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Transcription
00:00Et c'est avec plaisir que je vous retrouve pour les informés en direct jusqu'à 9h30 sur France Info.
00:11Bonjour Renaud Delis. Bonjour Salia. Et bonjour à nos informés du jour.
00:15On a Stéphanie Despierre, journaliste politique à LCP. Bonjour Stéphanie. Bonjour.
00:19A vos côtés Jean-Jérôme Bertolus, éditorialiste politique à France Info TV. Bonjour Jean-Jérôme.
00:24Renaud Delis, Gérald Darmanin a un nouveau plan pour la justice.
00:27Et oui, le ministre de la Justice qui adresse aujourd'hui aux magistrats, aux agents, aux différents agents de la justice,
00:33une lettre dans laquelle il évoque un certain nombre de propositions de réforme pour, dit-il, remettre de l'écoute, du terrain, du bon sens partout,
00:40faciliter l'accès à la justice, clarifier les peines, repenser la prison.
00:43Parmi ces propositions, eh bien, certaines visent à étendre, élargir la procédure dite du plaidé coupable à un certain nombre de crimes,
00:52alors que cette procédure n'est possible aujourd'hui que pour des délits, ou encore la création de prisons thématiques.
00:59Des propositions qui sont défendues, notamment par Mathieu Lefebvre, vice-président du groupe Ensemble pour la République
01:05et député du Val-de-Marne, qui était l'invité de France Info ce matin.
01:08Il me semble qu'aujourd'hui, on a une justice qui est trop lente, trop inefficace et trop complexe.
01:14Elle n'est pas comprise, évidemment, par les victimes, mais aussi par les justiciables et par la société tout entière.
01:20Et donc, pour la désengorger, ce type de procédure est indispensable dans le respect, évidemment, du droit de l'ensemble des partis.
01:26Sauf qu'un rapport qui vient d'être remis sur l'état des prisons français souligne la condition, la situation dramatique de ces prisons.
01:33Un taux d'occupation qui atteint 133%, 83 000 personnes, un record, le chiffre des détenus,
01:39dont 5 000 d'entre elles contraintes de dormir sur un matelas posé à même le sol.
01:44Gérald Darmanin dit qu'il se soucie de cette surpopulation carcérale,
01:48mais ce rapport préconise notamment une réduction de peine exceptionnelle générale,
01:52comme cela avait été le cas, souvenez-vous, lors de la crise du Covid.
01:56Résultat, les propositions avancées par le ministre de la Justice ne répondent pas du tout à cette urgence,
02:00à cette nécessité de remédier à la surpopulation carcérale.
02:04C'est l'opinion de Dominique Simono, contrôleur général des prisons.
02:08C'est beaucoup de déceptions parce que le rapport dont vous avez parlé,
02:12qui préconise, comme au temps du Covid, de faire sortir les gens un ou deux mois avant leur fin de peine
02:20pour qu'on retrouve des taux normaux d'occupation des prisons,
02:24j'y ai participé, j'ai été entendue dans ce cadre.
02:27Donc on en espérait beaucoup.
02:28Alors quel sens donner à ces nouvelles propositions de Gérald Darmanin ?
02:32Le plaidé coupable, l'élargissement d'un certain nombre de procédures de médiation,
02:37mais pas véritablement de mesures pour remédier à la surpopulation carcérale.
02:41Et puis est-ce qu'on peut imaginer un nouveau projet de loi qui soit d'ailleurs adopté,
02:45comme le souhaite le garde des Sceaux, avant la fin du quinquennat, dans la situation politique qu'on connaît ?
02:50Alors on va évoquer les différentes pistes évoquées par le ministre lui-même, le garde des Sceaux.
02:55Déjà sur le plaidé coupable dans les affaires criminelles, ça ce serait nouveau en ce qui concerne les affaires criminelles, Stéphanie ?
03:01Alors ça existe déjà depuis 2004 et depuis 2011, mais pas pour les agressions, les crimes les plus graves,
03:07pas pour les agressions, les agressions sexuelles, les homicides involontaires.
03:09Donc là l'idée ce serait peut-être d'élargir ce processus-là.
03:13C'est pour l'instant très peu utilisé, c'est utilisé pour des délires routiers, pour des choses assez mineures.
03:19Et donc là on entend bien que le ministre de l'Intérieur voudrait que ce soit plus utilisé,
03:23mais ça remet quand même en cause un des fondements de la justice, c'est-à-dire qu'il faut un procès public.
03:30Parce que c'est ça l'objectif effectivement, que tout le monde se mette d'accord si l'accusé dit
03:35« Oui, en fait je suis coupable, j'avoue », et donc il n'y a pas de procès.
03:38L'idée c'est qu'il n'y ait pas de procès, mais en revanche il y a des garde-fous.
03:41Il faut que le suspect ait donc reconnu les faits, que la victime soit d'accord,
03:45que le procureur soit d'accord et que le juge soit d'accord avant qu'on puisse enclencher cette procédure de plaider coupable.
03:52Jean-Jérôme Bertolus ?
03:53Oui c'est intéressant parce qu'en fait le garde des Sceaux et le député Mathieu Lefebvre qu'on a entendu tout à l'heure
04:01veulent lutter déjà contre le désengorgement de la justice, ou amener le désengorgement de la justice.
04:08Qu'est-ce que c'est d'un mot ? Eh bien c'est le fait qu'on a de plus en plus de mal,
04:14les justiciables ont de plus en plus de mal à avoir accès à la justice,
04:17d'abord en première instance, que ce soit en civil ou en pénal, et ensuite en appel.
04:22On peut avoir des affaires comme ça qui traînent des années et qui causent même des dommages.
04:27Par exemple en matière de violences conjugales, on sait que plus on attend,
04:31et par exemple en matière de divorces conflictuels, plus il peut y avoir des violences au sein même du foyer,
04:35puisqu'on demande aux couples de rester en l'état.
04:39Donc ça c'est un premier point.
04:40Maintenant une fois qu'on a dit ça, ou une fois que Charles Manin a dit ça,
04:44le plaid des coupables on se demande si c'est pas la fausse bonne idée.
04:48Et quand je dis ça je relativise pas du tout, si c'est même pas assez grave.
04:51Et je reprends un peu le fil de votre propos.
04:54Aujourd'hui la justice, et surtout en matière pénale, et surtout pour les climes les plus graves,
04:59doit être rendue au nom du peuple français.
05:01Donc c'était les cours d'assises avec un jury populaire.
05:05On est passé, pour accélérer les choses, à des cours criminels dans les départements
05:10où il n'y a plus que des magistrats professionnels.
05:12Et on sait que ces cours criminels sont complètement engorgés.
05:15Et donc passer au plaid des coupables, pour des viols par exemple, ou pour des meurtres de sang,
05:20ça veut dire qu'on ne rend plus la justice au nom du peuple français.
05:24Et puis aujourd'hui, le plaid des coupables, il y a autre chose.
05:26C'est que les magistrats disent, nous on est seulement là pour approuver la peine qu'a dit le procureur.
05:31En fait, nous, juges, on ne juge plus.
05:34On est juste là pour confirmer une peine avancée par le procureur.
05:38Peut-être après en avoir parlé avec celui qui reconnaît sa peine,
05:42en avoir parlé avec la famille de la victime.
05:45Mais on change de...
05:47La justice est en train de changer de visage.
05:49La Chine a décréter des peines.
05:52Il faut préciser juste sur cette procédure, dite du plaid des coupables,
05:54qui serait donc étendue à un certain nombre de crimes,
05:57qu'il faut évidemment aussi que la victime soit d'accord.
06:00C'est-à-dire qu'il faut que le coupable reconnaisse les faits,
06:02que les juges soient d'accord, que la victime soit d'accord,
06:06pour donc éviter un procès et ensuite établir,
06:09là aussi à l'issue d'un processus de discussion, de négociation, une peine.
06:13Ce qui est très intéressant dans l'argumentaire, je trouve, de Gérald Darmanin,
06:16c'est quand il revendique, je le cite, je crois, de vouloir mettre du bon sens partout.
06:22Alors le bon sens en politique, c'est toujours un argument extrêmement révélateur, significatif,
06:27et donc il faut se méfier.
06:28Le bon sens consiste à essayer de désengorger les tribunaux, les procédures, etc.
06:34D'où justement cette évocation du plaid des coupables,
06:37d'où aussi la proposition d'une médiation, une phase amiable préalable,
06:41dit Gérald Darmanin, pour essayer de déjudiciariser certaines affaires civiles,
06:46un certain nombre de contentieux, etc.
06:48Le bon sens aussi tient au fait qu'il n'y a plus de moyens, en quelque sorte,
06:51parce que l'autre forme de bon sens pour aider la justice,
06:53ce serait évidemment de rajouter des moyens, des personnels,
06:57on sait à quel point les personnels de justice, les griffiers, etc.
07:00Donc ça, c'est un bon sens à l'économie, en quelque sorte.
07:03Puisqu'on n'a pas les moyens de faire fonctionner la justice,
07:05désengorgeons la justice, évitons, limitons les procédures.
07:08Ça pose la question de la transparence, ce que vous disiez,
07:10ce qui est un vrai sujet.
07:13Et puis, juste un tout dernier point, une autre question de bon sens
07:16consisterait à se poser la question de l'état de nos prisons aujourd'hui,
07:21de cette surpopulation carcérale.
07:22La prison, c'est quoi ? C'est la privation de liberté.
07:25Ce n'est pas la déshumanisation des détenus,
07:27puisque la prison, elle a aussi vocation à préparer, évidemment, la sortie, la réinsertion.
07:32Et là, on voit la situation des prisons françaises se dégrader de façon considérable,
07:37ce qui est d'abord, évidemment, un problème, un drame pour les détenus,
07:39mais aussi, d'ailleurs, pour les personnels pénitentiaires,
07:41pour les agents, pour les surveillants.
07:43Et tout ça participe de ce taux de récidive plus important en France
07:48que dans d'autres pays.
07:49C'est notamment lié à la surpopulation carcérale.
07:51Le bon sens devrait conduire le garde des sois à s'y pencher davantage.
07:55Un tout petit mot, oui, je rejoins complètement ce que dit Renaud Delis,
07:59parce que le garde des sois n'arrive pas que là en disant mesures de bon sens.
08:03Mais en fait, ce qu'il annonce, ou ce qu'il souhaiterait être appliqué,
08:06c'est un véritable big bang de la justice, sûrement une des réformes de la justice
08:10les plus profondes, les plus structurelles de ces dernières décennies.
08:14Ça, c'est un premier point.
08:16Et l'autre, là encore, je rejoins à 150% ce qui vient d'être dit.
08:21C'est vrai que toutes ces dernières années, ce que les gardes des sois ont essayé,
08:24c'est que moins d'affaires arrivent dans les mains du juge.
08:27Parce qu'il n'y avait pas assez de magistrats, renforçons les magistrats,
08:31renforçons les greffiers.
08:33Et là, effectivement, l'embolie de la justice,
08:36qui n'est pas due qu'au manque de magistrats,
08:38qui est due à la complexité croissante des affaires,
08:41trouvera une solution.
08:42Donc le bon sens, ce n'est pas de se dire
08:44« Ah, pourquoi on n'y a pas pensé plus tôt ? »
08:46« Moi, je vais le faire. »
08:47Et puis d'ailleurs...
08:48Comme ça, oui, avec les mains sur les hanches.
08:50Qu'est-ce que vous faites bien, je vous en prie.
08:53Mais juste quand même sur la question de la surpopulation carcérale,
08:57Stéphanie, en plus, il charge la mule,
09:01mine de rien, Gérald Darmanin, puisqu'il dit
09:03qu'il veut instaurer des peines minimales dès le premier délit.
09:05Donc on n'est pas sur une logique de « il faut vider les prisons »,
09:07au contraire.
09:08Oui, alors là, il parle de peines minimales,
09:10où on avait beaucoup parlé des peines planchers.
09:12Là, semble-t-il, c'est un peu différent.
09:13Il ne les appelle pas, en tout cas, de la même manière,
09:15les seuils minimaux de peine,
09:17plutôt pour, si j'ai bien compris,
09:18de la délinquance du quotidien.
09:20Donc pas pour les peines de prison,
09:22pas pour la récidive,
09:23ou peut-être pas pour les peines les plus lourdes.
09:26D'accord.
09:26Donc ça, c'est bien de le préciser.
09:28Même s'il faut préciser aussi, d'ailleurs,
09:30que dans sa circulaire,
09:31il évoque la nécessité, justement,
09:33pour les premières condamnations,
09:34d'essayer d'éviter les peines de prison.
09:36Ça, c'est plutôt dans les directives du gouvernement.
09:38Sauf que la logique,
09:39au vu de la situation qui est vraiment calamiteuse aujourd'hui,
09:42133%, ce taux de suroccupation,
09:44devrait amener à se poser la question
09:46de ce qui avait été fait pendant la crise du Covid,
09:49et ce qui n'a pas produit de catastrophes,
09:51n'en déplaise à certains, justement,
09:53qui agitent toujours.
09:54Il y a eu des allègements de peine.
09:55Il y a eu des allègements de peine.
09:56Il y a eu des libérations anticipées,
09:58de façon assez considérable,
10:00à ce moment-là, au regard de la crise du Covid.
10:02Et ça n'a pas provoqué de drame dans la société.
10:04C'était bien utile du point de vue de la situation des prisons.
10:079h16 sur France Info.
10:08Je vous propose qu'on fasse une petite pause.
10:10Et les informés reviennent après le fil info de Maureen Suignard.
10:12Après plusieurs semaines de guerre commerciale,
10:16le début d'une période plus apaisée entre la Chine et les Etats-Unis,
10:19les deux pays officialisent un accord ce matin sur les droits de douane.
10:23Ils suspendent pour 90 jours une partie des taxes,
10:26mise en place une baisse de 115% des droits de douane punitifs.
10:30Les ministres des Affaires étrangères européens sont à Londres aujourd'hui
10:33pour parler de l'Ukraine, de leur soutien à Kiev,
10:36alors que la pression s'accentue sur Moscou.
10:38La Russie menaçait de nouvelles sanctions
10:40si elle n'accepte pas un cessez-le-feu de 30 jours au moins.
10:44Le président ukrainien lui dit être prêt à négocier directement avec son homologue russe.
10:48Un mort et plusieurs blessés dans un naufrage dans le Pas-de-Calais la nuit dernière.
10:52Un bateau transportant des personnes migrantes s'est échoué au large de Boulogne-sur-Mer.
10:56Ils tentaient de rejoindre illégalement l'Angleterre.
10:58Et puis la finale du championnat de France féminin de football
11:01opposera une nouvelle fois le PSG et l'OL.
11:04Les deux équipes se sont largement imposées en demi-finale,
11:07respectivement face au Paris FC et face à Dijon.
11:17Et les informés continuent avec Stéphanie Despierre, journaliste politique à LCP,
11:25avec Jean-Jérôme Bertolus, éditorialiste politique à France Info TV.
11:28Et Renaud Delis, les députés se penchent aujourd'hui sur la fin de vie.
11:33Alors un marathon législatif qui va peut-être atteindre sa fin justement.
11:38Donc la fin de vie, le dossier de la fin de vie qui revient à l'Assemblée nationale cet après-midi,
11:43sous la forme de deux textes d'ailleurs.
11:44Désormais le dossier a été séparé en deux textes.
11:46L'un très consensuel sur l'extension, le développement des soins palliatifs.
11:50L'autre plus clivant sur l'aide active à mourir.
11:53Et rappelons que la convention citoyenne qui s'est penchée sur la fin de vie a rendu son rapport il y a plus de deux ans.
11:58C'était en avril 2023, après avoir commencé ses travaux en décembre 2022.
12:03Que plus des trois quarts de ses membres d'ailleurs se sont mis d'accord sur un dispositif,
12:07la légalisation d'un dispositif d'aide active à mourir.
12:09Que les sondages montrent que les Français y sont eux aussi majoritairement favorables.
12:14Un premier débat parlementaire avait été interrompu par la dissolution, c'était en juin 2024.
12:19Le dossier revient donc.
12:20Un parcours extrêmement long, complexe, évidemment de nombreux débats qui traversent tous les groupes parlementaires.
12:26Je propose d'écouter Olivier Falorni qui est le député modem de Charente-Maritime à l'origine de la proposition de loi
12:32qui considère lui qu'il a tenu compte aujourd'hui dans ce texte de toutes les prudences, les précautions,
12:40les mises en garde, mises en avant de part et d'autre.
12:44Je le dis et j'affirme que c'est une loi équilibrée.
12:47L'aide à mourir n'est pas possible lorsque le discernement est altéré
12:52ou que la conscience malheureusement a été perdue.
12:56Ça fait partie des conditions posées.
12:58Je sais que certains trouvent que cette loi est trop restrictive.
13:03D'ailleurs d'autres la trouvent trop permissive.
13:06C'est l'équilibre que nous avons trouvé.
13:08Alors une loi trop permissive qui pourrait justement ouvrir la porte à des dérives,
13:13selon ceux qui s'opposent au texte, trop restrictive pour d'autres.
13:16Rappelons juste quelques-unes des conditions, puisque ce recours éventuel à l'aide active à mourir est extrêmement encadré.
13:22Il faudra pour le patient être majeur, résider de façon stable et régulière en France,
13:26être atteint d'une affection grave et incurable, engageant le pronostic vital en face avancée ou terminale.
13:31Texte d'ailleurs qui peut être amendé, qui sera probablement amendé avec la notion d'un processus irréversible.
13:39Catherine Vautrin, la ministre, a indiqué qu'elle souhaitait amender le texte en ce sens.
13:42Présenter aussi une souffrance physique ou psychologique insupportable.
13:45Et enfin, être apte à manifester cette volonté de façon libre et éclairée jusqu'au bout.
13:52Alors faut-il des garanties supplémentaires ou ce texte va-t-il trop loin ?
13:56C'est en tout cas un texte qui divise tous les camps politiques, y compris d'ailleurs le gouvernement.
14:01Stéphanie, effectivement, tous les partis politiques vont être secoués par ce texte.
14:05Oui, et tous les groupes politiques ont donné liberté de vote à leurs députés.
14:08C'est-à-dire qu'il n'y a pas de discipline de groupe, il n'y a pas de position du groupe.
14:12Chacun pourra voter ce qu'il veut parce qu'en effet, quels que soient les groupes,
14:16c'est ça qui est aussi intéressant dans ce débat-là.
14:18C'est que les clivages politiques sont transcendés.
14:20Ça fait beaucoup appel aux histoires personnelles.
14:22On l'a vu l'année dernière pendant les 15 jours de débat.
14:23Voilà, donc on l'a vu, on le verra, dans les groupes, c'est divisé.
14:28Et on l'a vu aussi au gouvernement.
14:29On a vu que, par exemple, Bruno Retailleau est opposé à ce projet de loi,
14:32alors que Gérald Darmanin, par exemple, y est favorable.
14:35On sent que Catherine Vautrin a évolué et qu'elle va porter le texte,
14:37alors que l'autre, le ministre de la Santé, Yannick Noder,
14:41qui forme un duo au ministère, lui est plutôt contre.
14:45Donc ça va être des débats assez intéressants, parfois très techniques.
14:49Mais moi, j'avais trouvé ça l'année dernière pour avoir suivi pendant 15 jours,
14:51des débats vraiment de fond sur le projet de société,
14:54sur à quoi sert la médecine, comment on soigne, pourquoi, avec qui.
14:59C'est ça qui va être intéressant, Jean-Jérôme Bertolus.
15:01Effectivement, le parcours des députés, leur vie va compter dans le vote qu'ils vont faire.
15:09Mais on avait sur ce plateau Sandrine Rousseau à 8h30,
15:12qui, elle, a dû faire face à la mort de sa mère.
15:15Elle l'a dit en commission.
15:16J'ai aidé ma mère à se suicider.
15:19Mais là, quand elle s'exprime en tant que députée sur les plateaux télé,
15:21et même quand elle a voté, elle dit, je vais penser à l'intérêt général.
15:25Et donc, pas forcément acter une loi libérale que j'aurais voulu mettre en place.
15:31Je vais faire attention à toutes les sensibilités.
15:33C'est ça qui joue.
15:34Oui, parce qu'en fait, c'est très difficile.
15:36On va dire, Olivier Falorni, c'est vraiment quelqu'un,
15:41le député qui porte cette deuxième proposition de loi,
15:44c'est quelqu'un qui vraiment met tout, comment dire, son talent
15:50au service d'une tentative de trouver un équilibre
15:54entre ceux qui souhaitent effectivement une fin de vie la plus libérale possible,
16:01d'aller vers l'euthanasie, et ceux qui y sont très hostiles.
16:04Mais en fait, on n'arrive jamais à trouver un équilibre.
16:07C'est très, très compliqué.
16:08C'est une question tellement intime, qui bouleverse tellement chacun,
16:11que c'est très compliqué.
16:12Je vous donne juste une anecdote.
16:13Pendant qu'on a ce débat-là, à l'instant même,
16:16je viens de recevoir un message d'une députée
16:18qui a écouté le témoignage qui a été donné ce matin sur France Info,
16:22de Jacques, et qui dit, trouvez-moi ce témoignage.
16:27J'ai pleuré en écoutant ce témoignage dans ma voiture,
16:29j'ai dû m'arrêter, je voudrais le lire à l'Assemblée nationale
16:32pendant les débats.
16:34Donc on voit qu'il n'y a pas à la fois une question plus intime,
16:38plus sujette à émotions,
16:40et en plus qui pose des tas de questions.
16:43Parce que là, on voit que Catherine Vautrin veut en quelque sorte
16:45rassurer ceux qui voudraient aller trop loin,
16:48mais ça laisse des tas de questions en suspens.
16:51Pourquoi faut-il avoir pleinement sa conscience
16:54pour requérir une aide à mourir ?
16:58On sait bien qu'il y a des tas de maladies neurodégénératives
17:01qui ne permettent plus à chacun d'avoir sa conscience.
17:06On sait, il y a une maison à Paris
17:08qui a été mise en place par l'État
17:10qui écoute les personnes qui ont des interrogations sur la fin de vie
17:14et écoute tout le monde.
17:16Et là, je voyais que l'une des personnes qui écoutent ces familles qui viennent,
17:20la grande question c'est, j'ai un père ou une mère en EHPAD,
17:26elle est très très maltraitée, je suis désemparé, je ne sais plus quoi faire.
17:29Oui, mais du coup, faut-il avoir recours à la fin de vie
17:34pour ces personnes en EHPAD qui seraient maltraitées ?
17:36Donc il y a vraiment des tas de questions très compliquées.
17:39Et juste d'un mot, c'est vrai que c'est un projet de loi,
17:41maintenant une provision de loi qui a pris un temps infini,
17:44et malheureusement pour les malades qui auraient besoin d'une solution
17:47et qui guettent effectivement l'issue.
17:50Mais en même temps, comme c'est la question sociétale la plus importante,
17:54on peut dire que prendre du temps, ça n'est jamais, on va dire...
17:58Mais on comprend là, en vous écoutant Jean-Jérôme,
18:01l'importance de border ce texte.
18:03Ah oui, c'est le cas de ce texte d'ailleurs aujourd'hui.
18:04C'est le cas de ce texte aujourd'hui.
18:06Il y a les conditions que j'ai citées tout à l'heure.
18:09Il y a effectivement, Jean-Jérôme Berthelius le disait à l'instant,
18:11la question par exemple d'une maladie dont on sait qu'elle progresse
18:15arithmétiquement à cause du vieillissement de la population,
18:18qui est la maladie d'Alzheimer.
18:19Les malades d'Alzheimer ne sont pas concernés par ce texte.
18:21Ce texte, à l'heure qu'il est, n'ouvre pas la possibilité aux malades d'Alzheimer
18:25de pouvoir éventuellement recourir à une aide active à mourir.
18:30Parce qu'il faut, je le rappelle, que le patient puisse manifester sa volonté
18:34de façon libre et éclairée jusqu'au bout, jusqu'au moment ultime.
18:37Et donc ce n'est pas le cas des patients atteints d'une maladie d'Alzheimer
18:41en phase terminale.
18:42Donc on voit que ce texte, il est extrêmement bordé,
18:45trop restrictif aux yeux de certains,
18:47mais c'est justement ces précautions qui ont été mises en œuvre
18:50pour éviter un certain nombre d'éventuelles dérives,
18:54et puis pour essayer de rassurer.
18:55Ensuite, il faut éviter, me semble-t-il, dans ce sujet,
18:58qui est un enjeu évidemment capital, les faux débats.
19:01C'est-à-dire les diversions qui sont parfois entrées dans ce débat
19:07et qui vont continuer sûrement parfois à l'Assemblée nationale, c'est normal.
19:10Ce texte ne s'oppose pas aux soins palliatifs.
19:13Il y a un consensus absolu et il y a un grand retard dommageable de l'État
19:17dans le développement des soins palliatifs.
19:19Et il faut, c'est une urgence, et d'où d'ailleurs cet autre texte, lui, consensuel,
19:23développer les soins palliatifs, etc.
19:25L'argument selon lequel, en fait, certains vont choisir la mort
19:29parce qu'ils n'ont pas accès aux soins palliatifs dans plusieurs départements.
19:31Oui, mais c'est bien pour ça qu'il faut étendre les soins palliatifs partout.
19:35Mais ce n'est pas un choix entre la vie et la mort.
19:37Personne ne choisit la mort.
19:38C'est un choix qui porte sur les conditions de fin de vie
19:43au moment où on se heurte à cette issue inéluctable.
19:48Est-ce que la souffrance est devenue psychologique ou physique
19:52ou les deux est devenue intolérable ?
19:54Est-ce que l'image qu'on veut laisser aux autres aussi peut peser ?
19:57Simplement, la question de fond, c'est à qui appartient ma fin de vie, en fait ?
20:02Oui, ne choisissez pas ma place.
20:04À qui appartient ma fin de vie ?
20:05Alors, on comprend de ce point de vue-là quand on se pose cette question-là.
20:08Et c'est normal, c'est légitime que l'Église catholique
20:10soit hostile à toute forme de législation en la matière.
20:13Comme elle est hostile sur le début et la fin de vie,
20:16ça relève du dogme au regard de l'Église catholique.
20:19Et il est légitime, quelles que soient les précautions qui seront prises ou les amendements,
20:22je ne remets pas encore cette position-là de l'Église,
20:24elle sera toujours aussi la toute forme de législation allant dans cette direction-là,
20:29quel que soit l'effort nécessaire, encore une fois indispensable,
20:31qui sera mis en œuvre pour développer les soins palliatifs.
20:34Mais en revanche, la question de fond, c'est celle-là.
20:37Et juste un tout dernier point, on a entendu beaucoup,
20:39et c'est vrai qu'il y en a des soignants qui sont hostiles à cette aide active à mourir,
20:44mais il ne faut pas confondre le lobbying, lui aussi légitime,
20:47d'un certain nombre d'associations de soignants ou autres,
20:50et l'ensemble de la communauté médicale.
20:52Il y a un sondage très intéressant de l'IFO publié hier par la tribune dimanche
20:56qui montre que 74% des médecins sont favorables à la légalisation d'une aide à mourir.
21:01Donc ça n'est pas vrai quand on entend dire que les personnels soignants sont hostiles à cette légalisation.
21:07C'est faux.
21:07Pour reprendre cette question, à qui appartient ma fin de vie ?
21:10Vous vous souvenez sans doute de la une de libération il y a trois semaines,
21:14de cet homme qui s'appelait Pierre Cousin, 48 ans, Parkinson, précoce,
21:20et qui est allé mourir en Belgique.
21:22Et il expliquait, d'une façon, on en a encore la chair de poule,
21:27que sa vie n'était plus une vie.
21:29Et pourtant, il ne rentre pas du tout dans les critères des propositions de loi aujourd'hui.
21:35Donc on voit que c'est une question qui est compliquée,
21:40et d'ailleurs qui agite la France et les milieux politiques depuis 15 ans.
21:44Il y a un trajet, et qu'il agitera sûrement encore après cette proposition de loi.
21:49Je rappelle que les critères sont cumulatifs.
21:52Absolument.
21:52Les accidents, par exemple, si vous avez un accident de voiture extrêmement grave,
21:55vous n'êtes pas concerné par cette aide aux droits à mourir.
21:59Merci beaucoup.
21:59On va évidemment suivre avec attention ce débat sur la fin de vie
22:02qui va se prolonger pendant deux semaines à l'Assemblée nationale.
22:06Merci.
22:06Stéphanie Despierre, journaliste politique à LCP.
22:09On en profite pour donner l'invité de 19h30 dans l'émission L'Indice et Politique,
22:13l'émission en partenariat avec France Info.
22:15Ce sera Juliette Méadel, ministre chargée de la Ville.
22:17Juliette Méadel, ce soir sur LCP.
22:19Jean-Jérôme Bertolus, merci beaucoup.
22:20Éditorialiste politique à France Info Télé.
22:23Merci Renaud.
22:24Merci à vous, salut.
22:24A demain.
22:25Les informés du soir, c'est à partir de 20h.
22:26Sous-titrage Société Radio-Canada

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