Les commissions d'enquêtes sur les violences sont-elles utiles ? Qui va enfin s'occuper des enfants placés ? Le MoDem va devenir Renaissance ?
Les députés Erwan Balanant, député Démocrate du Finistère, et Marianne Maximi, députée La France insoumise du Puy-de-Dôme, ont répondu aux questions de Maël Morin, Antonin Marin, Fanny Weil et du chat en live sur Twitch.
Légi'Stream présenté par Maël Morin, c'est tous les mercredis à 16h30 en live sur la chaîne Twitch de LCP-Assemblée nationale.
Les députés Erwan Balanant, député Démocrate du Finistère, et Marianne Maximi, députée La France insoumise du Puy-de-Dôme, ont répondu aux questions de Maël Morin, Antonin Marin, Fanny Weil et du chat en live sur Twitch.
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00:00:00Salut tout le monde, j'espère que vous allez bien.
00:00:02Bienvenue dans Légistream, on est de retour, on est très heureux de vous retrouver.
00:00:07Avec moi cette semaine sur le plateau, il y a Fanny.
00:00:09Salut Fanny.
00:00:10Salut, bonjour à tous.
00:00:11Et on est avec Antonin.
00:00:12Salut Antonin.
00:00:13Salut Maëlle.
00:00:14Alors, programme chargé cette semaine,
00:00:16puisqu'on va parler du rapport sur les violences dans les milieux culturels,
00:00:21des défaillances de la protection de l'enfance
00:00:23et de la commission d'enquête sur les violences dans les établissements scolaires.
00:00:27Programme léger cette semaine, n'est-ce pas ?
00:00:29On va en parler tout de suite avec notre premier invité, Erwann Balanant.
00:00:33Bonjour.
00:00:34Bonjour.
00:00:35Merci beaucoup d'être dans Légistream.
00:00:37Vous êtes député Les Démocrates du Finistère,
00:00:40vous êtes membre de la commission des affaires culturelles et de l'éducation
00:00:43et vous présentez aujourd'hui votre rapport,
00:00:48le rapport d'une commission d'enquête de plusieurs mois
00:00:50sur les violences dans les milieux du cinéma, de l'audiovisuel
00:00:53et d'autres milieux de la culture.
00:00:56Donc voilà, le cadre est posé.
00:00:58Et donc, pour commencer, dites-nous un peu comment vous avez ressenti
00:01:02tous ces mois d'audition qui étaient quand même assez chargés en émotions ?
00:01:07Oui, chargés en émotions, effectivement.
00:01:10Ça n'a pas été toujours très simple parce qu'on a reçu des témoignages forts
00:01:15qui sont les témoignages souvent d'une vie,
00:01:18d'une vie de passion, de l'art que les personnes exercent,
00:01:23que ce soit dans le cinéma, la musique, le spectacle vivant,
00:01:27mais aussi chargés de souffrances pour certains et certaines.
00:01:34Et on a vu des techniciens, des techniciennes, décoratrices, décorateurs,
00:01:39enfin tous les corps de métier de cette grande famille du cinéma, du spectacle vivant.
00:01:44Et beaucoup nous ont raconté ce qu'ils ont et ce qu'elles ont vécu
00:01:49pendant leur carrière.
00:01:52Et on a vu certaines qui, durant toute cette carrière,
00:01:56ont subi, mais ont tenu.
00:01:59Et des grandes comédiennes, c'est ce qui m'a surpris,
00:02:02les grandes comédiennes françaises, nous ont raconté en réalité
00:02:04la même chose que les comédiennes débutantes d'aujourd'hui.
00:02:08Et ça, ça nous posait quelques questions quand même
00:02:10sur l'état un peu systémique de ces violences sexistes et sexuelles.
00:02:14Oui, parce que vous décrivez une machine à broyer des talents.
00:02:16Pourquoi est-ce que vous dites ça ?
00:02:17Parce que c'est la réalité.
00:02:23On a été confrontés à des personnalités passionnées par leur métier
00:02:29qui avaient cette tension forte d'être acteurs, d'être musiciens.
00:02:33et pour certains qui ont été broyés par le système, par ce système.
00:02:41Alors, ce n'est pas un système foncièrement mauvais.
00:02:45Il est dur, il est violent, mais il est comme ça
00:02:50parce qu'il reflète l'état de la société.
00:02:52Et c'est ça que moi, sur lequel je veux vraiment appuyer,
00:02:56c'est que les champs de notre commission d'enquête,
00:03:02le cinéma, la culture, en réalité, c'est comme dans notre société.
00:03:06Ça reste sexiste, ça reste un lieu où il y a trop de violences sexuelles
00:03:10et ça reste un lieu avec un héritage patriarcal très puissant.
00:03:15Et donc, dans le cinéma, c'est la société avec en plus des facteurs aggravants
00:03:20et c'est ces facteurs aggravants amplifiants
00:03:21que l'on a analysés dans la commission d'enquête.
00:03:23On a beaucoup suivi, en plus, toutes ces auditions sur LCP.
00:03:30Parmi ces auditions, il y avait des actrices et des acteurs
00:03:32qui dressent, en fait, dans leurs auditions,
00:03:36des vraies listes de faits de violences.
00:03:39On a vraiment l'impression que sur chaque tournage, quasiment,
00:03:42il se passe un truc.
00:03:42Non, non, on ne peut pas dire ça
00:03:47parce que ce n'est pas sur chaque tournage,
00:03:51mais c'est fréquent.
00:03:52Et c'est durant la vie d'un artiste,
00:03:56ça a été quasiment pour tout le monde,
00:03:59à un moment donné, en tout cas pour les femmes.
00:04:01Et on a bien vu la différence entre les hommes et les femmes.
00:04:04Les hommes ne nous disent pas exactement la même chose.
00:04:08On pourra y revenir.
00:04:09Mais ce n'est pas non plus tous les films.
00:04:11Et ce milieu, il faut quand même le dire aussi,
00:04:14a pris conscience, en partie, de ses responsabilités.
00:04:17Mais pas suffisamment.
00:04:18Elle a pris conscience, je pense,
00:04:20mais peut-être pas suffisamment de la mesure.
00:04:23Et c'est pour ça que ce rapport est utile.
00:04:26C'est qu'il pose les choses sur la table.
00:04:28Et plus personne ne pourra dire qu'il ignorait aujourd'hui.
00:04:31Parce que nous, on n'a rien inventé.
00:04:32On n'a pas fait œuvre de fiction.
00:04:34On a juste repris des témoignages.
00:04:36On a fait beaucoup d'auditions, plus d'une centaine,
00:04:39400 personnes.
00:04:40Et on a reçu aussi beaucoup de témoignages écrits.
00:04:44Des centaines.
00:04:45Justement, vous le saviez, avant de faire cette enquête-là,
00:04:48que ça allait être aussi dense,
00:04:50tout ce qui allait être énoncé par les différentes auditions ?
00:04:53Si on s'est lancé dans la commission d'enquête,
00:04:56alors c'est après les prises de paroles fortes de Judith Godrech,
00:05:02avec, pour la première commission d'enquête,
00:05:05ma collègue Francesca Pasquini.
00:05:07C'est parce qu'on se doutait d'un certain nombre de choses.
00:05:11Et que...
00:05:12C'est plus grave que ce que vous imaginez ?
00:05:14Mais avant qu'on se dise que c'était plus grave,
00:05:16moi, je me suis rendu compte que ce n'est pas la première fois.
00:05:19Et moi qui connais un petit peu ce monde,
00:05:21et comme vous qui suivez cette actualité,
00:05:25je me suis souvenu d'Adèle Haenel.
00:05:27Il y a eu un moment, Adèle Haenel, terrible,
00:05:30où elle a révélé un certain nombre de choses,
00:05:32et puis il y a eu des mesures,
00:05:33mais on ne peut pas dire que tout a été solutionné.
00:05:37Et avant Adèle Haenel, vous avez eu Noémie Cochet,
00:05:39qui était une actrice courageuse,
00:05:41qui avait dénoncé Brissot,
00:05:42et qui avait gagné son procès face à M. Brissot.
00:05:47Vous avez... Je ne vais pas toutes les citer,
00:05:48mais on savait qu'il y avait quelque chose.
00:05:51Mais j'avoue que le côté, en réalité,
00:05:55ce sexisme si latent,
00:05:59et cette machine à broyer des talents,
00:06:03comme je dis, je ne l'imaginais pas être aussi terrible, en fait.
00:06:07Vous dites que le milieu de la culture du cinéma
00:06:09a pris conscience du phénomène.
00:06:12C'est-à-dire ?
00:06:13Est-ce que ça veut dire qu'il a commencé à agir ?
00:06:14Oui, il a commencé à agir.
00:06:16Il a commencé à agir, en fait, à la suite de 2017 et de Me Too.
00:06:21Et il y a eu des choses qui sont des bonnes choses.
00:06:24Et il y a même, par exemple,
00:06:26l'obligation pour tous les producteurs aujourd'hui
00:06:29d'être formés et de suivre une formation
00:06:32sur les violences sexistes et sexuelles.
00:06:34Et ça, ça a été mis en place par le CNC,
00:06:37donc le Centre National de la Cinématographie.
00:06:40Et ça va dans le bon sens.
00:06:42Et récemment, ils ont même rendu obligatoires ces formations
00:06:45avant chaque tournage.
00:06:46Chaque tournage qui touche une subvention du CNC
00:06:49doit mettre en place une formation à double niveau
00:06:52en numérique, une formation sur Internet
00:06:56et une formation en présentiel.
00:06:58Et si vous n'avez pas fait la formation,
00:07:00si vous ne faites pas la formation,
00:07:02la production ne touche pas les subventions du CNC
00:07:08qui sont des subventions importantes.
00:07:10Concrètement, pardon, qu'est-ce qu'il y a dans ces formations ?
00:07:12Qu'est-ce qu'on apprend ?
00:07:12C'est des cours ?
00:07:13C'est des cas pratiques ?
00:07:14Oui, oui, exactement.
00:07:15Alors nous, on a été assisté à une formation
00:07:19sur un début de tournage, un film qui allait commencer.
00:07:22Et donc, on a été à cette formation.
00:07:24Et donc, moi, j'ai discuté avec les personnes
00:07:26qui faisaient la formation,
00:07:29et puis aussi les personnes qui étaient là.
00:07:30Ils ont eu tout un tas de questions,
00:07:34de fiches à apprendre via une plateforme,
00:07:37via une sorte de MOOC.
00:07:39Et ils ont dû valider ces questions.
00:07:42Ces questions, ces validations leur permettaient
00:07:44d'avoir un badge.
00:07:45Et ce badge, après, leur permettait
00:07:46d'affaire la deuxième partie de la formation
00:07:49et qui était une formation sur, effectivement,
00:07:52vous avez raison, des cas pratiques.
00:07:54Il y avait trois ateliers, trois cas pratiques,
00:07:56et chacun a pu discuter de comment ils voyaient les choses.
00:07:59Et on voyait bien qu'un certain nombre de personnes
00:08:01avaient appris des choses grâce aux formations
00:08:03qu'ils avaient reçues.
00:08:04Donc ça, ça va dans le bon sens,
00:08:06mais il faut l'amplifier et ça ne suffira pas, hélas,
00:08:10pour révolutionner ce monde
00:08:12où il y a une tension un peu latente sexiste et sexuelle.
00:08:18Je vous transmets juste une question
00:08:19qui est posée dans le chat par quelqu'un
00:08:21qui demande pourquoi est-ce que certains acteurs
00:08:22ont demandé un huis clos ?
00:08:24Alors...
00:08:24Qui ajoute des choses à cacher.
00:08:26Non, non, pas du tout de choses à cacher
00:08:28parce que c'était à huis clos,
00:08:31mais les comptes rendus sont complètement disponibles
00:08:33et l'intégralité de ce qu'ils ont dit est écrit.
00:08:36Et donc, ils peuvent aller les voir.
00:08:37Pourquoi, eux, ont eu un huis clos ?
00:08:39Tout simplement parce qu'on a fait parallélisme des formes
00:08:41avec un certain nombre d'actrices
00:08:42qui avaient demandé des auditions à huis clos.
00:08:46Vous avez des actrices, on va dire,
00:08:48les actrices bankables,
00:08:49comme les hommes bankables de ce milieu,
00:08:51avaient demandé un huis clos
00:08:52à partir du moment où on l'avait accepté pour les femmes.
00:08:55Je pense que par parallélisme des formes,
00:08:57on pouvait l'accepter par les hommes.
00:08:59Mais moi, je regrette parce que c'était très intéressant.
00:09:02Et d'ailleurs, on peut le lire.
00:09:03Donc, heureusement, j'aurais bien aimé
00:09:05que ça puisse être filmé.
00:09:08Parce qu'en réalité, ça disait beaucoup d'un des chantiers
00:09:11que l'on a, et c'est un homme qui le dit,
00:09:13c'est que nous avons été élevés dans une culture sexiste,
00:09:17une culture patriarcale.
00:09:18Même si moi, j'ai eu la chance d'avoir une maman
00:09:20qui était très féministe,
00:09:22on a quand même un relan patriarcal.
00:09:25Et nous, les hommes, nous devons nous remettre en cause.
00:09:28Moi, j'ai eu parfois des attitudes un peu lourdes
00:09:31avec des femmes.
00:09:33Et il faut, je pense, l'admettre.
00:09:37Mais on n'est pas là pour parler de moi.
00:09:38Et je pense que ces acteurs l'ont dit aussi.
00:09:42Et c'est un début, et c'est une solution
00:09:44pour en sortir de cette culture patriarcale.
00:09:47Justement, dans cette remise en cause,
00:09:48est-ce qu'il y a des témoignages qui vous ont marqué ?
00:09:49Je pense à un témoignage en particulier,
00:09:51Dominique Besnéard, qui s'est exprimé,
00:09:53qui a fait beaucoup de bruit.
00:09:54Est-ce que, vous, ça vous a marqué, ce témoignage ?
00:09:58Moi, j'avoue que ça m'a un peu agacé, ce témoignage.
00:10:01Pas par rapport à ce qu'il a dit non plus,
00:10:02mais parce que je me suis dit,
00:10:03oh là là, c'est encore quand il y a une grande personnalité
00:10:06qui dit des choses qu'on parle de cette commission d'enquête.
00:10:10Et j'avais trouvé que, jusqu'à maintenant,
00:10:12on parlait peu de cette commission d'enquête
00:10:14et qu'on n'en parlait que quand il y avait
00:10:15soit des acteurs qui venaient des acteurs célèbres,
00:10:19soit quand vous aviez une personnalité importante,
00:10:23mais de l'ancien monde, en réalité,
00:10:24parce que M. Besnéard est un peu de l'ancien monde.
00:10:28Il a été agent, il a fait tous les métiers, en réalité, du cinéma.
00:10:32Il a été agent, il a été directeur de casting,
00:10:34il est producteur aujourd'hui.
00:10:37Bon, voilà, on voyait bien que ce heurtait-là
00:10:40deux visions du monde.
00:10:43Et c'est aussi peut-être ce qui est encourageant,
00:10:45c'est qu'il y a eu une forte, comment dire,
00:10:49c'était très éruptif, ce qu'il a dit.
00:10:50On a bien vu que les gens étaient un peu interloqués.
00:10:53Donc, ça, c'est quand même des signes que les choses changent.
00:10:58Justement, puisqu'on en parle, Dominique Besnéard,
00:11:01il se revendiquait lui-même de l'ancien monde.
00:11:05Est-ce que vous, vous avez ressenti,
00:11:07vous avez le sentiment qu'il existe bel et bien
00:11:08cet ancien monde qui, presque, vous ne verrez pas le problème aujourd'hui ?
00:11:14Enfin, vous ne comprendrez pas ce qui se passe ?
00:11:17Oui, oui, il y a encore des...
00:11:19Il y a déjà, de toute façon, des relents sexistes, sexuels,
00:11:23des relents de conserver cette culture patriarcale.
00:11:27Oui, cette société patriarcale.
00:11:29Mais Besnéard est assez particulier parce que...
00:11:31Voilà, c'est quelqu'un qui a sa personnalité,
00:11:39qui a sans doute beaucoup compté dans le cinéma,
00:11:41qui compte peut-être un peu moins, je ne sais pas.
00:11:44Voilà, mais je crois qu'il ne faut pas s'arrêter
00:11:46à ce genre de témoignage qui était, comment dire,
00:11:53un peu caricatural, je trouve.
00:11:54La majorité, ceux qui ont été interrogés,
00:11:56les hommes interrogés qui ont pu avoir des comportements problématiques,
00:12:00ont reconnu et leurs comportements ont dit,
00:12:02ben voilà, effectivement, j'ai vu d'autres hommes
00:12:04aussi avoir des comportements
00:12:05et globalement, il y avait une démarche positive là-dedans.
00:12:08Oui, mais on est loin de la grande révolution encore.
00:12:11Il va falloir continuer.
00:12:13Ce n'est pas gagné encore.
00:12:15Justement, comment on peut s'assurer ?
00:12:16Effectivement, il y a des hommes qui ont dit,
00:12:19oui, effectivement, j'ai eu des comportements lourds, etc.
00:12:22On a vu les comptes rendus, je pense à Jean Dujardin,
00:12:24et autres, j'ai le louche.
00:12:25Mais comment on peut être sûr
00:12:28qu'en fait, ce n'est pas simplement faire le dos rond
00:12:31en attendant que la crise passe
00:12:32et que des choses vont vraiment être faites, actées, etc.
00:12:35Et quelles choses pourrait-il faire dans ce cas ?
00:12:37Oui, mais vous avez entièrement raison.
00:12:39Alors déjà, vous avez raison.
00:12:40Moi, la pire des déceptions pour moi
00:12:44serait de décevoir les gens que nous avons auditionnés.
00:12:48Ça serait pour moi une tristesse infinie.
00:12:50Donc, à nous de faire le travail.
00:12:52Mais moi, mes collègues députés de la commission d'enquête,
00:12:56on ne va pas tout porter tout seul.
00:12:57Et donc, c'est pour ça que moi, le rapport,
00:12:59je le pose sur la table.
00:13:01Je le pose sur la table.
00:13:03Je le mets à l'agenda, j'ai envie de dire.
00:13:05C'est à vous, monde du cinéma, monde du spectacle vivant,
00:13:09monde de la mode, de la publicité, de l'audiovisuel,
00:13:11de vous en saisir.
00:13:12D'expertiser ce que l'on a écrit,
00:13:15parce que nous, on n'est pas omniscient,
00:13:17et peut-être que certaines appréciations
00:13:19ne sont pas exactement les bonnes.
00:13:21Donc, d'expertiser et de faire en sorte
00:13:24qu'un certain nombre de choses changent,
00:13:26parce qu'un certain nombre de choses doivent changer.
00:13:28Effectivement, la seule prise de conscience des hommes
00:13:31ne suffira pas.
00:13:32Il y a aussi des avancées à avoir.
00:13:35Mais j'ai vu rapidement, là,
00:13:37Anouk Grimbert qui disait
00:13:39que les lois serviront à rien si les hommes ne changent pas.
00:13:42Je pense qu'elle a raison aussi.
00:13:43Mais les lois peuvent faire changer.
00:13:45On l'a vu sur un certain nombre de sujets.
00:13:46Vous savez, c'est moi qui ai porté,
00:13:48avec quatre autres collègues dans la mandature,
00:13:51ma première, 2017,
00:13:53l'écriture de l'outrage sexiste et sexuel
00:13:55qui visait le harcèlement de rue.
00:14:00Bon, sur ce sujet,
00:14:01je crois qu'on a baissé le seuil de tolérance
00:14:04et on a mis le premier interdit,
00:14:06l'outrage sexiste et sexuel,
00:14:07et le premier niveau des violences sexistes.
00:14:11Bon, je pense qu'on a fait,
00:14:13mais il faut continuer,
00:14:14ça ne suffira pas, évidemment.
00:14:15Et justement, est-ce que les autres députés,
00:14:17ceux qui n'étaient pas dans votre commission,
00:14:18sont prêts à aller plus loin ?
00:14:20Est-ce que c'est un sujet qui les touche ?
00:14:21Est-ce qu'ils ont pris la mesure du problème ?
00:14:22Parce qu'on parlait du monde du cinéma,
00:14:24mais effectivement, sans la loi,
00:14:26globalement, on ne prendrait pas grand-chose.
00:14:28Oui, mais sans la loi,
00:14:29sans l'ensemble de la société.
00:14:30C'est l'ensemble de la société
00:14:32sur ce sujet qui doit avancer.
00:14:33Alors, ce qui m'inquiète,
00:14:34c'est que j'ai quand même l'impression
00:14:35qu'on n'est pas dans un moment
00:14:36au niveau international
00:14:38très favorable à...
00:14:41On a quand même un peu l'impression
00:14:42qu'on est dans quelque chose
00:14:44qui est de l'ordre du backlash.
00:14:46Quand l'ambassade américaine en France
00:14:50demande aux entreprises françaises
00:14:55qui ont des politiques de diversité,
00:14:58des politiques d'inclusion,
00:14:59de savoir si elles les ont,
00:15:00parce que si elles les ont,
00:15:01elles ne seront plus soumises
00:15:02au marché américain.
00:15:03Vous voyez un peu la puissance du truc.
00:15:05Quand vous avez 181 députés
00:15:07le début de semaine
00:15:08qui ne votent pas
00:15:09une avancée majeure sur la parité
00:15:11dans les élections municipales
00:15:13pour les communes
00:15:14de moins de 1 000 habitants,
00:15:16vous voyez bien que
00:15:17ce n'est pas gagné encore.
00:15:18Ce n'est pas gagné.
00:15:19Donc, c'est pour ça
00:15:19qu'il va falloir
00:15:20qu'on continue à se bagarrer.
00:15:22En parlant un peu ancien monde,
00:15:24est-ce que vous avez senti
00:15:25qu'il y avait un peu,
00:15:27je dirais,
00:15:27l'ombre de Gérard Depardieu,
00:15:30puisqu'en plus,
00:15:31c'est dans l'actualité,
00:15:31qu'il planait un peu
00:15:32sur les auditions,
00:15:34sur toutes les discussions
00:15:36qu'il y a eues ?
00:15:37– Alors, en réalité,
00:15:38moi, j'ai souhaité,
00:15:39et on en avait discuté
00:15:40avec Sandrine Rousseau,
00:15:42moi, j'ai souhaité
00:15:43que, justement,
00:15:45on essaye d'éluder
00:15:46ces affaires,
00:15:48ces grandes affaires
00:15:49pour aller au cœur du système.
00:15:51– Certaines sont encore
00:15:52en train d'être...
00:15:52– Alors, en plus,
00:15:54et en plus,
00:15:55celle de Gérard Depardieu,
00:15:57mais celle aussi de PPDA
00:15:59et celle d'autres,
00:16:00il y a des affaires judiciaires
00:16:02en cours.
00:16:02et une commission d'enquête
00:16:04n'a pas vocation
00:16:05à aller sur le terrain judiciaire
00:16:07et nous n'avons pas été
00:16:08sur le terrain judiciaire.
00:16:09On nous a même parfois reproché
00:16:11de ne pas suffisamment
00:16:12interroger des personnes
00:16:14qui étaient présentes.
00:16:16Mais nous sommes restés
00:16:17dans notre rôle
00:16:18et je pense qu'en restant
00:16:19dans notre rôle,
00:16:20on a aussi fait
00:16:21quand même œuvre utile.
00:16:22– Très concrètement,
00:16:23sur les propositions de loi
00:16:24qui vont être faites,
00:16:25éventuellement,
00:16:26vous avez des idées,
00:16:27déjà des pistes
00:16:27de se dire
00:16:27qu'il faudrait ça,
00:16:28plutôt ça.
00:16:29– Oui, alors,
00:16:30il y a beaucoup,
00:16:31il y a 86 propositions.
00:16:33Je l'ai dit,
00:16:34beaucoup d'entre elles
00:16:35sont des propositions
00:16:36d'ordre,
00:16:39j'ai envie de dire,
00:16:39de prise en compte
00:16:40de la réalité
00:16:41de la situation
00:16:42par les acteurs.
00:16:43Quand je dis les acteurs,
00:16:44c'est par la filière.
00:16:46D'autres sont
00:16:46du pouvoir réglementaire,
00:16:48d'autres appartiennent
00:16:49aux conventions collectives,
00:16:51donc les conventions collectives
00:16:52du monde du cinéma
00:16:52vont devoir évoluer
00:16:54et elles ont évolué récemment
00:16:55et il faut encore
00:16:56qu'elles évoluent.
00:16:57Et quelques sujets
00:16:57qui ne sont pas des moindres
00:17:00sont de l'ordre
00:17:01de la loi.
00:17:04Et donc,
00:17:04nous allons travailler
00:17:05sur ces sujets-là.
00:17:06– Une loi qui vous tient
00:17:07particulièrement à cœur ?
00:17:08– Je n'ai pas envie
00:17:11de rentrer
00:17:12dans la hiérarchie
00:17:14du catalogue
00:17:15parce que je crois
00:17:16que ce qui,
00:17:17à mon sens,
00:17:18fait la puissance
00:17:19de ce rapport,
00:17:20c'est que nous avons
00:17:22vraiment fait
00:17:22une anatomie
00:17:23de ce monde.
00:17:26Et de cette anatomie,
00:17:27nous proposons
00:17:28quelque chose
00:17:29qui est global
00:17:29et un peu tout se tient.
00:17:31C'est-à-dire que
00:17:32si nous créons
00:17:33des nouveaux délits
00:17:34sur certains sujets
00:17:36mais qu'à côté de ça,
00:17:37il n'y a pas de prévention,
00:17:38il n'y a pas de formation,
00:17:39ça ne servira à rien.
00:17:40Donc,
00:17:40c'est vraiment une globalité
00:17:41mais il y a des pistes
00:17:42sur lesquelles,
00:17:43évidemment,
00:17:43on va avancer.
00:17:44Moi,
00:17:45je propose
00:17:45qu'on laisse décanter,
00:17:47que le rapport
00:17:48soit lu
00:17:48par tout le monde,
00:17:50par tout le monde,
00:17:51par toutes les personnes
00:17:51qui travaillent
00:17:52dans ces milieux-là
00:17:53et que les gens
00:17:54qui ont des propositions
00:17:56à nous faire nouvelles
00:17:57nous les fassent,
00:17:58des gens qui ont des critiques
00:18:00à nos propositions
00:18:01le fassent aussi.
00:18:02Moi,
00:18:03je le pose
00:18:04en toute humilité
00:18:05sur la table
00:18:05à vous de vous en saisir
00:18:07mais nous,
00:18:08on va continuer
00:18:08le travail aussi.
00:18:09Concrètement,
00:18:11vous vous êtes aussi
00:18:11beaucoup penchée
00:18:13sur le cadre
00:18:13de la présence
00:18:14des enfants
00:18:15sur les tournages.
00:18:18Aujourd'hui,
00:18:19un enfant
00:18:20qui tourne une scène
00:18:21sur un plateau de cinéma,
00:18:23il n'a pas réellement
00:18:24d'accompagnement propre
00:18:25qui lui est dédié
00:18:26s'il a un souci
00:18:27pour savoir comment il se sent ?
00:18:28Alors,
00:18:29normalement,
00:18:30depuis la mise à jour
00:18:31de la convention collective
00:18:33de mois de mai,
00:18:35je crois,
00:18:35de cette année,
00:18:36il doit être accompagné
00:18:37par un référent enfant.
00:18:39C'est une première étape.
00:18:41Moi,
00:18:41je pense qu'il faut
00:18:42aller plus loin.
00:18:43Il faut aller plus loin,
00:18:44il faut renforcer
00:18:45les règles
00:18:46pour les enfants
00:18:48et leur présence
00:18:50sur scène.
00:18:51Aujourd'hui,
00:18:51il y a deux critères,
00:18:53il y a 16 ans
00:18:54et majorité,
00:18:55c'est entre 16 ans
00:18:56et 18 ans.
00:18:56Moi,
00:18:56je propose qu'on mette
00:18:57tout pareil jusqu'à 18 ans
00:18:59parce qu'une jeune femme
00:19:01entre 16 ans
00:19:02et 18 ans,
00:19:02on voyait bien
00:19:03que c'est peut-être là
00:19:03qu'elle peut potentiellement
00:19:05être une proie
00:19:08donc c'est cette période
00:19:13qu'on va uniformiser
00:19:15et moi,
00:19:16je propose aussi
00:19:17un renforcement des contrôles
00:19:19et un renforcement
00:19:20de l'accompagnement
00:19:21pour les enfants
00:19:22de moins de 7 ans
00:19:22parce que moins de 7 ans,
00:19:24vous êtes vraiment
00:19:24tout petit
00:19:25et parfois,
00:19:26vous me faites aussi
00:19:27pas complètement consentant
00:19:28parce que vos parents
00:19:29vous poussent
00:19:30et donc une analyse
00:19:31un peu psychologique
00:19:32de l'enfant
00:19:33et des parents
00:19:33me semblent pouvoir
00:19:35être importante
00:19:36et sur l'accompagnement
00:19:38des enfants,
00:19:41le référent,
00:19:42je propose que ce soit
00:19:43des référents
00:19:43qui soient formés,
00:19:44qui soient certifiés
00:19:45et dont on contrôle
00:19:46l'honorabilité,
00:19:48c'est-à-dire que
00:19:48comme dans le sport,
00:19:51aujourd'hui,
00:19:52vous êtes éducateur sportif,
00:19:53on contrôle
00:19:53votre honorabilité
00:19:55depuis récemment,
00:19:55depuis la commission.
00:19:57Ça veut dire
00:19:57la présence
00:19:59d'occasion
00:20:00pour la nation.
00:20:02C'est la présence
00:20:02qu'on veille
00:20:05à ce que ces personnes
00:20:06soient complètement
00:20:08à leur place
00:20:10en tant qu'éducateurs
00:20:11pour enfants
00:20:12et ça,
00:20:12ça marche pour les référents,
00:20:13évidemment,
00:20:13mais ça marche aussi
00:20:14pour les associations
00:20:15qui donnent des cours.
00:20:17On a vu,
00:20:18on a travaillé
00:20:19sur un sujet
00:20:20où je ne pensais pas
00:20:21qu'on allait y passer
00:20:22en temps de temps
00:20:24sur la question
00:20:26de la maîtrise
00:20:27des Hauts-de-Seine
00:20:28où on a vu
00:20:28qu'il y avait
00:20:29un certain nombre
00:20:29de sujets.
00:20:30Alors,
00:20:30il y avait un volet judiciaire,
00:20:31on ne l'a pas abordé,
00:20:32mais on a essayé
00:20:33d'analyser
00:20:34le système,
00:20:36comment il fonctionnait
00:20:36et effectivement,
00:20:37on voit aujourd'hui
00:20:38qu'il est,
00:20:38à mon sens,
00:20:39dysfonctionnel.
00:20:41Pardon,
00:20:41vas-y,
00:20:41je t'en prie.
00:20:42Quand on vous écoute,
00:20:43on comprend,
00:20:44pardon,
00:20:45qu'en fait,
00:20:45il faudrait sensibiliser
00:20:46tout le monde,
00:20:47former tout le monde,
00:20:47y compris peut-être
00:20:48les agents,
00:20:48peut-être que vous en direz un mot.
00:20:49La question que je me pose,
00:20:52c'est,
00:20:54parfois,
00:20:55on pourrait aussi vous répondre,
00:20:56en tout cas,
00:20:56un réalisateur,
00:20:57par exemple,
00:20:57pourrait vous dire
00:20:57oui,
00:20:58mais c'est ma liberté artistique.
00:20:59Vous avez une expression
00:21:00que j'ai lue dans la presse
00:21:01qui est,
00:21:02il n'y a pas d'excuse de génie.
00:21:03Exactement.
00:21:03Est-ce que vous pouvez
00:21:04en dire un peu plus ?
00:21:05Le talent,
00:21:08l'auteur,
00:21:09le réalisateur,
00:21:11avec tout son génie,
00:21:14ne peut pas être au-dessus
00:21:15du code du travail.
00:21:17Il ne peut pas être au-dessus
00:21:18de nos règles
00:21:19et il ne peut pas être
00:21:20au-dessus du code pénal.
00:21:21L'art ne permet pas
00:21:23de filmer les corps.
00:21:25C'est ça que vous êtes
00:21:25en train de dire ?
00:21:26Bien sûr,
00:21:27vous pouvez filmer les corps.
00:21:29Oui,
00:21:29mais dans un cadre
00:21:31qui est simplement
00:21:32le consentement éclairé
00:21:35de la personne
00:21:36qui est filmée.
00:21:37Et aujourd'hui,
00:21:38on a vu,
00:21:38il y a eu des abus
00:21:39et il y a eu des situations
00:21:40d'emprise
00:21:41et c'est ça qu'il faut éviter.
00:21:42Et c'est pour ça
00:21:43que je propose aussi
00:21:44que l'on forme,
00:21:46dès les écoles d'art,
00:21:47les jeunes futurs artistes
00:21:49pour qu'ils soient formés
00:21:50dans les deux sens,
00:21:52c'est-à-dire à respecter
00:21:53les règles du code du travail
00:21:54et du code de notre vie
00:21:56de tous les jours,
00:21:57de ce qui est
00:21:58les interdits de la société,
00:21:59c'est-à-dire le code pénal
00:22:00et que d'un autre côté,
00:22:02ils soient capables
00:22:02de se défendre
00:22:03devant des atteintes
00:22:04qui leur seraient faites
00:22:05à ce code pénal
00:22:06et à ce code du travail.
00:22:08Donc, moi,
00:22:09j'ai été artiste
00:22:10avant d'être député.
00:22:11J'étais photographe,
00:22:12j'étais réalisateur.
00:22:13Je ne vois pas
00:22:15en quoi aucune
00:22:16de ce qu'on propose là
00:22:17aurait pu limiter
00:22:19ma capacité à créer.
00:22:21Aucunement.
00:22:22J'allais dire,
00:22:22c'est vrai que dans les témoignages,
00:22:24je pense par exemple
00:22:24à celui de Sarah Forestier
00:22:26ou de Nina Meurice
00:22:27qui racontaient
00:22:30qu'elles ont dû tourner
00:22:31des scènes sexuelles,
00:22:33parfois de viol,
00:22:34alors qu'elles n'avaient même pas
00:22:36dix ans.
00:22:37On se demande...
00:22:38Ce que je veux dire par là,
00:22:40c'est qu'aujourd'hui,
00:22:40on n'a pas l'impression
00:22:41qu'elles ont été accompagnées
00:22:43du tout.
00:22:44On se demande
00:22:44comment c'est possible.
00:22:45Les témoignages
00:22:46des grandes actrices françaises,
00:22:48il était terrible pour moi.
00:22:50C'est que, tout d'un coup,
00:22:52je les écoutais
00:22:53et j'étais en train
00:22:54de réaliser
00:22:54que depuis
00:22:56la naissance
00:22:57de leur passion
00:22:58pour le jeu,
00:23:01pour la vie d'actrice,
00:23:03qu'elles avaient subi
00:23:05des violences.
00:23:07Elles avaient subi
00:23:07des violences,
00:23:08parfois l'accumulation
00:23:11de ce que certains appellent
00:23:14le sexisme ordinaire,
00:23:15mais que je déteste
00:23:16le mot d'ordinaire,
00:23:17c'est-à-dire le sexisme
00:23:19tout simplement puissant.
00:23:20D'autres,
00:23:21des choses
00:23:22complètement inappropriées.
00:23:23Effectivement,
00:23:24c'est Nina Meurice
00:23:25qui nous raconte
00:23:26une des premières fois
00:23:27qu'elle a fait un tournage
00:23:28où elle était une enfant
00:23:30qui se faisait violer.
00:23:33Bon, ça,
00:23:34le réalisateur
00:23:35a parfaitement le droit
00:23:36de faire cette scène
00:23:37parce que ça va révéler
00:23:38effectivement un prédateur
00:23:40qui, un jour,
00:23:41viole un enfant.
00:23:42Et ça peut être utile
00:23:42à notre société
00:23:43de voir ces images,
00:23:44mais ça doit s'accompagner
00:23:45de façon extrêmement forte.
00:23:48Et le cinéma,
00:23:49c'est aussi l'art
00:23:49de l'illusion,
00:23:50donc on peut préserver
00:23:51un certain nombre de choses.
00:23:52Regardez les cascades.
00:23:54Il viendrait à qui ?
00:23:56Qui aurait l'idée
00:23:57de faire une cascade
00:23:58aujourd'hui
00:23:59sans un coordinateur
00:24:00de cascade ?
00:24:01Personne.
00:24:02Personne n'aurait
00:24:02cette idée-là.
00:24:03Donc, je pense
00:24:04qu'une scène d'intimité
00:24:06qui est une scène
00:24:07à caractère sexuel,
00:24:09c'est une scène
00:24:10où vous êtes
00:24:10en vulnérabilité totale
00:24:14sur votre corps.
00:24:15D'ailleurs,
00:24:15tous les acteurs
00:24:16nous l'ont dit,
00:24:17toutes les actrices
00:24:17nous l'ont dit,
00:24:18c'est le tabou complet,
00:24:20ces scènes-là.
00:24:21C'est-à-dire,
00:24:21bon, c'est aujourd'hui
00:24:22la scène,
00:24:23alors qu'est-ce qu'on fait ?
00:24:24Et personne n'y a vraiment pensé.
00:24:26Et donc, je pense
00:24:27qu'il faut accompagner ça
00:24:28de façon puissante
00:24:29et ça sera pour le bien
00:24:30de tous
00:24:30et ça sera pour avoir des...
00:24:32Moi, je ne suis pas contre
00:24:33les scènes d'amour
00:24:34dans le cinéma.
00:24:34Au contraire,
00:24:35elles seront encore plus belles
00:24:36parce qu'elles auront été
00:24:36mieux travaillées,
00:24:37mieux accompagnées
00:24:38et mieux réalisées aussi.
00:24:40Je vous propose,
00:24:41puisqu'il ne nous reste
00:24:41déjà que cinq minutes,
00:24:43on ne s'en rend pas compte,
00:24:44de passer à un dernier,
00:24:46des sujets un peu plus politiques,
00:24:49un peu en vrac.
00:24:50Peut-être déjà pour commencer,
00:24:52est-ce que vous avez
00:24:53une réaction
00:24:54à cette proposition
00:24:55assez remarquée
00:24:56ce matin
00:24:56de Laurent Wauquiez
00:24:57qui propose,
00:24:59on est sur un tout autre sujet,
00:25:00qui propose
00:25:01d'enfermer les personnes
00:25:02sous OQTF
00:25:03à Saint-Pierre-et-Miquelon ?
00:25:04Vous en pensez quoi ?
00:25:06Je pense que là,
00:25:07on atteint
00:25:07un niveau de stupidité
00:25:09assez phénoménal.
00:25:13Monsieur Wauquiez,
00:25:15dans une espèce
00:25:15de course à l'échalote
00:25:17de celui
00:25:17qui sera
00:25:18le plus à droite
00:25:19parce qu'on sait
00:25:20que dans les partis,
00:25:22quand il y a
00:25:22des luttes internes
00:25:23dans les partis,
00:25:24ces élections
00:25:25se gagnent
00:25:25sur le noyau dur
00:25:27du parti
00:25:27et donc il est
00:25:29dans un truc là
00:25:30mais qui est complètement
00:25:31à cabra...
00:25:32J'arrive pas à le dire.
00:25:33Oui, on voit l'idée.
00:25:34Vous avez compris,
00:25:34vous avez l'idée.
00:25:35Moi, je suis scandalisé,
00:25:37en fait.
00:25:37Je suis assez scandalisé,
00:25:39enfin...
00:25:40Mais, vous savez,
00:25:41j'ai vu,
00:25:42comme beaucoup de Français,
00:25:43cette couverture du JDD.
00:25:45J'ai cru que c'était
00:25:45le Gorafi.
00:25:46Un poisson d'avril ?
00:25:47Non, le Gorafi.
00:25:48Tout le monde a cru
00:25:48que c'était le Gorafi.
00:25:49D'ailleurs, oui...
00:25:51Bon.
00:25:52Est-ce que ce n'est pas
00:25:53la stratégie
00:25:53de Donald Trump,
00:25:54en fait ?
00:25:55Moi, je pensais
00:25:56que la droite républicaine
00:25:58de ce pays
00:25:59n'allait pas céder
00:26:00à tous les populismes.
00:26:03Et ça m'inquiète.
00:26:05Et c'est pour ça
00:26:05que moi,
00:26:06je suis inquiet
00:26:07de la situation politique.
00:26:08C'est pour ça
00:26:09que depuis l'élection,
00:26:11depuis la dissolution,
00:26:12j'appelle
00:26:12au rassemblement
00:26:13des Républicains,
00:26:15aux sociodémocrates,
00:26:16à l'arc central
00:26:18modéré de ce pays
00:26:19pour faire baisser
00:26:21le niveau de tension
00:26:22et pour faire baisser
00:26:24cette quête
00:26:25de radicalité
00:26:26qu'ont certains.
00:26:28Marine Le Pen,
00:26:29la semaine dernière,
00:26:30ses propos
00:26:31étaient hallucinants.
00:26:32Et le pire
00:26:33pour Marine Le Pen,
00:26:34je le dis,
00:26:35c'est que Marine Le Pen
00:26:36a écrit
00:26:36une loi constitutionnelle
00:26:39qui a été déposée
00:26:40sur le bureau
00:26:40de l'Assemblée nationale
00:26:41le 25 janvier 2024,
00:26:44qui est une loi
00:26:45qui transforme profondément
00:26:46notre Ve République.
00:26:48l'idée est de passer
00:26:49par référendum
00:26:50pour transformer
00:26:51notre Ve République
00:26:52et elle la dépaisse,
00:26:56elle dépaisse
00:26:56notre cadre
00:26:57d'État de droit
00:26:59en réalité.
00:27:00Et c'est écrit,
00:27:01je vous invite tous
00:27:02à lire
00:27:03cette PPLC,
00:27:06donc proposition
00:27:08de loi constitutionnelle,
00:27:10et de lire aussi
00:27:11le livre
00:27:12de M. Boquet,
00:27:14c'est un tract,
00:27:15Gallimard,
00:27:15qui en parle
00:27:16et qui dit
00:27:17la révolution nationale
00:27:18sans jour
00:27:19pour l'éviter.
00:27:20Et aujourd'hui,
00:27:20il faut que peut-être
00:27:21on travaille
00:27:22sur ce sujet,
00:27:23c'est-à-dire réviser
00:27:24l'article 89
00:27:25de notre Constitution
00:27:25pour l'empêcher
00:27:26de faire ce...
00:27:28Vous parlez justement
00:27:29de l'arc républicain,
00:27:31François Bayrou,
00:27:32lui par exemple,
00:27:32s'est dit favorable
00:27:33à une fusion
00:27:36entre le Modem
00:27:38et Renaissance.
00:27:39Oui,
00:27:39je crois que
00:27:40ce n'est pas d'actualité
00:27:41et puis on n'y est pas
00:27:41tout de suite.
00:27:43Pourquoi pas ?
00:27:45parce que je crois
00:27:48que ce n'est pas le moment
00:27:51et je pense
00:27:53qu'on peut avoir
00:27:54cet arc modéré,
00:27:57républicain,
00:27:58en gardant chacun
00:27:59ses spécificités,
00:28:01ses particularités
00:28:02et je crois
00:28:03que ça permettra
00:28:05sans doute
00:28:05d'arriver plus facilement
00:28:08vers cette idée
00:28:09de grande coalition
00:28:10que moi je souhaite
00:28:11dans ce moment donné.
00:28:13Mais on aura toujours
00:28:14des différences.
00:28:15Moi, on a des différences
00:28:16avec Renaissance.
00:28:17Sinon, on serait Renaissance
00:28:18depuis longtemps
00:28:19et il faut respecter
00:28:20les différences
00:28:21parce que je crois
00:28:22que c'est comme ça
00:28:22qu'on arrive à avancer
00:28:25et que chacun puisse
00:28:26avoir sa liberté
00:28:28de ton,
00:28:29qu'on puisse avoir
00:28:29des débats sereins.
00:28:31Parfois, on est d'accord,
00:28:31parfois, on n'est pas d'accord.
00:28:33Mais c'est à partir
00:28:34du moment
00:28:34où on se respecte,
00:28:37où on fait semblant
00:28:38de se mettre ensemble
00:28:39et qu'on se dit
00:28:40maintenant qu'on est ensemble,
00:28:41plus personne ne peut
00:28:42donner sa sensibilité.
00:28:45Je pense que c'est souvent
00:28:45là que ça dysfonctionne.
00:28:48Mais bon.
00:28:48Et c'est un arc,
00:28:49vous dites,
00:28:50des modérés aux Républicains.
00:28:51Du coup, avec les Républicains
00:28:53jusqu'aux Républicains ?
00:28:53Les Républicains
00:28:54qui ne sombrent pas
00:28:56dans le populisme.
00:28:57Donc, pas Laurent Wauquiez.
00:28:58Laurent Wauquiez,
00:28:59aujourd'hui,
00:29:00c'est compliqué.
00:29:01J'avoue que c'est compliqué.
00:29:02Mais est-ce que ça va se tasser
00:29:05après leur élection interne ?
00:29:06Je l'espère.
00:29:07D'ailleurs,
00:29:08est-ce qu'on arrivera
00:29:09à l'oublier aussi ?
00:29:10Parce que ces propos,
00:29:11moi, je me souviens,
00:29:12quand j'étais jeune élu,
00:29:14alors j'ai à peu près
00:29:15le même âge
00:29:15que Laurent Wauquiez,
00:29:16mais je n'étais pas encore,
00:29:18lui, à l'époque,
00:29:19qui était secrétaire d'État,
00:29:20moi, j'étais juste
00:29:20maire adjoint
00:29:21de ma commune
00:29:22et responsable
00:29:23d'une grosse association
00:29:24d'insertion,
00:29:26il avait fait,
00:29:26vous savez,
00:29:27ces sorties
00:29:28sur le cancer
00:29:29de l'assistana.
00:29:31Bon.
00:29:32Le cancer de l'assistana,
00:29:34moi, ça m'avait
00:29:34profondément choqué
00:29:36et j'avoue
00:29:37que ça reste là
00:29:39et que ces propos aujourd'hui
00:29:41qu'il a eus
00:29:41resteront aussi
00:29:42des propos difficiles
00:29:44à digérer
00:29:44pour moi
00:29:45qui suis profondément
00:29:46humaniste
00:29:47et progressiste.
00:29:48Écoutez,
00:29:49merci beaucoup Erwann Ballon,
00:29:50on arrive à la fin
00:29:52de cette partie.
00:29:53Merci d'avoir répondu
00:29:54à nos questions
00:29:55et à celles du tchat.
00:29:56On va vous laisser
00:29:56poursuivre votre marathon
00:29:59de la journée
00:30:00et on vous retrouve
00:30:01ce soir
00:30:01avec Sandrine Lonceau
00:30:02sur LCP
00:30:03dans « Ça vous regarde ».
00:30:05On va accueillir
00:30:08notre prochaine invitée,
00:30:10Marianne Maximi.
00:30:11Je vous en prie,
00:30:12asseyez-vous.
00:30:13Bonjour.
00:30:14Merci beaucoup
00:30:15d'être sur le plateau
00:30:16de Légistrine.
00:30:17Vous êtes députée
00:30:19La France Insoumise
00:30:19du Puy-de-Dôme.
00:30:21Vous êtes membre
00:30:21de la Commission des Finances.
00:30:23Merci d'être avec nous
00:30:24dans Légistrine.
00:30:25Avant de parler
00:30:27du rapport
00:30:28sur les défaillances
00:30:29de la protection
00:30:29de l'enfance,
00:30:30on va commencer
00:30:31par le commencement.
00:30:32Avant d'être députée,
00:30:33vous étiez éducatrice
00:30:35spécialisée
00:30:36auprès d'enfants placés.
00:30:39Vous,
00:30:39qu'est-ce que vous avez vu
00:30:40par votre expérience
00:30:41comme défaillance
00:30:43quand vous étiez éducatrice ?
00:30:45Moi, j'ai vécu
00:30:46en tant que professionnelle
00:30:47ce qu'on va appeler
00:30:48l'effondrement
00:30:49de la protection
00:30:50de l'enfance,
00:30:50de cette politique publique
00:30:51qui est essentielle
00:30:52qui vise à protéger
00:30:53des enfants
00:30:53qui sont en danger
00:30:54dans leur environnement familial.
00:30:56Ça concerne quand même
00:30:57300 000 enfants
00:30:58dans notre pays,
00:30:58donc ce n'est pas anecdotique.
00:31:00Et en tant que professionnelle
00:31:01de ce service,
00:31:03de la protection
00:31:03de l'enfance,
00:31:04moi, j'ai vu
00:31:05les défaillances,
00:31:06c'est-à-dire les difficultés
00:31:08qu'on a accompagnées
00:31:08correctement,
00:31:09protégées correctement
00:31:10ces enfants,
00:31:10faute de moyens,
00:31:12faute de places disponibles.
00:31:13J'ai vu comment mes collègues
00:31:14sont en perte de sens
00:31:17et ça,
00:31:17je fais souvent le parallèle
00:31:18avec ce qui se passe
00:31:19à l'hôpital public
00:31:19quand on parle
00:31:20de la perte de sens
00:31:21dans nos missions.
00:31:22Quand on choisit
00:31:22ces métiers du lien,
00:31:23du soin,
00:31:24de l'accompagnement,
00:31:24on y met du sens,
00:31:25on ne le choisit pas
00:31:26par hasard.
00:31:27J'ai vécu
00:31:28ce que je nomme
00:31:30un effondrement.
00:31:32Il faut savoir
00:31:32que les professionnels
00:31:33de la protection
00:31:34de l'enfance
00:31:34sont majoritairement
00:31:35des femmes,
00:31:35donc c'est des métiers
00:31:36qui sont moins bien
00:31:37rémunérés,
00:31:37moins bien reconnus
00:31:38publiquement.
00:31:39Par exemple,
00:31:39pendant le Covid,
00:31:40on était au travail,
00:31:41on n'a pas eu
00:31:41beaucoup de remerciements
00:31:42pour le travail
00:31:43qu'on a pu faire
00:31:43et on a perdu aussi
00:31:45beaucoup en pouvoir d'achat
00:31:46donc il y a vraiment
00:31:46beaucoup de facteurs
00:31:47qui rentrent en compte
00:31:49et qui font qu'aujourd'hui
00:31:50on arrive à un système
00:31:52qui est à bout de souffle,
00:31:53qui ne tient plus
00:31:54et qui n'exerce plus
00:31:55ses missions,
00:31:56à savoir,
00:31:56je le redis,
00:31:56protéger des enfants.
00:31:57Est-ce que ça peut être
00:31:58ces constats-là
00:31:59qui vous auraient encouragé
00:32:01à vous engager en politique ?
00:32:02J'étais déjà engagée
00:32:03en politique
00:32:03avant de devenir
00:32:04éducatrice spécialisée
00:32:05mais en tout cas,
00:32:07j'ai toujours considéré
00:32:08mon métier
00:32:08comme quelque chose
00:32:09de très politique,
00:32:10c'est-à-dire prendre soin
00:32:10de celles et ceux
00:32:11que la société
00:32:12ne veut pas beaucoup regarder
00:32:14et ça concerne effectivement
00:32:15les enfants placés
00:32:15mais c'est aussi
00:32:16les éduc-spés,
00:32:17ils interviennent aussi
00:32:18auprès de publics
00:32:19en errance,
00:32:20en psychiatrie,
00:32:21on est quand même
00:32:22dans un métier
00:32:23qui vient relayer
00:32:25les défaillances sociétales
00:32:26et donc c'est éminemment
00:32:28politique pour moi,
00:32:29en tout cas,
00:32:29moi j'ai toujours fait lien
00:32:29avec mes engagements politiques
00:32:31et du coup,
00:32:31en arrivant à l'Assemblée,
00:32:32j'avais à cœur aussi
00:32:33de porter politiquement
00:32:34ce combat qui était le mien
00:32:36en tant que professionnel
00:32:37et de l'amener
00:32:37au plus haut niveau
00:32:38de la vie politique française,
00:32:40à savoir dans l'Assemblée nationale.
00:32:41– Donc on va être amené
00:32:43à parler de ce rapport
00:32:44qu'a rendu la députée,
00:32:46enfin qu'a présenté
00:32:47la députée socialiste
00:32:48Isabelle Santiago,
00:32:50donc c'est un rapport
00:32:50issu de la commission
00:32:51d'enquête
00:32:52sur le manquement
00:32:53des politiques publiques
00:32:54de protection de l'enfance.
00:32:56Quand on parle
00:32:57d'enfants victimes,
00:32:58de quoi on parle exactement ?
00:32:59C'est des violences
00:33:00entre enfants,
00:33:01entre enfants et adultes,
00:33:03d'agression,
00:33:04de viol,
00:33:04de quoi on comprenne bien
00:33:06de quoi on parle ?
00:33:06– Alors qu'on comprenne bien,
00:33:07on parle d'enfants
00:33:08qui sont en danger,
00:33:10alors les dangers
00:33:10ils sont multiples,
00:33:11en tout cas qui sont
00:33:12victimes de maltraitance,
00:33:13elles peuvent être
00:33:13psychologiques, physiques,
00:33:15ça peut être des négligences,
00:33:17il y a tout un éventail
00:33:18malheureusement
00:33:19d'actes qui mettent
00:33:20en danger les enfants.
00:33:21La protection de l'enfance,
00:33:22quand on parle de placement,
00:33:24c'est quand on sépare
00:33:24les enfants de leurs parents,
00:33:26la plupart des cas,
00:33:27pour les mettre
00:33:27en protection
00:33:29de l'aide sociale à l'enfance,
00:33:30donc ils sont placés
00:33:31dans des foyers.
00:33:32Et le travail
00:33:33que nous faisons,
00:33:33c'est de la suppléance
00:33:34parlementale,
00:33:35c'est-à-dire qu'on vient
00:33:35suppléer les défaillances
00:33:37et accompagner l'enfant,
00:33:38donc c'est de la relation
00:33:39éducative,
00:33:40c'est de l'accompagnement
00:33:40dans la vie quotidienne
00:33:42et c'est aussi
00:33:43les aider à se construire
00:33:44avec l'histoire
00:33:45qui est la leur,
00:33:46qui est difficile,
00:33:47débuter dans la vie
00:33:47avec une famille
00:33:49qui ne va pas bien
00:33:50ou qui nous maltraite
00:33:51ou qui nous néglige,
00:33:53c'est évidemment
00:33:53plein de traumatismes
00:33:54qu'on doit aussi
00:33:55accompagner
00:33:56et c'est les aider
00:33:57à grandir
00:33:58là où ils sont,
00:33:59donc en foyer.
00:34:00Ça peut être aussi
00:34:01de la prévention
00:34:02parce que c'est un dévolé
00:34:03qu'on oublie beaucoup
00:34:03et c'est là où on n'est pas bon
00:34:05aussi dans notre pays,
00:34:05c'est qu'on a coupé
00:34:07beaucoup les moyens
00:34:07de la prévention
00:34:08mais c'est tous les accompagnements
00:34:09à la parentalité,
00:34:10c'est aussi en amont
00:34:11les PMI qui viennent aussi
00:34:13accompagner et repérer
00:34:14aussi des familles
00:34:14qui peuvent être en difficulté
00:34:16et la protection de l'enfance,
00:34:17c'est à la fois
00:34:18le milieu du placement
00:34:19mais c'est aussi
00:34:20des accompagnements
00:34:21au domicile des parents
00:34:22quand on estime
00:34:23qu'il n'y a pas
00:34:24un danger immédiat
00:34:25et avéré.
00:34:26En tout cas,
00:34:26là où je travaillais
00:34:27et là où,
00:34:28ce dont on a beaucoup parlé,
00:34:29c'est quand les juges
00:34:30des enfants interviennent
00:34:31en assistance éducative
00:34:33donc reçoivent en audience
00:34:34les parents et l'enfant
00:34:35vont évaluer
00:34:38et déterminer
00:34:39si les parents
00:34:40ont des compétences
00:34:40qui sont suffisantes
00:34:42pour garder leur enfant
00:34:43ou pas
00:34:43et quand on parle
00:34:44de placement,
00:34:45c'est que le juge
00:34:46des enfants,
00:34:46le magistrat estime
00:34:47qu'il faut séparer
00:34:49l'enfant de sa famille
00:34:50pour lui permettre
00:34:51d'être en protection.
00:34:52Si vous deviez retenir
00:34:53une,
00:34:54alors vous avez commencé
00:34:55un petit peu à en parler
00:34:55mais une proposition
00:34:57très concrète,
00:34:59une action très concrète
00:35:00à mener dès maintenant
00:35:01et urgemment,
00:35:01ce serait quoi ?
00:35:02C'est difficile
00:35:02de répondre à cette question
00:35:03parce qu'on est vraiment
00:35:04dans un moment
00:35:05où il y a tout à refaire
00:35:06mais ce qui est difficile
00:35:07c'est que quand on a
00:35:08un service public
00:35:09aussi effondré,
00:35:10il y a deux urgences.
00:35:11Il y a à la fois
00:35:12répondre à l'urgence
00:35:13qui est celle-ci
00:35:14donc aujourd'hui par exemple
00:35:15on a plus de 3000 enfants
00:35:16qui, faute de place,
00:35:18malgré un jugement
00:35:19d'un magistrat,
00:35:20restent sur le lieu
00:35:21du danger.
00:35:22Ça c'est inacceptable
00:35:23c'est-à-dire qu'on a
00:35:23des enfants qui patientent
00:35:24à l'internet d'avoir
00:35:25une place pour être protégés.
00:35:27Donc ça c'est une
00:35:28des premières mesures,
00:35:29ça serait d'avoir
00:35:29assez de place.
00:35:30Ça ne se fait pas
00:35:30en un claquement de doigts
00:35:31non plus.
00:35:35Comment de laisser
00:35:35les situations se dégrader
00:35:37et comment on remet aussi
00:35:38des moyens sur la prévention.
00:35:39Et quand on arrive
00:35:40à un moment où c'est
00:35:41si compliqué,
00:35:41il faut quand même
00:35:42penser ces deux temps.
00:35:43L'immédiateté
00:35:43mais aussi le temps long.
00:35:45Et si je devais quand même
00:35:45dire une chose,
00:35:46c'est que l'État reprenne
00:35:47aussi une place centrale
00:35:48dans le dispositif
00:35:49de protection de l'enfance
00:35:50parce que c'est une compétence
00:35:52qui est décentralisée
00:35:53depuis les années 80.
00:35:55Donc ce sont les départements
00:35:56qui sont chefs de file
00:35:57de la protection de l'enfance
00:35:58et donc ça donne aussi
00:35:59autant de politiques publiques
00:36:00qu'il y a de départements.
00:36:01En fait il y a
00:36:01une disparité énorme
00:36:02et ça ce n'est pas acceptable
00:36:03non plus,
00:36:04c'est-à-dire qu'il y a
00:36:04des départements,
00:36:06un enfant qui est placé
00:36:07dans un département
00:36:07n'aura pas les mêmes parcours
00:36:09ni les mêmes chances
00:36:09d'être protégé
00:36:10que dans un autre département.
00:36:11Je pense que dans un pays
00:36:12comme le nôtre,
00:36:13ce n'est pas acceptable.
00:36:14Et là je ne vous parle même pas
00:36:15des territoires ultramarins
00:36:16où là on est dans des situations
00:36:17encore plus catastrophiques.
00:36:20Ça remonte à quand
00:36:21selon vous,
00:36:22c'est les années 80
00:36:23avec le fait que dans les départements
00:36:24il y a des politiques différentes.
00:36:26Ça vient de cette époque-là,
00:36:27ça vient de plus longtemps encore
00:36:28et quel est l'État aujourd'hui ?
00:36:30Enfin à quel point vous êtes
00:36:32de l'État qu'on a aujourd'hui
00:36:34dont on s'occupe des enfants ?
00:36:35Alors c'est assez historique
00:36:36que l'État soit très désinvesti.
00:36:38Ça a été pendant longtemps
00:36:39la Charité,
00:36:40après les associations
00:36:40qui ont beaucoup pris le relais.
00:36:41Donc l'État n'a jamais été
00:36:42un vrai chef de file
00:36:43même quand c'était la DAS.
00:36:45Ce n'est pas un modèle
00:36:46que je défendrais aujourd'hui.
00:36:47Je ne suis pas en train de dire
00:36:47qu'il faut recréer ça.
00:36:48Mais en tout cas,
00:36:48l'État ne peut pas se désinvestir
00:36:50de la protection
00:36:52et de l'application des lois.
00:36:53Parce qu'un des vrais problèmes
00:36:54qu'on voit aujourd'hui
00:36:55et qui est à mon avis
00:36:57un des moments de bascule,
00:37:02qui n'est pas appliquée
00:37:04par les départements.
00:37:05Les départements l'avaient d'ailleurs
00:37:06jugée comme une loi facultative.
00:37:08Ce qui n'est quand même pas banal
00:37:09pour des départements.
00:37:10Normalement, les lois sont applicables.
00:37:11Mais elle était facultative
00:37:12dans le sens où même le gouvernement
00:37:13n'avait pas pris
00:37:14de décret d'application.
00:37:15Donc en fait,
00:37:16on a une intention politique
00:37:17mais qui n'est jamais mise en musique.
00:37:19Et là, l'État est responsable
00:37:20quand même de son application des lois.
00:37:22Sur le fait que ce mouvement
00:37:24s'accélère,
00:37:25c'est qu'on a aussi
00:37:26beaucoup progressé dans le repérage.
00:37:28Dans le repérage
00:37:29des violences faites aux enfants,
00:37:30des conséquences que ça peut avoir
00:37:31même avant leur naissance
00:37:32d'ailleurs, des enfants
00:37:33qui sont exposés à des violences conjugales
00:37:34pendant la grossesse
00:37:35peuvent être impactés.
00:37:37En fait, c'est des choses
00:37:37qu'on a aussi appris
00:37:38avec la recherche.
00:37:40Et donc, on a un meilleur repérage.
00:37:42Il est plus fin,
00:37:42il est plus précoce.
00:37:44Sauf que le dispositif
00:37:45qui vise à protéger
00:37:46n'a pas suivi.
00:37:47Et je pense que le Covid
00:37:48a été le moment vraiment
00:37:49de bascule
00:37:50comme dans beaucoup
00:37:51de services publics d'ailleurs
00:37:51de ce secteur-là
00:37:53où la perte de sang
00:37:55s'est vraiment accélérée.
00:37:56On s'est senti très abandonnés aussi
00:37:57et les enfants placés eux aussi.
00:37:59Et donc, on a vraiment
00:38:01depuis les années...
00:38:01Enfin, 2020,
00:38:02à un moment
00:38:03où quelque chose
00:38:04s'est vraiment effondré.
00:38:06Comme on parle de l'État,
00:38:07je vous transmets juste
00:38:07une question
00:38:08qui nous est posée
00:38:08dans le tchat.
00:38:09Quelqu'un qui demande
00:38:10est-ce que la nomination,
00:38:11et rajoute entre parenthèses,
00:38:13certes très tardive,
00:38:14de Sarah El Haïry
00:38:15début mars
00:38:16au commissariat à l'enfance
00:38:17est une bonne nouvelle
00:38:18pour la prise en compte
00:38:19et la prise en charge
00:38:20centralisée
00:38:21de la protection de l'enfance ?
00:38:22Pas du tout.
00:38:23Pas du tout.
00:38:24C'est une mauvaise nouvelle
00:38:25parce que ça veut dire
00:38:26d'une part
00:38:26qu'on n'a pas de ministère
00:38:27dédié à l'enfance,
00:38:27ce qui est un vrai recul.
00:38:29Ce qui était d'ailleurs
00:38:29une des revendications
00:38:30à la fois des collectifs
00:38:31d'enfants qui sont de l'ASE,
00:38:33aussi des professionnels
00:38:34et des associations habilitées.
00:38:35Donc là,
00:38:36on se rend compte
00:38:36qu'en fait,
00:38:37ce gouvernement-là
00:38:38n'a pas l'enfance
00:38:39en tant que ministère.
00:38:40C'est-à-dire,
00:38:40c'est Mme Vautrin
00:38:41qui a la compétence
00:38:42mais avec un portefeuille
00:38:43qui est immense.
00:38:44Et donc,
00:38:44ça a été compensé
00:38:46par la nomination
00:38:47de Mme El Haïry
00:38:48il n'y a pas si longtemps.
00:38:49Pour l'instant,
00:38:50je n'ai pas de feuille de route.
00:38:51Je ne sais pas
00:38:51quelles sont ses compétences.
00:38:53En fait,
00:38:53c'est très flou
00:38:54et c'est un très mauvais signal
00:38:55justement pour les droits
00:38:56des enfants
00:38:56alors qu'il y a quelque chose
00:38:57qui s'est mis en marche
00:38:58c'est-à-dire le fait
00:38:59qu'il y a commission d'enquête,
00:39:00que les médias s'en saisissent.
00:39:02On sent que dans la société,
00:39:03ça bouge.
00:39:04Il y a un collectif,
00:39:04un comité de vigilance
00:39:05des enfants placés
00:39:06qui s'est créé l'année dernière.
00:39:07Donc,
00:39:07c'est la première fois
00:39:08qu'on a autant de paroles,
00:39:10d'anciens,
00:39:11qu'on a des professionnels,
00:39:12qu'on a tout ce secteur
00:39:13qui commence à vraiment dire
00:39:15voilà,
00:39:15on a besoin d'aide
00:39:16et c'est le moment
00:39:17où on choisit
00:39:17et enlevé le ministère
00:39:18des enfants.
00:39:19Donc là,
00:39:19c'est un mauvais signal.
00:39:20Vous parliez des moyens
00:39:21d'accueillir les enfants placés.
00:39:23Je crois qu'il faut
00:39:23un adulte
00:39:24pour trois enfants à peu près.
00:39:26Est-ce que c'est
00:39:27un objectif atteignable ?
00:39:28Et question dans la question,
00:39:29je crois qu'il manque
00:39:3030 000 postes,
00:39:31enfin,
00:39:31il y a 30 000 postes
00:39:31à pourvoir
00:39:32dans ce secteur.
00:39:34Comment on donne
00:39:34simplement envie
00:39:35aux jeunes d'y aller ?
00:39:37C'est un des nœuds
00:39:38du problème,
00:39:38ce que je disais
00:39:39sur la perte d'attractivité
00:39:40de ces métiers.
00:39:42En fait,
00:39:42il n'y a rien
00:39:43sur le nombre d'adultes
00:39:44qui doivent être présents
00:39:45avec le nombre d'enfants
00:39:46qui nous sont confiés.
00:39:47Moi,
00:39:47quand je travaillais
00:39:47dans des services,
00:39:49les chefs de service
00:39:50essayent d'organiser
00:39:51la sécurité,
00:39:52le fait qu'on ait
00:39:53des conditions de travail
00:39:54qui passent,
00:39:54mais en fait,
00:39:55ce n'est pas le cas.
00:39:56Et quand vous envoyez
00:39:56vos enfants en colonie
00:39:57de vacances,
00:39:58quand ils vont en périscolaire
00:39:59après l'école,
00:40:01il y a des textes
00:40:01qui disent
00:40:02qu'il faut tant d'adultes
00:40:02pour tant d'enfants.
00:40:03En protection de l'enfant,
00:40:04ça n'existe pas.
00:40:05Ça existe juste
00:40:06de 0 à 3 ans
00:40:06dans les pouponnières
00:40:07et ça date de 72.
00:40:08Donc on est quand même
00:40:14de se dire le mépris
00:40:15qu'on a pour les enfants placés
00:40:16parce qu'aucun parent
00:40:18n'accepterait
00:40:18d'envoyer son enfant en colo
00:40:20sans savoir
00:40:20qu'il y a autant d'adultes,
00:40:22que les conditions de sécurité
00:40:23sont assurées
00:40:24alors que les enfants
00:40:25rentrent ensuite chez eux.
00:40:26Là,
00:40:26ce sont des enfants
00:40:27qui restent dans les foyers.
00:40:28Et donc,
00:40:29ça dégrade les conditions de travail
00:40:30aussi des professionnels.
00:40:31Donc ça fait partie
00:40:32des batailles qu'on a menées
00:40:33avant d'ailleurs
00:40:34la commission d'enquête
00:40:35et c'était d'ailleurs
00:40:36prévu dans la loi Taquet,
00:40:37c'était de mettre en place
00:40:38un décret
00:40:39qui s'appelle
00:40:39taux énorme d'encadrement
00:40:40et qui dit
00:40:44ça coûte 1,5 milliard d'euros.
00:40:47Voilà pourquoi
00:40:47il n'est pas sorti
00:40:48tout simplement.
00:40:49Ensuite,
00:40:49sur l'attractivité des métiers,
00:40:51c'est là où on a
00:40:52une vraie bataille
00:40:53elle est aussi salariale
00:40:54c'est-à-dire la reconnaissance.
00:40:55Moi,
00:40:55je pense qu'on a aussi
00:40:56à voir ce que font
00:40:57ces personnels,
00:40:59ces professionnels,
00:40:59majoritairement des femmes
00:41:00je le redis.
00:41:01Donc c'est aussi très vieux
00:41:02dans l'imaginaire collectif
00:41:03qu'on a fait ces métiers-là
00:41:04gratuitement pendant des siècles.
00:41:06Et donc,
00:41:06pourquoi nous payer bien ?
00:41:07Parce que c'est un vrai métier
00:41:08avec des compétences,
00:41:09des diplômes.
00:41:10Donc là,
00:41:10il faut augmenter
00:41:11effectivement les salaires
00:41:12et reconnaître aussi
00:41:13sociétalement
00:41:14le travail qui est fourni
00:41:15par les professionnels.
00:41:16Et jusqu'en temps
00:41:17qu'on parlait des encadrants,
00:41:19on disait qu'il n'y avait
00:41:19pas de normes.
00:41:20Ça veut dire que concrètement,
00:41:21aujourd'hui,
00:41:22n'importe qui peut devenir
00:41:23encadrant d'enfants ?
00:41:24Alors,
00:41:24ce n'était pas le cas avant.
00:41:25Moi,
00:41:25par exemple,
00:41:26là où j'ai travaillé,
00:41:26on n'avait que des personnels
00:41:27qui étaient éducateurs spécialisés
00:41:29et diplômés.
00:41:30Aujourd'hui,
00:41:30face au manque
00:41:31de professionnels
00:41:32disponibles pour travailler
00:41:34dans le secteur,
00:41:35on a de plus en plus
00:41:36des gens qui ne sont pas diplômés.
00:41:37mais le plus grave,
00:41:38c'est qu'on a de plus en plus
00:41:39des gens qui ne sont pas formés.
00:41:41Donc,
00:41:41aujourd'hui,
00:41:41on compense
00:41:42le manque de professionnels
00:41:44sur le terrain
00:41:44par des gens
00:41:45qui n'ont pas les compétences
00:41:46et c'est un métier.
00:41:47Ce n'est pas juste
00:41:47qu'on n'est pas en train
00:41:48d'accompagner justement
00:41:49des enfants au quotidien.
00:41:50Enfin,
00:41:51ça nécessite d'avoir
00:41:52des compétences
00:41:53dans le développement
00:41:54de l'enfant,
00:41:55dans la relation éducative.
00:41:56Donc,
00:41:56ça,
00:41:56ce n'est absolument pas
00:41:57régi dans la loi
00:41:58et pire,
00:41:59on assiste aussi
00:42:00à une montée en puissance
00:42:01de l'intérim
00:42:01et l'arrivée
00:42:02du privé lucratif
00:42:03dans la protection de l'enfance.
00:42:05Comme on l'a connu
00:42:05dans les EHPAD
00:42:06avec Orpea,
00:42:07ce qui a fait scandale,
00:42:08comme on l'a connu
00:42:09dans les crèches privées
00:42:09où il y a eu
00:42:10une commission d'enquête
00:42:11il n'y a pas si longtemps.
00:42:13Mais dans la protection
00:42:13de l'enfance,
00:42:14ça arrive assez discrètement
00:42:15mais on a
00:42:16quelques opérateurs
00:42:18qui viennent ouvrir
00:42:18des maisons d'enfants
00:42:19en 24 heures
00:42:20dans des Airbnb.
00:42:21C'est ce qu'on voit.
00:42:22Nous,
00:42:23on est pour l'interdiction
00:42:24du privé lucratif.
00:42:25Là,
00:42:25on parle de l'accueil
00:42:25mais est-ce que la solution
00:42:26ne serait pas finalement
00:42:27d'avoir moins d'enfants
00:42:28à placer
00:42:28et donc,
00:42:29vous parliez de prévention
00:42:29tout à l'heure,
00:42:30de finalement former
00:42:31quelque part les parents,
00:42:32en tout cas de faire
00:42:32un travail éducatif avec eux ?
00:42:34Alors,
00:42:34ça existe déjà
00:42:35mais avec très peu de moyens
00:42:36et souvent c'est la prévention
00:42:37et souvent le parent pauvre
00:42:38mais là encore,
00:42:39je peux faire le parallèle
00:42:39avec la santé.
00:42:40C'est-à-dire,
00:42:40si on avait des vraies politiques
00:42:42de prévention,
00:42:43de santé publique
00:42:44comme de parentalité,
00:42:45d'accompagnement,
00:42:46de repérage beaucoup plus tôt,
00:42:48évidemment,
00:42:49on n'en serait pas
00:42:49au même nombre
00:42:50d'enfants qui seraient en difficulté,
00:42:52enfin de parents
00:42:52qui seraient en difficulté
00:42:53au niveau parental
00:42:54et donc on a,
00:42:55enfin moi je pense
00:42:56qu'il y a vraiment
00:42:56à travailler
00:42:58sur ces deux urgences
00:43:00à savoir,
00:43:01là tout de suite,
00:43:01les médias c'est de faire en sorte
00:43:03que les enfants soient protégés
00:43:04dans de bonnes conditions
00:43:04mais c'est surtout
00:43:05de faire en sorte
00:43:05qu'il y ait moins d'enfants
00:43:07en danger dans notre pays,
00:43:08enfin ça,
00:43:08ça me semble évident
00:43:09mais on voit que c'est pas du tout
00:43:10vers ça qu'on se dirige
00:43:11pour l'instant.
00:43:13Pourquoi on en est là aujourd'hui ?
00:43:14Est-ce que c'est un manque
00:43:14de soutien populaire aujourd'hui
00:43:15de la population
00:43:16qui se détache
00:43:17de cette situation des enfants ?
00:43:20Est-ce que c'est justement
00:43:21les politiques,
00:43:22les députés
00:43:22qui aujourd'hui
00:43:22ne décident de pas voter
00:43:23ce genre de loi
00:43:24parce que c'est pas prioritaire ?
00:43:27C'est dû à quoi exactement ?
00:43:29Parce que la situation,
00:43:30on la partage avec vous,
00:43:31on est tout aussi attristés
00:43:34par cette situation-là
00:43:34mais pourquoi ça ne bouge pas ?
00:43:35Mais ça dit plein de choses
00:43:36de comment on considère
00:43:37les publics
00:43:38qui sont accompagnés
00:43:38en protection de l'enfance
00:43:39en fait,
00:43:40qui sont ces enfants,
00:43:41qui sont leurs parents ?
00:43:43Moi j'ai tendance à dire
00:43:45que déjà,
00:43:46il faut partir du principe
00:43:47que les violences faites aux enfants,
00:43:48elles n'ont pas de classe sociale,
00:43:49elles n'ont pas de culture,
00:43:50elles sont partagées
00:43:51mais comme pour les violences
00:43:51faites aux femmes en fait.
00:43:53Mais on a un prisme
00:43:53où on pense que c'est plutôt
00:43:54les classes populaires
00:43:55qui seraient en difficulté éducative,
00:43:56ce qui est faux.
00:43:57Mais il y a ce mépris de classe
00:43:59quand même
00:43:59de penser que ce secteur-là
00:44:02concernerait que des classes populaires,
00:44:04de gens qui ont été
00:44:05de mauvais parents,
00:44:07de mauvaises personnes,
00:44:08de mauvaises adultes,
00:44:09donc du coup leurs enfants
00:44:09sont un peu responsables de ça.
00:44:11Et donc c'est pour ça
00:44:12que c'est culturel,
00:44:13c'est que vraiment
00:44:13on a à déconstruire
00:44:14et à parler des violences
00:44:16faites aux enfants
00:44:16de manière systémique en fait.
00:44:18Et moi je prends souvent appui
00:44:19sur les luttes féministes
00:44:20qui ont réussi à montrer aussi
00:44:22que les violences faites aux femmes
00:44:23elles sont partagées en fait
00:44:24dans toutes les cultures
00:44:25et dans toutes les strates
00:44:26sociales de notre société.
00:44:28Et on a besoin en fait
00:44:29de s'emparer de cette question-là
00:44:31très culturelle.
00:44:33Et ça m'inspire beaucoup moi en fait
00:44:34quand on a réussi à politiser
00:44:35par exemple la question
00:44:36des féminicides.
00:44:37Aujourd'hui en France
00:44:37il y a des infanticides
00:44:39mais ils ne sont jamais
00:44:39traités en tant que tels.
00:44:40On n'est même pas capable
00:44:41de savoir réellement
00:44:42combien il y en a.
00:44:42On a une estimation,
00:44:43c'est un enfant tous les 5 jours
00:44:44qui va décéder
00:44:45par négligence
00:44:46ou violence physique
00:44:47ou par assassinat
00:44:49parce qu'il suffit
00:44:50de regarder la presse
00:44:51souvent locale
00:44:52pour se rendre compte
00:44:53que c'est un phénomène
00:44:54qui est systémique.
00:44:55Et donc on a vraiment
00:44:55cette bataille-là.
00:44:56Et pour faire comprendre
00:44:57aux gens que la protection
00:44:58de l'enfance
00:44:59ça peut concerner tout le monde
00:45:00et qu'en tout cas
00:45:01en tant qu'adulte
00:45:02on se doit d'être concerné
00:45:03pour protéger ces enfants-là.
00:45:04Il y a une autre chose
00:45:05c'est que les enfants
00:45:05ça ne vote pas
00:45:06et on part du principe
00:45:07que leurs parents
00:45:07qui sont ceux
00:45:08de la protection de l'enfance
00:45:09ne vont pas voter
00:45:10ils ne vont surtout pas
00:45:11aller à BFM télé
00:45:11ou sur une autre chaîne
00:45:12pour dire
00:45:13moi mon enfant
00:45:14il est placé
00:45:14dans de mauvaises conditions.
00:45:16Donc on a vraiment
00:45:16ces mécanismes-là
00:45:17à déconstruire
00:45:18et à comprendre
00:45:18que ça concerne
00:45:19la société entière.
00:45:20Il y a quelqu'un
00:45:20qui pose la question
00:45:21à nouveau
00:45:21dans le tchat
00:45:22tout à l'heure
00:45:22on parlait des mineurs délinquants
00:45:23qui demande
00:45:24les mineurs délinquants
00:45:25c'est pas une hypocrisie
00:45:26de l'État
00:45:26qui ne s'occupe pas
00:45:27de certains quartiers ?
00:45:29Alors on voit l'État
00:45:31et notamment le gouvernement
00:45:32aujourd'hui
00:45:33avec la loi Attal
00:45:33qui passe en CMP
00:45:35bientôt à l'Assemblée
00:45:36va beaucoup réagir
00:45:38à la violence des mineurs
00:45:40et à en faire un vrai sujet
00:45:42on a eu un texte
00:45:42qui vise à déconstruire
00:45:44l'ordonnance de 45
00:45:45qui est quand même
00:45:46un fondement
00:45:47de la justice pénale
00:45:48des mineurs
00:45:48dans notre pays
00:45:49et sachant que
00:45:50après-guerre
00:45:51on a construit
00:45:51cette justice pénale
00:45:52en partant du principe
00:45:54qu'un enfant
00:45:54qui est délinquant
00:45:55en tout cas
00:45:56qui fait des actes délictueux
00:45:58est avant tout
00:45:58un enfant en danger
00:45:59et à protéger
00:46:00et on est en train
00:46:01de déconstruire tout ça aussi
00:46:02et ça c'est très grave
00:46:02parce que
00:46:03ce qu'on voit aujourd'hui
00:46:04c'est qu'effectivement
00:46:05un enfant qui va commettre
00:46:07des délits
00:46:08des crimes
00:46:09et bien souvent
00:46:10c'est un enfant
00:46:11qui n'a pas été repéré
00:46:12comme en difficulté
00:46:13en danger
00:46:13et donc on a
00:46:15comment dire
00:46:15une criminalisation
00:46:16de l'enfance
00:46:17au lieu de la protéger
00:46:18et en 45
00:46:19on avait été capable
00:46:20de comprendre
00:46:20ces mécanismes-là
00:46:21et là aujourd'hui
00:46:22en 2025
00:46:23on est en train
00:46:23de reculer complètement
00:46:25et moi j'alerte là-dessus
00:46:26parce que c'est très grave
00:46:27au Sénat
00:46:28ils ont d'ailleurs
00:46:28été encore plus loin
00:46:29à mettre
00:46:30encore régresser plus
00:46:32et c'est des dangers
00:46:34pour moi
00:46:34parce qu'on ne va rien régler
00:46:36de la délinquance des mineurs
00:46:37et on va surtout invisibiliser
00:46:38le danger
00:46:39qu'ils vivent eux
00:46:40alors c'est pas pour excuser
00:46:42il faut de la justice pénale
00:46:43des mineurs
00:46:44il n'y a pas de problème
00:46:44là-dessus
00:46:44il faut évidemment
00:46:46des sanctions
00:46:46c'est pas ça le débat
00:46:48mais c'est que du coup
00:46:49ça invisibilise le fait
00:46:50qu'est-ce qui est conduit
00:46:51à passer à l'acte
00:46:52en fait
00:46:52peut-être pour terminer
00:46:54sur le sujet
00:46:54je voulais revenir
00:46:55sur un exemple
00:46:56sur lequel avait insisté
00:46:58notamment Isabelle Santiago
00:46:59c'est l'exemple
00:47:00le cas des pouponnières
00:47:02le rapport pointe
00:47:05des violences
00:47:05dans les pouponnières
00:47:06c'est-à-dire
00:47:06où on place des enfants
00:47:07de 0 à 3 ans
00:47:08même à cet âge-là
00:47:10on observe des violences
00:47:12alors c'est pas
00:47:13des violences
00:47:14je sais pas comment
00:47:14elle la décrit
00:47:15mais j'avais accompagné
00:47:16Isabelle Santiago
00:47:18visiter la pouponnière
00:47:19où moi j'ai pu intervenir
00:47:20en tant que professionnelle
00:47:21ce qu'on décrit
00:47:23et ce qu'on a vu
00:47:24dans cette pouponnière
00:47:24c'est le manque de place
00:47:26qui existe
00:47:26par rapport aux besoins
00:47:27en fait
00:47:28on est vraiment dans une politique
00:47:29où on n'est pas adapté
00:47:29aux besoins
00:47:30ce qui fait qu'on a
00:47:30des pouponnières
00:47:31donc c'est des enfants
00:47:32qui sont en danger
00:47:33dans leur famille
00:47:33qui sont confiés par le juge
00:47:34dans ces pouponnières
00:47:36donc c'est 0 à 3 ans
00:47:37comme vous l'avez dit
00:47:37et le problème
00:47:39c'est qu'il n'y a plus
00:47:39de famille d'accueil
00:47:40pour les orienter ailleurs
00:47:41donc en fait
00:47:41ils restent beaucoup
00:47:42trop longtemps en collectif
00:47:43ce qui est très délétère
00:47:44pour leur développement
00:47:44évidemment psychomoteur
00:47:46affectif
00:47:47et surtout le sureffectif
00:47:49le manque de professionnels
00:47:50et le turnover
00:47:51fait qu'un enfant
00:47:52doit grandir
00:47:53avec des figures d'attachement
00:47:54avec des gens en référence
00:47:55avec une stabilité
00:47:56et en fait
00:47:57la dégradation
00:47:58de la protection de l'enfance
00:47:58ne permet plus ça
00:48:00et donc on a des enfants
00:48:01qui montent par exemple
00:48:02un syndrome qui s'appelle
00:48:02l'hospitalisme
00:48:03qu'on avait réussi
00:48:04à éradiquer chez nous
00:48:05qu'on trouvait dans les orphelinats
00:48:06en fait
00:48:06avant-guerre ou après-guerre
00:48:08où c'est une dépression sévère
00:48:10d'une nourrisson
00:48:10qui peut conduire à la mort
00:48:11ça a été documenté
00:48:12et on avait réussi
00:48:13en améliorant
00:48:14les conditions d'accueil
00:48:15la formation des professionnels
00:48:17la stabilité des accueils
00:48:18à éradiquer complètement
00:48:19ce syndrome de notre pays
00:48:20et on le revoit
00:48:21revenir aujourd'hui
00:48:22mais c'est intéressant
00:48:23de parler des pouponnières
00:48:24et je veux juste
00:48:24finir là-dessus
00:48:25parce qu'on entend beaucoup
00:48:26aussi aujourd'hui
00:48:27la droite et l'extrême droite
00:48:28nous dire que la protection
00:48:29de l'enfance
00:48:29s'est effondrée
00:48:30à cause des mineurs
00:48:31non accompagnés
00:48:32je fais le parallèle là-dessus
00:48:33parce que dans les pouponnières
00:48:34ce ne sont pas les mineurs
00:48:34non accompagnés
00:48:35ce sont des bébés
00:48:36nés ici ou ailleurs
00:48:37mais en tout cas
00:48:38c'est important de le pointer
00:48:39parce que là encore
00:48:40c'est une diversion
00:48:41pour dire que ça serait
00:48:43pour développer aussi
00:48:44des théories très racistes
00:48:45sur les MNA
00:48:46qui sont aussi des enfants
00:48:47quand ils sont reconnus
00:48:48comme mineurs non accompagnés
00:48:49qui ont le même droit
00:48:50les mêmes droits
00:48:51que des enfants nés ici
00:48:52et c'est les textes internationaux
00:48:54que nous avons ratifiés
00:48:55donc c'est très important
00:48:56aussi d'insister
00:48:56que l'effondrement
00:48:57de la protection de l'enfance
00:48:58n'est pas du fait
00:48:59des jeunes
00:49:00qui viennent se réfugier
00:49:02dans notre pays
00:49:02et qui doivent être accueillis
00:49:03et protégés
00:49:04s'ils sont mineurs
00:49:04on revient à ce qu'on disait
00:49:05tout à l'heure
00:49:05sur la responsabilité de l'Etat
00:49:07je vous propose
00:49:08d'avancer dans les thèmes
00:49:09on reste sur des sujets
00:49:12en lien avec les violences
00:49:14sur les mineurs
00:49:14notamment dans les établissements scolaires
00:49:16on va parler des travaux
00:49:18de la commission d'enquête
00:49:19sur les violences
00:49:19dans les établissements scolaires
00:49:20Paul Vannier
00:49:21votre collègue
00:49:23et Violette Spilbout
00:49:24tous deux co-rapporteurs
00:49:26étaient au village d'enfants
00:49:27de Riaumont
00:49:27vendredi
00:49:28et ils ont dit
00:49:29tous les signaux étaient là
00:49:30pour faire part des violences
00:49:31des sévices sexuels
00:49:32et du danger pour enfants
00:49:34après la ZE
00:49:35c'est une faillite de qui
00:49:37dans ce cas-là
00:49:38pour ce qui est arrivé là ?
00:49:40des adultes
00:49:41il faut quand même se dire
00:49:42qu'on a un problème
00:49:43en tant qu'adultes
00:49:44une grande responsabilité
00:49:44mais c'est plus profond que ça
00:49:45et la commission d'enquête
00:49:47suite aux révélations
00:49:48vis-à-vis de Notre-Dame
00:49:50de Bétarame
00:49:50en fait on se rend compte
00:49:51du tsunami
00:49:53qui est face à nous
00:49:54de violences systémiques
00:49:55dans les établissements scolaires
00:49:56privés et publics d'ailleurs
00:49:57privés c'était Bétarame
00:49:59il y en a plein d'autres
00:50:00mais on se rend compte
00:50:01que la question
00:50:02des droits des enfants
00:50:03est vue comme quelque chose
00:50:04de très accessoire
00:50:05encore une fois
00:50:05dans notre pays
00:50:06et qu'on est encore bien loin
00:50:07de respecter nos propres textes
00:50:09les textes internationaux
00:50:10et qu'aujourd'hui
00:50:12il y a besoin
00:50:12d'une vraie bataille culturelle
00:50:14et là je redis
00:50:14comme l'on fait les féministes
00:50:16en fait sur les droits des femmes
00:50:16et se rendre compte
00:50:17qu'on a quand même
00:50:18les enfants vivent
00:50:19la même domination
00:50:20en fait patriarcale
00:50:21d'un système
00:50:21qui vise à quand même
00:50:22dominer, écraser, réprimer
00:50:24et que là
00:50:26il y a quelque chose
00:50:26qui est en train
00:50:27de se passer dans la société
00:50:28et moi je suis très fière
00:50:29de le travail qui est fait
00:50:30par mon collègue
00:50:31mais aussi par sa co-rapporteur
00:50:32parce qu'ils vont investiguer
00:50:34et ils révèlent une parole
00:50:35et je pense que
00:50:36ce n'est que le début
00:50:37en fait de ce que nous allons
00:50:38découvrir comme violence
00:50:39qui existe encore aujourd'hui
00:50:41on n'est pas que
00:50:41il y a quelques décennies
00:50:43on voit bien qu'aujourd'hui
00:50:44on a encore énormément
00:50:45de violences
00:50:46que ce soit dans le milieu scolaire
00:50:47que ce soit dans le milieu familial
00:50:49et c'est intéressant
00:50:50parce que là encore
00:50:51par rapport aux femmes
00:50:52on a longtemps vu
00:50:53les violences
00:50:54comme quelque chose
00:50:55de très extérieur
00:50:56dans la rue
00:50:56et en fait on se rend compte
00:50:57que le lieu des dangers
00:50:58ce sont comme pour les femmes
00:51:00et pour les enfants
00:51:01c'est la famille
00:51:02et c'est l'institution
00:51:03qui est censée protéger
00:51:05et donc on a un travail énorme
00:51:07les conclusions
00:51:08on n'en est pas encore là
00:51:09ils sont toujours en train
00:51:10de faire leur commission d'enquête
00:51:11mais je pense que ça va
00:51:12il va falloir se mettre au travail
00:51:14très vite
00:51:14et comprendre
00:51:15qu'on a vraiment
00:51:16une vraie révolution culturelle
00:51:18sur les droits des enfants
00:51:18à mener dans notre pays
00:51:19comment ça se fait
00:51:20qu'on ne s'en rende que maintenant ?
00:51:21c'est une bonne question
00:51:22il y a des violences
00:51:24dans les établissements scolaires
00:51:25l'état il n'a pas un rôle
00:51:26justement de surveillance
00:51:26là ils sont en train
00:51:27de révéler quand même
00:51:28que l'état a été défaillant aussi
00:51:29dans les investigations
00:51:31et puis que l'état
00:51:32des fois il a
00:51:33il y a aussi de poids de mesure
00:51:34parce qu'on le voit
00:51:35sur les écoles privées
00:51:36sous contrat
00:51:37quand c'est des écoles musulmanes
00:51:38que l'état est très réactif
00:51:39pour aller contrôler
00:51:41et fermer des institutions
00:51:42et que en fait
00:51:43l'état peut être
00:51:44complètement défaillant
00:51:44sur d'autres institutions
00:51:45donc on a aussi
00:51:46un fond politique là-dedans
00:51:47rien n'est neutre
00:51:49mais en tout cas
00:51:49comment ça se fait
00:51:50qu'en 2025
00:51:51qu'on soit encore
00:51:51dans un pays
00:51:52qui ne respecte pas
00:51:54les droits des enfants
00:51:55alors qu'on est censé
00:51:56être un pays avant-gardiste
00:51:57sur plein de choses
00:51:58normalement
00:51:58je ne suis pas naïve
00:51:59là-dessus quand je dis ça
00:52:00parce que je sais
00:52:00qu'on n'est pas
00:52:01un modèle de pays
00:52:03des droits de l'homme
00:52:03en fait
00:52:04quand on voit
00:52:04comment on se comporte
00:52:05avec les étrangers
00:52:06et avec d'autres
00:52:06mais les enfants
00:52:07effectivement c'est très tardif
00:52:09mais j'espère que
00:52:10ce qui est en train
00:52:10de se passer dans la société
00:52:11cette prise de parole
00:52:14vous avez parlé juste avant
00:52:16de la commission d'enquête
00:52:17aussi dans le milieu
00:52:17du spectacle, du cinéma
00:52:19là encore les enfants
00:52:20c'était assez central aussi
00:52:21sur comment ils sont victimes
00:52:22en première ligne
00:52:23de cette domination patriarcale
00:52:25vous pensez qu'il faut
00:52:26lever la prescription
00:52:27la retarder
00:52:29je ne sais pas exactement
00:52:30quel est le verbe
00:52:30mais pour que des enfants
00:52:31victimes de ces sévices
00:52:34une fois adultes
00:52:34puissent enfin porter plainte
00:52:35il y a déjà
00:52:36la prescription glissante
00:52:37qui existe
00:52:37et qui permet de décaler
00:52:39en fait ce temps
00:52:40qui est normalement très court
00:52:41c'est un vrai débat
00:52:42moi je vous avoue
00:52:43que j'ai beaucoup changé d'avis
00:52:44là-dessus
00:52:45je vais être très transparente
00:52:46parce que
00:52:46à la fois
00:52:47j'entends la question
00:52:49de lever totalement
00:52:49la prescription
00:52:50j'entends aussi
00:52:52le côté
00:52:52où ça peut
00:52:53comment dire
00:52:54mettre
00:52:55la justice
00:52:56elle ne répare pas tout
00:52:57là-dessus
00:52:58et donc c'est là
00:52:59où moi je ne suis pas
00:53:00pour non plus dire
00:53:01ça sera la chose
00:53:02qui va vous réparer
00:53:03je pense qu'il y a aussi
00:53:04un mouvement
00:53:04pas que judiciaire
00:53:05même s'il est hyper important
00:53:06évidemment pour les gens
00:53:08et que ça fait partie aussi
00:53:08de la reconstruction
00:53:09pour plein de personnes
00:53:10mais je pense qu'il y a aussi
00:53:11une question sociétale
00:53:12vraiment très puissante
00:53:13qu'on doit avoir
00:53:14et se dire que
00:53:15il y a plein d'assos
00:53:17en fait
00:53:17qui existent
00:53:17qui travaillent
00:53:18qui essayent de visibiliser
00:53:19la parole des enfants
00:53:20qui essayent de faire
00:53:21des manifestations
00:53:22mais les enfants
00:53:23par définition
00:53:23sont mineurs
00:53:24donc n'ont pas
00:53:24la même prise de parole
00:53:26que nous
00:53:26et en tout cas
00:53:26c'est important
00:53:28qu'on soit militant
00:53:29qu'on soit politique
00:53:30qu'on soit parent
00:53:31d'écouter en fait
00:53:32ce que disent les enfants
00:53:33de les écouter partout
00:53:34partout
00:53:34et quand ils grandissent
00:53:35ils ont des choses
00:53:36à raconter aussi
00:53:37il faut écouter
00:53:37ce qu'ils ont vécu
00:53:38je trouve que la commission
00:53:39d'enquête là
00:53:39sur Betaram
00:53:40le fait vraiment
00:53:41très bien
00:53:41même si c'est
00:53:42très dur à entendre
00:53:44j'allais dire
00:53:44sur Betaram
00:53:45on vous le disait
00:53:46on parle de faits
00:53:47qui ont plusieurs
00:53:48dizaines d'années
00:53:49mais on voit
00:53:50que c'est encore
00:53:50des cas qui se reproduisent
00:53:52encore aujourd'hui
00:53:53il n'y a pas d'excuse
00:53:54de c'était une autre époque
00:53:55non c'est pas
00:53:56il n'y a pas d'excuse
00:53:57parce que d'une part
00:53:58à une autre époque
00:53:59il y avait des gens
00:54:00qui traitaient très bien
00:54:00les enfants
00:54:01donc je pense que
00:54:03c'est pas une excuse
00:54:04en fait
00:54:04il y a toujours eu
00:54:06des gens qui ont
00:54:06respecté les enfants
00:54:07qui ont été bien traitants
00:54:09il y a des gens
00:54:10qui n'ont jamais été violents
00:54:11avec des enfants
00:54:11même il y a 60 ans
00:54:13100 ans
00:54:13donc c'est pas
00:54:14qu'une question d'époque
00:54:15par contre c'est une question
00:54:17là je dis encore une fois
00:54:18de société
00:54:19il faut vraiment
00:54:20que la société
00:54:21pour le coup
00:54:22moi je suis parlementaire
00:54:22donc c'est aussi
00:54:23notre travail à nous
00:54:24d'en parler
00:54:25mais moi quand je vois
00:54:27que voilà
00:54:27si on revient à la protection
00:54:28de l'enfance
00:54:29le fait que les médias
00:54:30s'en saisissent
00:54:31qu'on est dans la presse locale
00:54:32des reportages
00:54:32dans la presse nationale
00:54:33qu'il y a une commission d'enquête
00:54:34qu'il y a des anciens enfants
00:54:36qui parlent
00:54:36d'autres qui sont encore
00:54:37en protection de l'enfance
00:54:38parlent
00:54:38tout ce mouvement là
00:54:39favorise
00:54:40des avancées
00:54:41après
00:54:42aux parlementaires
00:54:43d'avancer aussi
00:54:45par la loi
00:54:45et ça
00:54:46c'est un autre travail
00:54:47parce que les commissions d'enquête
00:54:48ça permet d'ouvrir
00:54:49quelque chose
00:54:50mais le plus gros du travail
00:54:51va commencer maintenant
00:54:51je vous propose
00:54:53comme il nous reste 5 minutes
00:54:54de passer à une dernière
00:54:55petite actu
00:54:55pour le coup
00:54:56très centrée
00:54:57sur l'Assemblée
00:54:58qui s'est passée
00:54:59il y a quelques heures
00:55:00il y a eu des échanges
00:55:02assez tendus
00:55:03au sein de l'Assemblée
00:55:05entre des collaborateurs
00:55:06parlementaires
00:55:07de la France Insoumise
00:55:08et des journalistes
00:55:09du Média Frontière
00:55:11vous étiez là
00:55:14qu'est-ce qui s'est passé
00:55:14exactement ?
00:55:15alors il n'y a pas eu
00:55:16déjà ce n'était pas
00:55:17les collaborateurs
00:55:18de la France Insoumise
00:55:18ce sont les syndicats
00:55:19qui représentent
00:55:20les collaborateurs
00:55:20de manière unitaire
00:55:21d'ailleurs il y a
00:55:22beaucoup de syndicats
00:55:22représentés
00:55:23qui représentent
00:55:24les collaborateurs
00:55:25et collaboratrices
00:55:26parlementaires
00:55:27donc de beaucoup
00:55:27de groupes
00:55:28qui ont appelé
00:55:29à un rassemblement
00:55:30pour effectivement
00:55:31dénoncer
00:55:32ce qu'a fait
00:55:33ce média
00:55:34d'extrême droite
00:55:35je le redis
00:55:36parce que c'est un média
00:55:36d'extrême droite
00:55:37à savoir
00:55:38ficher
00:55:39des collaborateurs
00:55:40de la France Insoumise
00:55:41pour le coup
00:55:41dans un journal spécial
00:55:44en mettant
00:55:45des cibles dans le dos
00:55:46de nos collaborateurs
00:55:48parlementaires
00:55:48mais ce média
00:55:49s'était déjà illustré
00:55:50et a fait la même chose
00:55:50sur les avocats
00:55:51et a par exemple
00:55:53déjà révélé
00:55:53des adresses personnelles
00:55:54de différents parlementaires
00:55:55donc je pense
00:55:57qu'ils ont eu raison
00:55:58mais ça ça leur appartient
00:55:59moi je suis parlementaire
00:56:00et leur syndicat
00:56:01c'est à eux
00:56:02de s'organiser
00:56:03mais en tout cas
00:56:03ils ont eu raison
00:56:04de se rassembler
00:56:05et de demander
00:56:05que ce média
00:56:06d'extrême droite
00:56:07soit plus accrédité
00:56:08et ce qui s'est passé
00:56:09tout à l'heure
00:56:10c'est que justement
00:56:10ce média était présent
00:56:11et a filmé
00:56:12tout le rassemblement
00:56:13a provoqué aussi
00:56:13donc effectivement
00:56:14ça a été compliqué
00:56:16dans le sens où
00:56:17il y a eu la provocation
00:56:18de la part de ces
00:56:19pseudo-journalistes
00:56:20parce que je ne pense pas
00:56:21que je puisse les qualifier
00:56:22de journalistes
00:56:22en tout cas
00:56:22la balle est dans le camp
00:56:23maintenant de madame
00:56:24Bronpivet
00:56:24en tant que présidente
00:56:26pour prendre des décisions
00:56:27mais en tout cas
00:56:27moi ça me semble
00:56:28très dangereux
00:56:28d'avoir des gens
00:56:30qui se permettent
00:56:30de cibler
00:56:32des gens qui sont
00:56:33des salariés
00:56:34ce ne sont pas des politiques
00:56:35ils ont le droit
00:56:35d'avoir leurs idées politiques
00:56:36évidemment
00:56:37mais quand ils sont
00:56:37à l'Assemblée
00:56:38ce sont des salariés
00:56:38et pas des parlementaires
00:56:40en tout cas
00:56:40sur les médias
00:56:41accrédités à l'Assemblée
00:56:42c'est parce qu'ils sont
00:56:43d'extrême droite
00:56:44que vous voulez les retirer
00:56:45non c'est parce qu'ils font
00:56:46des listes
00:56:46et qu'ils ciblent des gens
00:56:47il y a d'autres médias
00:56:49avec lesquels je ne suis pas d'accord
00:56:50et je ne demanderai pas
00:56:50leur interdiction
00:56:51même si je ne suis pas d'accord
00:56:52avec leurs lignes éditorielles
00:56:53et leur façon de travailler
00:56:53souvent
00:56:54ce n'est pas ça le débat
00:56:55le débat là
00:56:56c'est qu'ils mettent
00:56:56en danger des gens
00:56:57et ça c'est inacceptable
00:56:58en tout cas au sein de l'Assemblée
00:56:59qu'ils puissent venir travailler
00:57:00comme ça
00:57:01avec des méthodes pareilles
00:57:02Est-ce que la présidente
00:57:04de l'Assemblée nationale
00:57:06ne va pas vous répondre
00:57:07que l'Assemblée
00:57:08c'est la maison du peuple
00:57:10et de tout le peuple
00:57:11et que donc
00:57:12Frontière
00:57:14qui est un média
00:57:14a le droit
00:57:16de venir couvrir
00:57:16l'actualité parlementaire
00:57:17Je ne sais pas
00:57:18à ce qu'elle répondra
00:57:18mais en tout cas
00:57:19je pense qu'il y a quand même
00:57:20quelque chose de dangereux
00:57:21qui est en train de se passer
00:57:21moi je ne suis pas d'accord
00:57:22que mes collaborateurs
00:57:23et collaboratrices
00:57:24soient en danger
00:57:25sur leur lieu de travail
00:57:25parce que c'est ça
00:57:26dont il s'agit
00:57:27donc moi je m'oppose à ça
00:57:28et en tant que parlementaire
00:57:29en tant qu'employeur
00:57:30j'ai une responsabilité aussi
00:57:31vis-à-vis des personnes
00:57:32qui travaillent pour moi
00:57:33et il est hors de question
00:57:34que leur lieu de travail
00:57:35se transforme en un lieu
00:57:36de danger pour eux
00:57:37C'est déjà arrivé
00:57:37ce genre de situation ?
00:57:39C'est-à-dire ?
00:57:39Deux médias
00:57:40qui franchissent la ligne
00:57:41ils vont beaucoup trop loin
00:57:42et on les retire
00:57:44on retire leur accaditation
00:57:45de l'Assemblée
00:57:45J'ai une bonne question
00:57:46je n'ai pas la réponse
00:57:46il faudrait demander
00:57:47à la présidence
00:57:48si c'est déjà arrivé
00:57:49mais en tout cas
00:57:49là de ce que je vois
00:57:51c'est que là
00:57:51ça va très très loin
00:57:52et ce n'est pas acceptable
00:57:53ça c'est sûr
00:57:53Vous pensez
00:57:54Pardon je suis en privé
00:57:55Vous pensez qu'il y a
00:57:56un mouvement aussi de fond
00:57:57on a beaucoup parlé
00:57:59ces dernières semaines
00:57:59de la manière
00:58:01dont certains
00:58:01au Rassemblement National
00:58:02mettaient des cibles
00:58:03aussi dans le dos des juges
00:58:04après la condamnation
00:58:04de Marine Le Pen
00:58:05Vous pensez qu'il y a
00:58:05un mouvement de fond
00:58:06en tout cas de ce côté-là
00:58:08de l'échiquier politique
00:58:09qui fait des listes ?
00:58:11Ça rappelle des heures sombres
00:58:13dans notre histoire
00:58:14quand même
00:58:14c'est des méthodes d'extrême droite
00:58:15de faire des listes de gens
00:58:16de cibler
00:58:17de diffuser des adresses personnelles
00:58:19d'attaquer des gens
00:58:21comme ils le font
00:58:21on a déjà connu ça
00:58:23dans notre histoire
00:58:23et ce n'est pas possible
00:58:24que ça revienne
00:58:25et qu'on laisse faire
00:58:25à l'Assemblée Nationale
00:58:26et je dirais
00:58:27que c'est quand même différent
00:58:28quand on fait de la politique
00:58:29par exemple
00:58:30mes votes ils sont publics
00:58:31il n'y a pas de problème
00:58:31qu'ils soient critiquables
00:58:33qu'on me demande des comptes
00:58:34c'est mon travail
00:58:35d'être transparente
00:58:36ce n'est pas la même chose
00:58:36quand on est salarié
00:58:37et ça c'est vraiment
00:58:38une des vraies différences
00:58:39et là moi j'insiste là-dessus
00:58:40parce que
00:58:41c'est justement
00:58:42la maison du peuple
00:58:43l'Assemblée Nationale
00:58:44et aucune personne
00:58:45ne doit être inquiétée
00:58:46pour le fait d'y travailler
00:58:48Et tant qu'il nous reste
00:58:49une minute
00:58:50et qu'on parle de médias
00:58:51et d'une de médias
00:58:52on peut peut-être parler
00:58:53de celle du JD News
00:58:55d'où Laurent Wauquiez
00:58:57en fait
00:58:58propose d'enfermer
00:59:00les personnes sous OQTF
00:59:01à Saint-Pierre-et-Miquelon
00:59:02vous en avez pensé quoi ?
00:59:03Je ne vais pas reprendre
00:59:05l'expression de mon collègue
00:59:05mais c'est vrai
00:59:06qu'on peut penser
00:59:07le Gorafi tellement c'est gros
00:59:08mais en fait non
00:59:08c'est la réalité
00:59:09et ça dit quelque chose
00:59:10de là où on en est
00:59:11dans le débat politique
00:59:11c'est extrêmement grave
00:59:13la course à la présidence des LR
00:59:15est en train de devenir
00:59:16une course
00:59:17qui sera le plus facho
00:59:19qui va dire le truc le plus grave
00:59:21le plus dingue
00:59:22je ne sais pas comment on qualifie
00:59:23parce que c'est vraiment hallucinant
00:59:25ça dit comment on considère
00:59:27les personnes qui sont
00:59:28en situation irrégulière
00:59:29qu'on peut envoyer comme ça
00:59:31ça dit quelque chose
00:59:33de comment ils considèrent
00:59:33les territoires
00:59:34les collectivités
00:59:35autres que le territoire hexagonal
00:59:37pour les habitants
00:59:38de Saint-Pierre-et-Miquelon
00:59:38je trouve que c'est quand même
00:59:39ultra violent
00:59:40d'entendre ce genre de proposition
00:59:42et surtout
00:59:43je ne sais pas
00:59:44dans quel état
00:59:44vont finir les républicains
00:59:46le parti en tant que tel
00:59:47mais entre lui et Rotaillot
00:59:48je crois que
00:59:49je ne sais pas qui va pouvoir
00:59:51revenir à la raison
00:59:52aucun des deux je le pense
00:59:53mais je pense qu'aujourd'hui
00:59:55ils n'ont plus rien
00:59:56de républicains
00:59:56dans cette surenchère
00:59:58d'extrême droite
00:59:58et c'est grave en tout cas
00:59:59ce qui est en train de se passer
01:00:00Laurent Wauquiez a déjà fait
01:00:01des grandes sorties
01:00:02avec lesquelles
01:00:03qu'on a combattues
01:00:04et qui étaient pour moi
01:00:05très dangereuses
01:00:06mais celle-ci
01:00:07en une d'un journal
01:00:09là aussi
01:00:09pour le coup d'extrême droite
01:00:10mais qui en tout cas
01:00:11devrait interpeller
01:00:13toute personne ici
01:00:14à l'Assemblée
01:00:14qui a justement
01:00:15des valeurs républicaines
01:00:16écoutez merci beaucoup
01:00:18Marianne Maximi
01:00:18d'avoir répondu
01:00:19à nos questions
01:00:20et d'être venue
01:00:20sur le plateau
01:00:21de Legistream
01:00:22merci beaucoup Fanny
01:00:24merci beaucoup Antonin
01:00:25merci au chat
01:00:27d'avoir suivi ça
01:00:28et d'avoir posé
01:00:29les questions
01:00:30on pas de Legistream
01:00:32la semaine prochaine
01:00:33donc rendez-vous
01:00:34dans deux semaines
01:00:35merci beaucoup
01:00:36passez une bonne journée
01:00:37à bientôt
01:00:38ciao ciao tout le monde
01:00:38merci à tous