Auchan, Michelin, Casino… les annonces de plans sociaux se multiplient dans le pays et même si le taux de chômage reste stabilisé à 7,3%, l’année 2025 s’annonce compliquée sur le terrain de l’emploi. Du Grand Est à l’Occitanie en passant par la Normandie ou la Bretagne, personne n’est à l’abri dans une France où les défaillances d’entreprises ont augmenté de 17 % l’année dernière. Après le choc d’un licenciement, quelle réaction ? Comment retrouver un emploi ? Quelles conséquences dans les communes les plus touchées ? Dans ce nouveau numéro de Dialogue Citoyen, cinq Français confrontés aux plans sociaux racontent l’impact de cette déflagration dans leur vie. Ils partagent leurs expériences, leurs espoirs et leurs doutes. Entre plan de sauvegarde de l’emploi, mesures d’accompagnement et aide à la création d’entreprise, ils cherchent des réponses et interpellent les sénateurs présents sur le plateau de Quentin Calmet. Année de Production :
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TVTranscription
00:00Bonjour à tous.
00:10On a vu des signaux inquiétants ces derniers mois.
00:13Plusieurs grands groupes comme Auchan ou Michelin
00:16qui ont annoncé à eux seuls 3600 suppressions de postes.
00:19Et si le taux de chômage stagne aujourd'hui en France à 7,3%,
00:23la question se pose, sommes-nous à la veille d'une grave crise économique ?
00:27Le chômage va-t-il remonter durablement en France ?
00:30Regardez cette statistique.
00:32C'est le nombre de défaillances d'entreprises.
00:34Il a bondi en 17% l'an dernier.
00:37Comment sont vécus ces licenciements pour les salariés ?
00:40Comment rebondir quand on perd son emploi ?
00:43Que peuvent faire les élus pour enrayer ce déferlement
00:46de mauvaises nouvelles sur le plan économique et social ?
00:49Faut-il s'attendre à une année noire pour l'emploi en France ?
00:52C'est ce que nous allons voir dans ce nouveau numéro de Dialogue Citoyen.
00:56Pendant une heure, 5 Français vont témoigner de leurs difficultés
00:59quand, entre accablement et résilience, ils ont fait face.
01:03Bonjour à tous les 5.
01:05Merci d'avoir accepté de participer à cette émission.
01:08Avec vous, nous allons faire un tour de France.
01:11Nous donnerons aussi la parole à des patrons de TPE-PME.
01:15Nous parlerons également des conséquences
01:18que peuvent avoir ces plans sociaux à l'échelle d'un territoire.
01:21Et pour commencer, nous allons à Cavaillon, dans le Vaucluse,
01:24pour retrouver Farid et Imou Saten.
01:27Bonjour Farid. Vous avez 36 ans.
01:29Vous êtes conseiller commercial dans un magasin au champ
01:32et vous êtes concerné par le plan social annoncé le 5 novembre dernier.
01:36Avant de vous retrouver, on va voir quelques images
01:39que vous avez tournées pour nous.
01:41Voici l'hypermarché d'Auchan-Cavaillon, situé dans le Vaucluse,
01:44au pied du Luberon.
01:47Ce magasin a annoncé la suppression de 10 emplois le 5 novembre.
01:53C'est le cadre du PSE du groupe d'Auchan.
01:56Depuis, beaucoup restent dans l'incompréhension
01:59et se posent énormément de questions.
02:02Bonjour Farid, merci d'avoir accepté de témoigner.
02:05Qu'est-ce que vous avez ressenti lorsque vous avez appris
02:07ce plan social le 5 novembre ?
02:10Bonjour à vous.
02:11L'annonce de mon licenciement le 5 novembre
02:14est un traumatisme pour moi et pour mon entourage aussi.
02:17D'abord, la première des choses que j'ai pensé,
02:20c'est mon endettement pour avoir acheté ma maison.
02:23Comment je vais arriver à le payer ?
02:27Mais aussi, le 14 janvier, j'ai eu la venue de ma petite dernière.
02:32J'ai quatre enfants.
02:35Tout ça, j'ai dû aussi arrêter mes travaux
02:40que j'avais entamés dans mon domicile.
02:43Rien que le moment de l'annonce, ça a été en soi une épreuve
02:47lorsque vous avez été convoqué dans le bureau du directeur de l'hypermarché.
02:50Vous pouvez nous raconter ?
02:52Alors, en fait, à 8h30, moi et une collègue de travail,
02:56donc deux conseillers commerciaux, ils sont venus nous chercher
02:58pour nous dire qu'on était convoqué dans le bureau du directeur,
03:02ce qui n'était jamais arrivé.
03:05Du coup, déjà, boulot ventre pour monter
03:08et on ne sait pas en fait ce qu'ils vont nous dire.
03:14Vrai traumatisme et choc sur le moment.
03:18Ça a été vraiment très violent, cette annonce-là.
03:23Et vous avez 15 ans d'expérience dans cette entreprise.
03:28Vous vous y attendiez ou pas du tout ?
03:31Nous, on ne s'y attendait pas du tout.
03:33Ça fait 15 ans effectivement que je travaille à Auchan.
03:35J'ai commencé par les caisses, après j'ai fait du rayon.
03:38J'ai aussi travaillé en logistique
03:40depuis 7 ans que je travaille en tant que conseiller commercial.
03:43Je suis aussi représentant du personnel depuis juin 2024
03:47sur la zone de vie d'Avignon.
03:50Et comme je vous dis, ça a été vraiment un choc
03:53pour beaucoup d'entre nous.
03:55Le licenciement, il sera effectif en juin prochain.
03:58Et donc, cela signifie que de l'annonce au mois de novembre
04:03jusqu'au fait que ce soit effectif, il y a cette longue période
04:06où vous devez encore être salarié,
04:08vous êtes encore salarié techniquement.
04:10Je suis encore salarié techniquement.
04:12Je dois me rendre au travail tous les jours
04:16avec cette boule au ventre.
04:18Donc, entre inquiétudes, ne pas savoir
04:22ce qui va se passer dans les semaines à venir,
04:25pas de communication de notre direction
04:28concernant les négociations du PSE actuel.
04:31Du plan de sauvegarde de l'emploi, oui.
04:33Donc, c'est vrai que c'est très compliqué
04:35de gérer cette situation au quotidien.
04:38En fait, même du stress dans ma vie de tous les jours.
04:42C'est ça. Votre vie, elle a changé du jour au lendemain
04:45à partir de l'annonce le 5 novembre.
04:47Depuis, vous le dites, votre vie, elle est complètement chamboulée.
04:50Complètement chamboulée. Je dors beaucoup moins bien.
04:54J'ai une boule au ventre qui est quotidienne.
04:57On y pense pratiquement tous les jours.
05:00On n'arrive pas à comprendre, en fait,
05:03ce plan de sauvegarde de l'emploi.
05:06Sachant que le groupe Auchan est un groupe multimilliardaire.
05:11Et une dernière question pour vous.
05:14Les conséquences financières, vous nous le disiez un petit peu tout à l'heure,
05:17mais elles sont importantes.
05:18Vous avez dû renoncer à des travaux dans votre maison.
05:21Ça a eu des conséquences aussi dans votre vie de tous les jours.
05:24Effectivement, j'ai arrêté les travaux que j'avais entamés chez moi.
05:28On a renoncé aussi de partir en vacances cet été.
05:31Pour l'instant, nous sommes à l'attente que le projet soit validé.
05:35Merci beaucoup pour ce témoignage.
05:37Pour réagir justement à ce que vous venez de dire,
05:40j'accueille sur ce plateau trois sénateurs
05:42qui vont pouvoir dialoguer tout au long de cette émission avec nos témoins.
05:47Pauline Martin, bonjour.
05:48Bonjour.
05:49Vous êtes sénatrice LR du Loiret.
05:50Vous êtes membre de la délégation aux entreprises du Sénat.
05:52Anne-Catherine Loisier, bonjour.
05:54Merci d'être ici.
05:55Vous êtes sénatrice centriste de la Côte d'Or,
05:57membre de la commission des affaires économiques du Sénat.
05:59Et enfin, Rémi Cardon, bonjour.
06:01Sénateur socialiste de la Somme,
06:03également membre de cette commission des affaires éco.
06:05Rémi Cardon, qu'est-ce que ça vous évoque,
06:07toute cette détresse de la part de notre premier témoin ?
06:11Déjà, merci pour avoir le courage de donner un témoignage.
06:14Je partage votre détresse et votre colère.
06:17Ce que vous décrivez, c'est un changement de vie brutal
06:21qui va bien au-delà de votre emploi,
06:23puisque c'est votre famille qui est bouleversée,
06:26financièrement, moralement.
06:28Et donc, tout ce que je peux vous dire,
06:30c'est qu'effectivement, malheureusement, vous n'êtes pas le seul.
06:32Il y a d'autres cas en France, avec de nombreux PSE.
06:35Sur le seul groupe au champ, c'est 2 389 postes qui sont conservés.
06:39Il y en a même dans la Somme à Mers-les-Bains,
06:41sauf erreur de ma part.
06:42Mais en tout cas, ce qui est impératif,
06:44c'est de ne pas vous laisser seul face à cette difficulté.
06:47Moi, je suis plutôt favorable à un État puissant
06:50qui organise le dialogue social.
06:52Et le dialogue social, c'est quoi ?
06:55C'est, effectivement, éviter toute asymétrie d'informations
06:58entre les salariés et, bien sûr, les différents,
07:03la direction de champs en particulier.
07:06Moi, dans mon département, je préconise souvent,
07:09et ça ne mange pas de pain, justement,
07:11un comité préfectoral pour gérer le dialogue social,
07:14parfois pour qu'il vienne renforcer,
07:16qu'il vienne apporter, en tout cas, des éléments essentiels
07:19pour les syndicats qui, parfois, sont forcés de constater.
07:22Dans un rapport de force déséquilibré
07:25face à une direction qui camoufle un certain nombre de choses,
07:28qui n'est pas claire sur du temps long.
07:30Et donc, moi, ce que je veux, c'est apporter du dialogue social,
07:32avant toute chose, avant toute sentence
07:35pour ces familles qui sont touchées par ces PSE.
07:37Anne-Catherine Loisier, qu'est-ce que vous pouvez dire
07:39très concrètement à notre premier témoin ?
07:41D'abord, effectivement, le remercier pour son témoignage
07:43parce que je crois qu'on comprend bien que tout s'effondre
07:46quand on est dans une situation comme ça,
07:48surtout quand on est un jeune papa
07:50et qu'on a des projets d'immobilier.
07:52Et là, aujourd'hui, la boule au ventre, il dit.
07:54Oui, mais je pense qu'on peut tous le comprendre
07:56parce qu'il voit le précipice avec toutes les charges
07:59qui sont bien là et le fait qu'il faut aussi
08:02assumer la famille et les enfants.
08:04Donc, dans des cas comme le vôtre, monsieur,
08:06je pense que ce qui est effectivement important,
08:08c'est que l'entreprise assume bien
08:10toutes ses responsabilités en termes d'information
08:13qu'elle vous accompagne dans ce passage
08:16parce que l'idée, c'est que derrière, vous puissiez
08:18effectivement et le plus rapidement possible,
08:20pour vous, pour votre famille, rebondir
08:23et retrouver un emploi.
08:25Alors, c'est vrai qu'Auchan est quand même un groupe
08:27dont on sait qu'aujourd'hui qu'il y a pas mal de difficultés.
08:30Je ne méconnais pas la situation globale du groupe Muliez,
08:34mais on sait que les grandes surfaces commerciales
08:36aujourd'hui ont vu une chute importante de la consommation.
08:40Une crise de la grande distribution qui est latente
08:42depuis plusieurs mois, plusieurs années même.
08:44Donc, je pense que la situation est réellement compliquée.
08:47Donc, ce qu'il faut, c'est effectivement derrière
08:49que vous puissiez être accompagnés par France Travail
08:52et tous les services de l'État pour pouvoir rapidement rebondir.
08:54En tout cas, c'est ce qu'on vous souhaite, monsieur.
08:56Pauline Martin, là, on n'a pas une usine qui ferme.
08:59On a un plan social qui est peut-être disséminé
09:01sur des dizaines de départements.
09:02C'est ça aussi la particularité de la situation d'Auchan.
09:05Qu'est-ce que ça vous évoque ?
09:06Alors, effectivement, je pense qu'à un moment donné,
09:10vous posiez la question tout à l'heure
09:12de savoir si on était au début du chemin
09:15où on arrivait en pleine crise.
09:18Je pense qu'on va arriver effectivement dans une problématique
09:20puisque le chômage est plutôt stable,
09:21mais qu'on va arriver dans une période plus compliquée.
09:24Maintenant, monsieur, clairement,
09:27aujourd'hui, il y a l'aspect anxiogène,
09:30et vous l'avez exprimé, et c'est tout à votre honneur,
09:33mais derrière ça, je pense qu'il faut absolument,
09:37et vous êtes représentant du personnel,
09:38donc vous le savez, il faut absolument
09:41que vous fassiez appel à votre direction, certes,
09:43mais aussi à tous les à-côtés,
09:46et quand je dis les à-côtés,
09:47c'est effectivement France Travail,
09:49mais c'est aussi probablement votre commune,
09:52votre centre d'action communale,
09:54qui vont vous accompagner,
09:56parce que vous êtes quand même implantés,
09:58donc il faut que vous restiez sur place, j'imagine,
10:00donc pouvoir vous projeter,
10:03et finalement vous rassurer quelque part.
10:06Oui. Farid Immoussaten, qu'est-ce que vous attrouvez maintenant
10:09de ce plan social des prochaines étapes ?
10:13Alors les prochaines étapes, c'est la validation
10:16de la directe du plan social.
10:18Vu que les négociations sont terminées,
10:21le 12 mars, il y aura le vote du CSE central,
10:29et le 17 mars, directement,
10:33le projet du PSE va aller à la directe
10:37pour examiner le projet en globalité.
10:40Et donc, quelle est la suite pour vous ?
10:42Vous imaginez que vous allez toucher
10:44une certaine somme maintenant,
10:46en fonction de votre ancienneté, rebondir comme ça,
10:48c'est ce à quoi vous vous préparez maintenant ?
10:50Alors sur les mesures sociales
10:54qui accompagnent ce PSE,
10:56la majorité des représentants du personnel,
11:00dans son ensemble,
11:04c'est des mesures sociales qui sont insuffisantes,
11:09dans tous les cas.
11:12Et pour le reclassement interne,
11:14pour les indemnités de licenciement,
11:16pour les mesures d'accompagnement,
11:18par exemple, on n'a pas de substitution
11:21pour les magasins,
11:23on n'a aucune information
11:26sur le futur de l'EGP, par exemple.
11:28De même, mon rayon, il n'est pas fermé.
11:30Donc, qu'est-ce qui va se passer sur ce rayon ?
11:33Vous êtes dans le rayon électroménager.
11:36Je suis dans le rayon électroménager.
11:38Est-ce que vous imaginez, du coup,
11:40chercher un autre emploi ailleurs ?
11:42Ou est-ce que vous imaginez toujours rebondir
11:44au sein du groupe Auchan ?
11:45Vous en êtes où, de votre réflexion ?
11:47Alors moi, dans ma réflexion,
11:48j'ai essayé de rebondir dans le groupe Auchan.
11:50J'ai déjà eu deux refus de poste, en interne,
11:54que j'ai postulés.
11:56Et donc maintenant, vous cherchez du travail ailleurs,
11:58c'est ce que vous imaginez ?
12:00Il n'y a rien pour moi, en fait,
12:01parce que, comme je vous ai dit,
12:02j'ai déjà postulé à deux postes,
12:05où j'ai été refusé.
12:07Donc la direction, clairement,
12:10ne souhaite pas me reclasser.
12:12Farid, vous aviez une question
12:13pour nos sénateurs qui sont présents en plateau.
12:15On vous écoute, vous allez pouvoir la poser.
12:17Alors moi, la question que je souhaite vous poser,
12:20c'est de savoir pourquoi un groupe
12:22qui a touché de l'état des aides, en fait,
12:28qui a touché entre 2013 et 2019,
12:31a touché 500 millions d'euros.
12:33Et est-ce qu'en fait, vous,
12:36pour le pouvoir politique,
12:38avez-vous la possibilité
12:41de savoir de ce qu'ils font, en fait,
12:43de cette argent-là ?
12:45Rémi Cardon, c'est un débat qu'on avait vu
12:47en novembre dernier lors de l'annonce du plan social.
12:49Il y a même eu des questions d'actualité
12:50au gouvernement là-dessus
12:51lors du gouvernement Barnier.
12:52Oui, et d'ailleurs, ce débat est prolongé,
12:54j'ai envie de vous dire,
12:55dans une commission d'enquête
12:56sur les aides publiques d'État,
12:58notamment auprès des entreprises.
12:59Proposées par les sénateurs communistes.
13:02On y réfléchit sur, en tout cas,
13:04une proposition de loi, peut-être,
13:05qui viendrait à postériori
13:07de cette commission d'enquête.
13:09Je pense qu'il faut agir
13:10pour plusieurs raisons.
13:11Vous l'avez cité, 500 millions d'euros.
13:13Et pourtant, on fait des PSE.
13:16Moi, j'ai d'autres exemples
13:17dans mon département, sur Valeo ou autres.
13:19C'est les mêmes circonstances
13:20et ce sont les mêmes effets.
13:22Ce sont des effets néfastes pour des familles
13:24qui s'interrogent de leur avenir.
13:26Et donc, c'est la raison pour laquelle
13:27je pense qu'il faut agir.
13:28Alors, il y a peut-être des choses
13:29à creuser sur la loi Florenge,
13:30aussi, qui est parfois...
13:33qui date d'une certaine époque,
13:35qui pourrait, peut-être,
13:36sur la question du calendrier,
13:37qui est peut-être parfois...
13:38La loi Florenge ?
13:39La loi Florenge,
13:40qui a déjà quelques années,
13:42et sur laquelle il faudrait
13:43peut-être se pencher,
13:44puisque le but du jeu,
13:46c'est un peu ce qu'il donne
13:47le calendrier sur un PSE.
13:48D'accord.
13:49Et un peu...
13:50Ça vous pose un entre guillemets,
13:52je mets bien des guillemets.
13:53Le cadre.
13:54Le cadre et le dialogue social.
13:55Mais là, on voit,
13:56le dialogue social est à moitié respecté.
13:57Les informations ne circulent pas
13:59comme il faut.
14:00C'est la raison pour laquelle,
14:01des fois, on doit même,
14:02en tant que sénateur,
14:03demander un comité préfectoral
14:04dans notre département
14:05pour que le préfet
14:06ou le sous-préfet en question
14:08prennent la main
14:09pour apporter un dialogue social
14:10serein et digne,
14:12qui respecte, justement,
14:14les salariés.
14:15Et on vous a entendu tout à l'heure.
14:16Et donc, là-dessus,
14:17c'est un sujet majeur, je pense,
14:18pour les prochains mois.
14:20Pauline Martin,
14:21sur ces aides,
14:22vous voyez,
14:23les salariés qui sont licenciés,
14:24qui ont vu ces centaines
14:25de millions d'aides,
14:26il ne s'agit pas de cibler
14:27le groupe prochain,
14:28mais de voir qu'il y a des groupes
14:29qui reçoivent des aides
14:30qui licencient quand même.
14:31Qu'est-ce que ça vous évoque ?
14:32Alors, c'est l'éternelle question.
14:34Effectivement,
14:35que fait-on de ces aides
14:36et comment les orchestrons-nous ?
14:39Pas nous, les sénateurs,
14:41mais la société en tant que telle.
14:43Je pense, monsieur,
14:44qu'à un moment donné,
14:46ces aides, effectivement,
14:47sont arrivées
14:48parce qu'elles correspondaient
14:49à une politique
14:50à un moment donné.
14:51Aujourd'hui,
14:52il y a des licenciements
14:53parce que la conjoncture
14:54a aussi évolué
14:55d'une autre façon.
14:57On a passé la crise Covid
14:59et aujourd'hui,
15:00on sait qu'on entre quand même
15:01dans une crise
15:02qui va être relativement importante.
15:04Donc, je pense qu'on a
15:06une mission de contrôle
15:07et ça a été souligné.
15:08Donc, il y a des choses
15:10qui vont être vérifiées
15:11dans le cadre
15:12d'une commission d'enquête.
15:13Qui a commencé en janvier, oui.
15:14Et je vous rassure,
15:15elles sont très cadrées,
15:16ces commissions d'enquête.
15:17Donc, vous pouvez faire confiance
15:18au Sénat
15:19puisque là, on est obligé...
15:20C'est du pénal.
15:21Donc, on est obligé
15:22de répondre à toutes les questions.
15:23Mais derrière,
15:24je pense qu'il ne faut pas
15:25non plus accrocher
15:26complètement
15:27à ces problématiques d'aide
15:28parce que la conjoncture fait
15:29que d'année en année,
15:31on n'est plus
15:32dans le même système.
15:33Anne-Catherine Noisy,
15:34est-ce qu'on peut
15:35s'attendre encore
15:36à des plans sociaux
15:37dans la grande distribution ?
15:38Est-ce que ça va être...
15:39C'est que le début
15:40de ce qu'on a vécu ?
15:41Je crains malheureusement
15:42qu'il y ait
15:43d'autres situations difficiles
15:45puisqu'on le sait,
15:46on l'évoquait,
15:47il y a une perte
15:48de la consommation,
15:49une chute de la consommation
15:50en France.
15:51Et vous savez,
15:52on a un système,
15:54un environnement
15:55un peu particulier en France
15:56avec uniquement
15:57quelques grands groupes
15:58qui se livrent
15:59une guerre des prix permanente.
16:01Des grandes centrales d'achat.
16:02Ça peut se faire, je dirais,
16:04au détriment du personnel
16:06et des ressources humaines.
16:07En tout cas, moi, je voulais dire
16:08à Monsieur
16:09qu'il a raison sur le principe.
16:10Il ne doit pas y avoir
16:12d'aide publique
16:13sans une contrepartie
16:14ou sans un engagement
16:15des entreprises.
16:16Nous ne vivons pas
16:17dans un monde
16:18où on peut donner
16:19des aides publiques
16:20et ne pas répondre
16:21et ne pas rendre des comptes.
16:22Donc, il faudra trouver
16:23où on met le curseur,
16:24bien sûr,
16:25dans un contexte compliqué.
16:26On peut comprendre
16:27qu'il y ait des restructurations,
16:28mais néanmoins, derrière,
16:29il doit y avoir
16:30un minimum
16:31de l'accompagnement,
16:32de la communication,
16:33de la lisibilité
16:34et vous donner la possibilité
16:35de rebondir sur une formation.
16:36Et le mot de la fin
16:37pour vous, Farid,
16:38avant d'aller voir
16:39notre deuxième témoin.
16:40Vous vouliez réagir.
16:41On vous écoute.
16:43Alors, malgré les difficultés
16:44de Auchan,
16:45sachez que quand même
16:46le groupe,
16:47l'association familiale milliaise
16:50gagne de l'argent
16:53et énormément d'argent.
16:54Bien sûr.
16:55Parce que, par exemple,
16:56le groupe ELO,
16:57en 2021,
16:59s'est versé
17:00758 millions de dividendes.
17:02En 2022,
17:03s'est versé
17:04201 millions de dividendes.
17:06En 2023,
17:07s'est versé
17:08103 millions de dividendes.
17:10Donc, ce groupe Auchan,
17:12malgré les difficultés,
17:13arrive à se faire de l'argent.
17:16Merci pour votre témoignage.
17:17On va aller voir
17:18une deuxième personnalité.
17:20Direction Nersac.
17:21C'est en Charente.
17:22Bonjour, Barbara Couturier.
17:24Vous êtes la maire
17:25de cette commune de Nersac.
17:27C'est 2 000 habitants
17:28et c'est à 10 km d'Angoulême.
17:31Votre commune est concernée
17:33par deux plans sociaux
17:34qui s'y succèdent
17:36coup sur coup.
17:38Il y a quelques jours,
17:39vous étiez encore
17:40avec les salariés
17:41d'une de ces entreprises
17:42qui a annoncé
17:43sa cessation d'activité.
17:44Des salariés qui se battent encore
17:46pour trouver un repreneur
17:47et à qui vous avez apporté
17:49votre soutien.
17:50On regarde quelques images.
17:51Je me trouve sur le site
17:53de CBA Meubles à Nersac
17:55où 85 emplois
17:57vont être sacrifiés.
18:01Voilà l'intersyndical.
18:03Ils ont fabriqué des t-shirts
18:05avec leur numéro de matricule
18:07et leur ancienneté.
18:08Voyez, il y en a.
18:09Ils ont 37 ans, 36 ans,
18:1126 ans d'ancienneté.
18:14Donc demain, ces t-shirts
18:16seront accrochés
18:18sur ce grillage qui me sépare.
18:21Barbara, comment est-ce qu'on vit
18:23cette épreuve à Nersac,
18:24sur votre commune ?
18:28Nous sommes tous très choqués
18:32par ces annonces,
18:33annonces brutales,
18:34parce que les chefs d'entreprise
18:38ne sont jamais venus me voir
18:40pour m'annoncer ces fermetures.
18:43J'ai appris via les intersyndicales
18:46qui, bien sûr, sont venus me voir.
18:49Et du coup, j'ai écouté
18:51le témoignage de Farid.
18:54Et c'est exactement ce qu'on ressent
18:55à Nersac.
18:57D'abord, on est choqués.
18:59Et puis, après, on est frappés
19:01par cette incertitude de fermeture.
19:05Voilà ce que je peux dire.
19:06Vous n'avez jamais été mise au courant.
19:08Ça signifie que même là encore,
19:09il n'y a pas de dialogue
19:10avec aucun des responsables
19:11de ces entreprises ?
19:14Aucun dialogue, non, non, non.
19:16C'est les intersyndicales
19:18qui sont venus me voir
19:19pour me l'annoncer.
19:21Et c'est des fermetures
19:23qui vont avoir des conséquences
19:25directes sur votre commune,
19:26ne serait-ce que par l'abandon
19:28de tous les bâtiments
19:29qui étaient occupés
19:30par les entreprises.
19:31Ça, ça vous inquiète également ?
19:35Ça, ça m'inquiète,
19:36puisque je ne sais pas du tout
19:39qu'est-ce que vont devenir
19:40ces biens.
19:44Totale incertitude,
19:45parce que les deux usines
19:46seront fermées.
19:48Des plans sociaux sont en place
19:50actuellement, sont en discussion.
19:53Par exemple, pour le cas industrie,
19:5569 emplois vont être sacrifiés.
19:59Je dis bien sacrifiés
20:00parce que c'est des salariés.
20:03Ces salariés, c'est des personnes
20:06et ils ont pour tous
20:07des familles derrière.
20:09Pour CBA Meubles,
20:10c'est 85 licenciements,
20:1285 familles
20:14qui sont dans l'incertitude totale.
20:18Et qu'est-ce qu'on peut attendre
20:19comme conséquences aussi
20:20pour la vie de la commune,
20:21selon vous ?
20:23On est 2300 habitants sur Nersac.
20:26On propose 1300 emplois sur Nersac.
20:30Donc, 156 emplois au moins,
20:34mais c'est tout le territoire autour,
20:36c'est tout un bassin de vie
20:37qui est concerné.
20:39Oui, et est-ce qu'il peut y avoir
20:40aussi des conséquences financières
20:42pour votre commune,
20:43la communauté de communes ?
20:45Pour la communauté commune, oui,
20:47puisque le Grand Angoulême
20:49va perdre à peu près
20:51200 000 euros par an.
20:53Est-ce que vous attendez
20:54à d'autres mauvaises nouvelles
20:55aussi sur votre commune ?
20:56On a vu que ces deux fermetures
20:58ont été concomitantes.
20:59Il y en a d'autres prévues ?
21:00Pas pour l'instant.
21:01En tout cas, je ne suis pas au courant.
21:03Est-ce qu'il y a derrière
21:04le sentiment d'impuissance
21:06pour les élus locaux ?
21:07Comment est-ce que vous vivez ça
21:08à votre échelon ?
21:09Oui, quand il y a un souci,
21:11on vient voir le maire.
21:13Donc, je suis en première ligne.
21:15Et puis, moi, j'active tous mes leviers
21:19que j'ai maintenant dans ma possession.
21:21J'appelle aussitôt le Grand Angoulême,
21:24j'appelle la vice-présidente
21:27du département.
21:29Voilà, j'informe tout le monde.
21:32Pauline Martin,
21:33qu'est-ce que ça vous évoque,
21:34ce témoignage ?
21:35Là aussi, le courage des élus locaux
21:36face à cette situation ?
21:38Alors, Madame, moi,
21:39je vais remettre ma casquette de maire
21:40parce que ça me rappelle des souvenirs,
21:42des plans sociaux.
21:43J'en ai eu un certain nombre
21:45dans ma commune.
21:46Vous aussi, vous avez été vice-présidente
21:47dans le département, justement.
21:48Voilà, tout à fait.
21:49Mais aujourd'hui, c'est plutôt
21:50la compétence des régions,
21:51le développement économique.
21:52Donc, je ne peux que vous engager
21:54à effectivement travailler
21:57avec la région et le Grand Angoulême
21:59puisque, si j'ai bien compris,
22:00le PCI, c'est le Grand Angoulême
22:02pour vous.
22:03Oui, la comité de commune.
22:04Parce que, clairement,
22:07il faut pouvoir rebondir derrière.
22:09Vous parliez du foncier tout à l'heure
22:11et, effectivement, la friche potentielle
22:13sur laquelle vous allez devoir oeuvrer.
22:17J'ai envie de vous dire que...
22:19Alors, Dieu sait si je me fâche souvent
22:21contre le ZAN,
22:22zéro artificialisation nette,
22:24mais là, en l'occurrence,
22:25ce que j'ai pu constater tout au long
22:27de ma vie d'élu locale,
22:29c'est que, finalement,
22:31ça ne restait pas longtemps inutilisé
22:33parce que le foncier se faisant rare,
22:34eh bien, on arrive aujourd'hui
22:37à revendre, réutiliser des bâtiments
22:40avant que ça devienne vraiment des friches.
22:43En tout cas, par rapport à il y a 10, 15 ans
22:45où on ne travaillait pas du tout là-dessus,
22:47on a fait un gros effort là-dessus.
22:48Donc, là, je pense que c'est un point
22:50à vraiment travailler.
22:51Il doit y avoir une agence de développement économique
22:53sur la région,
22:54vraiment travailler de très près avec eux.
22:56Et puis, sur les salariés,
22:58on en a parlé tout à l'heure
23:00avec le précédent interlocuteur,
23:02eh bien, ce sont, effectivement,
23:04des vies humaines, là, pour le coup,
23:06et familiales,
23:08qu'il faut accompagner
23:10avec tous les services qui vont autour.
23:12Anne-Catherine Loisier,
23:13le maire qui découvre par l'intersyndical
23:15la nouvelle qui concerne directement sa commune.
23:18Comment est-ce que vous réagissez ?
23:20Bonjour, Madame le maire.
23:21Il y a visiblement un défaut d'information.
23:23C'est vrai que le chef d'entreprise,
23:25s'il était soucieux de la pérennité
23:27de son activité,
23:29vous aurez alerté à un moment ou à un autre.
23:31Mais, je dirais, n'hésitez pas.
23:33Moi, j'étais aussi maire d'une petite commune
23:35de 3 000 habitants.
23:36Je pense que, n'hésitez pas, Madame le maire,
23:38à aller à la rencontre des chefs d'entreprise.
23:40Ça peut, parfois,
23:42vous éclairer sur certaines situations
23:45qui ne sembleraient pas compliquées.
23:47Sinon, vous avez eu la bonne attitude
23:49à associer aussi, peut-être,
23:51le préfet, parce que je pense que,
23:53dans le cas présent,
23:54il y a vraiment un défaut de communication
23:56des dirigeants,
23:58et il y a besoin d'une pression
23:59pour mettre en place un dispositif.
24:02Je voulais juste rajouter...
24:03J'ai cru comprendre qu'on était
24:04dans le secteur de l'ameublement.
24:06Oui, fabrication de meubles et une papeterie.
24:08Et là, alors, ces secteurs,
24:10je connais un petit peu
24:11dans la filière forêt-bois.
24:13C'est vrai que c'est des secteurs
24:14dans lesquels on a beaucoup perdu
24:16en compétitivité ces dernières années,
24:18où on fait fabriquer à l'étranger.
24:20Donc, je pense que, malheureusement,
24:21votre entreprise, elle a souffert
24:23de ce trop de normes
24:25et de cette perte de compétitivité
24:27pour des produits qui sont certainement de qualité.
24:29Il n'est pas impossible que,
24:31demain, dans les efforts
24:33de réindustrialisation
24:34qu'on est en train de faire,
24:35eh bien, on puisse aussi revenir
24:36sur des sites comme le Vaud
24:38pour réactiver,
24:39parce qu'on a besoin de fabriquer
24:41des meubles made in France,
24:42en proximité,
24:43et nous avons la ressource en France.
24:45Donc, c'est vraiment un sujet
24:47de normes par ailleurs,
24:49pour avoir des produits plus compétitifs.
24:51Rémi Cardon, l'élu local,
24:52il ne peut plus rien faire
24:53une fois que le plan social est annoncé.
24:55Il ne peut pas s'y opposer.
24:56Forme de fatalisme pour les élus ?
24:58Oui, une forme de fatalisme,
25:00c'est vrai.
25:01Peut-être aussi pour les sénateurs, d'ailleurs.
25:02Pour les sénateurs, aussi, du secteur,
25:03bien évidemment,
25:04parce qu'en fait, finalement,
25:05c'est un peu l'unité,
25:06peu importe les bords politiques,
25:07dans ce genre de circonstances,
25:09tout le monde essaye
25:10de se serrer les coudes
25:11et essaye de trouver des solutions.
25:13Je ne sais pas s'il y a eu
25:14des propositions pour un repreneur,
25:16parce qu'il y a aussi, parfois,
25:18un cabinet qui est chargé
25:20de, peut-être, le mot est fort,
25:23de faire semblant de trouver un repreneur.
25:24J'insiste, parfois, c'est le cas.
25:27J'y vais un peu fort,
25:28mais dans mon département,
25:30ça m'a donné cette impression-là,
25:31notamment sur une usine similaire,
25:34au niveau de la taille.
25:35Par contre, là aussi,
25:37il y a un jeu de domino dangereux.
25:39Vous le citez, c'est-à-dire
25:40une fermeture de sites, d'usines,
25:42des familles brisées, certes,
25:44mais aussi des commerces, des écoles,
25:46qui peuvent être fragilisées.
25:48Tout un écosystème
25:49qui peut être fragilisé
25:50parce qu'il y a une consommation
25:51qui peut se faire
25:52à une certaine proximité de cette usine.
25:53Et donc, vous avez la lourde tâche
25:56avec vos élus locaux du secteur
25:59de trouver des solutions.
26:01Je ne sais pas s'il était
26:02territoire d'industrie, votre territoire,
26:04mais en tout cas, c'est un sujet majeur
26:06sur lequel les 200 000 euros,
26:07ce n'est pas rien.
26:08Ça va changer effectivement
26:11la partie recette de votre PCI
26:14et de votre commune.
26:15Et donc, là aussi,
26:16il faudra trouver des solutions
26:18pour que ce site soit clé en main demain
26:20pour une nouvelle entreprise
26:22et repartir sur de meilleures bases.
26:24On va proposer à Barbara une réaction
26:26avant d'aller voir notre troisième témoignage.
26:28Barbara, qu'est-ce que vous retenez
26:29de tout ce qui vient d'être dit en plateau ?
26:31Voilà, c'était juste pour vous dire
26:33que bien sûr,
26:35j'ai allaité le Grand Angoulême,
26:36le département, la région,
26:38par le biais du Grand Angoulême
26:40a été mis au courant.
26:42Ainsi que le préfet,
26:44une rencontre est programmée.
26:48Je ne connais pas encore la date,
26:49mais une rencontre avec monsieur le préfet
26:51est programmée.
26:52Voilà, donc moi,
26:54on sait ce qu'on a à faire.
26:56Merci.
26:57Après avoir entendu un salarié,
26:58également cette mère concernée directement,
27:00la parole est désormais à un entrepreneur.
27:02Bonjour Olivier Tardif.
27:04Vous êtes le patron d'une usine
27:05d'encadrement et de miroir.
27:07Vous êtes spécialisé dans la déco intérieure,
27:09du simple encadrement
27:10au tirage numéroté d'œuvres artistiques.
27:13Et vous salariez 35 personnes
27:15pour un chiffre d'affaires
27:16de 4,2 millions d'euros.
27:18Votre entreprise est aujourd'hui en difficulté.
27:21Elle est en liquidation judiciaire.
27:23Avant de vous entendre,
27:24on va la visiter avec quelques images
27:26que vous avez tournées pour nous
27:27sur des chaînes à l'arrêt.
27:28On regarde.
27:32On se retrouve donc ici au centre
27:34de notre atelier de production.
27:36C'est ici que nous fabriquons
27:37l'ensemble de nos produits Made in France
27:39grâce à nos 35 collaborateurs.
27:42Dans quelques jours maintenant,
27:44c'est probablement deux lignes de production
27:45qui vont quitter notre atelier,
27:47avec bien entendu plusieurs opérateurs.
27:50Bonjour Olivier.
27:51Votre entreprise a été placée
27:53en liquidation judiciaire
27:54une première fois en 2018.
27:56Vous pensiez être sorti de la crise
27:58alors en 2019,
27:59mais donc entre-temps,
28:00ça s'est à nouveau dégradé pour vous.
28:06Oui, bonjour.
28:07Merci de me donner la parole.
28:09Effectivement, en 2018,
28:10on a connu un passage difficile
28:12suite à la perte d'un gros marché,
28:14d'un appel d'offres international
28:16avec une grande enseigne du bricolage
28:19en France et en Europe.
28:21Donc, ça nous a mis en difficulté.
28:23On a déjà effectivement, à l'époque,
28:25licencié pas mal de personnes.
28:26On a restructuré, réorganisé.
28:28Nous sommes montés en gamme
28:30puisque, comme vous le disiez tout à l'heure,
28:32on fabrique des cadres,
28:33des tableaux d'écorations murales,
28:35mais aussi des œuvres en édition limitée.
28:39Et là, dernièrement, en fait,
28:41en 2020, on a notre client numéro un
28:44qui est rentré en difficulté
28:47et qui a été racheté par notre client numéro deux,
28:50toujours dans le monde du meuble.
28:53Mais il faut savoir que cette fusion,
28:56en fait, légalement,
28:58elle n'aurait jamais dû se faire
28:59puisque le service de l'autorité de la concurrence
29:02et l'État, avec son…
29:05je crois que ça s'appelle le CIRI,
29:07a pris en main ce dossier.
29:12Mais ils ont fini par valider ce rachat, en fait,
29:17pour protéger, certes,
29:19l'enseigne de meuble, effectivement,
29:21qui était en difficulté, à juste titre.
29:23À cette époque-là, on avait été interrogés, nous,
29:25en tant que fournisseurs des deux enseignes.
29:27Moi, en 2020, j'avais répondu à ce questionnaire
29:29de l'autorité de la concurrence
29:30en disant qu'effectivement,
29:31il fallait préserver l'emploi,
29:33il fallait préserver les enseignes.
29:35OK, pas de souci.
29:36Mais j'aurais bien dit, effectivement,
29:37de mettre en garde
29:39et de mettre des garde-fous
29:40sur les négociations commerciales
29:41puisqu'on sait très bien
29:42que quand deux grands groupes fusionnent,
29:44c'est jamais bon pour le commerce.
29:46Ils ont vraiment le monopole aujourd'hui,
29:47ils font ce qu'ils veulent.
29:48Et six mois après, en fait,
29:49on a reçu des courriers
29:50de déréférencement total
29:51de nos produits pour ces deux enseignes
29:53avec qui on travaille depuis 25 ans,
29:55même plus, pour 30 ans,
29:56même pour l'une d'entre elles.
29:58Est-ce que vous diriez que...
30:00Est-ce que vous diriez que
30:01la situation économique aussi
30:03était devenue compliquée
30:04au-delà de cette question des débouchés
30:06avec ces distributeurs de vos marchandises
30:08qui ont fusionné ?
30:09Mais est-ce que vous diriez que
30:10la situation économique globale
30:11a joué aussi sur votre situation ?
30:14Oui, je pense qu'elle a joué un petit peu.
30:16Forcément, je ne vais pas dire
30:17que c'est la faute des autres
30:18et que ce n'est pas autre chose.
30:20Mais effectivement,
30:21il y a des difficultés économiques,
30:24mais il y a aussi
30:25une problématique de rentabilité.
30:27Il ne faut pas se cacher.
30:28Aujourd'hui, nos produits se vendent,
30:30nos produits sont de bonne qualité.
30:31Moi, je n'ai pas de problématique
30:32de fabrication, de qualité.
30:35Peut-être effectivement
30:36qu'on achète moins cher
30:37en allant chercher les produits en Chine,
30:39mais il faut savoir ce que l'on veut.
30:40Effectivement,
30:42on veut préserver l'emploi en France
30:44et l'industrie en France,
30:45mais d'un autre côté,
30:46on ne met pas de contrôles,
30:49on ne met pas de règles
30:50pour les grandes entreprises.
30:52Oui, et donc maintenant,
30:53vous le dites,
30:55il y a la question
30:56de la compétitivité du « made in France ».
30:58C'est ça qui est une question aujourd'hui.
31:01Le fabriqué en France,
31:02ça demande aussi un soutien économique, politique.
31:06C'est ce que vous pensez.
31:09Bien sûr que ça demande un soutien.
31:11Mais ça demande surtout un contrôle.
31:14On entendait tout à l'heure
31:15pour le groupe Auchan effectivement
31:17qui touche des aides,
31:18qui licencie.
31:20Aujourd'hui, c'est pareil.
31:21On a préservé ce grand groupe français
31:23dans le meuble
31:24qui s'est rapproché de son concurrent.
31:26OK, mais dans ces cas-là,
31:27il fallait tout simplement
31:28mettre des règles sur cette validation
31:31de protéger les entreprises françaises
31:33et européennes,
31:35de les accompagner pendant 15 ans
31:37avec une belle activité peut-être.
31:38Pas de souci.
31:39Mais aujourd'hui,
31:40on est devant le fait accompli.
31:41On a un an et demi
31:42pour récupérer 40 % de notre business.
31:44C'est juste impossible et ingérable.
31:46Je trouve que les pouvoirs politiques
31:48aujourd'hui ne répondent pas.
31:49Et moi, j'ai écrit au président
31:50de l'autorité de la concurrence.
31:51J'ai écrit le début décembre
31:53à un recommandé.
31:54Je suis toujours dans l'attente
31:55d'un appel de sa part.
31:56Ils n'assument pas.
31:57C'est ça la problématique.
31:58Et donc le « made in France »,
31:59est-ce que c'est un argument de vente ?
32:01Selon vous,
32:02est-ce que c'est quelque chose
32:03sur lequel on parle suffisamment
32:05aujourd'hui
32:06par des différentes prises de parole politiques ?
32:11Oui, c'est important.
32:12Oui, on en parle.
32:13Il n'y a pas de souci.
32:14Mais comment voulez-vous
32:15que les citoyens achètent du français
32:18dans la mesure où dans les enseignes,
32:20les acheteurs vont privilégier
32:22la rentabilité des produits
32:23et vont aller acheter des produits
32:25en dehors de l'Europe ?
32:26Donc à un moment donné,
32:27on ne peut pas reprocher aux Français
32:29de ne pas acheter français
32:30dans la mesure où ils ne vont pas trouver
32:32les produits français dans les magasins.
32:34À un moment donné,
32:35il va falloir prendre
32:36des directives très strictes
32:38et contrôler tout ça.
32:40Anne-Catherine Wazier.
32:41Une réaction ?
32:42On vous appelle à prendre le dossier en main.
32:45Oui, mais je pense que d'une manière globale,
32:47le législateur est bien conscient aujourd'hui
32:49du poids des normes.
32:50On l'a évoqué lors des derniers débats,
32:52notamment sur l'agriculture.
32:54Et d'une manière globale,
32:55on estime que le poids des normes en France
32:57est équivalent à 4% du PIB
32:59quand chez nos voisins,
33:00il est aux alentours de 1%.
33:02On voit bien qu'on a surtransposé
33:05des normes européennes,
33:07qu'on a rajouté beaucoup de contraintes
33:09qui font qu'au final,
33:10les produits français sont certes
33:13de meilleure qualité,
33:14mais ils sont plus chers.
33:15Dans un contexte où on sort
33:16d'une période d'inflation,
33:17il faudrait que le consommateur
33:19va tout naturellement essayer
33:21de trouver des prix les plus bas.
33:23J'entends ce que vous dites, monsieur,
33:25par rapport au contrôle
33:27et notamment au suivi des dispositifs
33:30au regard des sous-traitants.
33:31On ne pourra pas dire dans le droit
33:33que c'est que les entreprises françaises,
33:35puisque là, on sera en contradiction
33:36avec le droit européen,
33:37mais en tout cas,
33:38on pourra très bien dire
33:39dans le cadre d'un regroupement
33:41d'entreprises de donneurs d'ordre,
33:43on pourra poser un certain nombre
33:44de contraintes relatives aux sous-traitants.
33:46C'est ce qu'on essaie beaucoup de faire,
33:48notamment aujourd'hui dans les marchés publics.
33:50On est de plus en plus attentifs
33:52au maintien de l'activité
33:53et au soutien économique
33:55en direction des sous-traitants.
33:56Je pense que malheureusement,
33:57vous illustrez vraiment cette situation
33:59de perte de compétitivité
34:01de bon nombre de nos entreprises françaises.
34:03Rémi Cardon, vous avez demandé à réagir.
34:05Déjà, peut-être regarder le problème en profondeur,
34:07puisque vous présentez une situation
34:10sur laquelle on voit
34:12qu'il y a une concurrence déloyale
34:13qui s'est installée
34:14suite à une concentration
34:15de groupes, de distributeurs
34:17qui ont fusionné.
34:18Moi, j'aimerais bien savoir
34:20comment ça a été autorisé, cette fusion,
34:23comment, bien évidemment,
34:25pourquoi vous avez été déréférencés,
34:27justement, dans ces catalogues.
34:29Et donc, au-delà des normes,
34:33je pense qu'il y a un problème
34:35de concurrence déloyale
34:37d'un point de vue commercial.
34:38Je pense qu'on a aussi cherché
34:40à vous éliminer, excusez-moi,
34:42mais je pense que derrière tout ça,
34:43il y a un jeu qui est organisé.
34:45On ne va pas me faire croire
34:46que tout ça est fait par hasard.
34:48Et donc, vous avez subi
34:51ces dernières années,
34:52comme vous le présentez,
34:54malheureusement,
34:55une situation qui s'est dégradée
34:57au fur des différentes années.
34:59Je vois bien qu'effectivement,
35:01on parle souvent, nous, politique,
35:04de défendre le Made in France, etc.
35:06Mais tout ça est aussi entouré
35:08d'une concentration des richesses
35:10organisée par certaines personnes
35:13qui veulent tout concentrer
35:15pour leurs seuls intérêts
35:17et pas, justement, l'intérêt
35:18du Made in France,
35:19comme certains auraient pu le dire
35:20quand j'ai entendu Bernard Arnault dire
35:22« on va taxer le Made in France »,
35:23ça fait sourire.
35:24Oui. Olivier Tardif,
35:26vous aviez une question
35:27à adresser à nos sénateurs.
35:28Est-ce que vous pouvez nous la lire,
35:29s'il vous plaît ?
35:30Oui, bien entendu, oui.
35:32Nos politiques, vous demandez aux citoyens
35:35d'acheter français,
35:37mais en fait, vous ne protégez pas
35:39assez les TPE et les PME
35:40face aux grands groupes
35:41de la distribution.
35:42Et si les citoyens, forcément,
35:44c'est ce que je disais tout à l'heure,
35:45ne trouvent pas les produits français
35:46en magasin,
35:47on ne peut pas leur demander
35:48d'acheter français.
35:49Je voulais juste rebondir aussi
35:51sur le fait des prix,
35:52parce que c'est vrai qu'on peut trouver
35:54moins cher en Chine
35:56ou dans d'autres pays,
35:58mais on l'a connu en 2018,
36:00les produits qu'on a fabriqués
36:01pour cet ensemble de bricolage
36:04en 2018,
36:05pendant des années,
36:06on a développé la production,
36:08les produits ont été importés en Chine,
36:10mais les prix de vente en produit
36:13en magasin n'ont pas baissé.
36:14Donc, ce n'est pas le consommateur final
36:16qui a bénéficié de tout ça.
36:17Oui.
36:18C'est ça qui est terrible.
36:19À la limite, si on trouvait moins cher
36:20et que le consommateur final
36:21pouvait trouver les produits
36:22moins chers,
36:23ok, mais ce n'est pas le cas.
36:24On a le même problème
36:25dans le monde.
36:26Pauline Martin.
36:27Alors, effectivement,
36:28vous nous parlez de cas
36:30très précis.
36:32Ce bras de fer,
36:33entre les TPE, les PME
36:35et ces grands groupes
36:36qui ont des moyens,
36:37des forces de frappe extraordinaires.
36:39Qui ne sont pas les mêmes
36:41que vous dans vos TPE.
36:43Moi, je pense qu'il y a aussi
36:44un vrai problème
36:45sur lequel il faut qu'on se penche,
36:46c'est le coût du travail.
36:48En France,
36:49vous parliez du champ concurrentiel.
36:51Vous êtes chef d'entreprise.
36:52Ce n'est pas à vous,
36:53je vais l'apprendre.
36:54Le coût du travail en France
36:55n'a rien à voir,
36:56même avec nos voisins,
36:58que les choses soient claires.
36:59Donc, il y a un moment,
37:01oui, moi, je suis plutôt du genre
37:03à vouloir un petit peu
37:04taper du poing sur la table
37:05et remettre les choses à plat
37:08parce que c'est dans le domaine
37:09du meuble chez vous,
37:10mais c'est aussi
37:11dans plein d'autres domaines.
37:12Donc, c'est la baisse
37:13du coût du travail,
37:14ce n'est pas plus de protection
37:15pour ces TPE.
37:16Mais si, c'est les deux.
37:17C'est les deux.
37:18Comment est-ce qu'on accompagne
37:19aussi les TPE qui survivent
37:21et comment, surtout,
37:23on surveille cet aspect concurrentiel
37:26dont vous êtes une des victimes
37:28aujourd'hui ?
37:29Oui.
37:30Et une dernière question.
37:31Quid de ces aides
37:33qui ont été versées aux entreprises
37:35pendant le Covid
37:36pour aussi les aider
37:38à les maintenir en vie ?
37:39Et on voit aussi
37:40que beaucoup de ces défaillances
37:41de TPE et de PME
37:43sont maintenant,
37:44parce qu'elles doivent rembourser
37:45ces aides du Covid.
37:47Est-ce que ça joue beaucoup
37:48à Mme Loisier
37:49dans la situation
37:50de beaucoup de ces TPE ?
37:51Une forme de rattrapage
37:52avec les chiffres
37:53qu'on a vus l'année dernière ?
37:54Je ne sais pas
37:55si c'est le cas de monsieur,
37:56mais ça, on le rencontre
37:57très souvent, effectivement.
37:58En fait, la situation
38:00ne s'est pas suffisamment redressée
38:01pour leur permettre,
38:02aujourd'hui,
38:03de rembourser les PGE
38:04dans les délais impartis.
38:06Donc, il y a une volonté
38:07de réétaler,
38:08de renouer aussi.
38:09Les prêts garantis
38:10par l'État et les PGE.
38:11Il serait temps, d'ailleurs,
38:12je pense qu'on a
38:13le même problème
38:14sur l'agriculture,
38:15qu'on ait de la transparence
38:17sur ces belles marges
38:18que font un certain nombre
38:20de distributeurs.
38:21Monsieur, vous subissez,
38:22en fait, une marge
38:23qu'ils ont programmée,
38:25organisée,
38:26et vous êtes la première
38:28victime collatérale.
38:29Où la dernière jeton
38:30n'a pas en profité,
38:31c'est ça ?
38:32Exactement.
38:33Et pourtant, le consommateur,
38:34pendant ce temps-là,
38:35il voit toujours,
38:36vous l'avez dit tout à l'heure,
38:37il voit toujours le prix
38:38au même niveau.
38:39Donc, c'est forcé de constater
38:40que tout ça
38:41est un jeu organisé
38:42qui vient fragiliser
38:43les TPE, PME,
38:44qui, eux, parfois,
38:45ont des besoins spécifiques
38:47pour être référencés
38:48parce que c'est essentiel
38:49pour eux pour avoir
38:50justement des carnets
38:51de commandes pleins.
38:52Et là, en l'occurrence,
38:53effectivement,
38:54votre carnet de commandes
38:55s'est dégradé au fur et à mesure
38:56après le fait que vous soyez
38:57plus référencés.
38:58Donc, c'est là
38:59où je pense qu'il y a,
39:00en tant que législateur,
39:01une certaine transparence
39:02à apporter
39:03pour le grand public aussi.
39:04C'est l'enjeu aussi
39:05de EGalim sur l'agriculture,
39:06mais ça peut être
39:07l'enjeu aussi
39:08sur l'ameuplement.
39:09Eh bien, merci.
39:10Merci, Olivier.
39:11Vous restez avec nous.
39:12On a bien vu
39:13les conséquences délétères
39:14des plans sociaux,
39:15la difficulté à faire face
39:16à la concurrence internationale.
39:17Zoom maintenant
39:18sur quelques solutions
39:19portées par
39:20nos deux derniers témoins.
39:21On va aller voir
39:22Valentin Fangio.
39:23Vous êtes responsable,
39:24bonjour, Valentin,
39:25de la production
39:26pour l'entreprise
39:27Bergère de France.
39:28Bergère de France,
39:29c'est l'une des dernières
39:30filatures industrielles
39:31de laine à tricoter.
39:32La société
39:33aurait pu disparaître
39:34et ses 57 salariés
39:35perdant leur emploi
39:36en mai.
39:37C'est l'une des dernières
39:38filatures industrielles
39:39de laine à tricoter.
39:40Les salariés perdent
39:41leur emploi
39:42en octobre 2024,
39:43mais l'entreprise
39:44a trouvé un nouveau souffle
39:45sous la forme
39:46d'une scope
39:47société coopérative
39:48et participative.
39:49On va visiter
39:50votre entreprise
39:51où les machines
39:52tournent à plein régime.
39:58Ici, on est dans
39:59la dernière étape
40:00de fabrication
40:01où on produit
40:02les plots.
40:03Là où j'ai commencé
40:04dans l'entreprise
40:05il y a 11 ans.
40:11On augmente progressivement
40:12la production
40:13avec les différents
40:14ateliers de fabrication.
40:21Alors Valentine,
40:22parlez-nous de
40:23Berger de France.
40:24Est-ce qu'on peut
40:25donner quelques chiffres
40:26déjà pour situer
40:27un petit peu
40:28votre entreprise ?
40:29On a repris
40:30il n'y a pas longtemps
40:31en scope,
40:32mais sur l'ancienne
40:33entité.
40:34On était à peu près
40:35145 salariés
40:36et donc,
40:37on a repris
40:38145 salariés
40:39et donc,
40:40sur la conception
40:41de la scope,
40:42on était partis
40:43sur une 70 emplois
40:44à peu près
40:45et on a 56 personnes
40:46qui ont bien voulu
40:47adhérer en tant qu'associées
40:48à cette nouvelle aventure
40:49pour pouvoir
40:50perdurer notre travail,
40:51notre savoir-faire
40:52qu'on a à Bar-le-Duc.
40:53Et qu'est-ce qu'on peut
40:54dire de ce que vous
40:55produisez exactement
40:56en Berger de France ?
40:57Est-ce que vous pouvez
40:58nous faire un petit
40:59état des lieux
41:00de votre production ?
41:01Alors,
41:02on reçoit
41:03de la matière
41:04première,
41:05de l'oxygène,
41:06de l'oxygène
41:07et on reçoit
41:08de la matière première
41:09sous différentes formes.
41:10Donc,
41:11on va avoir tous
41:12les ateliers de fabrication,
41:13on va avoir la teinture,
41:14la préparation,
41:15la filature,
41:16on fait entièrement
41:17le produit.
41:18Donc,
41:19on a toute notre étape
41:20de filature sur site
41:21et on a aussi
41:22notre pôle logistique,
41:23notre pôle création,
41:24notre pôle studio,
41:25on a vraiment tout
41:26sur le site de Bar-le-Duc.
41:27Et alors,
41:28est-ce que vous avez
41:29eu le sentiment
41:30d'un saut dans le vide
41:31lorsque vous avez lancé
41:32cette scope en octobre dernier ?
41:33Comment vous avez vécu
41:34ce qui s'est passé
41:35à l'automne dernier ?
41:36On a été accompagnés
41:37par l'Urscope
41:38qui sont là
41:39pour justement
41:40passer en scope,
41:41mais c'est une grosse étape
41:42de se dire
41:43que l'entreprise
41:44va être à nous,
41:45qu'on va être
41:46en société coopérative.
41:47Donc,
41:48c'est nous,
41:49nos propres chefs,
41:50c'est à nous
41:51de renclencher la machine,
41:52d'aller en amont
41:53et d'écrire notre histoire.
41:54Donc,
41:55c'était un bon banc
41:56en avant.
41:57Oui,
41:58vous insistez beaucoup
41:59sur l'aspect
42:00collectif
42:01de cette entreprise
42:02maintenant en scope.
42:03Vous avez tous
42:04et toutes
42:05mis une partie
42:06de vos primes
42:07de reclassement
42:08dans l'investissement
42:09en scope.
42:10C'est bien ça ?
42:11C'est ça.
42:12On a mis
42:13un pourcentage
42:14de notre prime
42:15de licenciement,
42:16un pourcentage
42:17qui est identique
42:18pour tout le monde.
42:19Tout le monde
42:20a pris une part
42:21pour avoir
42:22sa part actionnaire
42:23et puis,
42:24il y a d'autres
42:25sources de financement,
42:26d'autres primes
42:27à côté
42:28que chacun
42:29a placées
42:30pour pouvoir obtenir
42:31notre capital social
42:32de reprise entreprise.
42:33Et alors,
42:34il n'y a pas
42:35de patron
42:36à proprement parler.
42:37Chacun dispose
42:38d'une voix
42:39pour décider.
42:40Est-ce que c'est
42:41un nouveau rôle
42:42auquel il faut
42:43s'adapter ?
42:44Comment vous avez vécu
42:45le fait de devenir
42:46aussi un peu patron
42:47même si c'est
42:48une aventure collective ?
42:49Alors,
42:50on a tous
42:51un homme
42:52égal une voix.
42:53Après,
42:54on est quand même
42:55aussi dans une société,
42:56une SA classique
42:57qui aura toujours
42:58une hiérarchie
42:59dans l'entreprise
43:00mais tout le monde
43:01peut dire
43:02ce qu'il pense,
43:03c'est une source
43:04de propositions.
43:05Certaines choses
43:06vont se révéler
43:07très bonnes
43:08pour l'entreprise,
43:09d'autres,
43:10ce n'est pas le moment
43:11mais tout le monde
43:12peut échanger
43:13et ça,
43:14c'est quand même
43:15quelque chose de nouveau
43:16et on travaille
43:17plus main dans la main
43:18avec tous les services.
43:19Oui,
43:20avant,
43:21vous étiez
43:22sur les lignes
43:23de production.
43:24Aujourd'hui,
43:25vous êtes la présidente
43:26du conseil d'administration
43:27de la SCOP.
43:28Qu'est-ce que ça
43:29vous a fait,
43:30vous,
43:31comme cela,
43:32d'apprendre ?
43:33Je suis toujours
43:34dans la production quand même.
43:35J'apprends.
43:36Je ne pensais pas arriver
43:37à ce type de poste
43:38donc j'apprends
43:39tous les jours
43:40pour appréhender au mieux
43:41toutes les charges
43:42que ça engendre
43:43mais petit à petit,
43:44on n'a que 4 mois
43:45d'ancienneté,
43:46c'est tout neuf.
43:47Oui.
43:48Et alors,
43:49une dernière question,
43:50est-ce que l'entreprise
43:51aujourd'hui est viable
43:52par rapport
43:53à octobre dernier
43:54où elle était en difficulté ?
43:55Est-ce qu'il y a eu
43:56une évolution
43:57en quelques mois ?
43:58Alors,
43:59je pense que
44:00l'entreprise
44:02par rapport à octobre dernier,
44:04on a laissé de côté
44:05toutes nos dettes déjà.
44:06On est reparti
44:07sur une société vierge
44:08au niveau financier.
44:10On a eu la chance
44:11d'être quand même
44:12bien encadrées
44:13dans la région.
44:15Donc,
44:16le GIP qui n'est pas loin,
44:17on a pu aller chercher
44:18du financement,
44:19on a les banques
44:20qui nous ont suivies
44:21donc on ne repart pas du tout
44:22dans la même
44:23situation financière
44:24qu'en octobre.
44:26Bien, merci
44:27pour votre témoignage
44:28en effet,
44:29à réagir en plateau.
44:30Qu'est-ce que vous pensez
44:31des scopes
44:32et de ce témoignage ?
44:33On le rappelle,
44:34c'est très résiduel
44:35en France,
44:36ça concerne
44:3771 000 salariés
44:38donc ce n'est pas comme ça
44:39qu'on va infléchir
44:40la courbe du chômage
44:41mais c'est une aventure
44:42intéressante à évoquer,
44:43n'est-ce pas ?
44:44Oui, merci mille fois
44:45madame pour cette aventure.
44:46Moi, je vais faire un parallèle
44:47parce que sur mon territoire,
44:48j'ai Duralex
44:49qui a vécu exactement
44:51la même chose que vous
44:53et j'ai envie de dire
44:54avec de l'enthousiasme,
44:55un esprit d'équipe
44:57et surtout
44:58de la créativité
45:00et je pense que c'est ça
45:02qui porte l'équipe
45:03aujourd'hui,
45:04d'essayer de trouver
45:05de nouveaux modèles,
45:06de nouveaux clients
45:08et de le faire tous ensemble,
45:10c'est un superbe mouvement.
45:13Je pense que votre entreprise
45:15Bergère de France
45:16est suffisamment
45:17franco-française
45:19et bien installée
45:20pour pouvoir se vendre
45:21si vous voyez ce que je veux dire
45:24comme Duralex,
45:25c'est pour ça que je faisais
45:26vraiment le parallèle.
45:27Oui, Duralex,
45:29il y a eu beaucoup de reprises
45:30dans la presse aussi
45:31pour évoquer cette aventure
45:32industrielle, humaine
45:33et ça a fait aussi
45:34bondir les ventes.
45:35Exactement et ça a fait
45:36avec des idées
45:37un peu plus originales,
45:38alors c'était sur les cantines
45:40à la rentrée scolaire
45:42mais profitez de toutes
45:43les occasions
45:44pour vous mettre en avant,
45:45surtout dans votre domaine
45:47de prédilection
45:50qui a quand même
45:51le vent en poupe
45:53aujourd'hui.
45:54Donc félicitations à vous.
45:56Anne-Catherine Noisy,
45:57je pense que c'est réplicable.
45:58Est-ce que vous avez
45:59un message à adresser
46:00comme ça à Ventine ?
46:01Oui, alors d'abord
46:02en tant que voisine,
46:03puisqu'on n'est pas trop éloignée,
46:04moi je voudrais saluer
46:05d'abord le courage
46:06qu'il a fallu,
46:07qu'il vous a fallu
46:08à vous et à tous vos collègues
46:09pour devenir entrepreneur
46:11finalement du jour au lendemain.
46:13Je pense que vous aviez
46:14ce capital historique,
46:16tu parlais de Duralex
46:17ou Berger de France,
46:18voilà, c'est toute une histoire,
46:20vous racontez une histoire
46:21à la française
46:22et donc ça je pense
46:23que c'est aussi une fierté
46:24pour vous tous.
46:25Moi ce que je peux vous souhaiter
46:26c'est de savoir rebondir maintenant.
46:28On le voit,
46:29vous êtes responsabilisés
46:31et impliqués
46:32mais demain,
46:33les marchés vont changer,
46:34il va falloir savoir
46:35se diversifier
46:36puisque je crois
46:37qu'une des clés
46:38des réussites
46:39et de la pérennité
46:40des entreprises aujourd'hui,
46:41c'est de savoir
46:42se réinventer au quotidien.
46:43Donc moi je souhaite
46:45que cette belle histoire
46:46de Berger de France continue
46:48dans un bel esprit collectif
46:50comme vous avez su
46:51le mettre en place.
46:52Jémy Cardon,
46:53on a failli perdre,
46:54je le disais tout à l'heure,
46:55la dernière filature industrielle
46:56de l'aîne à tricoter.
46:57Il y a une question aussi
46:58de notre héritage industriel en France,
47:00vous êtes élu de la Somme,
47:01ça doit forcément vous parler ça ?
47:02Oui, tout à fait,
47:03ça me parle
47:04et puis déjà,
47:05j'ai beaucoup de respect
47:06pour ce que vous avez monté collectivement,
47:09comment certains organisent
47:12le laisser faire,
47:13d'autres ne se laissent pas faire justement
47:16et organisent un intérêt collectif
47:18pour défendre une filière,
47:20pour défendre aussi
47:21l'ambition de la France
47:23et donc déjà,
47:24j'ai beaucoup de respect
47:25pour cette aventure
47:26que vous avez montée
47:27et j'espère en tout cas
47:28qu'il y aura une longue vie
47:30devant vous,
47:31pour vos collègues
47:32et puis surtout,
47:33j'ai envie de vous dire
47:35comme quoi il y a des histoires
47:38qui méritent d'exister
47:40donc il faut aussi,
47:41vous allez aussi jouer ce rôle-là
47:43d'ambassadeur
47:44sur des situations de boîtes
47:46qui, moi dans mon département,
47:48il y avait Watts
47:49qui réfléchissait aussi,
47:50malheureusement,
47:51parce que ça va fermer,
47:53mais qui a aussi réfléchi
47:54à une aventure de scope.
47:56Ça ne s'est pas fait
47:57parce que les modalités
47:58sont peut-être un peu
47:59plus compliquées que ça
48:00mais ça n'empêche
48:01qu'il faudra aussi
48:02réveiller cette solution
48:05parce que même les services
48:06de l'État maintenant
48:07orientent parfois
48:08sur cette solution.
48:09Les salariés reprennent
48:10leur entreprise.
48:11Est-ce que l'État ne doit pas
48:12aussi à des moments
48:13envisager de reprendre
48:15une entreprise,
48:16de la nationaliser ?
48:17On l'a vu notamment
48:18avec dernièrement
48:19l'entreprise de chimie
48:20Vancorex, Anne-Catherine Oisier.
48:21Dans quel cas
48:22est-ce qu'il faut
48:23que l'État sorte ses sommes ?
48:24C'est vraiment
48:25des intérêts majeurs.
48:26Oui, d'intérêts majeurs,
48:27nationaux.
48:28Est-ce qu'il faut relancer
48:29ce débat aujourd'hui
48:30sur certaines entreprises ?
48:31Oui, mais je pense
48:32qu'il existe toujours
48:33et on l'a régulièrement.
48:34Quand nous sommes confrontés,
48:35on l'a vu aussi avec Atos
48:36dans d'autres secteurs,
48:37quand on est confronté
48:38à une perte de souveraineté
48:39dans un certain nombre
48:40de secteurs stratégiques,
48:41il est effectivement déterminant
48:42que l'État puisse s'impliquer.
48:43En tout cas,
48:44merci Valentine
48:45pour cette exposition.
48:46Merci.
48:47Merci à vous.
48:48Merci à vous.
48:49Eh bien, en tout cas,
48:50merci Valentine
48:51pour cette belle histoire.
48:52On vous souhaite
48:53le meilleur pour la suite.
48:54On va aller rencontrer
48:55une dernière personnalité,
48:56un dernier témoin.
48:57Direction le département
48:58de l'Heure pour aller
48:59à la rencontre
49:00de Laurent Maillet.
49:01Bonjour Laurent.
49:02Vous avez 55 ans
49:03et après 33 ans
49:04dans la même entreprise
49:05de Phare Automobiles,
49:06vous avez été licencié
49:07en décembre 2023
49:08lorsque la société
49:09qui vous salariait
49:10a été placée
49:11en redressement judiciaire.
49:12Et vous,
49:13avec vos indemnités,
49:14vous avez décidé
49:15de monter une crêperie
49:16à l'État.
49:17C'est-à-dire
49:18une crêperie
49:19avec votre fils
49:20et votre femme.
49:21Et en parallèle,
49:22vous êtes devenu
49:23consultant en verrerie,
49:24votre deuxième passion
49:25avec la cuisine.
49:26Et avant de vous entendre,
49:27on va aller visiter
49:28votre restaurant.
49:29Un an exactement
49:30après la date
49:31de mon licenciement effectif,
49:32nous voici devant
49:34la crêperie familiale
49:36au délice de William.
49:40Nous allons y faire
49:41un petit tour.
49:44Voilà, nous voici
49:45dans le restaurant familial
49:46au délice de William.
49:49Des images qui ont été filmées
49:50alors que le restaurant
49:51était fermé.
49:52Mais qu'est-ce qu'on peut dire
49:53de votre restaurant
49:54aujourd'hui, Laurent ?
49:55Est-ce qu'il fait le plein ?
49:56Est-ce que ça fonctionne bien ?
49:57Et c'est quoi
49:58votre spécialité, d'ailleurs ?
49:59Alors, c'est une crêperie.
50:02Nous sommes ouverts
50:03depuis le 4 février.
50:06Et pour l'instant,
50:07tout se passe très bien.
50:08Oui.
50:09Est-ce que vous diriez
50:10que cette reconversion
50:11a été différenciée
50:12par rapport
50:13à la crêperie ?
50:14Oui.
50:15C'est une crêperie
50:16Est-ce que vous diriez
50:17que cette reconversion
50:18a été difficile ?
50:19Comment ça s'est passé pour vous ?
50:22Alors, en fait,
50:23j'ai travaillé chez Olofan,
50:24donc une verrerie,
50:26qui a eu deux gros soucis.
50:28C'est qu'elle a travaillé
50:29dans le secteur automobile.
50:30Donc, elle a eu la crise automobile
50:32en 2021-2022.
50:34Donc, en 2022,
50:36elle a été placée
50:37en retraitation judiciaire.
50:39Et ensuite,
50:40on a eu la crise de l'énergie
50:42en 2023.
50:43Ce qui fait qu'en décembre 2023,
50:45elle a été placée
50:46en liquidation judiciaire
50:48avec un licenciement effectif
50:50en février.
50:53Votre entreprise ?
50:54Donc, c'est…
50:55Oui.
50:56Elle vivotait, en fait,
50:57depuis 2023
50:58et c'était directement lié
50:59à la crise de l'énergie
51:00pour vous,
51:01n'est-ce pas ?
51:03Les deux crises.
51:04La crise automobile
51:05et la crise de l'énergie,
51:06un peu comme on a parlé
51:07il y a 30 secondes
51:08de Duralex, quoi.
51:09Oui.
51:10Alors, quel a été
51:11votre parcours de reconversion,
51:12justement,
51:13une fois que vous avez appris
51:14de cette liquidation judiciaire ?
51:15Alors, le parcours,
51:16étant donné qu'on était
51:17dans l'automobile,
51:18on a eu le soutien
51:19et l'aide du gouvernement
51:22pour le reclassement automobile.
51:25Donc, on a eu un reclassement
51:28avec un CSP,
51:29un contrat de sécurisation professionnel,
51:32par l'AFPA,
51:33qui nous a très bien suivis.
51:35Et oui.
51:36Et à quel moment
51:37est-ce qu'on décide
51:38de se lancer dans la cuisine,
51:39de suivre sa passion ?
51:40Comment est-ce qu'on en vient
51:41à cette idée-là ?
51:43Je vous dirais qu'étant donné
51:45que ça fait un an
51:46que la société vivotait,
51:48on a eu le temps
51:49un peu de réfléchir.
51:50C'était une demi-surprise,
51:52en fait, la liquidation.
51:54Donc, mon fils étant dans la cuisine,
51:57on s'est lancés directement dedans.
52:00Une histoire vraiment familiale.
52:02Alors, on va faire réagir en plateau.
52:04Anne-Catherine Loisier,
52:05que ça vous évoque,
52:06est-ce que c'est une solution,
52:07cette reconversion ?
52:08C'est quelque chose
52:09que les salariés
52:10qui sont confrontés
52:11à des mauvaises nouvelles
52:12sur le terrain de l'emploi
52:13ne pensent pas forcément assez ?
52:14Oui, ils ne pensent pas
52:15peut-être suffisamment
52:16à la création d'entreprises.
52:17Alors là aussi,
52:18c'est quand même un pas.
52:19Quand on a derrière soi
52:20un passé de salarié,
52:21c'est plus compliqué
52:22de se transposer
52:23et de s'imaginer chef d'entreprise.
52:25Mais on le voit
52:27dans l'exemple de monsieur.
52:28Moi, je sais que chez moi,
52:29comme dans beaucoup de territoires,
52:30on a eu beaucoup de brasseries aussi
52:32qui se sont créées
52:33ces dernières années.
52:34Donc, on voit que finalement,
52:36l'entreprenariat
52:37et devenir chef d'entreprise,
52:38ce n'est peut-être pas
52:39une habitude spécifiquement française.
52:42Des brasseries ?
52:43Vous évoquiez des brasseries
52:44pour fabriquer de la bière.
52:45Oui, oui, tout à fait.
52:46Pas des restaurants.
52:47Non, non, pas des restaurants.
52:48Tout à fait.
52:49Mais en tout cas, voilà.
52:50On voit qu'il y a beaucoup d'urbains
52:52qui sont aussi venus
52:53s'installer dans les territoires ruraux
52:55avec des projets
52:56de création d'entreprises.
52:57Et je pense qu'on en a besoin.
52:58Alors après, tout le monde
52:59n'a pas forcément l'énergie
53:02et le sens des responsabilités.
53:05Et voilà, il faut connaître
53:06un certain nombre de choses
53:07et puis avoir une certaine audace
53:09pour créer son entreprise.
53:10C'est une prise de risque
53:11quand même supplémentaire.
53:12Donc, ce que disait monsieur,
53:13c'est que c'est important
53:14que l'État accompagne
53:15cette prise de risque
53:16et sur le temps nécessaire
53:17parce que ça dure
53:18un certain temps quand même
53:19pour conforter l'entreprise.
53:21Donc, si j'entends bien monsieur,
53:23il a été quand même accompagné.
53:24En tout cas,
53:25s'il a des suggestions à nous faire
53:27en tant que législateur
53:28pour améliorer cet accompagnement,
53:29je pense que c'est important
53:31parce que nous devons effectivement
53:32inciter peut-être davantage de Français
53:34à s'engager dans l'entreprise.
53:36Et alors Laurent,
53:37c'est quoi le plus dur justement ?
53:38Vous entendez Anne-Catherine Loisier ?
53:39Vous pouvez lui répondre.
53:41Le plus dur, c'est le parcours.
53:45Comment améliorer le parcours
53:48pour créer une entreprise ?
53:50Moi, j'ai mis un an.
53:51J'avais commencé déjà
53:52le business plan
53:53en étant encore salarié.
53:54Mais depuis février 2024,
53:57j'ai commencé à chercher un peu
53:59ce qu'on pouvait recevoir comme aide
54:00puisque je savais
54:01qu'on avait le droit de les aider.
54:02Mais alors, où les avoir ?
54:03Comment se renseigner ?
54:05C'était un parcours du combattant.
54:07Un parcours du combattant ?
54:09Rémi Cardan ?
54:10Un parcours du combattant
54:11et pourtant aujourd'hui,
54:1245% des Français
54:14envisagent une reconversion professionnelle
54:16dans les cinq prochaines années.
54:17Donc ça veut dire
54:18que ce parcours du combattant,
54:19il va falloir le rendre
54:20beaucoup plus lisible
54:21et surtout efficace.
54:22Et c'est la raison pour laquelle
54:24vous venez de le dire,
54:26est-ce que l'État est un obstacle
54:28ou un allié ?
54:29Est-ce que c'est un peu des deux ?
54:31Dans vos propos,
54:32on a l'impression que c'est plutôt
54:34des obstacles que vous avez dû esquiver
54:36ou surmonter.
54:37En tout cas, on sent bien
54:39que changer de métier,
54:40ça doit être effectivement
54:41un levier d'émancipation
54:42et non une spirale d'angoisse
54:45qui s'accumule au fur et à mesure
54:48des démarches administratives.
54:50Et votre projet,
54:51j'avais travaillé justement
54:53à la création d'entreprises
54:54dans une association
54:55qui s'appelle BGE
54:57qui est dans de nombreux territoires
54:59et dans ces territoires,
55:00malheureusement, ces associations-là,
55:01elles ne sont pas assez présentes
55:04pour accompagner
55:05à toutes ces démarches.
55:06Et les CTI aussi
55:07ont parfois du mal
55:08à se faire savoir
55:09ou se faire connaître
55:10en la matière.
55:11Donc il y a plein d'outils
55:12qui existent,
55:13mais ils sont méconnus
55:14du grand public.
55:15On arrive à la fin
55:16de cette émission.
55:17Un petit mot de conclusion,
55:18Madame Martin aussi,
55:19parce qu'on arrive à la veille
55:20d'un moment assez compliqué
55:21pour la France.
55:22On s'inquiète
55:23sur les prochains chiffres
55:24du chômage.
55:25Qu'est-ce que ça vous évoque ?
55:26J'ai envie de vous dire
55:27simplification,
55:28parce que finalement,
55:29on a tourné autour de ça
55:30depuis 56 minutes.
55:31Vous l'avez évoqué, monsieur.
55:32On ne sait pas
55:33où aller chercher les aides.
55:34Elles existent,
55:35mais on ne sait pas
55:36où aller les chercher.
55:37Donc voilà,
55:38moi, je prône
55:39à un guichet unique
55:40et pas que sur la problématique
55:41du développement économique.
55:42Et en tout cas,
55:43vous félicitez
55:44pour cette belle remise
55:45en question à 55 ans.
55:46Anne-Catherine Noisy,
55:47un mot de conclusion ?
55:48Oui.
55:49L'avenir est à l'audace
55:50et à la prise
55:51de responsabilités
55:52collectives
55:53ou individuelles,
55:54quoique monsieur
55:55est aussi en famille.
55:56Donc voilà,
55:57je pense que
55:58l'avenir,
55:59face aux écueils
56:00qui sont devant nous,
56:01c'est davantage
56:02d'initiatives
56:03et d'entreprenariat.
56:04Et le rôle
56:05des pouvoirs publics,
56:06Rémi Cardon,
56:07dans tout ça ?
56:08L'État, pour moi,
56:09doit financer l'audace.
56:10Voilà.
56:11Un vrai mot de la fin.
56:12Eh bien, merci
56:13à tous les trois.
56:14C'est la fin de cette émission.
56:15Merci aux Françaises
56:16et Français
56:17qui ont participé
56:18à ce débat
56:19et merci
56:20à tous les trois
56:21sénateurs et sénatrices
56:22en plateau.
56:23Un grand merci
56:24aux équipes techniques
56:25et éditoriales
56:26qui permettent
56:28Notre émission
56:29est à retrouver
56:30sur publicsena.fr
56:31et c'est une nouveauté
56:32elle est également disponible
56:33en podcast
56:34sur toutes les plateformes.
56:35A très vite
56:36pour un nouveau numéro
56:37de Dialogue citoyen.
56:38Je me sens toujours
56:39impuissant
56:42en face
56:43de ces fermetures
56:46de ces deux usines
56:47sur Nersac.
56:48Merci de m'avoir
56:49donné la parole
56:50durant cette émission.
56:51Effectivement,
56:52je trouvais ça très intéressant.
56:53Ça m'a permis
56:54d'exprimer
56:55un petit peu
56:56notre situation est de vrai sujet.
56:59C'était un bon échange.
57:00Après, j'espère justement que ça va permettre d'ouvrir
57:02sur les possibilités de reprendre d'entreprise,
57:06car comme on a pu entendre les autres interlocuteurs,
57:10il y a beaucoup de domaines qui vont mal.