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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00A 19h, ravie de vous retrouver ce soir. On commence avec l'info de Maureen Vidal, bonsoir ma belle.
00:07Bonsoir Christine, bonsoir à tous, à la ligne de l'actualité.
00:10Donald Trump estime que l'annexion du Groenland par les Etats-Unis va finir par arriver.
00:15Cela favoriserait la sécurité nationale selon le président américain.
00:19Le Groenland est un territoire autonome qui appartient au Danemark.
00:22Le nombre de cas de méningite particulièrement élevé en ce début 2025 en France.
00:26Santé publique France alerte sur le risque de cas agroupés et insiste sur la vaccination des nourrissons adolescents voire jeunes adultes.
00:3295 cas de méningite ont été observés en janvier et 89 en février, un niveau très supérieur aux années précédentes.
00:39Et après 6 mois d'absence, Kylian Mbappé est de retour en équipe de France pour affronter la Croatie en Ligue des Nations.
00:45Il a été rappelé par le sélectionneur Didier Deschamps qui a souligné qu'il restera le capitaine des Bleus.
00:50La Ligue des Nations se déroulera du 20 au 23 mars prochain.
00:55Merci ma chère Maureen.
00:57Et au sommaire ce soir, Donald Trump salue l'acceptation de Vladimir Poutine concernant la trêve, même s'il y a certaines réserves.
01:07Sommes-nous à un tournant dans la guerre ?
01:10Alors que la paix semble se profiler, comment comprendre que, face à la menace russe, le service militaire puisse être relancé en France ?
01:19L'édito de Mathieu Boccotti.
01:22Face à la menace russe, un emprunt forcé pourrait être envisagé pour financer l'effort de guerre.
01:27De quoi s'agit-il ? Pourquoi les solutions pour diminuer les dépenses publiques n'ont-elles jamais été trouvées pour le budget,
01:34alors qu'elles se multiplient pour les dépenses militaires ?
01:37L'analyse de Gabrielle Cluzel.
01:40Face à la menace de l'immigration massive, l'Union européenne souhaite ouvrir la porte à des hubs de migrants illégaux situés hors d'Europe
01:49afin de mieux maîtriser les flux. Est-ce réellement une avancée ?
01:53S'inspirer de la méthode italienne qui avait été décriée peut sembler une avancée,
01:57mais si un pays comme l'Espagne, au sein de l'espace Schengen, ouvre toutes ses portes à l'immigration,
02:03n'est-ce pas un coup d'épée dans l'eau ? Le regard d'Éric Tegner.
02:07Face à la menace russe, Gérald Darmanin déclare sur son radio
02:10« Ce sont des citoyens russes qui ont tué Samuel Paty et Dominique Bernard ».
02:14La porte-parole du gouvernement rappelle également l'auteur de la mort de Samuel Paty.
02:18Pourquoi est-il gênant d'utiliser soudainement ces crimes pour crédibiliser la menace russe ?
02:24Le décryptage de Charlotte Dornelas.
02:26Face à la menace russe, Emmanuel Macron gagne des points dans les sondages,
02:31comme à chaque fois qu'un président aborde des questions de défense en tant que chef des armées.
02:36Mais est-il plus fort ou plus faible que jamais ? L'édito de Mathieu Bocoté.
02:41Une heure avec nos mousquetaires pour tout se dire et sans tabou avec un invité tout à l'heure.
02:47C'est parti.
03:00L'idée d'une trêve est bonne.
03:02Qui a dit cela ? Vladimir Poutine et on l'écoute.
03:08L'idée est bonne, nous la soutenons bien sûr.
03:11Mais il y a encore quelques questions dont nous devons parler.
03:18Je pense que nous devons discuter avec nos partenaires américains.
03:24Peut-être faire un appel avec M. Trump.
03:26Mais l'idée elle-même d'arrêter le conflit.
03:28Par les moyens pacifiques, nous soutenons cette idée.
03:32Alors, la Russie accepte donc la trêve proposée par Donald Trump,
03:36même s'il veut aller plus loin.
03:38Mathieu Bocoté réclame, je cite, une paix durable, c'est ce qu'il réclame.
03:42Sommes-nous quand même enfin à un tournant dans cette guerre ?
03:47Possiblement.
03:48C'est-à-dire, évitons les certitudes exagérées avec les gens qui nous dirigent.
03:51Mais possiblement, parce que les deux choses sont différentes.
03:57Mais possiblement parce que les deux chefs d'empire, Vladimir Poutine et Donald Trump,
04:03semblent s'entendre sur la possibilité d'abord d'une trêve, c'est le feu,
04:08et ensuite qui permettrait de construire la paix à venir.
04:13Une surprise quand même, puisque plusieurs disaient que Vladimir Poutine
04:16n'accepterait pas la proposition des Américains soutenue par les Ukrainiens,
04:21parce que les Russes disent qu'on ne veut pas une trêve dans leur esprit.
04:24Une trêve, ça donne l'occasion à l'Ukraine de se réarmer et de poursuivre la guerre.
04:30Ce que les Russes disent, non, ce n'est pas ce qu'on veut.
04:32Nous, ce qu'on veut, c'est une paix durable.
04:34Donc là, il y a une acceptation de la part de Poutine.
04:36Plusieurs jugent que c'est surprenant.
04:38Ajoutez un élément, Poutine dit, il y a des nuances, cela dit.
04:43Donc on comprend que ce n'est pas une adhésion inconditionnelle,
04:46mais il y a l'ouverture d'un dialogue.
04:48Au cœur de ça, je précise, il y a la volonté de la Russie
04:52de repousser une fois pour toutes les troupes ukrainiennes
04:55qui occupent une partie du territoire russe autour de Kursk depuis sept mois, je crois.
04:59Donc la Russie, globalement, dit qu'on va faire une paix territoriale
05:02une fois qu'on aura chassé les derniers Ukrainiens du territoire russe.
05:06Ça fait partie du calcul de Vladimir Poutine.
05:09Donald Trump, de son côté, nous dit, c'est une réponse intéressante, mais incomplète.
05:14Il ne faut pas oublier qu'hier ou avant-hier, il avait dit,
05:17si les Russes ne veulent pas prendre au sérieux la trêve et la possibilité d'une paix,
05:20alors je pourrais envoyer des sanctions économiques encore plus vives.
05:24Autrement dit, j'ai encore des armes pour vous affaiblir si vous n'acceptez pas.
05:28Donc on est vraiment dans un jeu diplomatique assez subtil et brutal tout à la fois.
05:34Et là, évidemment, on va être dans ce moment où les analystes vont avoir l'esprit un peu confus,
05:39parce que les Russes, lorsqu'ils disent, on souhaite régler ça par la paix,
05:43on ne veut pas que la guerre se poursuive,
05:45le réflexe de l'occidental normal correctement civilisé dit,
05:49mais c'est quand même vous qui avez attaqué, vous voulez la paix après avoir agressé.
05:52On doit simplement, puis de l'autre côté, les Ukrainiens disent,
05:55on veut la paix, mais on voudrait quand même restaurer,
05:58si la paix, c'est la capitulation, on ne veut pas.
06:00Pourtant, on a une espèce de zone d'accord potentielle ici, pourquoi?
06:03Parce que tous ont probablement intérêt, à court et moyen terme,
06:06à ce que le conflit, les violences soient suspendues.
06:10Donc chacun aura sa propre manière de voir le récit.
06:14Les Russes peuvent dire, on a gagné, regardez, on a du territoire nouveau.
06:17Les Ukrainiens peuvent dire, on a quand même réussi à gagner,
06:19on a maintenu notre existence étatique.
06:21Les Américains peuvent dire, on a gagné, on a le début d'une trêve.
06:24Quoi qu'il en soit, on voit cette situation.
06:26Et au même moment, alors que se profile la possibilité d'une paix en France,
06:31en Europe occidentale, on parle, pour la première fois depuis très longtemps,
06:34du service militaire à restaurer.
06:36Alors justement, alors que la paix se rapproche,
06:38la restauration du service militaire en France en 2025 se dessine.
06:43Sondage, déclaration qui se multiplient.
06:46De quoi cette étrange séquence est-elle le nom ?
06:49Je pense que quand on parle de mobilisation générale,
06:52on arrive à ce point d'aboutissement.
06:54Mobilisation d'abord de la parole publique.
06:56Tous doivent encourager l'esprit du « nous avons la menace russe ».
06:59Tous doivent répéter la chose de la même manière.
07:02Et si on ne le fait pas, on est pro-russes, on en a beaucoup parlé ces jours-ci.
07:05Mobilisation des avoirs du pays, avec la confiscation possible de l'épargne.
07:09On l'a compris.
07:10Mobilisation des forces politiques.
07:12Il n'est pas permis en ce moment de remettre en question
07:14la vision géopolitique de l'Élysée sans se faire accuser, encore une fois,
07:17de trahir les intérêts nationaux.
07:19Mobilisation de l'industrie, on s'en doutait.
07:21Et maintenant, l'inévitable, la mobilisation des corps.
07:24La mobilisation de la jeunesse.
07:26Il faut des hommes et des femmes, et des « iels » probablement,
07:28pour se battre aujourd'hui.
07:30Donc dès lors, si on dit qu'on veut faire la guerre,
07:32si on veut être capable de faire la guerre,
07:34il faut mobiliser des hommes et des femmes.
07:36Alors l'enjeu, c'est qui aujourd'hui est prêt spontanément à prendre les armes ?
07:40Pour son pays, c'est déjà compliqué.
07:42Pour l'Europe, c'est encore plus compliqué.
07:45Et si on dit que vous prendrez les armes et que vous risquez de mourir pour l'Ukraine,
07:48ce n'est pas mépriser les Ukrainiens que de constater
07:50que si les Ukrainiens eux-mêmes sont prêts à mourir pour leur pays,
07:52je ne suis pas certain qu'ils seraient prêts à mourir pour la France.
07:54Et inversement, est-ce que les Français sont prêts à mourir pour l'Ukraine ?
07:57On verra.
07:58Mais pour l'instant, on cherche à nous convaincre que peut-être que oui.
08:01On cherche à nous convaincre.
08:03Un centre de réflexion destin commun pour le journal Ouest France
08:06a fait un sondage qui explique que 61% des Français
08:09se disent favorables au rétablissement du service militaire.
08:12Incroyable !
08:13Je précise, je suis persuadé que ces 61% des Français-là
08:15ne risquent pas de faire le service militaire eux-mêmes.
08:17On est toujours prêts à envoyer l'autre se battre à mort pour le pays.
08:21On connaît ça par cœur.
08:23Je note que dans l'actualité, si on regarde ce qu'on nous raconte,
08:26les pays, on nous raconte en fait que plusieurs pays
08:29aujourd'hui redécouvrent le service militaire.
08:31Depuis quelques temps, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie,
08:35on peut comprendre vu leur situation, ils sont voisins directement des Russes.
08:39La Finlande, la Suède, l'Autriche, le Danemark, la Grèce, Chypre, la Croatie.
08:45Donc là, on nous fait le récit d'une Europe qui se réarme aussi
08:49en envisageant le retour du service militaire.
08:52On nous dit que l'Allemagne y pense.
08:54L'Allemagne pense finalement à renouer avec le service militaire.
08:58On a des déclarations qui se multiplient dans la vie publique.
09:01Je me moquais hier gentiment de ma chambre Meryl,
09:03qui est quand même mon personnage de la semaine,
09:05qui dit que c'est tellement beau cette jeunesse qui oublie de s'amuser
09:08et les plaisirs futiles et qui est prête à aller se battre la guerre.
09:12Mais allez-y madame, ne vous gênez pas,
09:14si ça vous enthousiasme tant que ça, quoi qu'il en soit.
09:17Et là, quand on trouve à la télé un jeune qui est favorable au service militaire,
09:20on nous le présente en disant voilà ce jeune qui représente aujourd'hui la jeunesse de France.
09:24J'ai quelquefois l'impression, mais je me trompe peut-être parce que je suis trop cynique,
09:27qu'on est devant une campagne de propagande
09:29pour nous faire accepter à tout prix la possibilité du service militaire.
09:33Et je ne peux pas m'empêcher de me dire que si on cherche à l'imposer,
09:37c'est parce qu'on veut conditionner l'opinion à cette idée que demain,
09:40il sera nécessaire effectivement de prendre les armes loin à l'Est.
09:43Mais tel rétablissement serait-il possible ou souhaitable?
09:47Le possible, c'est la question.
09:49On a entendu cette semaine, en fait, je dirais le service militaire,
09:51c'est une passion de civils, j'ai l'impression, bien davantage qu'une militaire.
09:54Les civils prêtent mille virtus au service militaire.
09:56Ça permet de brasser les populations, de redonner un sens civique.
09:59C'est merveilleux.
10:00Les militaires disent, s'il vous plaît,
10:02on n'a peut-être juste pas les moyens d'utiliser l'ensemble.
10:05Est-ce qu'on doit vraiment utiliser les forces de l'armée
10:07pour former une nouvelle génération?
10:09Ainsi, est-ce qu'on a les lieux pour, comment dire,
10:13installer les conscrits, en fait, les appeler?
10:16Est-ce qu'on a les barraques?
10:18Est-ce qu'on a, en fait, tout ce qu'il faut pour être capable d'installer les gens
10:20pour leur faire faire le service militaire?
10:22Plusieurs disent, la vraie question, c'est celle plutôt de la réserve.
10:26Une réserve, donc il faut constituer la réserve,
10:28il faut renforcer les moyens d'armée régulière,
10:30mais le service militaire est une forme d'illusion,
10:32plus un slogan qu'autre chose.
10:34Une autre question qui traîne un peu dans le débat public,
10:36qui m'a frappé, parce qu'un rapport de 1991 est ressorti,
10:39est-ce que tous les Français, quelles que soient leurs origines, disons ça ainsi,
10:42seraient prêts à ce service militaire?
10:45Au lieu, un rapport de 1991 notait, notait,
10:48qu'il y a une difficulté avec les communautés issues du Maghreb,
10:51disait-on à l'époque, on disait les Beurs, je note, c'est dans le document de l'INA,
10:54donc une difficulté avec les populations issues du Maghreb
10:57qui, globalement, ne veulent pas faire le service militaire,
11:00disait-on à l'époque, et lorsqu'ils le faisaient, ça ne se passait pas nécessairement bien.
11:03En 1991, ce n'est pas moi qui le dis, je cite un rapport,
11:06est-ce que la situation s'est améliorée en matière d'intégration depuis 1991,
11:10notamment la question de l'islam quand il est temps de contester l'autorité,
11:13est-ce que ça s'est amélioré depuis 1991,
11:15ou est-ce que la situation s'est dégradée?
11:17Je laisse à chacun la possibilité d'en juger.
11:19Cela dit, je reviens, ce sera mon point final,
11:22sur le plan militaire, le service militaire, son restauration me semble improbable.
11:26Mais ce qui est non seulement probable, mais réel en ce moment,
11:29c'est un conditionnement mental des Français à la possibilité de la mobilisation générale
11:34pour les inscrire dans un schéma politique et moral
11:37où la guerre à l'Est redevient une possibilité à court ou moyen terme.
11:42Une guerre redoutée, une guerre qui n'est pas désirée, je n'en doute pas,
11:45mais cela dit, il y a un conditionnement mental
11:48et le discours sur le service militaire que tous reprennent en ce moment
11:51participe, je crois, à ce conditionnement mental de l'opinion.
11:55Merci pour votre regard, Mathieu Bocoté.
11:57Dans un instant, on va essayer de comprendre
11:59est-ce que cette menace russe a aidé ou pas Emmanuel Macron,
12:04puisqu'en revenant un peu sur les sondages,
12:07on voit que les sondages ont quand même pulsé.
12:09On va analyser tout ça.
12:10Dans un instant, on va recevoir un invité exceptionnel,
12:13Christophe Guerreiro, ancien recteur de l'Académie de Paris,
12:18ancien directeur de cabinet, tenez-vous bien, de Jean-Michel Blanquer
12:22lorsqu'il était ministre de l'Éducation nationale.
12:24Pourquoi il a claqué la porte en tant que recteur ?
12:29Il nous dira pourquoi.
12:30On lui pondra toutes les questions sur l'école.
12:32Il est fervent défenseur de l'égalité des chances.
12:35Qu'est-ce qu'il en pense réellement ?
12:37La violence à l'école, les couteaux à l'école, l'islamisation à l'école ?
12:39Beaucoup de questions.
12:40Beaucoup de questions.
12:41On reçoit Christophe Guerreiro en exclusivité pour la sortie de son livre.
12:45Aujourd'hui, dans un instant.
12:47On marque une pause et on revient tout de suite avec Gabriel Cluzel
12:51sur cet emprunt forcé pour l'effort de guerre.
12:54A tout de suite.
12:58C'est intéressant de constater que les solutions pour baisser
13:02les dépenses publiques face aux dérapages inédits
13:05n'ont jamais été trouvées.
13:07Mais pour la guerre, tout avance très vite.
13:11Et pour financer la guerre.
13:12Gabriel Cluzel, pour faire face à cet effort de guerre,
13:14à la minc, a par exemple proposé la mise en place,
13:17je cite, dans un emprunt forcé.
13:19De quoi s'agit-il ?
13:21Oui, vous savez, nous en avions parlé.
13:23Nous nous demandions comment allait être financé cet effort de guerre.
13:25Alors Alain Minc, qui murmure à l'oreille des chevaux,
13:29enfin à l'oreille de nos grands politiques,
13:31a suggéré cette idée.
13:33Donc ce n'est pas n'importe qui Alain Minc.
13:35Pour lui, ça permettrait de mobiliser les citoyens
13:38sans alourdir l'impôt et en évitant d'inclure les gens modestes.
13:45On imposerait aux contribuables assujettis à l'impôt sur le revenu
13:49un prêt à l'État équivalent à la moitié de leur impôt de l'année passée.
13:56L'État rembourserait cette créance dans 5 ans, à peu près.
14:03Avec un taux compris entre 3 % et 4 %, explique-t-il.
14:07Tout est merveilleux.
14:09Il faut savoir qu'en 2023, l'impôt sur le revenu a rapporté à l'État
14:13plus de 82 milliards d'euros.
14:15Alain Minc table sur 40 milliards.
14:19Moins de la moitié des foyers fiscaux sont assujettis.
14:22Le montant moyen de l'impôt est de 4 663 euros.
14:26La pression est la plus forte sur les revenus les plus importants.
14:31Alain Minc dit que si cette solution n'était pas retenue,
14:35on serait obligés de faire autre chose,
14:37c'est la suppression de trois jours fériés.
14:39Compte tenu du climat politique en France,
14:41ça ne sera pas possible de l'imposer.
14:43Si on lit entre les lignes,
14:45trois jours fériés qui seraient dédiés à cette cause,
14:50on aurait tout le monde dans la rue, tous les syndicats sortis,
14:54alors que les classes moyennes, moyennes, supérieures,
14:58qui paient l'impôt sur le revenu,
15:00ceux-là, ils ne défilent pas dans la rue,
15:02c'est des bonnes vaches allées, bien tranquilles,
15:04donc on peut leur taper dessus, si j'ose dire,
15:09et puis évidemment, il faut quand même un petit peu les pousser dans le dos,
15:12parce que l'État endetté n'est pas forcément un emprunteur
15:15dans lequel on a une confiance naturelle absolue actuellement,
15:19donc ce sera tout simplement forcé.
15:21Ce serait forcé, évidemment,
15:23puisque rien n'est fixé, c'est une hypothèse.
15:26Rien n'est fixé, c'est une hypothèse.
15:28A la max, ce ne serait pas un impôt déguisé,
15:31puisque in fine, ce prêt forcé serait donc, vous l'avez dit,
15:35remboursé au bout de cinq ans avec intérêt.
15:38Est-ce qu'il a raison de dire ça ?
15:40Il a raison, oui et non,
15:42parce qu'on va quand même leur faire autoritairement les poches,
15:45c'est un impôt temporaire, disons, en CDD de cinq ans,
15:50et puis ça suscite plusieurs problèmes,
15:53c'est-à-dire qu'au bout de cinq ans,
15:54il va falloir quand même trouver les milliards
15:56pour rembourser ces braves gens qui auront prêté,
15:59donc dans cinq ans, le problème sera entier.
16:02Et puis chacun de ces ménages assujettis
16:04devra débourser donc, si on prend la moyenne, 4 600,
16:08plus de 2 300 euros, puisqu'il a parlé de la moitié.
16:12Donc ça veut dire que soit ils ne les ont pas en banque,
16:15alors quand même, imaginez,
16:16ils vont devoir emprunter pour prêter,
16:20c'est quand même assez particulier,
16:21ça relève du sketch de Raymond Devos,
16:23soit ils vont aller prendre dans leur livret d'épargne,
16:26mais leur livret d'épargne, il est déjà dédié,
16:28notamment aux logements sociaux, le livret A,
16:30donc en fait, c'est déshabiller Pierre pour habiller Paul.
16:35Alors il y a déjà eu des emprunts forcés,
16:37il y a eu notamment deux emprunts révolutionnaires,
16:40il y a longtemps, donc l'an 2,
16:42alors là, au bout de là d'un certain revenu,
16:44il y avait même une vraie confiscation en argent,
16:47et puis l'an 4, vous vous souvenez peut-être,
16:49parce qu'on en parle dans Le Petit Chose d'Alphonse Dodé.
16:51C'est Marc qui se souvient, mais il n'est pas là.
16:53Ah oui !
16:54C'est Marc qui se souvient, mais il n'est pas là.
16:56Allô Marc Menand, revenez vite !
16:58Vous avez lu Le Petit Chose, voilà,
17:00parce que vous étiez là pendant l'an 4.
17:02Donc Le Petit Chose, il est prof,
17:04et il explique qu'il donne tellement de punitions
17:05que ses élèves n'ont plus peur, il dit
17:07« mes punitions sont dévaluées comme l'assignat de l'an 4 ».
17:10Donc en fait, cet emprunt, l'assignat était tellement dévalué
17:12que ça n'avait coûté rien à l'État,
17:14parce qu'il est remboursé en assignat,
17:15ce qui ne valait absolument plus rien.
17:17Plus près de nous, en 1983,
17:19il y a eu un emprunt fait par Pierre Moroy,
17:22donc là c'était à 10%, on est loin de la moitié,
17:25on a récolté 14 milliards de francs,
17:28à l'époque c'était des francs,
17:30et donc c'était auprès des contribuables
17:31payant plus de 5 000 francs d'impôt.
17:33Je peux vous dire que c'était mal passé,
17:35mais néanmoins ça avait été remboursé en deux ans, en 1985.
17:40Cette proposition peut-elle être sérieusement mise en œuvre ?
17:46Alors Alain Mack, c'est quand même quelqu'un de sérieux,
17:48c'est un haut fonctionnaire, un économiste, un essayiste,
17:52un dirigeant d'entreprise, un conseiller politique.
17:55Alors je me bornerai à commenter la fonction de conseiller politique,
18:00pour le reste je ne sais pas,
18:02mais il a conseillé à peu près tous les partis de gouvernement,
18:05il a été soutien de Mitterrand, Balladur, Jospin,
18:08Berrou, Sarkozy, Juppé et même Pécresse.
18:11Alors on voit que les conseils n'ont pas toujours porté les fruits escomptés,
18:14puis Macron.
18:16Alors pourquoi Emmanuel Macron en 2022 ?
18:18Il expliquait, je cite,
18:20« parce qu'il est partisan d'une construction européenne
18:23avec des abandons de souveraineté »
18:25et puis parce qu'il avait dit, Emmanuel Macron,
18:28à propos d'Angela Merkel, qu'elle avait sauvé l'honneur de la France
18:32au moment de la crise migratoire de 2015
18:35et Emmanuel Macron disait ça, c'était vraiment très courageux.
18:38Alors Alain Mack, c'est l'homme du cercle de la raison,
18:41vous savez, de la mondialisation heureuse.
18:44Il disait à la fin des années 90 que la France courait au déclin
18:47si elle tournait le dos à la mondialisation.
18:50En 2011, il s'était opposé à Claude Guéant et Xavier Bertrand
18:54qui voulaient une diminution de l'immigration.
18:57Alors vous voyez qu'Alain Mack, c'est quand même un petit peu,
19:00ce n'est pas le manqué de respect de dire ça,
19:02mais c'est un peu une boussole qui indique le Sud,
19:05parce que le cercle de la raison qui excluait finalement
19:08les populistes bas de plafond, on voit bien qu'aujourd'hui
19:11ces populistes font des scores absolument incroyables aux élections.
19:14La mondialisation heureuse, pour ne pas décliner,
19:17la France a eu la mondialisation malheureuse et le déclin.
19:20L'Europe, beaucoup d'Européens lui tournent le dos.
19:23L'abandon de souveraineté, on voit le résultat.
19:26L'immigration nécessaire, même les électeurs de gauche déchantent
19:29et je ne vous parlerai pas d'Angela Merkel,
19:32qui a été passablement désavouée.
19:35Et même, si j'ose dire, son sans-frontierisme est assez étonnant,
19:40parce qu'aujourd'hui ce qu'il prône, c'est de financer l'armement
19:45pour défendre les frontières de l'Ukraine.
19:47Et puis ce qu'il faut quand même rajouter, et ce qui est fou,
19:49c'est qu'Alain Mack est avant tout un libéral.
19:51Dominique Strauss-Kahn expliquait en 1997,
19:54c'est l'incarnation du libéralisme jubilatoire.
19:57Dans le libéralisme, il y a libéral, vous voyez.
20:00Et bien cet homme-là aujourd'hui propose que l'État,
20:03retenez le mot État, il est libéral,
20:05instaure un emprunt forcé, le mot forcé, très lourd.
20:10Donc pour quelqu'un de libéral, c'est quand même assez particulier.
20:13Et je trouve que c'est intéressant parce que c'est un peu
20:15l'incarnation du libéralisme contre la liberté
20:18que l'on voit aujourd'hui dans mille domaines.
20:21Alors maintenant, dire que c'est une idée farfelue,
20:24qui sera écartée du revers de la main, non, pas si sûr.
20:28Vous savez, on dit de certaines personnes
20:30qu'elles sont les porte-paroles de la France d'en bas,
20:32elles sont les porte-paroles de la France d'en haut.
20:34Et souvent, ce qu'il a prôné, s'est fait.
20:36Alors je ne sais pas si c'est parce qu'il est prophète
20:38ou parce qu'il est artisan, mais en tout cas,
20:40ces propositions sont souvent suivies.
20:43Merci pour votre regard. Dans un instant,
20:45avec Charlotte Dornelas, on verra comment face à la menace russe,
20:48Gérald Darmanin a déclaré que ce sont les citoyens russes
20:51qui ont tué Samuel Paty et Dominique Bernard.
20:53On va revenir sur ce sujet.
20:55C'est intéressant de voir comment on cherche toujours
20:58à justifier cette menace russe alors que la paix se profile,
21:01se dessine avant se regarder la trêve.
21:04Écoutez, Donald Trump qui dit, par exemple,
21:06qu'il faut que ça s'arrête.
21:08Des discussions sérieuses, en tout cas, sont en cours
21:11avec le président Poutine, avec d'autres acteurs frontéraux.
21:15Nous espérons que tout le monde soit sur la même ligne
21:18et que tout le monde veuille faire un cauchemar.
21:20Je vois des images des champs de bataille chaque semaine.
21:23Personne ne veut voir ce qu'il y a sur ces images.
21:25C'est absolument épouvantable.
21:27Il faut vraiment que ça s'arrête.
21:29Donc, nous espérons continuer à avancer avec ces idées,
21:37savoir où on en est.
21:41Nous avons eu des signaux positifs pour les Russes.
21:44Nous attendons la suite.
21:46Nous espérons que les Russes répondront à la bonne décision.
21:49On parle ici d'humanité.
21:52Dans un instant, je rappelle qu'on recevra Christophe Guerrero,
21:56ancien recteur de l'Académie de Paris qui a démissionné
21:59et qui viendra nous dire pourquoi.
22:01On lui demandera pourquoi autant de couteaux à l'école.
22:03Question simple.
22:04On espérera une réponse simple.
22:06En tout cas, une analyse simple.
22:07Elle nous rejoindra sur le plateau dans un instant.
22:09Eric Degner, sur le front migratoire,
22:12la Commission européenne semble bouger ces derniers jours
22:16avec une proposition de créer des hubs de retour
22:19pour faciliter les expulsions de clandestins.
22:22Qu'en est-il exactement ?
22:24Alors oui, Christine, ce soir, pour changer,
22:26je vais faire preuve d'un petit peu d'optimisme.
22:28Après des mois de discussions, en effet,
22:30évidemment sous la pression de l'opinion européenne
22:33suite aux différentes élections,
22:35on l'a vu comment la FD et la droite en Allemagne
22:37ont pu progresser avec le thème de l'immigration,
22:39la Commission européenne a décidé de bouger
22:42et elle a dévoilé ce mardi un ensemble de propositions
22:45visant à durcir sa politique migratoire,
22:48notamment en facilitant la création de centres d'expulsion
22:52en dehors de l'Union européenne.
22:54Alors justement, l'initiative phare de ce projet,
22:57c'est la mise en place de ce qu'on appelle
22:59les hubs de retour, c'est-à-dire des structures
23:02situées en dehors de l'Union européenne
23:04où seraient envoyés les demandeurs d'asile déboutés,
23:07mais également les OQTF.
23:09D'autres mesures accompagnent cette réforme,
23:11il y en a cinq, des sanctions renforcées
23:13contre les étrangers refusant de partir,
23:15et il y en a beaucoup parce qu'aujourd'hui en Europe,
23:17c'est uniquement 20% d'application des OQTF.
23:20Il y aura par exemple la confiscation des documents,
23:22les détentions qui seront renforcées,
23:24l'interdiction d'entrée prolongée,
23:27notamment pour les délinquants les plus dangereux,
23:29ainsi qu'une reconnaissance mutuelle
23:31des décisions d'expulsion entre pays membres.
23:34Ça a l'air un petit peu compliqué,
23:36mais je vais vous expliquer.
23:37L'idée, elle est très simple.
23:38Une expulsion dans un pays membre
23:40vaut pour toute l'Union européenne.
23:43Si vous avez une OQTF en France
23:45et que vous allez ensuite en Espagne,
23:47vous aurez également une OQTF au nom de l'Union européenne.
23:50Avec ce formulaire, finit un petit peu ce jeu de cache-cache
23:54avec des OQTF qui vont pouvoir se balader à travers l'Europe.
23:57Un ordre de quitter un État membre
23:59serait un ordre de quitter l'Union européenne.
24:02Alors il faut être juste.
24:03Ce règlement migratoire dévoilé à Strasbourg,
24:06c'est sur le papier une bonne chose.
24:08On va globalement dans la bonne direction.
24:10Il y a de bonnes idées.
24:11Mais avouons que pour l'instant,
24:13on peut rester malgré tout dubitatif.
24:15En tout cas, on n'a aucune raison de faire confiance absolue
24:18à nos élites européennes.
24:19Il faut se rappeler comment en France,
24:21la loi immigration votée en 2023
24:23a débouché sur plus de régularisation de clandestins,
24:26notamment dans les métiers en flux tendu.
24:28Ou comment le pacte asile-immigration
24:30voté par l'Union européenne en 2024,
24:32qui voulait justement durcir et empêcher
24:34cette immersion migratoire,
24:36a débouché sur la répartition des migrants,
24:38la répartition forcée dans les différents pays,
24:40avec l'instauration, par exemple,
24:42d'une amende de 20 000 euros pour le pays
24:44qui refuserait souverainement d'accepter
24:46un demandeur d'asile.
24:48Alors, quand Magnus Brunner,
24:50qui est le commissaire européen,
24:52admet que notre système est défaillant,
24:54avec 4 expulsions sur 5 non appliquées,
24:56on acquiesce, mais on reste prudent.
24:58Alors, ces hubs de retour
25:00font tout de suite penser à ce qu'avait proposé
25:02Georgia Meloni, mais que la justice européenne
25:05avait bloqué sur demande de qui ?
25:07D'associations pro-migrants.
25:09Oui, c'est ce qu'il y a de plus délicieux dans ce projet.
25:11Ce virage, évidemment, on le doit
25:13à ceux qui ont osé défier
25:15le consensus mou avant tout le monde
25:17et à la modification aussi du centre de gravité
25:19du Parlement européen
25:21lors des élections européennes de l'année dernière
25:23qui s'est légèrement décalé à droite.
25:25Parlons justement de Georgia Meloni,
25:27la première ministre italienne.
25:29Dès 2023, elle avait proposé
25:31une idée visionnaire. Traiter les demandes
25:33d'asile hors de l'UE
25:35via des centres externalisés.
25:37Parce que le problème, aujourd'hui, vous le savez,
25:39lorsqu'un migrant met le pied sur le sol européen,
25:41ensuite, c'est très difficile
25:43de l'expulser.
25:45Elle a concrétisé ça avec un accord
25:47signé en novembre 2023
25:49avec l'Albanie, un accord à nouveau souverain
25:51avec deux grands centres
25:53pouvant accueillir en tout 3000 migrants
25:55et jusqu'à 42 000 migrants
25:57par an sous supervision italienne.
25:59C'est une solution plutôt logique
26:01pour empêcher l'efflux
26:03parce que l'Italie, aujourd'hui, participe beaucoup
26:05à les récupérer, les migrants
26:07qui sont en mer aujourd'hui.
26:09Mais à l'époque, évidemment, elle a payé le prix fort.
26:11On s'en souvient, la gauche italienne
26:13l'avait accusée de xénophobie,
26:15les ONG ont hurlé à Eau Nouvelle
26:17à l'inhumanité,
26:19pardonnez-moi, et des associations
26:21ont saisi la justice pour bloquer
26:23l'accord, arguant qu'ils violaient
26:25les droits fondamentaux. Par trois fois,
26:27la marine italienne, justement,
26:29a essayé d'aller secourir ces personnes
26:31en mer et de les amener dans ces centres
26:33en Albanie. Mais le droit italien,
26:35se saisissant du droit européen,
26:37l'a bloquée. Donc, Mélanie, à ce moment-là,
26:39elle avait dénoncé une justice idéologique
26:41qui freinait la politique
26:43anti-immigration, mais elle a continué
26:45de défendre son projet,
26:47tout seule au sein de l'Union Européenne.
26:49Et à Bruxelles, à l'époque, les eurocrates,
26:51ils regardaient, justement, cette décision,
26:53cette volonté de Mélanie, un petit peu
26:55extrémiste et avec moquerie
26:57en l'accusant de démagogie.
26:59Aujourd'hui, sans aucune excuse de l'Union Européenne,
27:01elle s'inspire directement
27:03de son modèle, donc, avec
27:05de retour en 12 mois. La situation
27:07a donc changé. Mélanie avait
27:09vu juste et ses détracteurs
27:11qui l'ont traîné dans la boue ont dû
27:13ravaler leur arrogance, il faut le dire.
27:15Elle a ouvert la brèche et Bruxelles, pour l'instant,
27:17la suit.
27:19Alors, est-ce qu'il existe une opposition contre
27:21ce projet et est-ce qu'il peut aboutir ?
27:23Alors, évidemment qu'il y a toujours
27:25une opposition sur ce type de projet.
27:27Ce règlement ne plaît pas à tout le monde
27:29et il pourrait être bloqué.
27:31C'est important de le souligner. Comme d'habitude,
27:33la gauche et les verts sont montés
27:35au créneau, accusant la commission
27:37de quoi ? De céder à l'extrême-droite.
27:39Il parle donc de dérive
27:41populiste, comme si reprendre le contrôle des frontières
27:43était un crime.
27:45Aujourd'hui, parmi les 27, il y a un pays
27:47important, c'est l'Espagne, qui subit
27:49aujourd'hui une invasion migratoire sans précédent
27:51via les îles Canaries
27:53depuis la baisse drastique des flux
27:55en Italie. Mélanie a fait une grande partie
27:57du travail et donc les flux migratoires
27:59se sont réorientés vers l'île
28:01Canaries, et donc l'Espagne aujourd'hui
28:03joue les irréductibles. Madrid
28:05s'oppose donc à CEUB, brandissant
28:07les standards des droits humains. Ils sont même
28:09allés bien plus loin au niveau de leur loi
28:11nationale, puisque la coalition de gauche
28:13aujourd'hui au pouvoir veut régulariser
28:15900 000 migrants en
28:173 ans, qui à cause de l'espace Schengen
28:19vont pouvoir venir en France.
28:21La Banque d'Espagne, quant à elle, va
28:23encore plus loin, beaucoup plus loin
28:25que les Français. Elle demande
28:2724 millions d'immigrés d'ici
28:292050 pour maintenir, d'après eux,
28:31le système des retraites. Alors pendant
28:33ce temps-là, les pays scandinaves, qui pendant
28:35longtemps étaient de gauche, ils ont changé,
28:37ils soutiennent le projet, ils sont
28:39conscients que le laxisme a s'est duré
28:41et la France dans tout ça, eh bien aujourd'hui
28:43elle reste dans le flou. Le groupe
28:45Renew, qui est le groupe d'Emmanuel Macron
28:47au sein du Parlement européen, s'oppose à
28:49CEUB et elle les qualifie de quoi ? Eh bien
28:51tout simplement d'être absolument
28:53populiste. Donc on verra bien ce qui va se
28:55passer sur cette mesure. Ça serait une bonne
28:57chose, mais ça ne changera pas tout. On peut
28:59citer Xavier de Riencourt, qui appelait notamment
29:01à la réforme de l'espace Schengen
29:03parce qu'on sait qu'aujourd'hui, si la France
29:05refuse à un migrant dans son
29:07pays, ce migrant peut faire une demande
29:09au sein de l'Espagne et ensuite, grâce à
29:11l'espace Schengen, se rendre en France.
29:13Donc c'est un début, mais il ne faudrait pas que ça finisse
29:15comme l'obspot grec de 2016
29:17qui avait été englué dans la technocratie.
29:19L'UE doit choisir, Christine,
29:21c'est la souveraineté ou le chaos.
29:23La souveraineté
29:25ou le chaos. Dans un instant,
29:27on va recevoir Christophe
29:29Guerrero, mais d'abord
29:31Charlotte Dornelas.
29:33Depuis deux jours, Gérald
29:35Darmanin, puis la porte-parole
29:37du gouvernement Sophie Prymas
29:39établissent un lien
29:41entre la menace russe
29:43et la menace terroriste en France.
29:45En citant notamment
29:47deux attentats qui ont bouleversé
29:49la France, commis par des
29:51Tchétchènes contre Samuel Paty
29:53et Dominique Bernard.
29:55Ce qui a vivement fait réagir
29:57entre autres, la soeur de Samuel
29:59Paty. Pourquoi ?
30:01On va citer Gérald Darmanin pour savoir exactement
30:03ce qui a été dit. Gérald Darmanin
30:05au micro de Seigneuse et d'Europe 1
30:07dit ce qui assassine Samuel Paty, c'est qui ?
30:09Ce sont des citoyens russes, Tchétchènes,
30:11la Russie, ce sont des centaines de citoyens
30:13qu'elle ne veut pas reprendre.
30:15Ils sont fichés S, radicalisés, islamistes,
30:17ils sont russes et la Russie ne les reprend pas.
30:19Il a ensuite été parlé
30:21sur Sud Radio et il a évoqué
30:23les exemples, encore une fois, de Samuel Paty
30:25et de Dominique Bernard. Vous allez voir,
30:27c'est important. Et vous l'avez dit,
30:29la porte-parole du gouvernement,
30:31de répéter dans la foulée, je la cite
30:33Samuel Paty a été assassiné par un Tchétchène
30:35russe, donc y compris sur le
30:37terrorisme, le rôle de la Russie
30:39est engagé. Alors vous l'avez dit, la soeur
30:41de Samuel Paty, Michaëlle Paty, a répondu
30:43immédiatement, je la cite encore,
30:45l'attentat contre mon frère ne peut servir
30:47les intérêts de la politique étrangère ou
30:49des politiciennes du gouvernement.
30:51Et elle a argumenté de manière assez définitive.
30:53Sur le cas de Samuel Paty,
30:55elle ne dit rien. Durant toute l'enquête, elle n'a permis de faire
30:57le moindre lien avec le terroriste
30:59Hans Oroff, réfugié en France
31:01et la Russie, donc celui qui a assassiné son frère.
31:03Et sur Dominique Bernard,
31:05elle commente aussi, ouvrez les guillemets,
31:07s'il est à déplorer que les Etats ne reprennent
31:09pas leurs ressortissants, c'est
31:11l'Etat français qui a refusé, sous la pression
31:13de militants de gauche, d'expulser la famille du terroriste
31:15qui a tué Dominique Bernard.
31:17Fermez les guillemets.
31:19Son discours, donc le discours de Michael Paty,
31:21renvoie la responsabilité dans le camp de la loi
31:23française, en l'occurrence, qui a
31:25empêché l'expulsion,
31:27dans un cas comme dans l'autre, d'ailleurs, parce que celui
31:29qui a assassiné Samuel Paty,
31:31sa famille avait été déboutée
31:33de l'asile par l'OFPRA,
31:35et décision qui avait été cassée par la Cour nationale
31:37du droit d'asile, donc on voit bien que même le droit
31:39s'interprète de manière différente.
31:41La Russie n'était pas en cause, le gouvernement
31:43russe, dans
31:45l'expulsion potentielle
31:47de ces deux hommes. Alors que ces
31:49deux assassins soient des ressortissants russes,
31:51c'est indiscutable. Ils sont de
31:53nationalité russe. Que cette partie
31:55du monde, et notamment certaines régions
31:57dans lesquelles on trouve des ressortissants russes,
31:59soit un vivier islamiste
32:01désormais, c'est indiscutable
32:03non plus. D'ailleurs, Moscou avait été
32:05frappée par cette menace.
32:07Maintenant que la Russie, le gouvernement
32:09russe et la politique menée par la Russie
32:11sur ce terrain soient impliquées dans les deux attentats
32:13qui sont cités, est tout simplement
32:15faux. C'est faux, et si
32:17le but est de convaincre, par ce
32:19biais-là, de la réalité de la menace
32:21russe, c'est irresponsable de
32:23prendre de tels exemples qui se démontent en
32:25quelques minutes, tout simplement.
32:27La menace russe se développe par exemple en Afrique,
32:29on en avait parlé, il y a la question
32:31de la cybersécurité, donc on peut expliquer
32:33quels sont les ressorts de cette
32:35menace russe.
32:37Peut-être n'est-on pas obligés d'inventer
32:39des exemples qui n'en sont pas.
32:41Très important ce que vous dites
32:43Charlotte Dornel.
32:45Très fort. Gérald Darmanin précise
32:47toutefois, parce que ce n'est pas Népanthoky
32:49qui parle. Oui, c'est l'ancien ministre de l'Intérieur
32:51qui parle et qui est désormais ministre de la Justice.
32:53Et la porte-parole du gouvernement.
32:55Gérald Darmanin précise toutefois,
32:57et vous l'avez dit, que la Russie
32:59refusait de reprendre
33:01ses ressortissants. Est-ce que ce n'est pas
33:03la même responsabilité que nous
33:05pouvons, nous, avec l'Algérie ?
33:07Ce pourrait être la même, si c'était vrai.
33:09C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
33:11alors là c'est une source proche de Gérald Darmanin,
33:13qui m'a expliqué qu'en raison
33:15des tensions qu'il y avait entre la France
33:17et la Russie ces derniers temps, la Russie ne reprenait
33:19plus ses ressortissants.
33:21Si c'est vrai, alors je suivrai le dossier,
33:23je vous promets, mais si c'est vrai, il faut
33:25évidemment le dénoncer de la même manière, c'est exactement
33:27la situation que l'on dénonce avec l'Algérie.
33:29Le problème c'est que les exemples qui sont pris
33:31et répétés par la porte-parole du gouvernement
33:33fragilisent considérablement le propos.
33:35Alors je vais vous citer Gérald Darmanin.
33:37Nous sommes en octobre 2023,
33:39quelques jours après l'assassinat de Dominique Bernard,
33:41et il s'adresse au JDD.
33:43Il détaille les problèmes de notre loi,
33:45de notre droit, les difficultés
33:47d'expulsion qui y sont liées, et à l'époque
33:49il défend son projet
33:51de loi sur l'immigration.
33:53Ouvrez les guillemets.
33:55La Russie a déjà
33:57envahi l'Ukraine, on est en octobre 2023.
33:59Depuis que je suis ministre
34:01de l'Intérieur, on a expulsé 38 personnes
34:03de nationalité russe, sur instruction
34:05du Président de la République,
34:07qui était particulièrement signalé,
34:09et pour lesquelles nous avons systématiquement
34:11obtenu les laissés-passer consulaires.
34:13Systématiquement.
34:15Très bien.
34:17Ensuite on le relance, le journaliste relance
34:19sur la situation en Ukraine,
34:21la relation diplomatique compliquée, voire suspendue
34:23avec la Russie. Réponse,
34:25ouvrez les guillemets, de Gérald Darmanin lui-même.
34:27Le Président de la République m'a donné son
34:29accord pour reprendre ses discussions avec la Russie
34:31dans ce domaine. Dans le cas précis
34:33de l'assaillant d'Arras, Dominique Bernard,
34:35donc citée en exemple hier et avant-hier,
34:37j'aurais eu de fortes chances
34:39d'obtenir le laissé-passer consulaire nécessaire
34:41si la loi me l'avait autorisé.
34:43La loi française, en l'occurrence.
34:45Donc à l'époque,
34:47Gérald Darmanin dit une chose
34:49et il dit aujourd'hui le contraire
34:51de cette même chose dans les mêmes termes.
34:53Évidemment, ça n'est pas possible.
34:55Certains pays empêchent des expulsions
34:57autorisées par le droit français,
34:59ce sont les dossiers qu'on a récemment vus avec la question
35:01d'Algérie qui ne répond pas. C'est un fait.
35:03Si c'est le cas aujourd'hui avec la Russie,
35:05c'est un fait aussi. En l'occurrence,
35:07il faudra le renseigner. Mais dans les cas cités
35:09précisément, il pointait,
35:11Gérald Darmanin lui-même, quand il était
35:13ministre de l'Intérieur, nos propres
35:15entraves plutôt que la Russie,
35:17puisqu'il expliquait, je répète, qu'il obtenait
35:19systématiquement les laissés-passer
35:21consulaires. Alors non seulement nous avons
35:23accueilli des Tchétchènes comme réfugiés
35:25à une époque, mais nous nous sommes
35:27empêchés de les expulser pour cette même
35:29raison, qu'ils soient dangereux ou non,
35:31parce qu'ils étaient protégés par leur statut.
35:33Voilà la réalité
35:35qui était décrite par celui qui
35:37était alors ministre de l'Intérieur.
35:39Merci pour votre enquête.
35:41Finalement, vous nous dites, Charlotte Dornelas,
35:43que nous sommes nous-mêmes
35:45responsables de la présence de ces
35:47deux terroristes sur le sol français.
35:49D'abord, en effet, si on avait
35:51tenté l'expulsion, Gérald Darmanin,
35:53encore lui, nous dit qu'il aurait obtenu,
35:55qu'il avait toutes les chances d'obtenir
35:57le laissé-passer consulaire simplement si
35:59la loi lui avait permis, c'est-à-dire que la loi
36:01française, l'état du droit,
36:03ne permettait pas d'envisager
36:05cette expulsion.
36:07Le même Gérald Darmanin, encore une fois,
36:09insistait sur nos propres
36:11entraves et sur celles
36:13de la CEDH,
36:15ce qui avait fait hurler à l'époque les
36:17différentes ONG. Nous sommes encore
36:19après l'assassinat de Dominique Bernard,
36:21ouvrez les guillemets. Nous sommes condamnés
36:23par la CEDH parce que j'ai renvoyé
36:25des ressortissants russes,
36:27tchétchènes, dans leur pays, nous
36:29le faisons quand même, la protection des
36:31français l'emporte sur ces règles-là.
36:33Donc il vient d'expliquer que l'expulsion
36:35a été faite, donc j'imagine que
36:37le gouvernement russe a collaboré
36:39à ces expulsions, que les laissés-passer consulaire
36:41ont été obtenus et la France est
36:43condamnée alors par la CEDH et par
36:45le droit dans sa manière de le défendre.
36:47Et résumons-nous très rapidement
36:49dans le cas de Samuel Paty, le premier qui est
36:51nommé, je vous le disais, la famille Hans-Orof
36:53est déboutée par l'OFPRA
36:55en raison, je cite, d'un récit stéréotypé.
36:57Donc l'OFPRA, qui est chargé
36:59d'examiner les demandes d'asile, ne croit pas
37:01le récit de la famille. La décision
37:03est cassée par la Cour nationale du droit d'asile
37:05et pendant le procès des
37:07personnes impliquées dans l'assassinat de
37:09Samuel Paty, nous avons appris que l'OFPRA savait
37:11au moment d'étudier sa demande qu'il avait
37:13accueilli en 2014 des hauts dignitaires
37:15d'Al-Qaïda. L'imprudence
37:17était donc très française, en l'occurrence
37:19dans cet accueil. Dans le cas de Dominique Bernard,
37:21il y a eu un refus de
37:23l'asile par l'OFPRA, pour sa famille,
37:25un refus de la Cour nationale
37:27du droit d'asile. En 2014,
37:29l'expulsion est donc décidée par la
37:31préfecture. L'avion est prêt.
37:33Ils partent de Bretagne en avion
37:35jusqu'à Roissy. A Roissy, mobilisation
37:37d'associations qui invoquent la
37:39circulaire Valse, parce qu'une
37:41partie de la famille sont
37:43des enfants mineurs, qu'ils parlent
37:45le français. Donc, la famille
37:47n'est pas expulsée. Quelques années plus tard,
37:49le père est expulsé. Le fils est en prison,
37:51notamment accusé de terrorisme.
37:53L'autre, celui qui tuera, quelques années
37:55plus tard, Dominique Bernard, frappe
37:57sa mère. Mais, à l'époque,
37:59et je vous cite une dernière fois Gérald Darmanin,
38:01l'assaillant d'Arras avait été
38:03signalé par son lycée, par certains professeurs
38:05qui craignaient vraiment son profil.
38:07Jusqu'à présent, ce n'est pas assez fort pour
38:09obtenir l'éloignement. Cela ne relève
38:11pas d'un intérêt fondamental de l'Etat
38:13devant un tribunal. C'est absolument
38:15certain, fermez les guillemets.
38:17C'est ce qu'il défendait, justement, l'évolution
38:19de la loi française.
38:23Je ne comprends pas ces contradictions.
38:25Si je peux me permettre un mot. J'ai l'impression
38:27que là, on est dans la troisième étape. D'abord, il y a eu les supporters
38:29britanniques. Ensuite, il y a eu Kevin
38:31et Matteo. Et maintenant, il y a les terroristes russes.
38:33Donc, les nouveaux Kevin et Matteo.
38:35Oui. Ce sont les nouveaux Kevin et Matteo
38:37qui sont les terroristes russes, si je peux me permettre.
38:39Mais, Charlotte, votre chronique
38:41est stupéfiante.
38:43Je ne sais pas si on va continuer.
38:45Non, je rigole. On va continuer.
38:47Merci beaucoup pour votre travail.
38:49Ça interpelle. Et c'est pour ça qu'après, on se demande
38:51pourquoi est-ce qu'on ne croit plus à la parole
38:53du politique.
38:55Ça interpelle. En tout cas, on va recevoir
38:57quelqu'un qui n'est pas politique, mais qui a travaillé pour des politiques.
38:59Christophe Guerrero. Vous pouvez rentrer.
39:01La porte est ouverte.
39:03Anaïs va vous ouvrir la porte.
39:05Christophe Guerrero. L'école n'a pas dit
39:07son dernier mot.
39:09Alors, voilà.
39:11Je vous prie de bien vouloir vous installer
39:13le livre d'Éric Tegner. C'est un plaisir
39:15de vous recevoir.
39:17Je vous en prie.
39:19Alors, vous venez de sortir
39:21ce livre. Il sort d'ailleurs aujourd'hui
39:23et en exclusivité.
39:25Vous êtes d'en face à la fois.
39:27Alors, ça nous intéresse beaucoup parce qu'on a
39:29beaucoup de questions à vous poser. L'école
39:31nous intéresse. Et on est déçus de l'école,
39:33mais vous êtes positifs. Vous allez nous dire pourquoi.
39:35Vous êtes un grand homme de l'éducation nationale.
39:37Vous avez été,
39:39jusqu'il y a peu, il y a un an,
39:41directeur de l'Académie de Paris. Vous avez été directeur
39:43des lycées de la région Île-de-France.
39:45Inspecteur, proviseur adjoint, des postes
39:47clés dans l'éducation nationale.
39:49Vous avez également été au cabinet de Luc Châtel
39:51lorsqu'il était ministre de l'éducation.
39:53Directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer
39:55lorsqu'il était ministre de l'éducation nationale.
39:57Donc, vous sortez ce livre.
39:59L'école n'a pas dit son dernier mot.
40:01Et je lis
40:03le coup de gueule d'un recteur qui refuse
40:05de baisser les bras. Vous avez,
40:07aux grandes surprises,
40:09claqué la porte
40:11lorsque vous étiez
40:13recteur. Et vous allez nous expliquer
40:15pourquoi. Tout va mal à l'école
40:17et à travers votre livre, vous voulez donner
40:19un témoignage d'amour pour l'école.
40:21Pas de langue de bois avec nous ce soir,
40:23mon cher recteur ou ex-recteur.
40:25D'abord, dites-nous, pourquoi
40:27vous avez écrit ce livre ? Ensuite, pourquoi vous avez claqué la porte ?
40:29Vous l'avez dit,
40:31c'est d'abord un témoignage d'amour
40:33pour l'école. Moi, je suis
40:35un produit de l'école comme élève
40:37et vous l'avez rappelé,
40:39j'ai parcouru tous les échelons
40:41dans cette belle maison.
40:43On entend beaucoup de choses
40:45sur l'école. Chacun a une idée
40:47sur l'école et c'est bien naturel.
40:49On entend aussi beaucoup de choses
40:51négatives. Or, c'est une maison
40:53assez merveilleuse quand on la regarde
40:55et je voulais le dire
40:57et je voulais
40:59inviter un vrai débat de fond
41:01sur l'école. Parce que
41:03c'est vrai qu'il y a des choses
41:05qui ne vont pas.
41:07Tout le monde pose un diagnostic
41:09qui est juste là-dessus, le niveau des
41:11élèves, le climat scolaire détérioré.
41:13C'est vrai.
41:15Mais cette lucidité-là,
41:17elle doit être la condition d'un espoir
41:19pour parler
41:21des conditions pour agir
41:23et pour reprendre la main
41:25d'une certaine façon. C'est un peu cette invitation-là,
41:27ce livre, avec
41:29des idées et
41:31mon expérience. Dans votre livre,
41:33vous parlez de la méritocratie,
41:35vous dites fausse promesse.
41:37Égalité des chances, fausse
41:39promesse. Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
41:41Alors, ça peut sembler provocateur
41:43mais pourtant c'est hélas très
41:45renseigné et l'OCDE
41:47nous le dit depuis 25 ans. Nous sommes
41:49le pays de la reproduction sociale.
41:51Alors, on n'a
41:53rien contre les élites, contre le
41:55fait d'avoir une élite. Mais
41:57encore faut-il que cette élite, elle soit représentative
41:59de l'ensemble du peuple français.
42:01Or, ce n'est pas le cas aujourd'hui.
42:03Ça a été le sens de mon combat
42:05à Paris.
42:07J'ai souhaité élargir
42:09le vivier des
42:11classes préparatoires et que
42:13les lycées soient plus mixtes,
42:15scolairement et socialement, tout simplement
42:17pour que chacun puisse se projeter dans l'avenir.
42:19Pour qu'il y ait de l'espoir.
42:21Je crois que dans notre
42:23pays, chacun
42:25manque un peu d'espérance.
42:27Et j'ai montré,
42:29nous avons montré à Paris, parce que
42:31c'est le fruit d'une équipe, qu'il était
42:33possible de changer les choses, de changer le destin
42:35de centaines
42:37et de milliers d'élèves.
42:39Je pense que chacun d'entre vous aura peut-être le temps de poser
42:41une petite question, parce que ces sujets nous interpellent
42:43beaucoup. Si j'ai bien compris,
42:45vous avez démissionné
42:47parce que vous vouliez la mixité sociale ?
42:49Dites-nous clairement.
42:51Je me suis attaqué à un peu
42:53une montagne, d'abord
42:55la montagne Sainte-Geneviève et puis ensuite
42:57les classes préparatoires. J'ai voulu simplement
42:59faire évoluer un peu le modèle.
43:01A Paris, vous le savez, il y a beaucoup
43:03de classes préparatoires. Elles ne sont pas toutes
43:05remplies. Or, elles coûtent très cher aux contribuables.
43:07Il faut le savoir. Et par
43:09ailleurs, elles ne sont pas mixtes.
43:11C'est-à-dire que ce sont les
43:13enfants des classes aisées
43:15qui y vont. Et c'est un modèle gratuit et performant.
43:17Donc j'ai simplement souhaité
43:19le faire évoluer pour qu'il y ait
43:21plus de classes populaires, d'élèves
43:23un peu plus moyens aussi
43:25qui bénéficient de ce système
43:27et aussi faire évoluer le modèle
43:29dans le sens où ils puissent rendre
43:31service à la nation. C'est-à-dire
43:33qu'on a mis en place, notamment à Henri IV,
43:35une classe préparatoire aux professeurs
43:37à des écoles, parce qu'on a besoin de professeurs
43:39des écoles. Et on est allé chercher des
43:41élèves volontaires, mais qui ne sont pas tout à fait
43:43haut niveau, mais qui en 3 ans
43:45avec ce modèle de la classe préparatoire
43:47deviennent de bons professeurs
43:49des écoles. Du moins, c'est ce qu'on souhaite.
43:51Et on a travaillé
43:53avec une grande université française
43:55PSL.
43:57Voilà, c'était donc assez modeste
43:59mais il y a beaucoup
44:01de conservatisme en France, vous le savez
44:03et la ministre, je ne sais pas
44:05d'ailleurs pourquoi, vraiment
44:07a voulu y mettre fin.
44:09Bon alors, moi ça m'interpelle parce que je me dis
44:11que vous êtes
44:13toujours battus pour cette égalité des chances.
44:15Regardons par exemple Sciences Po,
44:17nous,
44:19on regarde souvent
44:21cette ouverture. Par exemple, on arrive
44:23maintenant à Sciences Po sans passer
44:25le concours écrit.
44:27C'est bien cela.
44:29Et aujourd'hui, ou l'oral, je ne sais plus.
44:31En tout cas, pour ouvrir un peu à tout le monde,
44:33est-ce que forcément l'égalité des chances
44:35arrive au résultat que vous souhaitez ?
44:37On a l'impression, comme ça, vu de loin
44:39que malgré la volonté
44:41d'ouvrir, malgré
44:43la volonté de mixité sociale
44:45que vous soulignez, on n'arrive pas
44:47au résultat souhaité, à la
44:49méritocratie ? Ce sont toujours des politiques
44:51de longue haleine.
44:53Mais je vais vous prendre un exemple très concret
44:55autour de la réforme de l'affectation
44:57en lycée à Paris.
44:59Il y avait vraiment
45:01une hiérarchisation très forte des lycées.
45:03Mais du coup, il y avait
45:05des lycées qui étaient hyper demandés
45:07et d'autres qui n'étaient pas du tout demandés.
45:09Or, à Paris,
45:11il n'y a aucune raison qu'on n'ait pas dans tous les lycées.
45:13Il y a un réseau de transport,
45:15il y a tous les instituts
45:17culturels. Donc,
45:19on s'est dit, on va
45:21mixer un peu les publics
45:23et on va aussi un peu
45:25aider les équipes, on va les accompagner.
45:27Mais par exemple, le lycée Voltaire,
45:29dans le 11e arrondissement, un très beau lycée
45:31de la Troisième République, il était fuit.
45:33Bon. Depuis
45:35qu'on a fait cette réforme,
45:37c'est « the place to be » à Paris.
45:39Donc, vous voyez, ça tient à peu de choses.
45:41Ça tient à une volonté,
45:43ça tient à
45:45écouter les uns et les autres,
45:47parce que je crois que nous avons fait ça en concertation,
45:49un peu à la suédoise, j'ai envie de dire, enfin à la scandinave.
45:51Et dans ces conditions,
45:53ça fonctionne.
45:55J'ai beaucoup de questions encore, parce qu'on a parfois l'impression
45:57qu'au contraire, ça tient peut-être vers le bas.
45:59On va en discuter encore,
46:01on va aussi parler de couteaux, on va aussi parler
46:03de la violence à l'école. Une question de Mathieu Bocoté.
46:05Alors, quand on traite politiquement la question de l'école,
46:07on a eu l'impression ces dernières années,
46:09de Jean-Michel Blanquer à Papendiaïe
46:11à Mme Elisabeth Borne, on a eu l'impression,
46:13vu de loin peut-être, que le
46:15cap en matière d'éducation changeait
46:17sans cesse. Était-ce véritablement le cas
46:19entre Jean-Michel Blanquer et Papendiaïe ?
46:21Est-ce que c'était néanmoins la même philosophie
46:23de l'école, et seulement les apparences changeaient ?
46:25Ou est-ce qu'on était devant deux philosophies contradictoires ?
46:27Alors, il n'y a pas sur le plateau
46:29le grand historien
46:31qui agit... Marc Menand, il est sous fond,
46:33mais il vous embrasse.
46:35Mais c'est vrai que, finalement,
46:37les politiques en matière d'éducation,
46:39ce sont les mêmes, en tout cas,
46:41elles ont les mêmes perspectives depuis
46:43très longtemps, depuis, j'ai envie de dire,
46:45le lendemain de la
46:47Première Guerre mondiale. Et en fait,
46:49la logique, c'est d'aller vers une école démocratique
46:51parce que c'est l'aspiration
46:53du peuple français. Et donc,
46:55on essaye de réunir
46:57l'école dans ce dessin. Et je pense
46:59que ça a été la constante
47:01de toute la Ve République.
47:03Ça a été la volonté du général de Gaulle.
47:05Et aujourd'hui, justement,
47:07le compte n'y est plus. Je pense que
47:09les français estiment
47:11qu'aujourd'hui,
47:13eh bien, ils voient bien que c'est un peu
47:15toujours les mêmes qui ont les mêmes places.
47:17Et ça, ça ne peut pas fonctionner dans une démocratie
47:19comme la République française.
47:21Charlotte d'Ornéas.
47:22Mais est-ce que vous ne croyez pas, justement, que c'est l'exigence
47:24qui a manqué à certains endroits ? Vous disiez tout à l'heure
47:26qu'il y avait beaucoup de conservatisme en France. Je n'ai pas l'impression
47:28que ce soit lui qui ait triomphé à l'école
47:30et dans les pédagogies qui ont été mises en place ces dernières
47:32années. Et vous disiez, par exemple,
47:34sur les classes préparatoires, que vous
47:36vouliez élargir, on va dire, le socle
47:38des élèves qui y venaient. Est-ce que vous pensez
47:40que ça se décide en classe préparatoire
47:42quitte à prendre des niveaux inférieurs ou plutôt
47:44dès l'école primaire avec plus
47:46d'exigences pour tous
47:48afin que tous puissent parvenir au même niveau
47:50et donc rentrer dans les classes préparatoires sans
47:52en baisser le niveau ?
47:53L'un n'exclut pas l'autre. Évidemment,
47:55l'investissement massif de la nation,
47:57il doit être sur le premier degré.
47:59C'est ce qui a quand même été fait au cours des
48:01dernières années. On a mis
48:03des centaines et des centaines de millions
48:05sur le premier degré. On était très en retard
48:07sur notre investissement dans le premier degré.
48:09Il y a, vous le dites aussi, la question
48:11de la pédagogie, des méthodes
48:13qui fonctionnent.
48:15Ce qui manque en France
48:17encore aujourd'hui, c'est une formation
48:19de nos professeurs aux méthodes
48:21probantes, aux méthodes qui sont prouvées
48:23scientifiquement. J'ai l'habitude de dire
48:25l'école n'a pas fait sa révolution
48:27comme la médecine
48:29de Claude Bernard, si vous voulez.
48:31On se pose encore des questions sur les méthodes
48:33alors qu'on sait, avec les sciences cognitives,
48:35les méthodes qui fonctionnent.
48:37Mais on arrive de plus en plus
48:39à avoir de l'adhésion des professeurs
48:41et même s'il y a eu des errances,
48:43ça je vous l'accorde notamment.
48:45Ou des erreurs, même.
48:47Oui, des errances, des erreurs.
48:49Il y a aujourd'hui une sorte de consensus
48:51notamment sur l'apprentissage de la lecture.
48:53Mais il faut
48:55qu'on forme nos professeurs à ces méthodes.
48:57Moi je ne comprends pas, pardon.
48:59Monsieur le recteur, avec tout le respect
49:01que je vous dois, votre poste est difficile
49:03quand vous dites qu'il faut former les professeurs.
49:05Il y a des méthodes qui fonctionnent, comme vous l'avez dit.
49:07On le sait très bien. Il y a des méthodes
49:09même asiatiques qui fonctionnent très bien.
49:11La méthode de Singapour pour la mathématique.
49:13Exactement, qu'on donne
49:15dans des écoles privées, notamment en France.
49:17Dans un instant, une question de Gabriel Cluzel.
49:19Par exemple, pourquoi monsieur le recteur,
49:21aujourd'hui, tout le monde
49:23se rue sur les écoles privées.
49:25Tout le monde fuit
49:27cette école publique. Pourquoi ?
49:29Parce que tout le monde voit cette déchéance
49:31de l'éducation nationale. Même les enseignants,
49:33même les proviseurs,
49:35et vous avez été proviseur adjoint,
49:37ils mettent leurs enfants dans une école privée.
49:39Comment on peut expliquer cela ?
49:41Alors, il ne faut jamais oublier
49:43que l'école, c'est le reflet de la société.
49:45Et si on lui met
49:47tout sur le dos, sans prendre
49:49ses responsabilités en termes de société,
49:51on ne va pas y arriver. Par exemple, dans les pays
49:53où ça fonctionne bien, le Japon,
49:55il y a un alignement entre ce que
49:57veulent les familles, ce que veut la société
49:59et ce que veut l'école.
50:01Donc, il faut qu'on aille dans ce sens
50:03de la responsabilisation de tous.
50:05Ce livre, je l'ai aussi écrit
50:07pour qu'on ait ce débat.
50:09Sereinement, sans anathème.
50:11Je ne pense pas
50:13que l'herbe soit plus verte toujours
50:15ailleurs. Nous avons
50:17quand même 880 000 professeurs
50:19qui sont tous masterisés.
50:21Aucun chef d'entreprise
50:23ne vous dira qu'avec ça, on ne peut pas faire du bon travail.
50:25Ce n'est pas possible. Donc, il faut
50:27simplement qu'on retravaille
50:29en confiance. Il y a aujourd'hui
50:31un sentiment. Vous parliez tout à l'heure
50:33de Dominique Bernard. On pense à lui.
50:35On pense à Samuel Paty.
50:37Il y a aujourd'hui un sentiment.
50:39Nos professeurs se sentent comme les fantassins
50:41de 1916, seuls abandonnés au front.
50:43Il faut que la société soit derrière eux.
50:45C'est ça qu'ils demandent.
50:47Absolument. J'ai d'autres questions.
50:49Oui, en ce moment, nous en parlons
50:51beaucoup de réindustrialisation,
50:53de la nécessité de relever la frente.
50:55Nous avons besoin d'excellence.
50:57Écoutez, les classes préparatoires
50:59restent un
51:01lieu d'excellence, peut-être le dernier.
51:03Donc,
51:05plutôt que de se dire, ah, dommage,
51:07qu'il n'y ait pas des enfants plus moyens en classe préparatoire,
51:09est-ce qu'on ne pourrait pas se dire
51:11faisons en sorte,
51:13quand ils sont plus jeunes, en effet,
51:15de les emmener au niveau des classes préparatoires
51:17plutôt que d'emmener
51:19des classes préparatoires
51:21au niveau de ses élèves. Et par ailleurs,
51:23s'il n'y a pas de mixité sociale,
51:25comme il n'y a plus de transmission à l'école,
51:27c'est parce que la transmission se fait au sein des familles.
51:29Et c'est ça, sans doute, le plus regrettable.
51:31Mais là, c'est la faute de l'école.
51:33Pardon.
51:35Et de l'idéologie pédagogiste.
51:37Encore une fois, je ne dis pas que
51:39le modèle des classes préparatoires est mauvais.
51:41Je dis qu'il ne profite qu'à un certain type
51:43de population
51:45et que ça pose problème en termes démocratiques.
51:47C'est ça que je dis. Je ne suis pas contre
51:49les élites, mais il faut qu'elles soient représentatives
51:51de l'ensemble du peuple français.
51:53Sinon, ça crée une déconnexion
51:55avec le peuple, précisément.
51:57C'est à quoi il faut faire attention.
51:59Par ailleurs, ce modèle d'une école
52:01qui trie beaucoup,
52:03ça fait beaucoup de gâchis.
52:05Et aujourd'hui, il ne vous a pas échappé
52:07que l'économie a besoin de tous les talents.
52:09Donc moi, ce que je préconise, c'est qu'on inverse
52:11un peu les choses.
52:13Mais c'est parce qu'on les emmène à un bac général,
52:15là où ils pourraient faire du métier manuel, etc.
52:17Il faut valoriser tous les talents.
52:19L'école, elle a été faite.
52:21C'est historique.
52:23Pour trier les forts en maths et les forts en thèmes.
52:25Aujourd'hui, on n'a pas besoin
52:27seulement de forts en maths et en thèmes,
52:29y compris au plus haut niveau.
52:31Donc ça, il faut qu'on y réfléchisse collectivement.
52:33J'ai des pistes là-dessus.
52:35Vous avez donné justement les 2-3 mesures que vous préconisez
52:37pour sauver l'école. Dans un instant,
52:39une question et ensuite une question
52:41d'Eric Tegner, juste par rapport
52:43à la violence à l'école.
52:45On voit,
52:47et ce n'est pas dans tous les pays,
52:49on voit tous les jours qu'à la sortie d'un lycée,
52:51il y a un jeune de 14 ans
52:53qui se fait agresser au couteau.
52:55Il y a un sondage,
52:57récent sondage d'Opinion Way pour l'Institut Hexagone
52:59qui révèle une inquiétante augmentation
53:01des actes de violence à l'école
53:03en France au cours de ces 5 dernières années.
53:05Entre l'islamisation,
53:07on parlait de Samuel Paty
53:09et de Dominique Bernard,
53:11entre les violences à l'école,
53:13entre les couteaux, il y a quand même un problème.
53:15Encore une fois,
53:17l'école, c'est le reflet de la société.
53:19Moi, je me souviens,
53:21en janvier 2010,
53:23j'étais au cabinet de Luc Chattel,
53:25on a eu le premier lycéen
53:27tué dans un établissement,
53:29poignardé.
53:31Ça a eu une émotion considérable.
53:33Il y avait eu des états généraux
53:35de la sécurité à l'école
53:37qui réunissaient le ministre de l'éducation,
53:39de l'intérieur,
53:41justice, etc.
53:43Il y a eu des progrès.
53:45Maintenant, on travaille beaucoup plus ensemble.
53:47Encore une fois,
53:49la question que je pose,
53:51c'est quelle école nous voulons
53:53pour quelle société.
53:55Eric Degner pose sa question, ensuite les 2-3 mesures pour terminer.
53:57J'ai peut-être un biais de défiance
53:59sur le mot, quand j'entends
54:01mixité sociale. En général, j'ai les warnings
54:03qui sonnent.
54:05On a l'impression, peut-être je vois les choses de loin,
54:07que lorsque nos dirigeants,
54:09lorsque ceux à la tête de l'éducation nationale
54:11disent qu'il faut plus de mixité sociale,
54:13ils entendent aller chercher des gens
54:15dans les quartiers, dans les banlieues.
54:17On a vu notamment, par exemple, sur les concours
54:19de Sciences Po, et que là-dedans, la ruralité
54:21est complètement mise de côté.
54:23C'est vraiment toute la population.
54:25Encore une fois, c'est la représentativité.
54:27Vous savez, en fait, je pense que le peuple
54:29a payé l'impôt du sang avec la guerre
54:31de 14-18. Et à partir du moment
54:33où il a le droit d'être
54:35représenté dans les élites.
54:37Et donc, cette mixité sociale
54:39qu'on avait dans les tranchées,
54:41pourquoi on ne la retrouverait pas à l'école ?
54:43C'était ça, l'idée de l'école unique
54:45de Jean Zay à Charles de Gaulle.
54:47Et je crois que c'est,
54:49derrière, est-ce qu'on veut
54:51une société de la sécession,
54:53de la séparation, comme en Amérique latine,
54:55avec des murailles, se protéger,
54:57ou est-ce qu'on veut être dans une société
54:59plus de la coopération,
55:01ce que nous invite
55:03l'économie d'aujourd'hui ?
55:05C'est ça les vraies questions.
55:07Je pense que tout le monde veut une société de la coopération
55:09et ne pas sans murailles. Donnez-nous,
55:11en quelques secondes, avant la dernière chronique de Mathieu,
55:13les 2-3 mesures que vous préconisez, peut-être.
55:15Alors, vous savez, on dit toujours
55:17qu'il y a une indigestion de réformes
55:19et il faut se méfier des mesures,
55:21précisément, les dispositifs et les mesures.
55:23Moi, je crois qu'on a besoin de professeurs
55:25et on a besoin d'élèves qui apprennent
55:27dans un climat serein. Ça, dont on a besoin.
55:29Parce qu'on a de moins en moins
55:31de professeurs, accessoirement.
55:33Ils ne veulent plus y aller.
55:35Il faut les attirer,
55:37valoriser ce métier,
55:39y compris financièrement, leur donner
55:41les conditions du travail, du travail en commun.
55:43Et ensuite,
55:45il faut responsabiliser
55:47toute la société. C'est-à-dire qu'il faut que les parents
55:49– il y a des initiatives formidables qui existent
55:51dans certains établissements – il faut aller chercher
55:53les parents, parce que sans les parents, on ne peut pas y arriver.
55:55Et enfin, il faut
55:57multiplier les savoirs,
55:59pas seulement les savoirs académiques.
56:01Le modèle suédois, là encore, est intéressant
56:03avec le travail manuel
56:05pour tous au collège.
56:07– Merci beaucoup, Christophe Quirero.
56:09Restez avec nous pour écouter la dernière chronique
56:11de Mathieu Bocoté, puisque vous avez travaillé
56:13au sein du cabinet ministériel.
56:15Écoutez bien.
56:17Question. Emmanuel Macron
56:19est-il plus fort ou plus faible que jamais ?
56:21– Les deux, peut-être. Les deux.
56:23C'est-à-dire, rappelons-nous, il y a quelques semaines
56:25à peine, on disait d'Emmanuel Macron
56:27qu'il était, on dirait en anglais, un « lame duck president »,
56:29c'est-à-dire un président qui était fantomatique,
56:31vaincu, qui survivait
56:33dans une fonction où il n'avait plus véritablement de pouvoir.
56:35La logique d'état d'urgence
56:37a permis à Emmanuel Macron
56:39de s'emparer de l'ensemble de l'agenda médiatique
56:41et de fixer les paramètres du débat
56:43public en effaçant complètement
56:45les autres sujets qui pouvaient lui nuire.
56:47Donc là, on ne parle plus, par exemple, en ce moment,
56:49d'immigration, on ne parle plus de la question
56:51de l'Algérie, la question de l'insécurité
56:53est ramenée au niveau des faits divers,
56:55et plus encore, Emmanuel Macron est parvenu
56:57à récupérer la place
56:59que lui avait confisquée François Béroud,
57:01qui était devenu l'homme politique du moment,
57:03mais comment y parvient-il ?
57:05Il s'y propulse en se propulsant
57:07au premier rang européen,
57:09il devient finalement le président de l'Europe qu'il espérait devenir,
57:11et ce détour par l'Europe
57:13lui permet finalement de redevenir,
57:15dans les circonstances d'état d'urgence,
57:17le président qui reprend
57:19le pouvoir politique en France. Donc,
57:21Emmanuel Macron, disons, sur un an,
57:23n'a jamais été aussi fort.
57:25Et je dirais que tant que cet état d'esprit
57:27demeure, celui de la mobilisation générale,
57:29celui de « il faut à tout prix se préparer
57:31à la guerre », « la Russie, demain,
57:33le Chik pourrait venir », tant que nous sommes
57:35dans cet état d'esprit, c'est un état qui est
57:37favorable à Emmanuel Macron, comme en témoignent
57:39d'ailleurs les sondages, le fameux effet drapeau
57:41fonctionne encore un peu pour lui.
57:43Donc vous êtes en train de nous dire que tant que cet état
57:45de mobilisation générale fonctionne, Emmanuel Macron
57:47va dominer l'agenda ? Oui, mais c'est aussi
57:49sa faiblesse, paradoxalement, parce que
57:51les autres enjeux disparaissent
57:53médiatiquement, ça c'est le temps de la grande
57:55éclipse médiatique en ce moment. Mais les autres
57:57enjeux que j'ai évoqués, immigration,
57:59Algérie effondrement scolaire aussi par exemple,
58:01on l'a évoqué,
58:03l'insécurité, ce sentiment qu'on est français
58:05d'être dépossédés dans leur propre pays, la confiscation
58:07du pouvoir par l'Europe, tout ça demeure
58:09une réalité. Donc on peut
58:11pour l'instant, avec une rhétorique
58:13que nous connaissons, une rhétorique qui est la nôtre depuis
58:15une dizaine de jours, on peut mettre une pression
58:17très forte, toujours plus forte sur
58:19l'opinion pour dire « il n'y a qu'un sujet, c'est la Russie ».
58:21Vous voulez parler d'autre chose ? C'est la Russie.
58:23Quoi ? La Russie ? Quand vous êtes
58:25dans cet état de sidération,
58:27d'attentation, ça veut dire que c'est de faire le pas de trop.
58:29Une logique d'engrenage, toujours poussée
58:31plus loin pour assurer la maîtrise
58:33de l'agenda. Mais si une partie
58:35du réel remonte à la surface, si tout ce qu'on
58:37a éclipsé sur le mode de l'éclipse
58:39médiatique depuis 10 jours,
58:41quelques semaines à la rigueur,
58:43remonte à la surface, on redécouvre
58:45alors Emmanuel Macron sous d'autres traits.
58:47Un président sans majorité,
58:49un président avec une capacité électorale réduite,
58:51un président qui a composé un gouvernement
58:53à la manière d'une courte pointe,
58:55avec des bouts ici rapportés, tout ça.
58:57Un gouvernement sans trop de grande cohérence,
58:59un gouvernement contesté par une opposition nationale
59:01forte que certains rêveraient d'interdire demain.
59:03Alors, dès lors qu'on quitte
59:05le registre de la mobilisation générale,
59:07il est possible de dire qu'Emmanuel Macron
59:09serait alors beaucoup plus faible
59:11qu'on ne le croit en ce moment.
59:13Merci à tous pour vos analyses.
59:15N'oubliez pas,
59:17Christophe Guerrero, un très intéressant
59:19à lire. L'école n'a pas dit
59:21son dernier mot, le coup de gueule d'un
59:23recteur qui refuse de baisser
59:25les bras. Merci infiniment d'avoir
59:27été avec nous, le livre qui sort aujourd'hui.
59:29On aurait tant de questions encore à vous poser sur l'école.
59:31Tout de suite, Pascal Praud,
59:33à l'heure des pro 2. Merci à tous.