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Aïcha Boukir, coordinatrice du Riam, le réseau interassociatif de Mayotte, était l'invitée de France Inter lundi 21 avril, avant la visite d'Emmanuel Macron dans l'archipel, dévasté en décembre par le cyclone Chido.

Retrouvez les invités de 6h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter

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Transcription
00:00Emmanuel Macron commence donc ce matin une tournée de 5 jours dans l'océan indien.
00:05Il ira à la Réunion où sévit l'épidémie de Chikungunya, à Madagascar pour un sommet régional et à l'île Maurice.
00:11Mais ce voyage commence surtout ce matin par Mayotte.
00:14Le chef de l'État doit arriver dans un peu plus d'une heure, 4 mois après le passage du cyclone Chido
00:19qui a détruit une grande partie de l'archipel et fait au moins 40 morts et 3 milliards et demi d'euros de dégâts.
00:25Bonjour Aïcha Boukien.
00:27Bonjour.
00:27Merci d'être avec nous ce matin dans les studios de France Inter.
00:30Vous êtes la coordinatrice du RIAM, le réseau interassociatif de Mayotte.
00:35Avant de vous demander ce que vous attendez de la visite d'Emmanuel Macron, comment va Mayotte aujourd'hui 4 mois après Chido ?
00:41Alors, comment va Mayotte ? C'est une grande question.
00:474 mois après Chido, les stigmates du cyclone sont encore très présents.
00:50C'est-à-dire que les bâtiments sont encore pour la plupart détruits, on va dire bricolés, rabibochés.
00:59Les voitures, on voit encore plein de voitures détruites, on voit encore de la végétation qui est abîmée.
01:04Enfin voilà, c'est très compliqué.
01:08On n'est pas sortis d'affaires 4 mois après, on n'est toujours pas sortis d'affaires.
01:11Quelles sont les urgences qu'il reste à régler sur place ?
01:15Moi, je dirais que les urgences, c'est surtout rétablir le bâti, les écoles, les bâtiments publics, les routes aussi, puisqu'il y a pas mal de routes aussi qui sont abîmées.
01:29Et puis toute la partie développement durable, il y a toute la partie, effectivement, la végétation, les mangroves qui sont partiellement détruites.
01:37Est-ce qu'il y a de l'eau potable à nouveau dans tout Mayotte ?
01:41On sait que déjà avant le cyclone, la situation était très tendue, il y avait des coupures régulières.
01:47Est-ce qu'aujourd'hui, tout le monde a accès à l'eau à Mayotte ?
01:49Alors le sujet de l'eau, il est très compliqué aussi.
01:52C'est-à-dire qu'avant Chido, en fait, le cyclone Chido a juste cristallisé et chronicisé des problèmes qu'il y avait déjà auparavant.
01:59C'est-à-dire que la problématique de l'eau, on l'avait déjà auparavant.
02:01Donc on a de l'eau au robinet par intermittence, de façon erratique, puisqu'on a des plannings d'eau qui ne sont pas toujours respectés.
02:08Puis ça dépend de où est-ce qu'on est sur l'île.
02:12Ça a été rétabli avec effectivement des alertes régulières de l'Agence régionale de santé sur la qualité.
02:18Donc en fait, on est quand même beaucoup à ne plus boire l'eau du robinet.
02:21Le président de la République s'était engagé à revenir.
02:25Il avait effectué une visite cinq jours après le cyclone.
02:28Qu'espérez-vous qu'il vienne vous dire à Mayotte ?
02:33Alors ce qu'on espère tous à Mayotte, c'est un véritable plan Marshall, en fait.
02:37C'est-à-dire un véritable plan sur la reconstruction, sur des moyens et puis des choses concrètes.
02:45Parce qu'aujourd'hui, effectivement, on a vu passer beaucoup d'ONG, on a vu passer beaucoup de ministres, on a vu passer...
02:53Enfin voilà, donc les gens passent, mais on ne voit pas concrètement aujourd'hui d'actions concrètes de la part des pouvoirs publics.
03:03Bon, je pense que de toute façon, vu ce qui s'est passé, vu l'ampleur des dégâts, effectivement, il faut du temps.
03:10Mais en même temps, là, on est à quatre mois et là, il faut que ça bouge.
03:13Donc on espère tous, effectivement, des actions concrètes et un vrai plan Marshall pour pouvoir...
03:19Il y a eu cette loi d'urgence pour la reconstruction, c'était fin février.
03:22Là, Emmanuel Macron doit présenter ce soir en Conseil des ministres, dans l'avion d'ailleurs, entre Mayotte et La Réunion, la loi pour la refondation.
03:31Vous dites, il faut maintenant qu'on passe dans la reconstruction.
03:35Si on vous comprend bien, elle n'a pas vraiment commencé, en fait, au bout de quatre mois.
03:38Non, elle n'a pas vraiment commencé. On a traité l'urgence. Jusque-là, ce qui a été traité, c'était l'urgence.
03:45L'urgence humanitaire, en fait.
03:47Voilà, tant bien que mal, bien sûr. Mais ce qui a été traité jusque-là, c'était l'urgence.
03:50Et puis, effectivement, là, il faut qu'on passe... On est tous d'accord pour se dire qu'il faut qu'on passe à des choses concrètes et des choses sérieuses.
03:57Aujourd'hui, les Mahorais pensent que... Enfin, on a l'impression que ça n'avance pas ?
04:01Alors, moi, je n'ai pas la prétention de parler au nom des Mahorais. Moi, je suis directrice d'une association de l'ALEFPA sur Mayotte.
04:10On s'occupe d'enfants et d'adultes polyhandicapés.
04:13Bon, moi, je peux parler au nom des associations qu'on gère dans le cadre du RIAM, par exemple.
04:18Effectivement, on attend des actions concrètes. On attend surtout de ne pas refaire les erreurs qui ont été faites auparavant à Mayotte.
04:25C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est ce que je vous disais tout à l'heure, le cyclone a juste cristallisé une situation compliquée qui était déjà présente avant.
04:34Et en fait, on se rend compte qu'aujourd'hui, le cyclone a juste montré les défaillances et les problématiques qu'on a sur ce territoire.
04:42Un mot pour finir sur le ton. Est-ce que vous espérez que la visite du président de la République sera un peu plus apaisée que la dernière fois ?
04:50On a vu des moments de tension, des mots aussi de la part d'Emmanuel Macron, disant, excusez-moi pour l'expression, mais c'est celle qu'il a utilisée,
04:58si ce n'était pas la France ici, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde. Est-ce que vous attendez un discours plus apaisé de la part du président ?
05:05On l'espère tous, bien sûr. De toute façon, l'énervement, ça n'a jamais fait évoluer les choses.
05:11Donc oui, on espère tous que le ton sera un peu plus apaisé. Et en tout cas, je pense que ça passera par des solutions concrètes et des actions concrètes.
05:19Merci Aïcha Boutien d'avoir été l'invité du 5-7 de France Inter ce matin. Je rappelle que vous êtes la coordinatrice du réseau interassociatif de Mayotte.

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