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Depuis le 7 octobre 2021, Mustapha Baitas est la voix officielle du gouvernement Akhannouch. Trois ans et demi qu’il tient le point de presse post-conseil de gouvernement, répond (ou pas) aux questions des journalistes et défend, tant bien que mal, le bilan de l’Exécutif. Mais derrière l’exercice convenu des éléments de langage du jeudi, la frustration grandit. Réponses floues, silences pesants sur les sujets sensibles, maladresses verbales… L’homme s’est parfois retrouvé au cœur de la polémique, non pour son franc-parler, mais au contraire pour son art d’éluder.
Au-delà du porte-parole du gouvernement, c’est toute une approche de la communication politique qui est en jeu. Dans une époque où l’information circule plus vite que jamais, où les citoyens exigent des réponses claires et des positions assumées, peut-on encore se permettre une communication verrouillée, une langue de bois généralisée et une absence totale d’anticipation ?

Amine Karkach, consultant en communication politique et affaires publiques
Brahim Rachidi, avocat membre du bureau politique de l'USFP

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Transcription
00:00Mais voilà, depuis trois ans et demi maintenant, une constante se dégage.
00:13Il y a plus de silence que de réponses, plus d'évitements que de clarifications.
00:17Les dossiers sensibles, ils les balaient d'une pirouette.
00:21Les sujets polémiques, ils trouveront leur cadre approprié pour être abordés, dit-il.
00:25La moindre interpellation sur un sujet embarrassant se heurte à une barrière infranchissable,
00:29une langue de bois bien huilée qui frôle parfois l'absurde.
00:32L'exemple parfait reste cette déclaration.
00:36Devenue désormais culte, la démarche du poissonnier de Marrakech est en phase avec l'engagement du gouvernement.
00:41La phrase a fait le tour des réseaux sociaux, entre le déni et la maladresse.
00:46Et lorsqu'il se risque à sortir de son script, eh bien ça tourne mal.
00:50Souvenez-vous, en octobre 2024, Mustafa Baytas s'en prend frontalement à l'instance nationale de priorité de prévention et de lutte contre la corruption,
00:57lui reprochant de ne pas prendre en compte les efforts du gouvernement.
01:01Mauvais calcul, car quelques semaines à peine plus tard, Transparency International a enfoncé le clou avec un rapport accablant,
01:07confirmant la persistance de la corruption au Maroc et surtout le manque d'une action politique efficace pour lutter contre le fléau.
01:16Mais alors, Mustafa Baytas est-il un simple fusible désigné pour encaisser les coups et les critiques ?
01:21Son rôle de porte-parole fait-il de lui un bouclier gouvernemental ou une cible facile dans un exécutif où la communication est un chantier à l'abandon ?
01:30L'autre question, c'est le contexte. Nous sommes en 2025. Des législatives approchent et les partis de la majorité commencent à se positionner
01:37pour ne pas porter seul le poids des échecs du gouvernement.
01:41Dans cette bataille préélectorale, bien Mustafa Baytas se retrouve-t-il isolé, contraint d'assumer des discours que ses propres collègues refusent d'endosser ?
01:49Et surtout, cette gestion défaillante de la communication gouvernementale traduit-elle au fond une difficulté plus profonde,
01:55celle d'un exécutif qui n'a jamais su, jamais pu parler à l'opinion publique autrement qu'en temps de crise ?
02:01Nous allons en parler ce matin en détail. Dans quelques instants, avec vos 2 Décodeurs du jour,
02:05Ibrahim Rajdi et Amine Karkhache, juste après le Point Info, signé Mourad Baba. A tout de suite.
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04:19– Les Décodeurs d'Atlantique matin, en ce lundi 17 mars 2025, ravis d'accueillir sur le plateau, à ma gauche, toujours à ma gauche,
04:36Maître Brahim Rajdi, avocat et membre du bureau politique de l'ISFP. Bonjour c'est Brahim.
04:40– Bonjour c'est Adil, bonjour c'est Amine.
04:42– Amine Karkhache à ma droite, consultant en communication politique et en affaires publiques. Bonjour Amine.
04:47– Bonjour Adil et bonjour Monsieur Maître Rajdi.
04:50– Alors j'espère que vous passez un bon lundi, que la semaine va bien se passer.
04:55Et il était temps de consacrer une émission au porte-parole du gouvernement.
04:59Ça fait trois ans et demi que j'attendais ce moment. Je lui ai laissé le bénéfice du doute.
05:05Il faut laisser les gens s'exprimer avant d'émettre un jugement.
05:09Et force est de constater, bon, il y a un consensus, à savoir qu'en matière de communication,
05:16le gouvernement a failli à tous les niveaux. On essaie de rattraper les erreurs des premiers mois et des deux premières années.
05:24Mais force est de constater qu'en matière de communicationnelle, le résultat n'est pas ce qu'il devrait être.
05:31Maintenant, sur le cas du porte-parole du gouvernement, j'imagine que vous suivez vous aussi attentivement
05:38les points de presse réguliers hebdomadaires de Mustapha Baytas chaque jeudi.
05:44Ça devrait être en principe un lieu d'échange, d'interaction avec les journalistes.
05:50Et ce qu'on a remarqué, il y a deux choses.
05:52Une langue de bois qui commence à s'installer et qui devient ridicule.
05:56Et puis surtout, une salle qui se vide. Moi j'ai en tête une image, je ne sais pas si vous l'avez déjà vue,
06:01cette image qui est très symptomatique et très symbolique.
06:04Un porte-parole du gouvernement, Mustapha Baytas, devant une salle presque vide.
06:09Et c'est la raison pour laquelle j'ai décidé de programmer ce sujet aujourd'hui pour essayer d'avoir votre avis
06:16par rapport au rôle qui devrait être celui du porte-parole du gouvernement.
06:21Est-ce qu'il est censé uniquement, comme il le fait aujourd'hui, donner des éléments de langage à l'issue de chaque conseil de gouvernement ?
06:28Ou est-ce qu'au contraire, il doit pleinement, il devrait pleinement assumer son rôle en portant réellement la voix du gouvernement
06:35et en répondant aux questions qui font mal ou qui ne font pas plaisir à ses collègues autres ministres de l'exécutif ?
06:44Je commence par vous, Maître Brahim Rajdi. Qu'est-ce que vous pensez du cas Mustapha Baytas ?
06:48Moi, tout d'abord, je ne voudrais pas personnaliser le problème de la communication gouvernementale à Monsieur Baytas.
06:55Bah, je n'y peux rien, il est porte-parole du gouvernement. C'est sa fonction.
06:57Oui, d'accord, mais je pense que tout le gouvernement communique mal et très rarement.
07:01D'ailleurs, il faut qu'on se mette d'accord sur la signification du mot « communiquer ».
07:07Il y a une différence entre parler et communiquer.
07:09Communiquer, ça veut dire mettre en commun.
07:11Ça veut dire des connaissances que vous avez, vous allez mettre en commun.
07:14Souvent, le gouvernement, le porte-parole du gouvernement, se contente de parler de manière monodirectionnelle,
07:22comme s'il se parlait à lui-même, alors que communiquer permet à un émetteur et un récepteur d'échanger de nombreuses informations.
07:31Si vraiment le rôle du porte-parole du gouvernement se limite uniquement à venir lire et communiquer, ça ne sert absolument à rien.
07:41Or, la réalité politique à travers le monde veut qu'un porte-parole du gouvernement, c'est quelqu'un qui porte la voix du gouvernement.
07:50Ça veut dire qu'il est en mesure d'expliquer, de recevoir et de répondre aux questions directement.
07:57Et éventuellement de répondre à la place de ses autres collègues membres de l'exécutif.
08:01Non, il parle au nom de tout le gouvernement.
08:03Ça, pour le coup, il ne le fait quasiment jamais.
08:05Le problème de ce gouvernement, c'est que la plupart des ministres ne communiquent pas, ne parlent pas.
08:12Et quand ils parlent, ils commettent des gaffes terribles.
08:16Rappelez-vous le cas du ministre de l'Enseignement.
08:19Quand une jeune députée du Parlement des Jeunes lui pose la question orale au Parlement, il perd les pédales.
08:26Il lui dit oui, on va vous répondre par écrit.
08:28Il y a beaucoup de cas comme ça qui montrent que le gouvernement a une insuffisance fonctionnelle.
08:37Surtout, il pose un problème de compétence.
08:40Ça ne veut pas dire que les gens du gouvernement ne sont pas compétents.
08:43Il y a certains ministres qui ne sont pas à leur place.
08:46Je ne vous donne que deux.
08:47La santé et l'enseignement.
08:49On avait un ministre qui communiquait bien, qui a mené sous la direction de sa majesté le problème de COVID, le ministère de la Santé.
08:56On l'enlève.
08:57On avait un autre ministre qui a eu des problèmes extraordinaires avec les enseignants, qui a réglé le problème, M. Ben Moussa.
09:06Et après, il est nommé ailleurs.
09:09On a un autre ministre...
09:11Là, pour le coup, lui, il n'a pas été sanctionné.
09:13Il était promu.
09:15Je vous ai dit, en rentrée, on ne change pas une équipe qui perd.
09:20On ne change pas une équipe qui gagne.
09:22Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne expression, mais vous l'adaptez.
09:24On ne change pas une équipe qui gagne.
09:26Il y a d'autres problèmes.
09:28Attention, cette affonie fonctionnelle ne touche pas simplement la majorité, mais aussi l'opposition.
09:37Je suis étonné de vous voir dire une telle chose.
09:42Non, l'opposition, ça ne veut pas dire que...
09:44Est-ce que vous faites partie de cette opposition ?
09:46On est dans l'opposition, mais on est l'un des rares partis qui communiquent.
09:51Bien sûr.
09:52Ça ne veut pas dire que je suis satisfait des moyens, des médias que nous avons, mais nos communicants, tant soit peu.
10:00Si le porte-parole du gouvernement peut parfois être inaudible, que dire de l'opposition ?
10:06Elle est inaudible.
10:08Elle est inaudible, la réalité, elle est là.
10:10Moi, je vous ai dit affonné fonctionnelle.
10:12Je sais, je sais.
10:14Votre réponse ne me surprend pas.
10:16Si vous aviez dit autre chose, là, pour le coup, ça aurait pu être surprenant.
10:21Mais peut-être qu'Amine Karkac aura un avis un peu plus nuancé sur le cas de Mustafa Abou Etat.
10:26Un petit peu d'indulgence vis-à-vis du cas du porte-parole du gouvernement.
10:30Mais blague à part, qu'est-ce que vous pensez de son action, de sa façon de communiquer ?
10:34Je crois qu'au-delà des points de presse de M. Baïtass et de leurs limites, c'est d'abord la stratégie de communication globale du gouvernement,
10:45qui est dysfonctionnelle sur au moins trois plans.
10:48Premièrement, ce que j'observe, c'est que le gouvernement annonce plusieurs mesures techniques,
10:54mais il a du mal à intégrer ces mesures dans un narratif qui soit émotionnel, qui soit cohérent.
11:02Ça, c'est la première des choses.
11:04Et ensuite, pour donner un exemple très concret, par exemple,
11:08lors du dernier remaniement ministériel, c'était une opportunité complètement manquée de la part du gouvernement
11:14de faire le lien entre ses nominations et sa capacité à accomplir ses objectifs de politique publique.
11:23Ce qui a alimenté la perception que c'était des nominations partisanes,
11:28qui servaient plus à protéger les intérêts politiques de la coalition au lieu de répondre aux préoccupations des Marocains.
11:35Et comme le gouvernement a du mal à intégrer ces annonces, ces mesures dans une histoire plus large,
11:42ça pose aussi l'enjeu de la connexion émotionnelle.
11:45C'est que le gouvernement a du mal à connecter avec le sentiment de colère qui règne aujourd'hui
11:52dans la population, dans un contexte de crise du coût de la vie.
11:55Et ça, c'est fatal en termes de communication politique.
11:58Ce n'est pas moi qui l'invente, c'est l'expérience.
12:01C'est beaucoup d'études expérimentales qui ont cherché à décrypter comment fonctionne le cerveau électoral
12:08et à quel type de stimuli il répond.
12:11Et ça ne sert à rien de déballer des chiffres et des statistiques pour, par exemple, dans le cas du Maroc,
12:17prouver que la situation va bien ou que les Marocains sont satisfaits.
12:21En fait, c'est que pour cultiver un lien de confiance avec les électeurs,
12:25il faut d'abord saisir quelle est leur émotion et développer un message politique qui connecte avec cette émotion-là.
12:33Et le gouvernement a vraiment une incapacité à dégager de l'empathie, en fait.
12:40Par exemple, j'ai écouté il y a quelques jours le débat entre Maître Rajdi et M. Anas Biro,
12:48membre du bureau politique du RNI, et il commence son discours par dire que les Marocains sont contents.
12:53Déconnexion totale avec l'état de l'opinion publique.
12:57Donc, à partir de ce moment, plus personne n'écoute.
12:59J'ai envie de dire que ça dépend des jours.
13:01Quand il pleut, quand tout va bien, les gens sont globalement heureux.
13:05L'état de l'opinion globale est insatisfait.
13:09En tout cas, il y a une perception que le gouvernement n'en fait pas assez.
13:13Et cette perception est d'autant plus renforcée par le retrait médiatique du chef du gouvernement.
13:19Parce que quand vous êtes face à une crise du coût de la vie, le retrait médiatique ne fait que renforcer l'idée que le gouvernement n'en fait pas assez pour contrôler la hausse des prix.
13:28Et il y a un adage en communication qui dit que si vous ne racontez pas votre propre histoire, c'est les autres qui la racontent.
13:34Et moi, je ne suis pas tout à fait d'accord quand vous dites que l'opposition est invisible.
13:38Parce que le retrait médiatique du gouvernement, de façon générale, laisse un espace qui est beaucoup occupé par le PJD.
13:45Le PJD arrive à occuper un espace que le gouvernement laisse vacant et arrive à installer cette perception que la crise du coût de la vie est reliée à des enjeux de conflits d'intérêts ou du moins de perceptions de conflits d'intérêts.
14:00Et ça, ça met le gouvernement sur la défensive.
14:05Et le gouvernement, en fait, accentue sa posture défensive avec une très mauvaise stratégie de relation avec les médias.
14:11Comme vous l'avez soulevé, les journalistes désertent de plus en plus les points de presse du porte-parole du gouvernement.
14:17Donc, premièrement, la façon avec laquelle...
14:20Non, mais je les comprends. Et puis, au fond, je les plains à mes confrères journalistes qui sont soit obligés, soit à qui on demande d'aller assister à ces points de presse.
14:29Parce que d'abord, il ne s'y passe pas grand chose.
14:32D'un point de vue journalistique, c'est très frustrant quand vous posez des questions et qu'en face, soit on vous répond à côté, soit on balaie d'un revers de la main la question posée.
14:42Et puis, c'est pénible. C'est vraiment pénible.
14:45Un exercice qui consiste à lire un communiqué et puis à donner des éléments de langage qui sont quasiment les mêmes toutes les semaines.
14:53Bon, on n'est pas dans l'échange, on n'est pas dans la communication que vous évoquez tout à l'heure.
14:58Mais peut-être que c'est assez symptomatique de la communication sous le mandat de ce gouvernement depuis 2021.
15:11Il y a un manque flagrant de communication.
15:13Certains disent qu'on préfère l'action à la communication. La communication, ça va de la communication.
15:19Mais il n'y a rien dans l'action, il n'y a rien dans la communication.
15:23Parce que quand on connaît le niveau de vie et la cherté des produits de base, c'est vraiment tout ce que dit le gouvernement.
15:30On n'a rien à voir.
15:31Ce que je voulais dire, c'est que peut-être que dans le monde de l'entreprise ou dans le secteur privé, ça, ça marche.
15:35Il faut agir. Il faut avoir des résultats.
15:37Mais en politique, la communication fait partie du rôle du politique.
15:40Le politique, quand il ne communique pas, il ne rassure pas.
15:43Il n'interagit pas avec celles et ceux qui l'ont élu.
15:47Et donc, il faillit à sa mission principale.
15:50Dans la continuité de ce qui a été dit par Emmanuel Macron, tout d'abord les apparitions mensuelles du chef de gouvernement au Parlement.
15:58Généralement, les questions sont connues à l'avance.
16:01Les réponses sont biaisées.
16:03Et les questions n'ont rien à voir avec la réalité et le vécu des Marocains.
16:07En matière de contrôle du gouvernement par les députés, les députés viennent avec une question.
16:13Il y a des questions orales, des questions écrites qui sont encore chez le gouvernement depuis au moins une année.
16:18Il n'y a pas de réponse. C'est une question écrite.
16:21Mais je vais vous raconter l'anecdote de cette question écrite.
16:24Ce sont nos confrères d'Assabar qui ont reléé l'information.
16:27Une question écrite d'un député du PPS, il me semble, adressée à la ministre de l'Économie et des Finances, qui date de 48 mois.
16:34Et là, il vient de recevoir la réponse à sa question écrite, 48 mois, deux ans après.
16:40Non mais, on est chez les fous.
16:42Ça me rappelle une autre anecdote.
16:45Dans l'ancien Parlement, avant, il n'y avait pas un délai pour répondre aux questions orales.
16:49Il y avait un député qui avait posé une question sur la sécheresse.
16:52Et la question a traîné pendant une année et demie.
16:54C'est M. Khebesh qui était ministre.
16:57Et le jour où il a répondu, il pleuvait.
16:59Il a répondu à notre question.
17:01Non mais justement, c'est peut-être que celui qui a répondu a attendu qu'il pleuve pour répondre.
17:06Alors, regardez l'horloge, il est 9h.
17:08Je suis obligé de vous arrêter.
17:11Mais je vous redonne la parole juste après le journal premier juré.
17:14Mouad Ababa vient dans quelques instants pour 1.info.
17:17Et nous, on se retrouve juste après pour la suite du débat.
17:19A tout de suite.
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25:31– Les décodeurs d'Atlantique Matin. Débat, analyse, opinion.
25:45Le réveil de l'info, c'est Atlantique Radio.
25:49– La suite des décodeurs d'Atlantique Matin,
25:52en ce lundi 17 mars 2025, nous sommes ensemble jusqu'à 9h30,
25:55toujours avec Maître Brahim Rajdi et Amine Karkhache.
25:58On parle ce matin du porte-parole du gouvernement de Moussa Fabaïtasse
26:01et de la communication gouvernementale plus globalement.
26:04Je vous ai interrompu Maître Brahim Rajdi juste avant le journal de 9h,
26:07donc je vous redonne tout naturellement la parole.
26:09– C'est toujours dans la suite du problème de communication du gouvernement.
26:13Moi, il y a un spectacle qui me révolte un petit peu
26:16quand je vois comment les députés contrôlent l'action gouvernementale.
26:20Les questions orales sont des questions écrites.
26:23Le ministre répond sur la base de questions écrites.
26:26Le député réplique, la réponse est écrite aussi.
26:29Ça, c'est un spectacle désolant.
26:31Et ce spectacle a des conséquences très graves
26:34pour la mobilisation des Marocains dans le champ politique.
26:40Ça décrédibilise un peu l'action politique
26:42et ça risque de poser un gros problème lors de prochaines gestionnances
26:46en matière d'absentéisme.
26:49Parce que la parole du gouvernement n'est pas crédible,
26:55ce qui fait que les Marocains commencent à douter de toutes les politiques.
26:58Ils mettent toutes les politiques dans le même sac
27:02et ils disent qu'il y a des politiques.
27:04Ça veut dire que, implicitement, c'est des menteurs.
27:07Et ça, c'est très grave.
27:09Ça, c'est très grave parce que les partis politiques
27:11ont un rôle constitutionnel à jouer.
27:13Et c'est pour cela que le chef de gouvernement lui-même
27:16n'admet pas la contradiction.
27:18Rappelez-vous, quand il y avait la publication
27:20de l'avis du Conseil économique, social et environnemental du 5 mai,
27:24sur le NID,
27:26ça entraînait le 9 mai une réaction.
27:29Oui, mais il a fait des émules, justement.
27:31Puisque la réaction de Mustapha Bretasson,
27:33on revient au sujet du jour,
27:35concernant l'instance de lutte contre la corruption,
27:37ça s'inscrit dans la même logique.
27:39C'est lui qui a ouvert cette porte.
27:42Parce que qu'est-ce qu'il avait dit, le chef de gouvernement ?
27:44Il a dit que le Conseil économique social
27:47sabote le travail des parasites, le travail du gouvernement.
27:53Juste après, on s'est attaqué
27:55à l'institution de lutte contre la corruption.
27:57On n'a pas pu le débarquer,
27:59mais on a touché sérieusement le budget.
28:02Ça, ce n'est pas un jeu convenable.
28:04Je veux qu'on s'y attarde un petit peu sur cet épisode,
28:07parce qu'aujourd'hui, il s'agit de faire le bilan
28:09de la communication du gouvernement,
28:12qui est incarnée par Mustapha Bretasson.
28:14Il ne s'agit pas de personnaliser effectivement le débat,
28:16mais c'est lui qui est censé porter la parole du gouvernement.
28:20Et pour tout communicant qui se respecte,
28:23c'est très, très bien qu'il ne faut pas
28:26succomber aux excès,
28:29parce que ça n'a aucun bénéfice
28:35pour l'action du gouvernement.
28:37Et c'est vrai que c'était tout sauf anodin
28:40lorsqu'il s'en était pris violemment
28:43à l'instance de lutte contre la corruption,
28:45d'autant plus que l'instance,
28:47présidée par Bachir Rajdi,
28:49je ne sais pas s'il y a un lien.
28:51Il est trop légal.
28:53D'autant plus que ce rapport,
28:55pour l'avoir consulté,
28:57n'était pas si critique que ça.
28:59Il disait juste que la corruption reste endémique dans le pays,
29:02qu'il faudrait améliorer la situation.
29:04Rien de dénigrant pour l'action politique.
29:07Et c'était un mauvais calcul,
29:09parce que quelques semaines à peine après,
29:11vous avez le rapport de Transparency International.
29:13Ils sont très critiques envers l'action gouvernementale.
29:17Et ça donnait du crédit à ce que disait
29:19l'instance de lutte contre la corruption.
29:21Oui, Amine ?
29:23C'est une erreur stratégique.
29:27J'exagère quand je dis que c'est peut-être une erreur stratégique,
29:30mais c'est une erreur politique, clairement.
29:32C'est contre-productif pour le gouvernement
29:34de s'attaquer frontalement à l'instance
29:37qui lutte contre la corruption.
29:39Parce que premièrement, ça alimente la perception
29:41que le gouvernement masque des problèmes,
29:44que le gouvernement échoue à lutter efficacement
29:48contre la corruption.
29:49Ça alimente aussi la perception que le gouvernement,
29:52au lieu de s'en prendre aux racines du problème de la corruption,
29:55il s'en prend à ceux qui dévoilent les problèmes.
29:59Donc, peut-être, ça alimente la perception
30:01que le gouvernement protège indirectement
30:04ce qui s'adonne aux actes de corruption.
30:08Du moins, c'est une perception qui est alimentée.
30:10Et donc, du coup, comme je le disais,
30:13c'est très contre-productif comme façon de faire,
30:16alors que le gouvernement aurait pu se mettre
30:18l'instance dans la poche.
30:19Il aurait pu très bien dire, écoutez, il y a un problème,
30:22on va travailler avec l'instance pour le régler
30:25et voici ce que le gouvernement fait.
30:27En fait, c'est que le gouvernement voit les choses
30:29de façon très binaire.
30:30Ou vous êtes avec nous, ou vous êtes contre nous.
30:32Et cette opposition, ou plutôt cette confrontation stérile
30:36est contre-productive parce que le gouvernement
30:38peut s'appuyer sur les recommandations,
30:40sur le rapport de la commission ou de l'instance
30:43pour dire que voilà, l'instance dit qu'on fait des choses,
30:46c'est peut-être pas encore suffisant,
30:48mais on est dans la bonne direction.
30:50Et ça, ça permet de neutraliser la crise
30:52au lieu d'en créer une.
30:53Et finalement, je parlais de connexion émotionnelle,
30:56là où le gouvernement a le plus de difficultés.
30:58En fait, le discours du gouvernement
31:00crée une dissonance cognitive.
31:02Et ça brise, en fait, un principe de base
31:04dans la communication narrative
31:06qu'on appelle la congruence et l'incongruence.
31:10Alors, je vais éviter de trop m'enfoncer dans les jargons.
31:15C'est encore trop tôt le matin.
31:17C'est un lundi matin, il ne faut pas trop...
31:19Mais la façon de simplifier ça,
31:21c'est de parler de dissonance cognitive.
31:23Parce que quand vous abordez deux fronts,
31:25les Marocains, en leur disant que les Marocains sont contents,
31:29que l'économie, que le coût de la vie, par exemple,
31:33que l'inflation est contrôlée,
31:35même si techniquement, le taux d'inflation est baissé,
31:38a baissé au cours des derniers mois.
31:41Mais le ressenti est autre.
31:42Voilà. En fait, quand vous avez un message
31:44qui est déconnecté avec le ressenti,
31:45ça crée une dissonance cognitive.
31:46Et cette dissonance cognitive,
31:48elle mine la confiance des Marocains
31:50et limite la capacité des Marocains
31:52à adhérer à l'action du gouvernement.
31:54Et mon dernier point, c'est le suivant,
31:56c'est qu'aujourd'hui, le gouvernement, justement,
31:58il a un problème de lien de confiance
32:00qu'il doit cultiver.
32:01Et pour le cultiver,
32:02je crois que le gouvernement doit s'appuyer, en fait,
32:04sur le nouvel écosystème médiatique
32:06qui se développe au Maroc,
32:07qui est beaucoup plus fragmenté et décentralisé,
32:09notamment avec l'émergence des podcasts.
32:11Et il doit justement s'appuyer sur ces podcasts,
32:14entre autres, pour élargir...
32:16Oui, mais si c'est pour tenir le même discours
32:18de non-vérité, ça ne sert à rien.
32:20Et c'est ce qu'ils font.
32:22Ne vous inquiétez pas.
32:24Ils ont investi tous les terrains.
32:26Les médias classiques, les médias alternatifs,
32:28les nouveaux médias, ils sont partout.
32:30L'alternative, pour moi, c'est d'élargir la discussion
32:32au-delà de la politique partisane
32:34et de parler, en fait, de la personne.
32:36Par exemple, M. Arnouge pourrait se présenter
32:38et parler de lui.
32:39C'est quoi son équipe de foot préférée ?
32:41Raconter sa vie personnelle.
32:42Mais c'est le genre de storytelling
32:44qui permet de nouer le lien de confiance.
32:46Je pense qu'un démocrate doit accepter
32:48la contradiction.
32:50Et après, l'information de M. Karim Dronet...
32:52Je vous donne la parole, bien sûr.
32:54Voilà, vous avez tout compris.
32:55Vous êtes un habitué.
32:56Vous avez tout compris.
32:579h15, c'est l'heure du Point Info
32:59de Karim Dronet.
33:00À tout de suite.
33:29Sous-titrage Société Radio-Canada
33:59Sous-titrage Société Radio-Canada
34:29Les décodeurs d'Atlantique Matin.
34:57Suite et fin des décodeurs d'Atlantique Matin.
34:59Toujours avec Amine Karkach et M. Ibrahim Rajdi.
35:02La parole est à vous.
35:03Une petite conclusion.
35:04Je suis un petit peu choqué
35:06par ces querelles stériles
35:08qui ne facilitent pas l'adhésion des masses,
35:11des citoyens marocains à la politique
35:13et décrédibilisent les acteurs politiques
35:16et rendent leurs discours archaïques,
35:18inaudibles et inadaptés à la réalité,
35:20au problème essentiel des citoyens.
35:22Ça, je pense que tous citoyens marocains,
35:25tous patriotes,
35:26doivent vraiment s'inscrire dans cette phase
35:29pour lutter contre ces choses-là
35:31pour ne pas démotiver les Marocains.
35:34Et malheureusement, rien n'est fait dans ce sens.
35:39Alors, je vais rapidement...
35:41J'ai deux questions à vous poser.
35:42D'abord sur cette phrase devenue culte désormais
35:46que j'ai citée en introduction
35:48concernant l'affaire de ce vendeur de poissons à Marrakech
35:54qui a bradé les prix,
35:56notamment des sardines à 5 diames, etc.
35:59Il y a eu une question qui a été posée à Mustafa Baytas
36:01lors d'un point de presse sur ce que révèle
36:04cette affaire au fond,
36:05à savoir les spéculateurs et les intermédiaires
36:07qui plombent les circuits économiques.
36:10Et la réponse de Mustafa Baytas,
36:13je vous la redonne,
36:15la démarche du poissonnier de Marrakech
36:16est en phase avec l'engagement du gouvernement.
36:18Ça fait sourire les uns, ça fait pleurer les autres,
36:21mais ce qu'il en reste n'est pas très glorieux.
36:27Là, on a atteint un niveau
36:31où la déconnexion totale
36:33entre le discours politique et la réalité
36:35est mise en lumière devant tout le monde.
36:38Amine Kharkech.
36:39Effectivement, c'est une mauvaise tentative
36:42de récupération politique
36:44de la part du gouvernement.
36:47Et au-delà de ça,
36:50en fait, il y a des lumières jaunes,
36:53voire des lumières rouges qui s'allument
36:55concernant la prochaine élection pour le RNI.
36:58Moi, je crois que la prochaine élection,
37:00celle de 2026,
37:02sera tirée par les forces du changement
37:04vu le contexte dans lequel
37:06le crise du coût de la vie
37:08alimente le taux d'insatisfaction des citoyens.
37:11Et si la tendance se maintient,
37:13c'est-à-dire si le RNI ne modifie pas
37:15de façon sérieuse sa stratégie de communication,
37:18la question de l'urne qui risque de se poser,
37:20c'est moins est-ce que le RNI doit
37:23ou ne doit pas rester,
37:24mais c'est plus qui va remplacer le RNI
37:26et quel type de changement les Marocains veulent.
37:28Et le défi pour le RNI va être
37:30d'incarner le changement
37:32afin de contenir le taux d'insatisfaction
37:34des Marocains.
37:36Et ce n'est pas en faisant de la récupération
37:39politique de dernière minute
37:41qui va réussir à...
37:43En fait, ça ne remplace pas un réel plan
37:45pour lutter contre la crise du coût de la vie
37:47et ça ne remplace pas une réelle stratégie de communication.
37:49Tiens, en parlant de la prochaine échéance électorale,
37:53ça approche très vite,
37:54on est à un an et demi des prochaines élections
37:56et j'ai remarqué quelque chose.
37:58Parce que bon, si on regarde
38:00la configuration politique actuelle,
38:02il est fort à parier que
38:05c'est l'un des trois partis de la majorité actuelle,
38:07je ne dis pas ça pour vous chagriner,
38:09mais c'est la réalité,
38:10qui sera en mesure de peut-être briller
38:12lors des prochaines élections.
38:14Mais j'ai remarqué quelque chose,
38:15c'est que certaines figures
38:17des autres partis de la majorité,
38:19du PAM et de l'ISRC-Lel,
38:21mais surtout du PAM,
38:23commencent à prendre leur distance
38:25par rapport au RENI.
38:27Notamment sur cette question du défaut de communication.
38:30J'ai en mémoire, j'espère ne pas me tromper,
38:32Mehdi Ben Saïd,
38:34qui déplorait le fait que ses collègues ministres,
38:36sans les nommer,
38:38ne prennent pas assez la parole pour expliquer,
38:40pour vulgariser leur travail.
38:42Malheureusement, quand ils prennent la parole,
38:44ils disent des choses qui ne sont pas admissibles.
38:46Je vous donne un exemple.
38:48Monsieur Mezout, lors d'une émission télévisée,
38:50il avait dit,
38:52pour la chèreté des viandes rouges,
38:54il y a 18 spéculateurs, on les connaît.
38:56Monsieur le ministre de l'agriculture...
38:58Pourquoi c'est inacceptable, ça ?
39:00J'en termine.
39:02Monsieur le ministre de l'agriculture
39:04vient nous dire,
39:06il ne connaît pas les spéculateurs,
39:08alors qu'ils se mettent d'accord.
39:10Parce qu'il y a une solidarité gouvernementale.
39:12Si un ministre dit
39:14il y a 18 spéculateurs,
39:16l'autre, c'est dans le journal Sabah,
39:18il l'a dit lui-même.
39:20On ne comprend plus rien.
39:22Et l'autre question que vous voulez poser,
39:24c'était quoi ?
39:26C'était par rapport à certaines figures
39:28de la majorité gouvernementale,
39:30du PAM, notamment,
39:32qui se démarquent par rapport à...
39:34Je ne suis pas d'accord avec vous.
39:36Si on supprime l'argent dans les élections,
39:38l'argent sale qu'ils utilisent dans les élections,
39:40on aura d'autres résultats.
39:42Parce que,
39:44les dernières élections
39:46de 2021,
39:48l'argent a coulé à flots.
39:50Et c'est pour ça que j'ai dit ailleurs
39:52qu'il n'y a aucune réforme sérieuse
39:54en matière de changement
39:56du code électoral
39:58pour éviter
40:00que l'on... Vraiment avec un taux
40:02d'absentisme très, très,
40:04très important, même pas 17%
40:06qui ont voté, dans la réalité.
40:08Donc, s'il y a l'argent encore,
40:10votre prophétie
40:12peut se réaliser. Mais si on supprime l'argent
40:14et on revoit le code électoral,
40:16il y aura d'autres surprises, monsieur.
40:18Ce n'est pas une prophétie ou un souhait,
40:20mais c'est juste une projection factuelle
40:22compte tenu des différents éléments dont je dispose
40:24aujourd'hui. C'est à dire que je me trompe.
40:26Mais tous les gens sérieux
40:28qui s'intéressent à la question estiment
40:30que ça va se jouer entre les trois...
40:32Le citoyen qui a vendu sa voix
40:34à 400, 500 dirhams en 2021,
40:36avec ce qui s'est passé actuellement,
40:38s'il la revend, en plus, ça veut dire que c'est
40:40la fin de la politique. – En parlant de corruption,
40:42à chaque fois on dit la même chose.
40:44Et le corrupteur et le corrompu
40:46sont tous les deux responsables
40:48et coupables de
40:50l'acte de corruption.
40:52– Il y a eu des sanctions, mais pas pour d'autres raisons.
40:54– Oui.
40:56Bon, il nous reste moins de 10 minutes.
40:58Vous voulez qu'on parle de Donald Trump ?
41:00Parce que j'ai vu une déclaration
41:02assez intéressante,
41:04assez intrigante d'ailleurs,
41:06concernant l'action du président
41:08américain qui serait
41:10plus nocif, plus dangereux
41:12que
41:14le Covid pour l'économie mondiale.
41:16Et il me semble
41:18que c'est le représentant
41:22de la BCE
41:24qui l'a déclaré.
41:26Et c'est vrai qu'il y a une certaine forme
41:28de réalité
41:30dans cette prise de parole et dans cette phrase.
41:32Chacune de ces mesures,
41:34chacune de ces prises de parole
41:36fait vaciller les marchés
41:38boursiers à l'échelle mondiale.
41:40Des économies entières s'inquiètent.
41:42Des pays aujourd'hui sont
41:44à la limite
41:46de la rupture
41:48ou de la catastrophe économique.
41:50Si effectivement les menaces
41:52de Donald Trump sont exécutées,
41:54quoique ces derniers temps on a vu qu'on était plus
41:56dans le grand bluff que dans
41:58les actions concrètes pour
42:00contraindre ses adversaires
42:02ou ses partenaires à faire
42:04ce qu'il a envie de faire.
42:06Mais la question
42:08est la suivante. Est-ce qu'effectivement c'est
42:10un danger public pour l'économie
42:12mondiale, Donald Trump, que ce soit
42:14à travers ses menaces ou les mesures
42:16qu'il prend ou est-ce que
42:18on est dans l'exagération
42:20du représentant de la BCE ?
42:22Je crois que pour remettre un peu
42:24les choses dans leur contexte,
42:26M. Trump a été élu
42:28sur la promesse de rebâtir
42:30l'industrie
42:32manufacturière aux Etats-Unis
42:34et de relocaliser les emplois. Donc M. Trump,
42:36pour accomplir cet objectif,
42:38il estime que les principes de
42:40gouvernance du système commercial
42:42international, tels qu'ils ont été
42:44créés par les
42:46Etats-Unis, entre autres, et tels
42:48qu'ils ont fonctionné ces dernières années,
42:50ne sont plus compatibles
42:52avec cet objectif. Mais c'est ça qui est paradoxal, parce que
42:54c'est un système qui est favorable aux Américains
42:56à la base. En fait, c'est un système
42:58qui est favorable. Je ne sais pas
43:00à quel point il est favorable. Vous venez de le dire, c'est eux
43:02qui l'ont imposé. Oui, mais ils l'ont imposé, mais ça
43:04ne veut pas dire qu'ils ont joué...
43:06Ça ne veut pas dire qu'ils ont respecté
43:08les règles du jeu du commerce
43:10international pendant toutes ces années.
43:12Et je crois que M. Trump...
43:14Enfin, si on compare un peu
43:16M. Trump avec M. Biden,
43:18par exemple, M. Biden partageait cet objectif,
43:20mais lui, au lieu d'y aller agressivement
43:22avec des tarifs, il préférait plutôt injecter
43:24des subventions
43:26dans l'économie américaine pour
43:28aider les entreprises à
43:30redévelopper
43:32justement le secteur manufacturier.
43:34Donc, M. Trump est en train de complètement
43:36déstabiliser
43:38le système commercial
43:40international. Et effectivement,
43:42c'est que
43:44les chaînes d'approvisionnement sont tellement
43:46intégrées d'une part
43:48et d'autre que... Que tout le monde peut être
43:50impacté, notamment nous. Voilà. Mais maintenant,
43:52la vraie question qui se pose, c'est, en fait,
43:54parce que tout ça, bien sûr, a un prix politique
43:56pour M. Trump. Parce que oui, il a été élu pour
43:58rebâtir l'industrie manufacturière, mais il a
44:00aussi été élu pour rendre la vie
44:02plus abordable aux Américains. Et ça va
44:04être, en fait, à quel point M. Trump va
44:06résister aux pressions internes, que ce soit
44:08de ses entreprises, de ses électeurs,
44:10des consommateurs, de ses propres élus républicains.
44:12À quel point il va résister
44:14aux pressions internes pour maintenir
44:16ces tarifs ?
44:18Parce que lui, il me dit...
44:20Il n'a pas résisté longtemps.
44:22Le report des taxes imposées au
44:24Canada rentre dans cette logique. Parce que les
44:26industriels, notamment les
44:28travailleurs du secteur automobile américain,
44:30se sont opposés
44:32à cette... C'est une question de rapport de force politique.
44:34M. Trump veut imposer
44:36un nouveau système...
44:38Enfin, M. Trump veut imposer
44:40une nouvelle logique économique
44:42et cette logique-là, il faut
44:44qu'il ait les coups d'effronge sur le plan politique.
44:46Maître Brammer, je me tourne vers le professeur
44:48d'économie que vous êtes. Qu'est-ce que vous pensez de la
44:50politique de Trump ? Il y a un attelage
44:52Trump-Musk.
44:54Ce n'est pas Trump qui décide. Vous l'avez
44:56vu même dans les conférences importantes.
44:58Non, même dans les conférences importantes,
45:00c'est le vice-président qui est
45:02avec lui, qui parle en sa présence.
45:04Nous l'avons vu quand il avait reçu
45:06Zelensky. Oui, mais c'est
45:08Donald Trump qui décide. Oui, il décide.
45:10Aujourd'hui, je pense que
45:12l'attelage Trump-Musk
45:14constitue un danger pour l'Amérique
45:16qui est devenue insondable.
45:18L'Amérique est devenue insondable. D'ailleurs, la
45:20bourse de New York commence à chuter.
45:22Après deux mois de prise de
45:24fonction, il a pris
45:26des décisions et contre-décisions
45:28avec les relations avec le Canada,
45:30avec tous les pays.
45:32Il n'y a pas une continuité, il n'y a pas
45:34une ligne politique et économique de
45:36M. Trump. Moi, ce qui me fait
45:38peur, c'est que
45:40cet attelage
45:42est baroque.
45:44L'attelage Trump-Musk
45:46est bizarre. Musk, il est même
45:48impliqué dans des problèmes d'initiés
45:50en matière de
45:52monopole sur certaines techs.
45:54Ça, c'est un problème qui va avoir
45:56des répercussions négatives sur l'économie
45:58américaine. D'autant plus que
46:00aujourd'hui,
46:02avec les décisions
46:04de Trump,
46:06et le revirement qu'il prend dans deux,
46:08il y a seulement un contre-coup. Ce sont les juges
46:10qui annulent un certain nombre de décisions de Trump
46:12qui n'ont pas un sens économique,
46:14qui ne sont pas bénéfiques pour les Américains.
46:16Les Américains commencent à se poser des
46:18questions pourquoi ils ont voté pour Trump.
46:20Et nous allons le voir lors des
46:22prochaines élections,
46:24vraiment, il y aura beaucoup de problèmes.
46:26Il y a autre chose. Le parti
46:28républicain est
46:30inexistant. Il est actuellement dominé
46:32par MAGA, Make America Great
46:34Again. Ça y est, c'est le parti qui
46:36remplace le parti républicain. Et les
46:38députés ont peur de Trump, parce qu'ils ont
46:40peur de ne pas être réélus. Ce qui
46:42fait que cette situation a des répercussions sur le
46:44plan international. Et aujourd'hui,
46:46en Europe, on considère que Poutine-Trump
46:48peuvent vraiment être
46:50à l'origine
46:52ou déclenche
46:54une troisième guerre mondiale. C'est lui qu'on a parlé.
46:56C'est Trump qui a parlé de la troisième guerre mondiale.
46:58Mais il en parle pour dire qu'il fait tout pour l'éviter.
47:00Mais le sursaut, c'est que les
47:02Européens commencent à bouger et à voir leur défense.
47:04Merci beaucoup, messieurs. 9h30,
47:06c'est la fin déjà de cette émission. On aurait pu continuer
47:08sans parler, mais il faut rendre l'antenne à un moment donné.
47:10Merci beaucoup, Amine. Merci,
47:12Maître Ebrahim Rajdi. Bon lundi.
47:14Bon début de semaine. Merci beaucoup.
47:16Et à la prochaine pour d'autres sujets de débat
47:18sur Atlantica Radio.

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