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"Certains disent que Donald Trump est irrationnel, je ne crois pas", assure ce mardi sur franceinfo, Thierry Breton, ancien Commissaire européen au marché intérieur, alors que le président américain a annoncé la semaine dernière imposer des droits de douane à de nombreux pays, dont ceux de l’Union européenne.
#DonaldTrump #ThierryBreton #UE #Economie #Finance

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Transcription
00:00Bonjour Thierry Breton, des bourses mondiales dans le rouge depuis hier, là ce matin ça semble s'améliorer mais ça reste fragile, est-ce qu'on assiste à un krach boursier ?
00:12Pas encore et on espère qu'on ne va pas en arriver là. Ce qui est inédit dans ces chutes, des bourses qu'on a constatées évidemment depuis le 2 avril,
00:20c'est que la situation économique mondiale n'était pas si mauvaise, on n'est pas du tout dans la situation des krachs précédents, si krach qu'il y a.
00:28On se souvient du Covid, l'économie mondiale était à l'arrêt, on se souvient des subprimes. Là c'est pas du tout le cas, là c'est la décision politique d'un homme qui crée évidemment cette situation
00:41et donc c'est pour ça que je le dis par rapport à l'histoire des krachs, on est dans une situation tout à fait singulière.
00:47C'est l'incertitude qui crée de l'inquiétude ?
00:49Alors je crois que vous avez raison, c'est vraiment là où on est dans une incertitude quasi totale.
00:55Incertitude dont on sait qu'immédiatement ça provoque l'attentisme, l'attentisme évidemment pour les entreprises, pour les investisseurs,
01:03et donc une situation qui va être aussi différenciée.
01:06Parce que dans cet attentisme, on voit bien qu'il y a un certain nombre de pays, c'est 195 pays qui ont été touchés, si je puis dire, par les annonces du 2 avril.
01:14Un certain nombre ont déjà négocié donc directement en bilatéral avec la Maison-Blanche pour essayer de stabiliser précisément
01:23et de rebâtir quelque part cette nouvelle esquisse de nouvel ordre mondial.
01:31Il y a ceux qui ont pris des positions beaucoup plus dures, par exemple la Chine, on pourra y revenir.
01:38Et puis il y a ceux, comme l'Europe, où on est un peu en train d'attendre, de réfléchir, de voir ce qu'on va faire.
01:42C'est ce qui explique la diversité des réactions sur les marchés financiers cette nuit.
01:46Là je vois qu'à l'instant Tokyo clôture en hausse de 6%, alors qu'à Hong Kong c'est plus léger le rebond.
01:52Vous avez parfaitement raison de le signaler, Tokyo est allé, fait partie des pays qui sont allés directement négocier et dire
01:59ben voilà, on stabilise, alors on le comprend aussi, il ne faut jamais oublier que derrière ça on est dans des logiques d'un rapport de force
02:06et que le Japon dépend vraiment de la protection militaire américaine
02:12et que donc quelque part on voit bien que dans ces rapports de force, il n'y a pas que les enjeux économiques évidemment
02:16que Donald Trump met sur la table, ce qui pousse d'un côté le Japon à conclure,
02:22même si ce n'est pas favorable du tout évidemment aux entreprises japonaises,
02:25la Corée du Sud fera sans doute la même chose.
02:27La Chine au contraire est plutôt dans une logique de rapport de force compte tenu du poids évidemment que représente la Chine en particulier.
02:36On va effectivement expliquer pourquoi chacun des pays a envie de négocier de manière bilatérale
02:40parce que chacun a des intérêts différents et on va le voir aussi pour l'Union Européenne en particulier
02:45mais quand même le message hier de Donald Trump aux marchés économiques,
02:49ne soyez pas faibles, ne soyez pas stupides, soyez forts, courageux et patients
02:53et la grandeur sera au rendez-vous, c'est ce qu'il a dit aux Américains.
02:57Oui, là vous avez raison de le signaler, il s'adresse aux Américains
03:01parce qu'il faut savoir qu'évidemment pour nous en Europe les marchés financiers
03:05évidemment ça touche les institutionnels, ça touche aussi indirectement les Français qui peuvent placer leur épargne.
03:12Pour les Américains, 60% des ménages américains ont un portefeuille boursier
03:16parce que pour eux c'est comme ceci qu'ils se constituent les réserves de précaution
03:22pour d'abord payer éventuellement les études de leurs enfants,
03:26pour aussi préparer leur retraite ou pour avoir la capacité d'emprunter.
03:30Donc là il s'adresse évidemment aux Américains parce qu'ils viennent de subir une perte absolument gigantesque,
03:38plus de 6 000 milliards en trois jours, c'est du jamais vu, pratiquement du jamais vu évidemment,
03:43avec cette ampleur, encore une fois sur la décision d'un homme.
03:46Et donc il leur dit, écoutez attendez, parce qu'évidemment ça commence évidemment à râler
03:52et on peut le comprendre, d'autant que derrière ça, les mesures qui sont annoncées vont être aussi sans doute inflationnistes
03:59et que donc on voit bien que ceux qui sont les premiers atteints, en tout cas à l'heure où nous parlons,
04:04sont évidemment les classes les plus défavorisées.
04:07Et donc il faut qu'il gère un peu cette tension politique qu'il a créée finalement chez lui.
04:13Ça commence à râler, y compris d'ailleurs dans son propre cercle.
04:17Regardez, écoutez cette vidéo qui a été postée hier par Elon Musk.
04:25Alors c'est pas Elon Musk qu'on entend là, c'est Milton Friedman,
04:29qui est l'un des économistes américains les plus influents du XXe siècle,
04:32il vante les bienfaits du libre-échange avec son histoire du crayon.
04:34Ce crayon, s'il vous coûte pas cher, c'est, dit-il, parce que tout le monde y a un peu participé.
04:39Et c'est Elon Musk, c'est Elon Musk qui poste ça, c'est intéressant.
04:42C'est intéressant. Et pourquoi Elon Musk ?
04:44Parce qu'Elon Musk, évidemment, au-delà de la figure emblématique qu'il est devenu,
04:49pas du reste que pour des bonnes raisons, au cours des derniers mois,
04:54Elon Musk est l'archétique de ceux qui vont souffrir de cette décision.
05:00Et c'est pour ça qu'il est en opposition.
05:01C'est milliard d'artien investi.
05:02Mais pourquoi est-il en opposition ? Parce que son entreprise de véhicules électriques,
05:10c'est vous qui le dites, elle a évidemment deux usines aux Etats-Unis, une en Californie, une au Texas.
05:20Donc on pourrait dire qu'il est un bon élève, sauf que ses voitures,
05:24elles sont pour un nombre très important, plus de 65% des pièces qui la composent,
05:30sont faites en Chine. Le lithium, il vient de Chine pour les batteries.
05:34Donc il dépend essentiellement de la Chine pour assembler ses voitures en Californie et au Texas.
05:41Donc il va subir de plein fouet l'augmentation pour l'instant, elle est de 65%,
05:46l'augmentation réelle des droits de douane.
05:48Alors si jamais Donald Trump l'augmente encore, ça va être 100%
05:51et ses voitures vont devenir invendables.
05:52Donc c'est la raison pour laquelle il dit de façon très explicite,
05:56comme beaucoup d'entreprises américaines,
05:58attention, on va finalement se tirer une balle dans le pied,
06:02parce que peut-être qu'effectivement nous allons rapatrier des usines,
06:05mais ces usines c'est quoi désormais ?
06:06Dans l'économie du XXIe siècle, qui n'est plus celle du XIXe siècle,
06:10je fais allusion au XIXe siècle parce que c'était le président William McKillet,
06:13qui est l'idole économique et politique du président Trump,
06:16qui avait inventé ce concept, ou en tout cas qu'il avait mis en place,
06:20du fait qu'on augmente les droits de douane, on met les droits de douane
06:22pour éviter de payer les impôts.
06:24Mais vous nous dites que les milieux d'affaires américains
06:26sont susceptibles de lâcher Donald Trump ?
06:28Non, ce n'est pas ce que je dis, je dis qu'on va commencer à avoir évidemment
06:31ce type de discussion, et c'est pour ça qu'il faut peut-être revenir
06:34de façon très explicite sur les raisons qui ont poussé Donald Trump.
06:39Et si vous me permettez, en une seconde, pas un peu plus qu'une seconde,
06:42je crois qu'il faut, parce qu'il faut toujours comprendre ce qu'il y a derrière.
06:45Certains disent Donald Trump est irrationnel, etc.
06:47Je ne le crois pas. Il a une vraie logique politique et économique.
06:51Il veut atteindre finalement trois objectifs avec ses augmentations
06:55de droits de douane. Le premier, et il le dit de façon très claire,
06:58c'est pour revenir à ce que je disais sur le président William McKinley,
07:01il veut augmenter les droits de douane pour baisser l'impôt des Américains
07:05et en particulier l'impôt sur les sociétés.
07:08Et c'est la raison pour laquelle il a mis 10% de droits de douane
07:10à tous les pays au monde, parce qu'avec cette augmentation de 10%,
07:15il va pouvoir baisser un petit peu, on sait qu'il voudrait atteindre
07:18les 15%, les droits, les impôts des entreprises.
07:22Deuxième objectif.
07:23Et donc celui-là, il ne changera pas.
07:25Donc il faut vraiment qu'on considère qu'il est acquis.
07:27Le deuxième objectif, il est industriel.
07:30Il veut réindustrialiser les Etats-Unis.
07:32Et pour ça, il a défini un certain nombre de secteurs.
07:34Alors on vient de parler de l'automobile.
07:36Et donc il fait des rapports de force.
07:38Il dit je taxe 25% les automobiles, sauf si vous venez chez moi.
07:42Et là, vous allez pouvoir discuter d'un discount.
07:45Et donc il a maintenant 4 secteurs.
07:49Les autos, l'automobile et tout ce qui va autour.
07:53Il a évidemment les semi-conducteurs.
07:55On le sait également, il va sans doute nous réserver quelques annonces
08:00sur la pharmacie.
08:02Et puis enfin, tout ce qui concerne la robotique.
08:04Et donc dans ces 4 secteurs, il va mettre des droits de douane
08:07pour pouvoir négocier secteur par secteur, filière par filière.
08:11Il voudrait le faire du reste entreprise par entreprise.
08:13Et son objectif, c'est la réindustrialisation.
08:15Et puis le troisième, le troisième objectif, on le sait,
08:18c'est la réduction du déficit de la balance commerciale.
08:22Alors on sait que pour nous en Europe, c'est vrai qu'on est excédentaire.
08:25On vend plus de produits qu'on en importe des Etats-Unis.
08:27Il y a un déficit sur les 1600 milliards à peu près
08:31qu'on s'exporte et qu'on importe de chaque côté de l'Atlantique.
08:34Il y a 150 milliards de déficit sur les produits,
08:37mais on importe plus de services.
08:39Donc lui, il nous dit...
08:40– Lui, il dit qu'il s'est fermaqué par l'Union européenne.
08:42– Voilà, il nous dit, vous voyez, il y a 150 milliards,
08:45il faut absolument le baisser, il faut s'accorder sur les chiffres.
08:49Nous ne reconnaissons pas ce chiffre parce que nous disons,
08:51oui mais en échange on importe beaucoup de services numériques et financiers.
08:54Le différentiel n'est donc que de 50 milliards.
08:56Il faut donc maintenant négocier, arrêter effectivement le chiffre exact,
09:00et puis voir comment on peut compenser ce troisième volet.
09:03– Justement, il y a réponse européenne quand même.
09:05– Et on voit bien pour conclure qu'il est à mon avis illusoire,
09:09et je pense même contre-productif, de vouloir avoir une réponse unique.
09:13Il faut avoir trois types de négociations pour les trois objectifs que je viens de rappeler.
09:17– Sur la réponse européenne, l'Union européenne se dit donc prête à utiliser,
09:20je cite, « tous les outils de son arsenal de défense commerciale ».
09:24Écoutez ce que dit Laurent Saint-Martin, le ministre délégué au commerce extérieur.
09:28– Je pense qu'il ne faut n'exclure aucune option sur les biens, sur les services,
09:34quelle que soit la façon de l'aborder, et ouvrir la boîte à outils européenne
09:38qui est très complète et qui peut être extrêmement, extrêmement agressive également en retour.
09:43Je pense évidemment à l'instrument anticoercition.
09:45– L'instrument anticoercition, de quoi il parle ?
09:47– Alors l'instrument anticoercition, c'est une loi que nous avons votée en 2023.
09:52A l'époque, la Lituanie avait décidé d'ouvrir un bureau d'ambassade de Taïwan chez elle.
10:01Évidemment, ça avait provoqué l'ire de la Chine,
10:04parce que la Chine ne souhaite pas qu'on reconnaisse Taïwan.
10:07Et la Chine avait donc puni, vraiment puni, le terme est exact, la Lituanie, en l'isolant.
10:12Et donc nous avions réagi en disant si un pays de l'Union est attaqué,
10:15c'est l'ensemble des pays qui est attaqué, avec cette loi qui donne les moyens maintenant à l'Union européenne
10:20de réagir lorsque soit l'Union, soit un pays de l'Union est attaqué.
10:25Évidemment, là nous sommes attaqués.
10:26– Mais concrètement, ça donne quels moyens ?
10:27– Alors vous pouvez désigner un certain nombre de personnes qui vont être sur la liste que l'on va bannir.
10:32Vous pouvez faire en sorte que les entreprises du pays qui attaquent, entre guillemets,
10:39l'Union européenne ou l'un des pays de l'Union ne puissent plus avoir accès au marché public.
10:44– Ça peut être les géants du numérique.
10:45– Vous pouvez, bien entendu.
10:46Vous avez tout un tas, toute une panoplie qui peut être utilisée tout de suite.
10:49– Mais alors si on a juste cette menace, c'est qu'on n'est pas dans une logique de dialogue.
10:52– Non, alors justement, c'est pour ça que j'ai réinsisté vraiment sur les trois piliers
10:56que j'ai rappelés à l'instant à votre micro.
11:00Je pense que d'un côté, il faut vraiment avoir une riposte.
11:02Et nous devons nous préparer à cette riposte.
11:05Mais pour ça, il faut rentrer en discussion.
11:07Et ce n'est pas une discussion que l'on va avoir.
11:09C'est trois discussions.
11:10Prenez l'exemple, il y a quelque chose qui pour nous est assez surréaliste.
11:14On nous dit, Peter Navarro en particulier,
11:16qui est l'économiste qui est derrière tout ça,
11:21dire oui, mais c'est un scandale.
11:22Parce que regardez, en Europe, vous avez une TVA à 20% en moyenne.
11:26Et donc, ça veut dire que vous taxez les entreprises américaines
11:29puisque lorsqu'on vient vendre un produit, on supporte la TVA.
11:32Sauf qu'on dit, oui, mais c'est vrai pour tous les produits et services.
11:35C'est l'une des façons, précisément pour nous, de financer nos États.
11:38Et donc, il dit, ce n'est pas juste pour les entreprises américaines.
11:42Donc là-dessus, on a une discussion,
11:44qui est une discussion qui n'est pas économique, évidemment.
11:47Et donc, il faut trouver le moyen.
11:48Il se trouve qu'aux États-Unis, il y a ce qu'on appelle les sales tax.
11:50Dans tous les États, il y a des taxes qui sont l'équivalent de la TVA.
11:54C'est de l'ordre de 10%.
11:54Bon, ben, il faut peut-être à ce moment-là...
11:56Ça veut dire quoi ?
11:56Ça veut dire qu'on pourrait modifier les taxes en fonction des produits américains ?
12:01Non, ça veut donc dire qu'il y a un moment,
12:02et c'est pour revenir sur le pilier numéro 1, les fameux 10%,
12:04lui dire, bon ben ok, alors puisque tu veux reconnaître
12:07que ces 20% sont vraiment des taxes qui pénalisent les produits américains,
12:12alors nous avons, nous, 10% aux États-Unis.
12:14Le différentiel, c'est de 10%.
12:15Bon ben voilà, les 10%, c'est vraiment les 10% des droits de douane
12:19qu'il a mis de façon bilatérale aux 195 pays.
12:22On met ça de côté et on discute ensuite de façon bilatérale,
12:25y compris en utilisant l'ensemble des éléments qui sont à notre main
12:29pour ces fameux rapports de force,
12:31de façon à limiter l'impact et sur l'aspect industriel
12:36et sur l'aspect déficit du commerce extérieur.
12:39Mais nous avons des instruments et il faut les faire valoir.
12:42On continue de vous écouter dans un instant, Thierry Breton,
12:45on laisse passer le fil d'info, il est 8h46, Maureen Suignard.
12:49De nouvelles frappes israéliennes dans la bande de Gaza
12:52ont fait 19 morts depuis hier soir,
12:54annonce ce matin de la défense civile de la bande de Gaza.
12:57Emmanuel Macron est toujours en Égypte
12:59et va se déplacer aujourd'hui dans une ville proche de la frontière gazawie.
13:03Hier, la France, l'Égypte et la Jordanie ont appelé
13:06à un retour immédiat au cessez-le-feu.
13:08Après une baisse hier, les bourses européennes attendues en hausse
13:12à l'ouverture dans un quart d'heure.
13:13La bourse de Tokyo vient de clôturer en rebond de plus de 6%.
13:16Mais les marchés restent fébriles.
13:18Donald Trump maintient ses nouveaux droits de douane sur les produits importés.
13:22Ce matin, la Chine dit refuser la pression,
13:24les menaces et le chantage des Etats-Unis.
13:27L'Assemblée nationale approuve de manière définitive
13:29la transformation de la centrale à charbon de Saint-Avol en Moselle.
13:33L'une des deux dernières centrales à charbon en activité en France
13:36va être convertie au biogaz.
13:38C'est le début des quarts de finale allées
13:40de la Ligue des champions de football.
13:42Ce soir, Arsenal-Real Madrid avec Kylian Mbappé
13:45et le Bayern Munich face à l'Inter Milan.
13:47Demain, ce sera le PSG qui affrontera Aston Villa.
13:49France Info
13:53Le 8.30 France Info
13:56Jérôme Chapuis
13:57Saliad Rackia
13:58Toujours avec Thierry Breton, ancien commissaire européen en marché intérieur,
14:01on évoquait juste avant le fil info
14:02les possibles réponses de l'Union Européenne à l'offensive américaine.
14:07Une exemption totale des droits de douane des produits industriels.
14:10C'est ce qu'a proposé l'Union Européenne hier.
14:13Mais Donald Trump trouve aujourd'hui que c'est insuffisant.
14:16Pour ceux qui nous écoutent, d'abord, on parle de quoi ?
14:19Non, on parle du fait qu'il y a effectivement des droits de douane
14:22sur les produits industriels des deux côtés de l'Atlantique.
14:25Du reste,
14:26C'est quoi ? C'est l'automobile, les produits chimiques ?
14:29Voilà, l'automobile, les produits chimiques, les biens électroniques,
14:33enfin tout ce qui compose les produits industriels.
14:37Et donc, c'est quelque chose qu'avait tenté du reste de l'Union Européenne
14:39d'avoir une sorte de zone de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Europe.
14:44Ça n'a jamais marché.
14:46Alors, on voit bien, et c'est pour ça que c'est important,
14:48c'est un geste, donc c'est...
14:50Je le redis vraiment, ce qui est important maintenant,
14:52c'est que l'Union Européenne s'assoit à la table de négociation,
14:55y aille, je pense du reste que c'est à Ursula von der Leyen elle-même
14:57de mener ces négociations,
15:01parce qu'elles sont vitales, existentielles et politiques,
15:04pour évidemment l'Europe.
15:05C'est donc maintenant très important que ça se fasse.
15:06Pourquoi vous dites que c'est à elle, parce que, pardon,
15:08mais il y a 27 pays dans l'Union Européenne,
15:09les chefs d'Etat n'ont pas à se mêler ?
15:11Non, parce que c'est la compétence, justement,
15:14des négociations sur le commerce extérieur,
15:16et désormais une compétence exclusive de l'Union Européenne,
15:20et non plus des seuls Etats membres,
15:21parce que précisément, on pèse plus fort à 27.
15:24Sauf que si vous mettez à la place des Irlandais,
15:26qui accueillent sur leur sol les sièges des plus grandes entreprises américaines,
15:31Meta, c'est-à-dire Facebook, Apple notamment,
15:35et qui voient Ursula von der Leyen faire un bras de fer,
15:38ils vont dire, mais nos emplois, nos ressources fiscales ici,
15:42enfin, ils ne vont pas le voir du même oeil que les Français, par exemple.
15:44Bien sûr, et c'est pour ça qu'il faut du leadership,
15:46et c'est pour ça qu'il faut, encore une fois,
15:47bien différencier ce sur quoi on négocie.
15:50On parlait à l'instant, précisément, des aspects industriels,
15:53on voit que ce que cherche, au fond, Donald Trump,
15:56c'est de réindustrialiser.
15:57Donc, ce n'est pas en répondant comme ça qu'on va répondre à son objectif.
16:00C'est pour ça qu'il faut se mettre, pardon de le dire de façon un peu simpliste,
16:04à votre micro ce matin, mais dans ses pieds,
16:06pour bien voir...
16:07Dans sa tête, si c'est possible ?
16:08Si c'est possible dans sa tête,
16:10parce que c'est très important, encore une fois.
16:12Et donc, il ne va jamais accepter le fait de dire,
16:15on fait 0-0 et finalement on a réglé le problème,
16:18parce qu'il a plusieurs problèmes qu'il veut régler,
16:20et qu'il faut que nous, nous les comprenions.
16:22Mais nous avons, je le redis à votre micro,
16:24nous avons des armes, des arguments,
16:26pour rééquilibrer, puisque nous sommes dans une logique de rapport de force,
16:30certainement pas en cherchant l'escalade,
16:32et je pense qu'il faut vraiment l'éviter,
16:34parce qu'à ce moment-là, ce serait évidemment délétère
16:36pour l'économie et pour, évidemment, les investissements et les marchés,
16:39mais en étant très fermes et unis.
16:41Bien sûr, vous avez raison, l'Irlande...
16:43Alors, je vous l'écoute, pardon, Thierry Breton.
16:44L'Irlande, c'est un très bon exemple,
16:46l'Irlande fait partie des pays qui sont les plus exposés,
16:49avec l'Allemagne et l'Italie,
16:50précisément aux exports américains.
16:53Eh bien, il faut l'intégrer,
16:54l'Irlande, c'est en particulier, vous l'avez dit, les sièges,
16:56mais c'est aussi beaucoup sur la pharmacie,
16:58donc il faut effectivement l'intégrer,
17:00et avoir des discussions sectorielles avec lui,
17:03plutôt que de les avoir par pays,
17:05voire par entreprise,
17:06il vaut mieux le faire de façon unie, globale,
17:09parce qu'en Europe, on pèsera beaucoup plus lourd,
17:11c'est vrai qu'il va y avoir des entreprises...
17:12Pardon, mais c'est pas le discours que tient Emmanuel Macron,
17:15lui, Emmanuel Macron, directement,
17:17il a réuni,
17:17il a organisé une réunion après l'annonce
17:21des droits de douane de Donald Trump,
17:22et lui, il a carrément appelé les grands patrons
17:24à cesser leurs investissements outre-Atlantique.
17:27Alors, je n'étais pas à cette réunion,
17:28mais ce que j'ai compris,
17:30peut-être comme vous,
17:32c'est qu'effectivement,
17:33il s'inscrit là,
17:34dans ce fameux deuxième pilier,
17:36et que comme il va y avoir des discussions
17:38de façon sectorielle,
17:40il vaut mieux peser, effectivement,
17:42globalement sur un secteur tout entier,
17:43plutôt que d'y aller de façon différenciée et complète.
17:47Sauf qu'on dit quoi à Rodolphe Saladé,
17:48le patron de CMACGM,
17:50qui a annoncé un investissement de 20 milliards aux Etats-Unis ?
17:52Alors, vous avez raison,
17:54il y a 20 milliards,
17:54il y a effectivement des constructeurs automobiles aussi
17:57qui vont le faire,
17:58vous avez des constructeurs,
17:59alors on n'en est plus en Europe,
18:00mais de semi-conducteurs,
18:01il y a déjà, évidemment,
18:02les entreprises sont maîtres,
18:03évidemment,
18:04de leurs investissements,
18:06ça prend beaucoup de temps pour préparer un investissement,
18:08ça se fait par un claquement de doigts,
18:10donc quand on décide de le faire,
18:11c'est parce qu'il y a des raisons,
18:12et par parenthèse,
18:13tous les investissements qui sont annoncés aujourd'hui,
18:15croyez-moi,
18:16ils n'ont pas été initiés
18:17depuis le 20 janvier,
18:20date de l'intronisation du président Trump,
18:22ça se prépare bien longtemps en avance,
18:24alors ce qu'il faut faire maintenant,
18:25parce qu'on est aussi dans une logique politique,
18:28c'est effectivement pour tous ceux qui ont prévu de le faire,
18:30c'est peut-être plutôt d'arriver groupés,
18:33groupés,
18:34plutôt que de façon isolée,
18:35parce qu'on pèsera davantage
18:37pour, qu'est-ce qu'on cherche nous, Européens ?
18:39Réduire ces droits de douane
18:41totalement arbitraires,
18:42artificiels,
18:44qui si jamais ils perduraient,
18:46auraient un impact important et délétère
18:48sur nos économies.
18:49Voilà où on est.
18:50– Précisément,
18:51l'impact,
18:51François Bayrou estime que ça peut coûter
18:53plus de 0,5%
18:55du produit intérieur brut,
18:56de la richesse créée en France,
18:59pour ceux qui nous écoutent,
19:00pour les Français,
19:01qui s'inquiètent pour leur emploi,
19:03qu'est-ce que vous dites ce matin ?
19:04Ils ont raison de s'inquiéter.
19:05– Alors, nous sommes,
19:06hélas,
19:07un pays qui est,
19:08alors hélas,
19:09tant mieux,
19:09un pays qui n'est pas trop exposé,
19:11parce que 1,5% de notre PIB
19:13dépend des exportations américaines.
19:15Donc en fait,
19:15on est moins exposé,
19:17par exemple,
19:17que l'Irlande,
19:18dont on parlait à l'instant,
19:19que l'Allemagne,
19:20ou que l'Italie.
19:21Donc,
19:22l'impact sera évidemment
19:23nettement moindre pour nous.
19:24On verra,
19:25c'est quelques pourcentages de PIB,
19:270,5,
19:280,4.
19:28– C'est des recettes fiscales en moins,
19:30au passage ?
19:30– Bien sûr,
19:30ce sera des recettes fiscales en moins,
19:32mais j'en reviens à ce que nous disions tout à l'heure.
19:35Aux Etats-Unis,
19:36les évaluations,
19:37c'est plutôt 1,5% d'impact sur le PIB.
19:40C'est aussi,
19:41sans doute,
19:42entre 1,5 et 2% d'augmentation
19:45de l'inflation aux Etats-Unis,
19:46ce qui mènerait à l'inflation aux Etats-Unis
19:47entre 4,5 et 5.
19:49Donc on voit que,
19:50finalement,
19:50l'impact de ces mesures
19:52va avoir,
19:53d'un point de vue économique,
19:54macroéconomique,
19:55beaucoup plus d'importance aux Etats-Unis
19:57que dans d'autres pays.
20:00– Mais en France,
20:01les produits américains
20:02vont être plus chers ?
20:03– Alors les produits américains,
20:04évidemment,
20:04si jamais,
20:05on n'a pas encore donné notre réponse,
20:06mais c'est là,
20:06on va voir la réponse,
20:07évidemment,
20:08des Européens.
20:08Si jamais on retaxe,
20:11les produits américains
20:12seront légèrement plus chers.
20:13On sait que dans ces moments,
20:14il y a aussi une élasticité,
20:15les entreprises renient un peu
20:17sur leurs marges,
20:18mais vous avez raison,
20:19mais vont surtout être
20:20beaucoup plus chers
20:21aux Etats-Unis,
20:22et je le redis.
20:22– Vous voyez ce qui se passe aussi
20:24en France ?
20:24Il y a un mouvement
20:25de certains consommateurs
20:26qui se disent
20:26« Mais moi,
20:27regarde des positions
20:29de Donald Trump,
20:29de ce qu'il a annoncé
20:30sur les droits de douane,
20:31je pense qu'il faut carrément
20:32boycotter les produits américains. »
20:34Là-dessus,
20:35vous dites quoi ?
20:35– Ça, c'est ça,
20:36d'abord,
20:36c'est la décision du consommateur final.
20:39– Je remarque que tout à l'heure,
20:40vous n'avez pas voulu prononcer
20:41le mot « Tesla ».
20:42– Je vais le dire,
20:42j'allais le dire,
20:43vous me le retirez de la bouche,
20:44regardez ce qui se passe pour Tesla.
20:45Quand on voit que Tesla,
20:46aujourd'hui,
20:47et on en a vu,
20:48évidemment,
20:48les positions,
20:49alors là,
20:49c'est vraiment des positions
20:50qui ont été prises
20:51par son directeur général,
20:53et je parle d'Elon Musk,
20:55Tesla,
20:55aujourd'hui,
20:56sert en gros,
20:56en moyenne,
20:57moins 60% d'achats en Europe.
21:00Donc,
21:00on voit bien que là,
21:01il y a le consommateur,
21:03quelque part,
21:04il vote.
21:05Donc,
21:05évidemment,
21:06il faut tenir compte de tout cela.
21:07– Est-ce que les consommateurs,
21:08en fait,
21:09peuvent vous aider,
21:10peuvent aider les dirigeants européens
21:11à négocier,
21:12à gagner ce bras de fer
21:13parce qu'un mouvement se...
21:15– Non,
21:15c'est marginal,
21:15je pense que c'est marginal
21:16et je pense qu'il faut,
21:17là encore,
21:18c'est vraiment,
21:19chacun doit jouer son rôle.
21:20Le consommateur,
21:21évidemment,
21:21c'est lui qui va acheter ensuite
21:23au Canada en particulier.
21:24Le Canada qui est rentré maintenant
21:25en confrontation frontale
21:26compte tenu,
21:28je dirais,
21:29des déclarations invraisemblables
21:32du président Trump
21:33sur le Canada,
21:34les Canadiens,
21:35ils ont décidé dans les supermarchés.
21:37Mais ça,
21:37encore une fois,
21:37c'est les comportements individuels.
21:39Ça ne déconnère pas
21:40les politiques de leur responsabilité.
21:42– Il y a des sujets sur lesquels ?
21:43– Ce matin à nouveau,
21:45il faut désormais
21:45que les politiques,
21:47en particulier l'Union européenne
21:48qui a les instruments,
21:49avec les trois chemins
21:50que nous avons tracés à l'instant,
21:52il y aille maintenant,
21:54il faut engager,
21:55il faut engager sur ces trois voies,
21:57il faut engager de façon ferme,
21:58de façon résolue,
21:59en évitant la surenchère,
22:01mais en sachant que nous avons
22:02effectivement les moyens
22:04pour finalement retrouver
22:06dans cette irrationnelle,
22:08du rationnel et de l'équilibre.
22:11– Toujours sur l'impact,
22:12une voiture,
22:12si je ne prends pas une américaine,
22:13je peux en acheter
22:14d'une autre marque
22:14et d'une autre nationalité.
22:15c'est un cloud,
22:18c'est-à-dire ces espaces de stockage
22:20sur lesquels les Français,
22:22les entreprises françaises
22:24stockent leurs données
22:25et c'est absolument stratégique,
22:26si on n'a pas les Américains,
22:28qu'est-ce qu'on fait ?
22:28Si les Américains nous coupent…
22:30– Mais les Américains ont besoin de nous.
22:32Les entreprises américaines du numérique
22:34ont besoin vital du marché européen
22:36qui est le premier marché numérique du monde.
22:38Ils font entre 25 et 40%
22:40de leur chiffre d'affaires
22:42et de leurs bénéfices en Europe.
22:43croyez-moi,
22:44dans le contexte actuel,
22:45y compris,
22:46y compris de durcissement,
22:48parce que c'est ça
22:49ce qui va se passer,
22:50entre la Chine et les États-Unis,
22:52plus que jamais,
22:53les entreprises américaines,
22:54en particulier celles du numérique,
22:56vont avoir besoin de l'Europe.
22:56– Je disais qu'un grand cabinet
22:58de consultants
22:58avait imaginé récemment
22:59un scénario dans lequel
23:00le Danemark cédait le Groenland
23:02sans un coup de fusil,
23:03sans négociation,
23:05juste parce que les États-Unis
23:06privaient les Danois
23:07de leur accès au cloud.
23:10C'est complètement fantaisiste.
23:11– Complètement fantaisiste
23:12et c'est là
23:12où, je le redis,
23:14pour nous, Européens,
23:15qui allons rentrer,
23:16le plus vite sera maintenant
23:17le mieux,
23:18dans cette phase
23:19de négociation,
23:20donc à trois voies,
23:22pour nous, Européens,
23:23il est très important
23:24de rappeler,
23:25avant même
23:26que de s'asseoir
23:27à la table de négociation,
23:28qu'il y a des éléments
23:29sur lesquels on peut
23:30éventuellement discuter,
23:31et je les ai brossés
23:32tout à l'heure
23:33dans les trois chemins
23:34que nous avons évoqués,
23:35mais en revanche,
23:36il y a des éléments
23:37qui sont juste
23:38non négociables,
23:39notre intégrité territoriale,
23:40évidemment,
23:42et notre intégrité démocratique.
23:43Nous avons voté
23:44des lois en particulier
23:45dans le numérique,
23:46on sait que certains
23:47des GAFA
23:48aimeraient les détricoter,
23:50parce qu'ils peuvent
23:50considérer…
23:50– Ce n'est pas négociable,
23:51ce que vous dites.
23:51– Ce n'est pas négociable,
23:52c'est notre démocratie,
23:53ces lois ont été votées
23:53à plus de 90%,
23:55le DSA,
23:56le DMA,
23:56le DSA qui protège
23:57nos enfants sur les réseaux,
23:58le DMA qui redonne
24:00un peu de droits
24:01dans la jungle économique
24:03où finalement
24:04les GAFA
24:05se comportaient en prédateurs,
24:06ces lois ont été votées
24:07à plus de 90%
24:08par le Parlement européen
24:10qui représente notre démocratie,
24:11c'est non négociable.
24:12– Ce ne sera pas nos lois,
24:13juste quand même
24:14dans cette période
24:15de désordre
24:16où Donald Trump
24:16fait ce qu'il veut,
24:17on a envie de se demander
24:18à quoi sert l'OMC,
24:19l'organisation mondiale…
24:19– C'est une très bonne question,
24:21on est beaucoup à…
24:22finalement on voit bien
24:23que c'est l'OMC
24:23qui est attaqué,
24:24parce que finalement
24:25ces décisions sont
24:26une ligne latérale,
24:27elles sont pour beaucoup
24:28d'entre elles du reste
24:28contre le droit,
24:30on voit du reste que…
24:31la Chine tiens,
24:32puisqu'on parlait
24:32de la Chine tout à l'heure,
24:33a commencé à dire
24:34qu'elle l'avait attaqué
24:35évidemment
24:35et on ne peut
24:37que la comprendre
24:37et finalement
24:38effectivement
24:39on se…
24:40– Non mais est-ce que l'OMC
24:41peut freiner Donald Trump ?
24:43– Mais bien entendu
24:43l'OMC est là aussi
24:44pour rappeler
24:45que ceux qui ont signé
24:47les accords
24:47y compris les États-Unis
24:48doivent les respecter
24:49et personnellement
24:50je m'étonne évidemment
24:52du silence assourdissant
24:53de l'OMC
24:54et de sa directrice générale.
24:55– Merci Thierry Breton,
24:57je rappelle que vous étiez,
24:58vous êtes ancien commissaire européen
24:59au marché intérieur,
25:00merci d'avoir été avec nous
25:02ce matin
25:03sur France Info.
25:04– Merci.

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