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Le rappeur Médine était l'invité de France Inter, mercredi 14 mai. Il sort son EP “STENTOR ACT I" le 16 mai 2025. En tournée à partir du 25 septembre 2025.

Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » L'interview de 9h20 avec Léa Salamé sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20

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Transcription
00:00Et Mathilde Serrel, vous recevez ce matin un stentor du rap français.
00:04Médine, bonjour.
00:05Bonjour.
00:06Le stentor, c'est votre idée.
00:07C'est celle qui guide la sortie de ce nouveau recueil de titres Stentor Acte 1,
00:11qui paraîtra ce vendredi.
00:12Le stentor et le stentour suivra.
00:16Dans la mythologie grecque, c'est un personnage dont la voix équivalait à 50 tomes.
00:20Pour qui parlez-vous ?
00:21J'essaie de parler pour ceux qu'on invisibilise,
00:25ceux qui ont besoin de faire porter leurs histoires, leurs narratifs.
00:28J'essaie d'être un storyteller de ces gens, en tout cas.
00:33Si vous étiez un personnage de la mythologie grecque, vous seriez donc un stentor.
00:36On a la réponse.
00:37Et pour le reste, vous avez déjà fait votre portrait chinois,
00:40qui est un moment un peu comme fait à chaque fois dans cette interview à 9h20.
00:43Donc, on va juste le reprendre et savoir si c'est toujours d'actualité.
00:46Il a dû changer.
00:47C'était en 2008, extrait de votre album Arabian Panther.
00:50Vous disiez, si j'étais un homme, je serais un chien,
00:53car plus je connais les hommes et plus j'aime le genre canin.
00:56Si j'étais un rappeur, mon frère, je serais Renaud.
00:59C'est le premier rappeur.
01:01Tout le monde dit ça.
01:03Nous, en tout cas, on a acté ça dans la grande famille des rappeurs,
01:06que c'était le premier punchliner, en tout cas.
01:08Il est au courant ?
01:09Je crois.
01:10De son titre.
01:10Mais il s'en fout.
01:12C'est du Renaud.
01:13Et si vous étiez un homme, vous seriez un chien ?
01:16Toujours dégoûté par le genre humain ?
01:18Oui, de plus en plus.
01:19Ce n'est pas une bonne période, en tout cas, pour se sentir humain.
01:23Mais bon, on essaie quand même de fraterniser et d'essayer de relativiser.
01:29C'est très dur en ce moment.
01:30Est-ce que vous pleurez toujours sur Mistral Gagnon, puisqu'on parlait de Renaud ?
01:33Toujours, toujours.
01:34Oui, vraiment, les premières notes, moi, ça me fait sangloter.
01:37Qu'est-ce qui vous fait pleurer ?
01:39La nostalgie.
01:41C'est une sale maladie de voir ses enfants grandir, de se voir vieillir.
01:45C'est un sale virus, je trouve, la nostalgie.
01:49Il faut le chasser vite.
01:50Moi, ça me fait sangloter.
01:51Quand vous sanglotez, du coup, vous écrivez un titre de rap, j'imagine ?
01:53Oui, voilà.
01:54C'est ma façon de pleurer.
01:55Pour expédier.
01:56On vous a vu hier soir sur le tapis rouge des flammes.
01:58Vous étiez en famille.
01:59D'ailleurs, vous êtes venu avec les enfants.
02:01Et c'est encore là, profitez-en.
02:02C'était à la scène musicale.
02:04Et vous aviez un masque de cuivre.
02:05Un masque de cuivre qui couvre la moitié du visage.
02:08Ça représente quoi pour vous ?
02:09Il est présent aussi sur toute l'iconographie de ce projet Stantor ?
02:13Alors, ce n'est pas un masque.
02:14C'est plutôt une armure qui protège l'un de nos organes les plus nobles.
02:19C'est-à-dire la langue, la bouche.
02:22Ce qui nous permet de dialoguer, de véhiculer des messages, de porter des voix, justement.
02:26Et donc, l'idée, c'est de dénoncer un contexte de liberté d'expression qui est de plus en plus tendu.
02:34Donc, d'où le fait de protéger cette parole.
02:37Armure parure, vous dites, c'est ça ?
02:38Oui, armure parure.
02:39Ça devient un bijou parce qu'on l'observe, on regarde cette parure de loin.
02:45On se questionne.
02:46On ne sait pas trop ce que c'est.
02:48Et au final, quand je viens poser des mots pour l'expliquer, ça prend son sens.
02:52Il y a deux titres qui sont sortis.
02:54Déjà, Stantor et QIRAP qui cumulent plus d'un million de vues sur YouTube.
02:58Mais si je vous suis balèque les stats, c'est-à-dire on s'en fiche des chiffres.
03:02On écoute quand même un extrait.
03:04Allez.
03:04Mais nique les clones, on n'a pas les mêmes codes.
03:07C'est moi l'inspecteur académique de Nouvelle École.
03:10La première chose qu'un rappeur doit faire, c'est de trouver une autre source de revenus.
03:14Quitter la rue, trouver une sécu, serrer la ceinture tout au début.
03:17Jamais c'est us pour une couverture, pour être à la une de la cover iTunes, garder sa nature, mais faire des thunes.
03:23C'est une sorte de guide.
03:53Du rap qui taille aussi un bon costard à tous vos confrères quand même, Médine.
03:57Ça défouraille.
03:58J'aime bien être critique.
03:59Et puis c'est le jeu du rap aussi, de s'autocritiquer, de critiquer son milieu, son mouvement.
04:04Le but, c'est de faire de la musique de qualité au final.
04:06De mettre un espèce de step où allez les gars, venez, on se sort les doigts du cul et on essaie de faire de la qualité, peu importe ce qu'on raconte.
04:15Le dernier bouquin qu'ils ont lu, c'est le livre d'entretien de Lodia 1.
04:17Ça, c'est le père boxeur un peu aussi.
04:22C'est un petit crochet.
04:23C'est l'idée de rester dans de l'égo trip.
04:25J'en fais pas souvent, mais quand j'en fais, je me fais plaisir.
04:28Il y a beaucoup d'humour en général dans l'égo trip.
04:30C'est beaucoup de second degré.
04:31Et ouais, ça rejoint aussi le sens de la phrase laconique, de la punchline.
04:38Et forcément, ça rejoint aussi l'univers dans lequel j'ai grandi, la boxe.
04:40Puisque vous, ce n'était pas le livre d'entretien de Lodia 1, c'est quoi le dernier livre que vous avez lu ?
04:45Waouh, je crois que c'est un livre de Rachid Benzine.
04:51Ça doit s'appeler « Lettre à mon père » ou quelque chose comme ça.
04:54Au seuil, je crois.
04:55Vous dites dans QI Rap, je suis plus qu'un rappeur, je suis un écrivain.
04:59C'est ça le QI Rap ? C'est du rap qui a du QI, j'imagine ?
05:02Oui, ça reprend l'idée de ce QI foot qu'on attribue aux joueurs quand ils ont une espèce d'intelligence stratégique à jouer.
05:12C'est un peu ça aussi que j'essaie de véhiculer dans le rap.
05:14Le rap, ce n'est pas simplement des placements, une métrique ou alors une esthétique.
05:19C'est aussi en fait une intelligence sociale, une intelligence d'essayer de créer des passerelles, des ponts entre les gens.
05:28Essayer aussi d'être le plus précis et le plus performant dans les mots qu'on utilise, que l'on choisit pour faire passer des messages.
05:36On va y revenir. Parfois, il y a des mots aussi qu'on fait polémique chez vous, mais ce n'est pas le sujet tout de suite.
05:40D'abord, je voudrais qu'on parle de cette allusion à Zadie Smith, l'écrivaine londonienne,
05:45puisqu'on l'entend presque dans ce titre, quand vous faites référence à un texte qu'elle avait écrit début 2001,
05:51quand vous dites qu'à ce moment-là, le meilleur rappeur était blanc et le meilleur golfeur était noir.
05:56C'est Eminem et Tiger Woods. Qu'est-ce que ça racontait de la société du début des années 2000,
06:02qui est celle aussi dans laquelle vous avez commencé à faire du rap ? Et qu'est-ce qui a bougé aujourd'hui ?
06:06Ce qui est bien en 2000, c'est que tout a été bousculé. En tout cas, je parle pour le rap, ça a vraiment été un espèce d'âge d'or.
06:14À partir de 1998, on voit de nouvelles écoles qui viennent s'ajouter à un rap qui est beaucoup plus boom-bap, traditionnel.
06:23Et on voit en fait des nouvelles figures émerger. On voit que le rap se popularise, sort des endroits de là où est-ce qu'il est né.
06:31Et tout le monde se l'approprie et s'attribue cette musique. Et c'est ce qui rend le truc très populaire et numéro un aujourd'hui.
06:38Donc l'idée d'avoir un golfeur noir et un rappeur blanc, c'était aussi que toutes les places étaient disponibles. C'est toujours le cas ?
06:44Oui, ça casse des codes. Moi, j'aime bien voir le fait que la culture se partage et qu'elle n'est pas cloisonnée à des sociologies particulières.
06:54Veuillez laisser le rap en sortant comme il était propre, en rentrant. Merci. C'est la fin de ce titre QI Rap.
07:00On a en exclusivité un extrait de votre projet. Donc Stentor qui sortira vendredi. Reste à vivre.
07:05Qu'on comme leurs pieds dans un concours l'épine. Je suis le seul oiseau calqueur à chanter dans buissons d'épines.
07:12400 euros, c'est mon reste à vivre. 48 mesures, c'est mon reste à vivre.
07:16Les sourds n'entendent plus les minutes de silence. Les pauvres voient les arcs en ciel en noir et blanc.
07:22Bientôt on va donner nos corps à la science pour ne plus avoir à payer les frais d'enterrement.
07:27Vie chère, mort à petit budget. Grande fortune et petite retraite.
07:32Le film, j'ai pas besoin de le binger. Bientôt il y a des factures sur la chaleur humaine.
07:38Waouh, ça fait mal. Ça s'arrête.
07:40Cut, reste à vivre avec cette phrase. Même quand je dis de la merde, les gens pensent que c'est profond.
07:44Vous faites référence à quoi Medine ?
07:46Je fais référence aux étiquettes surtout.
07:48Quand on colle une étiquette rap conscient, on a tendance à être perçu par le public uniquement dans ce segment.
07:56C'est-à-dire, peu importe ce qu'on va raconter, ça donne tout de suite une espèce de stature, de posture.
08:04Vous êtes trop pris au sérieux ?
08:05Oui, mais justement, je lutte contre ces postures depuis toujours.
08:08J'ai toujours fait peau neuve dans cette musique. J'ai changé plein de fois d'esthétique. J'ai changé plein de fois d'idées.
08:15Je me suis trompé. J'ai eu des maladresses. Je les ai reconnus. J'avance.
08:19C'est ça, être un artiste pour moi et je critique ça souvent dans mes textes.
08:22C'est qui les sourds qui font plus les minutes de silence dont vous parlez dans ce titre « Reste à vivre » ?
08:28Eh bien, c'est ceux qui mettent beaucoup de temps à dénoncer l'injustice sociale,
08:33ceux qui mettent beaucoup de temps à dénoncer le génocide en cours en Palestine,
08:38c'est ceux qui mettent beaucoup de temps à dénoncer les VSS,
08:42ceux qui mettent beaucoup de temps à fermer les yeux justement sur tous les phénomènes qui existent dans notre société
08:51et qui créent de la violence sur les populations.
08:53Dans le documentaire « Made in Normandy », il y a une journaliste du New York Times qui dit
08:58s'il était américain, Made in cocherait toutes les cases du héros parfait,
09:02mais en France, on veut en faire une terreur.
09:04Comment vous le recevez ?
09:06Eh bien, c'est un compliment pour moi, j'ai l'impression.
09:09C'est toujours plus facile de s'exprimer à l'international,
09:14d'avoir une vision qui dézoome et qui regarde une situation.
09:17Donc, c'est une journaliste du New York Times qui dit ça.
09:22Je pense que c'est l'endroit d'où elle parle qui lui permet de dire ça.
09:25Et puis, voilà, moi je fais partie des artistes maudits, j'ai l'impression.
09:30Je suis un peu un poète incompris et on ne comprendra mes textes que dans deux, trois ans.
09:34Mais la terreur, en même temps, on peut la comprendre quand il y a eu toutes ces polémiques,
09:38les accusations d'antisémitisme, votre soutien regretté depuis,
09:42mais équivoque à Dieudonné dans les années 2010,
09:44alors qu'il avait été condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine raciale.
09:48Il y a eu vos propos sur l'essayiste Rachel Kahn,
09:51petite fille de déportée, qualifiée de rescanpée.
09:54Vous avez reconnu depuis que c'était une erreur.
09:56Il y a eu les paroles de ce titre, dont laïque,
09:58où vous dites crucifions les laïcards comme à Golgotha.
10:01Aurore Berger vous a qualifié à ce moment-là de rappeur islamiste,
10:04que vous avez été reçue à l'école normale supérieure dans le cadre d'un séminaire
10:07sur la plume et le bitume.
10:09Ce n'était pas du tout le sujet, justement.
10:11Ce n'était pas le sujet, mais il se trouve que le procès que vous l'avez intenté en diffamation,
10:15vous l'avez perdu.
10:16Ce n'est pas tout à fait exact.
10:18C'est surtout les juges ont qualifié qu'il n'y avait pas assez de preuves
10:20pour qualifier ça d'une diffamation ou d'une injure à la publique.
10:26Mais le fond du sujet, c'est qu'Aurore Berger parle d'un moment
10:31où est-ce que moi je vais à l'école normale supérieure
10:34pour parler de langue française, de littérature, de figure de style,
10:38de comment les rappeurs utilisent justement ces figures de style de façon organique.
10:42Eh bien, tout ça, en fait, n'a pas été développé.
10:46Elle s'est simplement arrêtée sur une esthétique, une posture.
10:50Et puis, je crois que ça répond à un agenda politique.
10:53Je me retrouve souvent entre les tirs croisés de politiciens
10:56qui se renvoient la balle à travers ma personne.
10:59En même temps, ça a été perdu, ce procès en diffamation.
11:02Et l'idée de la provocation que vous mobilisez souvent,
11:06est-ce que finalement vous reviendriez sur cette idée de provocation ?
11:11Parce que ce n'est pas qu'une affaire de langue française.
11:13Vous laissez toujours traîner, on va dire, des mots.
11:17Vous remettez une pièce, en fait, dans la polémique.
11:19Vous le cherchez aussi.
11:20C'est l'esthétique du rap qui permet ça, en fait.
11:23La provocation est une forme de communication.
11:27Et je l'ai utilisée pendant longtemps.
11:29Parfois, ça a été bénéfique.
11:31Parfois, ça m'a explosé à la gueule.
11:32Et quand ça m'explose à la gueule, en tant qu'artiste,
11:35j'essaie d'être justement le plus honnête possible.
11:38Je le reconnais.
11:39Le morceau « Don't like », ce que je reproche à ce morceau-là,
11:43avec le recul, c'est le clip.
11:45En fait, de faire du ton sur ton.
11:47De ne pas avoir un clip qui désamorce
11:49et qui donne une autre lecture de ce que j'ai voulu dire.
11:52Parce que ce morceau n'est pas du tout à charge contre la laïcité.
11:54Crucifions les laïcars comme à Golgotha, c'est...
11:57Oui, mais ce n'est pas à charge contre la laïcité.
12:00Il faut aller jusqu'au bout du morceau.
12:01Le morceau pointe précisément ce qu'on est en train de vivre dans cette société,
12:05c'est-à-dire l'utilisation de la laïcité à des fins d'exclusion.
12:08Oui, mais du coup, il y a aussi une sensation d'appel au meurtre.
12:10Vous comprenez bien que ça ne puisse pas passer.
12:12Pas du tout.
12:13En fait, déjà, on est dans le cadre d'un morceau.
12:15C'est des hyperboles.
12:16J'exagère volontairement mon propos pour voir jusqu'où on va aller
12:21si on continue en fait à ne plus s'écouter.
12:23Et là, aujourd'hui, je suis désolé,
12:25mais plus personne n'arrive à comprendre ce qu'est la laïcité.
12:28Alors qu'à la base, je me revendique comme quelqu'un qui est pro-laïcité.
12:32Donc c'est très paradoxal de savoir taxer.
12:34D'ailleurs, vous avez été à la fois sur la liste noire de Daesh en 2005
12:37et aussi sur la liste de l'extrême droite.
12:40Ça veut dire qu'on est au bon endroit en fait.
12:42On combat les extrêmes.
12:43Vous lanciez aussi dans RERD que l'antisémitisme est un cancer,
12:47tout comme l'islamophobie.
12:49Est-ce qu'il ne faudrait pas...
12:50C'était en 2008.
12:51Oui, en 2008.
12:51Est-ce qu'il ne faudrait pas sortir de ce système binaire justement ?
12:54Ce miroir qui se joue à chaque fois, à chaque drame.
12:57Mais ce n'est pas moi qui impose ce système binaire en fait.
13:01Il y a une espèce de géométrie variable à dénoncer les actes d'antisémitisme
13:06et les actes d'islamophobie.
13:08On le constate encore dernièrement avec l'affaire Aboubakar
13:12qui a perdu la vie dans cette mosquée, qui s'est fait assassiner.
13:16On voit Bruno Rotaillot qui ne se déplace même pas,
13:19qui ne reçoit même pas la famille ou alors que bien tardivement.
13:23Donc il y a une espèce de géométrie variable,
13:26dénonciation à géométrie variable qui met tout le monde mal à l'aise.
13:29Oui, et à chaque fois ces effets de miroir sont des pièges.
13:32Et puis d'ailleurs je précise au passage qu'on ne mettait pas Daesh et l'extrême droite sur le même plan.
13:35Mais c'était pour montrer finalement au cœur, on va dire,
13:39comment finalement vous êtes mis une cible dans le dos parfois aussi tout seul.
13:44Médine, d'ailleurs vous en parlez dans votre texte.
13:45Mais ces mécanismes-là, moi je les dénonce en fait.
13:47Je dénonce là les mécanismes.
13:48Je ne suis pas l'auteur de ces situations.
13:51Je ne fabrique pas ces situations.
13:53Au contraire, je les analyse, je les dénonce pour ne pas qu'elles se développent.
13:57Vous disiez dans une interview il y a cinq ans,
13:59j'ai ce sentiment d'avoir été propulsé dans le monde des adultes par obligation.
14:04Est-ce que vous le vivez toujours comme ça Médine finalement ?
14:07Oui, parce qu'à la base je suis un rappeur, je fais du rap.
14:10Et ce que j'aime c'est d'être le meilleur punchliner.
14:13Et quand je dois en fait rentrer dans des thématiques qui sont des thématiques de société,
14:21c'est toujours important parce que je porte aussi une sociologie
14:26et je ne peux pas l'ignorer.
14:27J'ai cette conscience-là et bien sûr qu'on est le porte-parole de ce qu'on représente.
14:33Mais en même temps, c'est paradoxal parce qu'à la base,
14:36moi je suis surtout un rappeur et j'ai envie de kicker.
14:39Et vous avez aussi envie d'Instagramer votre vie de famille.
14:42Moi je vous ai découvert un peu en Tradwife récemment Médine sur Instagram.
14:46Vous vous mettez en scène avec vos enfants, etc.
14:48Votre père vous dit régulièrement, quand est-ce que tu raccroches, qu'est-ce que tu fais après ?
14:53Vous avez un plan pour après ou vous continuez à faire du rap jusqu'au bout ?
14:57Ça c'est ma grande malédiction, je n'ai vraiment pas de plan B.
15:00Moi c'est vraiment, je cours tout droit et je réfléchirai sur la route en fonction de ce qui m'arrivera.
15:06Pour revenir à Stentor, votre nouveau projet, il y aura aussi un tour en deux parties
15:12avec une tournée des Fosses, d'abord en 2025, et puis ça c'est l'acte 1.
15:16Et en 2026, un acte 2, la tournée dite des Tribunes.
15:20Ah ouais, on spoil directement la tournée des Tribunes ici chez France Inter.
15:23Ah ouais, bah on annonce, on a l'information.
15:26Vous allez vous produire dans des théâtres avec des sièges de velours.
15:28Qu'est-ce qui vous attire au théâtre ?
15:31J'ai l'impression que c'est un endroit où on peut encore se permettre d'aller loin
15:38dans l'analyse, dans la critique.
15:43C'est un peu une chasse gardée.
15:45Après je découvre le théâtre tard, je le découvre simplement là à la quarantaine
15:50et je suis foudroyé par les pièces que je vois.
15:54Vous aviez vu quoi ?
15:55Récemment j'ai vu Kissomme de Barreau d'Evel, c'est une troupe de cirque.
16:02Ça m'a bouleversé, aussi bien en scénographie que dans le propos.
16:07Je vais au volcan dans ma ville du Havre, c'est une scène nationale et je vois beaucoup
16:13de pièces là-bas et ça m'attire énormément.
16:15Au-delà du fait de vouloir jouer dans des endroits prestigieux, ce qui m'intéresse
16:20aussi c'est d'écrire bien mes interludes, de les jouer, de les incarner et de capter
16:25le spectateur.
16:26Il y a une nouvelle magie qu'il n'y a pas forcément dans les concerts de rap.
16:30C'est un endroit où vous avez envie d'aller en tout cas, c'est ce sens de cette tournée
16:33des fausses, puis cette tournée des tribunes, vous aviez participé aussi à la comédie
16:36musicale La Haine, adaptée avec Mathieu Kassovitz.
16:39Vous avez composé ce tube, l'amour d'ailleurs, qui parlait de théâtre au début puisque
16:43mesdames, messieurs, spectatrices et spectateurs, ce ne sera jamais nous contre eux.
16:47Les mauvaises herbes sont des fleurs, on n'a pas besoin de thérapeute, un comédie club
16:51dans le cœur.
16:51Si on écrivait La Haine 2, ce serait la cité de la peur.
16:55C'est drôle finalement, c'est drôle et tragique.
16:57Je suis très fier de ce texte.
16:59La mission, c'était pour la comédie musicale de La Haine, de recentrer le propos de La Haine,
17:06du film, de ce que ça a été en dénonciation et j'ai l'impression d'avoir réussi.
17:12Vous avez même prévu de nous faire cette chanson, de nous faire l'amour, j'ose pas le dire
17:16quand même, mais vous allez interpréter ce titre en live made in.
17:21C'est l'histoire d'une société qui chute à l'horizontale, l'important c'est le
17:28parachute, quel que soit l'atterrissage, j'ai mis la culture de la rue dans la France
17:32et son pactage, car pour pouvoir former la lune, faut que tous les quartiers se rejoignent.
17:36On chanterait presque la Marseillaise, avec Jul, avec Ayam, les bruits des copes de supporters,
17:40ça étouffe toutes les calaches, on aime la garde républicaine, quand elle chante avec
17:44Aya, on est les gardiens de la paix, quand ils chutent les canaques, quand ils compressent
17:48les thorax de Cédric et d'Adama, que sans les images des dashcam, on ne serait à rien
17:53des causes du drame, alors on se fout de leur morale, des humanistes à deux balles,
17:57on s'aimera jusqu'à ce que la prochaine polémique nous sépare, faut qu'on brise
18:00le narratif, que tout le monde retrouve ses esprits, que quand la presse déshumanise,
18:04c'est l'espèce qu'elle déshumanise, et que le chef de police, c'est sûrement un chef
18:08de famille, et que le petit dans la street a sûrement pas choisi d'y vivre, qu'oublier
18:12un crime est un crime, de bel trauma ou séquine, on va tous finir par ce kill, alors j'ai
18:17plus qu'une chose à dire, l'amour.
18:22Merci Médine.
18:23Avec plaisir.
18:24C'est l'heure des impromptus, on va en savoir un peu plus sur vous, très rapidement vous
18:28répondez Vince, Hubert ou Saïd dans la haine ?
18:31Hubert.
18:32Big Flo ou Oli ?
18:33Oli.
18:34Booba ou Damso avec qui vous avez collaboré récemment pour le site d'action ?
18:38Booba.
18:38Ben disons, vous remerciez pas vraiment Damso alors ?
18:42Non mais c'est mon artiste préféré depuis que je suis tout petit, donc je peux pas
18:45trahir ça.
18:46Molière ou Victor Hugo ?
18:48Victor Hugo.
18:49Le Havre d'Edouard Philippe ou de la beuse de Michael Youne ?
18:54La puissance du port du Havre, la mienne, ni celle d'Edouard Philippe ni de la beuse.
18:58En tout cas vous l'avez remercé d'avoir transformé le Havre en Ville Monde, dans un
19:02de vos titres vous disiez « Je me suis éloigné des mosquées pour me rapprocher de Dieu », alors
19:06grande question de ces impromptus, est Dieu dans tout ça Médine ?
19:09J'ai pas compris la question les amis.
19:12Vous dites « Je me suis éloigné des mosquées pour me rapprocher de Dieu ». Et Dieu dans
19:16tout ça, dans tout ce qu'on vient de décrire, quelle place il a ?
19:20Eh bien on est des êtres narratifs, j'ai l'impression qu'on s'inscrit dans des récits.
19:24Dieu pour moi, c'est vraiment pas le Dieu des hommes en fait, c'est une spiritualité
19:31qui dépasse toutes nos réflexions.
19:35Là, répondre du tac au tac sur la question de Dieu, c'est trop dur.
19:40Stantor, acte 1, sorti le 16 mai Médine.
19:44Vous serez en tournée des fosses, on l'a dit, pour le Stantor et en tournée des tribunes
19:49à partir de 2026.
19:51Bonne journée à vous.
19:52Pareillement.

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