Laurence Boccolini se souvient d'un déjeuner avec une productrice qui avait fait une remarque aussi sexiste qu'humiliante.
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00:00Ce jour où vous déjeunez avec une productrice qui veut vous proposer une émission, elle ne vous emballe pas à la base ?
00:06Non, le truc genre le frou-frou moins le quart de chez Shane, excuse-moi, on me l'a proposé cent fois.
00:12Mais ce n'est pas ça le problème, le problème c'est le scud que cette productrice va vous envoyer en plein déjeuner.
00:17Elle nous appelle, elle nous fait déjeuner avec une camarade de jeu qui a un peu les mêmes corpulences que moi,
00:25que moi je trouve très joli, mais bon, on déjeune, elle nous tartine de compliments, vous allez être formidables,
00:31moi ce projet je sais qu'il ne se fera pas parce qu'on me l'a proposé cent cinquante fois ce genre de truc.
00:35Mais on est poli, on écoute, elle nous dit à quel point on est génial, etc.
00:39Et juste à la fin, elle lance ce truc en disant il y aura Machine avec vous.
00:44Je ne me rappelle plus du nom de Machine, et je n'ai rien contre Machine.
00:47Et nous, on se dit ah bon, on a passé deux heures, mais pourquoi elle arrive à la fin Machine ?
00:54Mais décontractée, elle nous dit il faut bien que j'en mette une belle avec vous deux.
00:59Et moi, je crois que j'ai dit ah oui ok, parce que ce jour-là, j'étais à côté de moi, mais je n'étais pas avec moi,
01:07parce qu'aujourd'hui je dirais pardon.
01:08Vous restez interdite comme un peu en état de sidération, anesthésiée, on pourrait dire.
01:12Ça finit bien par remonter ça après, quand vous rentrez chez vous, vous n'êtes pas en colère ?
01:16Mais si vous êtes en colère, moi ce métier, j'ai une image très très forte de ce métier.
01:20Ce métier, souvent quand vous rentrez le soir, vous avez l'impression d'être griffé de l'intérieur.
01:25Ça ne se voit pas dehors, mais dedans, c'est comme si vous aviez été ramasser des murs sur le bord de la route,
01:30que vous aviez ramassé les murs, parce qu'elles étaient belles,
01:32et vous rentrez, vous êtes toutes griffées, ça pique de partout.
01:35Et en fait, voilà pourquoi vous ne dormez pas, voilà pourquoi vous êtes angoissé,
01:39voilà pour vous accepter des choses que vous n'auriez pas acceptées.
01:42Pourquoi parfois vous acceptez des projets que vous ne devriez pas accepter ?
01:45Alors que vous savez que vous allez vous faire du mal, mais vous le faites.
01:49Bon petit soldat.
01:50Grave, ouais.
01:52Je vous cite dans le livre, soyez odieux, capricieux, colérique,
01:55car c'est ceux-là qu'on respecte dans les médias.
01:57Il y en a tant que ça.
01:58Ouais, il y en a bien sûr, ceux-là on ne les embête pas.
02:00Parce que souvent, au-dessus, on confond l'espèce de folie des gens qui hurlent sur les plateaux,
02:07sur les assistants, qui sont complètement hystériques, qui ont des caprices de divas,
02:10avec une espèce de talent artistique fou.
02:14Mais non, ce n'est pas ça le talent.