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Lundi 14 avril 2025, retrouvez Norbert Neuvy (Fondateur, Nicotine World), Jean-François Ghiglione (Directeur scientifique de la mission Tara Microplastiques, Directeur de recherche CNRS, Fondation Tara Océan), Henri Bourgeois-Costa (Directeur des affaires publiques, Fondation Tara Océan) et Thomas Samuel (Fondateur, Moon) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.

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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue. C'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:15Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Norbert Neuville, fondateur de Nicotine World.
00:21La France peut-elle suivre l'exemple suédois et devenir un pays sans tabac ?
00:26La réponse dans une minute. Dans notre débat, on parlera de la mission de la fondation Tara Océan sur la pollution au microplastique dans les grands fleuves européens.
00:372700 échantillons collectés et 100% de plastique détecté.
00:43Et puis dans notre rubrique Smart Ideas, la bonne idée du jour, elle est signée Moon et ses solutions d'énergie solaire en Afrique, mais aussi dans les zones rurales françaises.
00:54Trois thèmes, 30 minutes pour en creuser les enjeux. C'est parti.
01:04La France peut-elle, comme la Suède, devenir un pays sans tabac ? On en parle tout de suite avec Norbert Neuville. Bonjour.
01:11Bonjour.
01:11Bienvenue. Vous êtes le fondateur de Nicotine World. On va évoquer ensemble un documentaire qui raconte comment la Suède est devenue sans tabac.
01:20Mais d'abord, je veux bien que vous nous présentiez Nicotine World. Parce qu'on pourrait se dire, mais on parle du sans tabac, pourquoi il invite quelqu'un qui nous vende la nicotine ?
01:28Alors, Nicotine World, c'est une plateforme d'information qui traite des sujets autour du tabagisme et des solutions qui peuvent exister.
01:40Et pourquoi la nicotine ? Parce que la nicotine, c'est la première solution qui permet aux fumeurs de pouvoir s'éloigner du tabac et de ses effets mortifères.
01:52Ce qui peut sembler contre-intuitif. Donc ça veut dire quoi ? On peut notamment consommer des sachets de nicotine, c'est ça ?
02:00Alors moi, je ne suis pas fumeur, donc j'avoue que j'ai découvert cet univers. De quoi on parle ?
02:05On parle d'un petit sachet que l'on glisse, qui est très discret, que l'on place entre la gencive et la lèvre.
02:13Et qui va diffuser la nicotine, des arômes, pour que ce soit un petit peu plus agréable. Et qui va apporter l'information au cerveau.
02:23Et de ce fait, n'importe où, aujourd'hui, on ne peut pas ni fumer ni vapoter, on va pouvoir avoir son apport de nicotine.
02:32Et du coup, ne plus ressentir le manque de la cigarette.
02:37Oui, effectivement. Ces sachets de nicotine, il y a encore des fantasmes, des idées reçues autour ?
02:42Il y a des idées reçues, parce qu'il y a un amalgame qui a été créé avec le snus.
02:46C'est quoi le snus ?
02:47On a parlé à propos de la Suède, oui.
02:49C'est un petit sachet également, mais qui est à base de tabac.
02:52Et le tabac est très mauvais pour les gencives, est très mauvais pour toutes les maladies que l'on connaît, qui sont liées à cette plante.
03:04Et le sachet de nicotine, lui, par rapport au snus, a éliminé le tabac pour le remplacer par de la poudre de cellulose.
03:13Et donc, juste un petit apport de nicotine et de l'arôme.
03:18Et il faut savoir que c'est un produit qui a été très largement utilisé par les Suédois.
03:24Avant leur entrée dans l'Europe, ils voulaient absolument conserver le snus, parce qu'ils savaient que c'était beaucoup moins mauvais que le tabac fumé, déjà, parce que ça éliminait la combustion.
03:36Et l'Europe a accepté de prendre la Suède dans la communauté.
03:42Et on voit aujourd'hui que la Suède ne s'est pas trompée en voulant conserver ces produits-là.
03:48On verra peut-être un petit peu plus tard.
03:49Non, mais on va regarder tout de suite, on va regarder un extrait de ce documentaire,
03:54puisque en Suède, il y a moins de 5% des habitants qui fument.
03:58Et il y a donc ce film qui raconte cette histoire.
04:00Regardez l'extrait.
04:01Nous avons le plus de 5% des habitants de la population qui fume.
04:08Nous avons le plus de prevalence de fumée dans l'Union Européenne.
04:11Nous avons aussi le plus de cancer de l'arôme.
04:14Nous avons deux de la génération de fumée.
04:17Le plus de cancer de l'arôme.
04:19Le plus de 5% de la fumée.
04:22Le plus de nombre dans l'Europe.
04:24Le plus de maladies cardiovasculaires.
04:27Nous sommes le standard de gold.
04:29Nous sommes les meilleurs dans le monde.
04:32Alors, quel est le problème avec le reste du monde ?
04:36Nous avons quelque chose qu'ils n'ont pas.
04:38Nous avons snus, vous n'avez pas.
04:40Alors, snus, le snus dont on parlait tout à l'heure.
04:42Comment la Suède a arrêté de fumer ?
04:44C'est le titre de ce documentaire produit par le collectif We Are Innovation.
04:4915% de fumeurs en France, 3 fois moins en Suède.
04:53Est-ce qu'on peut effectivement suivre leur exemple aujourd'hui ?
04:56La question est à poser à nos dirigeants et ceux qui prennent les décisions.
05:04Il faut savoir que, comme on vient de le voir dans ce petit reportage,
05:09la Suède est le seul pays au monde à avoir réduit considérablement le taux de fumeur sous les 5%.
05:18Il faut savoir que ce taux-là de 5% est demandé par l'Europe.
05:28Et c'est un résultat que l'on souhaite avoir avant 2040.
05:35À chaque État membre, il est demandé d'arriver à un taux de fumeur de 5%.
05:39Sauf qu'on ne s'en donne pas vraiment les moyens, c'est ce que je comprends.
05:42On ne s'en donne pas vraiment les moyens.
05:45Ou peut-être est-ce qu'on ne se pose pas trop de questions sur ce qui marche ailleurs.
05:51Et on voit très bien ici qu'en Suède, cette solution est plébiscitée.
05:57Et on peut s'en inspirer.
06:01Mais alors, comment ça marche ?
06:02Parce qu'encore une fois, c'est un moyen de se sevrer, le sachet de nicotine ?
06:08Ou alors c'est un moyen de continuer à avoir une dose ou une sensation de nicotine
06:12sans forcément vouloir se sevrer ?
06:15On peut se sevrer déjà de la cigarette.
06:18Oui, parce qu'il y a tout ce qu'il y a d'autre dans la cigarette.
06:21Le problème, c'est la combustion de la cigarette.
06:23Et la cigarette, on est tenté de la fumer parce qu'on a besoin de cet apport de nicotine.
06:27Et le snus, à l'origine, et maintenant les sachets de nicotine.
06:31Il faut savoir que les sachets de nicotine en Suède sont en train d'augmenter au profit,
06:36enfin, par rapport au snus qui est de moins en moins utilisé.
06:41La Suède est passée de 900 000 fumeurs à 450 000 fumeurs, 430 000,
06:48donc de 2012 à 2022.
06:50Et en remplacement de la cigarette, le snus montre son impact.
07:00Mais une fois qu'on est passé au sachet de nicotine, il faut savoir que...
07:04Est-ce que c'est plus facile de s'arrêter pour de bon ? Vous voyez ce que je veux dire ?
07:07Oui, oui, parce que déjà on a quitté cette gestuelle.
07:13Et puis on élimine aussi tout ce qui a attrait à la cigarette,
07:19c'est-à-dire on retrouve le goût, on retrouve l'odorat,
07:23on retrouve des sensations qu'on avait perdues,
07:26l'odeur par exemple de l'herbe fraîchement coupée qu'on ne ressent plus quand on est fumeur.
07:31On ne se rend pas compte quand on est fumeur de l'odeur même qu'on véhicule.
07:37Et puis même au-delà de ça, socialement, et notamment pour les enfants,
07:43on ne montre pas qu'on a une addiction.
07:45Il n'y a pas de gêne, il n'y a pas de tabagisme passif.
07:48Donc il y a tout intérêt à passer sur ce genre de produit.
07:51– Alors on pourrait aussi considérer que ces sachets de nicotine,
07:57ils sont en concurrence par exemple avec les produits de vape, le vapotage.
08:04Il y a une taxe anti-vape qui a été intégrée au budget 2025
08:07qui rapporterait entre 150 et 200 millions d'euros par an.
08:10Vous dites quoi ? Vous dites mauvaise idée ?
08:12Ou alors il faut aussi se débarrasser du vapotage ?
08:15– Moi je dis que ce n'est pas une idée qui va dans le bon sens.
08:20comment est-ce qu'on peut motiver les gens à quitter la cigarette
08:23avec des solutions comme la cigarette électronique
08:26ou demain les sachets de nicotine,
08:29tout en leur envoyant un message qui est négatif en disant
08:32voilà ce produit est taxé.
08:34Pourquoi taxer une solution qui peut permettre à 75 000 fumeurs par an,
08:39enfin 75 000 morts par an aujourd'hui ?
08:41– D'éviter les 75 000 décès par an, oui.
08:43– Pourquoi mettre un frein et donner ce message négatif ?
08:52– Ce qui cause la mortalité, on a vu les chiffres de mortalité en France tout à l'heure,
08:5875 000 décès attribuables au tabac,
09:01mais c'est notamment tous les produits chimiques qu'on trouve dans une cigarette
09:07et qui sont brûlés ?
09:10– C'est lors de la combustion, il y a plus de 4 000 toxines
09:13qui sont libérées par la fumée de la cigarette
09:17et c'est celles-ci qui sont cancérigènes,
09:20ce n'est pas la nicotine.
09:21Et c'est pour ça que quand vous me parliez tout à l'heure,
09:23vous me disiez, c'est bizarre quand même,
09:25on parle de cigarette,
09:28comment réduire l'impact pour les fumeurs ?
09:32– Et on parle de nicotine, mais la nicotine, c'est la solution
09:35qui permet d'envoyer au cerveau ce message positif
09:41dont tu as besoin le fumeur.
09:43Enlever à un fumeur la cigarette et ne lui donner rien du tout à côté,
09:50– Bien évidemment, ça ne marche pas.
09:51– Il va péter un câble.
09:51– Merci beaucoup Norbert Neuville et à bientôt sur Be Smart for Change.
09:55On passe à notre débat, la pollution au microplastique
09:59dans les grands fleuves européens.
10:02– On parle de pollution au microplastique dans les fleuves européens
10:11avec Henri Bourgeois-Costa, bonjour.
10:13– Bonjour.
10:14– Bienvenue, vous êtes le directeur des affaires publiques
10:15de la fondation Tara Océan.
10:17On est également en duplex avec Jean-François Guiglione.
10:20Bonjour.
10:20– Bonjour.
10:21– Vous êtes le directeur scientifique de cette mission Tara Microplastique,
10:25directeur de recherche CNRS au laboratoire d'océanographie microbienne.
10:30On va redire un mot, même si la fondation Tara Océan,
10:33on l'a reçue plusieurs fois ici, elle a été créée en 2003.
10:36Elle est reconnue d'utilité publique.
10:38Votre mission, c'est quoi ?
10:39C'est de mieux connaître et de protéger l'océan, les deux ?
10:41– Oui, c'est exactement ça.
10:43La fondation Tara Océan, c'est la première fondation consacrée
10:46à la recherche scientifique sur l'océan.
10:48Donc elle s'intéresse à tous les enjeux océaniques,
10:50qu'ils soient ceux du vivant, de la planète vivante évidemment,
10:53mais également tout ce qui vient l'affecter,
10:55le changement climatique, les grandes pollutions,
10:56dont évidemment, malheureusement, la pollution de plastique.
10:59– Et vous avez en permanence une mission quelque part,
11:02un bateau quelque part en quelque sorte ?
11:04– Oui, c'est ça, exactement.
11:06Les missions se succèdent avec des thématiques
11:08qui viennent s'entrecroiser et se compléter.
11:11On a bouclé il y a quelques mois une grande mission
11:13sur les toxiques au sens général,
11:15parmi lesquelles on va trouver des toxiques des plastiques,
11:18qui nous permettent de mieux comprendre la circulation de ces toxiques
11:22de la Terre vers la mer et leurs interactions avec le vivant
11:25et les conséquences sur l'océan.
11:26– Alors on va parler là de pollution au microplastique.
11:30C'est évidemment un fléau, avec quels effets ?
11:33– Alors ce sont des effets qui sont extrêmement complets et complexes.
11:37C'est une pollution qui est une pollution globale,
11:39il faut bien avoir ça en tête.
11:42C'est la partie émergée de l'iceberg qu'on voit tous
11:45et qu'on connaît tous que sont ces macro-déchets,
11:47les gros déchets qu'on voit, les bouteilles d'eau,
11:49les sèvres plastiques, etc.
11:50En fait, il y a une partie qui est moins visible, voire invisible,
11:53qui sont ces petits plastiques et qui vont venir affecter la planète,
11:57notre santé donc évidemment,
11:59puisque tout ce qui affecte la planète nous affecte nous,
12:01de façon directe ou indirecte.
12:03Alors ça peut être directement par le transfert de toxiques
12:06et M. Giglion en parlera bien mieux que moi tout à l'heure,
12:11ou par le transfert de bactéries qui peuvent être problématiques pour la santé,
12:14mais également ça va venir perturber toute la chaîne trophique,
12:17donc tout ce qui alimente le vivant.
12:20Donc ça va venir évidemment à terme impacter ce qu'on mange nous,
12:23ce qu'on respire nous, puisqu'il y en a également dans l'air,
12:26et ce qu'on boit puisqu'il y en a dans l'eau.
12:27Et vous venez effectivement de publier les résultats de votre dernière mission,
12:31Jean-François Giglion, sur les micro-plastiques dans les fleuves européens.
12:34Peut-être un mot de la méthode pour commencer.
12:38Combien de fleuves à analyser ?
12:41Combien d'échantillons prélevés ?
12:43Expliquez-nous comment vous avez voulu travailler.
12:46C'était une expédition vraiment de grande envergure
12:48qui a réuni plus de 40 scientifiques de 19 laboratoires différents
12:52avec des spécialités différentes.
12:54On avait des chimistes, des physiciens, des biologistes.
12:56Et l'objectif en fait c'était de comparer les fleuves européens entre eux.
13:00Donc on est allé travailler sur 9 des plus grands fleuves européens.
13:03La Tamise, l'Elbe, le Rhin, la Seine, la Loire, la Garonne, l'Ebre, le Rhône et le Tibre.
13:09Et on est parti de la mer parce que la pollution plastique était connue essentiellement de la mer.
13:16Et on est remonté vers la plus grande ville proche de l'estuaire, proche de l'embouchure.
13:22Et comme ça on a fait exactement le même protocole sur tous les fleuves.
13:26Ce qui nous a permis de comparer les fleuves entre eux.
13:28Et alors on arrive à un résultat que j'ai donné dans les titres.
13:32C'est que finalement des microplastiques vous en retrouvez partout.
13:36Malheureusement le constat il est assez édifiant.
13:38Dans tous les prélèvements qu'on a réalisés on a trouvé du plastique.
13:42Et on arrive à peu près à des concentrations de 3 microplastiques par mètre cube.
13:47Qu'est-ce que ça veut dire par exemple sur la Seine on a 300 mètres cubes par seconde.
13:51Donc ça veut dire que si je mettais un filet qui vient récolter les microplastiques.
13:55Et bien chaque seconde j'aurai à peu près 900 microplastiques qui seraient collectés à chaque seconde.
14:03Donc ça ça montre en fait qu'on a une concentration qui est majeure.
14:06Qu'on ne pensait pas qu'elle était aussi importante.
14:09Et on s'est rendu compte que cette concentration de microplastiques.
14:13Donc les microplastiques je rappelle c'est tout ce qui est inférieur à 5 mm.
14:16Il y a ceux qui sont visibles dont je viens de donner les chiffres.
14:19Et il y a ceux qui sont invisibles.
14:21Ceux-là en fait on a dû faire des développements méthodologiques particuliers pour les détecter parce qu'on ne peut pas les voir à l'œil nu.
14:28Et ceux-là on s'est rendu compte qu'en masse ils étaient encore plus importants que les grands microplastiques qu'on voyait jusqu'à présent.
14:34Donc ça ça montre quelque part qu'on a une pollution qui était sous-estimée et qui est encore plus importante que ce qu'on imaginait.
14:40Je reviens vers vous Henri Bourgeois-Costa avec effectivement ces chiffres 40 scientifiques, 19 laboratoires impliqués.
14:47Ça veut dire que c'est une mission européenne.
14:49Dans chaque pays il y a eu des laboratoires ou des scientifiques des pays concernés qui participaient.
14:55Comment ça s'est passé ?
14:56Je vois que vous vous tournez vers Jean-François Guillot pour en répondre aussi.
15:00Oui je pense qu'il répondrait bien plus pertinemment que moi à cette question-là.
15:03Mais globalement oui c'est un projet qui embarque beaucoup de scientifiques de discipline et de nationalité différente.
15:09Avec quel objectif ? Alerter les pouvoirs publics, les obliger à bouger ?
15:14Oui il y a plusieurs objectifs.
15:15Le premier c'est évidemment un objectif purement scientifique qui est de mieux connaître cette pollution, de mieux en cerner les contours.
15:23Et c'est comme ça qu'on peut développer des solutions pour lutter contre cette pollution-là.
15:26Et évidemment derrière c'est d'aller alerter les politiques et de faire passer un certain nombre de messages.
15:31Dans ces messages-là il y a quand même quelque chose qui est très important qu'on peut tirer d'ores et déjà de ces publications.
15:38C'est que la vision qu'on avait majoritairement de cette pollution plastique elle est largement dépassée.
15:43Autrement dit les plastiques ne sont pas qu'une question de déchets.
15:47Puisque ces plastiques-là, ces micro-plastiques-là ils ne sont pas tous issus de la dégradation de déchets.
15:52Ils sont également issus de plastiques primaires.
15:54Donc en gros des plastiques pré-production avant qu'on les transforme en produits.
15:58De la fuite de ces plastiques-là dans l'environnement.
15:59Et également des plastiques d'usure, d'usage.
16:03Quand on porte des vêtements synthétiques, quand on a des textiles synthétiques comme les moquettes,
16:08quand on utilise des pneus de voiture.
16:10Tout ça avec la friction ça génère des micro-particules de plastique qui finissent dans l'environnement.
16:15Donc on voit bien que ces problématiques-là elles ne vont pas être solubles par une simple amélioration du traitement des déchets.
16:20C'est inhérent même à l'usage de ces matériaux-là et ça va renvoyer vers des solutions qui sont évidemment beaucoup plus globales, beaucoup plus complexes.
16:27Qui sont beaucoup plus systémiques, c'est ce que je comprends.
16:30Jean-François Gillian, ça veut dire que quand vous avez fait ces prélèvements, vous pouvez savoir d'où viennent ces micro-plastiques dont on parle.
16:38Est-ce qu'effectivement ça vient, je replans vos exemples, du frottement d'un pneumatique ou de l'usure d'un vêtement ou alors même peut-être du plastique primaire,
16:51c'est-à-dire un plastique sorti d'usine en quelque sorte ?
16:54Alors on a plusieurs réponses par rapport à ça.
16:58Effectivement l'origine des micro-plastiques, la majorité ça va être des gros plastiques qui vont se casser en morceaux.
17:05Et ça on peut considérer que c'est le déchet de départ en fait.
17:08Quand on a un déchet dans l'environnement, il va se casser en morceaux.
17:11Mais comme le disait Henri, c'est un peu la nouveauté de nos études, c'est de montrer en fait que les plastiques,
17:16ils vont pendant tout l'usage en fait du plastique, on va relarguer ces tout petits micro-plastiques qui sont invisibles à l'œil.
17:23Quand je suis en train de bouger simplement le bouchon d'une bouteille, je commence déjà à créer des petits micro-plastiques.
17:29Quand j'ai des vêtements en fait que je tape dessus, les fibres des vêtements vont partir dans l'environnement.
17:34Et donc tout ça en fait, c'est pas qu'une problématique déchet comme le disait Henri.
17:39Et c'est ça qui change vraiment notre vision de la pollution, c'est que la pollution elle est à tous les niveaux.
17:44Il y en a certains en fait qu'on a réussi à identifier, notamment via une grosse action de science participative qui s'appelle Plastique à la Loupe,
17:53qui réunit plus de 12 000 élèves par an qui vont sur le terrain.
17:56Donc on a un vrai observatoire français des déchets.
17:58Et là, on s'est rendu compte que parmi ces micro-plastiques, on trouve des granulés plastiques industriels qu'on peut vraiment identifier.
18:06Et la concentration de ces granulés plastiques industriels nous a vraiment alarmés parce qu'on a à peu près un quart de tous les micro-plastiques qui sont ces granulés plastiques industriels.
18:15D'où ils viennent en fait ?
18:16Ça, ceux-là, on sait pertinemment que ça vient de la fuite des usines qui produisent les plastiques en fait.
18:21Et donc ça vient de la fuite, ça vient du transport, ça peut être du transport sur les routes, mais également du transport maritime.
18:27On a déjà vu des catastrophes en fait de ces granulés plastiques industriels qui se retrouvent malheureusement dans l'environnement.
18:33Henri Bourgeois-Costa, ça veut dire que vous faites un certain nombre de préconisations aussi à la suite de cette étude ?
18:40Oui, bien évidemment. Et ces préconisations, elles s'inscrivent dans le cadre aussi d'une réflexion internationale
18:45puisqu'il y a une négociation actuellement sur un futur traité international sur les pollutions plastiques.
18:49Et évidemment, ces préconisations ont rejoint toute une série d'organismes dans cette préconisation majeure
18:55et notamment de la coalition internationale scientifique qui est qu'il n'y a pas de solution à cette problématique
19:01sans passer par la case réduction importante de la production et de la consommation.
19:05C'est vraiment le message fort.
19:08Mais ça a pris une telle place dans nos villes plastiques.
19:11Si ça marche aussi bien, c'est que ça répond à beaucoup de demandes et de problématiques.
19:18Donc par quoi on les remplace ?
19:19Alors, on peut avoir une réflexion en deux temps.
19:23La première, c'est est-ce que tous ces plastiques nous sont vraiment indispensables ?
19:27Notamment si on met dans la balance les bénéfices qu'ils nous apportent
19:30mais également les risques et les coûts.
19:32Risques sanitaires, risques environnementaux et coûts économiques
19:35puisqu'aujourd'hui, plusieurs universités ont fait la démonstration
19:37que le fait de poursuivre ce modèle de consommation de plastique
19:41sera plus coûteux économiquement que la réduction.
19:44Ça, c'est vraiment un élément très très important.
19:45On n'arrivera pas à nettoyer l'environnement.
19:48Ça, c'est aussi quelque chose qu'il faut retenir.
19:50L'étude, elle montre très clairement qu'on peut avoir jusqu'à 1000 fois
19:54la masse de la pollution plastique qui est sous forme de microplastique.
19:57Donc on ne va pas nettoyer tout ça.
19:58Et ceux-là, on ne peut pas les récupérer ?
19:59Ceux-là, ce n'est pas récupérable.
20:00On parle quand même de plastiques qui font entre 1,5 mm et 0,025 mm.
20:05Donc à moins de passer la nature complètement au peigne fin
20:08et de tout retirer en même temps que les plastiques,
20:10ce n'est évidemment pas envisageable.
20:11Et donc ces solutions, pour revenir à votre question,
20:15c'est évidemment des solutions systémiques.
20:17Ça passe par réduire ce qui ne nous est pas indispensable
20:19et dans ce qui est indispensable, de réfléchir à quelles sont les autres manières de faire
20:23qui nous permettent de nous passer de ces plastiques-là.
20:27Ça peut être des questions de matériaux, mais pas forcément.
20:30Ça peut être aussi des questions organisationnelles, de changement de société.
20:33Aujourd'hui, on est très marqués par les plastiques,
20:35et je vous rejoins tout à fait là-dessus.
20:36Mais il faut quand même avoir en tête que ce n'est que 60 ans dans l'histoire de l'humanité
20:40et que ce n'est qu'en gros un petit tiers de l'humanité
20:44qui consomme de façon très très importante les plastiques.
20:46Donc il n'y a pas de côté inéluctable dans cette consommation des matériaux.
20:51Ça ne veut pas dire qu'il faut les éliminer complètement,
20:52ce n'est pas du tout mon propos.
20:54Mais ça veut dire qu'on a des marges de réduction qui sont très très importantes.
20:58Jean-François, Guiliane, vous parlez dans votre étude
21:00d'un effet supplémentaire d'éponge à polluant.
21:04Alors de quoi on parle ? De quoi s'agit-il ?
21:06Alors il faut que je vous fasse un tout petit cours de qu'est-ce que c'est qu'un plastique.
21:10Un plastique, vous connaissez tous les polystyrène, polyéthylène, polypropylène.
21:15Ça c'est le polymère, mais en fait on a un cortège de molécules chimiques
21:18qui sont ajoutées au plastique.
21:20Donc c'est des plastifiants, des stabilisants, des retardateurs de flammes,
21:23des colorants qui vont donner la caractéristique du plastique.
21:26Et on sait qu'on a 16 000 molécules chimiques qui sont ajoutées de cette manière-là
21:30pour donner les caractéristiques chimiques du plastique
21:34et ses propriétés physiques.
21:37Et on sait malheureusement en fait que parmi ces 16 000 molécules chimiques,
21:40on en a à peu près un quart qui sont toxiques pour les organismes.
21:44Donc ça en fait, en plus de demander la réduction des plastiques primaires,
21:48on demande aussi une transparence des produits chimiques qui sont ajoutés dans ces plastiques
21:52parce que c'est de là que vient la toxicité des plastiques.
21:54– Effectivement, merci beaucoup.
21:57On parle de notre santé, de la santé de nos enfants tout simplement.
21:59– On parle d'un nouveau concept qui a émergé depuis quelques années,
22:04qui est aujourd'hui largement reconnu scientifiquement,
22:06qui est le concept de santé globale.
22:07C'est-à-dire qu'on ne peut plus aujourd'hui, de façon très claire,
22:10dissocier la santé humaine de la santé animale, de la santé des écosystèmes,
22:14de la santé environnementale.
22:15Et donc les plastiques affectent tout ça,
22:18directement notre santé pour certains dans nos usages,
22:21mais d'autres de façon plus indirecte, plus pernicieuse,
22:23en contaminant l'environnement.
22:24Et donc c'est devenu aujourd'hui un sujet de santé globale.
22:28– Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Be Smart for Change.
22:32On passe tout de suite à notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables.
22:36– Sous-titrage Société Radio-Canada
22:41– Smart Ideas, la bonne idée du jour,
22:45allez signer Thomas Samuel, bonjour.
22:46– Bonjour.
22:47– Bienvenue, vous êtes le fondateur de Moon,
22:49entreprise créée en 2019, avec quelle idée ?
22:52– Électrifier les populations qui n'ont pas accès à l'énergie,
22:55il reste malheureusement des centaines de millions de gens
22:57qui ne sont pas équipés par le réseau traditionnel,
22:59et on a développé une solution qui permet d'apporter
23:03un premier niveau d'énergie rapidement et de façon industrielle.
23:08– Alors vous l'avez d'abord développé sur le continent africain, c'est ça ?
23:11– Oui, on a commencé à équiper certains villages
23:14en mode projet pilote au Sénégal,
23:16et puis après on a accéléré notre impact,
23:19on a gagné un appel d'offres du gouvernement togolais,
23:22et aujourd'hui on a déjà équipé plus de 20 000 maisons là-bas,
23:24où en fait les gens prépayent un niveau de service énergétique,
23:30de l'éclairage, de la recharge USB,
23:32qui est déjà une énorme transformation dans leur quotidien.
23:34– Oui, on imagine les conséquences, on va le détailler,
23:36mais ça marche comment ? C'est quoi ?
23:37C'est des panneaux solaires ? C'est plus compliqué que ça ?
23:39– C'est un petit kit qu'on a designé et qui est très innovant,
23:42à l'intérieur une petite batterie, un panneau solaire qu'on installe sur le toit,
23:46et puis après beaucoup d'intelligence, parce que ce sont des kits prépayés,
23:49donc finalement c'est un mini Linky solaire de premier niveau d'accès à l'énergie,
23:53c'est incroyable.
23:53– Et à quel point ça change la vie ? Parce qu'on le, intuitivement on le comprend,
23:58mais ça a des conséquences en matière d'hygiène, de santé, d'éducation, d'accès,
24:02enfin bon, on peut dérouler la liste quoi.
24:05– La liste est énorme, et en fait c'est complètement inadmissible
24:08qu'aujourd'hui des gens restent dans le noir,
24:10et en fait l'impact principal et sur lequel nous on est extrêmement mobilisés,
24:15c'est l'accès à l'éducation.
24:16Comment est-ce qu'on peut imaginer qu'aujourd'hui il y a des centaines de millions d'enfants
24:20dans ces villages qui ne peuvent pas étudier proprement leurs leçons,
24:23enfin c'est absolument inadmissible,
24:25alors que les solutions technologiques et la façon de les financer
24:27et de structurer les projets existent.
24:29Donc c'est vraiment notre…
24:30– Je me souviens d'un village au Sénégal où la bougie était un outil qui valait très cher,
24:36et qu'on utilisait avec parcimonie, et notamment les enfants pour réviser les leçons.
24:42C'est quoi le modèle économique ?
24:44Parce qu'on est dans des villages où il n'y a pas forcément des moyens importants,
24:48donc c'est un abonnement…
24:50– C'est les populations les plus vulnérables du monde.
24:53– Et ils payent très cher pour les bougies, pour les piles, pour des lampes,
24:57tout ça pour s'abîmer les yeux et mal voir.
25:00Et du coup, nous, notre schéma, c'est de lever les financements auprès des États ou des bailleurs
25:05pour permettre de déployer l'infrastructure,
25:08exactement comme n'importe quelle infrastructure d'électricité a été financée dans le monde entier.
25:12Donc là, on utilise et on réplique des schémas.
25:14Sauf que c'est une infrastructure distribuée.
25:16Chaque maison est équipée de son kit solaire et les usagers prépayent quelques euros par mois.
25:23Donc quelque chose d'absolument abordable, moins cher que les bougies et les piles.
25:26– Ça leur coûte moins cher que les bougies et les piles.
25:28– Bien sûr.
25:28Et en fait, le fait d'avoir ces revenus récurrents nous permet de salarier des équipes,
25:33de maintenir les équipements et d'avoir une infrastructure qui est vraiment soutenable.
25:38– Et ces solutions, elles sont adaptables aussi en France ou dans des pays européens ?
25:44Mais alors, dans quel type de circonstances ou de villages ?
25:48– Mais en fait, on s'est rendu compte, et c'est très différent le concept européen.
25:51– Bien sûr.
25:51– Malheureusement, il y a la moitié du monde qui consomme trop et la moitié du monde qui ne consomme pas assez.
25:55Et vu qu'on est une boîte d'impact, on s'est dit,
25:57mais est-ce qu'on ne pourrait pas utiliser notre savoir-faire de déploiement
26:00à l'échelle de solutions solaires en toiture aussi sur le marché français ?
26:04En fait, tous nos concitoyens gaspillent de l'énergie.
26:08Ils payent de plus en plus cher pour leurs factures.
26:11Et du coup, on a lancé une activité en France qui fait effet de levier sur l'autoconsommation,
26:15donc la capacité de diminuer sa facture énergétique en autoconsommant sa production.
26:21Et notre savoir-faire aussi de domotique et d'intelligence.
26:24Parce que typiquement, c'est un marché qui a été très subventionné au début.
26:28Les aides, heureusement, se sont arrêtées en février.
26:31C'est malheureux pour l'industrie parce que beaucoup de boîtes s'étaient développées
26:35en utilisant le vent de ces aides, mais ça ne forçait pas à l'optimisation.
26:42Et du coup, nous, on est très heureux de voir que le but,
26:44ce n'est pas de consommer plus et de payer moins cher.
26:47Le but, c'est de consommer moins et mieux.
26:49Et du coup, on a développé vraiment un truc qui, j'espère,
26:52peut aussi changer la vie des foyers français.
26:54Avec une levée de fonds annoncée de 7 millions d'euros,
26:56c'était au mois de décembre dernier.
26:58Quel levier, quelle ambition avec cette levée de fonds ?
27:01En fait, on est sur plein de sujets.
27:04On continue à développer de la technologie.
27:06On a un programme de R&D qui est très ambitieux.
27:11On déploie dans plusieurs pays en Afrique.
27:14On est en train d'ouvrir de nouveaux pays.
27:15Je pars bientôt à Madagascar.
27:17On a gagné aussi un programme financé par la Banque mondiale.
27:21On va, j'espère, électrifier des centaines de milliers de maisons à Madagascar.
27:25Et aussi, développer notre activité en France.
27:28Donc, cette levée de fonds vient finalement co-financer tous ces développements
27:32qui sont aussi, par ailleurs, soutenus par des bailleurs, par la puissance publique.
27:35Merci beaucoup, Thomas Samuel.
27:36Et bon vent à Moun.
27:38Voilà, c'est la fin de ce Smart Impact.
27:40Je voudrais remercier rapidement Marie-Billa, Alexis Mathieu, Juliette Muglieri
27:43à la préparation, programmation et production.
27:46Xavier Sanchez, réalisateur.
27:49Et Thierry Thibault, gouril à fond, à vouloir aller trouver une plante,
27:53l'ingénieur du son.
27:54Salut.
27:55Salut.
27:56Salut.
27:57Salut.
27:58Salut.
27:59Salut.
28:00Salut.
28:01Salut.
28:02Salut.
28:03Salut.
28:04Salut.
28:05Salut.
28:06Salut.
28:07Salut.
28:08Salut.
28:09Salut.
28:10Salut.
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28:21Salut.
28:22Salut.
28:23Salut.