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00:00L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04Bonsoir à toutes et à tous, l'Union Européenne en ordre de marche à quelques heures de l'entrée en vigueur des droits de douane américains,
00:10plus 20% sur tous les produits en provenance des 27.
00:14Bonsoir Sylvie Grandjean.
00:16Bonsoir.
00:16Vous êtes la vice-présidente du métier, mouvement des entreprises de taille intermédiaire en France, directrice du groupe Redex.
00:23Parlons de votre entreprise pour commencer car elle sera directement concernée par cette hausse des droits de douane.
00:28Vous fabriquez des machines que vous vendez essentiellement hors de France.
00:3380% de votre chiffre d'affaires est réalisé à l'international.
00:37Comment concrètement vous vous préparez à cette hausse de droits de douane ?
00:41J'étais avec mes équipes américaines juste avant de venir à cet entretien.
00:46Effectivement, nous avons passé en revue les actions qui étaient nécessaires.
00:50Alors il y a plusieurs aspects qui viennent interférer dans ces décisions.
00:56Déjà, il n'y a aucun décret d'application, d'un point de vue administratif, rien n'est clair et rien n'est précis.
01:04Et puis ensuite, nous, nous avons la chance de ne pas avoir de concurrents américains.
01:09C'est-à-dire que nos concurrents, ils sont allemands, ils sont italiens, parfois un peu coréens.
01:14Et donc ils seront soumis au même droit de douane, si jamais ils s'appliquent, à l'identique.
01:19Et donc nous aurons sans doute à répercuter ces frais de douane à nos clients.
01:25Alors nous, on est en B2B, c'est peut-être pas la même chose quand on est en B2C.
01:29Donc c'est-à-dire que vous allez répercuter cette hausse de droits de douane sur vos prix,
01:34et donc sur vos clients, vous pensez que vos clients américains vont les absorber ?
01:38Ils n'ont pas d'autre alternative, en tout cas pour notre part.
01:41Alors, sachant que j'ai vu qu'il y avait des éléments de machine Redex qui servent à fabriquer la fusée SpaceX.
01:47Effectivement, la force de l'Europe et la force de la France,
01:52c'est d'avoir su maintenir un savoir-faire dans les biens d'équipement, dans les machines.
01:57Et ce que les Etats-Unis n'ont plus fait, ils se sont spécialisés dans la high-tech et dans le service,
02:03mais dans la fabrication des biens classiques, là, ils n'ont plus du tout de compétences.
02:09Et nous, nous l'avons gardé en Europe.
02:11Et effectivement, à ce titre-là, alors c'est assez anecdotique, mais on aime bien le rappeler,
02:17Oui, parce que quand même, ce n'est pas anodin.
02:20Et même chose, vous avez en Italie un constructeur de presse d'aluminium
02:25qui est le seul à pouvoir faire ça et qui est utilisé par Tesla.
02:29Et donc, ça veut dire concrètement que vous allez augmenter vos prix de 20% ?
02:33Alors, on ne va pas le faire de 20% parce qu'on ne tient pas à assassiner non plus nos clients,
02:37mais on va forcément répercuter une partie sur notre marge et une partie sur nos prix de vente.
02:41Et ça, vous avez commencé à l'organiser, vous avez commencé à le regarder.
02:44Et voilà, on est en train de regarder cela.
02:45Est-ce que vous allez également vous tourner vers d'autres marchés ?
02:49Est-ce que ça fait partie de votre stratégie aujourd'hui ?
02:51Notre stratégie est depuis la création de l'entreprise de travailler à l'international.
02:56Et le pôle USA, Canada, Mexique pèse pour à peu près 20%.
03:02Ce n'est pas mal.
03:04Oui, voilà, ce n'est pas anecdotique.
03:07Donc, l'Asie, 20%.
03:09L'Europe, 60%.
03:10Nous sommes suffisamment et résilients et réactifs pour pouvoir aborder des nouveaux marchés s'il est nécessaire.
03:18Sauf que je voyais dans une interview réalisée au moment de l'élection de Donald Trump
03:22que votre mari, puisque vous dirigez, vous co-dirigez tous les deux cette entreprise,
03:27disait qu'il ne pensait pas que cette hausse s'appliquerait aux produits car ils en ont besoin.
03:32Il n'y a pas d'alternative.
03:33La suite lui a donc donné tard.
03:34Sauf que je voyais également qu'il pensait qu'il y aurait une augmentation du chiffre d'affaires aux Etats-Unis.
03:42Là, ce n'est plus d'actualité.
03:43Alors, justement, le jour, le 5 avril, nous avons eu un appel d'un client américain
03:50qui est en fait une filiale d'une entreprise italienne,
03:55donc qui investit sur le sol américain et qui nous a passé une commande de 5 millions de dollars.
04:00Donc, en fait, on est dans une situation actuelle où tout est tellement instable,
04:05tout est tellement en train de modifier, toute la chaîne d'approvisionnement est en train d'être complètement revue.
04:14Et il y a des décisions qui sont prises à l'heure actuelle aux Etats-Unis
04:16de réinvestir dans des usines.
04:20Et là, nous, à ce moment-là, voilà.
04:22Et donc, ça veut dire que vous, vous pouvez profiter d'investissement aux Etats-Unis.
04:27Vous avez aussi, si je ne m'abuse, une filiale aux Etats-Unis.
04:30Oui, exactement.
04:31Vous étiez, le métier en tout cas, était reçu la semaine dernière par le président de la République, Emmanuel Macron, à l'Élysée.
04:38Il a fait une sorte d'appel au patriotisme économique en disant que ce n'était pas le moment pour les entreprises françaises
04:45d'aller investir aux Etats-Unis. Est-ce que vous vous êtes sentie visée ?
04:49Je ne me suis pas vraiment sentie visée et les entreprises ne se sont pas senties forcément visées.
04:54Le patriotisme, c'est avant tout au consommateur de l'avoir.
04:57Le consommateur, citoyen, c'est lui qui va décider s'il veut acheter des Nike ou acheter des Adidas ou acheter autre chose.
05:06C'est vous. Est-ce que vous utilisez ChapGPT ou est-ce que vous utilisez Mistral ?
05:10Où est-ce que vous mettez vos datas ?
05:12J'ai l'impression quand même qu'il s'adressait aux deux.
05:14Il s'adressait peut-être effectivement aux consommateurs, mais aussi aux entreprises,
05:18que ce n'était pas le moment d'aller investir de l'autre côté de l'Atlantique.
05:22Alors, investir, vous ne pouvez pas demander à des chefs d'entreprise de ne pas investir,
05:28puisque c'est notre raison d'être.
05:30C'est de trouver des marchés, de trouver des façons d'aborder des marchés.
05:33Donc des investissements, on en fera forcément.
05:36On en fera forcément aux Etats-Unis, on en fera forcément en Chine.
05:38Dès que le marché le demande, on est présent.
05:42Ce n'est pas une question de patriotisme.
05:43Au contraire, c'est justement pour continuer à exister en France qu'il faudra continuer à investir partout.
05:48Alors justement, l'Union Européenne est en train de préparer sa riposte.
05:51On voit qu'il y a une hausse des droits de douane qui est prévue,
05:54mais seulement sur certains produits américains, et seulement à partir de la mi-mai.
05:59Est-ce que c'est la bonne stratégie, à votre avis ?
06:01Et ce sera ma dernière question.
06:02Alors, il ne faut pas rentrer dans une guerre de taux,
06:05parce que je ne vois pas en quoi ça peut apporter quelque chose de positif pour l'ensemble du monde.
06:11Il faut travailler beaucoup plus de façon très ciblée, très clinique, sur nos fondamentaux.
06:19En Europe, on a besoin de travailler sur nos fondamentaux, qui sont la compétitivité,
06:23faire en sorte que les charges sur les entreprises soient limitées.
06:28On peut travailler également sur tout ce qui concerne la simplification.
06:31L'Europe a commencé avec la CSRD, la CS3D, mais il y a encore d'autres...
06:35Avec des normes qui ne vont pas être mises en place tout de suite.
06:38Donc, il faut plutôt travailler sur la compétitivité, au niveau européen, sur les normes,
06:45et avoir une réponse graduée vis-à-vis de l'Union Européenne,
06:48ce qui est aujourd'hui la stratégie qu'elle semble adopter.
06:51Oui, oui. Une bataille d'égo n'apportera rien à l'Europe.
06:57Merci beaucoup, Sylvie Grandjean, directrice du groupe Redex,
07:00vice-présidente du mouvement des entreprises de taille intermédiaire.
07:04Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.
07:06Merci, au revoir.
07:08Merci, au revoir.