Éric Lombard, ministre de l'Économie, s'exprime sur la guerre commerciale en cours à l'issue de la réunion des ministres de l'Économie européens à Varsovie, en Pologne.
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00:00Bonjour Monsieur le Ministre, alors racontez-moi réunion qui a eu lieu avec vos homologues européens depuis ce matin.
00:06Est-ce qu'on peut parler de réunion de crise avec cette guerre commerciale qui débute ?
00:09C'était une réunion qui était prévue de longue date, mais oui c'est une réunion de crise,
00:13puisqu'on a cette crise qui a été déclenchée par la décision du président américain d'augmenter fortement les droits de douane.
00:19Je veux dire que même s'il y a une suspension pendant 90 jours, les droits de douane ont déjà été augmentés de 25% sur trois grands produits,
00:26l'aluminium, l'acier, l'automobile, et de 10% sur tous les autres produits.
00:31Donc en fait, c'est quasiment un quadruplement des droits de douane qui s'appliquent aux exportations européennes,
00:3650 milliards de dollars de taxation en plus, qui d'ailleurs vont être supportés par le consommateur américain.
00:43Donc l'Europe est unie et nous avons regardé ensemble quelles sont les façons dont nous allons déployer à la fois des moyens de riposte si nécessaire,
00:52mais afin évidemment d'arriver à une négociation, une négociation entre égaux.
00:58Il y a 450 millions de consommateurs européens, le marché européen très important aussi pour les américains,
01:03et nous voulons qu'on arrive à une pacification, à qu'on fasse redescendre ces droits de douane,
01:09et c'est ça l'objet de cette réunion aujourd'hui.
01:11Est-ce qu'on réfléchit malgré tout à une potentielle riposte, malgré cette pause ?
01:15La pause, encore une fois, c'est un quadruplement des droits de douane.
01:19Donc si jamais nous n'arrivons pas à négocier dans les jours qui viennent avec les américains,
01:24nous aurons tout un panel de ripostes en matière et de droits de douane,
01:29mais aussi d'éléments non tarifaires, de façon, encore une fois, à dire à nos amis américains
01:34que si on n'arrive pas à négocier avec eux, et bien dans ces cas-là,
01:37nous appliquerons nous aussi des droits aux importations des États-Unis qui arrivent en Europe.
01:43– Monsieur le ministre, une réaction sur la riposte qui a été annoncée ce matin par la Chine,
01:48125% sur les produits américains.
01:50Est-ce que la Chine a raison de riposter face aux États-Unis ?
01:54Est-ce qu'on n'a pas peur aussi d'une escalade avec ces surenchères,
01:57en tout cas que cette guerre commerciale ait des lourdes conséquences, y compris pour nous les Européens ?
02:02– C'est bien ce que nous voulons éviter, raison pour laquelle d'ailleurs nous avons reporté, nous,
02:06des mesures qui avaient été décidées avant-hier et qui devaient s'appliquer le 15 avril,
02:10et que nous avons reporté parce que précisément, nous ne voulons pas être dans cette escalade.
02:17La Chine a fait un choix différent, nous verrons quel est le résultat.
02:20A l'évidence, ça aura des impacts défavorables sur le commerce entre la Chine et les États-Unis
02:27et donc un impact défavorable sur l'économie mondiale, on ne peut que le regretter.
02:31– Avec de lourdes conséquences sur nous, Européens ?
02:32– Pas des conséquences directes, mais en tout état de cause,
02:36il faut bien comprendre que l'augmentation des barrières commerciales se traduit à la fois
02:41par une hausse de l'inflation et par une baisse de la croissance.
02:44Donc il faut qu'on sorte de cette situation le plus vite possible
02:46parce que sinon, on va ralentir la croissance économique mondiale
02:50et peut-être même la mettre en récession.
02:52Et c'est d'ailleurs cette crainte qui a poussé le président Trump,
02:55à la suite aussi de turbulences sur les marchés, notamment sur les marchés de dette,
02:59à reculer et à mettre cette suspension de 90 jours
03:02que nous voulons mettre à profit pour arriver à un désarmement
03:06et à baisser les droits de douane de part et d'autre de l'Atlantique.
03:09Et on espère que ce sera la même chose entre la Chine et les États-Unis.
03:12– Dernière question, monsieur le ministre.
03:13L'autre objectif de cette réunion, c'est de montrer l'unité des Européens face à cette crise.
03:19Mais on sait qu'il y a plusieurs voies dissidentes.
03:21Je pense par exemple à l'Italie.
03:22Comment on fait pour montrer que l'Europe est unie
03:24alors qu'il y a malgré tout quelques voies qui divergent ?
03:27– L'Europe est un collectif, comme tous les collectifs politiques,
03:32et nous arrivons à chaque fois à des consensus.
03:33Et donc je n'ai pas de doute qu'on arrivera à un consensus sur les mesures.
03:36Je veux ajouter aussi que le but de la réunion d'aujourd'hui,
03:38et celui-là on n'a pas perdu du non plus,
03:40c'est l'agenda de compétitivité et d'innovation.
03:43Il faut que l'Union européenne, qui d'ailleurs dans le monde est l'endroit
03:46où les investisseurs devraient aller, parce que c'est un État de droit,
03:49c'est un État qui est stable, qui a une démocratie puissante.
03:52Et donc nous avons déployé l'agenda de compétitivité
03:56pour que l'Europe, et la France évidemment,
03:59soient encore plus accueillantes pour les investisseurs
04:01et pour le développement économique dans les années qui viennent.
04:04Et on a passé la moitié de la journée à parler d'avenir.
04:07Sous-titrage Société Radio-Canada