Affaire Gregory : Comment les médias ont eu un rôle clef et loin d'être positif dans ce dossier
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00:00Etienne Sesma, alors capitaine de gendarmerie, se précipite sur place.
00:07Il est 21h, 21h15 à peu près, c'est la nuit, il y a quelques lumières qui éclairent la scène,
00:15il y a des journalistes, il y a un photographe qui est là, je vois des flashes qui crépitent.
00:21Cette photo que tout le monde connaît, c'est ce pompier qui va récupérer l'enfant dans les eaux
00:27glacées de la vologne et qui va donc porter cet enfant dans ses bras et le ramener à la terre.
00:32La scène fait froid dans le dos. L'enfant de 4 ans a les pieds et les mains ligotés à l'aide
00:41d'une cordelette. Sa tête est recouverte d'un bonnet qui est descendu jusqu'à son venton et
00:47quand on relève ce bonnet, on découvre le visage d'un enfant qui donne l'impression un peu de
00:53dormir. On ne voit pas vraiment de traces de coups, il n'a pas l'air d'avoir souffert. Ce qui est le
01:00plus frappant, c'est de voir la mise en scène de cette mort avec ces liens qui sont ficelés.
01:07On a le sentiment que cet enfant a été sacrifié.
01:13Mais alors, pourquoi Grégory a-t-il été sacrifié ? Qui pouvait bien en vouloir
01:22à Jean-Marie Villemin, au point de tuer son fils ? Les enquêteurs parviendront-ils à identifier le corbeau ?
01:43Dans la vallée de la Vologne, après la découverte du corps du petit Grégory, la terrible nouvelle se
01:50répond comme une traînée de poudre. Très vite, un raz-de-marée de journalistes déferle sur la région.
01:58Ce qui lance l'affaire, c'est l'étrangeté de l'affaire elle-même. Un enfant qu'on retrouve
02:07mort dans une rivière ficelée. Et en plus, avec cette revendication qui laisse penser tout de suite
02:13qu'il s'agit d'une vengeance et d'un règlement de comptes entre adultes, c'est hors norme.
02:20Le lendemain du drame, le cliché de l'enfant repêché dans l'eau fait la une d'un célèbre journal.
02:28C'est la première fois qu'une telle photo est publiée dans la presse. L'image est poignante.
02:37Elle est vraiment frappante parce qu'elle est d'une grande spontanéité. Elle est de très mauvaise
02:41qualité technique, cette image. En fait, c'est une image, à l'époque, en argentique, pas en numérique.
02:46Il y a un gros coup de flèche. On voit ce sapeur-pompier qui tient le bébé dans ses bras.
02:52Un cliché en totale opposition avec le portrait de l'enfant pris seulement quelques semaines avant sa mort
02:59et sur lequel il apparaît tout sourire. Le contraste est saisissant.
03:05Il y a la première image, effectivement, qui est l'image du fait divers. De l'autre côté,
03:12il y a cette représentation un peu iconique de l'enfant avec ses boucles, etc.
03:18C'est quand même une petite créature innocente avec cette petite bouille souriante, ronde, etc.
03:26Et évidemment, tout le monde va vouloir savoir qui a volé cette innocence, qui a brisé ce destin, cet enfant.
03:35Alors, pour comprendre qui a bien pu s'en prendre à Grégory, les gendarmes de Bruyères dressent le portrait de ses parents.
03:45Christine, Jean-Marie et le petit Grégory sont une famille, une famille belle, je veux dire,
03:50par là unie, avec de beaux sentiments d'amour conjugal et d'amour parental.
03:57Issu d'un milieu ouvrier, le couple s'est rencontré en 1976, lors d'une simple promenade.
04:05Entre eux, c'est tout de suite le coup de foudre.
04:09Dès lors, ils ne se quittent plus et quatre ans plus tard, Grégory naît de leur union.
04:16C'est un beau gamin, il est vif, il est intelligent, il fait le bonheur de ses parents.
04:23Cet enfant, c'était l'enfant roi pour eux.
04:26C'était le seul enfant et la vie familiale tournait sur eux trois.
04:34En 1981, trois ans avant les faits, Jean-Marie Villemin, alors âgée de 23 ans, est promue contremaître au sein de son usine.
04:45Une consécration qui lui permet de faire construire pour lui et sa famille un joli pavillon sur les hauteurs de l'éponge sur Vologne.
04:55Véritablement, on pourrait penser que ce jeune couple a toutes les cartes en main pour être heureux.
05:03Rien ne présageait donc un tel drame.
05:06Alors, pour comprendre ce qui a bien pu arriver, les enquêteurs s'intéressent de plus près aux circonstances de l'enlèvement.
05:15Ce qui nous frappe d'emblée, c'est que Grégory a été enlevé en plein jour.
05:19On est dans un village, certes à l'écart du village, mais dans une zone qui reste habitée.
05:24On n'est pas dans une maison complètement isolée.
05:29Pour obtenir plus d'informations, les enquêteurs dirigent donc une enquête de voisinage.
05:37C'est un des premiers, sinon le premier axe de recherche des gendarmes, c'est-à-dire trouver des témoins.
05:45Des gens qui ont vu quelque chose, qui ont vu une voiture passer, qui ont vu quelqu'un de suspect aux abords de la maison.
05:56Et l'enquête va se révéler fructueuse.
06:00Plusieurs témoins ont aperçu un homme avec une moustache rodé autour du domicile des villemains et de l'école de Grégory, le jour de son enlèvement et les jours précédents.
06:12Un portrait robot est donc établi.