Le grand sacrifice des ouvriers qui enrichissent les actionnaires.
#Samsonite #Finance #Licenciements #FondsDInvestissement #Scandale
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00:00C'est le hold-up complet.
00:03Les salariés ne s'en sortent pas.
00:05Leur usine ferme, eux restent sur le bord de la route.
00:09Définitivement.
00:15Ceux qui payent les pots cassés, c'est la collectivité, vous et nous.
00:20C'est l'histoire d'un joli coup réalisé par des actionnaires très gourmands, très malins et surtout très discrets.
00:27C'est aussi l'histoire de Brigitte et de ses 200 collègues qui ont perdu leur travail.
00:33Sauf que cette fois, les salariés ne sont pas restés les bras croisés.
00:36Ils ont cherché des explications, quitte à remonter tout en haut de la chaîne.
00:42Pour demander des comptes aux actionnaires, ceux qui les ont sacrifiés pour décrocher le gros lot, un pactole de plus d'un milliard d'euros.
00:52Avec leur avocat, ils vont parcourir la planète.
00:56Nous aussi, on s'est mis sur la piste de l'argent.
00:59Pour identifier ceux qui tirent vraiment les ficelles.
01:02Pas les lampistes, les commanditaires.
01:05Jusqu'à croiser le chemin d'un candidat à la Maison Blanche.
01:09Pour découvrir que les bénéficiaires en fin de compte nous ressemblent beaucoup plus qu'on ne le pensait.
01:17C'est comme ça qu'on s'est retrouvés au pays des terrils.
01:21Dans le Pas-de-Calais, à Hénin-Beaumont.
01:26Les corons et le charbon, une histoire soldée depuis longtemps.
01:31Les usines ont fermé, les unes après les autres.
01:35Il y a des signes qui ne trompent pas.
01:37Il suffit de lever le nez.
01:39L'économie dans le coin, c'est pas la même chose.
01:43Aux dernières élections, le désespoir ouvrier s'est tourné vers Steve Briouat.
01:47Le candidat du Front National, élu maire de la ville.
01:54Quand les gens parlent du travail, ici, c'est bien souvent au passé.
02:00Lorsque je partais de chez moi pour aller travailler à Samsonite, je tournais à droite.
02:05Là, on va aller tout droit.
02:08Il faut compter que je l'ai fait 20 ans, ce trajet-là.
02:1820 ans à travailler ici.
02:21C'est difficile à croire et ça demande un peu d'imagination.
02:24Mais cette friche industrielle, voilà à quoi ça ressemble.
02:28C'est la vie.
02:31C'est la vie.
02:34C'est la vie.
02:37C'est la vie.
02:40C'est la vie.
02:43C'est la vie.
02:46C'est la vie.
02:49C'est la vie.
02:52C'est la vie.
02:55C'est la vie.
02:58C'est la vie.
03:01C'est la vie.
03:04C'est la vie.
03:07...
03:10L'usine d'Enimbomo, on a produit des millions.
03:13...
03:17-"Enjoy every second with Samsonite by your side."
03:21...
03:23Ah, là, là !
03:25Ils nous en ont laissé, hein, des souvenirs.
03:27...
03:32Ca, c'était un miroir.
03:34On met un miroir à l'intérieur.
03:37C'est une moitié de valise, là-bas.
03:39Tu vois, ça, c'était une boîte...
03:41C'est pas le bon truc, mais ça, c'est une boîte à miroirs.
03:447 ans de malheur, on dit toujours quand un miroir casse.
03:47...
03:50Ce métier-là, il sera toujours au fond de moi.
03:52Je pourrai jamais rayer cette partie de ma vie.
03:55Je pourrai pas.
03:57...
03:59Ah, bah, moi, je suis retournée à chaque fois.
04:02Je devrais pas bien resdormir, je suis pas prête.
04:05...
04:06D'ailleurs, si Brigitte est revenue ici ce jour-là
04:09avec un ancien collègue, c'est bien parce que nous lui avons demandé.
04:12On a fait énormément en cette samedie.
04:15On est souvent travaillés le samedi.
04:17On est venus travailler le samedi en heures supplémentaires.
04:20On a fait énormément d'heures supplémentaires.
04:22Ca m'est arrivé de faire 60 heures supplémentaires.
04:25Donc c'est pour ça, on a tout accepté, quoi.
04:29Pour garder notre usine.
04:32C'était une chose qu'on voyait grandir.
04:35Moi, quand je suis arrivée, j'étais la 42e,
04:39on est arrivés à un moment où on était à 450,
04:43parce qu'on a passé à 450.
04:45Lorsque vous voyez l'usine s'agrandir et tout,
04:49c'est comme votre bébé.
04:52Pendant ce temps-là, nos enfants grandissaient
04:57et puis on les voyait pas, quoi.
04:59Et puis on a accepté pour notre travail, pour...
05:02On s'est trop, trop investies.
05:04Moi, je trouve qu'on a été des ouvriers
05:08qui s'est trop, trop investis.
05:10On y croyait, on...
05:14Vous pouvez pas oublier.
05:16Puis vous avoir senti trahi, licencié comme ça,
05:21vous pouvez pas.
05:24Le licenciement, la trahison, c'était en 2007.
05:28Il y a un bon moment dans le Pas-de-Calais,
05:31l'usine anciennement Samsonite
05:33est occupée depuis plus de 3 semaines par les salariés.
05:36Une usine qui ferme, une de plus, enfin, plutôt, une de moins.
05:40Ca, vous l'avez vu souvent dans les journaux télévisés.
05:44Les mêmes images, la même histoire à chaque fois,
05:47comme une fatalité.
05:49Nous, nous avons voulu savoir ce qui s'était passé à Hénin-Beaumont.
05:53Retrouver ceux qui ont fermé l'usine
05:55et surtout ceux qui en ont profité.
06:05Quand votre business, c'est de vendre des valises
06:08destinées à faire le tour de la planète en avion,
06:11il y a un inconvénient.
06:13Vous êtes forcément dépendant de la santé du tourisme aérien.
06:18Aussi, quand le 11 septembre 2001,
06:21les gens se mettent à réfléchir à deux fois
06:25avant de monter dans un avion,
06:27les commandes sont en chute libre.
06:29Moins 40 %.
06:31Samsonite est victime d'un gros trou d'air.
06:36L'entreprise devient une proie de choix.
06:39Ceux qui vont flairer le bon coup sont américains.
06:43A l'été 2003, pour 5,5 millions de dollars,
06:46Samsonite passe aux mains de fonds d'investissement
06:49menés par Ben Capital.
06:51Les fonds d'investissement.
06:53Vous savez, ceux qui font fructifier l'argent des autres.
06:56Récapitulons.
06:57Les patrons, maintenant, ce sont les nouveaux actionnaires,
07:00les fonds.
07:02Ils possèdent tout le groupe Samsonite.
07:05La marque, avec ses usines, un peu partout dans le monde.
07:11Vous vous demandez peut-être pourquoi dépenser
07:14presque 100 millions d'euros pour une entreprise qui bat de l'aile.
07:17En fait, ceux qui dirigent les fonds
07:20ont toujours trois coups d'avance.
07:22Leur objectif, revendre Samsonite avec un maximum de bénéfices.
07:27Evidemment, tout cela va passer par un gros dégraissage.
07:31Dans le jargon, on dit qu'on rationalise.
07:34Parmi ceux qui vont se faire dégraisser,
07:37pardon, rationaliser, les 200 employés des Nimbomont,
07:40en France, victimes d'un plan imparable
07:43et bien rôdé.
07:45On va vous apprendre comment décrocher le jackpot
07:48sans vous faire attraper en trois leçons.
07:52La première, c'est la plus importante.
07:55Ne jamais faire de plan social.
07:58Ben oui, un plan social,
08:01c'est quand l'entreprise signe un chèque à ses employés
08:04pour se débarrasser d'eux.
08:06À Nimbomont, Brigitte et ses collègues n'y ont pas eu droit.
08:10C'est pour ça qu'ils sont allés chercher Fyodor Rylov,
08:13un avocat.
08:15Il a très vite vu que Samsonit avait fait une économie énorme
08:19en sautant la case plan social.
08:21Il a même calculé ce que cela aurait coûté
08:24aux fabricants de valises.
08:26Quand on licencie en France,
08:28on paye des indemnités de licenciement aux salariés.
08:31Il y a un coût global entre 70 millions de dollars
08:37et 120, 130 millions de dollars.
08:40Pour une structure équivalente ?
08:42Absolument, à peu près.
08:44Entre 200 et 250 salariés, de licenciés.
08:48Entre 60 et 100 millions d'euros.
08:51Un sacré paquet d'argent.
08:5460 millions d'euros, pour vous donner une idée,
08:57c'est l'équivalent des bénéfices réalisés dans le monde entier
09:00par l'ensemble du groupe Samsonit en 2006.
09:03Alors, comment faire pour éviter à tout prix
09:06de financer un plan social ?
09:08La leçon numéro 2, trouver un repreneur.
09:13Un repreneur, le mot magique.
09:16Pas de plan social.
09:18Les emplois sont préservés.
09:20Pour un euro symbolique,
09:22il empoche l'usine et ses ouvriers.
09:24On lui donne même un petit coup de pouce,
09:27histoire de le motiver.
09:30Dans le cas de Samsonit,
09:32combien on lui donne, au repreneur ?
09:34Si on fait l'admission
09:36et tous les financements
09:38qui sont arrivés au repreneur,
09:40on est un peu en dessous de 10 millions d'euros.
09:4510 millions d'euros.
09:48Beaucoup moins cher qu'un plan social.
09:51Mais bien suffisant pour trouver un volontaire
09:54prêt à reprendre l'usine
09:56et à voler au secours des salariés.
09:59Non, le sauveur, ce n'est pas lui.
10:01Mais lui, le monsieur au chapeau,
10:03Jean-Jacques Aurel, 60 ans.
10:06Dans ces cartons, un projet bien dans l'air du temps.
10:09Fini les valises, place à l'énergie solaire.
10:12Les employés vont désormais fabriquer
10:15des panneaux photovoltaïques
10:17pour leur nouvel employeur,
10:19qui s'appelle dorénavant Energyplast.
10:21Mais en quelques mois,
10:23ils se rendent compte qu'à la place de l'énergie solaire,
10:26on leur avait vendu du vent.
10:31C'était entièrement faux.
10:33Il n'y a jamais eu, jamais, jamais eu
10:35de panneau solaire dans l'usine.
10:37Si, le seul panneau solaire qu'on a eu dans l'usine,
10:40c'était celui où il était venu avec,
10:42qu'on voit en photo dans le journal,
10:44nous montrer qu'on allait faire,
10:47c'est entièrement faux.
10:49Pas de panneau solaire
10:51et très vite, plus d'argent non plus.
10:53En janvier 2007, la caisse d'Energyplast est vide.
10:56C'est la faillite. Et c'est bien pratique.
10:58Parce que cette usine qui ferme
11:00n'a plus rien à voir avec le groupe Samsonite.
11:04La faillite, elle permet
11:06de licencier tout le monde
11:08aux frais de la collectivité.
11:10Donc l'employeur historique,
11:12la société créée pour les besoins de la session,
11:15l'europreneur, tout ce beau monde,
11:17ne paye pas un sou à l'occasion
11:19du licenciement des salariés.
11:25Le groupe Samsonite est maintenant dégraissé,
11:28prêt à être revendu.
11:31C'est la leçon numéro 3.
11:33Vendre au bon moment.
11:37En juillet 2007, un mois à peine
11:39après la fermeture définitive
11:41de l'usine d'Enin-Beaumont,
11:43Ben revend tout le groupe Samsonite
11:46à un autre fonds d'investissement,
11:48à Hong Kong.
11:50Prix de la vente, accrochez-vous,
11:521,7 milliard de dollars.
11:54Vous avez bien entendu,
11:561,7 milliard de dollars.
12:00Souvenez-vous, en 2003,
12:02Ben et ses acolytes avaient déboursé
12:04à peine plus de 100 millions
12:06pour acheter Samsonite.
12:08Un sacré jackpot, ces valises.
12:10Plus de 16 fois la mise de départ.
12:13Là, on a envie de dire,
12:15bien joué, Ben Capital.
12:17Non seulement ils ont décroché le gros lot,
12:20mais en plus, ils ont réussi
12:22à rester complètement dans l'ombre.
12:24Résultat, quand les ouvriers
12:27décident de poursuivre les actionnaires
12:29en France, ils font chou blanc.
12:31Pour les juges, les fonds d'investissement
12:33ont certes gagné beaucoup d'argent,
12:35mais aucun élément ne permet de démontrer
12:37qu'ils sont intervenus dans la vente de l'usine.
12:40En clair, ce qui manque aux ouvriers
12:43pour impliquer Ben Capital,
12:45ce sont des preuves.
12:51Mais un allié inattendu va leur fournir
12:53un nouvel élément décisif.
12:55Cet allié, c'est celui-là même
12:57qui a causé leur perte.
12:59On l'a retrouvé au fin fond
13:01de l'île de France.
13:04Jean-Jacques Aurel,
13:06le roi du panneau solaire, le repreneur.
13:08Quand nous le rencontrons,
13:10il a épuisé tous ses recours.
13:12Son passage par la casse prison est imminent.
13:14Oui, ben, où on est, M. Aurel,
13:17à cause de cette affaire, c'est pas brillant.
13:19Voilà, c'est tout ce que je peux dire.
13:21Dans l'affaire Samsonite,
13:23il a été condamné à 3 ans de prison,
13:25dont un ferme pour banqueroute frauduleuse.
13:27Pour la justice,
13:29il a détourné plus de 2,5 millions d'euros
13:32des caisses de l'usine.
13:34Dans l'affaire, le méchant jusque-là, c'était lui.
13:37Les gens qui ont tout donné
13:39dans une usine,
13:41qui ont travaillé,
13:43et que, d'un seul coup, on les a trompés,
13:46ils se révoltent.
13:48Et qui on a sous la main ?
13:50Eh ben, on a le pilote
13:52qui a fait le crash, quoi.
13:54C'est épouvantable.
13:56Donc, ils se sont rués
13:59tout de suite sur le PDG,
14:01c'est-à-dire moi.
14:03Voleur !
14:05Patron voyou !
14:07Enfin, tout ce que je pouvais avoir.
14:09Il faut bien qu'il y ait quelqu'un
14:12qui paye pour eux, hein.
14:14C'est moi. Ca, c'est clair.
14:16Le costume du patron voyou,
14:18M. Aurel en a un peu assez
14:20de le porter tout seul.
14:23Surtout après avoir découvert
14:25la bien belle opération
14:27réalisée par Ben Capital.
14:29On savait que Ben était propriétaire
14:32de Samsonite, mais on ne savait pas
14:34que Ben était en train de vendre Samsonite.
14:364 mois après la cession de l'usine,
14:38Ben Capital vend Samsonite.
14:40Ca y est, on a compris.
14:42On a compris.
14:45Hein ?
14:47Ah oui.
14:49Là, on nous l'avait bien mis.
14:52Vous serez coupé, ça.
14:57Cuisiné par les policiers
14:59pendant l'enquête, M. Aurel
15:01va se mettre à table et affirmer
15:03que Ben Capital a joué un rôle central
15:05dans l'affaire.
15:08Autour de la table,
15:10au moment clé de la vente
15:12de l'usine d'Enin-Beaumont,
15:14il y avait les patrons du groupe Samsonite,
15:16le repreneur, des avocats, bien sûr,
15:18et puis un représentant
15:20de Ben Capital,
15:23un certain Patrick Le Breton,
15:25Patrick Auzan.
15:27Il est très discret, le Breton.
15:29Alors, Patrick Le Breton.
15:31Le représentant de Ben Capital.
15:33Il est très discret. Il ne prend pas part
15:36aux discussions, au montage, etc.,
15:38tout un tas de choses comme ça.
15:40Mais la particularité, c'est qu'il tient bien
15:42son rôle de propriétaire de Samsonite
15:44sans rien dire, sans trop intervenir
15:46dans la gestion. Mais il arrive des moments
15:48où on est dans une négociation,
15:51où on ne sait plus quoi faire,
15:53ou même le PDG ne sait pas quoi faire.
15:55Et puis, en dernier recours,
15:57il se tourne vers Ben Capital,
15:59qui, lui, fait un signe
16:01de la tête.
16:04Alors, on va pouvoir faire comme si.
16:06On va pouvoir faire comme ça.
16:08Bien sûr.
16:10On sait même que, par sa présence,
16:12même en disant rien,
16:14c'est lui le maître du jeu.
16:17Revanche ou remords.
16:19Le patron condamné change de camp
16:21et apporte son aide aux ouvriers
16:24d'Enin-Beaumont et à leurs avocats.
16:26Et ça change tout.
16:28Son témoignage, Jean-Jacques Aurel
16:30leur offre en 2011,
16:32avec attestation sur l'honneur
16:34et carte de visite
16:36de M. Le Breton comme preuve à l'appui.
16:42C'est un témoignage clé, comme on dit.
16:44Nous avons enfin, entre les mains,
16:46une preuve,
16:48au sens juridique du terme,
16:50de l'implication déterminante
16:52de Ben Capital dans la catastrophe sociale
16:54qui s'est abattue sur les salariés
16:56de Samsonite-Enin-Beaumont.
16:59Et c'est comme ça
17:01qu'on s'est retrouvés dans le charter des Ch'tis.
17:03Sept ans après la fermeture
17:05de leur usine,
17:07les anciens Samsonites ont cassé leur tirelire.
17:11Ils se sont envolés
17:13pour l'Amérique.
17:16Pour mener un combat
17:18sans précédent.
17:20Tenter d'obtenir un procès
17:22contre leur actionnaire
17:24devant un tribunal américain
17:26à Ben Capital City,
17:29autrement dit, Boston.
17:31Sur le balai, c'est où ?
17:33Droite ? Gauche ?
17:35Là-bas ?
17:37Par là, allez !
17:39On y va !
17:42La 1re étape, c'est une petite promenade
17:44sous la houlette de Brigitte.
17:46C'est là-bas.
17:48Le QG de Ben Capital
17:50à Boston,
17:52c'est pas très difficile à trouver.
17:54On ne voit que lui.
17:57Il domine toute la ville.
17:59C'est bien, le tour ?
18:01On voit la puissance.
18:03On n'a pas peur.
18:05On est là.
18:07On est présents, on est là.
18:10Ils savent à quoi ils s'attaquent,
18:12c'est un beau mot.
18:14Ben Capital
18:16est un mastodonte.
18:18Et son fondateur
18:20n'est pas n'importe qui.
18:22C'est Mit Romney.
18:24Avant la politique, il était dans la finance.
18:27C'est lui qui a créé Ben Capital
18:29en 1984.
18:3130 ans plus tard,
18:33c'est un des plus gros fonds d'investissement au monde.
18:3570 milliards de dollars d'actifs
18:37pour acheter et revendre
18:39Samsonite, Burger King
18:42ou encore Toys R Us,
18:44pour ne citer que des marques bien de chez nous.
18:46Avec Ben Capital,
18:48Mit Romney s'est mis des dollars plein les poches.
18:50Jusqu'aux oreilles.
18:52Regardez cette photo,
18:55réalisée sans trucage.
18:57Avec un tel matelas de dollars,
18:59il s'est lancé en politique.
19:01D'abord gouverneur du Massachusetts,
19:03il vise ensuite la Maison Blanche.
19:05Je suis candidat
19:07à la présidence des Etats-Unis.
19:10En 2012,
19:12Mit Romney affronte Barack Obama.
19:18Mais Ben Capital
19:20va devenir un boulet,
19:22une sorte de péché originel.
19:24Même s'il a lâché les commandes du fond
19:26pour se lancer en politique,
19:29ça lui rapporte encore beaucoup d'argent.
19:31Combien ? Difficile de le savoir.
19:33Lui ne veut pas en parler.
19:35Et ça va lui coller au basque
19:37de ses campagnes
19:39et devenir l'objet d'innombrables clips
19:41qui vont s'attaquer à ses secrets.
19:44Que cache Mit Romney ?
19:46Ce qu'il essaye de cacher,
19:48c'est combien ça lui a rapporté
19:50de fermer des usines
19:52un peu partout aux Etats-Unis
19:54et de délocaliser des emplois.
19:57Vous avez vu, là ?
19:59On dirait un peu Hénin Beaumont.
20:01Ben Capital était l'actionnaire majoritaire.
20:03Ce sont eux les responsables.
20:05Ils ont fait autant d'argent qu'ils ont pu,
20:07puis ils ont mis le site en faillite et l'ont fermé,
20:09sans aucun égard pour les familles du coin.
20:12Ce sont des vampires.
20:14Ils ont pompé toute notre vie.
20:16Autant dire que tout là-haut,
20:18ce genre d'affaires,
20:20ils doivent en avoir plein leur placard.
20:22Souriez, ouais.
20:24Souriez, Ben Capital.
20:27Il est curieux de voir ça.
20:29Ca nous fout les boules parce que c'est trop beau.
20:31C'est trop beau pour eux, quoi.
20:33On est un peu dégoûtés de voir ça.
20:35C'est mon sentiment.
20:37La richesse qu'ils mettent dedans.
20:39Moi, je prends pas de photos.
20:42Pourquoi ?
20:44Parce que je veux pas te souvenir de ça.
20:46Une puissance très discrète.
20:48Aucun signe de Ben Capital
20:50à l'extérieur du bâtiment.
20:52Et pour ce qui est de rentrer,
20:55c'est interdit.
20:57De toute façon, l'action ne va pas se passer ici,
20:59mais à la cour fédérale de Boston.
21:02C'est là qu'un juge américain
21:04va décider s'il accorde un procès
21:06aux anciens Samsonites.
21:08L'audience va durer moins d'une demi-heure,
21:10à huit clos.
21:13Interdit d'y filmer la moindre image.
21:15Même pas la salle d'audience vide.
21:17Alors faudra vous contenter des murs
21:19qui parlent de justice,
21:21de classe,
21:23de propriété
21:26et de vol.
21:28Mais ce jour-là,
21:30le magistrat ne jugera rien.
21:32Tout juste va-t-il sous-peser
21:34le dossier des Samsonites
21:36afin d'examiner les éléments
21:38qu'ils lui ont apportés.
21:41Ah là là !
21:43C'est la dernière barrière,
21:45me semble-t-il, sérieuse
21:47qui nous barre la route
21:49pour obtenir de la part de Ben Capital
21:51des dommages d'intérêt
21:54et surtout faire reconnaître sa responsabilité
21:56dans la catastrophe sociale qui s'est abattue sur vous.
21:58L'argent, ils l'ont.
22:00Ils ont fait deux fois plus de bénéfices
22:02au moment où ils nous ont licenciés.
22:04Donc on est contre ce système
22:06et s'il faut aller même plus loin
22:09que les Etats-Unis,
22:11on ira, hein, tant pis.
22:13Des gens me baignent au procès, il y en avait, par exemple ?
22:15Non. Que leurs avocats.
22:17Ceux qui détenaient vraiment l'entreprise,
22:19vous ne les avez jamais vus ?
22:22Non. Les actionnaires, vous ne les voyez jamais.
22:24Vous voyez que les directeurs,
22:26les avocats, par contre,
22:28leurs avocats, oui, vous les voyez,
22:30mais eux, vous ne les voyez jamais.
22:32Jamais.
22:35Comme eux, de Ben Capital à Boston,
22:37nous ne verrons rien d'autre que cette tour.
22:39Massive,
22:41mais totalement inaccessible.
22:43Elle le restera.
22:45En juin 2014,
22:48le tribunal de Boston a tranché.
22:50Pour le juge, il y a prescription.
22:52Les ex de Samsonite sont venus le voir trop tard.
22:55Pour rencontrer des responsables de Ben,
22:57en chair et en os,
22:59il faut changer de continent.
23:01L'opération Samsonite,
23:03c'est depuis Londres qu'elle a été montée.
23:06Elle a été concoctée dans les bureaux européens
23:08de Ben Capital.
23:10C'est ici que travaillait Patrick LeBreton.
23:12Un bel immeuble, dans les quartiers cossus.
23:14Patrick LeBreton refuse de nous parler,
23:16et Ben ne répond toujours pas.
23:19C'est là qu'il y a eu l'accident.
23:21C'est là qu'il y a eu l'accident.
23:23Ben ne répond toujours pas,
23:25alors on va essayer de s'inviter.
23:27C'est par où ?
23:29Allez à la réception, ils vous indiqueront.
23:31Un portier sympathique,
23:34une réception d'un sobre très chic.
23:36Et pour la 1re fois,
23:38le nom de Ben écrit quelque part.
23:40Ils sont là. Ils sont juste là.
23:42Ils occupent même 3 étages entiers.
23:44Mais quand ils voient une caméra,
23:46les employés de Ben Capital
23:49ont une tactique bien à eux.
23:51Excusez-nous, vous travaillez pour Ben Capital ?
23:53Madame, excusez-nous,
23:55vous ne voulez pas nous répondre ?
23:57Non.
23:59Pourquoi ?
24:02Ca s'appelle un petit tour,
24:04et puis c'en va.
24:06Pourquoi vous ne voulez pas nous répondre ?
24:08Après des heures d'attente,
24:10tout ce qu'on aura, c'est un mail.
24:12Oh, pas grand-chose.
24:143 petites lignes.
24:17Mais en français, c'est déjà ça.
24:19Une agence de communication nous fait savoir
24:21que dans l'affaire Samsonite,
24:23Ben Capital a été chaque fois exonéré
24:26de toute responsabilité
24:28et que les revendications des salariés
24:30n'ont aucun fondement et sont injustifiées.
24:32Les communiquer,
24:34ça ne nous satisfait guère.
24:36Dans cette belle ville de Londres,
24:39en cherchant bien, nous trouvons une conférence
24:41où l'on peut croiser un responsable de Ben Capital.
24:43Pas n'importe lequel,
24:45quelqu'un qui connaît très bien le dossier Samsonite,
24:47comme elle.
24:49En 2003, c'est elle qui signe pour Ben
24:51l'achat du fabricant de valise
24:54sous son nom de jeune fille, Melissa Wong.
24:56Et en 2007, c'est encore elle
24:58qui représente les principaux actionnaires
25:00pour la revente du groupe à Hong Kong.
25:02Ah, dans nos rêves les plus fous,
25:04on installe un micro à Melissa.
25:06Et là, elle nous raconte
25:09tout ce qu'elle sait sur Samsonite.
25:11Mais bon, faut pas rêver.
25:13Le micro, c'est pas le nôtre.
25:16...
25:18Bonjour, Mme Bethel.
25:20Bonjour.
25:22Elise Lucet, Télévision française.
25:25Enchantée.
25:27Je voudrais vous parler de M. Le Breton.
25:29Vous le connaissez.
25:31C'était un collègue, oui.
25:33Chez Ben Capital.
25:35Vous avez eu un rôle très actif avec lui
25:38dans l'achat et la revente de Samsonite.
25:40C'est exact.
25:42Oui. Pas de commentaire.
25:44Pourquoi pas de commentaire ?
25:46Parce qu'on est sortis de cette entreprise
25:48depuis 2006 ou 2007.
25:50Et on m'a ordonné de ne rien dire.
25:52Mais vous travaillez toujours pour Ben Capital.
25:55Oui.
25:57Mais vous avez bien eu un rôle très actif
25:59dans l'achat et la revente de Samsonite, non ?
26:01Pas de commentaire. Ravie de vous avoir rencontrée.
26:03Vous connaissez l'usine Dénin Beaumont, en France ?
26:05Pas de commentaire.
26:08Vous connaissez cette usine ?
26:10Vraiment, je n'ai pas de commentaire.
26:12S'il vous plaît, il faut que je monte sur scène.
26:14Yes, I know.
26:16We tried to have an interview.
26:18Je suis désolée, vous devriez partir maintenant.
26:21C'est terminé.
26:23On a déjà contacté tout le monde chez Bain.
26:25C'est impossible d'avoir une interview.
26:27Pourquoi ?
26:29C'est un grave problème pour les ouvriers en France.
26:31Ils ont été licenciés.
26:34C'est pourquoi on est venus vous rencontrer.
26:36Vous comprenez ?
26:38Pas de commentaire.
26:40Dommage.
26:42Mélissa Bethel pourrait nous en raconter des choses sur Samsonite,
26:44si elle avait le droit de parler.
26:46On attend tout de même qu'elle termine
26:49avec la carte de visite de M. Le Breton,
26:51son ancien collègue.
26:53On ne sait jamais.
26:58Désolée de vous déranger encore.
27:00Je voulais vous montrer cette carte de visite.
27:02C'est la preuve de l'implication de Bain Capital
27:05dans l'opération Samsonite.
27:07Pourquoi vous ne voulez pas la prendre ?
27:09Vous avez gagné beaucoup d'argent grâce à cette opération.
27:11En France, 200 personnes ont été licenciées.
27:13On aimerait juste obtenir une réaction.
27:15Je vous ai dit tout ce que j'avais à vous dire.
27:17Non, vous n'avez rien dit du tout.
27:20Parlez-nous de votre rôle
27:22dans cette opération à Hénin-Beaumont.
27:24C'est tout.
27:26Juste quelques minutes pour nous répondre.
27:28Et toi, Mélissa,
27:30pourquoi n'as-tu pas répondu à nos questions ?
27:32Pourquoi n'as-tu pas répondu à nos questions ?
27:35Pourquoi n'as-tu pas répondu à nos questions ?
27:38C'était une très bonne affaire
27:40pour Bain Capital
27:42de se débarrasser de l'usine d'Hénin-Beaumont en France,
27:44non ?
27:46C'est un problème pour vous ?
27:48Ca vous pose un problème d'en parler ?
27:52Trouvez quelqu'un de chez Bain Capital
27:55pour répondre à nos questions.
27:57Autant croire au...
27:59Ah, ben, justement. Tiens, le voilà.
28:04Ces gens si doués en affaires
28:06et pourtant si réticents à parler de leur succès,
28:08ça nous rappelle quelqu'un.
28:10Un pionnier.
28:12Pour le retrouver,
28:15on a dû repartir très loin, dans le Michigan.
28:17C'est comme ça qu'on a atterri
28:19dans la banlieue de Détroit.
28:21Un peu paumé au milieu d'une zone commerciale.
28:23Le parking anonyme
28:25d'une salle de banquet,
28:28où doit se tenir un meeting politique.
28:30Un invité de marque est attendu.
28:32Mitromny.
28:34Lui n'est pas encore arrivé,
28:36mais ses opposants sont déjà à pied d'oeuvre.
28:38Les anti-mythes,
28:40toujours là pour lui rappeler
28:43son passé dans la finance.
28:45On laisse les gauchistes sur le bord de la route
28:47pour aller écouter
28:49la bonne parole républicaine.
28:51Dans la salle, c'est l'enfant du pays qu'on attend.
28:53Mitromny est né à Détroit.
28:56Son père était gouverneur du Michigan.
28:58La dynastie romny a de beaux restes.
29:00C'est sa nièce
29:02qui l'accueille sur le podium.
29:06Mit est venu soutenir
29:08une candidate aux prochaines élections.
29:10Mais tout le monde est là pour lui.
29:13L'ancien candidat à la Maison-Blanche
29:15est toujours très populaire chez les républicains.
29:22Je suis très fier de vous présenter
29:24notre ami à tous,
29:26Mitromny.
29:33Comme il s'attarde pour un petit bon foule,
29:35nous allons à la rencontre
29:37du fondateur de Ben Capital.
29:39Entamer une conversation
29:41ne va pas être évident.
29:43Mr Romny ?
29:48Mr Romny ?
29:50Mr Romny ?
29:52Mr Romny ?
29:57On est venu de France.
29:59On peut vous poser quelques questions ?
30:01Vous vous souvenez de Samsonite ?
30:03OK.
30:05Content de vous voir, les amis.
30:08Vous vous souvenez de Samsonite ?
30:10Samsonite ?
30:12La boîte qui fait les valises ?
30:14La société que Ben a achetée.
30:16Ah non, pas quand j'y étais.
30:18Et je pense pas qu'il a acheté non plus.
30:20Mais vous avez bien gagné de l'argent avec.
30:23Non, tout faux. Dommage pour vous.
30:25Tout faux ? Comment ça, tout faux ?
30:27On calcule peut-être moins vite que lui,
30:30Ce document, par exemple,
30:32c'est sa déclaration de patrimoine
30:34qu'il a dû rendre publique en 2012
30:36pour être candidat à la Maison-Blanche.
30:38C'est là qu'on a découvert que même rangé des voitures,
30:41le retraité Mr Romny touchait encore de l'argent
30:43de Ben Capital, Ben Capital, Ben Capital,
30:45et notamment de Ben Capital numéro 7E
30:47pour Europe,
30:49le fonds qui a servi à acheter puis revendre Samsonite.
30:51En 2012,
30:54ses revenus pour ce seul fonds
30:56étaient compris entre 100 000 et 1 million de dollars.
30:58On n'a pas rêvé,
31:00il y a même sa signature.
31:02Alors, on a insisté.
31:06Mr Romny,
31:08sur ce document, on voit l'argent
31:11que vous avez gagné avec Samsonite.
31:13Laissez-moi vous dire une chose.
31:15Combien avez-vous touché avec Samsonite ?
31:17Bonjour, ravi de vous voir.
31:19Ravi de vous voir.
31:21Apparemment, il a oublié ce qu'il voulait nous dire.
31:26Bon, la prochaine fois,
31:28on fera un bébé pour l'Amadoué.
31:32Manu, de l'autre côté, dehors, dehors, dehors.
31:34Notre dernière chance,
31:36c'est l'entrée des artistes.
31:44Mr Romny,
31:46vous vouliez nous dire quelque chose ?
31:56Je suis désolé, mais je ne suis pas là
31:58pour répondre aux médias français.
32:00Vous nous avez dit
32:02que vous aviez quelque chose à dire
32:04et vous vous êtes arrêté au milieu de la phrase.
32:06Moi, je veux juste savoir...
32:08Je vous ai déjà dit
32:11que je ne réponds pas aux médias français.
32:13Et pourquoi ça ? Moi, j'aimerais bien savoir
32:15combien vous avez gagné avec Samsonite.
32:18Vous n'avez rien à dire à propos de Samsonite ?
32:21En désespoir de cause,
32:23on a joué les groupies, comme les autres.
32:25Je peux avoir un autographe, moi aussi ?
32:27On lui a demandé de signer
32:29sa déclaration de patrimoine.
32:31Ça, ce sont vos revenus
32:33pour le fonds Bain Capital N°7 en 2012.
32:36Il y a bien Samsonite, là-dedans, non ?
32:38Thank you.
32:40Vous ne voulez pas répondre ?
32:42No answer ?
32:44Here you go.
32:46En tout cas,
32:48là, il ne dit plus qu'on a tout faux.
32:51Puisque la porte
32:53est définitivement fermée
32:56chez Bain Capital,
32:58nous quittons Détroit et les Etats-Unis
33:00pour filer de l'autre côté de la frontière,
33:02au Canada,
33:04à Toronto.
33:06Parce que dans l'affaire Samsonite,
33:09il y a un autre grand gagnant,
33:11un autre fonds d'investissement.
33:13Pas une petite boutique, non,
33:15un gros machin
33:17qui gère 140 milliards de dollars d'actifs
33:19partout dans le monde,
33:21dans tous les domaines.
33:24Des salles de marché à New York,
33:26à Londres, en Asie.
33:28Plus de 1 000 employés y travaillent.
33:30Le nez devant des ordinateurs
33:32pour surveiller l'épargne
33:34de plus de 300 000 personnes.
33:36Les retraites de tous les profs
33:39de l'État de l'Ontario.
33:41Ce gros machin,
33:43c'est le fonds de pension Teachers.
33:45Personne pour s'exprimer en son nom.
33:47Mais on a entendu parler
33:49d'une réunion très discrète en ville.
33:52Derrière cette vitre,
33:54les représentants de fonds de pension
33:56du monde entier.
33:58En tout, ils pèsent plus de 3 000 milliards de dollars.
34:00C'est peut-être pour ça
34:02qu'ils veulent rester entre eux.
34:05On a rendez-vous avec les 2 personnes
34:07qui ont racheté Samsonite pour le fonds Teachers.
34:09Claude Lamoureux
34:11et Jim Leach.
34:13Aujourd'hui, ils ne travaillent plus pour le fonds.
34:15Teachers a fait un investissement
34:17qui a cartonné, c'était Samsonite.
34:20Vas-y, raconte, c'est toi qui l'as fait.
34:22Oui, ça a bien marché.
34:24Nous, quand on l'a acheté,
34:26elle était vraiment bon marché.
34:28Le grand changement qu'on a opéré,
34:30c'était de délocaliser en Asie.
34:32Ces parts de marché et ces ventes
34:35se sont envolées.
34:37Et puis, on l'a revendue.
34:39Vous vous souvenez de combien ?
34:41Ah, ça fait trop longtemps.
34:43Mais le rendement était bon, non ?
34:45Oh oui, oui.
34:47En général, pour notre portefeuille d'entreprise,
34:50pour chaque dollar investi,
34:52on rapporte 20 % par an,
34:54une fois qu'on a déduit tous les frais.
34:56C'est du net ?
34:58Net, net, net.
35:00Pour Samsonite, ils ont fait bien mieux.
35:03Le fonds avait misé 60 millions de dollars
35:05et en a gagné 300 millions d'euros.
35:07C'est pas mal.
35:09C'est pas mal.
35:12Et on a gagné 300.
35:14Cinq fois la mise.
35:16Je peux vous montrer
35:18une petite vidéo ?
35:20Et...
35:22Après, on en discutera.
35:30On leur a présenté Brigitte
35:32dans les ruines de son usine
35:34quand elle nous parlait de son ancien travail.
35:36Vous aviez déjà entendu parler
35:38de cette usine ?
35:40Non, pas celle-là, en particulier.
35:42Ils auront certainement rationalisé
35:45leur fabrication dans le monde entier.
35:47Ca veut dire fermer des usines.
35:49Ca arrive tous les jours, partout dans le monde.
35:53Des usines qui ferment, oui.
35:55Mais là, c'est d'une manière très particulière.
35:57Ils se sont débrouillés
35:59pour éviter de payer les plans sociaux.
36:04Vous ne le saviez pas ?
36:06Euh, non. Non, ça, je ne le savais pas.
36:08Je suis surpris.
36:10Je suis surpris d'avoir appris ça.
36:12C'est ce qui s'est passé.
36:14Si nous avions su à l'époque,
36:17on aurait pris des mesures.
36:19Ce que je dis,
36:21c'est que Teachers savait
36:23que des usines allaient fermer.
36:25Ce que nous ne savions pas,
36:27ce que vous m'apprenez là pour la première fois,
36:30c'est qu'il est possible
36:32que des choses illégales se soient produites
36:34lors de la fermeture de ces usines.
36:3620 % de rendement,
36:38c'est tout ce qui compte.
36:40Une très bonne chose
36:42pour ceux qui en bénéficient vraiment,
36:45les profs à la retraite.
36:47C'est ainsi qu'un beau matin,
36:49sur les bords du lac Ontario,
36:51on a fait une promenade ornithologique
36:53avec toute une palanquée
36:55de profs retraités.
36:58Comme Déborah
37:00et sa copine Sophie.
37:02Super équipés.
37:04Aguetés dans les branches,
37:06un échassé du cru.
37:14Merde, j'arrive pas à le voir.
37:17Ah, le voilà.
37:19Là-haut, là-haut.
37:21Le bureau violacé.
37:23C'est ça qui est bien avec les profs,
37:25on apprend toujours quelque chose.
37:27Ah, le son des cigales
37:30pendant la sieste.
37:32Loin d'écrits des enfants,
37:34Ah, le silence.
37:36C'est ça, être à la retraite ?
37:38Exactement.
37:40Vous rencontrez des gens
37:42par une belle journée comme aujourd'hui.
37:45Je me réveille tous les matins
37:47en me félicitant d'avoir été enseignante
37:49pour pouvoir profiter de ma retraite.
37:51Vous profitez d'un système ?
37:53Qui nous permet de partir à la retraite
37:55à cet âge, oui, bien sûr,
37:58et d'en profiter.
38:00La plupart de mes collègues
38:02ils voyagent en ce moment.
38:04D'ailleurs, ce matin,
38:06on aurait dû avoir plus de monde.
38:08Mais ils sont tous partis, là.
38:10Ils sont où ?
38:13Alors, il y en a un aux Etats-Unis,
38:15deux ou trois se baladent en Europe,
38:17un en croisière en Méditerranée,
38:19un autre fait une rando en Espagne.
38:21Ils sont partout, j'arrive pas à suivre.
38:27C'est super !
38:30On a les moyens
38:32de vivre notre vie.
38:34Il n'y a rien à redire.
38:36Je sais combien je touche chaque mois.
38:38Je ne connais aucun enseignant retraité
38:40qui se plaigne.
38:43Pour des gens de notre âge,
38:45on est vraiment bénis.
38:50Le fonds de pension Teachers,
38:53ses 20 % de rendement,
38:55une vraie fierté pour le Canada.
38:57Tous les mois,
38:59Déborah va aux banquets
39:01de l'Association des retraités de l'enseignement.
39:03Dans l'Ontario,
39:05ils sont 127 000.
39:08Certaines dans cette salle
39:10ont désormais passé plus de temps à la retraite
39:12que dans leur salle de classe.
39:14Toutes, sans exception,
39:16ont cotisé pour le fonds.
39:18C'est obligatoire, retenu à la source.
39:21Regardez, sur la feuille de paye de Déborah,
39:23les 190 $,
39:25c'est 8 % de son salaire.
39:27Tous les mois,
39:29c'est le plus important de sa carrière.
39:31Pour payer leur pension,
39:33le fonds a intérêt à cartonner,
39:36comme il l'a fait avec Samsonite.
39:38C'est pour ça qu'on a voulu présenter
39:40Brigitte à Déborah et Sophie.
39:42Je vais vous montrer un petit film.
39:44Ca dure un peu plus d'une minute.
39:46...
39:48Je n'entends rien.
39:51Je vais vous le traduire.
39:53...
39:55...
39:58C'est pour ça qu'on a tout accepté, quoi.
40:01Pour garder notre usine.
40:03...
40:05Moi, je trouve qu'on a été des ouvriers
40:08qui s'étaient trop, trop investis.
40:10...
40:12Ce métier-là, il sera toujours au fond de moi.
40:14Je ne pourrai jamais rayer cette partie de ma vie.
40:17Je ne pourrai pas.
40:19...
40:22Ca n'a pas l'air de bien se terminer.
40:24...
40:26Teachers a racheté Samsonite en 2003.
40:30Notre fonds de pension ?
40:32Votre fonds de pension.
40:34J'étais pas au courant.
40:37En 2007, ils l'ont revendu.
40:39Ils ont fait un super coup avec cette opération.
40:42C'est pas bien, ça.
40:44C'est très triste.
40:46Vous savez, il y a des choses qu'on ne sait pas.
40:49C'est pour ça que je vous le montre.
40:51On n'est vraiment pas au courant.
40:53Nous, on sait juste que le fonds de pension va bien.
40:56Investis bien.
40:58Peut-être qu'il faudrait qu'on creuse un peu plus.
41:01...
41:03Ces gens-là, ils ont tout perdu.
41:06Ca se voit dans leurs regards.
41:08Ils se retrouvent avec quasiment rien.
41:10Dans l'usine, ils ont donné de leur temps.
41:12Mais ils n'avaient pas d'actions ?
41:14Ils n'étaient pas actionnaires ?
41:16Non.
41:18Mais pensez-vous qu'on peut avoir
41:21des rendements aussi élevés
41:23sans recourir à ce genre de méthode ?
41:25...
41:27...
41:29Vous savez quoi ?
41:31Vous me donnez à réfléchir.
41:33Vous me donnez vraiment à réfléchir.
41:36Parfois, ce qui bénéficie à une personne
41:38se fait au détriment d'une autre.
41:40Pour grimper,
41:42vous marchez sur la tête d'autres gens.
41:44C'est pas comme ça
41:46qu'on voudrait concevoir nos vies.
41:49C'est un crève-cœur.
41:51Je n'aurais pas voulu
41:53qu'on me fasse la même chose.
41:55J'aimerais que ce monde soit plus moral,
41:57plus éthique,
41:59mais on dirait que c'est l'argent qui décide.
42:01Je vais peut-être mal dormir ce soir.
42:04...
42:06Désolé, Deborah.
42:08On voulait pas vous causer d'insomnie.