Le 5 mars 2025, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat a reçu Noémie Kohler et les autres familles des otages français en Iran. Depuis mai 2022, Cécile Kohler, son compagnon Jacques Paris et Olivier Grondeau sont accusés par la République islamique d’Iran d’espionnage et sont détenus dans la prison d’Evin à Téhéran. Depuis des années maintenant, les familles des otages se battent pour leur libération et leur retour en France. Les conditions de détention des otages sont dénoncées par les autorités françaises et internationales : l’isolement cellulaire est complet, les contacts avec les familles sont très rares et courts, les balades n’ont lieu que trois fois par semaine. Année de Production :
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00:02...
00:09Bonjour à tous, bienvenue dans 100% Sénat.
00:12Aujourd'hui, la rédaction vous propose de suivre l'audition
00:16de Noémie Collère, soeur de Cécile Collère
00:18et de proches des familles d'otages détenues en Iran.
00:21Il y a une urgence vitale à obtenir leur libération.
00:24Tous, évidemment, sont très inquiets
00:26et dénoncent les conditions inhumaines
00:28dans lesquelles Cécile, Jacques et Aurélien sont retenus.
00:31Leur audition au Sénat, c'est tout de suite.
00:34Moi, je suis Noémie Collère.
00:35Je représente aujourd'hui ma soeur, Cécile Collère,
00:38ainsi que son compagnon, Jacques Paris,
00:40qui ont été arrêtés le 7 mai 2022
00:43alors qu'ils découvraient le pays.
00:46Voilà, ils ont été, donc,
00:48enlevés par les autorités iraniennes
00:51et ils ont disparu pendant sept mois,
00:54à savoir qu'on ignorait leur état de santé
00:57et leur lieu de détention.
00:59On ignorait également les raisons
01:01et les circonstances de leur arrestation.
01:03On a appris, donc, le 23 novembre 2022
01:06qu'ils étaient détenus dans la section 209
01:08de la prison des Vines,
01:10qui est une section de haute sécurité
01:11sous le contrôle des services de renseignement iraniens
01:14et qui échappe à toute règle normale de la prison,
01:20qui échappe au contrôle
01:21des autorités pénitentiaires classiques.
01:24Ils sont, depuis lors,
01:28détenus dans cette section
01:30dans des conditions absolument inhumaines.
01:33Ils ont eu très peu de contact avec leur ambassade,
01:36uniquement trois visites consulaires,
01:39la première de 10 minutes,
01:40les deux suivantes de 20 minutes,
01:42sous très haute surveillance,
01:43avec interdiction d'évoquer certains sujets,
01:46notamment le sujet de leur dossier juridique.
01:50Ils n'ont pas accès à des avocats indépendants.
01:53Pour nous, c'est très, très dur d'avoir des informations.
01:55Ils nous contactent de manière très aléatoire,
01:58moins d'une fois par mois,
02:00par le biais d'appels de visio WhatsApp très courtes
02:03qui durent entre 3 et 10 minutes, quand on a de la chance,
02:07sous haute surveillance.
02:08On sent qu'ils sont soumis
02:10à une pression psychologique extrêmement forte
02:14qui les pousse, tout simplement,
02:17à ne pas s'exprimer sur leur état de santé réel
02:21et leurs conditions de détention,
02:22ce qui est une grande source d'inquiétude pour nous,
02:25d'autant que les conditions de détention
02:28sont largement documentées dans cette section 209,
02:31ainsi que les maltraitances que les détenus y subissent.
02:38Voilà.
02:40Ils ont été torturés psychologiquement
02:43par le biais de ce qu'on appelle la torture blanche,
02:45donc l'isolement cellulaire complet pendant au moins 3 mois
02:50et, à l'issue de cette période,
02:53ils ont été contraints de faire de faux aveux
02:55qui ont été diffusés à la télévision d'États iraniennes.
03:03Et en ce qui concerne leur dossier juridique,
03:07c'est un flou total.
03:09On est vraiment confrontés à l'arbitraire pur
03:13puisqu'on n'a aucune information sur leur procès.
03:16Ils ont apparemment déjà eu des audiences.
03:20Lors du dernier appel que nous avons eu d'eux,
03:22ils nous annonçaient que le verdict allait bientôt tomber
03:26sans avoir de date précise
03:28et que celui-ci serait extrêmement sévère.
03:31J'aimerais attirer votre attention,
03:35particulièrement aujourd'hui, sur la situation de Jacques Paris.
03:38Jacques Paris est sans doute celui des trois otages
03:43sur lesquels s'abat le plus difficile,
03:49en tout cas l'acharnement le plus dur
03:52de la part des autorités iraniennes.
03:54Il a 71 ans.
03:56Il est donc dans cette section 209
04:00dans laquelle il ne possède pas de meubles.
04:01Il n'a pas de meubles. Il dort sur des couvertures.
04:04Il n'a reçu que 8 livres depuis le début de sa détention.
04:07Nous ignorons lesquels.
04:08Nous ignorons s'il les a encore actuellement.
04:11Depuis plusieurs mois,
04:12il se plaint de partager sa cellule avec une personne dangereuse.
04:17Nous n'avons pas plus d'informations.
04:20Il ne porte quasi jamais ses lunettes lors des appels,
04:24sachant que ce sont des visios WhatsApp
04:25et qu'il a une mauvaise vue.
04:27Il a besoin de lunettes pour voir.
04:31Il passe sans cesse de l'espoir au désespoir
04:34puisque ses geliers lui font miroiter
04:38des négociations positives et une sortie prochaine
04:43qui ne se réalisent jamais.
04:44Donc, ses espoirs sont sans cesse brisés,
04:46ce qui le brise lui-même.
04:49J'ai été particulièrement choquée
04:52la dernière fois que j'ai eu Cécile au téléphone
04:55car Jacques l'accompagnait.
04:57Donc, je les ai vus tous les deux.
04:59Le visage de Jacques m'a profondément inquiétée.
05:01Pour être tout à fait honnête avec vous,
05:04ça me hante depuis.
05:07Donc, cet appel date du 19 février.
05:10Le visage de Jacques est de plus en plus creusé.
05:12On est terriblement inquiets.
05:15On pense qu'il est en grand danger physique et psychologique.
05:20Et j'aimerais vraiment attirer l'attention
05:23sur l'urgence vitale qu'il y a à le sortir de là.
05:28En ce qui concerne ma soeur,
05:31lors du dernier appel que j'ai eu avec elle,
05:33donc le 19 février,
05:35pour la première fois, elle s'autorisait
05:37à exprimer ouvertement son désespoir.
05:40Elle a utilisé ces mots en me disant,
05:42jusqu'à présent, je me suis battue.
05:44Je me suis battue pour vous protéger.
05:46Je me suis battue pour vous montrer que je tenais le coup,
05:49mais je n'ai plus la force.
05:50C'est trop dur. C'est trop long.
05:53Ne pas avoir de perspective de libération,
05:56c'est insupportable.
05:58On ne sortira jamais.
06:00Donc, elle est terriblement désespérée, elle aussi.
06:06On est terriblement inquiets pour leur santé.
06:10Ils sont en train de mourir à petit feu
06:12dans cette section 209.
06:13On se sent absolument impuissants.
06:15On a l'impression que les autorités françaises
06:18sont elles-mêmes impuissantes,
06:19ne serait-ce que pour obtenir leur transfert
06:22dans le quartier général de la prison,
06:24dont on sait que les conditions de détention sont moins dures,
06:28en tout cas, sont vivables.
06:32Là, ils sont dans une situation de survie depuis 3 ans
06:36et on est terriblement angoissés à ce sujet.
06:40Voilà, je vous remercie pour votre attention.
06:45Merci beaucoup, madame.
06:46Je ne sais pas qui veut prendre la parole.
06:48M. Grondeau, M. Uccio.
06:51Je vous en prie.
06:54Oui, Thérèse Grondeau, je suis la mère d'Olivier.
06:58Ça marche ?
06:59Oui, parfait.
07:01Olivier a été arrêté à Chiraz le 12 octobre 2022
07:05dans son auberge de jeunesse.
07:07Il a été enlevé, en fait.
07:09Et ensuite, il a passé 10 semaines de garde à vue,
07:13dont il est ressorti complètement démoli,
07:19on va dire, psychologiquement.
07:22Et ensuite, ils l'ont renvoyé à Chiraz,
07:26puisqu'il avait été arrêté là-bas,
07:28donc il devait être emprisonné à Chiraz.
07:31Et depuis, ça le ronge complètement.
07:34Il pense à ça, il pense à Jacques et Cécile,
07:37qui sont toujours, eux, dans ces conditions-là
07:40depuis leur arrestation.
07:43Et maintenant, il est à Téhéran.
07:46Il a de meilleures conditions,
07:49on va dire des conditions de prisonnier normal.
07:52Mais ce qui le hante complètement,
07:56c'est combien de ses amis prisonniers
08:02il va retrouver le matin,
08:04parce que certains disparaissent
08:06et on sait qu'ils sont partis,
08:07les gardiens se délectent à dire où ils sont partis,
08:10et ils vont être exécutés.
08:12Donc ça, c'est quelque chose qui est terrible à vivre.
08:17Et voilà, quoi.
08:21Psychologiquement, c'est très, très dur.
08:25C'est très dur.
08:27Oui.
08:29Bonjour et merci de nous recevoir.
08:30Je m'appelle Tristan Bultio,
08:31je suis porte-parole d'Olivier Grondeau,
08:33qui a choisi de médiatiser sa situation
08:35le 13 janvier dernier
08:37par l'intermédiaire du collectif duquel je suis également porte-parole.
08:41S'il médiatise maintenant sa situation,
08:43c'est parce qu'il est à bout de force également.
08:45Bien sûr, ses conditions sont meilleures que Cécile et Jacques.
08:47Elles, c'est leurs conditions.
08:50Le ministre Jean-Noël Barraud les a qualifiées de tortures.
08:54Pour Olivier, ce n'est pas le cas,
08:55mais il est tout aussi en danger à nos yeux,
08:58puisque c'est bel et bien pour raisons de santé
09:01qu'il semble avoir été transféré de Shiraz à Évines.
09:04En effet, il se scarifiait tant à Shiraz
09:07que les autorités ne pouvaient plus le surveiller.
09:10C'est pourquoi il a été placé en quartier politique.
09:13Sa détresse est grande, comme sa maman vient de le dire,
09:16puisque vivre au quotidien et côtoyer la mort de cette façon,
09:21tous les esprits humains sont mis en péril par une telle expérience.
09:28Il s'est fait le témoin et le relais et la confirmation
09:32des conditions atroces dans lesquelles se trouvent Cécile et Jacques,
09:35puisqu'il les a vécues pendant 72 jours,
09:37que ce soit la garde à vue ou la section 209.
09:39Il pense à eux tous les jours.
09:41Aujourd'hui, puisque c'est lui des trois qui peut s'exprimer,
09:45il s'exprime au nom des trois dans les médias.
09:47Sa situation, elle est très compliquée,
09:51puisque les gardiens d'Evin, on va dire,
09:56sont encore moins coopératifs que les gardiens de Shiraz.
10:00Olivier, pour survivre en prison, pour ne pas devenir fou,
10:04il écrit et il étudie.
10:06Et aujourd'hui, bien sûr que ces ressources
10:09sont devenues des moyens de pression pour l'arbitraire des gardiens
10:14et il n'a pas accès à sa correspondance et à ses livres
10:17aussi souvent qu'il l'avait à Shiraz.
10:19C'est pareil pour le téléphone.
10:20Le téléphone a toujours été pour lui le moyen
10:23de continuer à être dans la vie,
10:26de ne pas être complètement soustrait à lui-même.
10:28Et aujourd'hui, les appels sont beaucoup plus restreints.
10:31Ils sont souvent coupés, de mauvaise qualité,
10:35et ils ne durent que 10 minutes, généralement.
10:38Donc, on voulait insister sur le fait que, bien sûr,
10:43pour nous, c'est une évidence, mais nous allons le rappeler,
10:46ces arrestations, comme vous l'avez bien dit,
10:48sont complètement arbitraires
10:50et n'ont aucun fondement ni juridique ni éthique.
10:54Cécile, Jacques et Olivier ont été kidnappés
10:57au milieu de leur voyage qui relevait du tourisme.
11:01Et bien, ils n'ont, bien sûr, rien à se reprocher.
11:05Ils sont aujourd'hui accusés de faits très graves, d'espionnage, etc.,
11:08qui n'ont aucun fondement juridique, même dans le droit iranien.
11:11C'est pour cela que, par exemple, Olivier a une avocate en Iran
11:15qui essaie de le défendre sur ce plan-là,
11:16pour prouver que même en regard du droit iranien,
11:19sa détention est illégale.
11:21Bien sûr, ça n'a pas marché, ça n'a pas fonctionné.
11:24Il avait demandé une mise en libération conditionnelle
11:27avec bracelet électronique et résidence à l'ambassade.
11:32Les services secrets ont tout bonnement fait obstacle
11:36à cette décision qui avait tout de légal, selon le droit iranien.
11:39Voilà pour la situation.
11:40Et je vous remercie encore de nous recevoir.
11:43Je laisse la parole à Louis.
11:45Monsieur Arnaud, peut-être que je laisse la parole.
11:48Bonjour à tous.
11:51Je voudrais remercier également la commission de nous recevoir
11:54et de nous permettre de témoigner aujourd'hui.
11:57Moi, j'apporterai mon témoignage aujourd'hui
12:00en tant qu'ex-otage de la République islamique d'Iran.
12:05Pour ma part, j'ai été arrêté en 2022,
12:09alors que j'étais parti faire un tour du monde.
12:12J'étais rentré en Iran en tant que touriste.
12:17Et j'étais arrivé début septembre,
12:20juste avant le début des manifestations
12:22du mouvement Femmes, Vie, Liberté.
12:25C'est à cette époque-là que j'ai été arrêté arbitrairement,
12:29kidnappé également, tout comme les autres,
12:34en compagnie d'autres Européens par le ministère des Renseignements,
12:38qui est également l'entité qui détient aujourd'hui
12:43Cécile, Jacques et Olivier.
12:46Et donc, j'ai été arrêté pour ma prétendue participation
12:49aux manifestations, sans aucune preuve, bien évidemment.
12:54Cette arrestation, elle s'est inscrite
12:57dans une vague plus large d'arrestations
12:59qui concernait une dizaine d'Européens,
13:02d'après ce que j'en sais moi-même,
13:06et qui avaient pour but d'alimenter le fantasme
13:10du complot occidental qui aurait fomenté ces manifestations.
13:14Olivier Grondot, que je ne connaissais pas,
13:17a été arrêté également à cette époque,
13:20quelques jours après moi.
13:23J'ai été condamné à 5 ans d'emprisonnement
13:28pour rassemblement et complot
13:31contre la Sécurité nationale de la République islamique
13:35par un tribunal révolutionnaire,
13:38dans un procès expédié sans aucune preuve,
13:43sans avocat, bien évidemment.
13:46Et j'ai finalement été libéré,
13:50après avoir passé presque deux ans en détention
13:53dans la prison des Vines à Téhéran,
13:55prison dans laquelle se trouvent Jacques et Cécile,
14:00donc depuis presque trois ans,
14:02Olivier Grondot également maintenant,
14:05et dans laquelle j'ai également contoyé
14:07de nombreux autres otages
14:09de toute nationalité européenne et américaine.
14:14L'éclairage que je souhaite apporter
14:16à cette commission aujourd'hui tient en trois points.
14:19Le premier, c'est de témoigner,
14:22dans un certain niveau de détail, si vous le souhaitez,
14:25des conditions tout à fait inhumaines de détention
14:30que connaissent les trois otages restants en Iran,
14:34et d'alerter sur le risque très réel
14:37que ces conditions font peser,
14:40sur le risque qu'elles font courir
14:42sur leur état physique et mental.
14:46Le deuxième point, c'est d'attirer votre attention
14:50sur la nécessité d'apporter un soutien
14:55qui soit à la fois psychologique, matériel et administratif
15:01aux otages, à leurs familles,
15:03pendant la détention, mais également après,
15:06parce que ça ne s'arrête pas à la libération.
15:08Au contraire, il y a un vrai parcours du combattant
15:11qui se passe après,
15:13pour permettre une réinsertion sociale et professionnelle,
15:18en réalité.
15:20Et puis, le troisième point fait écho à ce que vous avez dit
15:23en introduction, c'est de sensibiliser
15:26à cette question, à cette diplomatie des otages,
15:30à cette pratique de la prise d'otages
15:32par la République islamique,
15:34qui n'est pas un phénomène nouveau,
15:36qui a pris une ampleur extraordinaire
15:39ces dernières années, très inquiétante,
15:42et qui est voué à perdurer,
15:46qui nécessite une prise de conscience
15:49et une réaction forte et coordonnée de niveau européen.
15:53Ce qu'on aimerait vous demander,
15:55c'est d'activer tous les leviers
15:58dont vous pouvez disposer en tant que parlementaires.
16:00Donc, effectivement, le levier médiatique,
16:03il est très important pour nous.
16:06Pour nous, là, on est vraiment dans une démarche
16:08de médiatisation très ouverte
16:12et très développée,
16:15pour faire connaître la situation de nos proches,
16:18mais également pour que les gens sachent
16:20qu'il ne faut pas aller en Iran.
16:23C'est aussi un point important.
16:27Il y a plein de choses qui peuvent être mises en place.
16:30Effectivement, il y a la possibilité d'afficher,
16:34qui a été d'ailleurs évoquée lors de notre réunion en janvier,
16:38qui était d'afficher les portraits des otages
16:41sur les grilles du Jardin du Luxembourg,
16:44les grilles du Sénat, selon ce qu'il est possible de faire.
16:47Pour nous, c'est quelque chose de très important.
16:50On a d'ailleurs obtenu
16:54l'accord de la présidente de l'Assemblée nationale
16:56pour faire la même démarche
16:59sur la façade de l'Assemblée nationale.
17:03Donc, voilà, pour nous, c'est déjà quelque chose de très important.
17:06Effectivement, accompagner notre médiatisation,
17:09parler de la situation des otages
17:11dès que vous en avez la possibilité,
17:15nous accompagner lors de nos mobilisations
17:17si vous en avez la possibilité.
17:20Il y a aussi la diplomatie parlementaire,
17:24qui est un levier très important.
17:28Donc, encore une fois, dès que vous en avez la possibilité,
17:31dans un contexte international,
17:34d'évoquer la situation des otages français.
17:38Et une 3e piste également,
17:42qui a notamment été évoquée lors de notre réunion
17:45avec le président de la République le 17 février,
17:48ce serait la saisine de la Cour internationale de justice
17:51par la France sur la situation des otages.
17:54Donc, c'est...
17:56Voilà, c'est une démarche importante
18:00pour laquelle on plaide également.
18:06Je ne sais pas si vous avez...
18:09Votre question, c'était aussi de savoir un petit peu
18:11ce qui ressortait de la réunion avec le président de la République.
18:15Donc, la réunion a duré une heure et demie.
18:19On a eu quelques éléments plus concrets
18:23sur les négociations qui avaient pu être menées
18:26pour la libération de nos proches.
18:30Malheureusement, en ce qui concerne Cécile et Jacques,
18:33le président de la République s'est montré plutôt pessimiste
18:36pour une libération à court ou moyen terme.
18:40Donc, on est ressortis de cette réunion
18:44un petit peu sonnés et un petit peu découragés.
18:49Voilà, je ne sais pas si Tristan ou Alain...
18:53Peut-être Alain.
18:54Oui, à l'occasion de la réception à l'Elysée,
18:58le président a demandé à sa chargée de communication
19:02d'intervenir auprès de France Télévisions
19:07pour qu'il y ait un rappel systématique
19:10à l'occasion des journaux
19:15de ces otages qui restent,
19:17parce que c'est quand même le support le plus fort
19:20qui puisse exister.
19:22Nous avons eu la même réaction de la présidente
19:24de Mme Brune-Pivet,
19:26qui, elle aussi, de son côté,
19:28tient à agir auprès de France Télévisions.
19:33Donc, ça, c'est une action
19:35qui nous semble essentielle pour les jours à venir,
19:39parce que le souffler tombe vite,
19:41vous savez, dès qu'on n'en parle plus.
19:44Peut-être précision, mais à l'issue de la dernière rencontre
19:48que nous avons eue, le 22 janvier, effectivement,
19:50si mes souvenirs sont bons,
19:52on avait décidé un certain nombre de choses,
19:53effectivement, et on a essayé les uns et les autres,
19:56effectivement, d'activer un certain nombre de réseaux
19:58pour que la presse puisse peut-être davantage encore
20:02prendre en considération le sort des otages.
20:05J'ai souvenir, il y a quelques années maintenant,
20:09du journal télévisé de TF1, de France 2,
20:12qui s'ouvrait avec l'annonce du nombre de jours de détention
20:16de Marcel Carton et d'autres.
20:17Je pense que c'est une chose qui, peut-être,
20:19pourrait être mise en oeuvre, à la condition, évidemment,
20:22que la rédaction de ces journaux puisse l'accepter,
20:25mais c'est une demande, en tout cas,
20:27que nous formulons publiquement, puisque nous sommes écoutés,
20:29et qui me semble être importante.
20:32J'ai reçu moi-même l'ambassadeur d'Iran,
20:34je vous l'avais dit, il y a quelques semaines maintenant,
20:37c'était avant notre rencontre, où je n'ai évidemment pas manqué
20:39de parler de cette question des otages,
20:41et où j'ai eu les mêmes réflexions,
20:42c'est-à-dire que pour un des otages,
20:44la situation était plutôt en bonne voie de libération.
20:48Pour Cécile et Jacques, c'était, évidemment,
20:51beaucoup plus compliqué, puisqu'il y a eu un peu de jugement,
20:53et que, évidemment, je vous passerai les propos
20:58et les qualificatifs qu'a tenus l'ambassadeur,
21:02mais vous les imaginez bien.
21:03J'ai de nombreuses preuves de prise de parole,
21:05je propose qu'on fasse deux par deux.
21:07Jean-Luc Ruel, d'abord.
21:10Merci, Président.
21:12Je vous exprime toute ma sympathie,
21:15à la fois pour les otages qui sont toujours en Iran,
21:18et puis vous, pour le courage que vous avez manifesté,
21:22et pour ce que vous nous avez expliqué.
21:24Alors, moi, je m'interroge sur...
21:26Est-ce qu'on a une idée du nombre des otages étrangers
21:30détenus actuellement en Iran, bon an, mal an ?
21:32Ca, c'est la 1re question.
21:342e question, c'est pour vous, M. Arnault.
21:38Lorsque vous avez été arrêté,
21:40vous avez été arrêté avec d'autres ressortissants européens,
21:43je crois, qui semblent avoir été libérés plus vite.
21:47Est-ce que vous avez le sentiment que les otages français
21:51sont peut-être moins bien traités que les autres otages ?
21:59Et ensuite, pardon, Nicole Duranton, excusez-moi.
22:04Merci, M. le Président.
22:06Merci à vous tous pour vos témoignages glaçants.
22:09Donc, ma question s'adresse à M. Arnault.
22:12Est-ce que vous pouvez nous préciser
22:14vos conditions de détention,
22:16puis votre parcours de libération par la suite ?
22:20Je vous remercie.
22:24Vous pouvez répondre aux 2 questions.
22:26Je vous laisse partager les réponses.
22:29Alors, je laisserai les autres compléter, s'ils le souhaitent.
22:33Concernant le nombre d'otages aujourd'hui en Iran,
22:38c'est toujours quelque chose de très flou.
22:41Très souvent, les familles sont encouragées
22:43à ne pas dévoiler cette situation
22:46par leur propre ministère des Affaires étrangères.
22:51De tous ceux dont j'avais eu connaissance
22:56pendant ma détention, tous ont été libérés.
22:59Il y avait une dizaine d'Européens qui avaient été libérés,
23:02qui avaient été arrêtés en même temps que moi.
23:06D'autres étaient là depuis plus longtemps,
23:10Européens et Américains.
23:13À ce jour, la plupart, fort heureusement, ont été libérés.
23:18Également les Américains.
23:19Il reste encore des otages européens,
23:22et notamment au moins un otage suédois,
23:26le docteur Djalali, qui est un binationnel
23:29qui est en prison depuis presque 9 ans maintenant,
23:32et qui est sous le coup de la peine de mort,
23:37et dont l'avenir est extrêmement incertain.
23:40Depuis ma libération,
23:44a également été arrêtée une Italienne
23:46qui a été libérée quelques semaines plus tard.
23:50Deux Britanniques ont été arrêtés très récemment également.
23:54Et il y a des suspicions d'un nouvel otage allemand.
23:59Donc c'est un nombre qui n'est pas très clair.
24:03Moi, dans ma propre estimation,
24:05je pense qu'il y a peut-être encore une dizaine de personnes
24:07qui sont encore là.
24:09Mais c'est quelque chose qui est conjoncturel.
24:15Dans mon expérience, les otages sont de deux natures.
24:21Soit ils peuvent être arrêtés dans un objectif très précis,
24:25le plus souvent pour un échange de prisonniers,
24:28comme c'était le cas pour Asadullah Asadi
24:30et pour Hamid Nouri.
24:33Ils peuvent l'être également
24:34pour dégeler des actifs iraniens à l'étranger.
24:38C'était le cas notamment des Américains que j'ai côtoyés.
24:42Beaucoup d'autres sont arrêtés sur...
24:45Il semblerait, plus de l'opportunisme
24:49ou pour légitimer une propagande.
24:51Et je pense que c'était mon cas,
24:54comme de tous les Européens qui avaient été arrêtés à mon époque.
25:00Dans tous les cas, ça reste...
25:04Enfin, c'est quelque chose qui, à mon sens,
25:05est amené à perdurer dans le sens où,
25:09conjoncturellement avec l'escalade des tensions
25:13entre l'Iran et l'Occident,
25:16de plus en plus, ce pays a besoin de moyens de levier
25:20dans ses négociations, d'une part,
25:23mais également pour des raisons structurelles.
25:27Parce qu'en fait, ce besoin d'alimenter,
25:30ce complot occidental
25:33est profondément ancré dans l'idéologie de ce régime.
25:36Donc, de toute façon, c'est pas quelque chose
25:38qui s'arrêtera demain.
25:41Et donc, là où le ministre des Affaires étrangères dit
25:44qu'il faut arrêter, aux Français, de se rendre en Iran
25:46jusqu'à la libération des otages,
25:48non, en fait, il faut arrêter de se rendre en Iran tout court.
25:51Parce qu'en fait, les raisons, elles sont sous-jacentes
25:54et elles resteront après.
25:56Pour votre deuxième question,
25:58est-ce que les Français sont traités différemment ?
26:02De facto, oui.
26:04J'ai été arrêté avec 2 autres touristes,
26:08un Polonais qui a été libéré au bout de 6 jours,
26:10une Italienne qui a été libérée au bout de 45 jours,
26:13et moi, je suis resté presque 2 ans.
26:16Effectivement, j'ai pu voir partir
26:21toutes les autres nationalités avant moi et avant les Français,
26:24et aujourd'hui, dans ce qui reste, c'est essentiellement des Français.
26:27Il faut quand même bien noter
26:29qu'au pic des détentions d'otages,
26:34et donc à la période dans laquelle j'étais détenu
26:39à la prison d'Evin,
26:41il y avait 7 otages français.
26:44C'était le plus gros contingent à ce moment-là.
26:48Donc oui, il y a...
26:51Il semblerait qu'il y ait un traitement spécial
26:53pour les Américains, pour les Britanniques,
26:55mais également pour les Français.
26:59Pour répondre à votre question sur la question des conditions,
27:07effectivement, quand on est arrêté,
27:08la 1re étape pour un otage, c'est d'être conduit,
27:11quelle que soit la ville d'arrestation,
27:13c'est d'être conduit dans un quartier de haute sécurité,
27:17là, en l'occurrence, des services de renseignement.
27:20Ca peut être également des gardiens de la Révolution,
27:22mais dans ce cas-là, c'est des services de renseignement.
27:24Pour moi, pour Jacques, Cécile et Olivier.
27:28Et ce sont des conditions extrêmement dures.
27:31Vous êtes initialement, dans le processus classique,
27:35mis à l'isolement.
27:37Donc c'est une cellule d'à peine 4 mètres carrés,
27:42complètement dépouillée, il n'y a pas de fenêtres,
27:44il n'y a pas de meubles, il n'y a rien dans cette cellule.
27:48Vous avez des éclairages éblouissants
27:51qui sont allumés 24 heures sur 24
27:53et vous vivez sous l'œil des caméras,
27:56probablement des micros également.
27:59Et vous vivez, dormez, mangez à même le sol.
28:06Et là, on peut vous laisser pendant des jours, des semaines, des mois.
28:11Il n'y a pas de règles. Ca prendra le temps qu'il faudra.
28:15Et vous êtes complètement coupé du monde.
28:19Bien évidemment, vous vous en doutez, il n'y a pas de livres,
28:20il n'y a pas de télévision et il n'y a pas de contact.
28:26Il n'y a évidemment pas de sanitaire non plus.
28:28On vous y emmène trois fois par jour pour aller aux toilettes
28:33et une à deux fois par semaine pour se laver seulement.
28:39Lorsqu'on le décide, vous êtes ensuite transférés
28:42dans une cellule commune aux conditions très similaires,
28:48si ce n'est que la cellule fait peut-être plutôt 8 ou 9 mètres carrés
28:52et que vous aurez des co-détenus.
28:54Mais les conditions restent exactement les mêmes.
29:00On vous emmène prendre l'air deux à trois fois par semaine,
29:04une vingtaine de minutes.
29:07Toute sortie de la cellule se fait les yeux bandés,
29:11que ce soit pour aller prendre l'air ou pour autre chose,
29:15ou pour les interrogatoires, c'est toujours les yeux bandés
29:17pour ajouter à la terreur qui règne.
29:23Les contacts avec l'extérieur, comme le soulignait Noemi,
29:27sont extrêmement rares avec la famille, avec l'ambassade.
29:33J'ai passé, moi, six mois dans ces conditions.
29:36Pendant ces six mois, j'ai eu trois appels avec ma famille,
29:40des appels de trois minutes qui sont étroitement surveillés.
29:46On n'a pas le droit de dire tout ce qu'on veut dans ces appels.
29:50Je n'avais pas le droit de parler de mon arrestation,
29:52je n'avais pas le droit de parler de mes conditions, surtout.
29:57Et parfois, on me dictait ce que je devais dire dans ces appels.
30:03Et donc, ces appels, pour moi, à mon sens,
30:07ils n'ont pas l'objet de réconforter, bien au contraire,
30:11ils ont plutôt l'objet d'attiser la souffrance des détenus
30:15et de la famille.
30:19À cela s'ajoutent le harcèlement,
30:23les humiliations, les menaces que vous subissez en permanence
30:28par les gardes, par les interrogateurs, par le juge.
30:33Et l'objectif de toute cette torture psychologique,
30:38et c'est bien de torture qu'il s'agit,
30:42ce sont bien des gens qui sont passés maîtres dans la torture,
30:47elle vise à vous briser pour recueillir des aveux forcés,
30:55parfois filmés, comme c'était le cas pour Cécile et Jacques.
31:01Et vraiment, c'est une question de temps et de moyens.
31:05Il faut bien en être conscient.
31:07Ce que je me propose de partager aussi,
31:09c'est qu'au-delà de ces faits,
31:11c'est le ressenti profond qu'on a dans ces conditions-là.
31:17Dans cet environnement-là,
31:20tout est fait pour vous ôter votre humanité.
31:23Vous n'êtes plus un être humain, vous êtes un animal.
31:26Vous êtes rabaissé à la condition d'animal
31:29qui est maltraité,
31:31qui est juste maintenu en état de survie.
31:35Le cerveau passe vraiment en état de survie.
31:40On est complètement isolé du monde qui cesse complètement d'exister.
31:43Donc il n'y a plus que le chaos, il n'y a plus que cette terreur.
31:46Tout ce qui vous parvient,
31:47c'est les hurlements des détenus d'autres cellules à côté.
31:52Donc c'est uniquement ça, votre environnement.
31:56Il n'y a plus que ça qui existe.
31:59On se sent extrêmement vulnérable
32:02parce qu'on sent qu'on est dans une zone de non-droit.
32:06On ne sait pas quelles sont les limites de ces gens-là
32:10et on sait qu'ils nous tiennent à leur merci.
32:14Et donc on vit dans la peur permanente.
32:19C'est vraiment un sentiment qui ne quitte jamais.
32:21On a peur tout le temps, même la nuit, ça ne s'arrête pas.
32:26Et donc cette pression extrême, à la fin,
32:32elle peut amener à un point de rupture.
32:36Il y a quelques semaines, au mois de janvier,
32:40a été rapporté qu'un touriste suisse était décédé
32:44dans une autre prison,
32:45très certainement dans des conditions similaires.
32:49Le gouvernement iranien a parlé d'un suicide.
32:54Je sais, je peux témoigner que dans ces conditions,
32:57en fait, tout est fait pour que vous ne puissiez pas vous faire du mal.
33:01Il est impossible de se suicider.
33:03Vous êtes sous surveillance permanente.
33:05S'il y a la moindre chose qui se passe dans cette cellule,
33:07en fait, on intervient dans la seconde.
33:12C'est le cas aussi d'autres Iraniens
33:16dont on m'a rapporté des décès
33:18qui ne nous parviennent pas, nous, ici, en France,
33:20mais qui arrivent aussi là-bas.
33:23Et moi-même, en fait, j'ai bien vécu dans une partie de ma détention
33:27où j'étais dans un état de profonde dépression.
33:29J'ai vu la dégradation très, très rapide de mon propre état de santé.
33:33Donc,
33:35il y a des risques d'hommages physiques et psychologiques,
33:41certains très certainement irréversibles,
33:44mais il y a un danger très, très réel.
33:46On peut mourir, en fait, dans cet endroit.
33:48Il faut bien en être conscient.
33:52Maintenant, moi, j'ai passé six mois dans ces conditions.
33:56Ça m'a paru dix ans.
33:59Olivier est également passé par là, comme l'a dit Thérèse,
34:02il en est ressorti détruit.
34:04Maintenant, Jacques et Cécile, qui sont là depuis presque trois ans,
34:09j'ai côtoyé énormément d'otages,
34:13tous avec des histoires plus terribles les unes que les autres.
34:16J'ai jamais entendu un tel déchaînement de violence.
34:22Et moi, des témoignages qui me parvenaient
34:25de gens qui arrivaient dans ma cellule, qui avaient été en contact avec Jacques,
34:30ben, les...
34:32Leurs conditions étaient déjà extrêmement préoccupantes, à l'époque,
34:38et il y a une urgence absolue à les sortir de là.
34:41Je voudrais déjà réagir par rapport à une des remarques que vous avez faites
34:44sur la question européenne de la gestion des otages.
34:50Un des ressentis importants pendant ma détention...
34:54Alors, on ne sait jamais, en fait, ce qui se passe dans ces négociations
34:58et ce qui a été changé à un moment ou à un autre,
35:03mais ce qui a semblé assez évident, c'est,
35:07dans la plupart des cas, pas tous les cas, mais la plupart des cas,
35:12qu'il n'y avait pas de négociation de niveau européen.
35:15C'est-à-dire que chaque pays négocie de son côté.
35:19Et donc, en fait, si on se dit que...
35:21Enfin, voilà, on accepte de procéder à des échanges,
35:27en fait, pour ma part, je pense que l'échange de Hamid Nouri,
35:34qui était détenu en Suède, était vraiment une occasion manquée,
35:38en fait, de récupérer notamment des otages français.
35:42Donc, il y a, je pense, un besoin
35:47d'avoir une prise de conscience au niveau européen
35:52et de vraiment prendre ce problème,
35:56enfin, de vraiment traiter ce problème tel qu'il est,
35:59d'être beaucoup plus ferme.
36:01Qu'il soit médiatisé, évidemment, aidera beaucoup,
36:05parce que c'est quelque chose qui est beaucoup plus difficilement tenable
36:07pour la République islamique à partir du moment
36:09où c'est une question qui est très médiatisée en Europe.
36:11Aujourd'hui, elle ne l'est pas.
36:14Et qu'elle soit condamnée beaucoup plus fermement par des actes.
36:19Récemment, le ministre des Affaires étrangères,
36:22Jean-Noël Barraud, a dit proposer aux autres pays européens
36:28d'instaurer des sanctions
36:31contre le régime ou contre des membres du régime
36:37pour ce sujet spécifique d'otages.
36:39Pour moi, c'est une initiative qui fait sens
36:43et vers laquelle il faut se diriger, en fait,
36:45pour tenter de mettre fin à cette pratique.
36:49Pour répondre à votre question sur la libération,
36:54non, en fait, il n'y a aucun élément avant-coureur.
37:00Bien au contraire, moi, juste avant ma libération,
37:05le président iranien venait de décéder
37:09dans un crash d'hélicoptère,
37:11et la France venait d'annoncer la dissolution de l'Assemblée nationale,
37:14et les deux pays étaient en conflit très dur
37:18sur le sujet du nucléaire,
37:21et le Moyen-Orient était à feu et à sang.
37:23Donc, pour moi, il était exclu, absolument,
37:26que ça se fasse à ce moment-là.
37:27Donc, tout se fait dans l'ombre, et on ne sait jamais.
37:32Pourquoi je dis ça ? Le point important ici,
37:33c'est que du point de vue de l'otage, du coup,
37:37qui est en situation de désespoir,
37:40on restera dans une situation de désespoir jusqu'au dénouement,
37:44jusqu'à la dernière seconde.
37:49Il faut bien voir que même à partir du moment
37:51où on est transféré dans la prison publique,
37:55où là, les conditions sont un peu plus tolérables,
37:58comme c'est le cas pour Olivier Grondeau aujourd'hui,
38:02on est toujours dans ce néant de ne pas savoir
38:07combien de temps cette détention va durer.
38:09C'est extrêmement difficile, c'est extrêmement frustrant,
38:13et on sait même que... Enfin, moi, j'en étais même arrivé à la conclusion
38:16que ce n'est même pas parce que j'arriverais
38:18au bout de mes 50 détentions qu'on me libérera.
38:21On trouvera bien une raison pour me garder
38:23si on n'a pas défini le bon prix pour me vendre.
38:27Donc, c'est une situation très perturbante,
38:30et c'est ce qui explique que, voilà, pour Olivier,
38:36je voudrais ici aussi mentionner le courage qu'il a fallu Olivier
38:41pour témoigner à visage découvert, comme il l'a fait,
38:45et du désespoir qu'il faut atteindre pour en arriver là.
38:49Moi, j'avais cette mesure en tête,
38:53elle était vraiment tout en bas de ma liste,
38:55parce que quand vous faites ça, vous courez un risque immense
38:58de retourner dans les conditions de 209.
39:01Et donc, c'est là aussi, encore, peut-être qu'il sera libéré demain,
39:06mais en tout cas, aujourd'hui, il ne le sait pas,
39:08et il restera toujours dans ce niveau de désespoir
39:11jusqu'à sa libération.
39:13Le point sur lequel j'aimerais aussi amener un éclairage
39:18par rapport à, justement, ce sujet de libération,
39:21c'est qu'encore une fois, il y a toute cette mise en oeuvre
39:24que la commission, que le Sénat se propose de mettre en oeuvre,
39:28et nous vous en remercions,
39:29de médiatisation, d'accompagnement, de pression,
39:34mais encore une fois, en fait, quand on est otage,
39:39quand on sort, tout ça s'effondre d'un coup.
39:43Parce qu'on a atteint la libération,
39:44mais la libération, c'est pas un absolu.
39:49Au contraire,
39:54des mots d'un diplomate, au moment de ma libération,
39:58c'était, bon, maintenant, c'est la partie difficile qui commence.
40:01Et c'est vrai.
40:03Parce que quand vous sortez,
40:07vous arrivez...
40:08Alors, évidemment, il y a toute une question de traumatisme
40:12psychologique qui a besoin d'être traité dans la durée,
40:16parce qu'il y a des choses...
40:18Enfin, moi, ça fait 9 mois que j'ai été libéré,
40:20et ça continue en permanence d'évoluer.
40:23Et apparemment, ça peut être le cas pendant des années et des années.
40:25D'autres otages qui sont sortis avant moi
40:28sont toujours dans de grandes difficultés.
40:31Donc il y a ce besoin d'un accompagnement psychologique.
40:34Mais il y a aussi un besoin d'un accompagnement
40:38vraiment très, très concret, très matériel et financier,
40:41dans le sens où, quand vous sortez,
40:44si vous y avez passé suffisamment de temps en prison,
40:46vous n'avez plus le droit à la sécurité sociale,
40:48vous n'avez plus de mutuel,
40:50vous avez des problèmes avec votre banque,
40:51vous n'avez plus d'assurance,
40:53vous n'avez pas de logement et vous n'avez plus de travail.
40:56Et donc la réinsertion est extrêmement difficile.
41:01Elle est d'autant plus difficile que, déjà,
41:04il n'y a pas de statut qui existe aujourd'hui de victime pour...
41:07Enfin, voilà, d'otage,
41:10et en tout cas d'otage d'Etat,
41:11qui rend les choses beaucoup plus difficiles.
41:14C'est vraiment un parcours du combattant.
41:16Et c'est d'autant plus compliqué que,
41:18quand on a été pendant aussi longtemps privé de sa vie,
41:23de toute volonté, de tout choix,
41:25en fait, vous êtes complètement dépossédé de votre vie.
41:29Et tout à coup,
41:32vous basculez dans une situation
41:34où il faut que vous gériez mille problèmes à la fois.
41:39Là où, en fait, avant, c'était juste une question de survie.
41:42C'était juste mental.
41:43Et là, ça devient très concret.
41:45Donc c'est quelque chose qui est très compliqué à vivre
41:51quand on sort.
41:52Et donc il faut bien être conscient
41:53que le jour où Jacques, Cécile, Olivier seront libérés,
41:57ça ne s'arrêtera pas là.
42:00Le point que je voudrais également ajouter,
42:02c'est ce besoin d'accompagnement.
42:06Il se fait aussi pendant la détention.
42:08Alors malheureusement, pas pour l'otage,
42:10mais pour les familles.
42:12Parce qu'il y a une détresse psychologique extrêmement forte
42:19du fait de la situation,
42:21du fait de l'absence de connaissance totale.
42:25En fait, s'il y a des négociations, si elles progressent,
42:28si on est dans la passe, si le gouvernement fait quelque chose.
42:31C'est vraiment quelque chose sur lequel il n'y a pas d'information,
42:35si ce n'est qu'on doit croire sur parole.
42:38Et donc il y a une situation extrêmement difficile
42:41qui peut même créer des conflits très importants
42:43chez les proches et les amis.
42:46Donc là aussi, il y a un besoin d'accompagnement psychologique
42:49pendant cette détention.
42:52Et il y a aussi, également là aussi,
42:55un besoin d'accompagnement également financier et matériel.
42:58Parce qu'en fait, quand les familles doivent se rendre
43:03à la commission des affaires étrangères du Sénat pour témoigner,
43:06en fait, pendant ce temps-là, vous ne pouvez pas travailler.
43:10Ou alors, si vous êtes votre entreprise,
43:12vous ne la faites pas tourner à ce moment-là.
43:15Donc ça phagocyte complètement la vie.
43:19Moi, c'était le cas pour ma maman, et heureusement, elle était en retraite.
43:22Mais encore, elle vivait, c'est un boulot à plein temps.
43:26Et donc la mobilisation extraordinaire,
43:29qui est, à tout point de vue, extraordinaire,
43:32c'est quelque chose d'extrêmement éreintant
43:38et qui plonge les familles dans une situation très précaire.
43:43Et donc là-dessus aussi, il y a besoin d'un accompagnement
43:45très concret, très financier.
43:49Merci beaucoup. Alain Casabonne.
43:53Oui, juste une petite question.
43:54Vous avez évoqué à deux ou trois reprises
43:56le fait qu'il y ait plus de Français que d'autres étrangers.
44:00Est-ce que vous pouvez voir une raison logique ?
44:03Vous avez parlé à l'instant des relations
44:04entre la France et l'Iran.
44:06Ce sujet est clair.
44:07Est-ce que vous pensez qu'il peut y avoir une raison politique
44:09ou c'est le phénomène du hasard parce qu'il y a plus de touristes ?
44:15Et ensuite, Gisèle Jourdain.
44:25Tout d'abord, vous remerciez du fond du cœur
44:29parce que vos témoignages ont été extrêmement poignants.
44:33Et lorsque l'on entend la souffrance de votre détention,
44:40on ne peut effectivement que se satisfaire
44:43de vos libérations,
44:46mais on entend dans vos propos
44:49que quelque part, on reste encore otage.
44:52On reste encore otage, même lorsqu'on a été libéré
44:56et qu'on est finalement dans cette condition d'enfermement.
45:00Alors, moi, vous avez dit, monsieur,
45:03qu'à un certain moment dans votre détention,
45:05vous aviez côtoyé donc des Iraniens.
45:08Il se trouve que c'est un pays
45:11avec lequel j'avais énormément de relations
45:14puisque dans ma vie universitaire, j'ai beaucoup côtoyé d'Iraniens.
45:19Et quand vous avez correspondu pendant 50 ans avec des personnes
45:23et que depuis 2 ou 3 ans,
45:25tous les réseaux sont coupés et qu'on n'a plus de nouvelles,
45:30on comprend qu'il y a eu un durcissement des positions
45:34par rapport à tous ces Iraniens qui rêvaient de liberté.
45:40Il ne faut pas les oublier, qui se sont battus.
45:42On pense à cette jeune femme, d'ailleurs,
45:44qui a donné le prix de sa vie pour ne plus porter un voile.
45:49Donc, je souhaitais savoir
45:51comment étaient en proximité de votre détention
45:56les liens que vous pouviez avoir avec les détenus iraniens
46:00à ce moment-là.
46:01Merci beaucoup pour vos réponses.
46:04Vous en prie.
46:08Donc, d'abord, sur la question des Français,
46:11pourquoi les Français en particulier ?
46:13Est-ce que les Français en particulier...
46:17Tout ça n'est que conjecture.
46:19En fait, il y a...
46:22Ce qui caractérise vraiment la détention en Iran,
46:25pour les otages, mais aussi pour les Iraniens,
46:27c'est l'arbitraire.
46:31Et tout le monde a ses théories.
46:34Est-ce qu'il y avait quelque chose en particulier contre la France ?
46:37Est-ce que, particulièrement à ce moment-là,
46:40est-ce que c'était juste par opportunisme ?
46:41Est-ce que c'était parce qu'il y avait plus de touristes français
46:43à ce moment-là ?
46:45C'est malheureusement une question à laquelle
46:46je n'ai pas de réponse.
46:49Il semblerait que ce soit, malgré tout...
46:55Bon, la France joue un rôle peut-être plus prégnant
47:00sur la scène internationale que d'autres pays européens,
47:02et c'est dans la relation avec l'Iran.
47:05C'est peut-être le cas, mais ce ne sont que des hypothèses.
47:08Je n'ai pas de réponse sur cette question-là.
47:11Concernant votre question sur les Iraniens, oui.
47:17J'insiste beaucoup sur les otages,
47:20mais l'essentiel des gens que je côtoyais en prison
47:23étaient des Iraniens.
47:25La première partie de ma détention s'est faite
47:27pendant le mouvement Femmes, Vies, Libertés.
47:31Et donc, les Iraniens détenus m'ont toujours accueilli
47:37avec une hospitalité exemplaire.
47:42M'ont traité comme un invité, comme l'un des leurs.
47:46Et je n'ai que gratitude envers eux.
47:55Et pour moi, c'était un honneur de côtoyer
47:58ces combattants de la liberté.
48:02Donc oui, c'est aussi la raison pour laquelle,
48:06vous le dites, une fois qu'on sort,
48:09en fait, on est toujours là-bas,
48:12mais pas juste en tant qu'otages.
48:15Aussi, en tant que sensibilisés à la cause de ce peuple.
48:26Valéry Bouillet.
48:28Valéry Bouillet.
48:37Merci, M. le Président.
48:39Merci pour ces témoignages bouleversants
48:41que vous nous livrez.
48:44Si j'ai bien compris, jusqu'à présent,
48:46on nous disait d'être discrets,
48:48de ne pas communiquer sur la détention
48:51des otages français en Iran.
48:56On nous l'a même reproché.
48:57Moi, j'ai parlé des 3 otages
49:01qui nous occupent aujourd'hui
49:04de plusieurs événements à Marseille.
49:07Et on me l'a reproché.
49:09Mais aujourd'hui, vous nous demandez instamment
49:12de faire en sorte que leurs conditions soient connues
49:16et que l'on communique dessus,
49:17parce que vous estimez que ça aide à leur libération
49:21et qu'on pourra avancer de cette façon.
49:24Je voulais simplement vous dire
49:27que je suis très admirative
49:30du parcours que vous effectuez
49:32et de la difficulté que vous rencontrez.
49:35Et que, bien entendu,
49:37moi, je ferai en sorte que, par exemple,
49:40dans la mairie où je suis élue,
49:43le portrait et le nom de nos 3 otages français
49:46puissent être affichés.
49:47Je vous remercie.
49:51Merci beaucoup.
49:54On continue.
49:55Alors, la parole est à Alain Joyandé.
49:59Oui, merci, M. le Président.
50:01J'ajoute à tous les témoignages le mien
50:04dans le cadre de cet échange saisissant.
50:09Vous avez, M. Arnault, quasiment répondu
50:11à la question que je voulais poser,
50:13puisque on sent notre impuissance politique,
50:17j'allais dire, pendant que vous êtes en détention.
50:20Et ma question portait sur l'après.
50:22Et donc, vous avez déjà bien répondu à l'après,
50:25mais je veux peut-être compléter,
50:27puisque vous avez décrit vos besoins,
50:29vous avez décrit la situation
50:31dans laquelle vous êtes après votre libération.
50:34Qu'est-ce qui, concrètement,
50:36puisque là, peut-être, on peut être plus efficace
50:39que pendant votre détention
50:41pour obtenir votre libération,
50:43qu'est-ce qui est fait pour vous
50:44par la République française
50:46au moment où vous êtes libéré,
50:48vous rentrez chez vous ?
50:50Qu'est-ce qui est fait pour vous
50:52pour subvenir à vos problèmes psychologiques,
50:55administratifs, matériels ?
50:57Est-ce que vous êtes, d'une manière ou d'une autre,
50:59prise en charge ou est-ce qu'il ne se passe rien
51:01et que vous êtes obligés de vous réinsérer,
51:04de vous débrouiller tout seul ?
51:05Tout à l'heure, dans votre propos liminaire,
51:07vous avez parlé de réinsertion sociale et professionnelle.
51:11Voilà. Est-ce que quelque chose est fait
51:13pour vous et vos collègues,
51:16ceux qui sont libérés également ?
51:18Est-ce qu'il y a une cellule qui existe ?
51:20Est-ce qu'on vous écoute ?
51:22Est-ce qu'on fait quelque chose pour vous
51:24puisqu'on n'a pas pu empêcher votre captivité
51:28et puis difficilement abréger cette captivité ?
51:31Dans quelle situation vous vous trouvez, par exemple,
51:34pour ce qui vous concerne actuellement ?
51:39Et ensuite, Hélène Connoué-Mauray.
51:46Oui, je partage les propos de mes collègues
51:49et vous félicite pour le courage que vous montrez.
51:52Je sens dans cette pièce une certaine solennité ce matin,
51:58un certain poids.
51:59Je crois que vous avez trouvé les mots justes
52:02pour décrire un parcours bouleversant,
52:05mais je crois que vous nous avez aussi,
52:08en tout cas, je parle pour moi, bouleversés profondément.
52:13Dans les tortures qui vous ont été infligées,
52:16vous avez parlé d'un but, bien sûr,
52:19de briser la personne physiquement, psychologiquement.
52:23En même temps, vous sentiez que vous étiez une monnaie d'échange.
52:28Est-ce que vos tortionnaires
52:32ont essayé de vous insuffler une propagande,
52:35à savoir que quand vous sortiriez,
52:38vous auriez peut-être changé d'avis
52:42sur un certain nombre de choses ?
52:43Est-ce qu'ils procèdent peut-être à un lavage de cerveau
52:49auprès des Iraniens,
52:50avec lesquels, j'imagine, vous avez échangé,
52:53puisque vous étiez à un moment dans une cellule
52:55avec d'autres personnes ?
52:58La question que j'avais était sur l'accompagnement, en fait,
53:01mais vous avez déjà décrit tous les obstacles
53:04que vous rencontrez,
53:05et je pense que c'est à nous, aujourd'hui,
53:08de réfléchir à comment lever ces obstacles à votre retour,
53:12parce qu'il est absolument impensable
53:15que vous viviez cela et qu'ensuite, en France,
53:18la réinsertion, de fait,
53:20soit très, très compliquée pour vous.
53:24Je pense que l'idée que ma collègue vient d'exprimer,
53:27d'afficher les portraits,
53:29je pense que nous pouvons le faire,
53:32bien sûr, en France, mais également à l'étranger,
53:35puisque nous sommes un certain nombre de sénateurs,
53:37ici, dans cette salle,
53:39qui représentons les Français établis hors de France,
53:43et donc, de fait, vous étiez un Français de l'étranger.
53:45Je pense que, pour toute cette communauté,
53:48forte de 3 millions d'habitants, quand même,
53:50il peut y avoir une solidarité,
53:52pas simplement hexagonale, mais mondiale,
53:54qui s'exprime envers vous.
53:59Merci. Je laisse Louis Arnaud répondre,
54:03ou quelqu'un d'autre, peu importe.
54:04Alors, les deux questions vont être assez liées.
54:10Concernant la prise en charge
54:16Moi, quand je suis rentré,
54:18on m'a amené à l'hôpital Bégin,
54:21où j'ai passé deux semaines
54:28pour faire une batterie de tests médicaux
54:34et une très légère évaluation psychologique.
54:38Très, très légère.
54:41Et ensuite,
54:43c'est... Il faut sortir, quoi.
54:47Alors, certes, il n'y avait pas de...
54:50Il n'y avait pas de deadline sur le temps
54:53qu'il était imparti à l'hôpital.
54:55En revanche, ensuite, il faut se débrouiller, quoi.
55:00Moi, j'avais de la chance, j'avais des parents
55:02qui pouvaient m'accueillir.
55:04Ça a été plus compliqué pour d'autres otages
55:05qui m'ont précédé.
55:09Maintenant,
55:11il existe, aujourd'hui, en France,
55:14un fonds d'indemnisation des victimes
55:17qui est plutôt centré
55:20sur les victimes du terrorisme.
55:25La République islamique n'est pas sur une liste de terroristes
55:28à ce jour,
55:30ou en tout cas les organisations qui nous ont arrêtés.
55:34Et donc, à proprement parler,
55:36il n'est pas possible de bénéficier de ce fonds.
55:38Alors, aujourd'hui,
55:41les discussions avancent avec le fonds,
55:44justement, pour permettre cet accès.
55:50Mais c'est beaucoup plus difficile
55:52que pour une victime
55:54qui est qualifiée de victime du terrorisme
55:58et pour qui il y a déjà un processus qui arrive
56:00et qui se déroule.
56:02L'objectif serait que, demain,
56:04pour éviter toute cette difficulté,
56:06parce qu'en fait, c'est instantané,
56:09la difficulté au retour.
56:10Il faut gérer ça tout de suite.
56:13Et donc, l'objectif serait que, demain,
56:16les victimes d'otages d'État,
56:20sur lesquelles il existe un vide juridique aujourd'hui,
56:23soient incluses dans ce principe-là.
56:29Et donc, ça fait partie
56:34de l'accompagnement psychologique, en fait.
56:36Enfin, s'il y a une insertion dans ce fonds,
56:38ensuite, il peut y avoir un appui psychologique.
56:45Pour répondre plus précisément à votre question de...
56:48Qu'est-ce qu'ils essayent de vous faire psychologiquement
56:50sur les tortues psychologiques ?
56:52Ça, ça dépend vraiment de chacun des otages.
56:58Il y a des récits de gens
56:59sur lesquels on s'est plus acharné que d'autres.
57:03Je pense que c'est particulièrement le cas
57:04pour Cécile et Jacques.
57:07Je pense qu'ils ont eu tous l'échantillon.
57:10Alors, est-ce que c'était pour changer des croyances ?
57:12Je ne sais pas, mais en tout cas,
57:13pour créer une détresse extrême,
57:16ça, il n'y a aucun doute.
57:19Et pour ce qu'il y a des Iraniens autour de nous,
57:23en cellule, au moins, ce que je peux vous dire,
57:26c'est que la délation est fortement encouragée,
57:29et donc, vous avez peur de parler aussi en cellule.
57:31Vous avez peur de vous confier,
57:32parce qu'on a peut-être envoyé quelqu'un
57:34pour, justement, vous confier,
57:38et qu'ensuite, ça se retrouve à un interrogatoire.
57:41Dans tous les cas,
57:44j'ai côtoyé beaucoup d'otages là-bas.
57:47J'en ai côtoyé d'autres à mon retour.
57:49Ce qui me semble évident, c'est que chaque...
57:54C'est une expérience qui est tellement traumatisante,
57:56profondément,
57:57qu'il n'y a pas deux personnes
58:01qui peuvent ressortir avec le même état,
58:04le même ressenti.
58:05Donc, le besoin, vraiment, derrière,
58:08il est d'avoir un suivi très, très personnalisé,
58:14et qui permette de donner accès
58:16à tous l'échantillon de types de thérapies
58:20qui existent aujourd'hui
58:22pour solder les difficultés psychologiques
58:28que chacun aura,
58:29et qui sera extrêmement différente d'une personne à l'autre.
58:31Merci d'avoir suivi cette audition sur notre antenne.
58:34Vous pouvez la retrouver sur notre site internet publicsenat.fr.
58:38Je vous souhaite une très bonne journée sur Public Sénat,
58:41et à très vite.