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L’UE traverse une crise diplomatique, économique, politique et semble aujourd’hui plus isolée que jamais. Au plan international, Donald Trump négocie directement avec Vladimir Poutine pour imposer la paix en Ukraine. A l’intérieur de l’UE, les partis patriotes ont déjà remporté plusieurs victoires mais les dirigeants de Bruxelles entravent le mouvement comme avec l’annulation de la présidentielle en Roumanie. Et face à la percée des souverainistes de l’AfD en Allemagne, l’ancien commissaire européen Thierry Breton avait affirmé qu’il faudra faire comme en Roumanie pour protéger les démocraties. L’UE est-elle menacée d’éclatement ? Quel est son vrai bilan ? Faut-il envisager d’en sortir et comment ? Jacques Nikonoff, économiste, professeur associé à l’Institut d’études européennes de l’université Paris-VIII et l’auteur de "Sortons de l'euro ! Restituer la souveraineté monétaire au peuple", dénonce le néolibéralisme à l'œuvre à Bruxelles et présente un plan de sortie de la France de l'UE et de l'euro pour rétablir la démocratie et redonner aux peuples d'Europe un espoir de revenir à la table des grands.
A la suite de "Politique & Eco", retrouvez la chronique financière de Philippe Béchade intitulée : "Trop de dettes, plus assez d’Or : le piège se referme".
Philippe Béchade est rédacteur en chef de La Chronique Agora et La Lettre des Affranchis aux @Publications Agora.
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00:00:00♪ Générique ♪
00:00:17Bonjour à tous. C'est ravi de vous retrouver pour Politique et éco. L'UE traverse une crise diplomatique, économique, politique
00:00:26et semblent aujourd'hui plus isolés que jamais au plan international.
00:00:30Donald Trump négocie directement avec Vladimir Poutine pour imposer la paix en Europe, à l'intérieur de l'Union Européenne.
00:00:37Les partis patriotes ont déjà remporté plusieurs victoires mais les dirigeants de Bruxelles entravent le mouvement
00:00:44comme avec l'annulation de l'élection présidentielle en Roumanie et face à la percée des souverainistes de l'AfD en Allemagne.
00:00:51L'ancien commissaire européen tiré breton avait affirmé qu'il faudra faire comme en Roumanie pour protéger les démocraties.
00:01:00L'Union Européenne est-elle menacée d'éclatement ? Quel est son bilan ? Faut-il envisager d'en sortir ?
00:01:06Et comment ? Pour répondre à ces questions, notre invité aujourd'hui, Jacques Nikonhoff. Bonjour monsieur.
00:01:11– Bonjour.
00:01:12– Jacques Nikonhoff, vous êtes devenu économiste, diplômé de l'ENA après avoir été ouvrier soudeur et syndicaliste.
00:01:19Vous êtes professeur associé à l'Institut d'études européennes de l'université Paris VIII
00:01:24et vous êtes le fondateur du parti de la démondialisation.
00:01:28Vous êtes aussi l'auteur de plusieurs ouvrages dont celui-ci,
00:01:33« Sortons de l'euro, restituez la souveraineté monétaire au peuple »,
00:01:38que vous pourrez d'ailleurs retrouver sur la boutique de TV Liberté.
00:01:41Je souligne aussi que vous avez été le président d'Attaque entre 2002 et 2006.
00:01:47Juste avant de commencer cet entretien, évidemment, vous pouvez cliquer sur le pouce en l'air,
00:01:51vous abonner à notre chaîne si ça n'est pas encore fait, commenter, partager les entretiens de TV Liberté.
00:01:57C'est bon pour notre chaîne et pour nos idées.
00:02:00Commençons avec vous, Jacques Nikonhoff.
00:02:04Déjà, est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi l'Union européenne n'est pas à la table des négociations
00:02:11pour rétablir une paix en Ukraine ?
00:02:14– C'est très simple. Pour faire la paix, il faut réunir les gens qui veulent la paix.
00:02:21L'Union européenne veut la guerre.
00:02:22Donc elle n'a aucune raison d'être présente à ce dialogue.
00:02:26Et elle veut la guerre, on le voit tous les jours.
00:02:28Parce que si l'Union européenne avait voulu la paix en Ukraine,
00:02:34elle n'aurait pas jeté de l'huile sur le feu comme elle le fait depuis le début.
00:02:38D'ailleurs, le début, ce n'est pas 2022, c'est 2014.
00:02:43– Les accords de Minsk ?
00:02:44– Tout à fait. La guerre démarre avec Maïdan, le coup d'État
00:02:48et le harcèlement contre les populations russophones et orthodoxes du Donbass.
00:02:56Et donc, il ne faut pas inverser les rôles.
00:02:59L'agresseur, ce n'est pas la Russie.
00:03:02C'est une certaine partie des dirigeants politiques et économiques ukrainiens.
00:03:09Avec le soutien actif de la CIA de l'époque
00:03:14et des puissances occidentales rassemblées dans l'OTAN et dans l'Union européenne.
00:03:18– La volonté occidentale de faire rentrer l'Ukraine dans l'OTAN,
00:03:21dans l'Union européenne, c'est ce à quoi les États-Unis s'étaient opposés dès 1991.
00:03:27En promettant aux Russes que cet État restera un État tampon.
00:03:31– C'est la promesse qui avait été faite à Gorbatchev,
00:03:33qui n'a pas été respectée.
00:03:35La Russie a droit à sa sécurité, comme l'Ukraine d'ailleurs.
00:03:39Et pour cette sécurité, l'Ukraine ne peut pas entrer dans l'OTAN,
00:03:44qui est une alliance militaire agressive directement tournée
00:03:49contre, à l'époque, l'URSS, mais aujourd'hui contre la Russie.
00:03:52D'ailleurs, avec la chute de l'URSS, l'OTAN perdait de sa substance,
00:03:57de sa raison d'être.
00:03:59Elle aurait dû être dissoute.
00:04:01Or, c'est le contraire.
00:04:02On voit aujourd'hui que l'OTAN d'ailleurs se projette,
00:04:05l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord,
00:04:08l'Atlantique Nord va jusqu'à la mer de Chine aujourd'hui.
00:04:11Donc, il y a quelque chose là qui doit cesser.
00:04:14Donc, tout à fait logique que l'Union européenne
00:04:18ne participe pas à ces discussions, ni M. Zelensky.
00:04:22Ce qu'a dit Trump récemment sur Zelensky est tout à fait justifié.
00:04:28– Un président sans mandat.
00:04:30– Sans mandat, isolé, excessif, qui ne cherche absolument pas la paix,
00:04:36mais qui lui aussi jette de l'huile sur le feu.
00:04:38Et donc, c'est normal et sain que les Russes et les Américains
00:04:46tentent de se mettre d'accord sans les gens les plus excités.
00:04:51– On a assisté ces dernières semaines à une annulation,
00:04:56excusez-moi, d'une élection présidentielle.
00:04:58C'était en Roumanie.
00:05:00Thierry Breton, à la suite de cette élection,
00:05:03a promis de faire pareil en Allemagne si l'AFD devait gagner les législatifs.
00:05:09Comment est-ce que vous comprenez cette attitude ?
00:05:12– Ce n'est pas nouveau, ça prend des formes différentes.
00:05:17Je me rappelle, quand j'étais président d'ATTAC en 2005,
00:05:20lors du référendum sur le traité constitutionnel européen,
00:05:24le NON a gagné, mais le NON a été réintroduit par la fenêtre
00:05:30avec Nicolas Sarkozy qui a proposé une modification de la constitution
00:05:37avec le traité de Lisbonne,
00:05:39traité de Lisbonne qui n'est qu'une copie du traité constitutionnel européen.
00:05:44On a effacé purement et simplement la décision référendaire du peuple.
00:05:50Et ce n'est pas étonnant que cette logique suive
00:05:55avec les déclarations de M. Breton.
00:05:57Il y en aura d'autres.
00:05:58Il faut s'attendre à tout par ces gens qui sont aujourd'hui
00:06:02dans une démarche de suppression de la démocratie.
00:06:08Parce que la démocratie aujourd'hui,
00:06:10la voix des peuples ne peut plus être acceptée par cette oligarchie.
00:06:14Parce que les peuples, quand ils s'expriment, sont contre l'oligarchie.
00:06:19Donc il faut rayer l'expression des peuples,
00:06:22sur le plan électoral en particulier.
00:06:24Donc c'est dans la logique des choses.
00:06:27– Face aux changements internationaux auxquels on peut assister,
00:06:30est-ce qu'on sait si l'Union européenne essaye de mettre en place
00:06:35une nouvelle politique pour éviter de perdre la face ?
00:06:39– Tout à fait. Cette nouvelle politique a deux aspects.
00:06:43Le premier aspect, c'est les suites du rapport Draghi.
00:06:47Le rapport Draghi, je le rappelle,
00:06:49M. Draghi est un personnage assez peu recommandable.
00:06:53Ancien président de la Banque centrale européenne,
00:06:56ancien Premier ministre italien,
00:07:02responsable pour l'Europe de Goldman Sachs,
00:07:05donc un pédigré assez lourd.
00:07:07Et alors cet individu a commis un rapport sur l'état de l'Union européenne,
00:07:14rapport qui est tout à fait alarmiste.
00:07:16On en reparlera peut-être un peu plus.
00:07:19Rapport alarmiste sur la décrépitude économique de l'Union européenne.
00:07:25– Ça décrépitude justement ces signes de l'Union européenne
00:07:29et probablement peut-être d'un éclatement qu'on peut imaginer.
00:07:32C'est quoi ces signes aujourd'hui ?
00:07:34– Ce sont des signes qui tournent autour de la productivité.
00:07:38Alors la productivité, la compétitivité.
00:07:41La compétitivité, c'est la capacité d'une entreprise
00:07:45ou d'un État ou en l'espèce l'Union européenne
00:07:50de gagner des parts de marché, soit par les prix, soit par l'innovation.
00:07:55Et ce qu'il se passe, c'est que la compétitivité,
00:07:58c'est le facteur principal de la captation du profit
00:08:03pour les détenteurs du capital, les grandes entreprises particulièrement.
00:08:07Et donc ce qui est tout à fait nouveau dans la situation actuelle,
00:08:11c'est que ce ne sont plus seulement les petites gens
00:08:15qui souffrent à cause des politiques de l'Union européenne,
00:08:18par le chômage, par la pression sur les salaires,
00:08:20par le démantèlement des services publics.
00:08:23Mais aujourd'hui, les classes dominantes,
00:08:26celles qui possèdent les entreprises, les grandes entreprises,
00:08:30elles-mêmes sont pénalisées parce que ce qu'elles font n'est pas efficace.
00:08:36Et c'est à cause de l'euro,
00:08:38c'est à cause des politiques de l'Union européenne.
00:08:40Alors il faut prendre des mesures.
00:08:42Et donc M. Draghi fait une série de propositions
00:08:46pour redresser la compétitivité,
00:08:48mais c'est de l'encre sur du papier.
00:08:51Il reste dans la logique néolibérale.
00:08:53Or, ce qui ne marche pas, c'est le néolibéralisme.
00:08:57– Est-ce que vous pouvez nous donner une définition du néolibéralisme ?
00:09:00Parce qu'à la fin on sait ce que c'est.
00:09:02– C'est très simple, le néolibéralisme c'est l'ensemble des politiques
00:09:05menées pour empêcher la démocratie.
00:09:07Voilà, ça sert à ça le néolibéralisme.
00:09:09M. Breton fait du néolibéralisme quand il veut annuler les élections.
00:09:15Alors pourquoi empêcher la démocratie ?
00:09:17Parce que lorsqu'il y a démocratie,
00:09:20conçue comme l'expression de la voix du peuple,
00:09:24les peuples se démarquent des politiques menées dans l'Union européenne.
00:09:30On appelle ça le populisme,
00:09:32mais c'est l'expression du peuple qui conteste
00:09:37l'ensemble des politiques menées ces dernières années
00:09:40au sein de l'Union européenne.
00:09:41Et on le voit dans tous les pays membres de l'Union européenne,
00:09:43et même au-delà, on le voit aux États-Unis et dans d'autres pays.
00:09:46Donc la première démarche de l'Union européenne,
00:09:50c'est de faire des propositions pour redresser la compétitivité,
00:09:56c'est-à-dire rendre l'activité productive plus exportatrice,
00:10:02plus capable de gagner des marchés.
00:10:05Mais ça ne marchera pas,
00:10:07parce qu'ils utilisent les mêmes vieilles recettes qui ont échoué.
00:10:10Et le deuxième aspect,
00:10:13c'est précisément la suppression de la démocratie par tous les moyens.
00:10:17Et ils appellent ça le sceau fédéral européen.
00:10:20Le sceau fédéral européen,
00:10:22c'est la volonté de rajouter une couche supplémentaire
00:10:27de contrôle des États-nations.
00:10:30Il y en a déjà énormément.
00:10:32Les États-nations ont été privées des principaux instruments
00:10:36des politiques économiques et monétaires.
00:10:39Eh bien, ils veulent ajouter une nouvelle couche
00:10:42pour que les États-nations soient ligotées encore plus
00:10:46et que toutes les décisions soient prises à l'échelon fédéral.
00:10:49C'est ce qui s'est passé fin 2023
00:10:51avec ce vote au Parlement d'une révision du traité de l'Union européenne.
00:10:57Tout à fait, absolument.
00:10:58Il y a cette tendance, ça n'est pas encore défini,
00:11:03mais c'est dans la machinerie.
00:11:06La machinerie buxelloise est en train de malaxer cette question.
00:11:09Transformer l'Europe en un État.
00:11:13C'est ça, un État.
00:11:14Ce qui suppose la disparition des nations.
00:11:16Ah ben tout à fait, la disparition.
00:11:18Les nations peuvent rester avec un panneau France, Italie, Allemagne, Espagne,
00:11:23et tout ce qu'on veut.
00:11:24Mais derrière le panneau, il n'y a plus rien.
00:11:27Tout a été capté par le système de Bruxelles.
00:11:31On pourrait peut-être d'ailleurs se réjouir
00:11:33que les nations disparaissent au profit d'une super machine
00:11:38qui fonctionnerait très bien.
00:11:40Et comment vous les convaincriez,
00:11:41ceux-là qui pensent que tout donner à l'Union européenne, c'est mieux ?
00:11:46Oui, alors un certain nombre de gens pensent que cette situation serait préférable.
00:11:51Mais comment exprimer la volonté d'un peuple européen qui n'existe pas ?
00:11:57Ce sont les peuples à l'échelle des nations qui ont la légitimité.
00:12:02Et l'histoire le démontre, et même l'histoire récente.
00:12:06Comment s'est passée la fin de l'URSS ?
00:12:09Ceux qui ont réclamé les républiques qui faisaient partie de l'URSS,
00:12:14c'est la liberté, c'est l'indépendance, c'est la souveraineté.
00:12:17Le sens de l'histoire,
00:12:19ce n'est pas la négation des nations et de leur souveraineté,
00:12:22c'est le contraire.
00:12:23C'est-à-dire l'espace dans lequel, par l'histoire, par la langue,
00:12:29par la culture, les peuples s'expriment et décident de leur avenir.
00:12:35On ne peut pas décider d'un avenir européen
00:12:39avec un peuple de manière démocratique parce qu'il n'y a pas de peuple européen.
00:12:42Alors ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas coopérer,
00:12:45mais il faut changer radicalement les relations entre les pays européens.
00:12:50Il faut supprimer, faire disparaître l'Union Européenne,
00:12:54le système de l'Union Européenne qui ne sert qu'à limiter la souveraineté des nations
00:12:58et des peuples, par conséquent,
00:13:00pour établir des relations multilatérales,
00:13:05mais rassemblant sur des sujets concrets
00:13:09avec ceux qui sont d'accord le font,
00:13:11ceux qui ne sont pas d'accord ne le font pas.
00:13:13Et voilà.
00:13:15– Face aux échecs de l'Union Européenne,
00:13:17vous préconisez carrément d'en sortir.
00:13:19Certains pensent que la technocratie bruxelloise
00:13:23est vouée à tomber d'elle-même.
00:13:26Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:13:28– On entend souvent ça, même du temps de la monarchie,
00:13:31ou toute une série de systèmes politiques.
00:13:36On trouve toujours des gens qui disent, bon, ils vont tomber d'eux-mêmes.
00:13:39J'en sais rien.
00:13:40Personne ne peut dire si ça va s'écrouler,
00:13:43si le système de l'Union Européenne va s'écrouler de lui-même.
00:13:46Mais il ne faudrait pas que ceux qui croient ça restent larmes aux pieds
00:13:50et attendent comme des bénets, des bonnets,
00:13:54que ça tombe tout seul comme un fruit pourri.
00:13:56Non, il faut accélérer le mouvement, il faut pousser pour que ça tombe.
00:14:01– Il faut s'en prendre au mur de Berlin, au mur de Bruxelles, c'est ça ?
00:14:04– Oui, voilà, c'est une comparaison qu'on peut utiliser.
00:14:08Il faut agir pour que le système accélère sa chute.
00:14:14– Vous ne séparez pas sortie de l'Union Européenne et sortie de l'euro.
00:14:20Pourquoi l'un n'irait pas sans l'autre ?
00:14:23– C'est un peu évident parce que, prenons, il y a deux hypothèses.
00:14:28La première hypothèse, c'est qu'on sort de l'euro
00:14:31mais on reste dans l'Union Européenne, la France.
00:14:34La France sort de l'euro mais reste dans l'Union Européenne.
00:14:36C'est très bien que la France sorte de l'euro,
00:14:39elle pourra supprimer sa dette,
00:14:42prendre des initiatives économiques et sociales ambitieuses,
00:14:45on y reviendra je pense,
00:14:47mais il restera l'appartenance à l'Union Européenne.
00:14:51Or, l'Union Européenne est fondée sur,
00:14:56notamment, ce qu'on appelle les compétences exclusives.
00:14:59Les compétences exclusives signifient que seule l'Union,
00:15:04le système, a le pouvoir dans ces domaines.
00:15:09Alors quels sont ces domaines ?
00:15:09– La monnaie, le budget, les frontières.
00:15:11– Les frontières, l'union douanière,
00:15:14le commerce intérieur et international,
00:15:17la signature des traités commerciaux.
00:15:21Donc, si on reste dans l'euro,
00:15:23mais que nous sommes limités par tous ces éléments,
00:15:27ça ne pourra pas marcher,
00:15:30parce que nous serons toujours sous l'emprise
00:15:33des politiques néolibérales.
00:15:35– Et des juges de l'Union Européenne, de la Cour Suprême.
00:15:38– Tout à fait, de la Cour Européenne de Justice.
00:15:41Et donc, si vous voulez, ça ne pourra pas marcher,
00:15:45parce que, en plus sur le plan monétaire,
00:15:47tout en étant sorti de l'euro,
00:15:50eh bien, la politique qui sera menée
00:15:54empêchera la France d'être indépendante, souveraine
00:15:58et de mener la politique qu'elle veut.
00:16:00Dans le cas inverse, si on reste dans l'Union Européenne,
00:16:03mais qu'on sorte de l'euro,
00:16:09non, l'inverse, disons, puisque j'ai déjà pris cet exemple,
00:16:13c'est exactement la même chose,
00:16:14parce que nous aurons les mêmes contraintes
00:16:17avec les compétences exclusives d'un côté
00:16:20et les empêchements d'utiliser la monnaie
00:16:23pour notre propre développement.
00:16:25– Alors, vous prenez une sortie immédiate
00:16:29et unilatérale de l'Union Européenne et de l'euro,
00:16:33mais certains vous diront que non,
00:16:36c'est préférable d'activer l'article 50 du traité sur l'Union Européenne
00:16:41ou d'attendre que d'autres États nous rejoignent
00:16:44pour faire une sortie groupée.
00:16:46Qu'est-ce que vous leur répondez ?
00:16:47– Alors, sur la sortie groupée, évidemment, ce serait bien.
00:16:52Le problème, c'est que ce n'est pas réaliste
00:16:53puisque aucun pays ne veut sortir de l'Union Européenne.
00:16:56– Pour le moment.
00:16:57– Pour le moment, mais il faudra bien qu'à un moment ou à un autre,
00:17:02un pays décide, une majorité politique dans un pays apparaisse
00:17:06qui décide de sortir de l'Union Européenne.
00:17:09Alors, soit on respecte la volonté du peuple en sortant,
00:17:13soit on fait comme les autres,
00:17:15c'est-à-dire qu'on ne respecte pas la démocratie en disant aux gens
00:17:19écoutez, attendez, attendez, on ne peut pas sortir seul,
00:17:24il faut qu'on sorte avec d'autres.
00:17:25Donc, on va attendre que d'autres aient envie de sortir.
00:17:29Mais d'autres, combien ? Deux, trois, quatre ?
00:17:32Enfin, c'est absurde.
00:17:33– Et attendre combien de temps ?
00:17:34– Et combien de temps ? Ça n'a aucun sens.
00:17:36Donc, il ne faut pas attendre que d'autres sortent,
00:17:41il faut se préparer à sortir de manière unilatérale.
00:17:44Et quant à l'article 50 du traité de Lisbonne,
00:17:49il sert à embourber le débat dans des procédures juridiques impénétrables.
00:17:56– C'est ce qu'a fait la Grande-Bretagne avec son Brexit.
00:17:58– Voilà, ils ont perdu du temps pour rien,
00:18:00parce que si on décide de sortir, il n'y a rien à négocier.
00:18:05Donc, il n'y a pas à utiliser l'article 50.
00:18:08– Vous ne dites pas de négociation, il n'y aura que des ajustements.
00:18:11– Bien sûr, il faut que des groupes techniques se voient.
00:18:14Par exemple, comment débrancher la France
00:18:17ou les autres pays qui veulent sortir de l'euro, de l'Union européenne,
00:18:21et l'euro, comment les débrancher des compétences exclusives de l'Union européenne.
00:18:25Par exemple, en matière de commerce international,
00:18:28eh bien, ce n'est plus la commission qui ratifie les traités commerciaux,
00:18:36mais maintenant, c'est la France.
00:18:38Donc, il faut régler des problèmes techniques, mais uniquement techniques.
00:18:42Sur le plan politique, il n'y a strictement rien à négocier.
00:18:45Il n'y a pas besoin d'utiliser l'article 50, c'est extrêmement contre-productif.
00:18:51– On voit un contexte international extrêmement mouvant.
00:18:55En ce moment, les choses vont de plus en plus vite.
00:18:57En quoi la montée en puissance des BRICS pourrait être un argument
00:19:02en faveur d'une sortie de la France de l'Union européenne et de l'euro ?
00:19:06– La montée en puissance des BRICS est un peu, en quelque sorte,
00:19:12proportionnelle à la décomposition du système de l'Union européenne.
00:19:16Ça va de pair, en quelque sorte.
00:19:18Je ne fais pas de relation de causalité entre l'une et l'autre,
00:19:22mais on est frappé de ce contraste, d'un côté, des nations très diverses,
00:19:28avec beaucoup de contradictions,
00:19:29mais qui néanmoins arrivent à se mettre d'accord sur un certain nombre de principes,
00:19:35et d'un autre côté, le système de l'Union européenne qui périclite,
00:19:40qui disparaît de la scène diplomatique, qui apparaît comme un nain politique,
00:19:45qui a la plus médiocre économie du monde, particulièrement dans la zone euro.
00:19:51C'est ce qu'il y a de pire.
00:19:52– Oui, c'est l'espace économique au monde qui a la plus petite croissance.
00:19:55– Tout à fait, tout à fait, c'est paradoxal,
00:19:58alors qu'on nous avait expliqué exactement l'inverse.
00:20:00– Que ce serait la croissance, le plein emploi, c'était à Maastricht.
00:20:03– Voilà, le bouclier anti-crise, etc.
00:20:06Donc, en fait, tout ça, ça ne marche pas,
00:20:09et donc c'est favorable, l'affaiblissement de l'Union européenne
00:20:14est favorable à la sortie de l'euro et de l'Union européenne.
00:20:18D'autant que, si les membres de l'Union européenne
00:20:24voulaient sanctionner le pays qui sort,
00:20:27ils ont voulu le faire avec les Britanniques, mais ça n'a pas marché,
00:20:31eh bien, avec les BRICS, d'ailleurs,
00:20:34la France aurait tout intérêt à se rapprocher des BRICS.
00:20:38C'est l'évidence, l'avenir, il est là, il n'est pas dans le vieux monde.
00:20:42Alors, Trump, on verra ce qu'il va faire, on en parlera peut-être un peu,
00:20:47mais il y a une opportunité pour la France de se rapprocher des BRICS,
00:20:54et ça faciliterait la sortie de l'euro et de l'Union européenne,
00:20:59parce que, sur le plan monétaire, on pourrait se connecter avec eux
00:21:04pour sortir de l'euro de manière efficace,
00:21:08et sur le plan commercial, on pourrait nouer de nouveaux accords
00:21:12sur des bases différentes, on en parlera peut-être un petit peu plus tout à l'heure.
00:21:16– Peut-être en forme de sous-question, comment vous voyez le retour de Donald Trump
00:21:21face à l'Union européenne et face aux BRICS ?
00:21:26– Pour l'instant, c'est difficile à dire.
00:21:29– Il y a des annonces ?
00:21:30– Oui, mais les annonces, ce sont des paroles verbales, il faut attendre les actes.
00:21:35Les actes, ils sont arrivés par le coup de fil entre Trump et Poutine,
00:21:44et la discussion entre Rubio et Lavrov.
00:21:50Comment vont se passer les choses après ? On n'en sait rien, on va voir.
00:21:55– On a souvent entendu sur le plateau de TVL, spécialement de Politique et Éco,
00:22:02certaines personnes nous assuraient qu'il faudrait mieux réformer
00:22:06l'Union européenne de l'intérieur par ce qu'ils appellent un Brexit,
00:22:10à savoir l'épuration, le changement de la bureaucratie de Bruxelles
00:22:16pour imposer l'Europe des peuples, cette réforme de l'intérieur.
00:22:20Vous en pensez quoi ?
00:22:22– Le plus grand mal, parce que ça n'est pas…
00:22:25– Est-elle possible déjà ?
00:22:27– Non, ça n'est pas possible pour une raison simple,
00:22:30c'est que l'Union européenne fonctionne selon les traités européens.
00:22:36Et pour modifier les traités, il faut l'unanimité des membres de l'Union européenne.
00:22:44Alors on peut trouver, l'expérience l'a montré d'ailleurs,
00:22:47on peut trouver l'unanimité sur des questions de détail
00:22:50ou sur l'aggravation des politiques néolibérales,
00:22:54alors là ils sont tous d'accord, il n'y a pas de problème.
00:22:57Mais si c'est pour modifier les traités afin de sortir du néolibéralisme,
00:23:04il n'y aura pas de possibilité d'accord,
00:23:08parce que dans chaque pays, les gouvernements
00:23:11sont des gouvernements qui sont imprégnés de néolibéralisme.
00:23:17Donc pourquoi mènerait-il une politique néolibérale dans leur pays
00:23:21et que subitement ils accepteraient que l'Union européenne
00:23:26se déconnecte des politiques néolibérales ?
00:23:29Ça n'a aucune réalité politique.
00:23:31Donc c'est de la perte de temps que de gloser
00:23:35sur une modification de l'intérieur,
00:23:38il ne peut pas y avoir de modification de l'intérieur.
00:23:41L'essence, c'est l'essence même de l'Union européenne
00:23:45qu'il faut attaquer par la disparition pure et simple de l'Union européenne.
00:23:51Ça ne veut pas dire encore une fois
00:23:53qu'il ne faut pas d'union entre les pays européens,
00:23:56mais pas ce système, ce système dont l'essence
00:24:00est de priver les peuples de liberté et de souveraineté.
00:24:03C'est ça.
00:24:03– Ce courant néolibéral à l'opposé,
00:24:07vous le nommeriez comment ce système ?
00:24:10Ce qui s'oppose au néolibéralisme,
00:24:13ce vers quoi vous voudriez que la France aille ?
00:24:17Les libéralismes ? Les démocraties libérales ?
00:24:21– Des démocraties, tout simplement.
00:24:23Revenir à la démocratie, c'est-à-dire le peuple,
00:24:30la majorité du peuple qui dirige et qui mène
00:24:34une politique favorable aux intérêts du peuple.
00:24:36C'est ça la démocratie, pour moi.
00:24:38– Le pouvoir du peuple, pour le peuple,
00:24:41c'est populiste en fait la démocratie.
00:24:43– Ceux qui considèrent que c'est populiste, pas de problème,
00:24:46on met les noms qu'on veut.
00:24:47Ce qui compte c'est le contenu, et le contenu c'est celui-là.
00:24:51– Alors si les Français décidaient de sortir de l'Union européenne et de l'euro,
00:24:56il faudra bien une assemblée constituée d'élus favorables à cette idée,
00:25:00qu'est-ce qui pourrait déclencher leur vote allant dans ce sens ?
00:25:07Quel facteur pourrait déclencher un tel vote ?
00:25:11– Alors évidemment c'est très difficile de faire des prévisions comme cela,
00:25:17mais néanmoins moi je vois trois hypothèses.
00:25:20La première hypothèse, c'est un vaste mouvement populaire
00:25:24porté par l'exigence d'un référendum sur la poursuite
00:25:29de la participation de la France au système de l'Union européenne.
00:25:33C'est un peu ce à quoi nous avons assisté en 2005,
00:25:37au départ il n'était pas prévu de faire un référendum
00:25:40pour adopter la constitution européenne.
00:25:43Mais il y a eu une mobilisation populaire,
00:25:46et Chirac finalement, sous cette pression,
00:25:49mais aussi pour des raisons plus politiciennes,
00:25:52a déclenché le référendum.
00:25:54Donc on ne peut pas écarter la possibilité qu'un vaste mouvement populaire,
00:25:59on l'a vu dans d'autres pays,
00:26:01des mouvements populaires déclenchent des effets politiques,
00:26:04notamment par des référendums.
00:26:06Donc il faut travailler à cette perspective.
00:26:09Puis il y a une deuxième hypothèse,
00:26:11c'est l'élection d'une majorité à l'Assemblée nationale
00:26:17favorable à la sortie de la France de l'Union européenne et de l'euro.
00:26:23Dans ce cas-là,
00:26:24cette Assemblée nationale peut faire pression sur le Président,
00:26:29qu'il ait ou non la même orientation politique,
00:26:32pour le contraindre à organiser un référendum.
00:26:35– Vous expliquez dans vos travaux, Jacques Niconeuf,
00:26:39qu'au final, le centre du pouvoir n'est plus à l'Élysée mais au Palais-Bourbon.
00:26:43– Tout à fait, tout à fait.
00:26:45Donc ça veut dire que les élections législatives
00:26:49prennent une nouvelle dimension,
00:26:52celle-ci, la possibilité de contribuer à la sortie de la France de l'Union européenne.
00:26:58Et puis il y a une troisième hypothèse,
00:27:01c'est un Président de la République élu sur cette base,
00:27:04explicitement pour sortir, pour activer l'article 11,
00:27:09cette fois-ci de la Constitution,
00:27:10pour sortir la France de l'Union européenne et de l'euro.
00:27:14Je mets juste un petit bémol à cela,
00:27:17c'est que pour développer cette stratégie, ces trois hypothèses,
00:27:22qu'il faut d'ailleurs faire avancer de front,
00:27:24parce qu'on ne sait pas ce qui va avancer le plus vite,
00:27:27eh bien, on ne peut pas compter ni sur la gauche ni sur la droite,
00:27:31parce qu'ils ne sont pas du tout sur cette ligne-là.
00:27:35Il faut que d'autres forces politiques apparaissent
00:27:40et s'emparent de ces questions,
00:27:42et se présentent aux élections sur des bases claires
00:27:45de sortie de l'euro et de l'Union européenne.
00:27:47Ce n'est pas encore le cas,
00:27:49il y a encore beaucoup de travail pour y parvenir.
00:27:52– Alors, certaines personnes sont critiques à l'égard du mouvement souverainiste
00:27:56en disant que si on sortait de l'Union européenne et de l'euro,
00:28:00tous nos problèmes ne seraient pas réglés.
00:28:03Pourquoi une sortie de la France de l'UE et de l'euro ne suffirait-elle pas ?
00:28:08– La sortie de l'Union européenne et de l'euro n'est pas un but en soi,
00:28:13ça pourrait l'être, mais malheureusement, ça n'est pas le cas.
00:28:17D'ailleurs, on voit bien avec l'expérience du Brexit,
00:28:20qui n'a pas fonctionné, c'est un échec le Brexit.
00:28:23Et pourquoi c'est un échec ?
00:28:25Parce que les Britanniques, certes, sont sortis de l'Union européenne,
00:28:30mais ils ne sont pas sortis du néolibéralisme.
00:28:33Ils ont continué, sur le plan national,
00:28:37à utiliser leur souveraineté à faire du néolibéralisme.
00:28:40– Donc les populations moyennes et populaires ne profitent pas de ce retrait ?
00:28:45– Non, exactement, c'est ce qui s'est passé en Grande-Bretagne.
00:28:48– Mais par exemple, l'économie que le pays a fait sur le budget
00:28:52qu'il envoyait à Bruxelles pour le fonctionnement de l'Union européenne,
00:28:56peut-être ont-ils bénéficié ?
00:28:58Je crois que c'était Johnson qui avait dit
00:29:00nous ferons des grands investissements dans le nord de l'Angleterre
00:29:02ou en direction de l'hôpital.
00:29:05– Eh bien non, ça ne s'est pas produit comme ça.
00:29:07Donc ce qu'il faut, c'est bien comprendre que l'Union,
00:29:12la sortie de l'euro de l'Union européenne est un moyen nécessaire,
00:29:17mais qui n'est pas suffisant.
00:29:19Il faut en même temps sortir du néolibéralisme.
00:29:23C'est-à-dire, on y reviendra certainement,
00:29:26pour scier les 4 piliers sur lesquels repose la mondialisation néolibérale.
00:29:32C'est ça l'essentiel.
00:29:33Et c'est ça qui est intéressant dans la sortie de l'euro de l'Union européenne,
00:29:37c'est qu'en sortant, nous pouvons récupérer les instruments de souveraineté
00:29:43qui vont permettre de répondre aux besoins du peuple.
00:29:46– Des instruments qui soient politiques ou économiques.
00:29:49– Tout à fait, juridiques, politiques, économiques.
00:29:51– Alors justement, sur le juridique,
00:29:52on voit que le droit français est aujourd'hui imprégné
00:29:55des réglementations européennes.
00:29:57Comment faire le tri ?
00:30:00Comment retrouver un droit français ?
00:30:02– Oui, tout à fait, c'est une question essentielle.
00:30:06Il faut traiter le sujet en flux et en stock.
00:30:10Les flux, c'est les actes législatifs, normatifs,
00:30:17émis en permanence, à jet continu, par le système de l'Union européenne.
00:30:22Exemple, les directives.
00:30:24Eh bien, il n'y a plus de flux,
00:30:27c'est-à-dire que la sortie de l'euro de l'Union européenne
00:30:30tarie totalement les flux.
00:30:31Il n'y a plus de transposition des directives européennes
00:30:35dans le droit français, du jour au lendemain, terminé.
00:30:39Après, il y a le stock, c'est-à-dire l'empilement dans le droit
00:30:43de toutes les transpositions passées des directives européennes.
00:30:48Eh bien là, il faut mettre en place, ce n'est pas compliqué,
00:30:49enfin, non, ce n'est pas compliqué, ça va prendre un peu de temps,
00:30:53mais il faut mettre en place une commission parlementaire
00:30:56dont l'objet sera de faire l'inventaire, au cas par cas,
00:31:00de toutes les directives qui ont été transposées dans le droit français.
00:31:04D'ailleurs, désormais, ça ne se fait même plus par débat parlementaire.
00:31:09Ça se fait automatiquement, directement de Bruxelles à Paris.
00:31:14Et donc, cette commission parlementaire fera des choix,
00:31:17en commençant par celles qui sont les plus pénalisantes,
00:31:20notamment sur la destruction du système hospitalier,
00:31:26du système éducatif, du système des retraites, de la sécurité sociale,
00:31:30toutes les questions qui touchent la vie quotidienne des populations.
00:31:35– Comment fait-on, une fois qu'on serait sorti de ces deux entités,
00:31:40Union Européenne, Euro, pour relancer, financer une dynamique sociale,
00:31:45malgré la dette, et surtout, quand les marchés vont s'en prendre,
00:31:50vont attaquer la France ?
00:31:52– Oui, alors, en effet, en effet…
00:31:55– Là, c'est du lourd.
00:31:57– C'est du très lourd, c'est du très lourd.
00:31:58Nous sommes accablés, nuit et jour, quasiment,
00:32:04par les pleurnicheurs qui viennent nous faire peur avec la dette de la France.
00:32:09C'est une pression énorme qui s'exerce sur la population
00:32:15pour faire peur et pour justifier les politiques d'aussérité
00:32:20et de faire passer à nouveau, depuis Mitterrand, en 82-83,
00:32:25les plans d'aussérité.
00:32:26Alors, il y avait un petit peu Raymond Barravent qui avait fait la même chose,
00:32:29mais Mitterrand est celui qui a introduit le néolibéralisme en France.
00:32:33Alors, comment on va faire pour la dette ?
00:32:37Eh bien, la dette, elle existe parce que les oligarques français
00:32:45ont supprimé les possibilités que la Banque de France
00:32:51avait de prêter à l'État, traditionnellement.
00:32:55Et c'est d'ailleurs cette possibilité perdue dans des pays comme les États-Unis,
00:33:01la Grande-Bretagne, la Russie, l'Inde…
00:33:04– En fait, tous les pays du monde fonctionnent comme ça,
00:33:06sauf l'Union Européenne.
00:33:07– Voilà.
00:33:08Donc, les banques centrales des nations, des pays, des États…
00:33:13– Prêtent à zéro à leur État.
00:33:15– Prêtent non seulement à zéro ou à taux faible,
00:33:19mais parfois sans remboursement.
00:33:21C'est-à-dire, ce sont des avances non remboursables
00:33:24qui sont discutées au Parlement.
00:33:25Si on regarde, par exemple, comment la guerre était financée,
00:33:29la guerre de 14-18, par exemple,
00:33:31eh bien, l'État demandait à la Banque de France des avances non remboursables
00:33:39et il y avait un plafond qui était voté par le Parlement.
00:33:42C'était fait en toute transparence.
00:33:44Le Parlement disait, on ne va pas demander plus de 15% à la Banque de France
00:33:50par rapport au budget de l'État, etc.
00:33:51Bon, bref, ce que je veux dire par là,
00:33:54c'est que la sortie de l'euro va permettre cette chose extraordinaire
00:34:00qui est de réutiliser la Banque de France,
00:34:03de supprimer le financement de l'État par les marchés financiers.
00:34:06On ne peut pas accepter d'être sous la domination des marchés financiers.
00:34:12– Mais vous parlez dans vos travaux, Jacques Nikonoff,
00:34:13aussi de faire défaut sur la dette ou en tout cas sur une partie de la dette.
00:34:19Alors, les épargnants vont se dire,
00:34:21mais moi, tout ce que j'ai mis de côté, ça va s'envoler.
00:34:24– Oui, ils peuvent se dire ça, mais ils auraient tort
00:34:26parce qu'il suffit de décider qu'ils ne seront pas impactés.
00:34:30C'est aussi simple que cela.
00:34:32Le défaut signifie que la France ne rembourse plus ses créanciers
00:34:38et qu'elle va choisir,
00:34:41elle commence par affirmer cette décision politique
00:34:46d'une dimension tout à fait exceptionnelle.
00:34:49Mais dans le même temps…
00:34:50– Elle inverse la charge.
00:34:51– Dans le même temps, absolument,
00:34:53elle va expliquer comment ça va se faire.
00:34:57Et dans cette annulation de la dette,
00:35:00les gens qui ont de l'épargne, soit dans l'assurance-vie,
00:35:06soit dans les livrets variés, vont commencer à trembler.
00:35:11Non, ils n'ont pas de raison de trembler
00:35:13parce qu'ils ne sont pas impactés par cela.
00:35:17Ça ne les concerne pas, la dette.
00:35:20La dette, ça concerne ceux qui détiennent directement des titres.
00:35:23– Des obligations.
00:35:25– Ils peuvent être concernés à un second degré
00:35:28parce que les titres, s'ils ont investi dans des OPCVM,
00:35:34les SICAV, des choses comme ça,
00:35:36en effet, il y a des obligations de l'État.
00:35:42Eh bien, là, l'État doit décider de rembourser.
00:35:47Il doit ne pas annuler et faire en sorte que…
00:35:50Il n'y a pas de raison de pénaliser ces gens-là.
00:35:53Et on les rembourse en francs, bien entendu.
00:35:55Francs qui ne seront pas convertibles,
00:35:58c'est-à-dire qui ne pourront pas subir des spéculations,
00:36:03qui ne pourront pas fuir à l'étranger
00:36:05parce que s'il n'est pas convertible,
00:36:07on ne peut pas l'utiliser autrement qu'en France.
00:36:10Donc, si vous voulez, c'est une autre logique.
00:36:13Et nous, là, dans ce schéma, ce sont les banques qui spéculent,
00:36:21ce sont les grands détenteurs de fortune qui seront pénalisés
00:36:26ou qui seront remboursés, il y aura des discussions,
00:36:31avec la procédure habituelle des défauts,
00:36:36c'est-à-dire qu'on allonge la durée des remboursements
00:36:38jusqu'à 20, 30, 50 ans,
00:36:40puisqu'aujourd'hui, il y a des titres même jusqu'à 100 ans,
00:36:43de certaines émissions, donc on allonge les délais d'emboursement,
00:36:47on diminue les taux d'emboursement.
00:36:49Bon, il y a différentes techniques.
00:36:51– Et pour financer tout ça, vous parlez d'emprunt national
00:36:55et de nationalisation des banques.
00:36:57– Absolument, absolument, les banques doivent être…
00:37:00Les banques ont un rôle économique fondamental
00:37:05qui est celui de financer l'économie.
00:37:08On ne peut pas confier au marché le financement de l'économie.
00:37:11Le marché a une vue trop court-termiste pour faire cela,
00:37:16ce n'est pas son boulot.
00:37:17Il faut que ce soit…
00:37:19– Oui, elle veut du profit immédiat.
00:37:21– Tout à fait, mais ça n'est pas compatible avec l'industrie
00:37:24dont le retour sur investissement est beaucoup plus long
00:37:28que dans les autres domaines,
00:37:29parce que les investissements sont massifs.
00:37:31Alors, donc, c'est tout à fait logique d'aller dans cette direction,
00:37:38et j'ajoute un argument,
00:37:42on retrouvera ça dans le détail dans mon livre Sortons de l'euro.
00:37:46Vous savez qu'aujourd'hui, pour le financement de l'État,
00:37:51il y a ce qu'on appelle les SVT, les spécialistes en valeur du trésor.
00:37:56Il y a 15 banques françaises et internationales
00:38:00qui sont agréées par le ministère des Finances
00:38:03et qui sont les seules autorisées à acheter les émissions obligataires de l'État.
00:38:09C'est tous les jeudis.
00:38:10Tous les jeudis, l'État emprunte de l'argent par le biais de l'agence France Trésor.
00:38:16Et donc, ces spécialistes en valeur du trésor sont obligés d'acheter.
00:38:22Ils sont obligés.
00:38:22– À ces banques, à cette liste de banques.
00:38:24– Cette liste de banques,
00:38:26et ces banques faisant partie des spécialistes en valeur du trésor
00:38:31sont obligées d'acheter les émissions hebdomadaires de l'État.
00:38:36Ils doivent acheter au moins 2% de chaque émission.
00:38:40Vous faites le calcul, 2% multiplié par 15 banques, ça fait 30%.
00:38:45Autrement dit, la dette de l'État est déjà achetée à 30% obligatoirement
00:38:52par ces entreprises, par ces banques.
00:38:54Eh bien, ce que moi je propose,
00:38:57c'est qu'on augmente le nombre de spécialistes en valeur du trésor
00:39:02et que toutes les banques et toutes les compagnies d'assurance vie
00:39:06soient obligées d'acheter une fraction de chaque émission.
00:39:12Et que ces titres qui rentrent dans le bilan de ces banques
00:39:17et de ces compagnies d'assurance ne soient pas liquides.
00:39:21C'est-à-dire qu'elles ne peuvent pas les revendre, pour spéculer,
00:39:27qu'elles les gardent comme garantie, comme provision
00:39:31et qu'elles peuvent les vendre sur autorisation de l'État
00:39:36pour des opérations économiques intéressantes.
00:39:38Voilà, donc c'est pas compliqué.
00:39:39Tout ça a déjà existé dans le passé.
00:39:42Il faut utiliser ce qui marche.
00:39:44Eux, leur système ne marche pas.
00:39:46Ce que je vous dis, ça a marché dans le passé
00:39:49mais ça ne participait pas à la collecte du profit.
00:39:53C'est pour ça que ça a été cassé.
00:39:55– Dans le cas d'une sortie de la France de l'euro,
00:39:59vous préconisez le retour au franc et une dévaluation du franc.
00:40:05Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent
00:40:08que ça ferait exploser la dette publique ?
00:40:10– Ah ben non, la dette ça n'a aucun rapport parce que la dette publique…
00:40:12– C'est ce qu'ils disent.
00:40:13– Oui mais ils peuvent dire n'importe quoi.
00:40:14– Ah oui mais enfin c'est ce qu'on entend.
00:40:15– Ils disent n'importe quoi.
00:40:17Ils disent n'importe quoi parce qu'ils n'ont pas vu
00:40:21qu'il n'y avait plus de dette publique puisqu'on a fait défaut.
00:40:24Il n'y a plus de dette publique.
00:40:25Donc la question ne se pose même pas.
00:40:29La dévaluation du franc, elle va permettre de rétablir la parité.
00:40:35Pourquoi l'industrie française va si mal en ce moment ?
00:40:40Parce que quand il y a eu la création de l'euro,
00:40:46la position du franc a été sous-estimée, sous-évaluée.
00:40:51Et donc, dans le commerce international,
00:40:55les entreprises françaises ne sont pas compétitives parce que…
00:41:01– L'euro est surévalué pour la France.
00:41:02– Surévalué pour la France et sous-évalué pour l'Allemagne.
00:41:07Et donc, quelle est la variable d'ajustement
00:41:11sur laquelle jouent les entreprises ?
00:41:12Ben l'emploi et les salaires.
00:41:14C'est comme ça que les entreprises essayent d'être compétitives
00:41:19en reniant les dépenses sociales.
00:41:24Alors, en dévaluant, nous permettons d'ouvrir les salaires,
00:41:29de permettre une augmentation des salaires.
00:41:32Et c'est ça qui est intéressant.
00:41:35Je pense que les entreprises y trouveront de nombreux avantages.
00:41:40– La mondialisation, Jacques Niconeuf,
00:41:42vous la définissez selon quatre facteurs
00:41:45auxquels il faudra s'attaquer
00:41:47si l'on souhaite réellement la démondialisation.
00:41:50Est-ce que vous pouvez nous les développer ?
00:41:52– C'est la mondialisation néolibérale,
00:41:55c'est-à-dire le système qui a été mis en place progressivement,
00:41:59mais à la suite de décisions politiques de ce qu'on appelle la trilatérale,
00:42:05c'est-à-dire les classes dominantes des États-Unis,
00:42:08d'Amérique du Nord, du Japon et de l'Union européenne.
00:42:14Et donc, ces gens-là ont décidé de mettre en place,
00:42:18de reprendre la main, si vous voulez,
00:42:21dans une situation internationale qui leur échappait.
00:42:23Un petit peu comme aujourd'hui…
00:42:24– C'était les années 70, la trilatérale.
00:42:26– C'est ça.
00:42:27– On parle aujourd'hui plutôt du forum de Davos, encore que…
00:42:29– Oui, ça a été remplacé, encore que ça existe toujours, la trilatérale,
00:42:32mais le forum de Davos a été mis en exergue beaucoup plus fortement.
00:42:39Alors, cette mondialisation néolibérale repose sur quatre piliers.
00:42:43Le premier pilier, c'est le commerce international,
00:42:46c'est-à-dire une libéralisation complète du commerce international.
00:42:50– Le libre-échange.
00:42:50– Le libre-échange, on voit ce que ça donne, ça ne marche plus.
00:42:53L'OMC ne fonctionne pas.
00:42:55Et donc, moi, j'ai beaucoup travaillé sur la question
00:42:58et j'ai ressorti des vieux cartons l'OIC,
00:43:03l'Organisation internationale du commerce.
00:43:06Parce que, quand il y a eu les accords de Bretton Woods en 1944,
00:43:14où le FMI et la Banque mondiale ont été créés,
00:43:19il devait être créé également une institution pour le commerce international.
00:43:24C'était l'OIC.
00:43:25Il y a eu des négociations qui se sont tenues à La Havane jusqu'en 1948,
00:43:30avec donc un document, mais qui n'a pas été ratifié,
00:43:34signé par la Charte de La Havane, parfaitement,
00:43:37qui n'a pas été ratifié par le Sénat.
00:43:39– Qui prévoyait un multilatéralisme commercial.
00:43:42– Exactement.
00:43:42– C'est-à-dire avec des balances commerciales qui s'équilibraient.
00:43:45– Exactement.
00:43:46Et là, c'est à cela que je veux en venir, il faut…
00:43:50– Parce qu'on voit que notre balance commerciale est déficitaire
00:43:53d'une manière épouvantable.
00:43:54– C'est catastrophique.
00:43:55Il faut que le commerce international repose désormais
00:43:59sur l'équilibre entre la balance des paiements.
00:44:02Et les pays qui ne sont pas en équilibre doivent avoir le droit
00:44:08de dévaluer ou de surévaluer leurs monnaies,
00:44:11de façon négociée et ouverte et non agressive.
00:44:15C'est comme ça qu'on va établir une harmonie et une coopération
00:44:19à la place de cette compétition qui est mortifère.
00:44:23Donc ça, c'est le premier pilier.
00:44:25Le deuxième pilier, c'est la libéralisation des marchés financiers.
00:44:29Quand il y a la mise en place des marchés financiers,
00:44:34en éliminant tous les dispositifs de financement de l'économie
00:44:39mis en place par les États, eh bien on s'aperçoit
00:44:43que les marchés financiers ne financent plus l'économie.
00:44:47Ils tournent à vide, ils tournent sur eux-mêmes.
00:44:49C'est-à-dire que c'est la finance qui finance la finance elle-même.
00:44:54Ça tourne à vide.
00:44:55Donc des bulles se créent dans tous les secteurs,
00:44:58dans l'immobilier, sur les questions monétaires,
00:45:01à la bourse des actions, les obligations de leur côté.
00:45:06Donc ce système doit être supprimé.
00:45:09Il faut éliminer les marchés financiers, pas les réguler.
00:45:14Les éliminer.
00:45:15Alors les éliminer…
00:45:18– C'est la spéculation.
00:45:20– Non.
00:45:20– Les marchés financiers, enfin ce que vous voulez éliminer,
00:45:23c'est la spéculation.
00:45:24– Oui mais la spéculation est inhérente
00:45:26à l'organisation des marchés financiers.
00:45:28Donc il faut fermer le marché obligataire.
00:45:30On n'a pas le temps d'en parler mais c'est détaillé dans le livre.
00:45:34Il faut réduire, il faut organiser le dépérissement de la bourse,
00:45:39des actions et puis il faut interdire un certain nombre
00:45:42d'instruments financiers.
00:45:43On n'a pas le temps d'entrer dans le détail
00:45:45mais le poids des marchés financiers doit être éliminé.
00:45:48Ça c'est fondamental.
00:45:50Et puis troisième pilier, c'est la mise en place
00:45:54d'institutions multilatérales dont l'objet est d'éliminer
00:45:59la souveraineté des États dans les domaines économiques
00:46:04principalement pour que ces États soient obligés
00:46:09de mener des politiques néolibérales.
00:46:11C'est l'EFMI, c'est la Banque mondiale, c'est l'Union européenne.
00:46:14Voilà les institutions qu'il faut réformer,
00:46:17soit en sortir, soit les réformer.
00:46:20Et puis le quatrième pilier, c'est la guerre idéologique.
00:46:24C'est l'organisation d'un matraquage idéologique
00:46:29par la concentration des grands médias,
00:46:32des satellites aux agences de presse,
00:46:36en passant par les télés, les journaux de papier, etc.
00:46:40qui ne délivrent qu'un même discours,
00:46:43un discours néolibéral, formaté.
00:46:46Donc il faut la liberté dans le secteur de la presse,
00:46:50et organiser cette liberté qui permet aux différents point de vue
00:46:55d'exister, de se confronter avec des garanties institutionnelles,
00:47:00un petit peu comme le statut des magistrats,
00:47:03qui ont un statut d'inamovibilité pour éviter
00:47:07d'être soumis aux pressions de l'exécutif.
00:47:10Pour les journalistes, pour les organes de presse,
00:47:13c'est une forme d'inamovibilité qui garantissent leur statut
00:47:18pour qu'ils puissent dire ce qu'ils veulent,
00:47:22leur point de vue, faire les enquêtes qu'ils veulent, etc.
00:47:24– Alors on a parlé de la possibilité d'une assemblée nationale souverainiste
00:47:29qui irait remettre en cause l'hégémon européen,
00:47:34on a parlé d'un référendum,
00:47:36mais qu'est-ce que vous ferez de ces fonctionnaires français,
00:47:42de la haute fonction publique,
00:47:43qui seraient susceptibles de mettre des bâtons dans les roues de ce processus ?
00:47:47– Oui, alors ça c'est un point très sensible,
00:47:49parce qu'il existe en effet une cinquième colonne néolibérale
00:47:54– L'État profond ?
00:47:55– À l'intérieur de l'État français.
00:47:56– Comme Emmanuel Macron le nommait lui-même.
00:47:58– Oui, on appelle ça comme on veut,
00:48:00moi j'appelle ça la cinquième colonne néolibérale.
00:48:04Alors cette cinquième colonne est extrêmement concentrée,
00:48:08c'est l'inspection des finances, c'est la direction du Trésor,
00:48:11c'est la direction du budget, c'est là que les choses se passent.
00:48:14Et c'est là que cette population, que je connais très bien,
00:48:23fabrique et reproduit et met en œuvre l'idéologie néolibérale
00:48:27depuis la libération.
00:48:31Parce que déjà au moment de la libération,
00:48:33quand il y a eu le programme du Conseil national de la résistance,
00:48:36eh bien ces gens-là ont freiné des quatre fers
00:48:40pour éviter la création de la sécurité sociale, la planification, etc.
00:48:44Ils sont toujours là, cette idéologie est toujours là,
00:48:47elle a évolué, elle est devenue néolibérale.
00:48:49– Donc il faudra remplacer ces gens.
00:48:50– Et j'ajoute un point, j'ai été intéressé,
00:48:54vous avez peut-être trouvé ça paradoxal,
00:48:56par ce que Trump a fait avec les agences fédérales
00:49:01où il envoie des commandos pour prendre les ordinateurs, les serveurs, etc.
00:49:07C'est du guignol, parce que si on veut réformer,
00:49:14ce n'est pas comme ça qu'on réforme.
00:49:16On étudie la situation cas par cas
00:49:19et on regarde ce qu'il convient de faire.
00:49:23Mais je retiens que la méthode est efficace
00:49:26parce que les gens dans les agences n'ont pas résisté.
00:49:30Ça a été un échec pour eux.
00:49:32Donc je reprends l'idée sur la méthode, pas sur les objectifs.
00:49:37Oui, il faut que des gens débarquent à la direction du Trésor,
00:49:41de l'inspection générale des finances, à la direction du budget
00:49:44pour mettre en place des contrôles
00:49:49qui vont permettre que ces gens appliquent les décisions politiques
00:49:54et qu'ils ne forment pas les décisions politiques.
00:49:57Je reste sur une anecdote.
00:50:00J'étais en poste à New York comme attaché financier pour le Trésor
00:50:04et en même temps représentant de la Caisse des dépôts.
00:50:06Et on reçoit le malheureux Pierre Bérégovoy.
00:50:10On voyait souvent des ministres défilés
00:50:12qui étaient à l'époque ministres des finances, de l'économie des finances.
00:50:16Et ce Bérégovoy, il y avait Trichet qui était le directeur du Trésor.
00:50:21Donc on faisait une réunion pour le briefer.
00:50:23Il assistait le ministre à une réunion du FMI.
00:50:26Il voulait qu'on le briefe sur la conjoncture.
00:50:30Et il était comme un enfant devant Trichet
00:50:35et les autres dirigeants de la direction du Trésor
00:50:39où il demandait ce qu'il devait dire.
00:50:42Il était là. Il faisait pitié.
00:50:43J'ai eu pitié vraiment de Pierre Bérégovoy
00:50:46parce que le ministre des finances, qui est un ministère essentiel,
00:50:52son rôle c'est d'impulser une politique
00:50:55et de faire en sorte que la haute administration applique.
00:50:58Il n'a d'ordre à recevoir de personne.
00:51:00Tout à fait. Il donne les ordres.
00:51:02Et bien il était là à biperonner comme un enfant.
00:51:06C'était pathétique.
00:51:07Voilà. Et bien il faut que ça cesse
00:51:10et qu'on introduise des gens normaux dans ces directions.
00:51:16Est-ce que vous êtes optimiste ?
00:51:17Ce sera ma dernière question pour l'avenir Jacques Nicodemus.
00:51:20Oui, je suis très optimiste. Absolument.
00:51:22Parce que toute une série de choses que nous disons depuis des années et des années
00:51:28sont malheureusement en train d'arriver.
00:51:31C'est-à-dire l'inefficacité du système de l'Union européenne,
00:51:35la dégradation des conditions de vie des simples gens,
00:51:40le chômage, les mauvais salaires, les mauvais traitements,
00:51:43la dégradation de la civilité entre les gens,
00:51:47l'énervement de la population, les gens sont énervés,
00:51:53toute la décomposition de la société à laquelle on assiste
00:51:57qui était prévisible, qui a été annoncée
00:52:00parce que les politiques néolibérales ne pouvaient déboucher que sur ce résultat.
00:52:06Alors d'un côté c'est paradoxal parce que le pire est en train d'arriver,
00:52:12mais d'un autre côté il y a des résistances.
00:52:15C'est-à-dire qu'on voit, alors de manière maladroite,
00:52:19contradictoire, paradoxale,
00:52:22mais comme on ne peut plus compter ni sur la gauche ni sur la droite,
00:52:27les gens utilisent ce qu'ils ont sous la main.
00:52:30Donc aux gens qui prétendent faire de la politique,
00:52:36de coordonner, d'éclairer tout cela
00:52:39pour en faire une perspective politique crédible
00:52:42avec une discipline organisée qui permette une efficacité
00:52:47dans le combat contre tout ce monde-là.
00:52:50– Jacques Niconneux, je rappelle à nos téléspectateurs
00:52:52que vous êtes l'auteur de cet ouvrage
00:52:54« Sortons de l'euro, restituez la souveraineté monétaire au peuple ».
00:52:58Essai publié aux 1001 Nuits à retrouver sur la boutique de TV Liberté.
00:53:04Et tout de suite après cet entretien,
00:53:05vous pouvez retrouver la chronique économique et financière de Philippe Béchade.
00:53:10Et quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine.
00:53:13A bientôt, salut.
00:53:14– Merci.
00:53:16♪ Générique de fin ♪
00:53:37– Bonjour et bienvenue pour ce rendez-vous hebdomadaire
00:53:42de décryptage de l'actualité macro-économique géopolitique en mode affranchie.
00:53:48Je salue tous les abonnés de TV Liberté
00:53:51pour cet épisode que je vais intituler « Beaucoup trop de dettes, plus assez d'or ».
00:54:00Alors, les dettes, les dettes s'accumulent.
00:54:04Je vous rappelle ces montants vertigineux.
00:54:0836 500 milliards de dettes pour les États-Unis.
00:54:13C'est à côté de quoi les 3 500 milliards de dettes de la France font un peu petit joueur.
00:54:21Sauf que nous, en France, nous n'avons pas la planche à billets.
00:54:25Et nous ne pouvons pas disposer de marge de manœuvre,
00:54:32soit pour dévaluer notre euro-franc,
00:54:36soit pour rajouter de l'argent quand on pense que ce serait nécessaire.
00:54:42Autrement dit, la France ne peut compter que sur la générosité des créanciers internationaux,
00:54:49ou plutôt la confiance qu'on leur inspire.
00:54:53Et je dois bien avouer que leur confiance étonne un peu,
00:54:59car depuis le début de l'année,
00:55:01le spread, l'écart de rendement entre l'OAT et le Bund,
00:55:06c'est-à-dire l'écart de primes, de rémunérations qu'on doit accorder à nos créanciers,
00:55:13cette prime s'est nettement contractée.
00:55:16Elle est revenue de 88 points à 68 points, moins 20 points.
00:55:23Alors que l'on a un gouvernement qui ne représente aucunement le paysage politique français,
00:55:30et qu'en plus de ça, le budget 2025 ne comporte pas de réduction de la dette.
00:55:38Alors elle va croître moins vite, mais elle va croître quand même,
00:55:43de 40 milliards si on est très optimiste, probablement de 120 ou 150 milliards,
00:55:49si la croissance atteint péniblement les 0,3 ou les 0,4%,
00:55:56ce qui est déjà une hypothèse optimiste.
00:56:00Et puis surtout, toujours pas de message
00:56:05concernant les économies de gaspillage d'argent
00:56:11dans des centaines d'agences, de commissions, d'ONG
00:56:19qui sont censées nous expliquer si on met bien l'aupercule
00:56:25avec son pot de yaourt dans le même bac.
00:56:29Ça nous coûte des fortunes et là, pour l'instant, aucune mesure d'économie.
00:56:33En revanche, pour réduire le montant des indemnités des personnes en congé maladie,
00:56:41alors là, par contre, oui, tout de suite, on a su faire le nécessaire.
00:56:47De même que les droits de mutation, les frais de notaire,
00:56:53on a un immobilier moribond,
00:56:55tout ce qu'on trouve à faire, c'est d'alourdir effectivement les frais de notaire.
00:57:01Aux États-Unis, ils ont aussi un problème de dette.
00:57:05Ils en ont imprimé à un rythme de 2 000 milliards par an ces deux dernières années.
00:57:12Alors bon, je le disais, ils ont la planche à billets,
00:57:15sauf que 2025, c'est un véritable mur de la dette
00:57:21que les États-Unis vont devoir affronter.
00:57:23Pourquoi ? Tout simplement parce que ça va être le moment de rouler
00:57:28toutes les émissions obligataires à 3, 4 ou 5 ans de maturité
00:57:34qui ont été émis entre 2020 et 2021 durant la crise du Covid
00:57:40et la mise à l'arrêt de l'économie des États-Unis
00:57:44et la mise en place d'un véritable, quoi qu'il en coûte, un « all-in » monétaire,
00:57:50c'est-à-dire une fuite en avant dans la dette.
00:57:54Et donc, presque 20% de la totalité de l'endettement des États-Unis
00:58:00va devoir être remboursé cette année.
00:58:04Alors, bien sûr que ça ne va pas être remboursé avec les réserves d'or américaines.
00:58:10Non, ça va simplement être roulé.
00:58:13Mais ça veut dire une chose, c'est que les États-Unis vont absorber tellement de l'épargne planétaire
00:58:19qu'il va falloir que les autres emprunteurs se battent pour arriver à attirer les créanciers.
00:58:27Et pour rassurer les créanciers, outre une certaine orthodoxie budgétaire,
00:58:34il y a aussi les réserves d'or.
00:58:37Or, les États-Unis, justement, ne savent pas où ils en sont,
00:58:40car figurez-vous, et ça c'est absolument incroyable,
00:58:43les réserves d'or de Forknox n'ont pas été auditées depuis 1974.
00:58:51Et la dernière fois qu'une équipe de comptables a arpenté les sous-sols de Forknox,
00:58:58ça serait au début des années 1980, avec l'arrivée de Reagan au pouvoir.
00:59:04Et bien sinon, on ne sait pas exactement combien il y a de tonnes d'or dans les sous-sols de Forknox.
00:59:11Et Elon Musk a eu cette réflexion absolument lunaire,
00:59:16eh bien, l'or y est peut-être, ou peut-être pas, autrement dit, ce n'est pas Forknox,
00:59:22c'est Fort Schrödinger, pour ceux qui connaissent la parabole du chat,
00:59:27dont on ne sait pas s'il est vivant ou mort tant qu'on n'a pas ouvert la boîte,
00:59:31mais si on ouvre la boîte, il est mort.
00:59:33Et si on ouvre donc les chambres fortes de Forknox,
00:59:37est-ce qu'on va y retrouver de l'or américain ?
00:59:40Ou est-ce qu'on va y retrouver l'or d'autres pays qui sont stockés là,
00:59:45et donc sécurisés par les États-Unis ?
00:59:48On comprend que face aux murs de la dette,
00:59:52Donald Trump et Elon Musk veulent savoir exactement
00:59:57combien les États-Unis peuvent revendiquer de stocks d'or.
01:00:03C'est peut-être 8300 tonnes.
01:00:07La dernière fois qu'on a regardé dans les sous-sols de Forknox,
01:00:10il y en avait 4700 tonnes.
01:00:13Combien en reste-t-il ? On ne sait pas.
01:00:15Parce que l'idée sous-jacente, ça serait effectivement de dire
01:00:18une partie de nos réserves d'or, évidemment, sert à garantir la dette américaine,
01:00:23ce qui serait un retournement historique,
01:00:26puisque depuis 1971, on a dit qu'il n'y avait plus de lien entre l'or et le dollar.
01:00:33L'or qui devient rare presque partout sur Terre,
01:00:39on le constate donc avec la Corée du Sud,
01:00:44qui interdit maintenant aux banques de vendre de l'or ou de l'argent aux particuliers.
01:00:49Pourquoi ? Parce qu'on n'en trouve plus sur les marchés.
01:00:53La Suisse vend tout ce qu'elle fond actuellement aux États-Unis.
01:00:59L'année dernière et l'année d'avant,
01:01:02elle vendait tout ce qu'elle fondait à la Chine, à l'Inde,
01:01:06qui étaient les plus gros acheteurs et qui le restent aujourd'hui.
01:01:10Mais on assiste aujourd'hui à une véritable course
01:01:13pour se procurer de l'or partout dans le monde
01:01:17et dans des proportions historiques que l'on n'a même jamais observées,
01:01:23même pendant les plus grandes crises.
01:01:25En 2003 ou 2009, c'était la grande crise financière.
01:01:30Très difficile donc aujourd'hui de se procurer de l'or
01:01:34si on n'a pas des stocks suffisants.
01:01:37Et pour les particuliers, la question se pose de savoir
01:01:40si l'or n'est pas effectivement un meilleur actif
01:01:43que des dettes comme nos OAT, comme les T-Bonds américains.
01:01:47En tout cas, à l'échelle internationale, on le voit bien,
01:01:51les BRICS se dédollarisent.
01:01:53Que mettre à la place du dollar dont on ne veut plus ?
01:01:56Eh bien, la réponse, on la connaît depuis déjà plusieurs mois,
01:01:59c'est les achats d'or.
01:02:02Et figurez-vous que depuis que Trump a été investi le 20 janvier dernier,
01:02:08en l'espace d'un mois exactement,
01:02:10l'or vient de prendre 10%,
01:02:1310% depuis l'investiture de Trump
01:02:15et presque 12% depuis son élection, depuis le 6 novembre dernier.
01:02:22On disait que Trump sera le président du Bitcoin.
01:02:25Pour l'instant, c'est plutôt le président de l'or,
01:02:28mais de l'or, on n'en trouve plus.
01:02:31Alors, comment en dénicher malgré tout ?
01:02:33Eh bien, nous avions rédigé, bien avant qu'on observe une pénurie d'or,
01:02:38nous avions rédigé un rapport spécial
01:02:40que vous pourrez vous procurer gratuitement
01:02:43en cliquant sur le lien en description de cette vidéo.
01:02:58Sous-titrage Société Radio-Canada

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