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Parlement Hebdo c'est le meilleur de la semaine parlementaire. Chaque vendredi, un député et un sénateur analysent les temps forts de la semaine au Sénat et à l'Assemblée nationale.Cette semaine, Kathia Gilder (LCP-AN) et Alexandre Poussart (Public Sénat) reçoivent Léa Balage El Mariky, députée « Ecologiste et social » de Paris, et Christian Cambon, sénateur Les Républicains du Val-de-Marne. Au programme : la situation en Ukraine et en Europe, et le débat au Sénat sur les relations franco-algériennes. Alors que les Etats-Unis se désengagent brutalement du soutien à l’Ukraine et se rapprochent de plus en plus de Vladimir Poutine, les pays européens se trouvent face à un choix. La semaine du 3 mars a été décisive : la Commission européenne a annoncé un plan de réarmement pour le continent et les 27 se sont rencontrés lors d’un conseil européen extraordinaire. Est-ce la fin de la paix sur le continent ? Le 4 mars, les sénateurs débattaient des accords migratoires qui lient Paris et Alger. Signés en 1968, ils accordent certaines facilités à des ressortissants algériens pour venir en France. La droite sénatoriale demande une remise en cause de ces accords et la gauche dénonce une surenchère inutile. Année de Production :

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00:00Générique
00:02...
00:09Bonjour à tous.
00:10Heureux de vous retrouver pour un nouveau numéro
00:12de Parlement hebdo.
00:13L'émission revient sur les temps forts.
00:16Comme chaque semaine, nous vous proposons un débat
00:19entre un député et un sénateur.
00:20Une députée, nous accueillons Léa Ballagel-Mariqui.
00:23Vous êtes membre du groupe écologiste et social de Paris
00:27et vous faites partie de la commission des lois
00:29internationales. Vous débattez avec Christian Cambon.
00:32Bonjour. Sénateur LR du Val-de-Marne,
00:34envoyé spécial du président du Sénat
00:36pour les relations internationales.
00:38Vous êtes ancien président de la commission
00:41des affaires étrangères et de la défense du Sénat.
00:44Nous consacrerons une large partie de cette émission
00:47à la guerre en Ukraine et à la sécurité en Europe.
00:49Une urgence débattue au Parlement cette semaine
00:52pour faire face à la menace russe.
00:54Les dépenses militaires vont augmenter,
00:57Le Sénat a débattu cette semaine
00:59d'une autre question internationale
01:01dans la crise diplomatique actuelle avec l'Algérie.
01:04La France doit-elle dénoncer les accords de 1968
01:07qui facilitent l'installation des immigrés algériens en France ?
01:12Mais d'abord, la question à la une,
01:14la réponse de la France face à la menace russe
01:17et au désengagement américain en Ukraine,
01:19le récit de Stéphanie Despierre.
01:23Dès lundi, le Premier ministre donne le ton.
01:26C'est la fin de la loi du plus juste.
01:29C'est le règne de la loi du plus fort.
01:32Le lendemain, même gravité devant le Sénat.
01:35Ces débats sur l'Ukraine et la sécurité en Europe
01:38étaient prévus de longue date,
01:39mais l'humiliation de Volodymyr Zelensky
01:42par Donald Trump et l'arrêt de l'aide américaine à Kiev
01:45ont changé la donne.
01:46Mercredi soir, le président de la République
01:49s'adresse sans détour aux Français.
01:51Nous entrons dans une nouvelle ère et la Russie est une menace.
01:54Que la paix en Ukraine soit acquise rapidement ou non,
01:57les Etats européens doivent, compte tenu de la menace russe
02:01que je viens de vous décrire, être capables de mieux se défendre
02:05et de dissuader toute nouvelle agression.
02:08Quoi qu'il advienne, il nous faut nous équiper davantage.
02:12Emmanuel Macron promet de le faire sans augmenter les impôts,
02:16ce qui réclame des réformes et du courage, dit-il.
02:19A l'Assemblée, les réactions à cette allocution sont contrastées.
02:23Le président de la République avait trouvé les mots justes,
02:26capacité à décrire la situation dans sa réalité,
02:28sa complexité et la difficulté qui est devant nous.
02:31Il avait dit ce que nous avons sous les yeux,
02:33c'est-à-dire la nécessité pour l'Europe de se constituer en puissance.
02:38À certains moments, on avait l'impression
02:40que les chars russes allaient arriver à Paris la semaine prochaine.
02:44Je ne pense pas qu'on en soit là.
02:45Vu la gravité de la situation,
02:47le président de la République a été trop alarmiste.
02:50Il a été à la hauteur.
02:51Je voudrais dire qu'il reste encore un certain nombre de flous
02:54qui méritent d'être levés.
02:56Quand le président de la République dit qu'il faudra faire des efforts,
03:00il ne dit pas qui, quand et comment.
03:02Il faut tout mettre en oeuvre pour qu'il y ait une paix durable.
03:06On ne peut pas demander aux Françaises et aux Français
03:09de faire encore des efforts, c'est impossible.
03:11Face aux inquiétudes, François Bayrou précise
03:14que cette priorité à la défense
03:15n'implique pas l'abandon de notre modèle social.
03:19Commençons par une question d'actualité.
03:21Ce jeudi soir, les Etats membres de l'Union européenne
03:24ont validé le plan de 800 milliards d'euros
03:27pour réarmer l'Europe sur le plan militaire.
03:29Est-ce que c'est le début d'une véritable défense européenne ?
03:34Je crois que là, ce que nous avons face à nous,
03:37c'est évidemment un défi immense,
03:39immense pour nos démocraties, pour l'Europe,
03:42mais d'abord pour l'Ukraine qui résiste depuis plus de trois ans
03:45puisque l'agression de la Russie vis-à-vis de l'Ukraine
03:48n'a pas en réalité commencé dès 2014.
03:50Nous avons besoin d'une réponse politique
03:52extrêmement forte en Europe et donc ce plan,
03:55ce début de plan et de coordination autour d'une défense européenne
03:59est une première étape essentielle et donc c'est positif,
04:02mais il faut aussi avoir à coeur de bâtir notre souveraineté,
04:05notamment notre souveraineté énergétique,
04:08notre souveraineté alimentaire,
04:10parce que nous dépendons encore de l'énergie fossile russe.
04:13L'urgence, c'est le plan militaire, réarmer l'Europe,
04:16les moyens de la défense.
04:18Si on continue avec une main de réarmer l'Europe
04:21et de l'autre main de financer les Russes
04:24en continuant d'importer du gaz russe,
04:26de l'uranium enrichi,
04:28en réalité, tous les efforts que nous faisons d'un côté,
04:32nous allons les annuler de l'autre.
04:34Christian Cambon, est-ce qu'il faut à la fois se réarmer
04:37au niveau européen, avoir notre indépendance militaire,
04:40et être encore plus dur avec la Russie
04:42et arrêter de s'approvisionner en gaz russe ?
04:45Déjà, ce qu'il faut bien comprendre,
04:47c'est qu'on assiste à une accélération de l'histoire
04:50que nous n'avons jamais connue jusqu'à présent.
04:53On a basculé dans un monde en l'espace de huit jours
04:56qui aurait raconté la scène de vendredi dernier
04:59à la Maison-Blanche, il y a quelques jours.
05:03Et donc, je pense que le seul service
05:05que M. Trump a rendu à l'Europe,
05:07c'est qu'au moins, il y a eu une prise de conscience.
05:10Successivement, on vient d'avoir trois sommets successifs,
05:13et notamment celui de Bruxelles, hier,
05:15où le changement de ton est tout à fait notable,
05:18puisque maintenant, tout le monde,
05:20quasiment tout le monde, peut-être à l'exception
05:23de M. Orban en Hongrie, qui tient un langage différent,
05:26mais tous les pays européens font preuve, maintenant,
05:29d'une forte volonté d'investir dans une défense européenne
05:33qui ne dépend moins, peut-être plus, à terme,
05:37mais en tous les cas, beaucoup moins, des Etats-Unis.
05:40Je pense que c'est, effectivement,
05:42une volonté qui est positive,
05:44et je rejoins ce que dit l'Herbard.
05:46Il faut, bien évidemment, que cette souveraineté,
05:49nous la retrouvions dans tous les domaines.
05:52Si, dans le même temps, sous le tapis
05:54et par l'intermédiaire d'intermédiaires X ou Y,
05:57on continue à acheter du gaz russe
05:59ou des produits qui viennent de ce pays,
06:02on continue à alimenter la machine de guerre russe.
06:05Donc, effectivement, il faut s'engager
06:07dans cette prise de conscience,
06:09et faire les efforts qui vont être nécessaires.
06:11Les aballages al-Mariki,
06:13vos alliés communistes et insoumis,
06:15disent que réarmer l'Europe,
06:17ça va entraîner une escalade militaire avec la Russie.
06:21Est-ce que réarmer l'Europe,
06:23c'est ça qui permet d'avoir la paix,
06:25ou, au contraire, ça mène à l'escalade ?
06:27Je crois que, là, on a un impérialisme russe
06:31qui est extrêmement puissant
06:33et qui ne s'arrêtera pas aux frontières de l'Ukraine.
06:36La Russie essaie de faire des provocations.
06:40Je pense à l'Estonie, la Pologne,
06:42qui nous dit que nous sommes en danger
06:44et nous sommes extrêmement dépendants des Etats-Unis,
06:47nous avons besoin de l'Europe pour construire une défense
06:50qui soit souveraine sur le continent européen.
06:52En réalité, ce n'est pas l'escalade
06:54dont il faut avoir peur,
06:56c'est de la Russie, qui est une menace,
06:58une menace pour nos démocraties.
07:00Elle le fait aux frontières de l'Europe,
07:02mais elle le fait aussi dans nos propres frontières
07:05quand elle attaque notre système démocratique
07:07avec des fake news,
07:09avec une attention particulière...
07:11Sur des stabilisations, des services publics...
07:14A gauche, vous n'êtes pas du tout d'accord sur ce diagnostic ?
07:17Si vous voulez, je comprends qu'on ait des appréhensions
07:20différentes de la manière dont on doit coordonner,
07:23politiquement, la défense au niveau européen.
07:25Mais nous avons la chance d'avoir,
07:27et vous venez de le dire, d'avoir un sursaut,
07:30et de faire de l'Europe une entité politique
07:32capable d'avoir une souveraineté,
07:34qu'elle soit militaire, économique, industrielle,
07:37c'est extrêmement important.
07:39Quand la prise de conscience est là
07:41face à la réalité de la menace,
07:43la Russie, c'est une menace pour la France.
07:46Est-ce que c'est la bonne stratégie
07:48que de durcir le ton face à Vladimir Poutine ?
07:51Il est évident que la tournure des événements
07:54incite la France,
07:56mais les pays européens d'une manière générale,
07:59à durcir le ton.
08:02Nous n'avons pas de temps suffisamment long
08:04pour reprendre toute cette histoire
08:06depuis les accords de Minsk jusqu'à aujourd'hui,
08:09ceci étant, ce que dit le président Poutine,
08:12parlant hier de Napoléon,
08:14enfin, qui a envahi qui ?
08:16Napoléon allait vers Moscou pour envahir Moscou.
08:19Je ne sache pas que les Français ou les Européens
08:22ont l'intention d'aller conquérir la Russie.
08:25En revanche, c'est bien la Russie
08:27qui a porté atteinte à un pays souverain,
08:30dont l'intégrité des frontières
08:32était reconnue internationalement,
08:34et qui a donc rompu un certain nombre d'accords internationaux
08:38d'une gravité extrême.
08:40La Russie est signataire de la Charte des Nations unies
08:43et membre du Conseil de sécurité.
08:45Face à cette escalade, face à ces menaces...
08:48Et la Russie, elle-même, monsieur Poutine,
08:51a à plusieurs reprises mentionné l'arme nucléaire.
08:54Et autour de lui, il y a des gens encore beaucoup plus violents
08:58qui disent qu'il faut casser et rompre l'épine dorsale de l'Europe
09:02en utilisant l'arme nucléaire.
09:04Je comprends que nos opinions publiques soient inquiètes,
09:08et éclairer l'opinion comme on essaie de le faire aujourd'hui,
09:12c'est très important, et que de la part de nos dirigeants,
09:15il y ait une réaction face à des discours bellicistes.
09:18Sur le plan français, Emmanuel Macron a annoncé
09:21une hausse de nos dépenses militaires.
09:24Est-ce que la défense doit devenir la nouvelle priorité
09:27dans nos dépenses publiques ?
09:29Il y a une discussion qui doit avoir lieu
09:32sur la manière dont on finance cet effort.
09:35Il ne peut pas reposer sur les classes moyennes,
09:38sur les classes populaires.
09:40J'en appelle au patriotisme fiscal des plus riches.
09:43Les écologistes ont déposé un texte qui a été adopté
09:46à l'Assemblée nationale, la taxe Zucman,
09:49qui permet d'avoir un rendement de près de 15 à 20 milliards d'euros.
09:53C'est une taxe sur les patrimoines des personnes
09:57Ces personnes-là, il faut les mettre à contribution.
09:59Il faut aussi être moins dépendants, je le disais,
10:02des énergies fossiles, des engrais russes,
10:05également, que nous importons.
10:07Vous êtes d'accord avec Léa Balagel-Marecki,
10:09qui appelle au patriotisme fiscal des plus riches.
10:12Est-ce que ça pourrait être une bonne idée
10:14de faire contribuer ceux qui peuvent le plus
10:16pour cet effort nouveau et important ?
10:18Je ne suis pas un fanatique des impôts nouveaux
10:21dans un pays qui a quand même
10:24les performances les plus importantes
10:26en manière de fiscalité.
10:28Ceci posé, je pense que c'est une idée à laquelle il faut réfléchir,
10:32mais qui ne réglera pas tous les problèmes
10:34au égard aux sommes qui sont en jeu et dont on parle.
10:37Alors, je crois qu'effectivement,
10:39si la fraction la plus riche,
10:41on a parlé des 1 800 ou plus riches,
10:43qui payent moins d'impôts proportionnellement
10:45que les classes moyennes,
10:47si ces gens-là ne contribuent pas, peut-être qu'il faut regarder.
10:50Mais je ne pense pas qu'il faille systématiquement
10:52se tourner uniquement vers cela.
10:53Alors, comment va-t-on couvrir des sommes pareilles ?
10:56Oui, d'autant que ce vendredi,
10:58François Bayrou dit qu'il n'y aura pas de hausse d'impôts
11:01dans la foulée, comme l'avait dit Emmanuel Macron.
11:04Comment fait-on ?
11:05Déjà, remettons les choses en perspective.
11:07Les forces armées...
11:09J'ai été rapporteur des deux lois de programmation militaire,
11:12donc je sais à peu près où on en est.
11:14Les forces armées représentent dans le budget français
11:17actuellement 2 % lorsque les dépenses économiques,
11:21sociales, universales sont à 56 %.
11:25Donc il ne faut pas dire, comme on peut le lire ici ou là,
11:28que brusquement, en faisant un effort de défense,
11:30on va déstabiliser, on va remettre en cause le modèle social.
11:33Non, bien évidemment, la France va rester ce qu'elle est
11:36et les Français vont vivre comme ils peuvent
11:39et dans le schéma qui est actuellement le schéma social,
11:43qui est le nôtre.
11:44Alors, est-ce qu'il y a des moyens de financement ?
11:47Bien évidemment, il y a d'abord cet emprunt
11:50qui va être souscrit par l'Union européenne,
11:53150 milliards d'euros,
11:56qui va être souscrit dans des conditions et dans des garanties
11:59qui vont être plus intéressantes
12:01que si chacun empruntait de son côté.
12:03Il y a les fonds structurels européens,
12:05dont j'ai appris du reste avec surprise
12:07que près de 350 milliards n'étaient pas utilisés.
12:09Moi, il me semblait que les fonds structurels,
12:11Dieu sait si on en aurait besoin,
12:13je pense à tous nos maires et toutes les collectivités,
12:15mais enfin, s'il y a cet argent qui est disponible,
12:17utilisons-le.
12:19Et puis, il y aura effectivement un effort
12:21qui sera demandé, soit à des financements publics ou privés.
12:25Et je veux souligner à cet endroit
12:27que nous avons fait une proposition,
12:29mon collègue Pascal Alizar a déposé une proposition de loi.
12:32Nous avons demandé qu'on puisse,
12:34de manière volontaire, solliciter les Français
12:37qui pourraient vouloir investir une partie de leur épargne
12:40sur la défense.
12:41On investit sur l'EOPLAY ou sur Carrefour.
12:44Pourquoi on n'investirait pas sur notre sécurité ?
12:47Ça concerne quand même nos enfants et les générations futures.
12:50Et orienter, par exemple, l'argent du livret A
12:52vers le financement des entreprises ?
12:54Une partie, on ne veut pas assécher non plus le logement social,
12:57mais une partie pour aller vers ces financements.
12:59Léa Balazs-Elmareki, est-ce qu'il faut aussi
13:01geler les milliards d'euros d'avoirs russes,
13:04alors que, pour l'instant, le droit international nous interdit ?
13:07On peut juste utiliser les intérêts de ces avoirs ?
13:09Alors, il faut bien comprendre la situation.
13:13Il faut utiliser ces avoirs gelés.
13:15Les actifs des avoirs russes qui sont gelés
13:18dans les banques européennes, notamment en Belgique.
13:21Plusieurs pays européens ont déjà dit qu'ils étaient volontaires
13:25à l'idée de pouvoir saisir l'ensemble de ce capital,
13:28200 milliards d'euros, pour pouvoir financer l'effort
13:31à destination de l'Ukraine et la reconstruction de l'Ukraine.
13:34C'est tout à fait possible en droit européen.
13:36Les conventions internationales nous disent
13:38que si on commet un acte illégal,
13:40en l'espèce l'agression de la Russie
13:42vis-à-vis du territoire ukrainien,
13:44une réponse proportionnée peut être faite.
13:47Nous saisissons déjà les intérêts de ce capital
13:50qui est actuellement dans nos banques.
13:52C'est une forme d'hypocrisie que de dire
13:54que nous ne pouvons pas utiliser tout le capital.
13:56C'est aussi une obligation morale.
13:58Nous avons 140 prix Nobel qui se sont mobilisés
14:01pour nous dire d'aller saisir cet argent qui est disponible.
14:04200 milliards d'euros qui dorment dans les banques européennes
14:08et qui peuvent contribuer à reconstruire l'Ukraine
14:11dans la justice, également.
14:13Est-ce que c'est la bonne voie ?
14:15Que l'on saisisse le produit de ces saisies,
14:18c'est une chose.
14:19Que l'on saisisse l'argent déposé,
14:21ça a quand même une certaine limite,
14:23car il faut bien comprendre
14:25que d'autres pays déposent de l'argent en Europe, beaucoup.
14:28Le gouvernement n'est pas favorable.
14:30Beaucoup d'autres pays déposent l'argent
14:33dans les banques européennes,
14:35parce que l'euro est une monnaie forte.
14:37Cela pourrait avoir beaucoup de conséquences à terme
14:40de ces pays qui se disent,
14:42si jamais on est en difficulté ou en conflit avec l'Allemagne
14:45ou avec la France, un conflit commercial,
14:47ils vont nous saisir nos biens.
14:49On risque d'avoir un contre-effet
14:51qui risque d'être plus grave
14:53que l'argent que l'on peut tirer.
14:55Il faut être très attentif à cela.
14:57Cela peut faire plaisir de dire qu'on va tous les saisir,
15:00les yachts, les maisons, etc.
15:02Vous êtes un érudent.
15:03Les 200 milliards, c'est de l'argent public.
15:05Vous ne saisissiez pas des oligarques.
15:07C'est pour ça que je pense qu'effectivement,
15:09les produits, à la moindre des choses...
15:11Ceux qui doivent rembourser, c'est la Russie.
15:13C'est la Russie qui a attaqué.
15:15C'est la Russie qui détruit chaque jour l'Ukraine.
15:18Donc si un jour, il y a des dommages de guerre,
15:21comme on a parlé à d'autres périodes de notre histoire,
15:24c'est la Russie qui devra payer le mal qu'elle a fait.
15:27Elle le fera sur ses moyens,
15:30mais je pense que là,
15:32on peut d'ores et déjà saisir les produits,
15:35mais sur les sommes, restons dans les règles internationales,
15:38car on pourrait avoir des retours
15:40qui seraient assez douloureux
15:42pour les économies de nos pays respectifs.
15:45Je ne suis pas tout à fait d'accord.
15:47Parce qu'en réalité,
15:48quand on n'a pas une réponse extrêmement forte
15:51vis-à-vis d'un agresseur qui a une vision impérialiste,
15:54je crois que quand on ne défend pas notre système démocratique,
15:57c'est là où on fragilise notre économie.
15:59On fragilise notre économie
16:00parce que nous n'avons pas l'ensemble de notre arsenal
16:03à la disposition.
16:04Nous n'allons pas saisir l'argent qui est dans nos banques.
16:07Nous l'avons déjà fait.
16:08Des sanctions économiques, nous l'avons déjà fait.
16:10Là, c'est d'aller jusqu'au bout du processus.
16:12C'est possible en droit international.
16:14Le droit coutumier international nous le permet.
16:17C'est demandé d'un point de vue moral, éthique,
16:21par la communauté internationale.
16:23Plusieurs pays européens y sont favorables,
16:25et au sein de l'Assemblée nationale,
16:27nous avons été plusieurs familles politiques différentes
16:30à être favorables à cela.
16:31C'est la raison pour laquelle j'ai déposé
16:33une proposition de résolution
16:35signée par plusieurs groupes parlementaires
16:37pour demander à ce que le gouvernement s'exprime
16:40en faveur de cette saisie du capital.
16:42C'est qu'il n'a pas fait. Il y a des raisons.
16:44On ne l'a pas encore convaincu, mais on va y arriver.
16:47On va parler de l'Algérie,
16:48puisque les sénateurs ont débattu, cette semaine,
16:51des accords migratoires de 1968 entre la France et l'Algérie.
16:54Des accords que le Premier ministre,
16:56François Bayrou, a menacé la semaine dernière
16:58de dénoncer dans un contexte de crise diplomatique
17:01très forte entre Paris et Alger.
17:03Flora Sauvage.
17:06La coupe est pleine pour la droite sénatoriale.
17:08Dans un contexte de vive tension entre Paris et Alger,
17:11un débat a eu lieu le 4 mars au Sénat,
17:13à l'initiative du groupe Les Républicains,
17:15qui veulent en finir
17:16avec l'accord franco-algérien de 1968.
17:19Cet accord confère aux ressortissants algériens
17:22des conditions de séjour plus favorables
17:24qu'aux autres étrangers.
17:25Mais deux visions s'opposent au sein du gouvernement.
17:28Face à la ligne dure de Bruno Retailleau,
17:30le ministre délégué en charge de l'Europe
17:32a défendu une position plus mesurée.
17:34Vous avez mentionné une solution
17:36qui se ferait dans le bénéfice de nos deux peuples.
17:39C'est tout l'objectif de ce que nous recherchons.
17:42C'est une renégociation pour défendre nos intérêts,
17:45pour pouvoir maîtriser notre immigration,
17:48mais qui n'irait pas à l'encontre du peuple algérien.
17:52Interrogé sur l'attentat au couteau à Mulhouse,
17:55le 22 février dernier,
17:56commis par un Algérien sous le coup
17:58d'une obligation de quitter le territoire
18:00lors des questions d'actualité au gouvernement,
18:03le ministre de l'Intérieur a réitéré sa volonté de mettre fin
18:06à l'accord franco-algérien.
18:08Si l'Algérie avait respecté le droit,
18:11nos accords, ses obligations,
18:13il n'y aurait pas eu d'attentat islamiste à Mulhouse.
18:16Pour ma part, je l'ai toujours dit,
18:18c'est une position personnelle que je répète,
18:20nous ne devons pas écarter la discussion
18:22sur les accords de 68.
18:23Une remise en cause de l'accord de 1968
18:26que n'approuve pas le chef de l'État
18:28et qui a valu au Premier ministre un rappel à l'ordre,
18:32ne veut pas en rester là.
18:33Je voudrais demander au président de la République
18:35combien coûtent ces accords ?
18:36Est-il capable de nous donner aujourd'hui,
18:38ventilé par prestations,
18:40à quel montant s'élèvent ces accords ?
18:42Parce que je pense que le contribuable français doit le savoir.
18:44À gauche, on désapprouve le bras de fer
18:46engagé avec l'Algérie.
18:48On n'est pas obligé d'injurier, d'invectiver
18:50et d'essayer d'humilier son partenaire.
18:51Quand vous cherchez l'humilation, vous avez l'effet contraire.
18:54L'accord franco-algérien a déjà été révisé 3 fois depuis 1968.
18:59La droite, sous la houlette du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau,
19:02réclame désormais son abrogation pure et simple.
19:06Christian Cambon, dénoncer ces accords de 1968,
19:08cela aggraverait fortement la crise diplomatique actuelle avec l'Algérie.
19:11Pourquoi mettre de l'huile sur le feu ?
19:15La crise entre l'Algérie et la France trouve ses origines,
19:18on le sait, au changement de position
19:21du président de la République, donc de la France,
19:24sur le Sahara occidental.
19:26A partir de là, on voit, de la part de l'Algérie,
19:29un certain nombre de mesures qui viennent soit humilier,
19:33soit agresser la France, ce que nous regrettons.
19:37Emmanuel Macron a reconnu la souveraineté du Maroc
19:40sur le Sahara occidental.
19:42J'ai eu l'honneur d'accompagner, la semaine dernière,
19:44le président du Sénat à Rabat, puis à la Hayoune,
19:47au Sahara occidental, au cours duquel,
19:49d'abord, il n'a jamais prononcé un seul mot
19:51contre la relation avec l'Algérie,
19:53et deuxièmement, il a authentifié la position,
19:56il a donné son aval à la position
19:58que le président de la République avait.
20:00Ca, c'est le fait générateur qui a, j'allais dire,
20:03exacerbé la situation,
20:05qui n'était pas quand même extraordinaire
20:08depuis quelque temps. Il y avait eu cette affaire
20:11de M. Sansal, qui est emprisonné dans des conditions...
20:14Je rappelle que c'est un franco-algérien
20:16qui est emprisonné. Et puis, il y a eu cette histoire
20:19des OQTF qui ne sont pas réacceptés,
20:21alors même qu'ils sont titulaires de passeports algériens.
20:24Or, les obligations internationales,
20:26le droit international oblige tout pays
20:29à recevoir son ressortissant.
20:33Donc, il faut aller au bras de fer.
20:35Donc, je pense que maintenant,
20:37il faut un peu changer de régime
20:39et essayer de parler des choses
20:41qui peuvent, effectivement, aggraver la situation,
20:44mais faire en sorte qu'avec l'Algérie,
20:47le dialogue se renoue
20:49et que l'on puisse véritablement régler cette histoire
20:52du retour des OQTF et qu'à ce moment-là,
20:55un certain nombre de dispositions de ces accords...
20:57Les accords internationaux ne sont pas faits
20:59pour durer dans l'éternité. Il faut revenir...
21:01Qu'est-ce qu'étaient les accords de 1968 ?
21:03C'était une époque où nous avions besoin
21:05de beaucoup de travailleurs. Les entreprises,
21:07pour ces 30 glorieuses,
21:09elles faisaient venir beaucoup d'Algériens
21:12qui sont venus travailler en France,
21:14et la France doit leur être très reconnaissante
21:17dans ce qui était fait pour notre développement économique.
21:20Mais ça ne s'étale pas dans le temps
21:22sans aucune condition.
21:24Là, nous avons créé un problème
21:26qui a des bases et des fondements,
21:28vous l'avez rappelé, historiques.
21:30Mais nous avons une aggravation du problème
21:32par les prises de parole un peu intempestives
21:34du ministre de l'Intérieur,
21:36qui fait de la politique intérieure
21:38à travers des relations diplomatiques
21:40qu'il tend inutilement avec l'Algérie.
21:42C'est une manoeuvre de politique politicienne...
21:45Vraiment, c'est parce qu'il y a une fébrilité
21:47de politique intérieure en Algérie et en France,
21:50et les deux Etats se servent aussi
21:53de ce conflit qui n'arrive pas
21:55à trouver une solution diplomatique.
21:57Il ne faut pas mettre de l'huile sur le feu.
21:59Bien sûr que non. Et parler des accords de 1968,
22:02excusez-moi, mais l'urgence,
22:04c'est de renouer le dialogue diplomatique,
22:06d'avoir une relation apaisée avec l'Algérie.
22:09Je pense aux millions de concitoyens français
22:12et algériens qui ont des relations
22:15de part et d'autre de la Méditerranée.
22:188 millions de Français qui ont des liens avec l'Algérie.
22:21Quand on parle de renoncer à ces accords,
22:24de les dénoncer ou bien de les transformer encore,
22:27ces accords de 1968, on parle du quotidien
22:30de millions de Françaises et de Français...
22:32L'Algérie ne respecte pas ces engagements.
22:35Elle ne réadmet pas ceux qui sont expulsés par la France.
22:38C'est le pays qui réadmet le plus de personnes...
22:42Mais vous voyez, on a besoin d'avoir...
22:44Je ne le crois pas.
22:46Mais vous voyez, nous avons besoin d'avoir une discussion apaisée,
22:49notamment parce qu'il y a d'autres sujets,
22:51notamment la culture, les étudiants.
22:53Nous avons besoin d'avoir ce dialogue apaisé
22:56pour que la France ait de nouveau une voix en Algérie crédible.
22:59La réaction rapide de Christian Camboury.
23:01Après, on parle de nos otages en Iran.
23:03Les mesures du ministre de l'Intérieur
23:05ne s'adressent pas au peuple algérien
23:07que nous respectons et à qui nous tendons la main.
23:09Elles s'adressent au gouvernement algérien
23:11qui, effectivement, refuse de coopérer
23:13parce qu'on fait un choix sur le Sahara occidental...
23:15Il n'est pas le ministre des Affaires étrangères.
23:17L'immigration relève quand même du ministre de l'Intérieur.
23:20Il est tout à fait normal que sur un sujet
23:22sur lequel les Français sont extrêmement sensibilisés,
23:25le ministre de l'Intérieur sorte d'une espèce de silence
23:29dont on ne parlait plus.
23:31Comment se fait-il que des diplomates algériens
23:33viennent sans autorisation circuler
23:35ou des personnalités avec des passeports diplomatiques
23:38qui leur ont été donnés en très grande quantité ?
23:40Aucun pays, y compris des pays amis,
23:42ne bénéficie de ce régime.
23:44Moi, je ne suis pas pour la destruction de cet accord.
23:47Je dis qu'il peut être rediscuté
23:49pour que les engagements de chaque côté soient respectés.
23:52Or, l'Algérie ne respecte pas aujourd'hui ses engagements.
23:55On finit par ce mot sur ces trois Français
23:58emprisonnés depuis 2022 par le régime iranien.
24:01Cécile Kohler, Jacques Paris et Olivier Gondeau.
24:04La France les qualifie d'otages.
24:06Leurs proches ont été auditionnés au Sénat.
24:09L'inquiétude est très grande
24:11concernant leurs conditions de détention.
24:14Christian Cambon, vous étiez à cette audition.
24:17La sœur de Cécile Kohler a poussé un cri d'alarme.
24:20Ça a été un moment d'une immense émotion,
24:23pour ne pas dire un moment terrible,
24:25où nous avons eu à la fois la famille
24:28de cet otage Kohler qui est venu témoigner,
24:32ainsi qu'un ancien otage
24:35qui est revenu témoigner des conditions dans lesquelles il survit.
24:39C'est effroyable, c'est épouvantable.
24:41Aucun droit n'est respecté.
24:43Ils ne savent même pas s'ils seront jugés,
24:45s'ils seront exécutés, quand est-ce qu'ils sortiront.
24:48L'ambassade de France n'a même pas le droit de les visiter.
24:51Ils ont le droit de téléphoner huit minutes une fois tous les deux mois
24:55en excluant de parler de leurs conditions de vie, etc.
24:58Il faut absolument qu'on se mobilise pour eux.
25:01Je suis très reconnaissant à Public Sénat
25:03et à la chaîne parlementaire d'afficher leurs photos
25:06comme on le faisait du temps des otages.
25:08On ne peut pas, malgré la crise internationale,
25:11oublier ces femmes et ces hommes.
25:13Pour l'instant, la France est impuissante dans leur libération.
25:17Je ne sais pas si elle est impuissante.
25:19En tout cas, elle doit continuer à œuvrer
25:21de manière très déterminée pour leur libération.
25:24Je pense aux familles de l'ensemble des otages français.
25:27Nous leur devons de tout faire.
25:30Il y a une unanimité politique.
25:32Il doit y avoir un renforcement de notre diplomatie.
25:35Ils ne peuvent pas être les victimes de notre réel politique.
25:38Ce sera le mot de la fin.
25:40Merci. On se retrouve très vite sur notre antenne.

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