Xerfi Canal a reçu Jean-Paul Dumond, professeur des universités, Institut de Recherche en gestion, Université Paris Est Créteil, pour parler de la gestion d'entreprise.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00Bonjour Jean-Paul Dumont, bonjour, professeur des universités, Université Paris-Est-Créteil,
00:14IAE Paris-Est, Institut de Recherche en Gestion, ouvrage sur bataille que vous avez coordonné avec
00:18François Demare, regard de Georges Bataille convoqué en gestion. Je vous cite un paragraphe
00:23de votre postface. C'est à partir de cet horizon, sous la forme d'une conception particulière de la
00:29vie que les critiques les plus nombreuses des activités gestionnaires se sont manifestées
00:33dans cet ouvrage. Donc vous citez l'ensemble des contributions. La gestion avec sa financiarisation
00:37brise des vies sur l'autel d'une rentabilité entendue comme un objectif en soi. Elle abolit
00:44l'amour et son mystère lorsque les rencontres se font davantage par des sites qui suppriment la
00:49beauté du hasard et facilitent l'évaluation rationnelle des individus. Elle structure des
00:54hiérarchies oppressives dont le modèle de la piraterie et celui de la fête bataillienne
01:00pourrait nous libérer. La gestion organise, formalise et bureaucratise quand la transgression
01:06et la rupture des cycles productifs sont nécessaires à la découverte de ce qui est incompréhensible
01:10dans la vie et les mouvements créatifs. L'exubérance humaine, la gestion d'innovation est réduite
01:18désespérément à des procédures qui s'avèrent à rebours de tout inattendu et de toute imagination
01:23possible. C'est ça qu'il faut retenir de bataille, c'est cet effet libérateur, se rendre compte
01:28de ce que tout ça nous fait. Je pense notamment à la question de la rencontre qui est évoquée
01:34ici. Tout ce que ça nous fait, tout ce que ça nous déshumanise quelque part alors qu'on a tellement
01:40besoin de se réhumaniser et ces batailles qui nous permettent de nous réhumaniser. Est-ce que j'ai bon
01:45si je vous dis comme ça ? Oui, tout à fait. On peut rappeler que cet ouvrage et le colloque
01:56qu'il y a eu un an avant sa apparition est une initiative de François de Marc qui a travaillé
02:04sur bataille et qui a engagé une réflexion sur bataille en tant que potentiel auteur et
02:15contributeur au critical management, c'est des attitudes critiques en gestion. Il a engagé
02:22ce chantier il y a à peu près cinq ans et j'estime qu'aujourd'hui, notre réflexion n'est pas
02:32aboutie. En quoi bataille peut-il nourrir la critique en gestion reste un chantier ouvert ?
02:39Je pense que ça c'est un point important de le dire. Que fait bataille centralement ? Il réintroduit le
02:53désir dans nos constructions organisationnelles. Nos bureaucraties sont par définition censées être fondées
03:04par des règles rationnelles, censées prévoir l'avenir, anticiper les comportements et de fait
03:12elles sont mortifères. Ce que bataille introduit, c'est une rupture dans cet édifice. Il cherche à la
03:23bousculer en remettant au centre la vie, la rupture, la création, l'orgasme, l'agonie, ce que nous
03:35ressentons et qui dépasse notre entendement et notre capacité de réflexion. C'est en cela qu'il apporte
03:45quelque chose. Il n'a pas une critique politique, il n'a pas une critique ontologique sur l'utilité ou la
03:53gestion, il en reconnaît l'importance, mais il dit qu'il y a un mouvement qui est encore plus important
04:02que cette bureaucratie, c'est le mouvement de la vie et ce mouvement tend parfois à être étouffé par ce que
04:11nous construisons en gestion. Et c'est en cela qu'il est important. Réanimer la gestion, réanimer
04:19l'entreprise, réanimer le désir. Je vais citer bataille. L'esprit de ruse est le plus fort en moi.
04:27Voilà, on va conclure comme ça. L'esprit de ruse est le plus fort en moi. Merci beaucoup Jean-Paul Dimon.
04:34Merci beaucoup.