Christophe Dickès à propos du pontificat du pape François : «Sa popularité était réelle».
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00:00Le problème, c'est qu'il avait cette volonté ancrée en lui qu'il était nécessaire de réformer l'Église.
00:06Et quand vous réformez l'Église, à un moment, vous prenez des coups, soit sur votre droite, soit sur votre gauche.
00:11Il a provoqué énormément d'attentes sur sa gauche et ses attentes ont été déçues.
00:17Et beaucoup de personnes de l'aile gauche de l'Église l'ont abandonnée, au fond, dans les dernières années du pontificat.
00:25Tandis que l'aile droite, elle, l'aile conservatrice, elle a vu, elle a compris qu'elle ne pouvait pas attendre de ce pape,
00:33même s'il y a des textes qui sont marquants et qui ont plu à cette aile conservatrice.
00:38Par exemple, c'est un pape qui a beaucoup aimé la religiosité populaire.
00:43On l'a vu en Corse, mais on l'a vu aussi dans sa conception même du peuple.
00:47Vous le savez, c'est un pape jésuite originaire d'Argentine.
00:51Pourquoi il y a un décalage avec l'Europe ?
00:53Parce que le catholicisme européen est un catholicisme de classe moyenne et il ne parle pas à la classe moyenne.
00:59Il parle aux riches parce qu'ils sont trop riches et il parle aux pauvres parce qu'ils sont dans le besoin.
01:04Il n'y a pas de parole à l'égard de cette classe moyenne, d'où en partie ce décalage avec l'Europe.
01:10Donc la popularité du pape François, elle était réelle.
01:14Mais quand on veut réformer un corps, on le critique et il a beaucoup critiqué.
01:19Et quand le pape Benoît XVI, lui, portait beaucoup les évêques dans leurs tâches,
01:24encourageait les prêtres qui, dans le monde occidental, en fait, sont critiqués de partout,
01:28parce qu'il faut être quasi extraterrestre aujourd'hui pour être prêtre dans le monde occidental,
01:33et bien quand le pape François lui critiquait ses prêtres, le pape Benoît XVI, lui, a souhaité en prendre soin.
01:38C'était vraiment le pape pastoral.
01:45Ça veut dire qu'il a trop voulu secouer le système ?
01:48Oui, je pense.
01:50Trop violemment, en tout cas ?
01:51Il a voulu trop secouer le système.
01:54Il a aussi enclenché une réforme de la curie,
01:58mais il a commencé cette réforme de la curie en prenant sa tête et en la mettant sous l'eau.
02:03Et vous ne réformez pas un corps, quel qu'il soit, une entreprise ou une institution,
02:07en lui mettant la tête sous l'eau.
02:08Et pendant plusieurs années, il y a eu un véritable décalage entre, d'une part,
02:14la curie romaine, qui est le gouvernement de l'Église,
02:16et le pape, qui s'est entouré d'une cour choisie.
02:21Et malheureusement, ce gouvernement n'a pas pu exercer, tel qu'il aurait dû le faire, ses prérogatives.