Avec Jean-Éric Branaa, Maître de conférence à l’Université Paris Assas et spécialiste de la politique américaine
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00:00Et de son nouveau recul, il avait reculé sur les droits de douane pendant 90 jours pour tous les pays du monde, sauf la Chine.
00:10Il vient aussi de reculer sur les droits de douane visant les produits chinois, en particulier les droits de douane qui concernent les smartphones et les ordinateurs.
00:18Ceux-ci sont exemptés de droits de douane quand ils entrent aux Etats-Unis, même lorsqu'ils arrivent de Chine.
00:23Est-ce un nouveau recul et pourquoi ? On en parle avec notre invité Jean-Éric Branat. Bonjour.
00:28Bonjour Jean-Marie.
00:29Et bienvenue sur Sud Radio, maître de conférences à l'université Paris-Assas, spécialiste de la politique américaine, auteur de nombreux livres qu'on rappellera dans quelques instants.
00:38Nouveau recul donc de Donald Trump sur les smartphones et les ordinateurs ?
00:43Oui, nouveau recul évidemment. Alors lui va le présenter comme un succès en expliquant qu'il arrive à négocier, à faire plier.
00:51En réalité, il n'a rien fait plier du tout et il n'a rien négocié.
00:55Les Chinois sont au vent debout contre Donald Trump pour expliquer qu'eux non plus ne vont pas plier et ne vont pas négocier.
01:01C'est un peu compliqué, mais il y avait du côté de Donald Trump beaucoup de grogne, puisque notamment là-bas en Californie, du côté de la tech,
01:11cette affaire n'arrangeait personne puisque la plupart des produits électroniques viennent de Chine, 80% de ces produits.
01:19Et donc, ça faisait des prix prohibitifs pour les Américains qui ont largement été commentés sur toutes les chaînes et toutes les radios,
01:27avec des iPhones qui dépassent 2000 euros, des ordinateurs qui s'envolent même du début de gamme à plus de 1000 euros, hors de la bourse de tout un chacun.
01:36Est-ce que ça veut dire que la grogne avait déjà commencé outre-Atlantique contre cette politique ?
01:42Oui, la grogne est même assez forte. Alors encore une fois, il faut savoir de qui on parle.
01:48Si on parle des magas eux-mêmes, c'est-à-dire les supporters les plus fervents de Donald Trump,
01:54non, ils trouvent même que c'est absolument extraordinaire ce que fait Donald Trump, parce qu'il ose.
01:59Et c'est ça qu'ils retiennent. Il ose, il fait ce qu'il a dit, et donc c'est un héros.
02:03Et comme c'est un héros, on l'aime très fort. D'ailleurs, sur Fox News, on ne s'y trompe pas, même Jeanne Pirot,
02:10qui est madame le juge que tout le monde connaît sur Fox News quand on regarde ça, a expliqué qu'elle n'avait rien à faire de sa retraite
02:17et qu'il fallait tout de suite se battre contre le reste du monde.
02:21Mais pour l'ensemble des Américains, c'est surtout une peur.
02:26Alors pour les industriels, je ne vous en parle même pas.
02:28Pour les importateurs, ils sont déjà en PLS.
02:32Et puis pour tous les Américains, ils se demandent à combien ils vont payer leurs meubles, leurs chaussures, leurs vêtements, leurs produits quotidiens,
02:40tous les gadgets, les jouets même.
02:42Mais ils pensaient donc qu'il va être impossible d'acheter un jouet à son enfant.
02:46Et donc les Américains ont fait des stocks et sont plutôt mécontents.
02:50D'ailleurs, ne nous trompons pas, la cote de Donald Trump vient de sombrer, ce qui ne se faisait pas depuis le début.
02:57Elle était stable et là, elle vient de perdre entre 5 et 7 points suivant les agrégateurs.
03:03Donc c'est le début, en d'autres termes, de la fin de l'état de grâce.
03:06Ceci dit, ça c'est un processus plutôt mécanique après une élection, non ?
03:11Oui, absolument. On a eu au début la sidération, l'accompagnement.
03:15Et puis vient la déception, le mécontentement.
03:19Et comme on arrive bientôt aux 100 jours, c'est à peu près normal.
03:23Maintenant, on va rentrer dans la petite routine de gouvernement.
03:27Et les mécontents vont s'agréger plus que les contents, puisque désormais c'est comme ça que ça va se faire gentiment jusqu'aux élections de mi-mandat.
03:38D'autant que les démocrates ont repris du poil de la bête avec notamment l'affaire de la bourse qui a grimpé très rapidement
03:46et dans lesquels ils accusent Donald Trump de délit d'initier et d'avoir voulu enrichir ses amis.
03:51Alors justement, parlons-en parce que c'est important ce que vous dites.
03:54D'abord, d'une chose, c'est vrai qu'on avait l'impression que tous les démocrates américains étaient complètement chaos,
04:00quelle que soit leur tendance, depuis la défaite cinglante quand même de Kamala Harris à l'élection présidentielle.
04:06Ça vous confirmez que pendant trois mois, on ne les a quasiment pas entendus.
04:10Alors on ne les a pas entendus, mais ils ont beaucoup agi.
04:12Ils ont agi notamment en aidant les organisations qui a mené en justice Donald Trump.
04:18Et il a été arrêté très souvent en justice pour la plupart de ses décrets.
04:23Et puis on les a entendus au Congrès où ils ont également bloqué l'ensemble des projets de Donald Trump.
04:32Il faut savoir qu'au Sénat, il faut 60 voix pour faire passer une loi ordinaire et sans les démocrates, ça ne passe pas.
04:38Donc ils ont quand même un poids, quoique on puisse penser d'ici en France.
04:43Mais là, c'est vrai que ça vient de se relancer d'abord avec un filibuster.
04:46C'est une mesure de blocage au Sénat lancée par Cory Booker qui a parlé pendant 25 heures
04:53et donc a tout bloqué au Sénat pendant 25 heures.
04:56Et puis par des meetings qui sont repartis hier soir, Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez
05:01ont réuni 36 000 personnes à Los Angeles.
05:05Donc on voit que les mouvements de foule repartent.
05:07Il y a deux semaines, il y a eu 1200 manifestations dans les rues.
05:12Et les démocrates, c'est vrai, commencent à sortir du bois, à vous reprendre du poil de la bête.
05:17Donc ceux qui votaient pour eux étaient quand même inquiets en trouvant qu'ils ne parlaient pas beaucoup jusqu'à maintenant.
05:25Là-dessus, vous avez raison.
05:26Alors parlons maintenant de Donald Trump.
05:28Il est accusé notamment par les démocrates d'avoir prévenu ses amis qu'il suspendrait les droits de douane sur tous les pays sans la Chine.
05:36Ce qui allait faire exploser le cours de bourse qui s'était effondré peu avant.
05:40En d'autres termes, c'est ce que vous disiez, il est accusé de délit d'initier lui et ses amis.
05:44C'est quand même une accusation très grave. Qu'est-ce qu'il risque ?
05:47Alors, il ne risque pas grand-chose en réalité pendant son mandat puisqu'il a une immunité pénale.
05:55Il peut être poursuivi civilement.
05:58Ça par contre, ça serait gênant quand même que des poursuites soient engagées pendant sa présidence.
06:03Il pourrait y avoir plus, mais ça c'est impossible à imaginer aujourd'hui politiquement
06:09parce que ses amis ne se mettront pas contre lui et au contraire vont le protéger.
06:15Donc du côté du Congrès, oubliez toutes les procédures d'impeachment et compagnie.
06:19Ça, il n'y aura rien.
06:21Est-ce que l'accusation est sérieuse ?
06:23Mais elle est sérieuse parce que la proximité de l'annonce, ce tweet qui est peut-être un tweet malheureux,
06:32c'est vrai que tel qu'il est rédigé, l'excuse de Donald Trump qui dit
06:37« je ne faisais qu'avertir les Américains qu'il fallait rester calme », ça tient la route.
06:41Mais la montée du cours de bourse trois heures après et qu'il change de pied à ce moment-là
06:49et qu'il fasse l'annonce de l'arrêt des 20% est quand même un peu grosse.
06:56Ce qui est gênant, c'est que ça concerne son entourage qui sont tous des millionnaires et des milliardaires
07:01et qu'encore une fois, l'Américain moyen, le petit Américain, ce qu'il voit lui,
07:06c'est que ses prix augmentent dans les magasins.
07:08Et donc là, c'est le clash entre les deux qui est violent.
07:14Donc il faut comprendre ça et donc ça va intéresser les Américains cette affaire-là
07:18et on va en entendre parler encore quelques temps.
07:21Bon, mais écoutez, on en reparlera avec vous avec plaisir.
07:23En tout cas, mon cher Jean-Éric Branat, je rappelle l'un de vos nombreux livres,
07:27« Géopolitique des États-Unis » aux presses universitaires françaises.
07:31Merci à vous, Jean-Éric. Il est 7h41 sur Sud Radio.