Mardi 4 mars 2025, retrouvez Florian Ielpo (Responsable Macro au sein de l'équipe Multi-Asset, Lombard Odier IM), Bruno Vanier (Président, Gemway Assets), Pierre Bismuth (Directeur Général et Responsable des Gestions, Myria AM) et Gustavo Horenstein (Responsable Recherche Macro et Allocation d'Actifs, Dorval AM) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart4Challenge pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi.
00:14Vous nous retrouvez à 20h30 à la télévision si vous nous suivez via vos box, émission
00:18que vous retrouvez en parallèle chaque jour bien sûr en replay sur bsmart.fr ou encore
00:22en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:25Au sommaire de cette édition ce soir, les marchés qui accusent lourdement le coup après
00:30la confirmation d'une escalade tarifaire, la confirmation de tarifs supplémentaires
00:35sur les produits chinois importés par les américains et la confirmation de tarifs de
00:4025% sur les produits canadiens et mexicains en direction des Etats-Unis.
00:46Le choc est un peu lourd aujourd'hui, à commencer par le secteur automobile, on voit
00:50également des mouvements importants sur les devises, pesos mexicains ou dollars canadiens
00:55par exemple, et des taux américains qui continuent de se détendre entre 4,10 et 4,15% actuellement,
01:04ce choc tarifaire, quelles peuvent être ses conséquences sur la macroéconomie pour les
01:09pays concernés, Canada, Mexique et au milieu des deux les Etats-Unis bien sûr, les conséquences
01:14également pour les marchés financiers qui peut-être avaient laissé de côté cette
01:19idée d'escalade tarifaire ou en tout cas ne prêtaient pas peut-être suffisamment
01:25attention aux menaces portées par Donald Trump ces dernières semaines.
01:30Voilà donc pour le panorama global des marchés, c'est une journée un peu sanglante il faut
01:34le dire aujourd'hui pour les actifs risqués, nous allons en parler avec nos invités dans
01:38un instant et puis sur le front des questions de défense et d'armement, l'Europe est en
01:43train de s'organiser, on le voit ces dernières heures et ces derniers jours, les valeurs
01:48de la défense d'ailleurs progressent encore fortement aujourd'hui sur les marchés européens
01:53à l'exemple de Thalès, Thalès qui a par ailleurs publié ses résultats, Pauline Grattel
01:57vous apportera tous les détails dans un instant, voilà donc pour le paysage global et puis
02:01nous ferons un petit focus sur les émergents en fin d'émission dans le dernier quart d'heure,
02:05le quart d'heure thématique, focus sur les émergents et la Chine notamment avec des marchés
02:09chinois qui se comportent plutôt bien depuis quelques semaines, depuis le point bas qui
02:14a été marqué en janvier avec notamment la tech chinoise qui semble-t-il est redécouverte
02:19par une partie des investisseurs globaux, nous en parlerons spécifiquement avec les
02:23équipes de GMO Assets et son président Bruno Vannier qui sera avec nous en plateau dans
02:27le dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir.
02:39Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, Pauline Grattel vous apporte
02:42les infos clés du jour sur les marchés, bonsoir Pauline, c'est la goutte d'eau qui
02:46fait déborder un peu le vase des marchés aujourd'hui, des marchés globaux qui accusent
02:50le coup.
02:51Oui, les investisseurs réagissent vigoureusement à l'entrée en vigueur des droits de douane
02:55annoncés par Donald Trump de 10% supplémentaires pour la Chine et de 25% pour le Canada et
03:00le Mexique, le Canada et la Chine ont d'ailleurs déjà annoncé de nouvelles mesures de représailles,
03:06pour le Mexique ce sera dimanche, la présidente mexicaine espérant dans l'intervalle pouvoir
03:10négocier avec l'administration américaine.
03:12Dans ce contexte, le CAC 40 comme le STOXX 600 reculent d'environ 2% aujourd'hui, le
03:17DAX et le MIB italien sont à moins 3%, le secteur automobile est le plus pénalisé
03:23et aux Etats-Unis la baisse se poursuit avec des indices en repli de 1,5% dans les premiers
03:27échanges.
03:28Bon on va revenir sur le secteur automobile mais avant cela, un mot de la situation des
03:31marchés obligataires aujourd'hui Pauline.
03:33La divergence continue aujourd'hui, le rendement américain à 10 ans poursuit sa détente
03:37encore de 5 à 10 points de base pour s'établir aujourd'hui entre 4,10 et 4,15%, en Europe
03:43le rendement allemand à 10 ans reste autour de 2,5%, sur le marché des échanges l'euro
03:48poursuit sa remontée par rapport au dollar avec un euro dollar autour de 1,0550.
03:52Retour sur les marchés actions et c'est donc sur le secteur automobile qu'on observe les
03:56réactions les plus violentes après la confirmation des tarifs par Donald Trump.
04:00Oui les valeurs de l'automobile sont dans la tourmente en France, c'est l'antice et
04:04l'interne rouge du CAC 40 essaie de plus de 10% suivi de près par Renault en baisse
04:09de l'ordre de 5%, or indice phare les équipementiers Forvia et Valeo plongent d'environ 10%, en
04:15Allemagne Porsche cède plus de 4% et BMW plus de 6%.
04:19Bon et puis l'Europe qui commence à mettre des chiffres un peu globaux sur ce que pourraient
04:24représenter les investissements et le soutien au secteur de la défense et au secteur militaire
04:29de l'armement, on parle d'un chiffre de 800 milliards qui peut être une enveloppe globale
04:35qui comprendrait à la fois des prêts européens et des marges de manœuvre pour chacun des
04:39pays de l'Union Européenne.
04:41Oui donc l'Europe a dévoilé un plan appelé Réarmer l'Europe annoncé par Ursula von der
04:45Leyen pour la défense de l'Europe et pour fournir une aide immédiate à l'Ukraine alors
04:50que les Etats-Unis viennent d'annoncer une pause dans leur aide au pays.
04:54Dans ce contexte les valeurs de la défense poursuivent leur hausse, l'Etat laisse était
04:57encore en hausse de 10% au début de séance avant de réduire quelque peu ses gains.
05:01Oui Thalès qui est doublement à l'honneur aujourd'hui puisque le groupe a publié également
05:05ses résultats.
05:06Oui l'entreprise fait état d'une année record de forte croissance avec un résultat
05:09net de 1,4 milliard d'euros en hausse de 40% par rapport à il y a un an.
05:14Le groupe fait état d'un chiffre d'affaires de 20 milliards d'euros.
05:17Dans un contexte géopolitique incertain le carnet de commandes est bien rempli à 50
05:22milliards d'euros fin décembre 2024 en hausse de 12% sur un an.
05:26Et puis on retiendra également dans ce contexte le réveil violent d'un titre comme Eutelsat
05:31qui baisse depuis des années mais qui connaît deux séances consécutives de très forts rebonds.
05:36Oui dans ce contexte d'augmentation des investissements dans la défense, Eutelsat le fabricant de
05:41satellites français bondissait de 70% hier et gagne plus de 80% aujourd'hui en tête
05:46du SRD.
05:47L'Europe comprend qu'elle ne peut plus dépendre de Starlink pour les communications satellites.
05:53Et privilégie donc l'idée d'une alternative européenne.
05:56Aux Etats-Unis, dans la série des publications, on notera que Target a délivré également
06:01ses chiffres trimestriels.
06:03Oui le groupe de grande distribution fait état de meilleurs résultats que prévu et
06:06dépasse les attentes des analystes sur le quatrième trimestre avec une progression
06:10de ses ventes de 1,5% à données comparables.
06:13Target émet une alerte sur les droits de douane annoncée par Donald Trump qui pourrait
06:17perturber ses ventes surtout sur les produits provenant de la Chine.
06:21Le titre ouvre un repli de 4,5% à Wall Street.
06:24Et puis un mot quand même du taux de chômage en zone euro qui figure parmi les bonnes
06:27nouvelles du jour on peut le dire Pauline ?
06:29Oui le taux de chômage du mois de janvier est ressorti inférieur aux attentes à 6,2%
06:33de la population active.
06:34Le taux du mois de décembre a été revu à la baisse également à 6,2%.
06:38Quel sera le programme de la journée de demain sur les marchés ?
06:41Les investisseurs prennent connaissance de plusieurs PMI services en zone euro et de
06:44l'ISM service américain pour février.
06:46L'emploi ADP de février est également au programme.
06:49Tendance mon ami.
06:50Chaque soir en ouverture de Smartbourse, Pauline Grattel vous apporte les infos clés du jour
06:54sur les marchés.
07:06Trois invités avec nous chaque soir autour de cette table pour décrypter les mouvements
07:09de la planète marché.
07:10Pierre Bismuth est avec nous, directeur général et responsable des gestions de Myriam Asset
07:13Management.
07:14Bonsoir Pierre.
07:15Bonsoir Grégoire.
07:16Gustave Orenstein nous accompagne, responsable de la recherche macro et de l'allocation
07:18d'actifs de Dorval Asset Management.
07:20Bonsoir Gustavo.
07:21Bonsoir.
07:22Et Florian Yelpaud est également dans notre compagnie, responsable macro chez Lombard
07:25Audier IM.
07:26Bonsoir Florian.
07:27Bonsoir Grégoire.
07:28Florian, vraie question, est-ce que le marché est risconne ou riscoff ?
07:31C'est vrai que ce début d'année a été marqué quand même par l'idée que certes,
07:35la performance des actifs américains était un peu en demi-teinte voire plutôt en baisse
07:40mais que derrière ça, on avait un mouvement de balancier qui redonnait du vent dans les
07:46voiles à d'autres actifs, les actions européennes, les actions chinoises et donc le consensus
07:51était plutôt dans l'idée que c'était un bon moment de prise de risque, de diversification,
07:57on sortait de la forte concentration du marché américain pour déployer des investissements
08:02au-delà des seules 7 magnifiques.
08:05On est toujours dans cette situation au moment où on se parle ou est-ce qu'on est dans
08:07un ambiance un peu plus riscoff désormais ?
08:11On est au milieu du guet entre les deux, c'est-à-dire qu'on est face aujourd'hui à une rotation
08:17qui a commencé en début d'année, qu'on trouve plutôt bienvenue, qui est assez naturelle
08:21parce qu'on rentre dans une phase de reprise des canards boiteux, de ceux qui étaient
08:28un peu à la traîne dans ce cycle, c'est-à-dire l'Europe, la Chine, l'Asie plus globalement
08:34et ça, ça a plutôt été porteur, on a eu la meilleure saison européenne de résultats
08:39depuis huit trimestres selon les chiffres qu'on peut regarder, tout ça a été assez
08:44porteur de cette rotation et il y a eu une rotation plutôt bullish.
08:46Nous on a une métrique qui nous sert à mesurer l'appétit au risque dans les marchés, cette
08:54métrique elle regarde la liquidité, elle regarde les spreads de crédit, elle regarde
08:57les volatilités implicites dans les marchés d'action et elle regarde la volatilité sur
09:00les marchés d'échange.
09:01On a eu une période de 3-4 mois au cours de laquelle on a eu un peu une espèce de
09:08barbel, c'est-à-dire une opposition entre d'un côté la vol d'échange qui était
09:12assez bériche, l'élection de Donald Trump n'a fait que renforcer le fait que se couvrir
09:17sur le marché d'échange est en fait de plus en plus coûteux et le reste, le crédit,
09:22les volatilités implicites plutôt faibles, plutôt contractées, donc plutôt des signaux
09:27bullish.
09:28On a commencé un petit peu à creuser les ménages, savoir est-ce que c'était possible
09:30que la vol forex ait raison pour la vol action et qu'elle puisse transmettre un choc en
09:35l'espace de plusieurs mois.
09:36C'est un petit peu ce qui semble se produire.
09:39Aujourd'hui, je pense qu'il est vraiment trop tôt pour commencer à se dire qu'on
09:42rentre dans une phase bériche.
09:44Ce qu'on est en train de réfléchir, c'est simplement une anticipation de earnings qui
09:47était très élevée, notamment aux Etats-Unis, au moment où on est rentré dans l'année
09:51et très faible en Europe où on a continué à penser que puisque l'Allemagne semblait
09:57faible, l'Europe elle-même était faible.
09:59Pour nous, on est toujours dans ce mouvement de balancier que vous évoquiez, simplement
10:04on est attentif au fait qu'aujourd'hui, on a un peu plus de volatilité qu'avant,
10:08que les taux restent élevés et pèsent sur la conjoncture et qu'on a deux risques qui
10:12sont en train de se matérialiser.
10:13Le premier, cette guerre tarifaire, le deuxième, la consolidation fiscale qui pour le moment
10:18est passive du côté européen, même si avec l'armement, on est en train d'étendre
10:22quelque chose.
10:23On va pouvoir peut-être nuancer un peu cette consolidation fiscale.
10:26Exactement, mais de l'autre côté de l'atlantique, elle est active, elle pourrait bien être active
10:30et ça, c'est quelque chose qui pourrait également peser sur les perspectives économiques
10:33des Etats-Unis et seulement des Etats-Unis.
10:35Trop tôt pour tirer des conclusions définitives et donc ce qui se passe là aujourd'hui en
10:39lien assez direct avec les annonces tarifaires de Donald Trump, c'est quoi ? C'est le signe
10:44que le marché était devenu peut-être un peu complaisant sur cette thématique des
10:48tarifs, avait fini par ne plus y croire en tout cas à 100% ?
10:51Oui et puis quelque part, on a l'Europe à 11%, le SBI en Suisse à 11%, on a les actions
10:57émergentes à 6%, il y a des raisons en tout cas à la fin de ce mois de février de
11:03prendre quelques profits, surtout vis-à-vis d'une situation dans laquelle l'incertitude
11:08a clairement progressé d'un cran, encore une fois, incertitude vis-à-vis de quel peut
11:12être l'impact de cette consolidation fiscale, quel peut être l'impact de cette guerre
11:17commerciale qui ne fait que s'engager.
11:18Après, je ferai une différence entre ce que les marchés obligataires pensent, je
11:23pense que Pierre en parlera plus tard, et ce que les actions peuvent penser, c'est-à-dire
11:26que le marché obligataire, il a de suite priceé une petite prime en termes d'inflation,
11:30on l'a vu dans les break-even d'inflation, dès que les annonces de tarifs ont été
11:35confirmées, par contre, côté actions, dans l'ensemble, on va attendre de voir parce
11:40qu'on pense qu'il va y avoir du deal-making sous-jacent, peut-être aussi qu'on a un
11:43mouvement de réalignement du monde des actions sur le monde des obligations tout simplement.
11:46Pierre, comment vous analysez cette phase de marché avec cette vraie question, est-ce
11:52qu'on est encore en risk-on ou est-ce qu'on bascule vers quelque chose de beaucoup plus
11:57défensif et d'un point de vue global, j'entends ?
12:00Alors nous, on voit ça un peu de la manière inverse chez Myriam, on voit que les marchés
12:06en fait votent contre le n'importe quoi, et c'est vrai qu'on a quand même eu une
12:10phase en février qui a commencé avec la conférence de Munich et un fameux discours
12:15de J.
12:16Evans, complètement lunaire, en nous expliquant quels étaient les plus grands risques pour
12:21l'Europe, et ça a continué avec du n'importe quoi, et on se projette en mars avec encore
12:29une fois du n'importe quoi politique, et quand je dis n'importe quoi politique, c'est-à-dire
12:32qu'on ne voit aucune stratégie, c'est qu'autant Trump 1.0, donc 2017-2021, on avait une stratégie,
12:41une vraie stratégie de mettre une croissance sous stéroïde avec des baisses d'impôts,
12:47avec énormément de liquidités, et vraiment un enrichissement.
12:51Là, entre le programme de Trump candidat et la mise en œuvre, la mise en œuvre est
12:57complètement délirante, et je pense que les marchés, notamment américains, se sont
13:03réveillés, et si je pense que ce n'est même pas les tarifs, je pense que la séquence
13:07complètement délétère, c'était vraiment vendredi dernier avec Zelensky, où en fait,
13:12on a une sorte de réunion impensable entre les Etats-Unis et la Russie, et cette réunion
13:21est à mon avis de complètement contre-nature, et je pense que les marchés américains ne
13:27peuvent pas adhérer à un truc comme ça.
13:29Donc là, le marché américain dit à Donald Trump « Monsieur le Président, vous êtes
13:33en train de faire fausse route ».
13:34Moi, je pense que le marché est très très énervé sur tout un tas d'annonces sans
13:39aucune stratégie, avec un retour en arrière, puis on gagne un mois, puis on reçoit un
13:45remède, etc.
13:46Et puis on dit « On va mettre 25% sur les droits de l'homme sur l'Europe », ultérieurement
13:49on ne sait pas très bien quoi, sur quels biens, il n'y a aucune stratégie.
13:53L'effet de surprise et l'incertitude, j'allais dire, ça fait partie de la stratégie
13:57de Trump.
13:58Oui, sauf qu'en fait, on ne voit pas quel est l'objectif à la fin de la journée.
14:02L'objectif, personne n'est capable de le dire.
14:04Si, faire des deals sur le fontanil et sur les frontières.
14:07Oui, mais c'est 1% qui transite le fontanil entre le Canada et les Etats-Unis, donc tout
14:13ça et…
14:14Comment il s'appelle ? C'est Howard Litnick, je crois, ou Scott Besant, l'un des deux,
14:17Howard Litnick étant secrétaire au commerce et Scott Besant secrétaire du Trésor.
14:21Là, ce n'est pas une guerre commerciale à laquelle vous assistez, c'est une guerre
14:24contre la drogue.
14:25Non mais, je dis ça parce que c'est important de comprendre aussi le récit pour le public
14:31américain et le citoyen américain.
14:33Il faut aussi accepter qu'il y ait des dimensions politiques domestiques qui puissent être
14:39légitimes pour un pouvoir élu.
14:42On est complètement d'accord que les discours à l'extérieur s'adressent uniquement
14:45au peuple américain.
14:46C'est pour ça que J.
14:48Evans pouvait dire n'importe quoi, ce n'était pas à nous que ça s'adressait, mais quand
14:52même, en fait, on peut avoir une certaine logique et une certaine stratégie et quand
14:57on voit qu'on a Elon Musk qui a l'efficacité, qui en fait s'occupe de commerce extérieur,
15:05tout le monde, personne ne joue son rôle et donc les marchés, je pense, sont un très
15:15bon contre-pouvoir et c'est, je pense, très salutaire que le marché se retourne comme
15:21ça et alors qu'on avait vraiment une rampe de lancement, tout se retourne.
15:27On a l'étau qui baisse, qui est absolument contre-intuitif, on a le bitcoin qui s'effondre
15:31et qui est en passe de perdre absolument tous les gains qui avaient été générés par
15:36l'élection de Donald Trump.
15:37On a les actions de…
15:38Le SNP a déjà renversé tous les gains depuis l'élection de Trump.
15:42Elon Musk, Tesla qui était monté à moins 30 et en fait, pour quel résultat ? Un résultat
15:50complètement nul d'un point de vue géopolitique, alors ça permet, c'est vrai que c'est des
15:56réveils pour l'Europe mais en fait, là, on ne parle pas du tout de finance.
15:59Là, le problème, c'est que c'est des réveils politiques qui ont des implications
16:03à court terme sur les marchés et là où en fait, c'est vraiment compliqué, c'est
16:07que ce n'importe quoi fait perdre une boussole au marché où on était sur une croissance
16:12visible avec finalement des devises qui étaient relativement stables, on pensait avoir des
16:17deals et là, on n'a pas de deals, on a n'importe quoi.
16:19Donc, on a l'incertitude Trump sans le bénéfice de la politique de Trump.
16:25La séquence Zelensky, le but, c'était de pouvoir exploiter des minerais.
16:29On a un président qui est en guerre, qui quitte les États-Unis, qui ne signe pas.
16:36Alors, ça veut dire quoi ? C'est quoi l'alternative pour Trump ? Il va signer avec Poutine ?
16:39C'est quoi le truc ?
16:41Il y a encore une chance que le deal se fasse quand même, on connaît l'animal.
16:46C'est la stratégie de bord du gouffre.
16:48Là, ça perturbe les marchés, le marché est plus insensible à ça.
16:52Oui, c'est contre-nature.
16:53Donc, en fait, on se dit tous quel est l'intérêt de suivre du délire, on attend que ça passe
16:59et franchement, replions les gaules.
17:01Ce qui est assez, je ne sais pas si c'est pervers, je n'en sais rien, mais en tout
17:06cas, dans les KPIs fixés par Trump sur les marchés, il parle beaucoup plus d'Eto'o
17:10Long que d'Hugo Jones par exemple et donc, il a affiché la baisse d'Eto'o Long comme
17:15étant un de ses objectifs et c'est vrai que, pour l'instant, l'Eto'o Long baisse.
17:19Pour quelle raison ? C'est un autre sujet, mais pour lui, politiquement, il est encore
17:24à un stade où il peut afficher que l'Eto'o Long baisse et que, depuis qu'il est là,
17:27l'Eto'o Long baisse.
17:28Alors, sa chance, les break-even d'inflation ne s'envalent pas, mais la défiance va arriver.
17:33Ça, c'est sûr et certain parce que si on continue sur les tendances des tarifs, les
17:38break-even vont arriver.
17:39Donc, sur la question, risk on ou risk off ?
17:41Eh bien, nous, on est plutôt risk on Europe.
17:45D'accord.
17:46Risk on Europe.
17:47Gustavo, est-ce que le marché est risk on ou risk off ?
17:49Aujourd'hui, il n'y a pas de doute, c'est risk off, il n'y a pas de problème.
17:52Bon, après, est-ce que c'est durable ? On verra.
17:54Simplement, sur la partie macro-marché, il y a les droits de douane, on en a parlé,
17:58mais il n'y a pas que ça.
17:59Ce qu'il y avait quand même, le point de départ, c'était le quatrième trimestre
18:02de l'année dernière avec l'Amérique qui prend tout et Donald Trump arrive là-dessus
18:07et c'est vraiment la cerise sur le gâteau de cet optimisme énorme et des attentes aussi
18:11très fortes sur l'économie américaine, au-delà des marchés, sur l'économie elle-même,
18:15avec des chiffres de croissance très fortes, de productivité, etc.
18:18Et évidemment, tout était prêt pour décevoir et c'est un peu ce qui se passe.
18:23Quelque part, il y a une déception sur la croissance américaine, non pas à ce stade
18:27qu'il y a une récession qui guette, mais simplement l'optimisme était tellement élevé
18:32qu'il a suffi qu'effectivement la consommation des ménages ne soit pas aussi extraordinaire
18:35que ça.
18:37Pour des raisons techniques, les importations ont explosé en début d'année, juste avant
18:42les droits de douane.
18:43Pour des raisons techniques, non, parce que la menace tarifaire et que je pense que le
18:49citoyen américain, depuis Trump 1.0, il a bien compris aussi ce que ça pouvait impliquer
18:53pour lui.
18:54Donc il n'est pas bête, il réagit.
18:56Ce que je veux dire, c'est que si vous importez énormément maintenant, ça ne sera pas plus tard.
18:59Ce ne sont pas des effets.
19:01Dans le calcul du PIB, oui, effectivement.
19:02Ça peut jouer sur le PIB du premier trimestre, ça ne jouera pas sur celui du deuxième.
19:06Ce sont des effets un peu techniques.
19:09Mais en tout cas, les espoirs étaient tellement élevés que c'est un peu la douche froide
19:15en début d'année.
19:16Ce qui explique aussi une partie des inquiétudes et notamment de la baisse des taux longs.
19:22En Europe, c'était pile l'inverse évidemment.
19:25Aucune attente, l'endroit où il ne fallait pas être, l'extrême fragilité, tout ce
19:29qu'on veut.
19:30Finalement, c'est assez classique dans le fond.
19:34Jusque-là, le marché a simplement grimpé les murs d'inquiétude sur l'Europe, l'a
19:41même grimpé très très vite.
19:42Et très honnêtement, je comprends la prise de bénéfices en ce moment, on y participe
19:47aussi un peu.
19:48Il est clair qu'on est tous plutôt surpris, agréablement surpris de la performance de
19:51l'Europe.
19:52A plus de 12 en deux mois.
19:53Pour les courageux qui disaient « nous on croit à l'Europe », tout d'un coup, on
19:57ne se sent plus malin.
19:58Donc effectivement, quelques prises de bénéfices, on peut le comprendre.
20:01Après, je pense que fondamentalement sur l'économie américaine, elle reste relativement
20:07solide malgré tout.
20:08Cette question des droits de douane, on pourrait en parler des heures et des heures.
20:11C'est extrêmement complexe, étant donné que, comme d'ailleurs dans la première
20:16présidence Trump, est-ce que c'est la réciprocité, est-ce qu'on utilise les droits de douane
20:23pour au contraire augmenter le business, faire plus de business ? Est-ce que c'est
20:26pour forcer ? Par exemple, si l'idée c'est de forcer les Chinois à baisser le dumping,
20:32c'est plus de business.
20:33Donc c'est positif.
20:34Ou au contraire, c'est une histoire de restriction.
20:37Il veut restreindre les importations, clairement, et dans ce cas-là, c'est moins de business.
20:41Et ça, ce n'est pas clair.
20:42Et les droits de douane, dans l'histoire des droits de douane, ça a toujours servi
20:45à plusieurs choses, au moins à trois choses.
20:48Les recettes.
20:49Il y a un temps, c'était 80% des recettes américaines, maintenant c'est vraiment tout
20:53petit.
20:54Au tournant des années 20, c'est ça ? Quand les tarifs étaient les plus élevés ?
20:58Non, non, même avant.
20:59Même avant, d'accord.
21:00Non, non, non.
21:01Déjà dans les années 20, c'était déjà… Bon, après, il y a eu le passage difficile
21:07à la moment de la Grande Dépression.
21:08Mais donc, les recettes, et il en parle.
21:12Contrairement à Trump 1.0, là, il en fait une source de revenus pour l'État fédéral américain.
21:18Non, il avait même dit, voilà, on va supprimer l'IRS et le remplacer par l'ERS, l'External
21:22Revenue Services.
21:23Bon.
21:24Donc ça, c'est une possibilité.
21:26Après, il y a la restriction, et parfois, il évoque cette idée de restriction, c'est-à-dire
21:31le monde entier a profité des États-Unis, mais c'est fini, donc on va restreindre.
21:35Ou c'est la réciprocité, l'histoire du fentanyl, c'est plutôt de la réciprocité.
21:38Je l'aimais, mais je ne l'aimais pas, si vous faites cela.
21:43Le problème, c'est que ces trois choses sont un peu incompatibles, ce n'est pas pareil,
21:46ce n'est pas la même politique, et on ne sait pas très bien, effectivement, où il
21:50en est aujourd'hui.
21:51Et ce n'est pas extrêmement clair.
21:53Et puis, on peut avoir un mix de ces logiques en fonction, j'imagine, du pays ciblé.
21:58Oui, alors on peut cibler, effectivement, par exemple, j'ai entendu une idée qui était
22:01apparue, c'est peut-être que Donald Trump va demander au Mexique et au Canada de participer
22:06avec les États-Unis à augmenter les droits de l'homme sur la Chine, de faire des blocs
22:10contre la Chine, et pourquoi pas demain l'Union Européenne.
22:12Ça, c'est une idée possible, est-ce que ça marchera ? Je n'en sais rien, mais bon,
22:16ça peut être ce type d'idée.
22:17Mais comme on ne sait pas aujourd'hui, c'est vrai qu'on est en train de commenter le...
22:21ce qui se passe dans la tête de Trump, ou même ce qui se passe dans ses équipes, ils
22:25ne sont pas tous d'accord entre eux, donc c'est assez difficile.
22:29Mais je crois que ce qui se passe aujourd'hui, ce n'est pas que ça, il y a une histoire
22:32qui se passe...
22:33Aussi un retour de ce qui s'est passé ces derniers mois.
22:34Exactement, il y a ce mouvement un peu inverse, prise de bénéfice en ce moment, on verra
22:41ce que ça va donner dans les prochains mois.
22:43Bon, alors moi j'aime bien suivre maintenant la présidente mexicaine, la Claudia Chang-Bomna,
22:47mais si, elle a eu une longue conversation déjà avec Trump il y a quelques semaines
22:50sur le premier report de tarifs, là elle va attendre jusqu'à dimanche avant d'annoncer
22:54des mesures de rétorsion, et dans l'intervalle, bon, tout est possible, c'est toujours pareil
22:58avec Donald Trump.
23:00Bon, cette histoire de tarifs, 25%, là on a quand même quelques chiffres, on fait tourner
23:05quelques modèles, enfin je veux dire, il y a la question de savoir combien de temps
23:09ces tarifs seront en place, c'est une vraie question et c'est un paramètre important,
23:13mais là, à date, 25% sur le Canada et le Mexique, qu'est-ce que ça donne dans la macro
23:19de ces pays-là et dans la macro américaine, je ne sais pas, à l'horizon de quelques
23:23semaines, quelques mois, j'ai rien.
23:25Il y a deux questions, il y a la question de l'inflation et la question de la croissance
23:29en fait.
23:30La première question c'est celle de l'inflation, c'était un peu, je pense, ce vers quoi on
23:34s'est naturellement tourné en disant, ben voilà, ces tarifs-là vont créer de l'inflation
23:38importée, on va la retrouver finalement dans les indices des prix globaux, toujours et
23:43partout les tarifs sont inflationnistes.
23:45Alors, l'histoire ne supporte pas très bien cette idée-là.
23:49On peut s'intéresser justement à l'histoire longue et revenir en 1900 et aller chercher
23:53année après année la progression des tarifs, notamment dans la période qui s'étend, la
23:57période Hoover, qui avait eu l'idée justement de monter les tarifs pour protéger l'économie
24:03américaine en pleine grande dépression, disons que ça n'a pas très bien marché
24:08et que ça a été plutôt la source d'une déflation.
24:11Alors, ça mène de la déflation à partir du moment où les tarifs sont suffisamment
24:15élevés pour dégrader le commerce mondial et que les pays les plus exposés au commerce
24:19mondial souffrent de ce ralentissement et cette déflation est proportionnelle à la
24:24réciprocité des tarifs, c'est-à-dire que lorsque les Etats-Unis le font initialement,
24:29ça a un effet limité, mais lorsque la France et la Grande-Bretagne se mettent à faire
24:32la même chose en même temps, et dans les mêmes proportions, c'est ça qu'il faut avoir
24:37en tête, c'est-à-dire plus de 20% de tarifs effectifs, ce qu'on n'a pas du tout vu pendant
24:41la première présidence Trump, alors l'effet inflationniste, on peut vraiment le mettre
24:45de côté, on est juste en train de tuer des earnings, de tuer de la croissance et
24:49ça s'arrête là.
24:50On n'en est pas là et il y a pour l'instant peu de chances qu'on arrive là.
24:54Maintenant, côté croissance, si on a appris quelque chose de 2018, c'est qu'il y a une
24:59différence entre les tarifs implémentés et les tarifs annoncés et que ces tarifs-là
25:03sont plutôt justement des sources de ralentissement, c'est ce qu'on a découvert, mais dans la
25:07deuxième partie de 2018, c'est-à-dire que les tarifs initiaux, donc les droits de douane
25:11initiaux, le surcroît de droits de douane, il est annoncé et implémenté dans la première
25:14partie de 2018 et on en voit les effets macroéconomiques dans les séries, ce qu'on appelle le hard
25:19data, les séries réelles, le PIB notamment, dans la deuxième partie de l'année et c'est
25:23ça qui commence à effrayer les marchés.
25:25Là, on a une réaction un petit peu échaudée, probablement liée à l'expérience, mais
25:31je suis assez acheteur de l'idée que dans l'ensemble, la croissance américaine du
25:35premier et deuxième trimestre, elle peut décevoir, mais on sera loin du GDP now de
25:40la fête d'Atlanta qui le voit à moins de 2,8%, on devrait être loin de ces éléments-là.
25:46Et juste pour conclure, quand on regarde la progression des droits de douane collectés
25:51par les Etats-Unis, en pourcentage des imports évidemment, avant 2018 et après 2018, on
25:57voit quasiment rien.
25:58C'est-à-dire que oui, on a une hausse de droits de douane annoncée de 10%, mais en
26:03fait, quand on regarde effectivement sur certains produits, il y a même des hausses
26:05de plus de 1000% sur certains produits en particulier, mais en fait, ce qu'il faut
26:09prendre en compte, c'est le fait que les agents économiques eux-mêmes font des calculs,
26:13c'est-à-dire que quand les prix progressent d'un côté, on va détourner.
26:15La Chine s'est mise à exporter en Mexique et au Canada, ce qui a permis de dériver
26:20un petit peu le trafic.
26:21Et dans l'ensemble, les effets ont été majeurs uniquement sur la nourriture.
26:25Donc le prix de la nourriture s'est mis à progresser aux Etats-Unis et par contre, ça
26:29a été compensé par une baisse des droits de douane collectés sur l'énergie.
26:33Et cet effet balancier a permis d'avoir un effet relativement neutre et du coup, c'est
26:38ce qui explique.
26:40En 2010, je n'ai pas généré d'inflation, ce coup-ci, il n'y en aura pas non plus.
26:42Alors, je pense que la vérité, elle est un peu entre les deux.
26:45C'est comment est-ce que ces droits de douane annoncés deviennent des droits de douane
26:48effectifs et si on a réellement 10% de progression des droits de douane, ce qu'on appelle les
26:52blanket tariffs, c'est-à-dire le fait de mettre des droits de douane globalement sans
26:55discrimination.
26:56Alors, on va avoir un effet temporaire d'inflation, mais surtout, on risque de ralentir globalement
27:01l'activité.
27:02Destruction de l'activité derrière.
27:03Exactement.
27:05Donc, c'est pour ça que pour nous, c'est l'un des deux risques majeurs sur le plan
27:11macro, pas marché, mais sur le plan macro pour 2025 et notamment pour la deuxième partie
27:16de 2025.
27:17Pour l'instant, l'Europe continue d'aimer ça.
27:19Ce qui est frappant dans la séquence, effectivement, c'est que dans l'optimisme qu'on avait en
27:24fin d'année sur l'économie américaine et l'arrivée de Trump, je crois que tout le
27:29monde voyait dans le programme que le côté tarifaire pouvait être un moment perdant-perdant,
27:33mais à côté de ça, on voyait le côté tout de suite pro-business, dérèglementation,
27:38baisse des impôts, maintien des tax cuts Trump, des baisses d'impôts Trump et potentiellement
27:44une nouvelle vague de baisses d'impôts derrière.
27:46Pour l'instant, on n'a pas le côté vraiment pro-business.
27:48C'est-à-dire que dans le séquençage, dans le phasage des mesures de Trump, il va là
27:54où ça fait mal tout de suite.
27:56Pierre, je vous redonne la parole, vous disiez que c'est le grand n'importe quoi.
28:02Est-ce qu'il y a quand même l'idée que, profitant d'une économie qui fonctionne
28:07bien, il vaut mieux faire passer ces genres de mesures-là, dont on sait qu'elles infligent
28:12un peu de douleur dès le départ, en gardant les sweeteners et les pilules adoucissantes
28:16ou les bonbons pour la suite ?
28:18Moi, franchement, je suis arc-bouté sur les objectifs et les objectifs sont invisibles
28:24et incompréhensibles.
28:25En fait, on se dit tous que tout va très vite avec Donald Trump.
28:29Moi-même, je ne suis pas du tout antitrumpiste 1.0 ou 2.0 au départ.
28:34Vous êtes un antitrump réfléchi.
28:36Non, non, mais vous prenez, c'est la donne.
28:38Moi, je ne suis pas américain.
28:40Oui, c'est la donne.
28:41Non, non, mais je rigole.
28:42Bon, voilà.
28:43Je ne suis ni pour ni contre, je suis au milieu.
28:46Mais quand même, si on se dit que tout va très vite, en fait, il va vraiment d'échec
28:51en échec.
28:52En fait, il devait régler Gaza en 24 heures, maintenant c'est 100 jours, mais en fait,
28:56c'est vraiment, globalement, c'est n'importe quoi.
29:00Sur l'Ukraine, franchement, cette alliance, mais alors Russie-États-Unis, il y a vraiment
29:07de quoi s'étouffer, en vrai, quand on pense aux États-Unis et la Russie avec des dizaines
29:14de dizaines…
29:15Est-ce que ça lui coûte politiquement ?
29:16Ah, je pense que ça va finir par lui coûter.
29:17Ah oui ?
29:18Les marchés se retournent vraiment.
29:19Ah, si les marchés se retournent.
29:21Mais les marchés, franchement, n'étaient pas du tout sur cette dynamique.
29:24Et quand on voit, et moi je trouve qu'en 43 jours, il y a quand même beaucoup d'échecs
29:30et beaucoup de n'importe quoi, aucune stratégie, et ces échecs, ce jeu avec les tarifs, il
29:37faut bien que ça aille à un sens.
29:39Et autant, en plus c'est une redite, c'est une répétition, c'est comme un mauvais
29:43film qu'on se revoit.
29:45C'est la guerre contre la drogue, c'est ça le sens.
29:47Oui, mais sauf que s'il n'y a pas de… il faut des résultats, et en fait on sait
29:51tous que la guerre contre la drogue, pardon, du fontanil qui transite par le Canada, on
29:57sait tous que ça va être un échec.
29:58Donc, quel va être le résultat ? Ça va être un gros échec, et je pense que c'est
30:03ça que les marchés anticipent.
30:04Les marchés anticipent simplement, moi j'analyse la situation, Wall Street n'est pas du tout
30:10content, et les taux baissent parce que la croissance est en règle.
30:16Parce qu'en fait, ce qui s'est passé avant, on s'en fiche un peu, c'est de l'histoire
30:20ancienne.
30:21On est tous sur les marchés.
30:22L'anticipation, elle est très compliquée à faire, encore une fois, l'objectif n'est
30:27vraiment pas clair, voire invisible, et on empile des risques pour un objectif qui est
30:34incompréhensible.
30:35Donc moi je pense vraiment que là où il y a de la visibilité, et franchement je ne
30:38l'ai pas souvent dit sur le plateau, là où il y a quand même une grosse visibilité,
30:41c'est l'Europe.
30:42C'est quand même incroyable.
30:43Allons-y, détaillons un peu le RISCON européen, puisque c'est le cas d'investissement
30:47qui vous intéresse.
30:48On l'a dit, attente extrêmement faible, mais extrêmement faible.
30:51Tellement faible que nous on est passé sur Pont des Rois d'Europe en décembre, parce
30:56que moi je me suis dit que c'est vraiment comme fin 2022.
30:58Fin 2022, on était tous nord-asténiques, et ça s'est complètement envolé, et là
31:05on est vraiment dans un environnement où, en plus cette politique fait que les liens
31:09européens se resserrent, et en fait ils se distendent, on avait dit oui l'Italie veut
31:14y aller.
31:15A l'arrivée pour vous c'est plus d'unité en Europe ?
31:17C'est pas plus de fragmentation, c'est plus d'unité, j'attends de voir quel embranchement
31:22on prend.
31:23C'est quand même assez rigolo, parce qu'en Europe on a toujours l'impression que ça
31:26va se distendre, mais il y a toujours quelqu'un qui fait se retendre les liens, et en plus
31:31là c'est quand même un truc à la Molière, c'est que personne n'a rien demandé, on
31:34n'a pas demandé à J.Givens d'essayer de fragmenter l'Europe, on n'a pas demandé
31:39à Trump d'être pro-riche, et en fait tout ça fait que les liens se resserrent politiquement,
31:44ou sur Ursula von der Leyen avec son plan à 800 milliards, qui arrive en une semaine,
31:49personne n'attendait, même si c'est des effets d'annonce, ça veut dire que quand
31:53elle peut, elle peut l'annoncer, même si il ne se passe rien derrière, c'est pas grave,
31:58en effet d'affichage on est quand même sur une stratégie complètement différente qui
32:01offre de la visibilité, alors que de l'autre côté on a vraiment un truc incompréhensible.
32:07Bon, sur le cas d'investissement européen, alors vous disiez il y a quand même peut-être
32:11quelques profits à prendre, Gustavo, mais au-delà de ça, comment vous analysez la
32:15séquence ? Alors c'est vrai qu'on met tout de suite un peu d'emphase, même si on est
32:20habitué à une Europe qui peut décevoir, mais moment historique, moment existentiel
32:24on a tout ça en tête, et c'est vrai qu'en tout cas à travers le secteur de la défense,
32:30les annonces, le sommet de Londres, etc., même si c'est du théâtre à ce stade et
32:35de l'affichage, le marché est prêt à faire crédit quand même sur l'idée que l'Europe
32:42est en train de prendre des décisions peut-être structurelles.
32:46Oui, dans la complexité c'est la relation de ça avec l'économie, qui n'est pas que
32:51la défense en même, et puis de là à la bourse.
32:53Les questions géopolitiques sont extrêmement complexes, je ne suis pas un spécialiste,
32:58mais l'impact de ça sur l'économie et sur les marchés c'est variable et pas toujours
33:04aussi évident qu'il n'y paraît, donc c'est très difficile de savoir exactement ce que
33:09ça peut faire, est-ce que c'est très positif pour la bourse elle-même, ce qui compte pour
33:14la bourse c'est quand même à la fin l'insulte à des entreprises, leurs activités, ce sont
33:17des entreprises internationales en Europe pour la plupart, et celles qui dépendent
33:22de la défense c'est un tout petit morceau, ce qui explique d'ailleurs l'énorme pression
33:25qu'il y a, il y a très peu d'acteurs cotés, d'où l'envolée des cours, l'aspect
33:31de pression très forte sur ces très peu de valeurs, on verra ce que ça va donner
33:38dans la réalité, tout ça ce sont des programmes très très longs, de toute façon on voit
33:41bien, si on reprend la question purement géopolitique, l'horaire moment de l'Europe c'est un programme
33:45sur la décennie qui vient, là l'urgence c'est juste de soutenir l'Ukraine pour les
33:51trois prochains mois, donc on verra ce qu'il en est de la défense européenne, mais sur
33:57l'impact sur vraiment les marchés, je crois qu'effectivement une émission solidaire
34:04européenne ça pourrait être pas mal, ça c'est quelque chose qui est positif, sur
34:09la croissance je ne pense pas que ça va faire une énorme, une grosse différence, par contre
34:13effectivement...
34:14Investir dans le secteur de la défense ce n'est pas forcément très productif derrière
34:18pour la croissance, pour élever le niveau de croissance potentiel d'une zone comme l'Europe,
34:23c'est trop petit...
34:24C'est trop petit, il y a peut-être des choses qui vont arriver, ça arrive, mais c'est des
34:28choses ultra difficiles, on peut imaginer tout un tas de choses et les investisseurs
34:32c'est leur métier d'imaginer, d'extrapoler, enfin très concrètement non, ce n'est pas
34:38évident que de multiplier par deux la production de canons César, il y a beaucoup d'innovation
34:42je ne sais pas, peut-être dans les drones, mais on est quand même des grosses économies
34:46donc je ne suis pas sûr que ça change énormément, bon par contre des chiffres importants, la
34:50politique c'est important, il n'y a pas que les marchés, mais pour ce qui est des marchés
34:53financiers, ce n'est pas évident le rôle que ça va avoir, c'est vrai que sur la question
34:59qui avait été abordée, je suis d'accord sur cette idée de la consolidation budgétaire,
35:04c'est vrai qu'elle recule un peu et donc on se sent un peu plus à l'aise, au moins
35:08on va arrêter de se taper sur le doigt, ce qui fait quand même du bien, du coup la BCE
35:14n'est pas le seul soutien, c'est un meilleur équilibre, bon ça explique en partie pourquoi
35:19effectivement les taux européens résistent, que l'euro remonte, ce qui peut être un peu
35:25assez contratutif si on imagine que l'histoire principale c'est les droits de douane, donc
35:29il semble qu'il y ait effectivement plein de choses simultanément et qu'on ne soit
35:33pas dans un monde de toutes choses égales par ailleurs et que tout avance simultanément,
35:37après pour la poursuite vraiment de la hausse en Europe, il faut voir les preuves concrètes
35:43que l'économie européenne est en train de redémarrer, que les pays manufacturiers
35:47effectivement ont fait leur point bas et continuent de progresser, que les services
35:50tiennent et surtout que le marché du travail en Europe, notamment en Allemagne et en France
35:55qui sont un peu fragilisés, tiennent le coup.
35:58Et cette histoire elle est en péril aujourd'hui ?
36:00Il faut surveiller parce que pour l'instant il n'y a que la baisse des taux qui monte
36:05un petit peu et l'environnement est quand même assez adverse, donc je pense que c'est
36:09assez juste quand même, c'est pour ça d'ailleurs que cette semaine ça va être intéressant
36:13la réunion de la Banque Centrale Européenne et quand même ils vont toujours rester à
36:17mon avis le soutien qu'ils ont été jusque là, même si on peut débattre, on se rapproche
36:22du R-Star.
36:23Oh les spécialistes en débattront !
36:25On va voir où est le R-Star, je ne suis pas sûr que ce soit un débat ultra intéressant
36:30mais dans le fond, je ne sais même pas s'il en existe vraiment un R-Star mais bon ça
36:35fait partie de se faire une vague idée d'où on en est, mais pour l'instant la BCE va
36:40continuer effectivement de soutenir, c'est la seule source tangible de bonnes nouvelles,
36:48la question politique est importante mais son rôle sur les marchés ne me semble plus
36:53marginal.
36:54L'effet de signal c'est quand même toujours quelque chose et puis il y a aussi l'Allemagne
36:58de Friedrich Merz, on verra bien effectivement comment les choses tournent avec les négociations
37:03de coalition mais il y a quand même un appétit ou une volonté affichée de ne pas être
37:09en reste non plus sur le soutien à la défense, les dépenses d'infrastructures, etc.
37:13La réforme du debt break, il semblerait, ce que l'on entend c'est qu'il y a une meilleure
37:18entente entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz.
37:22On verra, à l'épreuve du pouvoir, comment tout ça évolue.
37:27Sur les banques centrales, oui finalement, moins de divergences que prévues entre la
37:30BCE et la Fed cette année, le marché reprise trois baisses de taux de la Fed désormais
37:34cette année ?
37:36Ce qui est intéressant dans cet environnement, c'est que le marché se met à anticiper
37:40une détérioration de la croissance aux Etats-Unis et c'est ce qui retire une partie de la pression
37:45sur le dollar.
37:46Maintenant, mettons-nous dans les chaussures de la BCE, une bonne façon de limiter l'inflation
37:51c'est de laisser sa monnaie progresser.
37:54Quelque part, ce que Scott Besant et l'administration Trump, globalement, sont en train de faire
37:58c'est peut-être de filer un petit coup de main, un petit coup de coude à la BCE pour
38:03lui permettre de continuer à opérer ces baisses de taux sans pour autant voir l'euro
38:07reculer et se mettre à importer de l'inflation.
38:09C'est une thématique que j'aime bien et puis je me dis en même temps, puisque la
38:14BCE semble avoir été instrumentale dans le fait que nous, on capte cette amélioration
38:18cyclique en Europe dans nos propres indicateurs.
38:20Ça se confirme ?
38:21Ça a l'air de se confirmer.
38:22Il n'y a pas de rupture par rapport à ce narratif-là ?
38:25Pour l'instant, on est dans ce narratif-là, on aime bien ce narratif-là, on voit l'opposé
38:28aux Etats-Unis d'ailleurs, aux U.S. on a vraiment un mouvement opposé mais en tout cas en Europe
38:32on voit cette amélioration.
38:33Donc tout ce qui permettra à la BCE de continuer cette séquence de baisse de taux avec l'espoir
38:38évidemment qu'elle entraîne les taux longs avec, ce qui pour le moment n'a pas été
38:42très clair en tout cas, va participer en fait à cette poursuite de la relance globale.
38:47On en a déjà parlé la fois d'avant mais c'est tout bête, c'est dans 2023 et 2024,
38:53on a à peu près 70% des économies mondiales qui ont ralenti.
38:56Les U.S. étaient exceptionnels, on n'était pas dans un cycle exceptionnel, c'est juste
39:00qu'on a une majorité de pays qui étaient en décélération et cette majorité de pays
39:03elle est aujourd'hui en réaccélération, on a une reprise, on n'a pas eu de récession,
39:06on a une reprise.
39:07La question c'est est-ce qu'on peut casser cette reprise-là ? Et c'est cette reprise
39:11je pense qui alimente beaucoup l'appréciation qu'on peut avoir justement de ces actions
39:16qui ont été délaissées et pas le stock 50 mais le stock 600 en fait, c'est-à-dire
39:20un grand nombre d'actions européennes qui aujourd'hui ont le vent en poupe, le retour
39:23sur le devant de la scène des émergents plus timides mais qui devraient également participer
39:28de cette tendance-là pour nous.
39:30La grande question c'est est-ce qu'on peut avoir ça, est-ce qu'on peut avoir une tendance
39:34comme ça qui se poursuit en ayant aujourd'hui aux Etats-Unis quasiment 60% des données
39:39qui sortent qui sont négatives, qui donnent des signes de détérioration ?
39:42Je reviens un peu à la question de départ parce que pendant ces années d'exceptionalisme
39:47américain où effectivement la dynamique de la croissance mondiale était masquée
39:51par l'exceptionalisme américain, le monde ralentissait mais les Etats-Unis accéléraient,
39:57les marchés boursiers se sont envolés.
39:58Est-ce qu'on peut avoir des marchés boursiers qui continuent de progresser quand on est
40:01dans le schéma inverse où c'est les Etats-Unis qui ralentissent et le reste du monde qui
40:06réaccélère ? Est-ce que c'est kiff-kiff ou est-ce que c'est quand même une situation
40:09différente du point de vue notamment des indices boursiers ?
40:12Les marchés qui caracolent sur la période, essentiellement une zone, parmi cette zone-là
40:19un secteur, parmi ce secteur-là…
40:21Mais bon, c'est monté jusqu'à 70% du MSCI World, c'est ça ?
40:24Clairement, très grosse concentration.
40:26Maintenant, je pense qu'il faut vraiment faire une grande différence dans ce monde
40:30de l'investissement passif entre ces grands indices tels que l'indice MSCI et les indices
40:35locaux qui aujourd'hui ont le vent en poux et on voit assez bien au quotidien que ces
40:42tendances restent fermes.
40:43Dans nos screenings de tendance, on a un dashboard de tendance qu'on reçoit tous les matins
40:46dans nos boîtes mail, ce dashboard de tendance il est clairement toujours très positif
40:51sur les actions, il est notamment positif sur les actions européennes et les actions
40:54émergentes globalement et ça c'est un message qu'il faut aussi savoir entendre.
40:57Pour arriver à contrebalancer, à renverser ce mouvement-là, il va falloir une détérioration
41:03plus forte des earnings, de la perception des earnings globale.
41:07Maintenant, cette détérioration se perçoit clairement aux Etats-Unis, pourquoi ? Parce
41:12que les taux baissent et les actions baissent en même temps.
41:15C'est-à-dire que jusqu'à présent, quand les taux baissaient, ça a plutôt une force
41:18de soutien aux actions au travers d'un effet de duration, d'un effet de discount factor.
41:22Aujourd'hui, ce n'est plus le cas du tout, les taux baissent et les actions baissent
41:26avec.
41:27Je comprends, tout le monde a rebalancé un peu sur l'Europe, c'est ça, c'est un peu
41:30le sens du marché aujourd'hui, sur les taux, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on achète
41:35du 10 ans américain aujourd'hui à 4,10, à 4,15 ? Est-ce que le sens du voyage est
41:40de voir un 10 ans américain beaucoup plus bas encore ou est-ce qu'on a déjà consommé
41:43une bonne partie de la baisse ?
41:44Je vous donne rapidement la réponse de mes collègues du Fixed Income, ce sera encore
41:48plus simple.
41:49Eux, ils continuent d'apprécier le boot, ils continuent d'apprécier l'OAT, ils s'attendent
41:53à ce que la BCE coupe ses taux de façon assez rapide et entraîne les taux longs avec eux.
41:58Oui, les taux européens sont montés avec les taux américains, les taux américains
42:01ont baissé, ont laissé les taux européens à des niveaux élevés, c'est clair aujourd'hui,
42:05mais ce qu'ils anticipent, c'est que justement, les taux européens vont rejoindre la dynamique
42:13des taux américains.
42:14Donc, un portage supérieur, une pente supérieure, tout ça va nous amener progressivement à
42:17des rendements qui pourraient être supérieurs d'ici la fin de l'année.
42:19Pierre ?
42:20Sur l'équilibre, un peu.
42:21Oui, sur l'équilibre, mais encore une fois, on a quand même beaucoup plus de visibilité
42:26sur l'Europe.
42:27Franchement, la BCE, c'est complètement tracé, la Fed, je pense que ça doit être
42:32vraiment très compliqué pour la Fed de rester indépendante avec ce maelstrom et cette tornade
42:39d'informations.
42:40Je voulais ajouter un truc qui est un peu tiré par les cheveux.
42:44Je pense que la CSRD et le Package Omnibus, c'est quand même un signal que l'Europe
42:52peut revenir sur une réglementation qui aurait pu être étouffante et qu'elle laisse le
42:59marché s'autoréguler.
43:00Et ça, en fait, comme signal psychologique, je trouve que c'est vachement intéressant.
43:05Parce que l'arrivée de Trump a fait qu'on est revenu sur tout un tas d'indicateurs
43:09qui étaient obligatoires et donc on a rajouté du pragmatisme.
43:14Et ce pragmatisme de reporting, c'est quand même une vraie nouveauté.
43:18Pour l'investisseur global, c'est un signal qui ne passe pas inaperçu.
43:22Pour les marchés financiers et pour l'impact sur les résultats des entreprises, parce
43:25que c'est quand même des coûts très lourds, je trouve que plus de pragmatisme quant à
43:30la finance verte, la finance durable et en tout cas la preuve, parce que bien sûr
43:34les entreprises ont des actions de durabilité, mais cette preuve et ce reporting obligatoire
43:42qui nécessite beaucoup d'investissement, je trouve que laisser le marché évoluer
43:46tout seul, c'est un signe de pragmatisme qui est vraiment salutaire.
43:49C'est une respiration bienvenue.
43:51Exactement.
43:52Et je trouve qu'en termes de psychologie sur les marchés, ça offre quand même beaucoup
43:57plus de visibilité.
43:58On se disait, oui, on n'arrête pas de réglementer, on a passé 17 000 réglementations en Europe
44:05comparativement aux Etats-Unis.
44:06En fait, ce retour en arrière, c'est peut-être un retour en arrière, mais moi je trouve
44:10que psychologiquement c'est plutôt assez salutaire.
44:12Donc c'est vrai qu'on a un environnement plutôt pragmatique en Europe.
44:15Go Europe, bien sûr !
44:16Alors sur les Etats-Unis, moi j'ai quand même très très peur du break-even, franchement,
44:21parce que là on n'arrive pas à quantifier les tarifs.
44:24Donc l'équilibre d'inflation.
44:25C'est-à-dire que si on a dans une stratégie de l'échec économique de Trump, ça veut
44:31dire qu'on va avoir une croissance moins forte avec de l'inflation.
44:35Donc stagflation.
44:36Et donc j'ai du mal à voir comment le taux de 10 ans est achetable à ce niveau-là.
44:41Bon, sur l'équilibre en matière d'allocations, qui vous intéresse Fidorval aujourd'hui ?
44:45Il y a du temps pour le court terme.
44:47En pur court terme, effectivement, c'est plutôt un retour au neutre, quelques poutes par-ci
44:53par-là quand même.
44:54Un peu de protection.
44:55Parce que c'est quand même un moment qui peut être un peu compliqué, que le marché
44:59européen fait extrêmement bien.
45:00Les banques, on en a parlé plusieurs fois.
45:02Plus 30 déjà depuis le début de l'année.
45:04C'est un de nos secteurs favoris.
45:05C'est logique aussi que ça consolide un peu.
45:07Et quand ça arrive, c'est assez violent, il faut reconnaître.
45:09Donc là aussi, prise de bénef également.
45:12Après, sur la partie obligataire, le problème, c'est que les taux non européens, le boune
45:19en termes de valo, ça reste quand même pas une super affaire.
45:23S'il y a 2% d'inflation, il n'y a pas grand-chose à gagner là-dessus.
45:26C'est un peu compliqué.
45:27Mais bon, on achète plutôt du mid-curve, 3-4 ans, 5 ans.
45:31L'idée que les taux, effectivement, se loquer avec des taux au-dessus de 2%, ça nous va.
45:36Et puis, contre les Etats-Unis, on a un peu le doute.
45:40J'avoue que là, on est tenté.
45:42Parce que là, la valo, pour le coup, elle est intéressante.
45:45Mais c'est vrai que la situation globale est assez fluide d'un point de vue européen.
45:50Le risque de voir les taux repartir à la hausse, c'est un risque quand même...
45:53Il y a une volatilité un peu désagréable.
45:54Qui amène de la prudence.
45:55Il y a une volatilité désagréable sur les taux longs.
45:57On n'a pas peur de la Fed, mais ce n'est pas évident que le Doge fera le job.
46:03Oui.
46:04Bon, on va suivre ça.
46:06Ça fait 43 jours, c'est ça Pierre ? Vous comptez le nombre de jours ?
46:10Il y en a beaucoup encore, jusqu'à la fin du mandat de l'OTAN.
46:14Oui, il y a les mid-terms.
46:15Attention aux mid-terms.
46:16Ça va vite.
46:17Le temps politique et le capital politique peuvent filer très très vite.
46:21Merci beaucoup messieurs d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
46:23Pierre Bismuth, Myriah Asset Management, Gustave Orenstein d'Orval Asset Management
46:28et Florian Rielpeau, Lombard Audier IM.
46:40Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
46:43Le thème ce soir, c'est celui des marchés émergents.
46:46A commencer par le premier d'entre eux, le marché chinois.
46:49Nous en parlons avec les spécialistes de Gemwa Asset.
46:51C'est son président Bruno Vannier qui est à mes côtés en plateau.
46:53Bonsoir Bruno.
46:54Bonsoir.
46:55On va parler de la dimension commerciale, géopolitique.
46:58Mais quand même, prenons les marchés comme étant notre indicateur, notre baromètre.
47:03Si je regarde depuis le début de l'année, je crois que les marchés chinois ont dû remarquer
47:06un point bas peut-être en janvier, si je ne dis pas de bêtises.
47:09Et depuis, on a vu quand même une très belle tenue des indices chinois et notamment des
47:13indices porteurs de tech chinoise, Bruno.
47:17C'est un réveil ?
47:18C'est un réveil.
47:20Rappelez-vous, fin janvier, on parle de DeepSea qui a un peu mis le feu aux poudres, on va
47:25dire, d'une certaine manière.
47:27Et qui réveille un peu l'esprit animal des entrepreneurs chinois.
47:31C'est quand même une performance technologique sans pareil.
47:35Avec un budget qui paraît, alors le chiffre sans doute est sous-évalué, mais on parle
47:40de 6 millions, c'est sans doute même 10 fois plus, j'ai envie de dire.
47:43C'est vraiment peu par rapport au regard de ce qui a été dépensé sur ChargePT.
47:48Franchement, très bien.
47:50Visiblement, ça permet aussi à Tencent, Alibaba, à d'autres sociétés qui fournissent des
48:01services de cloud à développer des intelligences artificielles.
48:06C'est vraiment très positif.
48:08En revanche, l'impact que ça a eu sur la techno Taïwan-Corée, clairement, était
48:14assez mauvais.
48:15Pourquoi ?
48:16Parce qu'on s'est dit, mais attendez, les programmes d'investissement des sociétés
48:22américaines, qu'on évalue à peu près à 320 milliards de dollars cette année.
48:26Pour les 4-5 plus gros hyperscalers.
48:28C'est ça, Microsoft, Google, Amazon, etc.
48:30Peut-être que ça va être beaucoup moins.
48:32Alors, ces sociétés, depuis, ont fait des annonces.
48:36Elles n'ont pas du tout remis en cause leurs programmes d'investissement.
48:39Donc pour le moment, rien n'est sûr.
48:42Mais comme en bourse, je vous dirais, rien n'est sûr.
48:45C'est ça le risque.
48:47Que ça fasse baisser ces investissements.
48:50Ce qu'on gagne d'un côté, on peut le perdre de l'autre.
48:52On peut le perdre, surtout pour la techno Taïwan-Corée, qui est vraiment dans la supply
48:57chain d'Envilia.
48:58Oui, bien sûr, des Américains.
49:00C'est plutôt cette voie-là qui paraît plus incertaine aujourd'hui.
49:03De fait, ces titres ont tendance à sous-performer, notamment à Taïwan.
49:07TSMC a baissé de près de presque 10% depuis le début de l'année.
49:11C'est-à-dire qu'on avait une performance boursière exceptionnelle du titre au cours
49:14des deux dernières années.
49:16Mais Hynix, qui est le pendant dans la mémoire côté Corée, ça a baissé depuis le plus
49:22haut récent, mais c'est toujours en hausse depuis le début de l'année.
49:25La valorisation est très basse.
49:27C'est un titre extrêmement intéressant pour, au moins, cette année.
49:31Voilà pour l'aspect négatif.
49:33L'aspect positif, c'est ce qui se passe en Chine.
49:36Et pas simplement Dipsy qui est arrivé, je dirais, fin janvier, mais aussi ce fameux
49:41meeting, ce fameux symposium qu'on a eu le 17 février 2025.
49:46Mais en miroir de ce que Trump réunit comme patron de la tech ou à Mar-a-Lago ou dans
49:51le bureau Oval, où il veut, on a Xi Jinping avec Jack Ma, en plus, je crois qu'il était
49:55là, et les autres.
49:57Il se serre la main.
49:58C'est vraiment une poignée de main emblématique, j'ai envie de dire.
50:01On se rappelle quand même qu'on s'est posé la question pendant plusieurs années.
50:05Jack Ma, où est-il ? Est-ce qu'il est en prison ? Est-ce qu'il est en exil ?
50:09Enfin bref, on a tout imaginé.
50:11Et vraiment, la relation entre Xi Jinping, Pékin, et surtout Xi Jinping, le président
50:17chinois, et les entrepreneurs chinois, dont Jack Ma est un emblème, cette relation était
50:24mauvaise.
50:25Vraiment.
50:26Depuis fin 2020 jusqu'à quasiment maintenant, on avait vraiment quelque chose de mauvais.
50:32Ça agissait très négativement sur le moral des entrepreneurs, sur le moral des entreprises,
50:37et ne les poussait pas à investir, clairement.
50:40Donc là, si on a une inversion de cette tendance-là, en d'autres termes, Pékin est de nouveau
50:45tech-friendly, ou en tout cas entrepreneur-friendly.
50:49Ça, ça change complètement la donne sur la Chine.
50:52Je voyais, alors je disais, vous l'avez sans doute lu, un article du FT sur la vitesse
50:57de diffusion d'ipsych, des modèles d'ipsych à travers l'ensemble des entreprises publiques,
51:04parapubliques, hôpitaux, automobiles en Chine.
51:08C'est-à-dire qu'ils ont mis, évidemment, gratuitement à disposition le modèle de
51:11toutes les entreprises chinoises.
51:13Mais visiblement, ça se déploie à une vitesse grand V.
51:17Et dans la foulée, Alibaba a annoncé qu'ils allaient dépenser 50 milliards, 52 milliards
51:21de dollars dans les trois prochaines années, autant qu'ils n'avaient jamais dépensé
51:25dans le cloud ou l'intelligence artificielle.
51:28Il y a vraiment eu un moment.
51:31Après, bien sûr, c'est encore peut-être un peu court terme et c'est un peu trop court
51:36peut-être pour avoir une conclusion trop forte.
51:39Mais clairement, ça va vraiment dans le bon sens.
51:41On aura les résultats de Tencent incessamment mi-mars.
51:46On va voir ce qu'ils vont annoncer quand même sur ce sujet.
51:49C'est quand même aussi un gros investisseur dans le secteur.
51:53J'ai envie de dire que ça va plutôt bien.
51:55S'ajoute à ça, sur la Chine, pour rester en Chine et ensuite aller ailleurs, les deux
52:00fameuses sessions qui sont en ce moment et demain, là où on attend peut-être des mesures
52:08supplémentaires pour booster la consommation.
52:11N'oublions pas qu'en Chine, un des éléments qui a vraiment maintenu la croissance au
52:16cours des deux dernières années à un niveau relativement élevé, autour de 5% officiellement,
52:20c'est les exportations.
52:22Et même sur l'année 2024, c'est 30% de la croissance.
52:25C'est vraiment des chiffres assez élevés.
52:27Clairement, d'une part parce qu'on va avoir un effet de base quand même plus élevé.
52:31On ne peut pas s'attendre à une contribution aussi importante des exportations dans un
52:35environnement où on risque d'avoir des droits de douane supplémentaires.
52:39Clairement, la contribution des exportations nettes va aller sans doute par le 0 cette
52:44année et l'année prochaine.
52:46Pour atteindre les 5%, qui sont un peu le chiffre magique pour quelqu'un, il faut quand
52:52même...
52:53Ils auront besoin du consommateur.
52:54Ils auront besoin de la consommation.
52:56On s'attend à des nouvelles.
52:57Il y a eu déjà des choses qui ont été annoncées.
53:00Au fil de l'eau, il y a de plus en plus de choses qui ont été annoncées.
53:04On parle de 4% de déficit fiscal alors qu'on était plutôt sur du 3% avant.
53:08Clairement, il y a un volontarisme étatique chinois qui devrait aller dans le bon sens
53:13pour nous en tout cas, pour les entreprises sur cette année.
53:17Il y a des flux qui accompagnent ce mouvement de balancier sur la tech chinoise et les indices
53:23chinois parce que vous l'avez vécu plus que moi encore.
53:26L'idée que la Chine était devenue ininvestissable.
53:29Alors évidemment, quand les prix varient, le sentiment peut changer également.
53:33C'est la bonne vieille mécanique des marchés.
53:36Mais vous voyez quand même effectivement un certain nombre d'investisseurs globaux
53:39qui vont réviser leur jugement par rapport à ce qu'ils pouvaient dire il y a encore
53:42quelques mois ou un an.
53:44Les investisseurs globaux ont réduit massivement.
53:46Pour certains, ils sont sortis complètement de la Chine.
53:48Ils ne sont pas vraiment revenus massivement.
53:50Il y a ceux qui ne reviendront pas.
53:52Il y en a sans doute qui ne reviendront jamais.
53:54Il y a des hedge funds qui ont commencé à revenir.
53:56Ils sont plus flexibles, ils ont moins de contrats de gouvernance.
53:59Mais le gros des troupes qui se disaient très négatives Chine quand la Chine baissait
54:05et qui peuvent réviser leur jugement sont revenus très doucement je dois dire.
54:10La participation étrangère sur le marché domestique chinois est quasiment plus bas aujourd'hui.
54:15Elle fait le pendant de ce qu'on avait quand les actions A n'étaient pas tout à fait investissables.
54:21Donc vraiment on est assez bas.
54:23J'ajouterai que sur Hong Kong spécifiquement, sur les valeurs chinoises cotées à Hong Kong,
54:27on a eu un mouvement très fort d'investissement chinois.
54:30Donc des investisseurs chinois qui ont acheté Hong Kong.
54:34Eux ils n'ont plutôt pas vendu mais en tout cas étaient très absents du marché à Shanghai.
54:40A Shanghai c'est plutôt des banques chinoises, les grosses pétrolières.
54:43Plutôt les sociétés d'État qui sont cotées à Shanghai.
54:45On voit que l'indice de Shanghai en l'occurrence ne fait pas grand chose depuis le début de l'année.
54:48Les investisseurs qui étaient très présents sur ces titres l'année dernière,
54:51et ça nous a coûté nous en performance relative parce qu'on se voit mal investir massivement dans des banques chinoises.
54:58En tout cas ces banques qui étaient achetées massivement l'année dernière ont été plutôt vendues,
55:03pas de manière excessive mais en tout cas pas du tout achetées au cours des derniers mois.
55:07Les investisseurs domestiques chinois ont acheté à Alibaba, à Hong Kong, Tencent, des valeurs dans la tech.
55:14Sur le risque géopolitique et la guerre commerciale précisément,
55:19la Chine s'est préparée à Trump 2.0.
55:22En quelques années ils ont eu le temps quand même de prendre des mesures.
55:26On peut dire que leur exportation s'est diversifiée.
55:30La part américaine a considérablement baissé.
55:33Beaucoup moins de sensibilité au marché américain.
55:35Moins de sensibilité.
55:37Les Allemands restent un acheteur très important pour les produits chinois.
55:44C'est vrai que la Russie qui n'existait pas quasiment avant est devenue importante.
55:49Le monde émergent qui achète plus facilement des produits chinois,
55:54il n'y a pas de problématique géopolitique.
55:56La Chine est devenue le premier partenaire commercial pour un bon nombre de pays au cours de ces dernières années.
56:01Une guerre commerciale avec les Etats-Unis aura un impact moins important qu'elle l'a eu lors de Trump 2.0.
56:10Il nous reste deux minutes pour dire un mot du marché indien.
56:14Ça a été le hot market de ces dernières années dans les émergents.
56:18Comment vous prenez la baisse du marché ?
56:20Le point a été marqué en septembre sur l'indice phare indien.
56:24On a perdu une vingtaine de pourcents peut-être.
56:27Qu'est-ce qu'il faut penser de ce mouvement ?
56:2920% de baisse, c'est toujours un moment où on s'interroge un peu.
56:32Bien sûr, c'est normal.
56:34Ce mouvement de baisse a des raisons assez cycliques, de ralentissement de l'activité.
56:41Surtout au deuxième et troisième trimestre dernier.
56:46On a des bénéfices qui ont été révisés à la baisse dans cette optique.
56:51Un investissement étatique, un investissement public, qui a beaucoup baissé post-élection.
56:57Ce qui est intéressant, c'est qu'on commence à revoir une reprise de ces investissements.
57:05Globalement, on a six mois, c'est un peu un trou d'air.
57:08Ça donne des résultats de sociétés un peu moins bons.
57:13Parallèlement, la Banque centrale, dont le gouverneur a été remplacé de fait.
57:19Pas pour ces raisons-là, mais c'était dans le prévu.
57:23C'était le calendrier prévu.
57:25La Banque centrale a eu plutôt une politique monétaire assez restrictive jusqu'en septembre dernier.
57:31Ça correspond à un nouveau gouverneur, mais il ne faut pas forcément faire ce parallèle.
57:37En tout cas, depuis, on a une politique monétaire plus souple.
57:41On voit bien que la croissance des prêts, qui est revenue à peu près à la croissance des dépôts,
57:46les excès qui auraient pu y avoir ont été corrigés.
57:51Pour nous, ça nous donne un marché qui devient quand même assez intéressant.
57:56C'était un marché cher.
57:58On a toujours dit que le marché indien était cher.
58:00Il est toujours cher au regard des autres pays émergents.
58:05Mais je trouve que la prime est revenue à un niveau historique.
58:09C'est normal.
58:11C'est justifié que le marché indien ait une prime par rapport aux autres,
58:14parce que les sociétés indiennes ont une rentabilité sur fonds propres en général plus élevée.
58:18Les managers indiens n'investissent pas à tout vent.
58:23Une meilleure allocation du capital.
58:25Quand on compare ça avec certaines sociétés chinoises et surtout les sociétés étatiques chinoises,
58:31il n'y a pas photo.
58:33On a corrigé de 20%.
58:35Je trouve que le marché est intéressant à ce niveau-là.
58:37Pour autant, est-ce qu'il faut y aller massivement aujourd'hui ?
58:39Après, on a un choix.
58:41On est un peu plus excités par ce qui se passe en Chine à court terme.
58:45On ne veut pas se précipiter sur le marché indien.
58:47Mais je pense que les trois prochains mois seront une bonne occasion pour acheter doucement sur ce marché.
58:53Merci beaucoup Bruno.
58:55Merci pour votre éclairage sur cette sphère émergente.
58:57À travers deux poids lourds, la Chine et l'Inde.
58:59Entre autres, Bruno Vannier, président de GMO Asset,
59:01c'était l'invité du quartier thématique de Smart Bourse ce soir.
59:07Sous-titrage Société Radio-Canada