• il y a 21 heures
Léon Daudet (1867-1947) ne s’est pas contenté d’être le fils d’Alphonse, l’auteur des célèbres "Lettres de mon moulin" : redoutable polémiste, journaliste, romancier (Les Morticoles, Le Voyage de Shakespeare), homme d’action – d’Action française au-delà de tout –, député de la Seine, il fut aussi un critique littéraire très libre et très inspiré puisqu’il découvrit et "lança" notamment Marcel Proust, Céline et Bernanos.
Pour en parler, Anne Le Pape, journaliste et essayiste (Léon Daudet - Critique littéraire, Éditions de Flore), Francis Bergeron, journaliste et essayiste (Léon Daudet, Éditions Pardès) et Juan Asensio, critique littéraire, qui a publié plusieurs études en ligne sur Léon Daudet.

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Éducation
Transcription
00:00Générique
00:26Bienvenue dans cette nouvelle émission des idées
00:29à l'endroit. Grande Santé et Liberté Grande.
00:35Deux formules, l'une, la première de Nietzsche,
00:38la seconde de Julien Gracq, qui conviennent,
00:41me semble-t-il, et aussi étonnant que cela puisse paraître,
00:44qui conviennent parfaitement à Léon Daudet,
00:47homme de grande santé et homme de liberté grande.
00:52On pourrait dire, pour celui qui était affectueusement
00:57surnommé le gros Léon, qu'il s'agit autant de grandeur
01:02que de grosseur, d'énormité, d'un caractère gargantuesque,
01:07rabelaisien, nous serons amenés sans doute à revenir
01:11sur ces qualificatifs au cours de cette émission.
01:15Médecin, comme ses confrères admirés Rabelais et Céline,
01:20écrivain, pamphlétaire, polémiste, critique littéraire,
01:24académicien Goncourt, homme d'action également,
01:28et au premier chef, homme d'action française,
01:30mais aussi député de la Seine, député de Paris,
01:34Léon Daudet a traversé toute la Troisième République
01:39et a su brosser les portraits acerbes, vigoureux,
01:43vengeurs de ses grandes têtes molles, comme disait Lautréamont.
01:49C'est donc à un parcours de cette œuvre et de cette vie
01:53que nous vous convions aujourd'hui avec vous, Anne Lepape.
01:57Bonjour Rémi Soulier.
01:58Bonjour Anne Lepape, vous êtes journaliste,
02:02vous êtes essayiste, vous avez publié de nombreux ouvrages,
02:05alors parmi ceux que vous avez publiés,
02:08je citerai la Tradition liturgique aux éditions de l'Homme Nouveau
02:13et la biographie que vous avez consacrée à François Brignot
02:17aux éditions Pardes dans la collection Qui suis-je ?
02:20Mais aujourd'hui vous êtes invitée, c'est presque l'universitaire
02:22qui est invité, vous êtes également docteuresse-lettre
02:25et il se trouve que vous avez consacré votre thèse à Léon Daudet,
02:29Léon Daudet, Critique littéraire et on a la chance
02:33que vous ayez tiré de votre thèse de doctorat un essai remarquable
02:38intitulé Léon Daudet, Critique littéraire
02:41avec une préface de Stéphane Giocanti,
02:43c'est aux éditions de Flore, je le montre à la caméra
02:47mais vous aurez l'occasion de le revoir au cours de l'émission.
02:53Donc vous évoquerez en particulier le Daudet,
02:58bien sûr Critique littéraire mais aussi romancier,
03:00enfin l'homme de l'écrit et celui qui a su porter
03:04sur les œuvres littéraires et les œuvres de l'esprit
03:06un regard très singulier.
03:09Avec nous également Francis Bergeron.
03:12Francis Bergeron.
03:13Bonjour Rémi.
03:14Bonjour, vous êtes vous-même journaliste, essayiste,
03:19alors vous avez également publié, je m'empresse de le dire,
03:22ou même chez le même éditeur d'ailleurs,
03:24aux éditions Pardes dans la collection Qui suis-je,
03:28un certain nombre de monographies consacrées à Henri Béraud,
03:33je rappelle que vous présidez l'association Rétèze des amis d'Henri Béraud,
03:38à Saint-Loup également, à Maurice Bardèche
03:42et vous avez publié tout récemment, je le signale,
03:47Le hussard remonte le temps,
03:49c'est aux éditions Oda Issa Arnain.
03:52Un roman policier.
03:52Un roman policier, tout récemment, c'est-à-dire en 2024.
03:56Mais là encore, pour ce qui nous préoccupe aujourd'hui
03:59d'une manière plus singulière,
04:00vous êtes l'auteur dans la collection Qui suis-je chez Pardes,
04:04d'un tout aussi remarquable Léon Daudet,
04:08que je montre également à l'écran
04:10et qui, selon le principe de cette collection,
04:14propose un parcours biographique, historique
04:17et aussi évidemment politique et littéraire autour de Léon Daudet.
04:24Et avec nous, enfin, Juan Asensio.
04:27Bonjour Rémi.
04:27Bonjour Juan Asensio.
04:29Alors, critique littéraire, bien sûr,
04:31c'est une formule qui vous convient bien.
04:33Je crois que c'est celle que vous préférez.
04:36Et comme on va parler de Léon Daudet,
04:37évidemment, nous serons en plein dans ce registre-là.
04:40Vous avez fondé le site Stalker,
04:43dissection du cadavre de la littérature,
04:45dans lequel vous publiez très régulièrement
04:48un certain nombre d'articles et d'études très approfondies.
04:52Et il y en a plusieurs.
04:53Vous avez consacré plusieurs études à Léon Daudet,
04:56à certains textes de Léon Daudet,
04:58dont une d'ailleurs qui est en ligne depuis quelques heures,
05:01pourrait-on dire, quasiment ou quelques jours.
05:04Vous serez sans doute amené à nous en parler.
05:07Vous avez publié également plusieurs ouvrages
05:09qui rassemblent, mais pas uniquement,
05:12des études, des articles que vous avez publiés
05:15sur votre site Stalker,
05:17dissection du cadavre de la littérature.
05:18Parmi eux, je citerai
05:19Le temps des livres est passé, aux éditions Ovadia.
05:22La littérature a contreduit,
05:24qui a été réédité aux éditions Sudiver,
05:26et tout récemment, les éditions Ovadia
05:29ont réédité votre récit,
05:32Maudit soit Andreas Werkmeister.
05:35Donc, Léon Daudet, cet esprit truculant,
05:41à certains égards, abelésien, je le disais,
05:44fils d'Alphonse Daudet, précisons-le d'emblée,
05:48est né en 1867, il est mort en 1942,
05:52ceci pour poser un cadre chronologique très bref,
05:56est né, je vais filer la métaphore de l'obèse,
05:59si j'ose dire, je vais parler du gros Léon,
06:02il est comme Obélix, il est tombé,
06:04non pas dans la potion magique,
06:06mais dans le monde littéraire d'emblée,
06:08il y est né d'emblée, par son père,
06:10bien entendu, par le salon qu'avait son père.
06:13Anne le Pape, pourriez-vous nous dire,
06:15d'abord, quelle a été cette enfance Daudet,
06:18du point de vue littéraire, au sens premier du mot,
06:22qui voyait-il, qui a-t-il fréquenté,
06:24et dans quelle mesure cette enfance baignée
06:27de littérature parmi les écrivains
06:30pourrait expliquer au moins la genèse de sa vocation ?
06:35Or, la vocation professionnelle, médicale,
06:38qui a été avortée, en quelque sorte,
06:41vous ne le direz peut-être,
06:42mais cette enfance-là a-t-elle été décisive ?
06:45Bien évidemment.
06:46Déjà, il avait une grande admiration pour son père,
06:49et donc il a baigné dans ce milieu de la littérature.
06:53Je voudrais tout de même,
06:55vous avez fait allusion à Béraud,
06:56et vous avez fait plusieurs fois allusion au fait
06:59qu'on l'appelait le gros Léon.
07:01D'abord, il n'a pas toujours été gros.
07:02Quand il était jeune, il était mince et très élégant et beau.
07:08Quand il a épousé Jeanne Hugo, la petite-fille de Hugo,
07:10il était très fringant.
07:13Et en plus, ça me fait penser à une remarque
07:16que fait Henri Béraud dans Le martyre de l'obèse,
07:21une remarque malicieuse.
07:23Il suppose que si Léon Daudet a eu des opinions monarchistes,
07:28c'est pour l'admiration qu'il avait pour les ventres bourbonniens.
07:34Je reviens à l'enfance de Léon Daudet.
07:37Sa mère avait un salon dans le Marais.
07:39Léon Daudet est né à l'hôtel de la Moignon,
07:45qui est maintenant la bibliothèque historique de la ville de Paris,
07:49près du métro Saint-Paul, rue Pavé.
07:52Et un salon que tenait sa mère accueillait
07:59toutes les plumes les plus connues de l'époque,
08:03mais de façon très variée.
08:04Vous y trouviez Zola, Barbé Doréville, Goncourt, Huysmans, Maupassant,
08:13mais aussi des médecins, mais aussi des hommes politiques.
08:16On y trouvait Gambetta, on y trouvait Édouard Drumond.
08:20Tout ce beau monde se retrouvait chez Madame Daudet.
08:24Et le petit Léon, qui n'avait pas les yeux dans sa poche, ni les oreilles,
08:29même en tant que critique littéraire, on le verra,
08:33rencontrait tous ces gens et mémorisait tout cela.
08:37Il a toujours eu une grande mémoire.
08:40Le grand homme, évidemment, dans la maison, était Victor Hugo.
08:44Grosse admiration pour Victor Hugo.
08:46Quand Léon a épousé la petite fille de Victor Hugo,
08:49la sœur de son meilleur ami Georges Hugo,
08:52c'était le mariage du siècle.
08:55Et le mariage de la République, en plus.
08:57Et le mariage de la République.
08:58C'est ça qui est quand même très étonnant.
08:59C'est-à-dire que l'image que l'on a de Léon Daudet,
09:02évidemment, qui est parfaitement justifiée,
09:03c'est le, en gros, je schématise,
09:05mais c'est le camelot du roi, c'est le proche de Charles Maurras,
09:08c'est le journaliste de l'Action française.
09:10Mais le milieu originel est un milieu républicain,
09:14très marqué par le père Hugo en particulier.
09:19Oui, alors du côté Daudet,
09:23c'était plutôt, effectivement, des bleus, des républicains.
09:28Mais du côté, non pardon, du côté breton, curieusement,
09:32du côté breton, donc du côté Hallard,
09:35c'était des bleus de Bretagne.
09:37Tandis que du côté provençal, il y avait quand même des blancs du Midi.
09:41Mais pas Alphonse.
09:43Pas Alphonse, mais il a été secrétaire du duc de Morny quand même.
09:47Donc, vous voyez, c'était, il y avait un petit fond.
09:50En effet.
09:51Et quand on a cette vision de Léon Daudet monarchiste,
09:56c'est le vrai Léon Daudet, puisque en 1904,
10:00quand il a adhéré à l'Action française,
10:03il a dit qu'il découvrait la lumière après 36 ans d'obscurité
10:09et qu'il devenait réactionnaire à en perdre le souffle.
10:14Oui, c'est une belle formule.
10:16Alors, évidemment, il a donc évolué.
10:20Mais je ne pense pas que sa seconde femme,
10:23qui était sa cousine germaine, Marthe Hallard.
10:26Pampille.
10:27Pampille, connue sous le nom de Pampille.
10:30Elle a eu de l'influence, mais il avait déjà par lui-même commencé à évoluer.
10:36Et ce second mariage a été très heureux.
10:41A été le bon.
10:43Voilà, beaucoup plus heureux que le premier qui n'a pas duré.
10:46Et ils étaient tellement fusionnels qu'on les appelait,
10:52Francis Bergeron le raconte dans son excellente biographie,
10:57Marte et Léon.
10:58Mais Marte et Léon en un seul mot.
10:59On mettait un accent sur Marte et ça faisait un seul mot.
11:03Avez-vous vu Marte et Léon ?
11:05Et voilà.
11:07Et comment, sans entrer dans le détail,
11:12mais quels sont les jalons, ou quelques-uns des jalons,
11:16qui peuvent expliquer cette mutation dont vous parliez à un étape ?
11:20Alors, je dirais qu'il a eu quand même des gens qui l'ont influencé dans ce domaine.
11:24Je parlerais de compagnons de route, presque.
11:29Je citais Édouard Drumont.
11:32Édouard Drumont a toujours été...
11:34Dans la grande paire des bien-pensants,
11:37Bernano s'évoque le petit garçon, Léon Daudet, avec ses boucles,
11:42qui allait faire des promenades avec Édouard Drumont,
11:45puisqu'Édouard Drumont avait acheté une maison de campagne non loin de celle des Daudet.
11:51Et il faisait des grandes promenades avec le petit Léon.
11:55Et ce qui a marqué Léon, de la part d'Édouard Drumont,
12:00c'est sa foi catholique.
12:02Déjà, donc une influence.
12:05Et il en a retenu le côté social,
12:08le côté proche des petits, des humbles.
12:12Il a aussi été très impressionné,
12:15toujours impressionné par Barbet de Rivigli,
12:18qu'il a toujours pris pour un grand romancier
12:22et pour un excellent critique littéraire.
12:24Et qui l'a côtoyé, donc, aussi, dans le salon...
12:27Qui l'a côtoyé et il a aussi recueilli des souvenirs de mademoiselle Réad,
12:34qui était la secrétaire de Barbet de Rivigli.
12:37Et il s'intéressait beaucoup,
12:40enfin, on le verra quand on évoquera sa critique littéraire,
12:43il s'intéressait beaucoup aux gens,
12:46aux écrivains en eux-mêmes, pas seulement à leurs œuvres.
12:49Il aimait découvrir l'écrivain derrière l'œuvre.
12:51Des personnes, des personnages, pourrait-on dire.
12:54Et donc, les idées de Barbet ont pu aussi le mener
13:00vers cette découverte du monarchisme et du royalisme.
13:06– Oui, du royalisme, tout à fait.
13:08Francis Bergeron, la découverte de la littérature,
13:14et du milieu littéraire, est très précoce.
13:17Vous-même, comme lecteur, vous avez été sensible,
13:22vous êtes sensible au Léon Daudet romancier.
13:26Lorsque l'on évoque le Léon Daudet romancier,
13:29on songe d'abord, principalement,
13:32au Morticole et au Voyage de Shakespeare.
13:36Ce sont d'ailleurs, c'est très significatif,
13:38deux titres qui sont toujours réédités.
13:41Et Léon Daudet a énormément écrit.
13:43C'est quelqu'un qui… des articles…
13:45– 127 ouvrages.
13:47– Voilà, c'est considérable.
13:49– Et des milliers d'articles, oui.
13:50– Et des milliers d'articles, oui.
13:52– Ses ouvrages étaient souvent…
13:53– 9000 articles.
13:54– étaient souvent composés d'articles réécrits, remis en forme, etc.
13:58Enfin, c'est quand même énorme.
14:00– Et donc, ce versant-là du Léon Daudet…
14:05Alors, on est à mi-chemin, bien entendu,
14:08du roman et de la critique littéraire.
14:10Tout ceci n'est pas…
14:11Ce serait un tort de séparer trop radicalement les deux domaines.
14:16Mais c'est quelque chose…
14:18Comment pourrait-on définir le génie romanesque de Léon Daudet ?
14:23– Moi, personnellement,
14:25ce n'est pas par le roman que j'ai découvert Léon Daudet,
14:29c'est par Henri Béraud, tout simplement.
14:31Parce que Béraud, c'était un pamphlétaire, c'était un gros.
14:35– Oui, bien sûr.
14:36– On disait le gros, pour lui aussi.
14:38Et après la publication de ma biographie de Léon Daudet,
14:45c'est vrai que je me suis dit…
14:47Enfin, de Béraud, je me suis dit,
14:49j'aimerais bien aussi faire quelque chose sur Léon Daudet,
14:51parce que les deux hommes se ressemblaient beaucoup physiquement,
14:54et puis aussi par les centres d'intérêt,
14:56par le plaisir de la polémique, de la bagarre,
15:01le duel chez Daudet, qui est quand même très important.
15:06Et c'est ça qui m'a amené à m'intéresser à Daudet.
15:14– C'est le biais, donc, le prisme du pamphlétaire, à priori.
15:17– Oui, c'est le prisme de l'homme très extraverti,
15:21comme l'était Daudet et comme l'était Béraud, et la similitude.
15:25Et en même temps, ces deux hommes ne s'appréciaient pas forcément,
15:29au moins dans les premières années,
15:31parce que… Et pourtant, ils avaient aussi des origines politiques assez proches.
15:37Ce n'était pas tout à fait la même génération,
15:39mais ils avaient des sensibilités de gauche, si on veut,
15:42l'un comme l'autre.
15:44J'ai trouvé que c'était deux parcours assez fascinants, un peu parallèles.
15:48Mais par exemple, lorsque Béraud se met à polémiquer avec Gide,
15:55avec les Gidards, avec les Gallimardeux,
15:59eh bien, Léon Daudet ne le suit pas du tout sur ce terrain-là.
16:04Il est lui, Daudet, il soutient Gide.
16:08– Oui, il admire Gide.
16:10– Il admire Gide parce que Daudet met au-dessus de tout,
16:13mais Anne Brassier l'explique très bien,
16:15il met au-dessus de tout la littérature.
16:17Donc, pour la littérature, et on le verra ensuite avec les campagnes,
16:23les soutiens de Daudet à l'œuvre de Céline, bien sûr, à Picasso.
16:30Picasso, c'est quand même surprenant, mais en 1929,
16:34il fait l'apologie de Picasso.
16:36Il y a cet aspect-là qui est vraiment propre à Daudet.
16:40Je crois que là, on va en parler beaucoup plus que du reste,
16:43parce que c'est vraiment ce qui est absolument à retenir chez Daudet,
16:48c'est cette critique littéraire, artistique qui lui est propre,
16:53et qui est rare dans le monde de l'époque,
16:58mais dans le monde d'aujourd'hui, n'en parlons même pas,
17:01où on soutient, enfin, ce sont des coteries, souvent, aujourd'hui.
17:05– Oui, la liberté d'expression a considérablement régressé.
17:09– Absolument, Léon Daudet était un homme qui s'extrayait
17:16de tous ses contingentements.
17:19D'ailleurs, il l'a dit, en matière de littérature,
17:24je ne connais pas la patrie.
17:26– Exactement, oui, la formule est un peu plus brutale.
17:28– Oui, tout à fait étonnante.
17:31C'est ça que je trouvais vraiment intéressant chez Daudet.
17:35Maintenant, pour répondre très précisément à la question Daudet-Romancier,
17:39moi, je me suis, pour le besoin de ma petite biographie,
17:43petite biographie, je précise, il y en a eu de très belles par ailleurs,
17:48je me suis efforcé de lire à peu près tous les romans,
17:52au moins de les parcourir.
17:54Ce qui m'a étonné, c'est que plusieurs de ses romans,
17:58beaucoup de ses romans même, ont été condamnés par l'Église,
18:04ont fait l'objet de polémiques où Daudet n'avait pas forcément
18:08le beau rôle, je pense à l'Entremetteuse, par exemple,
18:11ou à des romans comme ça.
18:13Il y avait chez Daudet un côté un peu, je parle du Daudet-Romancier,
18:18il y avait un côté un peu osé, sulfureux, graveleux, si on peut.
18:25Et je n'ai pas été très séduit par son œuvre littéraire personnelle.
18:30Ce qui m'a séduit, ce qui m'avait séduit au départ, c'était le militant,
18:35c'était l'homme d'action, c'était le polémiste, le camelot du roi,
18:41l'homme venu de la gauche et d'esprit actions françaises,
18:46converti au royalisme.
18:47Je trouvais ça très séduisant.
18:51L'œuvre littéraire propre à Daudet, mise à part la critique littéraire
18:56et mise à part plus encore ses souvenirs.
18:58Oui, le mémorialiste.
19:00Voilà, le mémorialiste.
19:01Alors ça, le mémorialiste, c'est le mémorialiste de la Troisième République.
19:05Il est incontournable, absolument incontournable.
19:09Et Dieu soit loué, on réédite également assez fréquemment.
19:13En tout cas, on a réédité, je crois que c'est chez Bouquin,
19:17on a réédité ses mémoires.
19:21Ça, c'est vraiment le cœur de son œuvre.
19:25C'est ce qui restera, qui restera à jamais.
19:27Ça est la critique littéraire.
19:30Voilà, je profite d'ailleurs, vous faites bien Francis Bergeron,
19:33de rappeler les éditions les plus récentes et les plus disponibles
19:37de Léon Daudet.
19:38Je profite de cette vôtre remarque pour signaler l'apparution récente
19:44d'un roman, réédition donc, de Léon Daudet, Ciel de feu.
19:49C'est aux éditions de Flore, qui est suivi par un roman
19:55qui s'inscrit dans la lignée de Ciel de feu,
19:58qui en est en quelque sorte le prolongement par Frédéric Rouvillois.
20:02Donc, je montre le volume également.
20:04C'est au récent, c'est aux éditions de Flore,
20:06avec une préface de Richard de Ceyse.
20:09Alors, quand on parle de polémique, et on va revenir sur ce que vous avez dit,
20:14Francis Bergeron, à propos du critique littéraire, bien sûr.
20:17Lorsqu'on parle de polémique, de pamphlet, de combat,
20:22Roland Asensio, on pense à votre propre manière d'envisager
20:25la critique littéraire.
20:27Dans votre parcours, Léon Daudet, est-ce que c'est un héritage
20:31que vous revendiquez, que vous reconnaissez
20:35dans votre propre manière d'écrire et peut-être de lire ?
20:39Autrement dit, est-ce que vous avez été sensible,
20:42autant que Francis Bergeron, à ce Léon Daudet polémiste ?
20:46Oui, bien sûr, évidemment que c'est un héritage que je revendique.
20:49Je serais moins d'accord sur l'aspect qui a l'air de vous chagriner un peu,
20:53c'est-à-dire les romans, grosso modo, où vous êtes ennuyé,
20:56hormis un ou deux romans qu'on avait cités,
20:59Le Voyage de Shakespeare et Les Morticoles.
21:03C'est Benazéraf, un réalisateur, qui disait que dans le pire,
21:06dans les années 60, je crois, ou 70, qui disait que dans le pire
21:10des navets cinématographiques, il y avait toujours une seconde
21:14de génie, enfin, en tout cas, une seconde de pur cinéma.
21:17Quel que soit le texte de Daudet, y compris les romans,
21:22je pense qu'il y a au moins une ligne, au moins une ligne qui est extraordinaire.
21:29Que ce soit une trouvaille stylistique, que ce soit une image,
21:33que ce soit, comment appeler cela, une espèce de vue.
21:37Et vous vous dites, mais oui, il a vu ça que personne n'avait vu.
21:41Dans Le Voyage de Shakespeare,
21:45ou c'est peut-être dans le Napu que je viens de terminer, peu importe.
21:48De toute manière, il répète toujours plus ou moins la même chose.
21:52Il parle d'une invention, c'est donc une espèce d'anticipation,
22:01on ne disait pas à l'époque science-fiction, c'est un récit de science-fiction,
22:04pardon, d'anticipation, qui imagine la dissipation de l'humanité
22:09par le phénomène du Napu, c'est-à-dire, le nom est ridicule,
22:13parce que c'est une petite fille qui, devant la disparition soudaine
22:16de son grand-père, a dit quelque chose comme Napu, Pépé,
22:19ou un truc dans le genre. Tout le monde a repris le Napu.
22:24Ce qui fait penser à Guido Morcelli, c'est la dissipation de l'humanité
22:29ou au travail de la nuit de Thomas Glabinich.
22:33Et ça se passe en 2227, et il imagine une espèce d'invention
22:40qui est comme une remise à la surface des images,
22:45des très, très anciennes images, mais qui deviendraient animées
22:48et des images tirées des livres. Ça porte un nom, le ciné-bibla
22:51ou quelque chose comme cela. Et donc, il parle à ce moment-là
22:55de Shakespeare en disant que Shakespeare était un génie
22:58qui est allé tellement loin dans la vision du monde
23:01et dans l'invention consécutive du langage pour dire ce monde
23:06que certaines images n'ont pas pu être comprises par son époque,
23:12par ses contemporains, et par le siècle qui a suivi,
23:14et par le siècle qui a suivi, et probablement que de nouvelles
23:17images ne seront comprises d'un point de vue sensible,
23:20d'un point de vue intellectuel, d'un point de vue moral, scientifique,
23:23ce que vous voulez, que dans un, deux, trois siècles.
23:26C'est cela la marque du génie chez Léon Daudet.
23:31C'est une faculté de faire revivre ce qu'il appelle
23:35des images héréditaires. Et d'ailleurs, puisqu'on parlait
23:39des influences, Bernanos, qui l'a beaucoup lue,
23:45s'en souviendra, alors il lui doit le lancement
23:50sous le soleil de Satan en 1926, mais il s'en souviendra
23:54pour d'autres choses lorsqu'il fera, il mettra en scène
23:58dans certains romans, comme dans pratiquement tous,
24:00mais dans son dernier, M. Wynne, il mettra en scène
24:04des personnages qui sont hantés par des images,
24:07des images dont il ne soupçonne même pas la provenance,
24:10alors qu'elle est probablement ancestrale.
24:13Et il imagine, Daudet, il imagine une espèce de cristallisation.
24:17Alors, le côté scientifique, nous oublierons,
24:20même s'il avait une formation de carabin,
24:22il a, bon, donc on s'en fiche de cela,
24:25mais il imagine une espèce de cristallisation,
24:27de sédimentation, de très, très longue sédimentation
24:30de tout un tas d'affects, de tout un tas d'aimes,
24:33d'émois qui fulgurent dans une image
24:37qu'un personnage n'aura même pas besoin de coucher par écrit,
24:40qu'il pourra simplement garder à vie
24:42et qu'il transmettra d'une manière ou d'une autre
24:44à sa descendance, jusqu'à ce qu'un moment,
24:46tel ou tel personnage se dise
24:48mais d'où vient cette image qui me hante,
24:51alors que rien ne l'explique dans ma propre généalogie directe,
24:54dans ma propre histoire ?
24:55Et ça, c'est absolument fascinant.
24:57Quant à l'aspect, donc c'est pour ça que je pense que,
25:01je crois avoir lu à peu près tout ce que Daudet a écrit
25:04en termes de romans, donc ça fait déjà beaucoup.
25:06Et effectivement, il y a des choses qui ne passeront évidemment pas.
25:09C'est très répétitif aussi, le thème de l'hérédité par exemple,
25:12les méchants qui sont des médecins, c'est aussi fréquent.
25:16À côté, j'avais l'impression de relire le même livre quelquefois.
25:20Oui, mais moi, c'est ce qui m'intéresse.
25:21Je prends un auteur de A et je vais jusqu'à Z.
25:24Quant à la partie critique littéraire, oui,
25:27alors là, effectivement, elle est extraordinaire.
25:28Elle est extraordinaire d'un point de vue stylistique,
25:31d'un point de vue visionnaire.
25:33Il a lancé Proust, il a parlé de Céline, il a lancé Bernanos.
25:38Bien sûr, vous avez parlé de Picasso et tout à l'heure,
25:41vous avez fait un petit aparté sur la critique actuelle
25:45en disant qu'on avait vraiment chuté de niveau.
25:48Évidemment qu'on est tombé dans un gouffre abyssal.
25:50Quand on compare la critique de gauche actuelle,
25:52journalistique de gauche actuelle, qui taiera toute forme d'opposition,
25:57c'est-à-dire tout ce qui n'est pas elle.
25:59Donc, Célestin Traquenard ne parlera pas de Bernanos,
26:03ne parlera pas de Béraud, ne parlera surtout pas de Daudet.
26:05Et pour eux, parce que le simple fait d'en parler leur donnerait
26:08une espèce de consistance ontologique qui serait déjà absolument affreuse.
26:12Alors que la critique journalistique de droite,
26:15elle aura plus tendance, dans un côté hussard effectivement,
26:19à rentrer dans l'art, mais elle aura d'autres tards.
26:23C'est-à-dire que, je ne sais pas, moi, un romarin va dire
26:27tout le bien qu'il pense d'un Jacouille qui n'est même plus une fripouille
26:30ou tout le bien qu'il pense d'une Alice des Cervelets,
26:34uniquement parce qu'elle est dans son camp idéologique.
26:36Ce que ne faisait absolument pas, évidemment, Daudet.
26:40Il faut dire que c'était un homme totalement libre en matière d'esthétique
26:45et de goût, ce qui a fait une force extraordinaire.
26:48Ce qui est d'ailleurs juste un mot, pour aller tout à fait dans ce sens-là,
26:53c'est qu'il écrivait ça dans l'Action française.
26:57Il était dans un quotidien qui avait un énorme respect
27:03pour, je dirais, le roman traditionnel, l'écriture traditionnelle.
27:07Adolphe France était le plus grand écrivain.
27:10Et on est quand même à Basse-Vourdie quand on découvre
27:15qu'il soutient, alors effectivement, Céline.
27:18Ce qui était improbable, impossible à imaginer.
27:22En tout cas, les lecteurs étaient extrêmement déstabilisés par ça.
27:26Quand il soutient Kessel, qui est juif, apatride.
27:30Il n'a pas de barrière dans ce roman-là.
27:35Et ça, c'est fascinant.
27:36Céline le lui rappellera à un moment, puisqu'il avait effectivement
27:40très, très bien parlé du voyage au bout de la nuit.
27:42Et c'était à l'occasion d'un roman qui avait eu une moins bonne presse.
27:46Je ne sais plus lequel, d'ailleurs.
27:48Moracredi, probablement.
27:50Et Céline lui avait dit, c'est quand même dommage qu'il n'y ait plus un Daudet,
27:54parce que lui a vu, lui a compris.
27:57Il avait simplement dit ça.
27:58Lui a compris et lui sait.
28:00Il n'a pas lu le deuxième.
28:05On retrouve la vision, l'image, bien sûr.
28:08Alors Anne Le Pape, oui, ce Daudet critique littéraire est évidemment central.
28:13Tout le monde en convient ici.
28:14Et même, on en est donc stupéfait.
28:17Vous avez rappelé Francis Bergeron, la critique d'Action française,
28:20telle qu'elle était, en tout cas dans l'esprit de Maurras lui-même.
28:25Très classique, néoclassique, mais en tout cas, le grand siècle français, racine.
28:30Et puis, nous avons donc cet homme, Léon Daudet, qui va découvrir l'Ancien,
28:35ce qui est énorme.
28:36Enfin, je ne sais pas si on se rend bien compte de ce que cela représente
28:39de découvrir Proust et Céline, d'évoquer Kessel, Paul Morand, Picasso,
28:46Bernanos, le soleil de Satan, Pierre Gentoulet, Paul Gentoulet.
28:50C'est absolument aussi considérable.
28:52Bordel.
28:53Comment peut-on expliquer, on peut toujours faire une critique du goût,
28:58bien entendu, de la guerre du goût, comme disait Solers.
29:01C'est quoi ? C'est le goût, c'est le génie littéraire.
29:04Comment expliquer que Daudet était d'une acuité aussi extraordinaire ?
29:10Alors déjà, je voudrais répondre sur les critiques de gauche
29:15qui ne parlent pas de Daudet ou de gens comme ça.
29:17Parce que j'ai été très étonnée lors de la réédition d'écrivains et artistes
29:23aux éditions Séguier, il y a eu divers articles,
29:26notamment un article dans le Canard Enchaîné de Frédéric Pagès,
29:32qui d'abord a pensé que l'éditeur avait trié au milieu de ces écrits
29:38qu'ils pouvaient être nauséabonds.
29:39Pas du tout.
29:40Vous voyez, il y a quand même un petit fond.
29:42Il y a un petit fond, il y a un petit fond, un petit fond de méfiance.
29:44On ne peut pas s'en débarrasser complètement.
29:45Mais qui s'étonne de la liberté de ton et de la liberté d'esprit de Léon Daudet
29:52et qu'il les salue.
29:53Donc, voyez, Léon Daudet est quand même très fort,
29:56puisqu'il arrive même à être apprécié par la critique littéraire de gauche
30:02du Canard Enchaîné.
30:04Eh bien, qu'est-ce qui explique ?
30:07Comment expliquer ?
30:09Pourquoi a-t-il cet éclat, cet éveil-là ?
30:13Et que va-t-il saluer précisément chez ces écrivains très différents ?
30:18Ou peintres ou sculpteurs, on en a parlé.
30:20Il est en quête de quoi, Daudet ?
30:21Quand il salue ces œuvres naissantes.
30:24De toute façon, la critique de Daudet est pleine d'empathie.
30:28Il veut toujours, et ce qu'il fait dans Le Voyage de Shakespeare, par exemple,
30:33il montre Shakespeare faisant cela.
30:36Mais en fait, il parle de Léon Daudet cherchant à connaître l'homme derrière l'œuvre.
30:42Et donc, lui est entré en fait dans l'esprit de Shakespeare.
30:47Ce qui l'intéresse, ce n'est pas tellement l'embouchure, comme il le dit,
30:51mais c'est de remonter à la source et d'arriver à saisir le cheminement
30:56qui a donné naissance à l'œuvre.
30:59Et Le Voyage de Shakespeare évoque Shakespeare
31:03jusqu'à ce que Shakespeare écrive ses premières lignes
31:07et le laisse au moment où, voilà, Shakespeare est prêt à écrire.
31:12Et en fait, il fait ça un petit peu devant chaque livre qu'il lit.
31:16Il entre dans le livre et sa critique implique,
31:20en tout cas pour les livres qu'il aime,
31:22implique beaucoup d'amitié, en fait,
31:28beaucoup d'empathie, beaucoup de tendresse.
31:31C'est une nourriture, c'est l'innutrition.
31:33Il va se nourrir et il se nourrit lui-même.
31:36C'est un échange de cœur à cœur.
31:38Exactement. Il aime lire, il aime écrire, mais il aime lire.
31:43Il dit que pour travailler bien, il faut travailler trop.
31:46Et pour lire bien, il faut lire trop.
31:49Je pense que le critique littéraire qui est en face de moi est d'accord.
31:53Il ne prend pas la distance du critique par rapport à ce qu'il lit.
31:57Il s'identifie un petit peu à l'auteur.
32:01C'est ça, c'est une critique d'écrivain, véritablement.
32:03C'est étonnant.
32:04Enfin, il prend quand même une distance
32:06puisqu'il y a des écrivains qu'il n'aime pas et il le dit.
32:10Mais il a beaucoup plus d'enthousiasme,
32:11contrairement à ce qu'on pourrait penser, que de détestation.
32:14Mais il a des détestations.
32:17Vous vous citez, je ne sais pas si c'est vous Anne Le Pape ou vous Francis Bergeron,
32:21mais là, il qualifie, ça c'est très amusant,
32:24Brunetière de Saint-Thomas Taquin, par exemple.
32:26Oui, mais il l'aime bien.
32:28De la même manière, je crois qu'il n'avait pas aimé du tout
32:32le recueil Les hortensias bleues de Robert de Montesquieu,
32:35grand ami de Proust.
32:36Et il n'a plus appelé Robert de Montesquieu que Hortensieu de Grotesquieu.
32:40C'est la force comique également dans les formules de Léon Daudet.
32:44Bien sûr.
32:45Pour évoquer les détestations.
32:47Oui, je cite le fait, par exemple, qu'il a pris dans sa ligne de mire
32:53le roman qui avait beaucoup de succès à l'époque,
32:56Covadis, que tout le monde a lu à l'adolescent,
32:59qui est une sorte de peplum qui ne fait de mal à personne.
33:03Mais Léon Daudet le déteste.
33:06Il est sujet à une covadisophobie, comme il le dit, aiguë.
33:11En fait, ce qui l'irrite,
33:12quand il de mauvais livres ont du succès,
33:16c'est que le public n'a plus d'énergie, de temps pour découvrir les bons livres.
33:23Et le guide du critique, pour lui, c'est de guider le public vers les bons livres.
33:31Et le public est toujours un peu rétif devant l'inattendu.
33:35Le cas de Proust est un excellent cas.
33:40Par exemple, Proust avait demandé à Anatole France de présenter son oeuvre à son éditeur.
33:46Anatole France l'ayant promis à envoyer le livre de Proust à son éditeur,
33:52avec un petit mot disant,
33:54ce jeune homme charmant m'a demandé de vous transmettre son manuscrit.
33:58Je vous avoue que je n'y comprends rien.
34:01Donc, alors que Léon Daudet a compris quelle bombe était le style de Proust.
34:08Pareil pour Céline.
34:10Léon Daudet est aussi ouvert à la littérature étrangère, à la littérature européenne.
34:15Bien sûr, bien sûr.
34:17Surtout la littérature anglaise, qu'il connaît très bien.
34:20Il lit l'allemand dans le texte et il aime beaucoup les russes, particulièrement Dostoyevsky.
34:27Donc voilà, il est très curieux.
34:30Il fait découvrir les livres contemporains, mais également les classiques.
34:36Bien sûr, il parle de Virgile avec un enthousiasme.
34:39Il entend la voix de Virgile plus distinctement que celle du cantonnier sur la route, dit-il.
34:46– On dit parfois que Léon Daudet est un homme du 16ème siècle, et qu'il a.
34:52Comment le comprendre ?
34:54Ces montagnes, c'est une forme d'intérêt tout azimut, de grande jeunesse de l'esprit.
35:02Il se situe plutôt dans ce registre-là, sans qu'il dénonce,
35:08que l'on s'en fout, ou bien au contraire, le Moyen-Âge.
35:10– Exactement, c'est ce que j'allais dire.
35:12Il aime beaucoup la liberté de ton du 16ème siècle,
35:17mais il dit toujours qu'il a une grande admiration pour le Moyen-Âge.
35:21Il dit toujours que lui, ça n'est pas « je pense donc je suis » qu'il aime, comme phrase,
35:28mais il aime l'état d'esprit du Moyen-Âge qui est « je médite et je prie donc je serai ».
35:37– Moi je verrais surtout Rabelais, l'ombre portée du gros Léon,
35:43c'est probablement ses gargantua, c'est un appétit, comme Shakespeare d'ailleurs,
35:49c'est un appétit colossal.
35:50– Ce sont des ogres.
35:51– Ce sont des ogres purement verbaux, linguistiques j'allais même dire,
35:56c'est-à-dire grammaticaux, c'est-à-dire qu'ils ne voient le monde
36:00que par le truchement du langage.
36:04Ce qui moi me paraît extraordinaire, comme vous me direz, il y a les yeux,
36:08il y a d'autres sens bien évidemment, etc.
36:10Mais ces sens-là n'ont finalement que peu d'importance
36:14s'ils ne sont pas… – Métabolisés.
36:17– Métabolisés d'une certaine manière en phrase, tout est verbe.
36:21Et dans le voyage de Shakespeare ou dans les Morticoles,
36:25il y a des inventions extraordinaires où en fait le langage se nourrit de langage,
36:32c'est-à-dire qu'il prend une métaphore, il va la filer,
36:34et peu importe là où elle va le mener, il sait qu'il ira quelque part,
36:38avec 4 ou 5 trouvailles entre les deux, dans le meilleur des cas,
36:42pas dans tous les romans, mais au moins c'est de là.
36:45Et il ne parle le monde que par le langage,
36:50il ne voit le monde que par le langage, il ne sent le monde que par le langage.
36:54Comme un Rabelais, comme évidemment un Shakespeare,
37:00et c'est peut-être ça, on cherchait un point de convergence
37:03pour savoir ce qu'il avait vu chez un Proust et un Céline,
37:07c'est comparable, ce sont de très grands auteurs,
37:10de très grands écrivains qui ne voient le monde que par le langage.
37:13Comme dirait l'autre, il faut que le monde aboutisse à une belle phrase et à un livre.
37:18– Ce sont aussi des hommes du XVIe siècle quelque part.
37:21– C'est vrai, c'est vrai.
37:22– En plus, cette idée d'Odée, homme du XVIe siècle,
37:29vient aussi du fait qu'il avait écrit ce livre sur le stupide XIXe siècle.
37:34Et à ce moment-là, on s'est posé la question,
37:36les critiques, le monde politico-littéraire s'est posé la question,
37:42mais Odée, c'est un homme de quel siècle ?
37:45Est-ce que c'est un homme du XXe siècle, un homme du XVIIIe ?
37:50Et je ne sais pas qui a dit que c'est un homme du XVIe siècle, peut-être que...
37:55– De toute façon, il le dit lui-même qu'il aime le XVIe.
37:58– Il le dit, il aime Montaigne, il aime Rabelais.
38:02– Alors pourquoi n'aime-t-il pas le XIXe siècle ?
38:07Ce titre-là, le stupide du XIXe siècle, a suscité bien des gloses.
38:12– Bien des gloses, et alors j'ai un ami, professeur de français dans une université au Japon,
38:18un ami japonais, qui connaissait le stupide XIXe siècle
38:23et qui figure dans la bibliothèque de l'université, vous voyez ?
38:28Mais Odée ne rejette pas tout le XIXe siècle, ce serait stupide, vraiment.
38:34– Surtout du point de vue de l'art romanesque, d'ailleurs.
38:36– Voilà, mais ce qu'il rejette, c'est le romantisme.
38:39Il déteste le romantisme parce que le romantisme est une espèce de boursouflure du langage, justement,
38:46qui veut...
38:49– Le romantisme français, en tout cas, les moitrinaires...
38:52– Voilà, exactement, les moitrinaires, oui, oui.
38:55Et il déteste également ce qui a suivi, ce qu'il appelle le romantisme de l'égout,
38:59c'est-à-dire le naturalisme.
39:01Donc il rejette Hugo et Zola, pour lesquels il a eu une certaine admiration quand il était jeune,
39:07tout en reconnaissant que Hugo est un grand poète
39:10et que Zola est un bon journaliste polémique.
39:15Il a des articles ferrailleurs, comme il le dit, flambards et ferrailleurs, ce qu'il admire.
39:22– Il y a peut-être autre chose dans ce stupide XIXe siècle.
39:26Je pense que Daudet a très vite flairé, et ça c'est un fil rouge qui traverse énormément de ces textes.
39:34Ce dont je suis en train de m'apercevoir, c'est le scientisme.
39:38– Oui.
39:38– Et plus même que le scientisme, parce que le scientisme est daté,
39:44mais un certain esprit de scientificité qui tourne à vide.
39:51Et d'ailleurs, c'est une des critiques dans le roman dont on parlait tout à l'heure, le Napu.
39:57Il parle, dans un avenir français qui sera évidemment monarchique selon lui,
40:01il parle d'une révolte qui a été sanglante,
40:04et même d'une révolution qui a été sanglante, contre les machines.
40:08Ce qui est assez extraordinaire, parce qu'on retrouve cette idée chez les Ludites,
40:15et on retrouve cette idée chez Samuel Butler, que Daudet a certainement lu,
40:21ça date de 1896 ou 1897, qui avait écrit Erreone, Anagramme de Nowhere,
40:27où il imagine, c'est un conte swiftien, comme si Gulliver se promenait
40:35et tombait sur des peuplades étranges, et l'une de ces peuplades étranges
40:39a écrit un livre des machines, qui montre que dans le passé,
40:43pour tout un tas de raisons, et par le fait qu'ils ont considéré qu'à un moment donné,
40:48et on est en plein dedans là, on baigne dedans,
40:49à un moment donné, l'intelligence artificielle, ce qui ne s'appelait pas encore l'intelligence artificielle,
40:53allait forcément, forcément, mécaniquement, dépasser l'intelligence humaine,
40:57en termes de neurones et de puissance de calcul, peut-être pas en autre chose, mais au moins en cela.
41:01Et dans le livre des machines, Samuel Butler décrit une révolution,
41:11où on a détruit toutes les machines, c'est un thème qui a fait florès,
41:15puisqu'ensuite Frank Herbert, dont on a vu une récente adaptation par Villeneuve,
41:20de Dune, a parlé du djihad butlérien, en référence justement à Samuel Butler.
41:27Et donc ce fil rouge, on le retrouve dans énormément de textes d'Odé,
41:35et même si je faisais mon journaliste de gauche ou de droite,
41:38je dirais qu'il y a une espèce de conscience écologique qui est très, très éveillée.
41:44C'est-à-dire que, par exemple, dans le voyage de Shakespeare,
41:47vous avez des descriptions sublimes, sublimes, extraordinaires, de la nature, du déchaînement.
41:54Il y a une scène qui me fait penser systématiquement à la tentation
41:59de l'abbé du sein de l'imbre, sous le soleil de sa tente,
42:04qui se retrouve perdu dans un labyrinthe en pleine nuit avec le diable qui vient le tenter.
42:11Et moi, j'ai retrouvé à peu près une scène équivalente où Shakespeare,
42:15le jeune Shakespeare, qui n'a pas encore écrit,
42:18se promène et s'égare en pleine nuit et il tombe sur un fou.
42:21On ne sait pas si c'est un fou, on ne sait pas si c'est un démon.
42:23Et je suis à peu près certain que Bernanos a lu cette scène-là
42:26et qu'il s'en est souvenu d'une manière ou d'une autre.
42:28Il y a des textes...
42:29Ça, c'est le Roi Lacensio, le lecteur d'Arthur Marren aussi.
42:31Exactement, et le Paul-Jean Toulet.
42:33Oui, bien sûr.
42:34Je pense qu'il y a une constellation de ces auteurs-là
42:37qui retrouvent, en le sachant ou sans le savoir,
42:41qui retrouvent toujours effectivement les mêmes images.
42:44Ça, c'est absolument fascinant.
42:45C'est un point noir.
42:46Il faudrait avoir un dodet qui parle...
42:50J'en suis certain qu'il ferait des théories qu'il les a déjà faites,
42:53pseudo théorie, qu'il les a déjà faites pour expliquer
42:55ces espèces de constellations d'images qui se retrouvent,
42:58chez des auteurs qui n'ont pas forcément de lien direct entre eux.
43:03Oui, c'est presque une déconsidération autour de grands archétypes
43:07au sens junguien que ces auteurs-là capteraient, en quelque sorte.
43:11Ils seraient...
43:12Anne Le Pape, vous vouliez ajouter ?
43:14Je pensais, en vous écoutant aussi,
43:17que certainement Brasillac, écrivant son Virgile,
43:21s'est souvenu d'une part de la manière
43:24dont Léon Daudet parlait de Virgile,
43:26qu'il nous rend extrêmement proche,
43:29et d'autre part, du voyage de Shakespeare.
43:31Parce que, lui aussi, Brasillac imagine la vie de Virgile de l'intérieur
43:36et nous le rend extrêmement proche.
43:39Alors, nous avons évoqué le Léon Daudet polémiste, critique, romancier.
43:45Il faut dire, même si ce n'est pas le cœur de cette émission,
43:49des idées à l'endroit,
43:50mais il faut évoquer aussi l'homme d'action,
43:52parce qu'il le fut.
43:54Ce diable d'homme fut ô combien un homme de l'écrit.
43:59Vous vous rappeliez, Francis Bergeron,
44:01qu'il a beaucoup prisé les duels
44:02et qu'il n'y avait pas, en ce temps-là, de droit de réponse.
44:06Enfin, ou en tout cas, on ne s'en fichait pas mal
44:08et on ne passait pas devant les tribunaux
44:10pour laver je ne sais quelle offense.
44:12Non, on se bat jusqu'au premier sang.
44:14Il y a un Léon Daudet homme d'action,
44:17homme d'action française, je l'ai dit,
44:19un Daudet député,
44:22qui a mené un certain nombre de combats à l'Assemblée nationale.
44:26Que peut-on dire de ce Daudet politique ?
44:29Est-ce que c'est un Daudet qui s'inscrit
44:32dans la pure filiation maurassienne ?
44:36Il joue quand même, avec l'aval de l'AF,
44:38évidemment, de l'action française, le jeu électoral,
44:41donc le jeu de la candidature, etc.
44:43Mais qu'est-ce qu'on peut,
44:45qu'est-ce que va-t-il chercher en politique ?
44:47Est-ce simplement une tribune, la tribune parlementaire,
44:51et donc une manière de faire valoir,
44:54de mettre en évidence sa verve et son brio ?
44:58Est-ce que ce sont des combats qu'il doit peut-être remporter ?
45:02Que va-t-il chercher dans l'action, Léon Daudet ?
45:04L'action, peut-être, elle-même.
45:06C'est-à-dire que c'est quelqu'un qui veut vivre,
45:11qui veut vivre ses convictions, qui veut vivre ses engagements,
45:15qui... Enfin, je le sens comme ça.
45:19C'est difficile de répondre à cette question.
45:21Oui, parce qu'il a la foi.
45:23Donc, c'est quand même assez rare de trouver en un même homme...
45:27C'est déjà... C'est un intellectuel.
45:30C'est un homme qui vient du, je dirais,
45:35d'un monde littéraire et politique accepté, important.
45:43Et on le voit, un peu plus tard,
45:47s'engager d'une manière hallucinante,
45:50puisqu'il va faire participer aux manifestations.
45:54Il va se faire arrêter.
45:56On va le retrouver en prison, les vêtements à moitié déchirés.
46:02C'est tout à fait stupéfiant.
46:05Il pourrait être, comme Maurras ou comme Bainville,
46:09un homme, un intellectuel qui surplombe,
46:11qui donne des orientations.
46:14Et lui, il a besoin...
46:16Moi, je l'analyse comme ça.
46:17Mais vous avez peut-être une autre vision.
46:19Mais il a besoin d'être au cœur de l'événement.
46:22Il a besoin d'être avec des plus jeunes aussi,
46:25avec des adolescents, avec des jeunes hommes,
46:28des hommes de la guerre de 14, etc.
46:32Je pense qu'il vit à travers ces événements,
46:36ce qui n'est pas très courant dans le monde littéraire.
46:38Mais non.
46:40C'est même très rare.
46:43Moi, je n'ai pas d'explication là-dessus.
46:46Mais c'est évidemment ce qui fascine un jeune lecteur
46:48de 20 ans qui lit Daudet aujourd'hui,
46:51qui lit notamment sa série de sept ouvrages,
46:56je crois, sur ses mémoires qui commencent avec
47:01« Vers le roi », etc.
47:04On est exalté.
47:05Quand on a 20 ans, on est exalté par ça.
47:07Et quand on le relit à 40 ou 50,
47:10on est épaté par le monde qu'il a connu,
47:15par toutes ces occasions de rencontrer des écrivains,
47:20des artistes, des hommes politiques,
47:22cette proximité avec eux, parfois ces conflits avec eux.
47:26Donc, je dirais qu'il y a plusieurs publics
47:29qui peuvent trouver un énorme plaisir
47:32à lire Daudet 100 ans plus tard.
47:34100 ans plus tard.
47:35Une scène à laquelle je pense quand vous parlez,
47:40c'est la scène de Daudet arrivant le 6 février 1934
47:44à l'Action française.
47:46Il ne venait jamais à l'Action française le soir.
47:48Daudet a beaucoup écrit, beaucoup lu.
47:52Mais on se rend compte qu'il devait se coucher tôt,
47:54finalement, parce qu'il était tellement actif.
47:57Donc, il n'était pas du genre à traîner
47:59ou à être comme Maurras,
48:01à reprendre ses papiers jusqu'à une heure impossible, etc.
48:05Et Daudet, revenant d'un voyage en train,
48:09débarque à l'Action française.
48:11C'est raconté par, on trouve ce récit
48:14dans les mémoires de Portos de Charbonneau.
48:18Arrive à l'Action française et est totalement excité et dit
48:23ça y est, nous allons l'avoir la République.
48:25J'y vais immédiatement, etc.
48:28Et Maurras entoure le ventre de Daudet,
48:32de ses bras en disant
48:34mais calmez-vous Léon, calmez-vous.
48:37Je trouve que ça révèle exactement le tempérament de chacun.
48:41C'est vrai, c'est vrai.
48:42Il y a une tradition du coup de force.
48:44Il y a une tradition du coup de force.
48:46Vous parliez du 6 février 1934.
48:48Avant que vous ne parliez, j'étais en train de me dire
48:50que Drieu Larochelle, dans Gilles,
48:52a parfaitement dépeint le portrait de ce cynique entouré,
48:57qui ne correspond pas forcément à Daudet, bien sûr,
48:59mais d'un cynique revenu de tout et qui,
49:02au bout d'un moment, se lance dans l'Action
49:05à corps perdu et éperdu, éperdument.
49:09Et on retrouve évidemment ça dans la tradition
49:13des camelots du roi avec Bernanos.
49:15Bien sûr.
49:16Et il y a une photographie célèbre de Pierre Boutan
49:18qui est comparable, à mon sens, à Léon Daudet
49:21par bien des aspects,
49:23cet appétit absolu pour toutes les merveilles de la création,
49:27le bon vin, les belles femmes,
49:29les bons livres, la belle nourriture,
49:33où on le voit, justement, Boutan sortant d'une manifestation ensanglantée.
49:37Donc, il y a cette volonté à la fois d'avoir une vérité,
49:41comme disait l'autre aussi, une vérité et un corps à étreindre,
49:44mais qui doit passer par un combat
49:46et qui doit passer par une incarnation.
49:48Et ça, c'est une tradition.
49:49Pour faire un parallèle,
49:51au cas où ce serait votre prochaine question,
49:53pour faire un parallèle vers notre époque,
49:55c'est effectivement une tradition qui s'est complètement perdue
49:59parce que, imaginez un critique littéraire,
50:04maintenant, qui, je ne sais pas moi,
50:07on vous dit une bêtise, etc.,
50:08se lève et colle une baffe à la personne qui est en face.
50:11Moi, je trouve que ça aurait du panache,
50:14mais elle serait totalement ostracisée dans les 30 secondes
50:17avec le droit à la non-violence, machin, qu'est-ce que ce soit.
50:22C'est inimaginable.
50:23Ça dépend qui a été giflé.
50:25Bien sûr, alors il y a ce prisme-là, évidemment.
50:27Ce qui n'est pas sain non plus.
50:28Imaginons qu'une personne, un critique littéraire,
50:32se lève simplement sur le fait que tel livre est mauvais,
50:35sans aucune espèce de connotation politique,
50:37en lui disant, votre livre, comme faisait Naguère,
50:40Jean-Henri Darnalier.
50:41Il prenait le livre, il disait, et puis il le jetait à l'arrière.
50:44Un simple geste comme cela est totalement inimaginable aujourd'hui.
50:48Alors imaginez quelqu'un qui va dans le tas,
50:51qui fait le coup de poing,
50:53qui fait le coup de force, qui aurait dû faire le coup de force.
50:55En tout cas, ça me fait très plaisir que vous parliez de Pierre Boutan.
50:58Parce que je tiens à lui rendre hommage.
51:01Il faisait partie de mon jury de thèse.
51:03Exact, oui, j'ai vu, lu ça.
51:05Oui, c'est un beau jury.
51:06Et votre directeur de thèse était ?
51:08Jacques Robichez.
51:09Avec de grands universitaires.
51:12Bon, le temps passe très, très vite.
51:14Il nous reste très, très, très peu de temps.
51:16En un mot chacun, un titre de Léon Daudet.
51:19Parmi ceux qui sont éventuellement disponibles aujourd'hui,
51:23à des jeunes gens qui voudraient découvrir Léon Daudet, un titre.
51:26Commencez par Paris Vécu, par exemple.
51:28Ou alors le livre sur le journalisme.
51:34Francis Bergeron.
51:35Moi, évidemment, ce sont ses souvenirs.
51:38Parce que la Troisième République est absolument passionnante à décortiquer.
51:43Puis il y a une certaine logique.
51:45Il y a des logiques des différents camps.
51:49Ça reste très lisible aussi.
51:52Maintenant, j'aimerais qu'on réédite
51:58quelques ouvrages de fiction politique écrits par Daudet.
52:04Je pense notamment à Ceux qui montent.
52:07Ceux qui montent, qui est un roman qu'il a publié en 1912,
52:13où il met en...
52:16Vous l'avez lu, je pense.
52:18Il met en valeur les camelots du roi.
52:22Enfin, voilà, il y a quelques romans très politiques.
52:26Ça m'amuserait de les retrouver.
52:28Qu'ils soient réédités.
52:29Rolacensio.
52:29Pas un, mais deux.
52:30Le Voyage de Shakespeare, pas besoin d'insister,
52:32parce que c'est un livre torrentiel, puissant, sombre, magnifique.
52:36Et Les Morticoles, qui est une satire d'une férocité inouïe,
52:41qui a...
52:42On dirait qu'il a été écrit, ce roman, pour nous dire les moutons
52:46que nous avons été pendant la crise sanitaire récente.
52:49Absolument, absolument.
52:51Anne Le Pape, Francis Bergeron, Rolacensio,
52:53merci beaucoup de vos interventions très chaleureuses et enthousiastes,
52:57dignes de Léon Daudet.
53:00Nous nous retrouvons, quant à nous, dans quelques semaines
53:03pour une nouvelle émission des idées en droit.
53:06Merci à tous et à très bientôt.

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