à leur famille.
43:47Cette cérémonie, Isabelle et Stéphane y ont assisté, suite à la mort de leur fille Christine, qui, à 25 ans, a donné quatre organes.
44:11Même si, comme en France, le don est entièrement anonyme, les hasards de la vie ont fait que cette famille de donneurs a retrouvé un de ses receveurs, Clément, qui a été greffé du foie.
44:24Bonjour !
44:26Bonjour Clément.
44:27Bienvenue chez nous.
44:28Merci.
44:29Bonjour.
44:30Première.
44:31Oui.
44:32Alors des premières.
44:33Salut.
44:34Aujourd'hui, pour la première fois, Clément vient dans leur maison, là où vivait Christine.
44:40C'est bien, ça.
44:41Et vous, comment ça se passe, là?
44:44Bien, ça va bien.
44:45Ça se passe bien, oui.
44:46On est occupés, on s'ennuie pas, mais ça va bien.
44:49Il y a des petites émotions qui remontent des fois, fait que ces jours-ci, c'est un petit peu à l'envers.
44:54Bien, c'est la semaine du don, fait que c'est ça qu'on entend plus parler.
44:57C'est ça.
44:58On entend plus parler, on participe à des activités, puis là, on a appris qu'il y a une famille qui sont en plein là-dedans, là.
45:05Ça fait que ça, ça m'a chaviré un petit peu quand j'ai entendu ça, mais…
45:09Puis comment ça va?
45:10J'ai pas d'effet secondaire sur rien, j'ai toute l'énergie, j'ai tout ce qu'il faut pour pouvoir avancer dans la vie.
45:17Si c'est comme ça pour tout le monde…
45:19Ça a été vite aussi, la récupération…
45:21La récupération.
45:22La récupération a été phénoménale, oui, c'est ça. J'étais autonome le lendemain, j'ai jamais eu de douleur.
45:26Tant mieux.
45:27C'est le fun pour les receveurs qui attendent…
45:29Encore beaucoup d'éducation.
45:30Ça t'a pas attendu trop longtemps, t'as été chanceux.
45:32Non, c'est ça.
45:33Ben moi, c'est…
45:34Il y en a qui attendent longtemps.
45:35Un concours de circonstances, là, oui. J'ai attendu deux semaines.
45:38C'est drôle parce que pendant qu'ils cherchaient les receveurs pour Christine, ils nous tenaient au courant, t'sais, pis ils nous en parlaient que le fouet, c'était compliqué, pis c'était plus long, pis là, ils cherchaient pis ils étaient pas sûrs.
45:50Ben, ça a pas le choix, tous les canaux, là…
45:51Ça fait…
45:52Ça fonctionne le mieux possible.
45:53Ça fonctionne, comme ça a été le cas avec Christine.
45:55Il faut prendre une chance.
45:56Le fouet fonctionnait seulement sur moi.
45:57Ça fitait, ça fitait parfaitement.
45:58Ils ont fait toute la liste, parce que j'étais pas premier à ce moment-là, là, j'étais sixième sur la liste, puis ils ont fait toute la liste, puis…
46:03Le vendredi soir, là, qu'ils nous ont dit…
46:04C'est ça, quand on le dessus, c'était…
46:05On était vraiment content, hein?
46:06Bon, le fouet est accepté.
46:07Pis eux aussi, ils étaient contents, parce qu'ils pensaient devoir jeter le fouet aux poubelles.
46:11Ils avaient perdu…
46:12Ils avaient perdu le fouet, puis là, ils ont fait toute la liste, puis il y avait moi qui étais compatible.
46:16Donc, j'ai été greffé à Noël le 24 décembre 2022.
46:19Ben, merci, Christine, d'une certaine façon.
46:22La greffe de Clément, un jour de Noël, allait être le sujet d'un article dans la presse.
46:29Son histoire dans l'article correspondait à la nôtre, là, puis je lui ai écrit sur Messenger,
46:36« Je n'irai pas par quatre chemins, je pense être le père de votre donneuse de foi »,
46:41puis là, on s'est mis à échanger, puis…
46:43Nos histoires, à force d'échanger, là, ça s'est confirmé.
46:47J'étais très content parce que je les cherchais.
46:50J'étais vraiment, vraiment excitée, puis j'avais hâte, tu sais, qu'on discute plus,
46:55puis c'est sûr que j'avais hâte à la suite, là.
46:59Isabelle et Stéphane chantent dans une chorale,
47:02et c'est suite à un concert que Clément est venu les rencontrer.
47:06C'était spécial. Moi, il m'a ouvert ses bras, puis il m'a dit,
47:20« Viens, Isabelle, comme ça, on se connaissait depuis toujours. »
47:25Je pense que j'ai rarement pleuré autant, là, à part quand j'ai su pour ma fille, là.
47:32Mais c'était des larmes de joie, à ce moment-là.
47:39C'est comme si on s'était intégré immédiatement dans la famille de l'un et l'autre.
47:44C'est devenu naturel immédiatement.
47:46C'était comme, déjà, il faisait partie de notre famille, puis…
47:50Ouais.
47:51Pour nous, c'est sûr que c'est un peu comme si la vie de Christine se prolongeait.
47:56Bien, je sais que Clément, c'est pas Christine, là.
47:58Clément, c'est Clément, mais…
48:00Pour moi, je vois ça, comme je dis toujours, la vie est plus forte que la mort, là.
48:03Sa vie se prolonge au-delà de sa vie.
48:07Elle a toujours voulu aider toutes les causes du monde, là.
48:11Je me dis, même morte, elle continue d'aider du monde, là,
48:14parce qu'elle aide quatre personnes à vivre, là.
48:17C'est tellement beau!
48:21Christine avait 25 ans. Elle était curieuse et pleine de rêves à réaliser.
48:27On est rendus à 246 marches descendues. Ça a pris, genre, cinq minutes.
48:31On nous a toutes comptées.
48:32Même pas cinq minutes, Sandrine. Ça fait, genre, trois minutes qu'on marche.
48:34Je sais.
48:36Par Isabelle et Stéphane, Clément va apprendre à connaître sa donneuse.
48:40Quand on laisse entrer quelqu'un, c'est parce que la personne est importante pour nous,
48:49c'est pas tout le monde. On laisserait pas entrer n'importe qui, là.
48:53Pis ça a changé un petit peu dans sa chambre, mais l'essence de Christine est encore là.
48:58Là, ici, c'était ses objectifs en octobre 2022. Tu vois, on l'a laissé là.
49:03Clément, c'est sûr que ça faisait partie de l'ordre des choses que, si ça l'intéressait,
49:12là, qu'il pouvait voir une petite partie de la vie de Christine.
49:15Ça, c'est à l'hôpital, là, pendant qu'il était en mort cérébrale, qu'ils ont fait la main.
49:19L'avant-veille.
49:20Avec la mission du docteur Marcellet, c'est qu'ils nous ont accompagnés là-dedans.
49:25Pis ils ont fait des activités, pis ils fournissaient tout le matériel.
49:28Ça fait que c'était le fun, là.
49:30Ça, c'est sa médaille de... pour son don d'Organe.
49:34Oui, oui, Chabro.
49:36Oui, c'est ça.
49:37La médaille de... parce que...
49:40Son nom est gravé sur un monument, là-bas, là. On est allés voir.
49:45On se dit les vraies choses, on se cache rien.
49:48J'ai pas de pression, je leur mets pas de pression.
49:50C'est une relation qui est sincère.
49:54Oui. Ça, c'est toutes des peintures qu'elle a faites, aussi.
49:58Celui-là, je le trouve spécial.
50:01Ça, j'adore.
50:03Oui, t'es pas le sûr.
50:04C'est original, oui.
50:05Ça la représente, je pense.
50:07C'est original, oui, c'est elle.
50:08Ça, c'est un autre côté d'elle, là.
50:10C'est plus coloré, oui.
50:12Son côté coloré pis son côté sombre.
50:15Oui.
50:16Je pense...
50:17C'était ça.
50:18Ça la représente bien.
50:19Ça, c'est sa bucket list, ici.
50:21Qu'est-ce qu'elle aurait voulu?
50:22Ah, intéressant.
50:23Bien, il y a des affaires qu'elle avait borrées,
50:25mais malheureusement, il y a des choses.
50:26On a fait des choses pis on...
50:28On coche, on met nos initiales à côté
50:30quand on l'a faite pour elle.
50:32On fait des choses qu'elle a pas pu faire, fait que...
50:35Bien, peut-être que je pourrais regarder
50:37si je peux en faire, là-dedans.
50:38Ah, bien oui, si tu veux, ça serait toi.
50:40Parce qu'elle m'accompagne constamment.
50:42Bien oui.
50:43Parachute, non?
50:44Ça s'en vient, ça, cette idée.
50:46Moi aussi, ça s'en vient.
50:47Moi aussi, je veux.
50:48Mon golfière, en tout cas, t'as le choix.
50:50T'as le choix.
50:51T'apprendras en photo.
50:52Non, mais...
50:53Merci de me présenter.
50:54C'est ça.
50:55L'attention que reçoivent les familles de donneurs au Québec
51:06permet un deuil adouci.
51:09Et pour Cathy, ce sont autant d'initiatives
51:13qu'elle souhaiterait importer en France.
51:15En attendant, les sorties mobilettes sont des occasions essentielles
51:20pour rappeler qu'il faut en parler dans les familles
51:23avant que le destin nous rattrape.
51:26Et puis après, voilà, chacun fait selon sa conscience.
51:31Ça dépend surtout, je pense, de l'amour qu'on a reçu tout au long de notre vie.
51:35C'est quand même un geste d'amour, le don d'organe.
51:37Et si on n'a pas reçu, on n'a pas été assez aimé,
51:40je pense que c'est difficile de faire ce geste-là.
51:42Merci encore à tous.
51:44Et à l'année prochaine, on l'espère.
51:47Allez, allez la vie !

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